Vous êtes sur la page 1sur 15

PREMIERE PARTIE 

:
COMPRENDRE L’ENFANT
1.LE DEVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE
L’ENFANT
A) l’enfant de 0 à 3 ans :

a) Développement de l’intelligence
Avant le langage, l'intelligence du bébé est basée sur l'action du corps sur le milieu,
faite de réussites et d'erreurs. C'est un stade expérimental, tâtonnant et non conceptuel. On
parle de l’intelligence sensori-motrice.

Figure 1 : Schéma récapitulant l'évolution de l'intelligence pendant la période sensori-motrice


(D'après Deldine et Vermeulen)

A la naissance, la vie mentale de l' être humain se manifeste par des réflexes,
comportements innés, sensoriels et moteurs, qui correspondent à des tendances instinctives,
Ces réflexes permettent à l'enfant de survivre et d'apprendre à s'adapter. La succion en
constitue un bel exemple : Activité ( heureusement ) spontanée, la succion de consolide et de
perfectionne par la répétition de l’acte, s’applique à de nouveaux élément du milieu. Entre
deux tétées, le bébé va sucer son pouce, un coin de drap. Le schème de la succion s'élargit.
Mais il y a cependant recognition du schème de la succion, car il en reconnaît l'objet original.
L'exercice-réflexe constitue donc une des bases de toute activité intelligente ultérieure.

D’être passif, récepteur, l’enfant devient un chercheur actif de stimulation. Il est facile
d’observer cette évolution au moment où ses premiers cris attirent l’attention des adultes :
l’enfant sourit et émet d’avantage de <<sons>> divers.

Certains de ces exercices- réflexes ayant donné des résultats inattendus sont alors
répétés en vue de reproduire les effets fortuits. C'est la réaction circulaire. Tel ce bébé, un
jour, qui heurte son hochet tout à fait par hasard, le touche à nouveau, recommence
inlassablement afin de reproduire le bruit et de faire durer un comportement qui l'amuse (vers
4-5 mois).

Vers 8-9 mois, l'enfant s'intéresse de plus en plus aux objets extérieurs et aux
événements de l'entourage, Cette époque marque le début de l'acte intentionnel. L'enfant fait
attention aux résultats de ses actions: il reproduit des comportements moteurs afin de voir les
résultats qu'il peut en obtenir. Il n'y a plus simple répétition, comme dans la réaction
circulaire, mais coordination des mouvements entre eux en vue d'une intention posée
préalablement. Lorsque l'enfant écarte un jouet en vue d'en saisir un autre, il y a adaptation à
une situation nouvelle. L'enfant désire d'abord le jouet, et, dans lUI second temps. il essaie des
moyens différents pour l'atteindre (écarter l'obstacle, amener la main de l'adulte vers le jouet).

Vers 11-12 mois, l'enfant se livre, selon l'expression de Piaget, à une « intense
expérimentation active ». Grâce à ses explorations, il devient capable d'incorporer à son
répertoire des moyens connus (exemple: tirer), de nouveaux moyens ( exemple: amener vers
soi un objet auquel est attaché celui sur lequel on tire).

De conservatrice et reproductrice, l'activité de l'enfant devient de plus en plus


exploratrice. C'est ce que révèle le comportement de l'enfant qui fait inlassablement tomber le
même jouet, modifie chaque fois les conditions de sa chute afin d'observer les résultats
produits.

A partir de 16 mois, on voit apparaître les solutions soudaines non précédées de


tâtonnements. L'enfant commence à combiner mentalement des schèmes: évoquer, se
représenter des mouvements sans les effectuer réellement, anticiper le résultat d'un geste ... 1
L'acquisition du langage, moyen de communication sociale, fait progresser
l'intelligence de l'enfant, qui devient capable de comprendre des signes, d'évoquer des
situations, d'imaginer.

b) Développement affectif
b.1 L’affectivité selon Freud
b.1.1 Stade orale (de la naissance à 18 mois)
Le désir oral est le centre du plaisir pour le nouveau-né. L'attachement le plus précoce
d'un bébé se fait avec la personne qui satisfait ses besoins oraux, généralement sa mère. Le
plaisir sexuel est procuré à travers l’alimentation qui excite la cavité buccale et les lèvres et
permet de constituer la relation à l’objet libidinal.

