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COMPRENDRE L’ENFANT
1.LE DEVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE
L’ENFANT
A) l’enfant de 0 à 3 ans :
a) Développement de l’intelligence
Avant le langage, l'intelligence du bébé est basée sur l'action du corps sur le milieu,
faite de réussites et d'erreurs. C'est un stade expérimental, tâtonnant et non conceptuel. On
parle de l’intelligence sensori-motrice.
A la naissance, la vie mentale de l' être humain se manifeste par des réflexes,
comportements innés, sensoriels et moteurs, qui correspondent à des tendances instinctives,
Ces réflexes permettent à l'enfant de survivre et d'apprendre à s'adapter. La succion en
constitue un bel exemple : Activité ( heureusement ) spontanée, la succion de consolide et de
perfectionne par la répétition de l’acte, s’applique à de nouveaux élément du milieu. Entre
deux tétées, le bébé va sucer son pouce, un coin de drap. Le schème de la succion s'élargit.
Mais il y a cependant recognition du schème de la succion, car il en reconnaît l'objet original.
L'exercice-réflexe constitue donc une des bases de toute activité intelligente ultérieure.
D’être passif, récepteur, l’enfant devient un chercheur actif de stimulation. Il est facile
d’observer cette évolution au moment où ses premiers cris attirent l’attention des adultes :
l’enfant sourit et émet d’avantage de <<sons>> divers.
Certains de ces exercices- réflexes ayant donné des résultats inattendus sont alors
répétés en vue de reproduire les effets fortuits. C'est la réaction circulaire. Tel ce bébé, un
jour, qui heurte son hochet tout à fait par hasard, le touche à nouveau, recommence
inlassablement afin de reproduire le bruit et de faire durer un comportement qui l'amuse (vers
4-5 mois).
Vers 8-9 mois, l'enfant s'intéresse de plus en plus aux objets extérieurs et aux
événements de l'entourage, Cette époque marque le début de l'acte intentionnel. L'enfant fait
attention aux résultats de ses actions: il reproduit des comportements moteurs afin de voir les
résultats qu'il peut en obtenir. Il n'y a plus simple répétition, comme dans la réaction
circulaire, mais coordination des mouvements entre eux en vue d'une intention posée
préalablement. Lorsque l'enfant écarte un jouet en vue d'en saisir un autre, il y a adaptation à
une situation nouvelle. L'enfant désire d'abord le jouet, et, dans lUI second temps. il essaie des
moyens différents pour l'atteindre (écarter l'obstacle, amener la main de l'adulte vers le jouet).
Vers 11-12 mois, l'enfant se livre, selon l'expression de Piaget, à une « intense
expérimentation active ». Grâce à ses explorations, il devient capable d'incorporer à son
répertoire des moyens connus (exemple: tirer), de nouveaux moyens ( exemple: amener vers
soi un objet auquel est attaché celui sur lequel on tire).
b) Développement affectif
b.1 L’affectivité selon Freud
b.1.1 Stade orale (de la naissance à 18 mois)
Le désir oral est le centre du plaisir pour le nouveau-né. L'attachement le plus précoce
d'un bébé se fait avec la personne qui satisfait ses besoins oraux, généralement sa mère. Le
plaisir sexuel est procuré à travers l’alimentation qui excite la cavité buccale et les lèvres et
permet de constituer la relation à l’objet libidinal.
L’objet pulsionnel est représenté par le sein ou son substitut ( le biberon ). A cette
époque, la fonction alimentaire sert de médiateur principal à la relation symbiotique mère-
enfant et très rapidement le plaisir oral vient s’étayer sur l’alimentation.
Si le sevrage est trop tardif, il peut être vécu par l’enfant comme une conséquence de
ses pulsions agressives, c’est-à-dire comme une punition ou une frustration. En revanche, si le
sevrage est trop précoce, avant que l’investissement libidinal n’ait pu se déplacer sur d’autres
objets, l’enfant risque de rester fixé à une relation de type ‘’oral passif’’.
