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DESCENTE DE CHARGE COURS

CONNAISSANCES PRINCIPALES
 Charge permanente, charge d’exploitation
COMPÉTENCES ABORDÉES
 Analyser les charges appliquées à un ouvrage ou une structure

1 MISE EN PLACE DU VOCABULAIRE


On connaît le goût actuel pour les cuisines ouvertes. Espaces de vie qui ne forment qu'un avec le salon et le coin repas,
ces pièces sans cloisons sont souvent un souhait des acheteurs et des locataires actuels. Ce type d’aménagement
demande souvent de décloisonner l’ancienne cuisine séparée, mais cela n’est pas toujours si simple ! En effet le
mur peut-être porteur, et il faut alors trouver un moyen de retransmettre les charges.

1.1 Système porteur


1.1.1 Définition

L’architecte dessine l’intérieur et l’extérieur d’un bâtiment et envoie les plans à un bureau d’études. Ce plans
permettent de définir les surfaces, les hauteurs, les volumes des pièces et leur agencement, mais ne permet
absolument pas de savoir comment doit être réalisé le bâtiment, ni les épaisseurs de murs. Le travail du bureau
d’études est alors de définir, de dimensionner, à partir de ces plans, tous les éléments porteurs du bâtiment.

La structure composée de tous les éléments porteurs est appelée système porteur et correspond au squelette du
bâtiment.

Le système porteur sert :


• à assurer la solidité de l’ouvrage :
◦ par rapport au séisme, vent, etc…….
◦ sans se rompre,
◦ sans déformations excessives,
• et à transmettre les charges aux fondations.

1.1.2 Éléments du système porteur

Il existe deux sortes d’éléments porteurs :


• les porteurs horizontaux, situés dans un plan horizontal,
• les porteurs verticaux, situés dans un plan vertical.

Le cheminement des charges suit le sens de la gravité, du haut vers le bas, des planchers vers les porteurs verticaux,
pour aboutir finalement aux fondations.
En bois lamellé collé et en acier, les porteurs horizontaux sont les poutres et les porteurs verticaux, les poteaux.
En béton armé, les porteurs verticaux sont des poteaux ou des voiles en béton armé ou des murs en maçonneries et
les éléments horizontaux sont des dalles qui reposent sur ces poteaux, ces voiles ou ces murs.

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(a) structure acier (b) structure acier (c) structure béton (d) structure maçonnerie –
sous-sol du Louvre

Fig 1: Exemples de structures porteuses

1.1.1 Stabilité du système porteur du bâtiment

Un bâtiment est soumis à des actions horizontales comme le séisme et le vent. Les effets de ces actions horizontales
sont repris par un dispositif appelé contreventement, qui a deux fonctions principales : transmettre au sol l’effet des
actions horizontales et limiter les déformations d’ensemble de la structure.

Dans le cas d’un bâtiment courant en béton armé, les voiles, les planchers et la cages d’escalier et d’ascenseur jouent
le rôle de contreventement. Il n’y a aucun calcul à faire. Mais dans le cas d’un bâtiment en acier ou en vois ou en bois
lamellé collé, il faut penser à placer des contreventements dans les trois plans perpendiculaires au bâtiment (sans
que cela soit nécessaire sur toute la surface extérieure du bâtiment).

(a) structure acier (b) câbles (c) structure bois (d) mise en place du contreventement

Fig 2: Exemples de contreventement

1.2 Les charges


1.2.1 Les différents types de charges

Il existe deux types de charges:


• les charges permanentes, qui ont pour symbole G, comprenant les poids des parties porteuses, telles que les
poutres, les poteaux… et les poids des parties non porteuses mais inhérentes à la construction telles que les
menuiseries, les isolants, les revêtements (carrelage)…
• les charges variables comprenant les charges d’exploitation, comme les poids des personnes, des meubles…,
notée Q, et les charges climatiques, comme le vent, noté W, ou le poids de la neige, noté Sn.