L’objet pulsionnel est représenté par le sein ou son substitut ( le biberon ). A cette
époque, la fonction alimentaire sert de médiateur principal à la relation symbiotique mère-
enfant et très rapidement le plaisir oral vient s’étayer sur l’alimentation.

Au-delà de l’apport alimentaire, l’enfant découvre rapidement que l’excitation bucco-


linguale procure un plaisir en soi ( suçotement des lèvres ou du pouce ).

Le sevrage représente le conflit relationnel spécifique de cette période. C’est la crise


liée à l’ablactation. En réalité, plus que l’introduction d’aliments non lactés, c’est
l’introduction d’une alimentation à la cuillère qui peut être source de difficultés en amenant
une discontinuité supplémentaire entre les cuillerées au moment même du repas. Celle-ci doit
être compensée par un ‘’holding’’ de la part de la mère (toucher, regard, paroles…) qui
alimentent autant l’enfant.

Si le sevrage est trop tardif, il peut être vécu par l’enfant comme une conséquence de
ses pulsions agressives, c’est-à-dire comme une punition ou une frustration. En revanche, si le
sevrage est trop précoce, avant que l’investissement libidinal n’ait pu se déplacer sur d’autres
objets, l’enfant risque de rester fixé à une relation de type ‘’oral passif’’.

Traumatique ou non, le sevrage laisse dans le psychisme humain la trace de la relation


primordiale qu’il est venu clore.

b.1.2 Stade anal (de 18 mois à 3 ans)


Il commence avec l’apparition du contrôle sphinctérien, le plaisir anal est lié au
fonctionnement des sphincters et notamment au plaisir d’expulser ou de se retenir.
L’excrément devient alors un objet qu’il peut maitriser : le conserver ou le rejeter. Abraham
divise ce stade en deux : la phase d’expulsion-destruction et la phase de rétention-possession.
Cette période s’assimile à l’apprentissage de la propreté.2

b.2 Wallon une théorie, trois aspects

Sa théorie comprend six stades dont trois ont lieu pendant la période de la naissance à
trois ans.

b.2.1 Premier stade : stade impulsif (de la naissance à trois mois)

L’enfant est entièrement dépendant de son entourage et notamment de sa mère


puisqu’en principe c’est elle qui satisfait à son besoin alimentaire. Ce stade est marqué par le
développement de la motricité, de l’impulsivité dite motrice pure où les mouvements sont des
gestes incontrôlés. Il va doucement s’orienter vers une activité motrice plus ordonnée .

b.2.2 Deuxième stade : stade émotionnel (de trois mois à un an)

Ce stade est caractérisé par la « symbiose affective » où l’émotion (telle la joie,


l’impatience, la tristesse) va lui permettre de communiquer avec l’entourage. Il a un rôle
fondamental dans l’organisation de la personnalité puisqu’il est à l’origine du caractère
mais aussi du langage. Les gestes vont devenir utiles et vont exprimer les besoins.

b.2.3 Troisième stade : stade sensori-moteur et projectif (d’un an à trois ans)

Cette période correspond à la découverte du monde extérieur, au désir d’autonomie et


d’indépendance. L’activité motrice va permettre à l’enfant d’explorer l’espace proche, de
manipuler et étudier les objets ce qui, au final, va développer son intelligence pratique ou
encore appelée intelligence des situations. En parallèle, l’imitation et le simulacre ainsi que
l’apparition du langage vont participer au développement d’une intelligence représentative
dite discursive. A cet âge, l’enfant va découvrir la vie en société et les règles qui en découlent,
il va se découvrir lui-même et par rapport aux autres.3

c) Développement social 

L'enfant découvre donc sa personne, l'autre, le monde et son indépendance naissante


