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CHAP11 : CONCEPTION ET CALCUL

DES STRUCTURES EN BETON ARME

A-CALCUL DES CHARGES TRANSMISES


I. Système porteur
1. Introduction
La structure composée de tous les éléments porteurs est appelée système porteur
et correspond au squelette du bâtiment. Il sert à assurer la solidité de l’ouvrage par
rapport au vent, sans se rompre, sans déformations excessives, à transmettre les charges
aux fondations. En béton armé les porteurs verticaux sont des poteaux ou des voiles en
béton armé ou des murs en maçonneries et les dalles reposent sur des poutres ou des
murs ou des voiles. Le but d’une descente de charges est de trouver les charges qui
s’appliquent sur chaque élément de la structure pour le dimensionner. On doit
commencer par modéliser le système porteur.

2. Modélisation des structures


 Les éléments constitutifs d’une structure sont classés d’après leur nature et leur
fonction en : poutres, poteaux, dalles, voiles,…
 Les assemblages entre éléments d’une structure doivent être modélisés par une
liaison appui simple, articulation ou encastrement.
 Les éléments d’une structure doivent être eux-mêmes modélisés par leur ligne
moyenne en faisant attention à ne pas reporter les charges sur la ligne moyenne
n’importe comment.
 Les portées et les dimensions de ces éléments sont données en annexes.

II. Transmission des charges:


Il existe deux types de charges :
 Les charges permanentes, qui ont pour symbole G, comprenant les poids des
parties porteuses telles que les poutres, les poteaux… et les poids des parties non
porteuses telles que les isolants, les revêtements…,
 Les charges variables comprenant les charges d’exploitation comme les poids des
personnes, des meubles…, notées Q, et les charges climatiques comme le poids
de la neige notée S.
 Seules les charges verticales seront étudiées.
Quel que soit le matériau de construction, pour déterminer les charges transmises
par les dalles aux poutres ou aux voiles, et pour tout type de charges G, Q ou S, il faut
se servir de la surface de plancher reprise par ces poutres ou voiles. Ces surfaces de
planchers sont appelées surfaces d’influence.
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1. Calcul des charges sur une poutre
On adopte les hypothèses suivantes:
 Charges uniformément distribuées sur toute la surface susceptible d’être chargée,
 Appuis simples pour toutes les liaisons entre éléments porteurs,
 Absence de continuité entre les travées successives des poutres, poutrelles et
dalles
 Quel que soit le matériau utilisé, il faudra bien séparer les charges permanentes et
les charges variables
a. Plancher porteur suivant un seul sens
Lorsqu’il s’agit de planchers en béton armé préfabriqué comme les planchers à pré
dalles, à poutrelles et entrevous ou à dalles alvéolées, les planchers sont porteurs dans
un seul sens. La surface du plancher est donc divisée en deux parties égales
parallèlement aux deux poutres, murs ou voiles porteurs. Une poutre reprend donc la
moitié de l’espacement de chaque côté de ce qu’elle supporte.

b. Plancher porteur suivant deux sens


Lorsqu’il s’agit de planchers en béton armé coulés en place, il y a deux sens porteurs
avec une répartition à 45° par rapport aux angles de la dalle pour un angle droit. Cette
inclinaison à 45° conduit à des découpes en triangles et trapèzes isocèles, comme on
peut le voir sur le schéma ci-dessous. De plus, si l’angle que font les éléments porteurs
de la dalle n’est pas un angle droit, la répartition n’est plus à 45° mais se fait suivant la
bissectrice (droite située à angles égaux).

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2. Descente de charge sur un poteau ou voile

En béton armé, le principe d’une descente de charges est de calculer les


charges permanentes et variables qui arrivent sur un poteau ou un mur ou un voile
en regardant étage par étage tout ce que celui-ci porte, en supposant que les poutres
sont en appuis simples sur les poteaux.
En béton armé, d’après les règles professionnelles ajoutées à l’eurocode 2,
règlement de béton armé, les charges verticales agissant sur les poteaux doivent
être augmentées par rapport aux calculs de descentes de charges effectués de :
- 15% pour les poteaux centraux dans le cas de bâtiments à deux travées, (on
multiplie par 1,15).