1.2.2 Calcul des charges permanentes

On déterminer le poids propre de tous les éléments d’un bâtiment en utilisant les tableaux fournis par l’Eurocode 1
(cf. Annexe 1 : charges permanentes G des bâtiments) donnant les poids volumiques ou surfaciques des différents
matériaux de construction.

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 Définitions Eurocodes
Les Eurocodes sont les normes européennes de dimensionnement et de justification des structures de bâtiment
de génie civil. Ainsi, l’Eurocode 1 introduit les principes généraux de calcul et de chargement des structures à
construire. Il définit ainsi :
Partie 1-1 : actions générales – Poids volumiques, poids propres, charges d’exploitations des bâtiments
Partie 1-2 : actions générales - Actions sur les structures exposées au feu
Partie 1-3 : actions générales - Charges de neige
Partie 1-4 : actions générales - Actions du vent
Partie 1-5 : actions générales - Actions thermiques
Partie 1-6 : actions générales - Actions en cours d'exécution

1.1.2 Calcul des charges d’exploitation

De la même façon que pour les poids propres, on détermine les charges d’exploitation appliquées à un bâtiment au
moyen des tableaux donné en annexe 2. On lit dessus les charges d’exploitation surfaciques qk en kN/m² selon la
nature des locaux ou selon le type d’usage du bâtiment.

Remarque : il existe de plus un coefficient de majoration pour les faibles surfaces et de minoration pour les grande
surface dans le cas de certaines catégories d’usage.

1.1.3 Calcul des charges climatiques

Le calcul des charges climatiques est plus délicat. En effet, ces charges dépendent du lieu où se situe le bâtiment (il
n’y a pas la même quantité de neige en Bretagne qu’en Savoie), de son orientation (en Bretagne, les vents dominants
viennent de l’ouest, dans le Sud de la France, où souffle le Mistral, les vents dominants sont de secteur nord nord-
ouest), de la pente de la toiture (prise au vent, quantité de neige pouvant rester sur le toit)… C’est pourquoi, il ne sera
pas détaillé ici.

2 TRANSMISSION DES CHARGES


La structure porteuse doit :
• assurer la solidité de l’ouvrage :
◦ sans se rompre,
◦ sans déformation excessives.
• Et transmettre les charges jusqu’aux fondations.

2.1 Descente de charges sur un


poteau, un voile ou un mur

La « descente des charges » désigne l’opération consistant à


calculer les efforts résultat de l’effet des charges verticales sur les
divers éléments porteurs verticaux (poteaux et colonnes, voiles
et murs) ainsi que les fondations, afin de pouvoir procéder à leur
dimensionnement.

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Toute charge agissant sur une dalle a tendance à être


reportée par celle-ci sur les porteurs verticaux les plus
proches.

Ainsi, à chaque élément porteur vertical, on associe


une zone d’influence au niveau des dalles. Les charges
disposées sur une dalle à l’intérieur d’une zone
d’influence ne sollicitent que le porteur vertical qui lui
est associé, et pas du tout les autres éléments
porteurs verticaux.

Il est commode de procéder à la descente des charges


par étages, en commençant depuis le haut du
bâtiment, depuis le toit, pour arriver aux fondations,
et d’organiser les calculs sous forme de tableaux (cf.
tableau annexe 3).

Hypothèses : On admet :
• un comportement homogène et élastique de la structure porteuses,
• on néglige tout encastrement des éléments horizontaux avec les éléments porteurs verticaux (on considérera
une articulation = liaison rotule).
• Les charges sur les dalles sont supposées uniformément réparties, ce qui est relativement vrai pour les
charges permanentes, mais qui n’est rigoureusement pas correct pour les charges variables. Néanmoins,
l’emplacement des personnes, des meubles et des cloisons étant variables, c’est pourquoi, pour simplifier les
calculs (il faudrait sinon faire un calcul pour chaque configuration possible…), on choisit de modéliser ces
charges d’exploitation par une charge répartie uniforme suffisante.