éclate dans la phase négative d'opposition. Dès que l'enfant maîtrise la marche, se multiplient
les interdits: la mère dit «Non, non», secoue la tête et menace l'enfant du doigt. Par
identification à la mère, l'enfant utilise le même signe «nom>, lorsqu'il est sur le point de faire
quelque chose d'interdit, mais aussi pour exprimer l'agression.
A 18 mois, il a acquis un assez bon contrôle de son corps, il peut courir et donner des
coups de pieds. Il aimerait étendre cette maitrise, il a envie de réussir beaucoup de choses,
mais n’y arrive pas encore. Il est confronté à ses propres limites. C’est un age de frustrations
intenses, avec son lot de rages. De plus, ses pensées vont plus vite que ses capacités
langagieres. Pleurs, cris, morsures tentent de porter son message. 4

c) Les débuts de l'expression graphique

A l’origine, le dessin est une simple conséquence d’un geste spontané qui laisse une
trace, tel cet enfant formant des sillons dans sa purée, tel cet enfant barbouillant le visage de
confiture, tel cet enfant répandant sur les murs un cosmétique laissé à sa portée par l’adulte
distrait.
A un an, l’enfant s’intéresse aux gribouillis qu’il a ainsi produits : cette activité
ludique répond à la fois à son impérieux besoin de mouvements et à un réel plaisir de
reproduire des traits tracés au hasard.
Avec le griffonnage apparait un aspect plus <<intellectuel>> de l’acte graphique : le
crayon (ou tout autre médiateur) prolonge la main de l’enfant qui exécute des mouvements
oscillants centripètes. La constatation de l’effet produit encourage l’enfant à répéter ces
mouvements. En outre l’enfant prend conscience, après coup ou en cours d’exécution, d’une
analogie (très subjective) entre son tracé et un objet familier. Son griffonnage prend alors une
signification.1
B) L’enfant de 3 à 6ans

a) Développement du langage

L'acquisition du vocabulaire s'intensifie pour atteindre environ 1000 mots à 3 ans.


L'enfant perfectionne l'articulation des différents phonèmes (selon une progression assez fixe
d'un enfant à l'autre, dépendant des difficultés propres à chaque geste articulatoire).
Acquisition de la syntaxe : les phrases sont d'abord de "style télégraphique" (mots-
phrases, mots-valises), puis comportent progressivement sujet, verbe, complément,
qualificatifs, pronoms ; le "je" apparaît vers 3 ans marquant une étape importante de de
l'individuation et de la reconnaissance de sa propre identité par l'enfant.
Le langage adulte de base, correctement articulé, est généralement acquis entre 3 et 5
ans. Au-delà, le langage continue d'évoluer : enrichissement du vocabulaire, perfectionnement
de la syntaxe (concordance des temps, accord des participes passés) ; le langage progresse
aussi sur le plan expressif et cognitif (acquisition de la métaphore).
Vers 6 ans l'enfant est en général prêt pour l'apprentissage du langage écrit : la lecture
est normalement acquise en une année scolaire, elle continuera de progresser par la suite
(rapidité, automatisation). 5

b) Développement intellectuel

Entre l’âge de 3 et 6 ans, les enfants entrent dans la période préopératoire. Cette
période est marquée par le développement de la fonction symbolique, c’est-à-dire la capacité
d’avoir des représentations mentales. Une telle évolution cognitive implique que l’intelligence
des enfants devient progressivement plus conceptuelle. Il est possible d’observer chez les
enfants des comportements ou des conduites symboliques.

Selon Piaget et Inhelder (1980), l’égocentrisme est une des limites de la pensée
préopératoire qui influencera plusieurs des comportements observés durant cette période. On
définit l’égocentrisme comme l’incapacité de prendre conscience du point de vue de l’autre.
Les enfants sont centrés sur leur propre point de vue et ont de la difficulté à être objectifs.

Dans la vie de tous les jours, on peut observer des enfants qui semblent parler entre
eux, mais une écoute attentive nous montre que les enfants n’échangent pas réellement,
chacun étant centré sur son propre discours. Ce comportement s’appelle le monologue
collectif; c’est aussi une démonstration de l’égocentrisme.6
c) Développement social

L'égocentrisme constitue une marque dominante de cette période : l'enfant se


considère comme le centre du monde, a tendance à tout rapporter à lui et est incapable de se
mettre à la place de son interlocuteur. Il désire être avec les autres, il s'intéresse à ce que font
les autres mais son comportement est encore présocial. Il y a à cet âge le besoin de compagnie
mais l'égocentrisme et l'instabilité de caractère constituent encore des entraves au
développement de la coopération.

