Fiche rédigée par Alexis Séverin Images de presse

Rêves d’immigrés
Cristina Sampaio / Samuel Aranda

© Cristina Sampaio (Portugal), 2006

Paru dans Expresso (Lisbonne) le 14 octobre 2006.

© Samuel Aranda, 2005

14 juillet 2005. Un des 32 Africains candidats
à l’immigration arrivés dans une barque sur la
plage de Las Salinas. Tous sont entre les mains
de la police sur l’île de Fuerteventura et atten-
dent que leur cas soit traité. (V.O. page 4)

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Images de presse Fiche rédigée par Alexis Séverin

Rêves d’immigrés
Cristina Sampaio / Samuel Aranda
Le fait
Les courants de migrations vers l’Europe s’inscrivent dans l’histoire même de notre continent. Il n’est pas
d’époque sans ces mouvements de population vers et entre les pays européens. Chaque année, il est diffi-
cile de donner un chiffre exact de ces arrivées. Ne serait-ce que parce qu’un certain nombre de ces migrants
franchissent nos frontières de manière clandestine, au péril de leur vie, en empruntant des routes de plus
en plus dangereuses. On estime par exemple que plus de 1 700 personnes ont déjà perdu la vie en mer
en essayant d’atteindre les îles Canaries, porte d’entrée dans l’Union européenne. D’après L’Agence euro-
péenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de
l’Union européenne (Frontex), 20 200 clandestins ont été interpellés aux frontières de l’Union européenne
en 2009.
En France, le droit d’asile est garanti à la fois par la Constitution et la convention de Genève du 28 juillet
1951. Ceux qui demandent à en bénéficier ne peuvent se voir refuser l’accès au territoire au motif qu’ils sont
dépourvus des documents exigés. Pour l’année 2009, l’Ofpra a ainsi enregistré 47 686 demandes, soit une
augmentation de 12 % de la demande globale par rapport à l’année précédente. Des associations comme
la Cimade, qui travaillent avec ces migrants, alertent l’opinion publique sur les difficiles réalités vécues par
ces personnes, durant leur voyage et après leur arrivée en Europe, où ils sont souvent traités comme des
délinquants.

Focus
Chaque image nous présente des immigrés clandestins exposés aux dangers passés (pour la photogra-
phie) ou à venir (pour le dessin) lors de leur traversée en bateau pour atteindre les frontières européennes.
Le photographe Samuel Aranda offre le portrait de l’un de ces Africains candidats à l’immigration clandes-
tine. Seul le premier plan est net, le reste de l’image est totalement flou, mais on distingue parfaitement
l’eau, la patera dans laquelle se sont entassés les volontaires à l’exil et la plage, sol d’Europe tant espéré. Ce
jeune homme est un survivant, emballé dans une couverture que des secours ont dû lui proposer. Il semble
sous le choc et son regard se perd aussi dans le flou, vers le pays rêvé, peut-être vers quelques touristes
hors-champ, installés sur cette plage réputée de Las Salinas, sur une île des Canaries. Le cadrage impose
la vision d’un homme réduit à une tête et des épaules, un être tout petit devant les éléments de l’arrière-
plan qui occupent les deux tiers de l’image. Même si l’information est claire, on ne peut éviter de trouver à
l’ensemble de la composition un aspect esthétique indéniable : le jeu des nettetés et des couleurs est bien
le résultat de choix du photographe qui sait, lorsqu’il saisit cette image, qu’elle offre au regard une certaine
beauté.
Cristina Sampaio a elle aussi placé sur son dessin ces mêmes indicateurs : une barque chargée de migrants,
de l’eau et une menace. Une situation résumée et réduite au plus simple. Cette fois, l’exil par la mer mène à
un tourbillon qui entraîne ces personnages vers un siphon, provoqué par le retrait d’un bouchon, siglé des
étoiles du drapeau de l’Union européenne. Tous ces éléments sont du même bleu, comme si le rêve et le
danger étaient indissociables. Les regards des exilés ne quittent pas le bouchon et la main (supposée) qui
le retire, ignorant ainsi le trou qui va happer l’embarcation. Sont-ils aveuglés par le rêve européen au point
de minimiser les risques mortels de leur tentative ? C’est ce que semblent nous rappeler en chœur les deux
images.

Activités
L’enseignant adaptera ces brèves propositions pédagogiques aux besoins de ses élèves. Pour le second
degré, les activités suggérées pour le premier degré pourront être reprises et approfondies.

