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La frontière est la pensée d’une division qui s’inscrit dans l’espace, une ligne imaginaire

que des acteurs tentent d’imposer dans le réel. La frontière nationale est une ligne de
partage des souverainetés étatiques, qui enveloppe les territoires formant le cadre
d’attribution et de transmission d’une citoyenneté conçue comme le lien constitutif entre
un État et sa population nationale (Foucher 2007 : 22). Une de ses fonctions primordiales
est de distinguer les ressortissants nationaux des étrangers afin d’assigner à chacun un rôle
et un traitement spécifique. Au xxie siècle, dans les pays du Nord et chez leurs alliés, les
frontières sont aussi devenues des « membranes asymétriques » complexes et articulées «
chargées de permettre les sorties et de protéger les entrées » (ibid. : 18), revenant à une
fonction de contention des flux jugés menaçants par un pouvoir central. Pourtant, par sa
simple présence, la frontière a créé l’espace par où des populations entières tentent de la
nier en la contournant dans la clandestinité. Dans la mesure où toute frontière se
matérialise dans et par la pratique des hommes qu’elle retient ou qu’elle laisse passer,
l’analyse de l’antagonisme entre les flux migratoires et la frontière invite à revenir sur les
logiques qui la sous-tendent pour mettre en lumière ses différents impacts.
L’immigration clandestine est-elle organisée ?
Même s’il s’avère difficile de la quantifier précisément, l’immigration clandestine s’est
développée de manière constante et concerne tous les pays occidentaux. Selon le centre
américain de recherches Pew Research Center, l’Europe comptait en 2017 entre 3,9 et 4,8
millions d’étrangers illégaux. Avec chacun 1,2 million d’illégaux dans la fourchette haute,
l’Allemagne et le Royaume-Uni accueillent la moitié des clandestins. En ajoutant l’Italie et
la France, 70% des illégaux vivent dans ces quatre pays qui représentent la moitié de la
population totale européenne. La France compterait 400 000 étrangers illégaux sur son
sol, dont 38 000 en attente d’une décision quant à leur statut de demandeur d’asile.

