Vous êtes sur la page 1sur 8

Cours de psychomotricité

Développement psychomoteur de l’enfant :

Le développement est important chez l’enfant, ces périodes de la vie sont considérées comme celles
ou les acquisitions sont les plus nombreuses. Ce développement ne peut se faire que suivant un
mode interactif entre ses différentes composantes et avec l’environnement relationnel de l’enfant.

Intérêt pour le soignant :

Une connaissance approfondie du développement psychomoteur normal permet au professionnel de


s’assurer que les conditions d’un bon développement psychomoteur sont réunies et de dépister un
éventuel retard de développement. Le soignant exerçant auprès d’enfants a donc un rôle
d’évaluation et de prévention essentiel :

- Evaluer : le développement de l’enfant dans ses différents aspects psychomoteur et


psychoaffectifs.
- Assurer : le recueil de données, par l’observation de l’enfant, en vue d’évaluer la qualité de la
prise en charge.
- Dépister : de manière précoce toutes les anomalies susceptibles d’entraver le
développement de l’enfant : par exemple il est utile de savoir qu’un enfant sourd ne babille
pas au 5ème-6ème mois.
- Mener : des actions de prévention afin de réduire les facteurs de risque liée à une
inadaptation de l’environnement de l’enfant.

I. Les grandes lois du développement :

1. Loi de différenciation :

L’activité motrice est d’abord globale, puis s’affine, et devient de plus en plus localisée et précise. Le
bébé passe d’une motricité reflexe à une motricité involontaire.

2. Loi de variabilité :

Cette loi concerne le rythme du développement qui n’est pas uniforme. Il y’a des
progressions plus au moins rapide, des stagnations, parfois des régressions.

3. Loi de succession :

Elle se décompose elle-même en deux lois :


Cours de psychomotricité

- Loi de progrès céphalo-caudale : le progrès moteur se fait du haut vers le bas du


corps, depuis la libération du point d'appui de la tête vers la verticalisation des
membres inférieurs ;
- Loi proximo-distale : du centre vers l'extérieur : le contrôle des segments proximaux
du corps, tels que le tronc et les épaules, intervient avant celui des segments distaux
comme la main.

II. Les compétences du nouveau-né :

A. Définition :

C’est l’équipement de base du nourrisson qui fait de lui un partenaire actif et qui le prépare
à l’ouverture vers le monde.

B. Etats de vigilances :

Prendre en compte les échanges avec l’enfant.

III. Les compétences d’ordre perceptif et sensoriel :

 L’audition :

Cet appareil est fonctionnel dès le 5ème mois au 7ème.

Dès la naissance l’organisation auditive est proche de celle de l’adulte. Il tourne la tête vers une
source sonore, il distingue les hautes fréquences. Cette localisation de la source sonore se fera vers
le troisième mois, ce qui lui permettra de distinguer les bruits et les voix. La maturation du système
auditif sera effective vers le sixième mois, le bébé étant alors sensible aux intonations et à la
musique.

NB : Un trouble de l'audition peut être détecté à l'examen du huitième jour. Il peut aussi survenir
plus tard, par exemple du fait d'une otite chronique (infection de l’oreille). L'enfant ne réagit pas à
l'appel ou au bruit, ne développe pas un langage structuré, paraît trop sage. On peut observer un
retard de la parole, des difficultés scolaires, etc.

 Olfaction :

L'olfaction est ainsi à la base de l'attachement mère-enfant dès la naissance. Un linge ou un «


doudou » imprégné de l'odeur de la mère facilite la réassurance du bébé en l'absence de la mère (par
exemple au berceau).
Cours de psychomotricité

 Goût :

Le bébé perçoit quatre saveurs primaires : salé, sucré, acide, amer. L'allaitement maternel favorise la
découverte de ces saveurs différentes et développe le goût (via le développement des papilles
gustatives), de même que la diversification alimentaire ultérieure.

