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Psychologie du développement Mme S’habou Jihen

Chapitre n°3 : Le développement sémiotique de


l’enfant : la période de 1 ans à 3 ans
Introduction :
Au cours de cette période, la vie de l’enfant est marquée par le
développement des capacités communicatives. La communication non-verbal ou
préverbale devient verbale, symbolique et sociale. L’âge de 2 ans marque une
étape importante dans l’émergence de la fonction sémiotique, c’est-à-dire la
possibilité d’utiliser des signes pour évoquer des objets, des personnes ou des
évènements.

Cette évolution ne se limite pas au langage mais englobe aussi les images
mentales, l’imitation différée, les gestes symboliques, le dessin.

I. Le développement du langage :

À partir des années 1994, en osant affirmer que le langage correspondait à


un instinct humain, par le linguiste canadien STEVEN PINKER dans sa
thèse : « L’instinct du langage ». Donc, les enfants apprennent tout seuls à parler
(vers 1 ans ou plus) la langue qu’il entend autour de lui, cela grâce à une aptitude
innée. Cependant, on sait aujourd’hui que le langage est un processus naturel qui
intègre les phases de développement de l’enfant et qui ne commence pas avec les
premiers mots. Mais, l’apprentissage du langage commence spontanément dès la
vie fœtale où le fœtus est capable de reconnaître : la prosodie du langage maternel.
(Selon le dictionnaire des sciences humaines sous la direction de Jean-Fançois
Dortier pages 396). Certes, les humains apprennent une langue suppose un module
mental spécifique ancré dans notre cerveau et grâce à ce dernier les enfants
acquièrent le langage.

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1/ Les propriétés du langage humain :

➢ Au cours de la première année, alors que l’enfant ne peut encore produire de


mots, il accède à la signification des productions de l’adulte. Donc, l’enfant
accède à la compréhension du sens des mots qui précède toujours leur
production.
➢ Le langage est le principal vecteur de la communication interhumaine, mais
non le moindre, de cette communication. Les messages qu’il véhicule ne sont
pas seulement des informations ou des demandes : le langage sert aussi à
communiquer des sentiments, des impressions, des angoisses.
➢ Selon la psychologue américaine Kathrine Nelson qui, en 1981, dans son livre
« Developmental Psychology », affirme : « l’acquisition du langage peut se
faire à des vitesses différentes chez des enfants différents. Les enfants utilisent
surtout le langage pour exprimer leurs désirs et leurs émotions. Chaque enfant
entre 1ans et 3 ans environ a un langage plutôt global et relativement stable ».
➢ Le langage prend ainsi une part essentielle dans les relations de l’enfant avec
autrui, et est intimement lié au développement et à la structuration du
fonctionnement psychique. C’est une fonction essentielle pour son
développement affectif et sa santé mentale.

2/ La production du langage :

➢ À la fin de la première année, la production des mots se fait d’abord lentement


puis augmente de façon significative. Au début de la production, du fait de la
petite taille de son vocabulaire, un même mot peut être utilisé par l’enfant pour
désigner toute une classe d’objets par surextension (exemple : « papa » pour
tous les hommes,).
➢ De 12 à 16-18 mois : le nombre de mots produit par l’enfant augmente
lentement : on compte environ 5 ou 6 mois pour qu’il produise ses 50 premiers
mots. Des variations dans la taille des répertoires d’un enfant à l’autre peuvent
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être considérables, ainsi que les mots produits. Ce premier vocabulaire est
également sensible aux influences culturelles.
➢ De 18 à 24 mois : Le langage s’accélère : le nombre de mots produit par
l’enfant augmente de façon spectaculaire. L’enfant devient capable à produire
entre 200 à 300 mots, la prononciation des mots s’améliore. Les enfants
commencent à produire deux mots à la suite, qui ont un rapport de sens
(exemple : bonjour maman). Mais il existe de fortes variations
interindividuelles dans cette progression.
➢ Le début de la troisième année : les enfants produisent leurs premières phrases
simples. (Exemple : « papa pati auto » c à d « Papa est parti en auto »)

Enfin, les enfants connaissent vers l’âge de 2-3 ans une créativité
exubérante avant même de maîtriser toutes les règles de la grammaire. Elle
s’exprime notamment dans le dessin qui est une autre façon d’envisager les liens
entre : langage et créativité. Cette façon qui relierait la créativité à une aptitude de
l’esprit et non du langage. (Selon la thèse défendait par René Descartes).

