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Focus
Un homme barbu, encadré par deux soldats britanniques, au cœur d’un champ de pavot : le décor est
planté, nous sommes en Afghanistan, désigné par une fleur qui en est devenue le motif métonymique.
La photographie de Zalmaï pourrait à elle seule résumer la situation de ce pays depuis bientôt dix ans.
L’homme au centre de l’image semble occuper une position éminente : la forte contre-plongée, conjuguée
au grand angle utilisé par le photographe, et les directions données aux tiges de pavots et aux regards des
soldats forcent notre attention sur lui. Mais la composition le désigne également comme prisonnier d’une
situation : enserré entre les deux soldats, il ne peut leur échapper. L’homme désigne un point hors-champ,
mais que montre-t-il ? Le spectateur ne le sait pas.
Les pavots, qui ne sont pas la préoccupation des soldats, se dressent au premier plan de la scène, tels des
micros tendus vers cet échange d’informations. Ne sommes-nous pas face à une mise en scène ? : le photo-
graphe est bien du côté des soldats, il les accompagne. Peut-être y est-il autorisé avec d’autres journalistes,
dans un effort de communication des alliés, qui maîtrisent l’exercice.
Le dessinateur japonais No-río utilise lui aussi la figure de l’Afghan barbu, qu’il multiplie et s’amuse à dissi-
muler parmi les plants de pavot, auxquels on pourrait ajouter un visage et une barbe pour continuer l’exer-
cice. Le dessinateur identifie ainsi les talibans aux pavots. La lutte des uns passe par la multiplication des
autres. L’image est organisée en deux espaces distincts : un premier plan encombré et touffu qui semble
se multiplier à l’infini, et les deux tiers supérieurs qui s’ouvrent sur une montagne et un ciel épurés. On
reconnaît dans ce dessin une esthétique du « plein et du vide » si caractéristique de l’imagerie asiatique et
notamment japonaise dont relève No-río.
Activités
L’enseignant adaptera ces brèves propositions pédagogiques aux besoins de ses élèves. Pour le second
degré, les activités suggérées pour le premier degré pourront être reprises et approfondies.
À l’école
• Retrouver les motifs communs aux deux images.
–– Les fleurs de pavots : les élèves ne les connaissant pas forcément ; l’enseignant expliquera son usage
dans la fabrication de drogues (opium, héroïne, morphine).
–– Les Afghans : les élèves ont-ils identifié le pays ou le continent où se déroule cette scène, par le cos-
tume, le port de la barbe ?
• Émettre des hypothèses sur la situation représentée dans la photographie.
–– Qu’est-ce qui suggère une situation de guerre ? Les personnages semblent-ils ennemis ?
–– Imaginer ce qu’ils se disent.
–– Les élèves connaissent-ils d’autres images représentant la guerre en Afghanistan ?
• Décrire le dessin avec précision : pourquoi ne voit-on pas d’emblée les personnages du premier plan ?
D’après les élèves, qu’est-ce que le dessinateur a voulu suggérer ?
• Imaginer des dessins reposant sur ce principe d’une ressemblance entre personnages et plantes.
Au collège et au lycée
• Décrire la photographie sans la légende, puis analyser sa composition : contre-plongée, masses, lignes
de fuite, noir et blanc… S’interroger sur la place du photographe et sur le choix de son point de vue : de
quel côté est-il ? Que choisit-il de nous dire ? Prendre connaissance de la légende : quelles informations
essentielles apporte-t-elle ?
• Décrire le dessin en soulignant l’opposition entre le premier plan et l’arrière-plan. Qu’est-ce que le dessi-
nateur a voulu suggérer en rendant confuse la situation au premier plan ? Quels effets les masses épurées
de l’arrière-plan induisent-elles ?
• Réaliser un dossier documentaire sur la culture du pavot et sur son poids économique et géopolitique en
Afghanistan.
Des livres
Afghanistan : Opium de guerre, opium de paix, Alain Labrousse, Mille et une Nuits, 2006.
Parvana - Une enfance en Afghanistan, Deborah Ellis, Hachette, coll. Le livre de poche jeunesse, 2007.