À l’école
• Décrire le dessin avec précision et raconter son histoire : qu’est-ce que les élèves comprennent et qu’est-
ce qui les conduit à cela ? Le dessin les amuse-t-il ? pourquoi ? Se demander si l’on peut rire de choses
graves.

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• Insister sur la spécificité du dessin de presse pour aborder un fait d’actualité de manière décalée. Attirer
l’attention des élèves sur les moyens graphiques simples utilisés ici et les codes de la BD empruntés pour
le déplacement du bateau et le mouvement du siphon.
• Décrire la photographie avec précision : les différents plans, la lumière, les couleurs, le décor… S’inter-
roger sur ce qu’elle raconte, avant et après la lecture de la légende. Se demander où est placé le photo-
graphe et ce qu’il veut nous dire. Imaginer la vie de ce jeune homme dans les minutes, les heures, les jours
qui suivent cette image.
• Rechercher des informations sur les courants de migrations clandestines actuels vers l’Europe et s’inter-
roger sur les raisons qui poussent ces personnes à partir.
• Organiser une exposition de dessins, des élèves ou tirés d’autres médias sur ce thème.

Au collège et au lycée
• Établir des comparaisons précises sur les éléments qui composent les deux images.
• Expliquer d’où vient l’humour du dessin, les procédés qui sont utilisés. S’interroger sur ce que veut mon-
trer la dessinatrice : quelle information nous propose-t-elle ?
• Décrire la photographie en employant le vocabulaire propre à l’analyse de l’image : composition, cou-
leurs, perspectives, profondeur de champ, hors-champ… S’interroger sur le « point de vue » du photo-
graphe au double sens du terme.
• Sans se référer à la légende, faire préciser ce que l’on comprend de cette scène. En profiter pour faire saisir
le rôle de la légende, indispensable dans la compréhension d’une photographie de presse.
• Les élèves trouvent-ils cette image « belle » ? S’interroger sur l’esthétisme de cette image : quand la pho-
tographie de presse cède-t-elle le pas à la photographie d’art ? Cela sert-il ou dessert-il l’information ?
En profiter pour élaborer une définition et des caractéristiques de la photographie de presse et de ses
fonctions.
• Demander aux élèves de réunir un corpus de photographies de presse et de choisir celle qu’ils consi-
dèrent comme la plus esthétique. Leur faire justifier leur choix et lancer un débat ou une réflexion sur
« Information : l’esthétique est-elle au service du sujet, peut-elle le trahir ou le dominer ? ».
• Demander à des petits groupes de constituer des dossiers documentaires sur l’immigration clandestine, les
conditions de voyage et les routes empruntées.

Pour aller plus loin

Des sites
„„ www.histoire-immigration.fr
Le site de la Cité nationale de l’Histoire de l’Immigration. Nombreuses ressources et pistes pédagogiques
en ligne
„„ www.cimade.org
Le site officiel de la Cimade, association de solidarité active avec les migrants, les réfugiés et les deman-
deurs d’asile
„„ www.ofpra.gouv.fr
Le site officiel de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides

Des webdocumentaires
„„ http://mediastorm.com/publication/kingsleys-crossing
Kingsley Crossing, webdocumentaire, Olivier Jobard, Médiastorm.
Olivier Jobard a accompagné Kingsley, un migrant clandestin venu du Cameroun, dans son périple vers
l’Europe (en anglais).

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„„ http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/#/theme/emigration/un-somalien-a-paris
Un Somalien à Paris, webdocumentaire, Patrick Zachmann, France 5.
Ce webdoc raconte le parcours d’un Somalien venu clandestinement jusqu’à Paris.
„„ www.clemi.org/fr/tv/
Visionnez sur le site du CLEMI les réactions de Jean-François Leroy et Plantu à propos des images du cédérom.

Des livres
Enfants d’ici, parents d’ailleurs. Histoire et mémoire de l’exode rural et de l’immigration, Carole Saturno, Galli-
mard Jeunesse, 2008.
Un clandestin aux paradis, Vincent Karle, Anne-Marie Adda, Actes Sud Junior, 2009.

Légende en anglais de la photo de Samuel Aranda

One of the 32 would be African immigrants who arrived earlier at Las Salinas beach in a boat. They
await processing in Fuerteventura Island. Police detained them all.

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