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Les tsunamis
par Jacques-Marie BARDINTZEFF, Volcanologue, Professeur des Universités
Risque de tsunami
Sur les plages du Japon (ici Yawatano sur la péninsule
d’Izu), des panneaux indicateurs préviennent des danger
de tsunamis, qu’ils soient d’origine sismique ou volcanique
(photo J.M. Bardintzeff).
Ensuite, près des côtes, quand le fond diminue, les vagues ralentissent fortement (100 km/h ou moins,
soit la vitesse d'une automobile) mais leur hauteur augmente au fur et à mesure qu’elles se rapprochent
pour atteindre plusieurs mètres voire plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Plusieurs trains de vagues
se succèdent à intervalles de 5 à 40 minutes, le premier n'étant pas toujours le plus important.
Un tsunami peut aussi bien déferler sur un rivage proche que dans une région très éloignée. Il faut
donc envisager un système de prévention adéquat.
Le terme "raz de marée" est synonyme de "tsunami" mais il a aussi une signification plus large puisqu’il
englobe aussi des vagues importantes liées à des phénomènes météorologiques (tempête, houle ;
exemple de l’ouragan Katrina, en Louisiane, le 29 août 2005).
Les tsunamis d'origine volcanique
Le 27 août 1883, le Krakatoa, situé sur une île inhabitée du détroit de la Sonde en Indonésie, entre
brusquement en éruption, ce qui provoque un tsunami déferlant sur les îles de Java et de Sumatra
distantes de 40 km environ et noyant des milliers de
personnes. Au total, on a déploré 36 417 victimes.
On a retrouvé un bateau à vapeur, le "Berouw",
transporté à 2,5 km à l’intérieur du pays et on a
entendu le bruit de l’explosion à plusieurs milliers
de kilomètres. Des baromètres situés à Tokyo,
à 5 863 km de là, enregistrèrent une augmentation
de pression de 1,45 millibar (hPa).
Les vagues engendrées par l’éruption traversèrent le Pacifique et l’Atlantique et furent détectées par les
enregistreurs de marée dans le golfe de Gascogne à 17 000 km du lieu de l’éruption. Il semblerait que le
tsunami ait été déclenché par un glissement d’un flanc du volcan, s’effondrant brusquement dans la mer.
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Dans l’Antiquité, l’éruption du Santorin en mer Egée au XVI e - XVII
e siècle av. J.-C. a dû engendrer
un formidable tsunami. De fait, l’île actuelle est réduite à un anneau fragmenté autour d’une vaste
caldeira elliptique de 8 x 5 km et profonde de 600 m (200 m d'à-pic auxquels s'ajoutent 400 m sous
le niveau de la mer). Celle-ci remplace une île ancienne, Stronghyli. Les produits de l’éruption ont
recouvert la Crète et l’ensemble de la mer
Egée, des cendres atteignant même l’Égypte.
Le volume émis pourrait avoir atteint 100 km 3 .
La mer remplissant la gigantesque dépression
créée par l’explosion, forma dans un deuxième
temps un formidable tsunami, qui atteint la
Crète, distante de 120 km. La vague aurait pu
atteindre localement 200 m de hauteur, altitude
des fragments de ponces flottées retrouvées sur
certaines îles avoisinantes.
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ZIRCON n° 41 - Janvier 2012
La prévention
Les tsunamis majeurs de 2004 et 2011 ont (re)démontré l’importance des risques de tsunami et la
grande quantité de régions concernées. Des systèmes de surveillance ont été mis en place à l’échelle
mondiale, notamment par des liaisons satellites. Une bonne information et éducation des populations
menacées reste prioritaire.
Les nombreuses îles volcaniques de l’océan Atlantique pourraient être à l’origine de tsunamis. Par
exemple, l’effondrement dans la mer d’un fl anc (500 km 3
) du volcan Cumbre Vieja à La Palma aux
Canaries provoquerait un tsunami sur l’Atlantique, qui atteindrait l’Espagne, l’Angleterre (avec des
vagues de 5 à 7 mètres) et aussi les côtes américaines (vagues de 10 à 25 mètres).
En Méditerranée, région sismique et volcanique, 250 tsunamis se sont produits au cours des deux
derniers millénaires dont 70 en Italie. Leur importance est moindre car la masse d’eau est plus
faible mais le temps de parcours est réduit (5 à 10 minutes) à cause des distances courtes, ce qui
complique la prévention.
Les deltas sont les plus exposés.
Cet article est extrait du livre de Jacques-Marie Bardintzeff : Le grand livre des volcans du monde,
séismes et tsunamis, Editions Orphie, 2010. Avec l’aimable autorisation de l’Editeur.
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