- 10% pour les poteaux intermédiaires voisins des poteaux de rive dans le cas de
bâtiments comportant au moins trois travées. (on multiplie par 1,1).
Ainsi, les poteaux de rive et les poteaux non voisins des poteaux de rive ne sont
pas concernés par la majoration et les valeurs utilisées pour ces poteaux sont les
mêmes que celle calculées par la descente de charges.

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B- CAS DES DALLES ET DES POUTRES

I. Procédure Générale de Vérification


D’une façon générale les étapes à suivre pour le calcul des dalles et des poutres de
sections rectangulaires sont résumées ci-dessous :

 Déterminer la durée d’utilisation du projet.


 Etablir les exigences de durabilité et déterminer la résistance minimum du béton.
 Calculer l’enrobage minimal pour durabilité, adhérence
 Identifier les actions agissant sur l’élément
 Déterminer les combinaisons d’actions
 Déterminer les dispositions de charge les plus défavorables (Lignes d’influence)
 Analyser la dalle pour obtenir les moments (+ et -) et efforts tranchants critiques.
 Calculer les armatures nécessaires pour assurer la résistance en flexion à l’ELU
des sections critiques.
 Contrôler ces armatures nécessaires par rapport aux écartements mini et maxi ainsi
que par rapport aux sections d’armatures minimales et maximales
 Contrôler à l’ELS les flèches (soit la condition de dispense, soit le calcul
rigoureux)
 Contrôler à l’ELS les contraintes dans le béton et l’acier.
 Contrôler l’espacement des barres de flexion
 Contrôler la résistance à l’effort tranchant à l’ELU des sections critiques
 Si nécessaire dimensionner les étriers et vérifier leur espacement par rapport aux
valeurs maxima et minima de l’EC2
 Vérifier les contraintes sur appui et dans les bielles comprimées arrivant sur appui.
 Contrôler à l’ELS, la fissuration en cas de prescriptions dans le cahier des charges
du projet.

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II. Calcul des flèches des poutres et des dalles

L’EC2 définit les conditions à satisfaire pour limiter les flèches :


 Imposer des valeurs limites à ne pas dépasser
 Tolérer l’application de règles simplifiées pour la détermination de la hauteur de
la poutre ou de la dalle.
 Appliquer la méthode de calcul des flèches pour le béton fissuré
1. Valeurs de flèches approchées des poutres et des dalles :
Travées isostatiques de portée entre axes L sous charge répartie uniforme p calculée à
5 pL4
l’ELS : f 
384EI
I : moment d’inertie de la section homogène
E : module d’young de la section homogène ; E=0.5Ecm
Ecm module sécant de la section du béton
Travée encastrée à l’une des extrémités : Travée bi- encastrée :
5 pL4 5 pL4
f  0.6 f  0.2
384 EI 384 EI

2. Limitation des flèches


Pour des raisons de bon fonctionnement, l’ELS limite la flèche calculée sous
combinaison quasi-permanente en fonction de la portée L. (empêcher la rupture du
revêtement rigide, du carrelage ou cloisons : désordre d’aspect esthétique) :
L L
f  Pour l’aspect ou la f  Risque d’endommagement des
250 500
fonctionnalité générale de la structure ; parties adjacentes (cloisons, carrelage…).

3. Pré dimensionnement de la section :


On peut adopter en première approximation h  d / 0.9
a. Hauteur basée sur la limitation de la flèche
L’EC2 propose des valeurs des rapports portée/hauteur utile : L/d concernant des
cas simples censés satisfaire les limites définies ci-dessus.

