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ont tout de suite cherché à contrô- États membres de l’OUA. I1 fut
ler ce secteur. Les pays restés dans alors décidé que toutes les sociétés,
la mouvance occidentale ont opté étrangères ou de droit national,
pour un marché de l’assurance con- devaient confier à AFRICA-RE 5 ‘70
currentiel, tout en veillant à avoir du montant de leurs traités (con-
))
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ces. Le projet a été pris en inté-rêt par cières et économiques peuvent être
les instances de I’OCAM, mais a dû très lourdes : considérant la fragi-
être abandonné du fait de certaines lité, les dysfonctionnements des éco-
contingences politiques mais surtout nomies africaines, et le problème de
techniques (notamment le manque de la formation des cadres, seraient-
cadres qzialgiés pour animer une telle ils capables de mener à bien
(( ))
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de ces devises a été très importante celui-ci que la réassurance montre
pendant les quinze dernières tout son intérêt ...
années(3). Ce problème, qui était
donc à l’origine de la création des De plus, la structure des risques
institutions africaines de réassu- est tout à fait différente dans les
rance, reste aujourd’hui non totale- pays africains. Par exemple, si en
ment résolu. France c’est l’assurance vie qui
Aussi, pour aider davantage à sa vient largement en tête des assuran-
résolution, 1’OAA travaille sur un ces souscrites (malgré la Sécurité
projet de création d‘une Chambre sociale) avec près de 40 70 des pri-
africaine de compensation pour mes, au Togo, c’est l’assurance
l’assurance, qui aurait pour fonction automobile et l’assurance transport
le règlement des soldes entre les
((
qui représentent deux tiers des
pays africains ayant accepté des primes.
transactions de réassurance (4). Ce
))
La faiblesse de l’assurance-vie
qui devrait notamment permettre de est ainsi jusqu’à présent une carac-
résoudre le problème de la diversité téristique de l’assurance en Afrique.
des monnaies et des systèmes moné- En 1986, la CICA-RE a dû payer
taires, et celui d’une dificulté pour deux sinistres importants : une
(croissante) des gouvernements afri- éruption de gaz d’un puits de
cains à régler leurs soldes de réas- pétrole au Congo (dont le coût total
surance, se trouvant confrontés à sera de près de 4 milliards de f.
des arbitrages impliquant d’autres CFA) et l’incendie de la brasserie
types de dépenses tels que l’achat ((la béninoise D à Cotonou (environ
de denrées alimentaires, de produits 750 millions de f. CFA). Par con-
pharmaceutiques, d’énergie ... (5). tre, la catastrophe du lac Nyos au
Comme tient à le souligner Ahma- Cameroun (1 800 morts) n’a occa-
dou Kourouma, L’assurance et la
((
sionné à la CICA-RE aucun
réussurunce fonctionnent exactement déboursement : les victimes, princi-
de la même façon du point de vue palement des paysans, n’étaient pas
technique, en Afrique, en Europe ou dans le jargon technique, consom-
((
en Amérique D. Mais du point de mateurs des assurances n...
vue du marché, certaines spécifici-
tés sont à noter. Par ailleurs, en Europe, la con-
Dans les pays en voie de déve- currence entre les compagnies
loppement, les sociétés d’assurance d’assurance a entraîné une baisse
sont généralement des PME à capi- des tarifs. Ce n’est pas encore le cas
taux restreints. Or, si les petits ris- des pays africains où les tarifs
ques sont peu nombreux, les gros d’assurance demeurent très élevés
risques sont importants et se mul- par rapport aux prix pratiqués en
tiplient. On arrive donc à des situa- Europe, et plus encore si l’on se
tions où une société d’assurance qui réfère au pouvoir d’achat dans ces
a un capital de 100 millions de f. Pays.
CFA assure par exemple un grand
hôtel de 35 étages pour 25 mil- Enfin, beaucoup de sociétés
liards ! C’est dans un cas comme d’assurance ont de grosses difficul-
tés à recouvrer leurs primes, notam-
ment auprès des Etats déjà endet-
(3) om. Rapport annuel 1986; p. 16. tés, et doivent pourtant réassurer
(4) Ibid, p. 16. des risques pour lesquels elles n’ont
(5) Ibid, p. 16. pas encore p e r p de primes.