Jusqu'à 4 ans, les échanges sont limités et les rares actions communes sont
commandées par le matériel. L'activité est solitaire ou parallèle: les enfants jouent à la même
chose mais chacun pour soi.

A partir de 4 ans: les interactions se multiplient, les rapprochements naissent d'abord


de conflits. Petit à petit les enfants agissent ensemble et poursuivent des buts constructifs. A
côté de l'imitation, apparaissent des séquences de collaboration plus fréquentes et plus
durables.1

d) Développement affectif

d.1 Stade phallique selon Freud

Annonçant et précédant la problématique œdipienne, il instaure une relative


unification des pulsions partielles sous le primat des organes génitaux, mais sans qu’on puisse
encore parler véritablement de génitalisation de la libido. Il se centre autour d’une thématique
liée à l’absence ou la présence du pénis. C’est en quelque sorte une période d’affirmation de
soi.

C’est à ce stade que se manifeste la curiosité sexuelle infantile. L’enfant prend


conscience de la différence anatomique des sexes. Dès lors le stade phallique va être en
quelque sorte une période de déni de cette différence et ceci tant chez le garçon que chez la
fille. Le garçon va nier la castration par la négation du sexe féminin ou par le maintien de la
croyance en une mère pourvue de pénis. La fille va manifester son envie du pénis, soit en
imaginant une ‘’poussé’’ ultérieure du clitoris, soit par le biais d’attitudes dites ‘’d’ambitions
phalliques’’ (comportements brutaux, recherche des dangers, allures de ‘’garçon manqué’’).

C’est un stade qui demeure en grande partie narcissique et non pas objectal : la
question ‘’d’en avoir ou pas’’ ne renvoie pas en effet à l’usage qu’on peut en faire mais au
simple fait de la possession du pénis. Les angoisses spécifiques de ce stade son évidemment
des angoisses de castration. Les conflits qui s’y attachent mettent en jeu le narcissisme de
l’idéal du Moi.

Durant ce stade, se manifeste ce qu’on appelle le complexe d’Œdipe. Il correspond à


l’amour que porte l’enfant au parent du sexe opposé et à l’envie d’éliminer le parent du même
sexe. Ce complexe se développe depuis la naissance où la mère procure le plaisir en
assouvissant son besoin alimentaire et devient donc son premier objet d’amour.

Le complexe d’Œdipe est le point nodal qui structure le groupe familial et la société
humaine tout entière (prohibition de l’inceste). C’est le moment fondateur de la vie psychique
assurant le primat de la zone génitale, le dépassement de l’auto-érotisme primitif et
l’orientation vers des objets extérieurs. Il permet l’avènement d’un objet global, entier et
sexué. Il joue enfin un rôle crucial dans constitution du Surmoi et de l’Idéal du Moi.2

d.2 Stade de personnalisme selon Wallon

L'enfant arrive à reconnaître sa personnalité, image de lui-même. Il y a une conscience


de soi par une phase d'opposition, et par une intégration dans le groupe familial, de même que
par le jeu (opposition vers 3 ans, intégration vers 4 ans). Dans le jeu, l'enfant peut aborder 2
rôles différents, où il est actif puis passif (jeu d'alternance réciproque). Il vit les choses de
manière dialectique.3