Données chiffrées : des estimations


Environ 30% d’étrangers illégaux viennent de l’Asie-Pacifique (dont l’Afghanistan), 23% de
pays européens ne faisant pas partie de l’UE ni des quatre pays de l’Association
européenne de libre-échange (AELE), 21% d’Afrique du Nord et Moyen-Orient, 17%
d’Afrique sub-saharienne et 8% des Amériques.
En 2017, ces clandestins étaient en majorité des hommes de moins de 35 ans, arrivés
depuis moins de cinq ans. Les demandeurs d’asile représentent la moitié d’entre eux,
contre seulement 20% aux États-Unis. Dans ce pays, le centre de recherche estime la
population clandestine entre 10,3 et 10,7 millions. L’écrasante majorité vient d’Amérique
latine, dont près de la moitié du Mexique, et est installée depuis au moins dix ans.
L’estimation du Pew Research Center correspond aux chiffres donnés par le ministre de
l’Intérieur Gérard Collomb fin 2017 et par le démographe François Héran en 2018. Elle est
aussi cohérente avec le nombre de bénéficiaires de l’Aide médicale d’Etat (AME). Ce
dispositif, qui permet aux étrangers sans droit au séjour de se soigner gratuitement,
bénéficiait au 30 septembre 2019 à 335 483 personnes (+ 6,6 % par rapport à 2018). Les
sans-papiers représenteraient donc moins de 1% de la population française.
Patrick Stefanini, ex-secrétaire général du ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de
l’Identité nationale et du Développement solidaire, aux côtés de Brice Hortefeux et
directeur de campagne de V. Pécresse à la présidentielle de 2022 applique, lui, « un
coefficient multiplicateur » - qu’il fixe à 3 – au nombre des bénéficiaires de l’AME. De sorte
que « Le nombre des étrangers en situation irrégulière en France serait donc de l’ordre de
900 000 » (Immigration, ces réalités qu’on nous cache, R. Laffont, 2020).
Les interpellations d’étrangers en situation irrégulière ont augmenté de 12,9 % en 2019
(125 000). Le nombre de personnes mises en cause pour aide à l’entrée, à la circulation et
au séjour irrégulier des étrangers a crû de 10,5 % atteignant 6 392 en 2019 contre 5 783 en
2018 (ministère de l’Intérieur). Sans que ceci n’ait de lien avec cela, 328 filières
d’immigration illégale ont été démantelées en 2019 (321 en 2018 et 303 en 2017), soit 1
791 personnes mises en cause.
Après de longues réflexions sur ce fléau qui engendre des milliers de morts en
Méditerranée, je me souviens de mon adolescence où j’avais un camarade de classe à
l’école primaire, Nasroul Islami, qui s’appelait Moustapha Makanera. Nous partagions
tout, mais en 5ème année, il a été envoyé au Maroc par ses parents pour poursuivre ses
études. Il y est resté pendant deux ans et demi, et pendant tout ce temps, nous nous
parlions. Il voulait revenir au pays pour retrouver sa famille et nous, ses vieux amis. Hélas,
il a été attiré par l’Europe, plus précisément l’Espagne, qui est frontalière avec le Maroc. Je
me rappelle qu’un jour, il m’avait dit ceci : “Mon cher ami, un jour tu me verras dans un
stade rempli de spectateurs en Espagne. Je lui ai dit que ce n’était pas facile. Il m’avait
répondu qu’il y arriverait. Je lui ai demandé comment, et il m’a dit : “Je dois rentrer en
Espagne au mois de février prochain. Je n’attends que mon frère, qui vit en Allemagne,
pour me donner 1000€ pour traverser la Méditerranée.” Moi qui ne croyais pas et qui ne
connaissais même pas ce qu’est l’immigration clandestine, sa dangerosité, ses
conséquences ou les retards qu’elle peut apporter dans la vie de ceux qui la pratiquent, j’ai
rigolé avec lui sans lui donner le moindre conseil, gamin que j’étais. J’ai constaté qu’il ne
s’est pas connecté depuis trois semaines Je me suis mis à demander à mes amis qui
avaient un Android à l’époque, puisque c’était en 2015, depuis combien de temps ils
n’avaient pas parlé avec Makanera. J’ai demandé à plus de quatre de nos amis, ils m’ont
tous répondu la même chose : depuis le mois dernier. J’ai décidé d’aller dans leur famille
pour mieux me renseigner. Je me souviens toujours de la date, c’était le 13/02/2015, un
vendredi. Ce jour-là, après mes cours à 12h, je suis allé rencontrer sa famille afin d’obtenir
des informations. Arrivé chez eux, sa tante, qui était assise sur la véranda et me
connaissait bien, m’a donné une chaise. Je me suis assis à côté d’elle sur la terrasse et j’ai
abordé le sujet qui m’avait fait venir. J’ai dit : “Tantine, cela fait longtemps que je n’ai pas
parlé avec Makanera et je ne le vois pas en ligne sur les réseaux sociaux.” Elle a baissé la
tête un moment sans dire un mot, j’ai directement su que quelque chose n’allait pas. Elle a
relevé la tête et m’a révélé que mon ami d’enfance avait disparu en Méditerranée depuis 2
semaines et aucune trace ni piste n’avaient été trouvées, malgré les recherches qui se
poursuivaient. J’ai fondu en larmes et je me suis jeté sur elle. Un des cousins de Makanera
est sorti pour me consoler. Voilà l’une des histoires qui m’a poussé à choisir l’immigration
clandestine comme objet d’étude.
Il y a aussi beaucoup de films qui m’ont inspiré sur ce sujet tels que :
“Le Visiteur” (The Visitor) est un film américain réalisé par Tom McCarthy en 2007.
L’histoire suit Walter Vale, un professeur d’économie veuf et désillusionné, qui mène une
existence monotone à New York. Sa vie prend un tournant inattendu lorsqu’il découvre un
jeune couple d’immigrants sans papiers vivant dans son appartement, qu’il possède mais
qu’il n’occupe plus depuis longtemps. Malgré son premier désir de les expulser, Walter
finit par se lier d’amitié avec eux, en particulier avec Tarek, un musicien syrien, et sa petite
amie Zainab, une artiste sénégalaise. Le film explore les thèmes de la solitude, de la
compassion et de la découverte de soi à travers les relations interculturelles. Walter se
trouve revitalisé par cette rencontre avec Tarek et Zainab, et découvre une nouvelle
passion pour la musique à travers Tarek. Cependant, leur situation se complique lorsque
Tarek est arrêté par la police de l’immigration et placé en détention, mettant en lumière
les injustices du système d’immigration américain “Le Visiteur” est acclamé pour ses
performances, en particulier celle de Richard Jenkins dans le rôle de Walter, ainsi que pour
sa sensibilité dans le traitement des thèmes de l’immigration et de l’acceptation. Le film
offre une réflexion nuancée sur les relations humaines et les obstacles auxquels sont
confrontés les immigrants clandestins aux États-Unis .
Je me rappelle d’un film sénégalais réalisé par Moussa Touré en 2012, où il raconte
l’histoire de plusieurs hommes qui entreprennent un dangereux voyage en pirogue depuis
le Sénégal jusqu’en Espagne, à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Le film explore
les défis, les dangers et les sacrifices auxquels ils sont confrontés tout au long de leur
voyage périlleux à travers l’océan Atlantique. Il met en lumière les réalités de
l’immigration clandestine et les espoirs des personnes qui prennent de tels risques pour
un avenir meilleur.