 Vision :

À la naissance, l'acuité visuelle est de 1/10, la perception nette se situe vers 30-50 cm de distance.
Les paupières s'ouvrent et se ferment continuellement, telles celles d'une poupée.

Vers 8-10 jours, l'enfant fixe son regard sur les objets proches.

Vers 1 mois, Le bébé suit des yeux les objets de grande taille proches de lui, sur un angle de 90° et
sur un plan horizontal.

À 2 mois le suivi des objets se fait sur un angle de 180°, toujours sur un plan horizontal. Le bébé voit
les couleurs de façon pastelle (d'où les couleurs vives données aux jouets destinés aux jeunes
enfants). Il est attiré par les visages humains, les fixes et leur sourit.

À 3-4 mois la vision est nette jusqu'à une distance de 80 cm, la poursuite du regard est verticale aussi
bien qu'horizontale.

La vision binoculaire (qui se fait par les deux yeux) intervient vers 4-6 mois.

À 6 mois le développement de l'œil est achevé.

De 9 à 24 mois se met en place la coordination fine de la vision, aboutissant à la perception de la


profondeur.

La vision périphérique s'installe de 12 à 18 mois.

À 24 mois l'acuité visuelle est de 10/10.

 Toucher :

Le toucher est l'organisateur psychique de l'être humain, le sens à partir principalement duquel se
développe le sentiment de l'unité du soi. Il est l'une des premières expériences du fœtus et du
nouveau-né, dans le corps-à-corps avec sa mère (par exemple lors de la tétée). La compétence tactile
joue un rôle important, au travers des manipulations répétées, dans la découverte de son corps, des
objets ensuite, puis dans l'apprentissage de l'environnement.
Cours de psychomotricité

IV. Développement moteur :

1. Définition

Il s'agit de la prise de contrôle progressive par l'enfant de son système musculaire au fur et à mesure
de la disparition de la motricité primaire (réflexes archaïques), de la maturation du système nerveux
central, de la progression de son éveil, et de la répétition de ses expériences motrices. Ce
développement moteur est indissociable du développement sensoriel avec lequel il fonctionne en
interaction permanente.

2. Le niveau d’évolution motrice NEM

Durant les deux premiers mois la tête et le tronc sont mous, les membres hypertoniques (toujours
fléchis). Progressivement l'axe du corps se tonifie, et bébé peut tenir sa tête droite et son dos ferme
vers les 3ème-4ème mois, et peut vers la même période rouler sur le côté.

Vers le 5ème-6ème mois il acquiert la capacité de rester assis s'il est tenu. Il peut s'appuyer sur les
mains, rouler du dos sur le ventre, faire l'avion. Deux mois plus tard (7ème et 8ème mois) il tient
assis seul, et peut jouer avec ses pieds.

La reptation et le déplacement à 4 pattes se mettent en place lors des 9ème-10ème mois, ainsi que
la station debout avec appui.

Les premiers pas interviennent vers la fin de la première année, en même temps que la capacité à
pousser un objet devant lui. La marche se développera jusqu'au 18ème mois, et jusqu'à trois ans
l'enfant la perfectionnera jusqu'à pouvoir monter seul un escalier, jouer au ballon, courir, sauter à
cloche-pied...

3. Les réflexes archaïques

Réflexes archaïques = premières réponses aux stimuli extérieurs.

Existent dès la naissance.

Leur absence est un signe d'immaturité.

Leur évolution et leur disparition sont le signe d'une bonne maturation.


Cours de psychomotricité

4 réflexes archaïques sont recherchés :

► Réflexe de Moro :
Les bras s'écartent symétriquement et se rejoignent.
Déclenché par des stimulations proprioceptives.
Persistance pathologique après 6-7 mois.

► Réflexe de fouissement :
Réflexe de recherche et d'orientation vers le sein.
Il est suivi des réflexes de succion et de déglutition.

► Réflexe de redressement et de marche automatique :


A une pression plantaire, l'enfant réagit en se redressant.
A la naissance, on constate un réflexe de marche si on soutient l'enfant debout sous les
aisselles.
Ce réflexe disparaît ensuite.