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L
Le tableau suivant donne le rapport pour les poutres et les dalles en flexion simple
d
dont le béton est de 25 à 30MPa avec :
As
 : pourcentag e d' aciers longitudin aux
b0 d
As : section d' armatures inférieure s en travée ou
supérieures sur appuis ou pour une console

Valeurs de L/d Béton fortement Béton faiblement


sollicité sollicité
ρ ≥ 1.5 % ρ ≤0.5 %
Poutre sur appuis simples 14 20
Travée de rive d’une poutre continue 18 26
Travée intermédiaire d’une poutre continue 20 30
Poutre en console 6 8
Dalle sur appuis simples 25 30
Travée de rive d’une dalle continue 30 35
Travée intermédiaire d’une dalle continue 35 40
Dalle sans nervure plancher dalle 17 24
Dalle en console 10 12
Rq: Pour les dalle, prendre L= Lx valeur de la petite portée

b. Hauteur basée sur la sollicitation


Cette méthode se base sur une utilisation rationnelle du béton et de l’acier. Adopter
une hauteur de façon à mener les calculs de l’acier à l’ELU en pivot B sans armatures
M Ed M Ed
comprimées : u     b d ²  avec 0.3d  b0  0.5d
b0 d 2 f cd
lim 0
lim f cd
c. Procédure pratique pour les dalles :
La valeur basée sur la sollicitation ne respecte pas la condition de la flèche. Celle
basée sur la flèche n’est pas économique. Ainsi :
 Si la condition de la flèche est plus contraignante alors on adoptera la hauteur
moyenne entre les deux approches
 Si la condition de la sollicitation est plus contraignante alors on adoptera sa
hauteur correspondante.

III. Les Dalles


Ils existent principalement deux types de planchers, les dalles nervurées (plus
recommandées puisqu’elles sont plus économiques) et les dalles pleines (en cas
de dimensions importantes ou de charges élevées). On désignera pour un
panneau de la dalle par :

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 Lx la plus petite portée mesurée entre axes des appuis;
 Ly la plus grande portée mesurée entre axes des appuis.

1. Les dalles nervurées


Le pré dimensionnement se fait suivant la petite portée Lx
 Plancher (16+5) si Lx ≤ 5m
 Plancher (19+6) si 5m < Lx ≤ 6m
 Plancher (19+6+6) si 6m < Lx ≤ 7m
Le choix du sens des nervures obéit au :
 1er principe : dans le sens de la petite portée
 2ème principe : assurer la continuité des nervures

Le calcul se fait pour une bande de 1m comportant 3 nervures de section en T


de dimensions suivant le corps creux.

2. Les dalles Pleines


Il faut s’assurer que la hauteur de la dalle est telle que Lx ≥ 5hd .

a. Calcul des sollicitations


La dalle peut être soit :

 Portante suivant une seule direction


Dans ce cas on a : (Lx/Ly)≤0.5 et elle est calculée en tant qu’une poutre de longueur
Lx et de largeur b0=1m.

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 Portante suivant deux directions
Dans ce cas on a : (Lx/Ly)> 0.5. Elle est calculée en tant qu’une poutre de largeur
b0=1m, soumise à la flexion suivant deux directions :

 Lx sous Mx donnant une section d’acier Ax


 Ly sous My donnant une section d’acier Ay

Dalle isostatique : Moment d’une dalle rectangulaire, simplement appuyée sur ses 4
côtés et portant suivant deux directions.

Mx , My , Vx et Vy moments fléchissant et efforts tranchant suivant x et y

pLx pLx
M x  μ x pLx 2 et M y  μ y M x et Vax  et Vay 
2  3
μx et μy Sont donnés par les tableaux suivant en fonction du rapport   Lx /L y

p la charge appliquée,

ν : coefficient de Poisson (ν=0 section fissurée sinon prendre les valeurs pour ν=0.2)