Sa théorie comprend six stades dont trois ont lieu pendant la période de la naissance à
trois ans.
c) Développement social
A l’origine, le dessin est une simple conséquence d’un geste spontané qui laisse une
trace, tel cet enfant formant des sillons dans sa purée, tel cet enfant barbouillant le visage de
confiture, tel cet enfant répandant sur les murs un cosmétique laissé à sa portée par l’adulte
distrait.
A un an, l’enfant s’intéresse aux gribouillis qu’il a ainsi produits : cette activité
ludique répond à la fois à son impérieux besoin de mouvements et à un réel plaisir de
reproduire des traits tracés au hasard.
Avec le griffonnage apparait un aspect plus <<intellectuel>> de l’acte graphique : le
crayon (ou tout autre médiateur) prolonge la main de l’enfant qui exécute des mouvements
oscillants centripètes. La constatation de l’effet produit encourage l’enfant à répéter ces
mouvements. En outre l’enfant prend conscience, après coup ou en cours d’exécution, d’une
analogie (très subjective) entre son tracé et un objet familier. Son griffonnage prend alors une
signification.1
B) L’enfant de 3 à 6ans
a) Développement du langage
b) Développement intellectuel
Entre l’âge de 3 et 6 ans, les enfants entrent dans la période préopératoire. Cette
période est marquée par le développement de la fonction symbolique, c’est-à-dire la capacité
d’avoir des représentations mentales. Une telle évolution cognitive implique que l’intelligence
des enfants devient progressivement plus conceptuelle. Il est possible d’observer chez les
enfants des comportements ou des conduites symboliques.
Selon Piaget et Inhelder (1980), l’égocentrisme est une des limites de la pensée
préopératoire qui influencera plusieurs des comportements observés durant cette période. On
définit l’égocentrisme comme l’incapacité de prendre conscience du point de vue de l’autre.
Les enfants sont centrés sur leur propre point de vue et ont de la difficulté à être objectifs.
Dans la vie de tous les jours, on peut observer des enfants qui semblent parler entre
eux, mais une écoute attentive nous montre que les enfants n’échangent pas réellement,
chacun étant centré sur son propre discours. Ce comportement s’appelle le monologue
collectif; c’est aussi une démonstration de l’égocentrisme.6
c) Développement social
Jusqu'à 4 ans, les échanges sont limités et les rares actions communes sont
commandées par le matériel. L'activité est solitaire ou parallèle: les enfants jouent à la même
chose mais chacun pour soi.
d) Développement affectif
C’est un stade qui demeure en grande partie narcissique et non pas objectal : la
question ‘’d’en avoir ou pas’’ ne renvoie pas en effet à l’usage qu’on peut en faire mais au
simple fait de la possession du pénis. Les angoisses spécifiques de ce stade son évidemment
des angoisses de castration. Les conflits qui s’y attachent mettent en jeu le narcissisme de
l’idéal du Moi.