► Grasping :
La stimulation de la paume de la main entraîne une flexion des doigts et un agrippement.

4. Développement des capacités de préhension :

Elle permet à l'enfant de se saisir de ce qu'il a vu, et ainsi d'appréhender le monde extérieur par
manipulation et découvertes.

Le nouveau-né possède un réflexe d'agrippement des objets placés dans sa main. Ce réflexe évolue
pour lui permettre vers les 3ème-4ème mois d'attraper un objet placé au contact de sa main. À la
même période il fait la découverte de ses mains. La préhension volontaire et prolongée intervient
aux 5ème-6ème mois, ce qui lui permet de porter les objets à sa bouche.

La préhension s'affine progressivement. Les 7ème-8ème mois se développe la préhension en pince


inférieure (entre le pouce et le petit doigt), ainsi que la préhension en pince supérieure (entre le
pouce et l'index) commence à se mettre en place vers les 9ème-10ème mois. Dans le même temps
l'enfant acquiert la capacité de relâcher volontairement et de jeter les objets.

La pince supérieure se perfectionne vers la fin de la première année. Les deux années suivantes
permettent à l'enfant de maitriser des gestes de plus en plus précis et complexes, jusqu'à pouvoir
manger ou se nettoyer seul, dessiner, tourner les pages d'un livre, etc.

- 4mois : joue avec les mains ;


- 5mois : préhension digito-palmaire
- 6mois : passe un objet d'une main à l'autre, mise à la bouche ;
- 9mois : pince pouce-indexe ;
- 12mois : lâché volontaire des objets ;
- 18mois : empile 2 cubes, manges seul (biberon ou cuillère)
Cours de psychomotricité

Au niveau graphique :

- 2ans : imite un trait ;


- 3ans : imite un rond.

5. Le développement postural :

Tenue de la tête :
Nouveau-né : maintien dans l’axe du corps pendant quelques secondes ;
3–4 mois : stabilité dans l’axe du corps.

Position assise :
5–6 mois : position assise avec appui ;
8–9 mois : position assise sans appui.

Position debout :
9–10 mois : position debout avec appui ;
11–12 mois : position debout sans appui.

6. Développement de l’équilibre :

- Entre 15 jours et un mois on observe une fatigabilité de la stabilisation l’appui principale est
au niveau céphalique les bras grands ouverte en élévation et qui vont être ressenti par
l’entourage comme des signes d’appels.
- Autour de 2 mois l’utilisation des bras comme équilibration au niveau des coudes.
- Autour du trois mois, maintien de la tête.
- Autour de 6 à 7 mois on parle de l’équilibration de luxe. Le contrôle tonico-moteur permet à
l’enfant de faire ce qu’il veut sur le dos. On observe des mouvements main-pied
homolatérale la main se libère permettent des explorations.

7. Développement du langage :

Étapes du langage verbal : Le langage verbal s’exerce dès les premières heures de vie, l'enfant est
sensible à la voix humaine, va puiser au cours de ses interactions avec son environnement les
éléments de reproduction et d’élaboration des sons, des mots et des phrases. À travers cet
apprentissage c’est la construction de sa pensée que l’enfant va pouvoir développer. Durant les deux
premiers mois l'enfant émet des vagissements, mais communique par les pleurs. Les 3ème et 4ème
mois sont marqués par la vocalisation (voyelles), identique pour tous les enfants du monde, tandis
que le babillage des 5ème et 6ème mois est influencé par l'environnement linguistique de l'enfant. À
partir du 7ème mois apparaissent les monosyllabes (ma, pa, ba, da) qui s'organiseront
progressivement entre elles, puis en mots et en phrases vers un an. L'enfant associe geste et parole
Cours de psychomotricité

dès le 9ème mois. L'explosion du vocabulaire et de la syntaxe se fera au cours de la deuxième et de la


troisième année.

