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Théorie de l’attachement

La théorie de l’attachement prend sa source dans les études psychopathologiques sur


les carences affectives consécutives à une rupture de la relation mère-enfant (Bowlby,
Robertson), et les travaux éthologiques (Harlow) sur les effets de privation de contacts
sociaux chez les primates. Cette notion a été avancée par Bowlby (1958).

1. Concepts clés
La théorie de l’attachement (Bowlby, 1958, 1969, 1973, 1980, 1988a, 1988b ;
Ainsworth, 1972, 1982, 1989 ; Ainsworth et al., 1978) repose sur trois concepts clés : le lien
affectif, l’attachement et les comportements d’attachement.
- Le lien affectif : C’est un lien relativement durable que le sujet établit avec une
personne (partenaire), en raison de son caractère unique et irremplaçable, d’une façon
qui lui permet de préserver l’intimité avec lui (Ainsworth, 1989).
- L’attachement : C’est un type de lien affectif qui procure un sentiment de sécurité.
Cette notion a été avancée par Bowlby (1958) pour désigner l’ensemble des processus
de recherche et de maintien du contact et de la proximité avec une personne qui
s’occupe des soins de l’enfant, en général la mère. La présence d’une personne à
laquelle on est attaché offre un sentiment de sécurité, une « base de sécurité » à partir
de laquelle on peut explorer le monde. Autrement dit, ce lien va de l’enfant à ses
parents et non l’inverse, du fait que ces derniers ne se sentent pas plus en sécurité en sa
présence, qu’ils ne s’en servent pas comme une base de sécurité. Par contre, il peut
caractériser la relation entre un adulte et un ami intime ou un conjoint. Ce lien affectif
est aussi stable car, intériorisé, il offre un modèle relationnel aux relations sociales
futures de l’enfant.
Bowlby propose aussi qu’en plus de sa fonction protectrice (contre la faim, le soif, les
agressions extérieures (bruit, froid, chaleur, etc.), etc.), l’attachement a une fonction
socialisatrice dans la mesure où la mère apprend à identifier les besoins de son enfant
et à les satisfaire au fur et à mesure qu’il communique avec elle. Dans ce premier
système de communication, qui constitue la base de tous les systèmes de
communication ultérieurs, l’enfant apprend que sa mère ne peut toujours satisfaire ses
besoins comme il le souhaite, au moment et avec le dosage voulus, et apprend à
négocier entre désirs et frustrations (Lebovici, 1983).
- Les comportements d’attachement : Comme ils ne peuvent pas être abordés
directement, les liens d’attachement sont étudiés à travers les comportements
d’attachement, comme le sourire, le pleur, l’échange des regards, le toucher,
l’agrippement, l’appel depuis une certaine distance. Ces comportements se produisent
aux moments où le sujet a besoin de soins ou de soutien. Le nourrisson se trouve
presque toujours dans une telle situation. Un enfant plus âgé ne manifeste
généralement ces comportements que lorsqu’il a peur ou lorsqu’il est fatigué ou
anxieux. Seules les caractéristiques de ces comportements, non pas leur fréquence,
permettent de saisir l’intensité et la qualité de l’attachement.

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2. La prédisposition génétique de l’enfant à avoir des conduites
sociales selon Bowlby
Contrairement à Spitz, Bowlby (1958, 1969, 1973, 1980, 1988a, 1988b) développe
une théorie de l’attachement selon laquelle les relations sociales dérivent d’un besoin inné de
recherche de contact et de proximité avec autrui. Autrement dit, les besoins sociaux sont
primaires chez l’enfant, c’est-à-dire que, contrairement à l’approche psychanalytique, ils ne
dérivent pas de la satisfaction d’un autre besoin et nécessitent une satisfaction
indépendamment de toute gratification orale.
Cette théorie a été développée à partir des travaux de Harlow, en éthologie animale,
sur la relation mère-enfant chez les primates. Ceux-ci montrent que les jeunes singes
s’accrochent à une mère artificielle agréable au contact (en chiffon, berçante ou dont émane
une chaleur calorique) plutôt qu’à une mère allaitante qui ne l’est pas. Bowlby souligne que
lorsque le jeune singe est privé de sa mère pendant une longue période, il devient incapable de
développer des relations sociales avec ses congénères et ses conduites sexuelles s’en trouvent
profondément perturbées.
Le phénomène de l’empreinte, mis en évidence par Lorenz (1970) chez l’oison puis
par d’autres éthologistes chez d’autres animaux, apporte une confirmation à cette
prédisposition génétique à développer des conduites sociales avec la mère génitrice. Lorenz a
découvert des conduites de suite chez l’oison à l’égard du premier objet mobile avec lequel il
est entré en contact après sa naissance. De même, l’enfant humain, comme le souligne
Bowlby, naît pourvu d’un ensemble de schèmes d’action, comme les réflexes de succion et
d’agrippement, les pleurs et les cris, les conduites de fixation oculaire, qui lui permettent
d’établir et de maintenir le contact d’une façon privilégiée avec sa mère.

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