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Dalle continue :
Le calcul étant compliqué, L’EC2 et l’ANF permettent l’utilisation de la méthode du
BAEL résumée dans le tableau suivant :
Moment Portée principale Lx Grande portée Ly
Cas de charge (a) Cas de charge (b) Cas de charge (a) Cas de charge (b)
En travée Mt 0.85 M0 0.75 M0 0.85 M1 0.75 M1
Sur appui Ma -0.4 M0 -0.5 M0 Environ -0.4 M0 Environ -0.5 M0
Et ≤ -0.4 M1 Et ≤ -0.5 M1
Appui de rive Ma -0.15 Mt -0.15 Mt -0.15 Mt -0.15 Mt

Cas de charge (a) : dalle sur appuis simples


Cas de charge (b) dalle avec encastrement partiel ou total.
M0 : Moment isostatique à mi-travée suivant la petite portée de la même dalle soumise au
même chargement mais simplement appuyée sur ses 4 côtés.
M1 : Moment isostatique à mi-travée suivant la grande portée de la même dalle soumise au
même chargement mais simplement appuyée sur ses 4 côtés
Mt : Moment maximal travée.

b. Section Minimale

 f ct , eff
0.26 bt d
A s  As, min  max  f yk avec

0.0013bt d
 f ctm : si la maîtrise de la fissuratio n est requis e

  h
f ct , eff   ( 1.6- )f ctm
f
 ctm, fl  max  1000 Sinon
 
 f ctm

b t : largeur moyenne de la zone tendue

c. Vérification de la nécessité des armatures transversales


Vérifier d’après l’effort tranchant la nécessité d’avoir des armatures transversales.
Si oui, La dalle doit avoir une épaisseur d’au moins 20 cm pour abriter des armatures
transversales.
Sinon, il faut prévoir au moins une section : Ast ≥ 0.2As,long
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VEd 0  VRd,c  MaxVRd , c1;VRd , c 2 

0.18k N Ed N
 VRd , c1  (3 1 f ck  0.15 )b0 d  VRd ,c 2  (vmin  0.15 Ed )b0 d
c Ac Ac
0.34
vmin  f ck : cas des dalles
 200(mm)  c
k  Min 1  ; 2
 d  0.053
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vmin  (k ) 2 f ck : cas des poutres
100A  c
1  Min  s1
; 2%
 b 0 d  0.35
vmin  f ck : cas des voiles
As1 : section des armatures longitudinales c
tendue ancrée de lbd+d au-delà de la section
de calcul
NEd : effort normal pris avec son signe (>0 en
compression)
Ac : section du béton de l’âme

d. Disposition constructives :
 Toutes les section adoptées doivent être supérieure à la section minimale As,min.
 L’écartement entre les armatures doit être inférieur à l’espacement exigé.
 Utiliser des barres de diamètre Φ ≤ 12 mm,
 Arrêt des barres : décalage de la courbe enveloppe de a1 = d
 Dalle suivant une direction
 La section des armatures Ax // à Lx sera telle que: Ax  Max ( As, cal , As, min )
 La section des armatures Ay // à Ly sera telle que Ay  Max (0.2 Ax , As, min )

Aciers supérieurs : Considérer un moment d’encastrement pour :


 appui intermédiaire : Ma, inter ≈ 0.25Mt,max
 appui de rive: Ma,rive ≈ 0.15Mt,max

Acier inférieur : prolonger aux appuis une section au moins égale 0.5As,max (section
adoptée en travée). Ces barres doivent être ancré .

Acier transversal :
 il faut prévoir au moins une section : Ast ≥ max(0.2As,long , Ast,cal).
 Faire les vérifications nécessaires au droit d’une charge concentrée prévoir des
barres relevée avec un espacement : st  ( st ) max  min 0.75d (1  cot( ) 

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Espacement des armatures longitudinales :
 Charge répartie :
 Sens principal Lx : e= min(3h, 40 cm)
 Sens de répartition Ly : e= min(3.5h, 45 cm)
 Charge concentrée :
 Sens principal Lx : e= min(2h, 25 cm)
 Sens de répartition Ly : e= min(3h, 40 cm)
Principe de ferraillage :

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