e) Développement de l’expression graphique

De l’intention représentative accidentelle au réalisme intellectuel

Selon Widlöcher, ce n’est pas, comme le pense Luquet, par une accumulation de
réussite que l’enfant admet qu’il peut dessiner ce qu’il souhaite. Il a en fait très longtemps
dans l’idée qu’il ne sait pas tout dessiner, il peut refuser d’essayer de dessiner tel ou tel objet
qui lui semble bien trop difficile à représenter. Mais, dès que l’enfant a pris conscience de
l’analogie d’un tracé avec un objet, il s’élabore tout un système de figuration. Et, même si ce
système est réduit à quelques éléments sémantiques, il lui permettra de représenter n’importe
quelle scène. Cependant le caractère fortuit ne disparaît pas d’un seul coup, l’enfant continue
encore longtemps à jouer avec les formes, à chercher de nouvelle méthodes plus
ressemblantes pour représenter tel ou tel objet. Il cherche ainsi, lorsque son dessin lui parait
inexact, soit à le corriger soit à lui donner une interprétation autre que celle de départ. Le
deuxième temps du réalisme fortuit tel qu’il est décrit par Luquet est déjà une étape du
réalisme prémédité. Le passage déterminant est le moment où l’enfant corrige le dessin, où il
devient pour lui une accumulation de signes et non plus une forme globale. L’enfant peut
reconnaître les différents détails qui font ressembler une forme plutôt à un crabe ou plutôt à
un bonhomme. Ce moment est, grâce à cela, celui où l’enfant peut nommer son dessin.7

Figure 6 : Les variations de la représentation du bonhomme à partir de 3 ans. (D'après Leif, cité par
Deldime et Vermeulen)

Au début, lorsque l'enfant échoue, il renonce. Petit à petit, il va apprendre à corriger


son dessin, en ajoutant un détail, il parvient à la ressemblance voulue. Dans ce temps,
l'intention réaliste est donc délibérée, et l'enfant atteint le stade de réalisme intellectuel.
Luquet explique ce passage par la simple accumulation de réussite. L'enfant estime qu'il ne
sait pas tout dessiner, mais qu'il peut représenter un objet pour lequel il s'est entraîné. A 7 ou 8
ans, si on lui demande de représenter un objet précis, il peut refuser en prétextant qu'il ne sait
pas, car l'enfant a le sentiment qu'il pourrait bien mieux s'exprimer par le langage. Même s'il
ne connaît pas le nom d'un objet, il peut le désigner d'un geste ou le désigner par une
périphrase. Cette démarche est plus difficile à mettre en œuvre par le dessin, bien qu'elle soit
possible: l'enfant peut sous-entendre l'objet, dessiner une scène précédant l'arrivée de l'objet
ou dessiner d'autres objets s'y rapprochant.

Cependant, le caractère fortuit ne disparaît pas brusquement; soucieux de représenter


une forme, si son tracé lui paraît contraire à son projet il cherchera à le corriger ou à lui
donner une nouvelle signification. L'aboutissement au réalisme intellectuel s'effectue
lentement Le moment où l'enfant corrige le dessin apparaît déterminant, l'image n'est plus
considérée comme une forme globale, mais comme la juxtaposition d'un ensemble de signes.1

C) l’enfant de 6 à 12 ans
a) Développement social 
L’enfant acquiert la capacité psychologique de vivre avec les autres. A partir de 6
ans, l'enfant présente des comportements socialisés: respect des autres, conscience de leurs
qualités, collaboration, préoccupation d'autrui, responsabilités à son égard. Vers 8 ans,
l'enfant passe de l'égocentrisme à l'aptitude à se mettre à la place de l'autre (décentration).
Il devient plus sensible au monde intérieur de l'autre et peut interpréter ses
comportements. A 10 ans, la coopération et l'autonomie existe: l'enfant condamne la
délation, la tricherie, le soufflage, le mensonge.

La morale autonome se développe avec le respect mutuel et la coopération entre


enfants, entre l'enfant et l'adulte (ce qui fait quitter à l'enfant son égocentrisme). A partir
de 9-10 ans, l'enfant considère la règle comme due au consentement mutuel et comme
condition nécessaire de l'entente. L'enfant respecte davantage les règles décidées en
groupe que celles imposée par l'adulte. L'enfant intègre et élabore la loi et la justice. 1

b) Développement intellectuel

L’enfant est capable de se décentrer dans les domaines cognitif et moral. Sa pensée
se socialise. Il prend en compte l'avis des autres. C'est le début de la causalité. L'enfant
peut classer, grouper. Il conçoit les modifications et la réversibilité. Il est perméable au
raisonnement, s'inscrit dans une temporalité, raisonne de manière concrète en empruntant
à sa propre expérience.3