2.2 Surfaces d’influence


Quel que soit le matériau de construction, pour déterminer les charges transmises par les dalles aux poutres et aux
voiles, et pour tout type de charges G, Q ou S ? il faut se servir de la surface de plancher reprise par ces poutres ou
voiles. Ces surfaces de planchers sont appelée surfaces d’influence et notées SP.

Lorsqu’il s’agit de planchers en acier, en bois, ou en béton armé


préfabriqué (cf. ci-dessous), avec un seul sens porteur, les
planchers sont porteurs dans un seul sens. La surface du plancher
est donc divisée en deux parties égales, et le poids repartis sur les
poutres, murs ou voiles porteurs qui le soutienne.

Lorsqu’il s’agit d’un planchers en béton armé coulés en place, il y a deux


sens porteurs, avec une répartition à 45° par rapport aux angles de la dalle
pour un angle droit. Cette inclinaison à 45° conduit à des découpes en
triangles et trapèzes isocèles, comme on peut le voir sur le schéma ci-
dessous. De plus, si l’angle que font les éléments porteurs de la dalle n’est
pas à angle doit, la répartition n’est plus à 45°, mais se fait suivant la
bissectrice (60° = 30°+30°).

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(a) plancher à prédalle (b) plancher à poutrelle et entrevous (c) dalle alvéolée (d) plancher collaborant
i.e. plancher poutrelle-hourdis (béton précontraint)

Fig 3: Exemples de planchers béton préfabriqués

1.3 Calcul de charges sur une poutre


Les charges qui s’appliquent à une poutre sont :

2.2.1 Pour les charges permanentes

• son poids propre : charge linéique uniformément répartie exprimée en kN/m ; ce poids propre est
généralement obtenu en multipliant le poids volumique par la section de la poutre : P=γ ∗S section
• le poids de la dalle ou du plancher qu’elle supporte, qui est aussi une charge linéique, obtenue :
◦ soit à partir du poids surfacique du plancher multiplié par la longueur perpendiculaire à la poutre
reprise par la poutre comme on le voit sur la figure 4 ;
◦ soit à partir du poids volumique du matériau, ou du plancher, multiplié par l’épaisseur de la dalle ou du
plancher et la longueur perpendiculaire à la poutre reprise par la poutre.

Fig 4: Détermination de la charge linéique associée à la surface d'influence reprise par une poutre –
cas d’un plancher coulé en place.

2.2.2 Pour les charges variables

• Les charges d’exploitation appliquées sur la poutre et la dalle ou le plancher qui donnent des charges
linéiques uniformément réparties exprimées en kN/m et qui se calculent de même à partir du poids
surfacique multiplié par la longueur perpendiculaire à poutre reprise par la poutre (cf. figure 4).

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Dans toutes les situations, il faudra toujours bien séparer les charges variables des charges permanentes, car elles
ne seront pas sommées de la même manière en fonction du type d’état limite (à rupture ou en déformation) observé.

2.2.3 Pour une poutre principale portant des poutres secondaires

Dans le cas d’une poutre principale supportant d’autres poutres, celle-ci est soumise :
• à son poids propre, charge linéique uniformément répartie exprimée en kN/m ;
• aux poids P apportés par les poutres secondaires, charges ponctuelles exprimées en kN, qui correspondent au
poids linéiques des poutres secondaires calculés comme au 2.1.1 et 2.1.2, multipliés par la demi-longueur de
chaque poutre secondaire
• aux charges d’exploitation Q apportés par les poutres secondaires, charges ponctuelles obtenues de même.

NB : On utilisera des lettres majuscules pour les charges ponctuelles, comme G, Q et P, et des lettres minuscules
pour des charges linéiques ou surfaciques réparties, comme g, q et p.

2.3 Les pondérations


Une structure est calculée selon deux états limites.

2.3.1 État limite de service (ELS)

L’état limite de service signifie que l’on regarde à partir de quel moment la construction n’offre plus le service désiré,
dans le cadre d’une utilisation quotidienne. On va donc regarder la déformation de la structure : lorsque celle-ci
devient trop importante, on ne répondra donc plus au besoin en termes de planéité des sols pour les meubles, ni en
termes d’esthétique, d’autant plus que ces déformations entraînent habituellement la fissuration des murs.