II L’évolution du dessin

Selon Philippe Wallon, dans son livre « le dessin d’enfant » : « le dessin


est, en fin de compte, une trace, celle laissée par le déplacement de la main sur un
support, feuille de papier, buée d’une vitre, sable d’une plage… »

1/ Les fonctions du dessin :

Le dessin a pour l’enfant plusieurs fonctions. C’est d’abord une activité


motrice, donc une des joies du jeune enfant, et une activité particulièrement
gratifiante puisqu’elle laisse une trace durable. Dessiner est aussi un moyen
d’exprimer ses émotions en les extériorisant. C’est aussi un mode privilégié pour
représenter ce que l’enfant voit autour de lui, le plus fidèlement possible. Le
dessin serait un système de signes et de symboles, permettant à l’enfant de
communiquer aux autres le contenu de ses représentations.

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2/ Les étapes du développement du dessin :

L’évolution du dessin avec l’âge suit une succession des stades (le stade du
gribouillage, le stade du réalisme fortuit, le stade du réalisme manqué, le stade du
réalisme intellectuel et le réalisme visuel) que les on retrouve chez tous mais l’âge
auquel s’observe le passage de l’un à l’autre varie beaucoup selon les enfants.

Le stade du gribouillage : L’apparition des premières traces graphiques à


la fin de la première année est rendue possible par les progrès psychomoteurs. À
ce stade, l’enfant gribouille sans vraiment dessiner, il développe à la fois la
coordination des gestes et la représentation figurale. Ces premières traces n’ont
pas de signification particulière, autre que le plaisir de cette décharge motrice.
Mais, où moment où, l’enfant découvre une ressemblance entre un objet connu et
un de ses gribouillages, il donne une signification à son dessin. Ce moment
important le fait entrer dans le stade du réalisme fortuit.

Exemple de gribouillage

Le stade du réalisme fortuit : (vers 2 ans et demi) La signification qu’il


attribue à son dessin ne semble pas avoir de rapport direct avec la morphologie du
tracé, l’enfant peut aussi donner à son dessin plusieurs significations
(appellations). Ainsi, c’est l’âge de l’apparition du bonhomme-têtard, cette
forme graphique basé sur le rond et le trait.

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Exemple de bonhomme-têtard

Le stade du réalisme manqué : (vers 4 ans) Il y a dès lors apparition de


l’intentionnalité graphique, une certaine adéquation entre ce qu’il veut représenter
et ce qu’il arrive à dessiner. Mais le plus souvent, ses moyens ne sont pas à la
hauteur de ses intentions.

Le stade du réalisme intellectuel : (entre 4 et 8 ans) Les progrès de ses


connaissances, de sa capacité d’analyse et de ses progrès moteurs enrichissent ses
dessins, qui de viennent beaucoup plus précis, complets dans lesquels l’enfant
montre tout ce qu’il sait du réel (et non pas ce qu’il voit), avec tous les détails
nécessaires à l’identification des personnages ou objets représentés. À cet âge,
l’enfant juxtapose les éléments là où il faudrait les coordonner : le chapeau posé
au-dessus de la tête, et non enfoncé sur la tête, le train est représenté de profil sur
des rails vus de dessus, …

Le stade du réalisme visuel : (de 9 à 12 ans environ) L’enfant dessine ce


qu’il voit du monde (et non pas ce qu’il pense) où les éléments sont bien
coordonnés les uns par rapport aux autres. Le dessin de l’enfant de cet âge n’a
plus la valeur expressive qu’il avait les années précédentes parce que l’enfant
recourt préférentiellement aux modalités verbales de communication qui offrent
les possibilités de plus en plus grandes d’adéquation de sa pensée et d’abstraction
de ses idées. À cette époque, certains enfants prennent conscience de la difficulté
à rendre compte objectivement de la réalité dans un dessin, ne maîtrisent pas les
techniques qui les y aideraient, ou se désintéressent de ce mode d’expression qui

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ne les satisfait pas, leur production graphique s’appauvrit et diminue


progressivement. D’autres au contraire continuent de progresser dans ce mode
d’expression qui va s’enrichir, permettre de représenter des aspects nouveaux :
stylisation, caricature, sentiments, abstraction.

Pour conclure, l’enfant est un être capable d’analyse, de logique, d’éthique


et de raison, il ne peut plus être question au niveau de son apprentissage de jouer
sur sa seule mémoire ou sur son obéissance. Mais au contraire, il s’agit de
solliciter sa capacité d’analyse et non de le dresser en lui faisant instruire une
quantité de connaissances ou en lui faisant répéter à l’infini les principes de bonne
conduite. Reconnaître la créativité de l’enfant, c’est mettre l’accent sur
l’expressivité de l’enfant et sur l’importance de son action propre. Observer la
culture des enfants, c’est être à leur écoute, à travers l’expression de leur Soi.

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