c) Développement affectif

c.1) Stade de latence selon Freud

Cette période fait suite à la période œdipienne, elle est qualifiée de latence car elle
correspond à une étape de « repos » où le développement de la sexualité est limité voire
arrêté. On y retrouvera le déclin du complexe d’Œdipe, la désexualisation des relations avec
l’objet, l’enfant finit par dénigrer le sexe opposé. Il s’identifie aux parents au détriment des
désirs amoureux et agressifs et va donc s’approprier certains de leur traits, attitudes, désirs et
idéaux. Enfin, il devient raisonnable et intègre les règles et les interdits.8

c.2) Le stade catégoriel de Wallon

C’est le stade correspondant à l’âge de la scolarité et des relations avec les autres,
l’enfant va développer un intérêt pour le monde extérieur. Il devient capable d’attention,
d’effort, de mémoire volontaire et les activités intellectuelles deviennent prépondérantes sur
les comportements affectifs.8

d) Développement de l’expression graphique

Le stade du réalisme enfantin

Le dessin enfantin se développe ensuite selon des lois qui paraissent constantes et
ce entre quatre et douze ans. La particularité de ces lois est qu’elles ne se basent pas sur la
perception comme on pourrait le penser. En effet on pourrait croire que comme l’enfant
vient de s’apercevoir qu’il peut représenter le réel, il essaierait de s’en approcher le plus
possible. Ce n’est pas le cas, en fait, il ne garde de l’apparence visuelle que ce qui est
nécessaire pour la reconnaissance de l’objet.

Dans ce but, il fait appel à des procédés qui vont à l’encontre du réalisme visuel,
comme la transparence, la diversité des points de vue, l’usage de détails exemplaires que
nous avons déjà expliqués avec la théorie de Luquet.

Le style enfantin se caractérise donc par une représentation schématique de l’objet.


Il est figuré de manière à pouvoir être reconnu. De plus l’enfant n’hésite pas à inscrire des
légendes afin de faciliter encore la compréhension du dessin. D’après Widlöcher, ce style
n’est que le fruit de son soucis de signifier et du fonctionnement de « l’appareil œil-main
», c'est-à-dire de l’évolution motrice de l’enfant et de la façon dont il parvient à guider ses
mouvements. Le style de l’enfant ne s’expliquerait finalement que par sa volonté de
s’exprimer et par sa légère « maladresse ».

L’évolution vers le réalisme visuel

Pour Widlöcher, la définition de Luquet du réalisme visuel comme une soumission


à la perspective est assez imprécise puisque cette perspective diffère selon les cadres
historiques et sociaux. Pourtant c’est un fait, le dessin ne dépend petit à petit plus que d’un
point de vue unique. L’explication peut se faire en synthétisant les points de vue de
Luquet et de Wallon ; Luquet pense que lorsque les capacités d’attention de l’enfant
augmentent, il parvient à se dégager du point de vue intellectuel et à oublier ce qu’il sait, il
peut alors représenter uniquement ce qu’il voit. Pour Wallon, c’est la perception qui joue
le plus grand rôle ; lorsqu’on regarde un objet en mouvement ou qu’on se déplace soit
même, on en voit beaucoup plus que si le point de vue est fixe par rapport à l’objet. De
plus, on imagine ce qu’on ne voit pas. Tout cela fait partie de la perception, et, tant que
l’enfant ne la maîtrise pas, il ne parvient pas forcément à faire la différence entre les
éléments qu’il voit d’un point fixe, ceux qu’il voient quand ça bouge et ceux qu’il
s’imagine …Le passage au réalisme visuel nécessite donc une maturation à la fois
perceptive et intellectuelle.