Étapes de l'expression corporelle : Le 2ème mois voit l'apparition des premiers sourires aux visages
familiers (père, frère et sœur), et bien sûr essentiellement à la mère. Le 3ème mois est celui de
l'apparition du langage du corps : Bébé s'agite, associant mouvements des pieds et des bras à des cris
de joie ou de détresse. Il peut se crisper si sa mère veut le remettre au lit, tendre le corps vers l'objet
convoité. Le développement de l'expression corporelle suivra ensuite celui des apprentissages
sensori-moteurs et sociaux.

8. Les conditions favorables du développement moteur :

Le développement psychomoteur est lié non seulement à la maturation neurologique du cerveau,


mais dépend aussi d'un régime alimentaire adapté, de conditions de vie, d'habitat et d'hygiène
correctes, de la stimulation apportée par l'environnement, de l'affection chaleureuse et sécurisante
offerte par les parents.

Le respect du développement de sa mobilité, et des activités adaptées au rythme de développement


de l'enfant, sont également indispensables. Il est donc important de lui proposer des jouets
correspondant à ses acquis, lui permettant de les approfondir et de faire de nouvelles découvertes.
Jusqu'à 6 mois on lui proposera ainsi plutôt des objets orientés vers le « voir-entendre-toucher » (tels
que peluches, hochets, mobiles musicaux, tapis d'éveil...). De 7 à 10 mois environ ce seront plutôt les
compétences de « saisir-jeter-pousser-mordiller » qui seront soutenus, par des objets tels que les
cubes, les livres cartonnés, les gobelets gigognes. Vers 11-12 mois l'enfant aimera empiler, combiner,
disperser, et appréciera les jouets à construire, les seaux, les pelles, râteaux... Puis viendront les jeux
plus complexes permettant de « faire et défaire » vers 13-18 mois, et d'observer, imiter, imaginer,
comprendre à partir de deux ans.

9. Les signes d’alarme :

Entre la naissance et 3 mois. Les signes d'alarme qui peuvent indiquer des troubles chez les bébés
entre la naissance et 3 mois incluent des roulades avant l'âge de 3 mois, des poings serrés
persistants, une absence de réaction aux stimuli visuels et/ou auditifs, et un comportement de
retrait. Ce dernier est considéré comme un signal d'alarme important et peut survenir dans de
nombreuses situations psychopathologiques précoces, qu'il s'agisse d'un trouble relationnel ou d'un
trouble organique comme la douleur intense et durable.
Cours de psychomotricité

Entre 4 et 6 mois. Un faible contrôle de la tête montrant une hypotonie persistante, une absence de
sourire sont des signes d’alerte. Le nourrisson qui ne cherche pas à atteindre les objets vers 5 mois
doit faire évoquer des troubles de la vision, de la cognition, un trouble moteur.

Entre 6 et 12 mois, une persistance de réflexes archaïques correspond souvent à une atteinte
neurologique. Une absence de babillage peut être la conséquence d’un trouble de l’audition.

Vers 7 mois, une position assise en lapin doit faire rechercher une hypotonie ou spasticité des
abducteurs.

L’absence de signe d’angoisse vis-à-vis d’une personne étrangère vers l’âge de 7 mois évoque deux
situations possibles : trop de monde autour du nourrisson ou une absence de la mère qui ne lui
consacre pas assez de temps ;

Vers 10 mois, il faut penser à un trouble unilatéral de l’audition si le nourrisson n’est pas capable de
localiser un son.

Acquisition du langage. Un manque de production de consonnes à 15 mois, une absence d’imitation


à 16 mois peuvent être la conséquence d’un déficit auditif mineur.

Une absence de pointage proto déclaratif, c’est-à-dire la faculté de montrer un objet en s’exprimant,
évoque souvent un problème de communication sociale. Tout retard du langage doit être recherché :
pas de mot isolé à 16 mois, absence de phrase de 2 mots à 24 mois.

Enfin, l’écholalie (répétition involontaire et dénuée de sens des dernières syllabes ou des derniers
mots entendus) doit faire penser à l’autisme.

Vous aimerez peut-être aussi