“Mediterranea” est un film dramatique réalisé par Jonas Carpignano, sorti en 2015. Le film
suit deux jeunes hommes africains, Ayiva et Abas, qui quittent leur village au Burkina Faso
pour tenter leur chance en Europe, en traversant la Méditerranée pour rejoindre l’Italie.
1. Contexte initial : Le film commence en montrant la vie quotidienne difficile des
habitants du village où vivent Ayiva et Abas. Ils décident de partir en Europe en
raison de l’absence d’opportunités économiques et des conflits locaux.
2. Voyage vers l’Europe : Ayiva et Abas entreprennent un voyage dangereux à travers
le désert et la mer Méditerranée pour atteindre l’Italie. Ils font face à de nombreux
défis et dangers en cours de route, y compris les passeurs sans scrupules et les
conditions météorologiques extrêmes.
3-Arrivée en Italie : Une fois en Italie, Ayiva et Abas font face à la dure réalité de la
vie en tant qu’immigrants clandestins. Ils rencontrent des difficultés pour trouver
un logement, un emploi et s’intégrer dans la société italienne.
4. Discrimination et xénophobie : Les deux hommes font l’expérience de la discrimination
et du racisme de la part des habitants locaux. Ils sont souvent traités comme des citoyens
de seconde classe en raison de leur statut d’immigrant.
5. Lutte pour la survie : Ayiva et Abas luttent pour survivre dans leur nouvel
environnement hostile. Ils sont confrontés à des choix difficiles et doivent prendre des
décisions moralement ambiguës pour subvenir à leurs besoins et aider leur famille restée
au Burkina Faso.
6. Conflits et tensions : Les tensions montent entre les immigrants et les habitants locaux,
ce qui conduit à des affrontements violents et à une atmosphère de méfiance et de peur.
7. Rêves brisés : Malgré leurs efforts pour s’intégrer et réussir en Italie, Ayiva et Abas
réalisent que leurs rêves d’une vie meilleure sont souvent hors de leur portée en raison
des obstacles systémiques et de la discrimination.
8. Conclusion ouverte : Le film se termine de manière ouverte, laissant le sort des
protagonistes incertain. Il souligne les défis auxquels sont confrontés les immigrants en
Europe et met en lumière les problèmes complexes liés à la migration et à l’intégration.

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