Si ce réalisme visuel était réellement un progrès, l’enfant devrait être content de


l’utiliser. Cependant c’est aux environs de la période où il l’acquiert qu’il commence à
abandonner le dessin, pourquoi ? Au départ l’enfant se servait du dessin pour s’exprimer.
Avec le réalisme visuel, il se trouve piégé dans la vérité, il ne peut plus laisser libre court
à son imagination. Le dessin ne représente plus que l’objet et n’apporte plus rien au
niveau du sens graphique. Ainsi, lorsqu’on représente avec beaucoup de réalisme un objet,
on perd toute possibilité de s’exprimer au travers du dessin. C’est sans doute pour cela que
l’enfant lui préfère ensuite la parole ou l’écriture. Après avoir examiné ces deux points de
vue, on peut remarquer que l’évolution du dessin dépend à chaque fois du développement
d’une capacité particulière chez l’enfant : Tout d’abord sur le plan de la motricité, puis de
la concentration, de l’attention et de la perception des choses. Le dessin enfantin évolue
donc en parallèle avec le développement personnel de l’enfant. Ainsi, même si tous les
enfants semblent passer par les mêmes stades et dans le même ordre, on ne peut définir
d’âges précis pour chaque stade ; chacun se développant à son rythme, l’évolution du
dessin diffère suivant les enfants.7

D) L’adolescent

Selon l’OMS l’adolescence est « la période de croissance et de développement humain


qui se situe entre l’enfance et l’âge adulte, entre les âges de 10 et 19 ans. L’apparition de la
puberté marque son début. »
En effet, l’adolescence s’inscrit dans un mouvement de rupture par rapport à l’enfance.
De même, comme le souligne E. Kestemberg, « on dit souvent que l’adolescent est à la fois
un enfant et un adulte, mais il serait plus juste de dire qu’il n’est plus un enfant, et n’est pas
encore un adulte ». Cette période d’entre deux sans point de repère fiable constitue l’essence
même de « la crise d’adolescence ».

L’évolution du comportement social à l’adolescence se distingue par 3 phases ;


1. La phase dite d’opposition : 
Elle survient chez la fille entre 12 et 13 ans et chez le garçon entre 12 et 15 ans.
Elle commence par une période de régression au cours duquel les adolescents vont
avoir tendance à être imprévisible, à s’opposer aux règles, à questionner ce qui leur
semblait aller de soi durant l’enfance. Cette tendance à se démarquer permet
également de se construire par opposition. Enfin, cette période correspond à une plus
grande conscience de soi, là où l’enfant avait plus tendance à coller par identification à
ses parents.
2. La phase dite « d’affirmation du moi » : 
Elle a lieu chez la fille entre 13 et 16 ans, et chez le garçon entre 15 et 17 ans.
C’est une période de revendication, où le « Je veux! » succède au « Je ne veux pas ! ».
elle correspond à une plus grande demande d’indépendance et de liberté. On parle
alors souvent de conflit des générations et beaucoup d’adolescents ont alors tendance à
interroger le système de valeurs qui leur a été transmis.
3. La phase d’indépendance : 
Elle survient chez la fille entre 16 et 18 ans, et chez le garçon entre 18 et 20
ans. C’est souvent une période de déclin des idéalisations du début de l’adolescence,
durant laquelle des identifications plus stables vont se construire qui perdureront à
l’âge adulte. L’adolescent trouve son indépendance affective, et construit son
indépendance économique. Il accepte réellement et sans ambivalence de se passer de
ses parents. Cette phase d’insertion est facilitée par l’accès au travail et les relations de
couple, ce qui permet la construction progressive d’une indépendance affective et
économique. A l’inverse, si le chômage et la précarité s’installent, cela vient à
freiner l’entrée dans l’âge adulte.9
Le développement psychologique de l’enfant DELDIME R, VERMEULEN S
2
Le développement affectif et intellectuel de l’enfant. ED MASSON
3
L’évolution psychologique de l’enfant HENRI WALLON
4
J’ai tout essayé ISABLLE FILLIOZAT
5
Le langage : développement normal et aspects pathologiques. Bursztejn C.
6
La psychologie de l'enfant. Piaget, J. et Inhelder, B. (1980).  
7
Interprétation des dessins d’enfants WIDLOCHER D
8
L’homme en développement, Bideau J, Houde O et Pedinielli JL.
9
Attentes et comportements des adolescents. Choquet  M. et Ledoux  S

Vous aimerez peut-être aussi