Le complexe d’Œdipe est le point nodal qui structure le groupe familial et la société
humaine tout entière (prohibition de l’inceste). C’est le moment fondateur de la vie psychique
assurant le primat de la zone génitale, le dépassement de l’auto-érotisme primitif et
l’orientation vers des objets extérieurs. Il permet l’avènement d’un objet global, entier et
sexué. Il joue enfin un rôle crucial dans constitution du Surmoi et de l’Idéal du Moi.2
Selon Widlöcher, ce n’est pas, comme le pense Luquet, par une accumulation de
réussite que l’enfant admet qu’il peut dessiner ce qu’il souhaite. Il a en fait très longtemps
dans l’idée qu’il ne sait pas tout dessiner, il peut refuser d’essayer de dessiner tel ou tel objet
qui lui semble bien trop difficile à représenter. Mais, dès que l’enfant a pris conscience de
l’analogie d’un tracé avec un objet, il s’élabore tout un système de figuration. Et, même si ce
système est réduit à quelques éléments sémantiques, il lui permettra de représenter n’importe
quelle scène. Cependant le caractère fortuit ne disparaît pas d’un seul coup, l’enfant continue
encore longtemps à jouer avec les formes, à chercher de nouvelle méthodes plus
ressemblantes pour représenter tel ou tel objet. Il cherche ainsi, lorsque son dessin lui parait
inexact, soit à le corriger soit à lui donner une interprétation autre que celle de départ. Le
deuxième temps du réalisme fortuit tel qu’il est décrit par Luquet est déjà une étape du
réalisme prémédité. Le passage déterminant est le moment où l’enfant corrige le dessin, où il
devient pour lui une accumulation de signes et non plus une forme globale. L’enfant peut
reconnaître les différents détails qui font ressembler une forme plutôt à un crabe ou plutôt à
un bonhomme. Ce moment est, grâce à cela, celui où l’enfant peut nommer son dessin.7
Figure 6 : Les variations de la représentation du bonhomme à partir de 3 ans. (D'après Leif, cité par
Deldime et Vermeulen)
C) l’enfant de 6 à 12 ans
a) Développement social
L’enfant acquiert la capacité psychologique de vivre avec les autres. A partir de 6
ans, l'enfant présente des comportements socialisés: respect des autres, conscience de leurs
qualités, collaboration, préoccupation d'autrui, responsabilités à son égard. Vers 8 ans,
l'enfant passe de l'égocentrisme à l'aptitude à se mettre à la place de l'autre (décentration).
Il devient plus sensible au monde intérieur de l'autre et peut interpréter ses
comportements. A 10 ans, la coopération et l'autonomie existe: l'enfant condamne la
délation, la tricherie, le soufflage, le mensonge.
b) Développement intellectuel
L’enfant est capable de se décentrer dans les domaines cognitif et moral. Sa pensée
se socialise. Il prend en compte l'avis des autres. C'est le début de la causalité. L'enfant
peut classer, grouper. Il conçoit les modifications et la réversibilité. Il est perméable au
raisonnement, s'inscrit dans une temporalité, raisonne de manière concrète en empruntant
à sa propre expérience.3
c) Développement affectif
Cette période fait suite à la période œdipienne, elle est qualifiée de latence car elle
correspond à une étape de « repos » où le développement de la sexualité est limité voire
arrêté. On y retrouvera le déclin du complexe d’Œdipe, la désexualisation des relations avec
l’objet, l’enfant finit par dénigrer le sexe opposé. Il s’identifie aux parents au détriment des
désirs amoureux et agressifs et va donc s’approprier certains de leur traits, attitudes, désirs et
idéaux. Enfin, il devient raisonnable et intègre les règles et les interdits.8
C’est le stade correspondant à l’âge de la scolarité et des relations avec les autres,
l’enfant va développer un intérêt pour le monde extérieur. Il devient capable d’attention,
d’effort, de mémoire volontaire et les activités intellectuelles deviennent prépondérantes sur
les comportements affectifs.8
Le dessin enfantin se développe ensuite selon des lois qui paraissent constantes et
ce entre quatre et douze ans. La particularité de ces lois est qu’elles ne se basent pas sur la
perception comme on pourrait le penser. En effet on pourrait croire que comme l’enfant
vient de s’apercevoir qu’il peut représenter le réel, il essaierait de s’en approcher le plus
possible. Ce n’est pas le cas, en fait, il ne garde de l’apparence visuelle que ce qui est
nécessaire pour la reconnaissance de l’objet.
Dans ce but, il fait appel à des procédés qui vont à l’encontre du réalisme visuel,
comme la transparence, la diversité des points de vue, l’usage de détails exemplaires que
nous avons déjà expliqués avec la théorie de Luquet.
D) L’adolescent