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La CICA-RE aujourd’hui du Sénégal a crû de 10,7 90 à
173 Yo.
(( Entrée en risque seulement
))
La répartition par branche du
au 1.1.1984, la CICA-RE n’en est total des primes encaissées par la
réellement qu’à ses débuts. Son CICA-RE en 1986 -près de
siège, à Lomé, regroupe un person- 5 milliards de f. CFA - donne la
nel d’un peu plus e! 40 personnes situation suivante :
originaires de 6 Etats membres;
effectif qui va être progressivement Branche 070
part de chaque pays peut être varia- les marchés boursiers. Les assureurs
ble d’une année sur l’autre, selon ont beaucoup investi dans l’immo-
la politique de réassurance de cha- bilier (15,8 Yo en 1986). On cite
cun: par exemple, entre 1985 et l’exemple de 1’UAP qui possède un
1986, la part du Gabon est passée parc immobilier aussi vaste que
de 18 Yo à 11,9 Yo tandis que celle celui de 1’Etat français. Enfin, les
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assureurs accordent des prêts directs res a augmenté de plus de 41 Yo
aux collectivités locales, entreprises, entre 1985 et 1986. Dans la même
etc. qui représentent 4,6 Yo de leurs période, son effectif est passé de 17
placements. 6,6 Yo seulement sont à 23 salariés, auxquels il faut ajou-
placés à court terme. ter le personnel élu, pour atteindre
Pour ce qui est de la CICA-RE, 38 personnes actuellement.
son existence toute récente ne lui Mais les sociétés de réassurance
a pas encore permis de diversifier ne doivent pas se contenter de
ses placements. Pour l’instant, ils récolter des primes ; L’assistance
sont réalisés au niveau des cédan- aux cédantes fait aussi partie inté-
tes - en fonction de leur participa- grante de leur rôle économique.
tion au chiffre d’affaires de la Pour l’ancien directeur de l’Institut
CICA-RE - qui reversent ensuite international des assurances de
un taux d’intérêt assez faible (4 Yo) Yaoundé, Ahmadou Kourouma, les
à la CICA-RE. activités de conseil et de formation
devraient se développer dans les
Le total des placements s’élève années qui viennent.
à près de 5 milliards de f. CFA qui Phénomène transparent, ignoré
sont placés dans les banques des du grand public, la réassurance
différents pays de la CICA (par constitue néanmoins un enjeu éco-
exemple 800 millions de f. CFA à nomique et financier non négligea-
Lomé). Les placements des sociétés ble pour le développement de
d’assurance et de réassurance sont l’Afrique. Près de trente ans après
d’ailleurs réglementés en terme de les indépendances, et en dépit d’une
liquidité, de façon à ce que les volonté d’agir très tôt exprimée, les
fonds puissent être mobilisés rapi- activités d’assurance et de réassu-
dement en cas de besoin. La CICA- rance n’en sont réellement qu’à
RE joue donc le rôle d‘un orga- leurs débuts, avec des potentialités
nisme d’épargne, et, par une injec- de croissance importantes (niveau
tion régulière de liquidités dans les encore très faible de certaines bran-
. systèmes bancaires des différents ches comme l’assurance vie ; impor-
pays, participe au financement des tance de la fuite de capitaux
(( ))
économies nationales. Elle a main- hors du continent africain au titre
tenant fait ses preuves par rap-
(( ))
de la réassurance...). Des perspec-
port aux autres sociétés internatio- tives d’avenir, qui apparaissent très
nales de réassurance, qui, selon liées à l’évolution politico-
M. Kourouma craignaient au départ économique de l’Afrique et du reste
qu’elle ne puisse pas faire face à ses du monde.
engagements.
Le développement de la société Christine Breney
est très rapide. Son chiffre d’affai- Marc Pilon
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