Puisqu’on regarde l’usage quotidien, on utilisera pour les calculs la combinaison simple des charges :

P ELS =G+Q

2.3.2 État limite ultime (ELU)

L’état limite de service signifie que l’on regarde à quel moment la construction « casse ». C’est la « ruine » de
l’ouvrage. On veut s’assurer que l’ouvrage va résister à dans des cas de sollicitations extrêmes (chute de neige
centennale, incendie…) pour assurer la sécurité des personnes.

Puisqu’on regarde les cas de sollicitations extrêmes, on vient majorer les charges permanentes et variables,
lorsqu’elles sont défavorables par des coefficients 1,35 et 1,5 respectivement. Cette différence de coefficient
s’explique par le fait que l’on considère que les charges permanentes sont mieux maîtrisées (à la construction de
l’ouvrage) que les charges d’exploitation (liées à l’utilisation de l’ouvrage).

P ELU =1,35Gdefavorable +G favorable +1,5Q

Ressources :
https://www.univ-chlef.dz/fgca/CHAPITRE2-%20CHARGES-%20SURCHARGES.pdf
https://www.cstc.be/homepage/download.cfm?lang=fr&dtype=na_eurocodes&doc=Fiche_EN1991-1-1_fr.pdf
https://slideplayer.fr/slide/4012639/
https://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/upload/.../la_descente_de_charges.docx
http://www.btscm.fr/dicocm/G/OUVRAGES_SIMPLES/TABLEAUX_CAPA_FELXION_COMPRESSION.pdf

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3 APPLICATION

Petite illustration

On prend l’exemple simple d’une portion d’un parking de stationnement à deux étages.

Dalle BA ép. 15 cm

Poutre P2
30x50

Poteau P3
30x30

Semelle S1

On cherche à déterminer la charge appliquée sur la fondation S1, située sous le poteau P3. On commence du haut :
on déterminer la surface d’influence de la poutre P2.

Largeur de reprise :
L=4/2+0,3+4/2
L=4,30m

On calcule les charges permanentes et d’exploitation appliquée à la portion de dalle considérée.

Niv Nature du plancher Éléments b h L Aire Volume g’ q’ G Q N ELS N ELU


(kN/m3) (kN/m²) (kN/m) (kN/m) (kN/m) (kN/m)
1 Parking dalle 4.30 0.15 1 4.3 0.645 25 2.5 16.13 10.75 26.9 37.9
poutre 0.3 0.5 1 0.3 0.15 25 # 3.75 # 3.75 5.06
total 30.65 42.96

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On complète le schéma mécanique de la poutre P2 :

42.96∗5 30.65∗5
On détermine les réactions d’appuis : R P 3 ,ELU = =107.4 kN ; R P 3 ,ELU = =76.6 kN
2 2

On a la charge en tête du poteau, il faut maintenant calculer le poids propre de ce poteau :


GP 3 =0.30∗0.30∗2.5∗25=5.63 kN

La charge en tête de semelle vaut : R S 1, ELU =107.4+5.63∗1.35=115,0 kN ; R S 1, ELU =76.6+5.63=82.3 kN

Conclusion

Si l’on revient à notre problème d’ouverture de cuisine, et notre mur est porteur (s’il ne l’est pas, on peut sans
problème casser la cloison) :
• on déterminera la charge reprise par le mur ;
• on en déduira un profilé métallique de poutre à mettre en place pour reporter les charges en fonction de la
taille de l’ouverture créée (portée) et de la flèche, i.e. du déplacement maximal de la poutre autorisé (L/300
pour une habitation)

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Annexe 1: Charges permanentes G des bâtiments

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Annexe 2 : Charges d’exploitation Q des bâtiments

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Annexe 3 : Feuille de calcul de descente de charge proposée par le Syndicat National des
entreprises générales françaises de bâtiment et de travaux publics

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