Vous êtes sur la page 1sur 3

Le gender mainstraming dans les organisations internationales (UE, ONU)

I – Histoire de l'émergence du gender mainstreaming et ses objectifs

1) Définition

Selon le groupe de spécialistes pour une approche intégrée de l’égalité (EG-S-MS) du Conseil de
l’Europe, le gender mainstreaming est : « la ré-organisation, l’amélioration, l’évolution et l’évaluation des
processus de prise de décision, aux fins d’incorporer la perspective de l’égalité entre les femmes et les
hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en
place des politiques. » Plus simplement, c’est une stratégie qui a pour ambition de renforcer l’égalité des
femmes et des hommes dans la société en intégrant la dimension de genre dans le contenu des politiques
publiques.
A cela il y a trois approche :
- Approche transversale : c’est-à-dire une approche qui s’applique à tous les domaines politiques
(emploi, finances, santé, justice…)
- Approche structurelle : la stratégie s’applique à toutes les phases du « cycle politique » (préparation,
décision, mise en œuvre, évaluation) et qui concerne tous les acteurs impliqués dans la définition, la
mise en œuvre et l’évaluation des politiques. C’est-à-dire que le fait de vérifier l’impact
potentiellement différent pour les femmes et les hommes de toute mesure politique envisagée doit
devenir un réflexe, un automatisme pour chaque agent impliqué dans les différentes phases du cycle
politique.
- Approche préventive : a notamment pour objectif d’éviter que les pouvoirs publics ne mettent en
place de politiques qui créent ou accentuent des inégalités entre hommes et femmes.

2) Historique de l’émergence

Le concept de gender mainstreaming a été proposé pour la première fois à la troisième Conférence
mondiale sur les femmes à Nairobi, Kenya 1985. L'idée a été développée dans la communauté de
développement des Nations Unies. L'idée a été officiellement présentée en 1995 à la quatrième Conférence
mondiale sur les femmes à Beijing , en Chine.
Pour donner un exemple d’application de ce concept : aujourd’hui, le gender mainstreaming a fait l’objet
d’une ordonnance adopté par le Parlement bruxellois qui s’engage vers une attention systématique portée à
l’égalité entre hommes et femmes dans ses politiques. Au ministère, la préparation de la mise en œuvre de
l’ordonnance Gender Mainstreaming a débuté depuis fin 2010 ce qui a abouti sur des dispositifs. En effet
depuis l’entrée en vigueur en 2012 de l’ordonnance, chaque projet d’acte législatif ou règlementaire doit
faire l’objet au préalable d’un rapport d’évaluation de l’impact sur la situation des hommes et des femmes ou
« gender test » (pour éviter de produire ou renforcer les inégalités hommes/femmes). Le gouvernement doit
aussi mettre en œuvre le Gender Budgeting en intégrant la dimension de genre dans l’ensemble du cycle
budgétaire.

II- Le gender mainstreaming au sein de l'ONU et de l'UE

1) L'ONU

Le concept d’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes est apparu pour la première fois
dans des textes internationaux à la suite de la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur les
femmes (1985). Les ONG et les associations ont été partie prenante de ces débats
Lors de la Quatrième Conférence Mondiale des Nations Unies sur les Femmes (Pékin, 1995) un programme
d’action fût adopté en fin de conférence. Il invite les gouvernements et les autres acteurs à «encourager
l’adoption de mesures énergiques et visibles visant à assurer la prise en compte de la problématique
hommes-femmes dans toutes les politiques et tous les programmes afin d’en analyser les conséquences sur
les hommes et sur les femmes, respectivement, avant toute prise de décision». Si le Programme d’action ne
fournit aucune directive quant à l’élaboration ou la mise en œuvre d’une telle stratégie, de nombreux pays
ont conçu un programme national calqué sur le principe de l’approche intégrée.
Ainsi, le Parlement demande au Gouvernement de rendre compte, chaque année, de la politique menée
conformément aux objectifs de la quatrième Conférence mondiale sur les Femmes.

Résolution en 2002 du conseil économique et social :


Demande à tous les états membres et autres acteurs au sein de l'ONU de maintenir une perspective pour
encourager les femmes dans tous les secteurs et à tous les niveaux : santé, environnement, politique =>
approche transversale

Selon un rapport de l'ONU : Le gender mainstreaming n'est pas une fin en soi mais s'assure qu'un but
d'égalité entre hommes et femmes soit central à toute activité : dans la législation, la recherche, les
programmes et projets. Développer le gender mainstreaming demande pour l'ONU une vision claire des
concepts de genre et d'égalité.
-L'égalité entre hommes et femmes se réfère à l'égalité des droits,des responsabilités et des opportunités.
Cela veut dire qu'on ne peut juger l'individu selon son sexe. Cela ne doit donc pas être vu seulement comme
un but d'égalité pour les femmes, mais aussi pour les hommes qui doivent pouvoir accéder à des métiers
considérés comme plus féminins s'ils en ont l'envie.
-Il faut savoir que les attributs genrés accordés aux femmes et aux hommes sont seulement basés sur des
critères sociaux et non naturels. Cela se nomme le genre et ne peut être utilisé comme critère de
discrimination.

La conférence de Pékin, étant particulièrement consciente de l'inégalité entre hommes et femmes dans les
postes de pouvoirs, demande à chaque gouvernement et autres acteurs politiques de faire une études sur ce
qu'une décision aura comme impact sur les femmes et sur les hommes avant d'adopter cette décision. Elle
demande également que des programmes soit mis en place pour une plus grande accession des femmes dans
les processus de décisions dans la sphère politique, économique, environnemental, sociétal etc... Le but
ultime est l'égalité complète entre hommes et femmes.

2) L'Union Européenne

Le Parlement européen a adopté une résolution le 21 septembre 1995 sur la quatrième conférence mondiale
des femmes à Pékin où il considère «qu'il est essentiel de poursuivre et de coordonner activement
l'intégration des politiques pour l'équité et l'égalité des chances, et que toute politique, tout programme et
toute structure, notamment sur le plan législatif, soient envisagés dans la perspective de leur application au
sexe féminin». Le Groupe de Spécialistes du Conseil de l’Europe , créé en 1995 par le Comité directeur pour
l’égalité entre les femmes et les hommes pour donner une suite concrète au Programme d’action de Pékin, a
produit, en 1998, un rapport contenant une définition de l’approche intégrée de l’égalité, une méthodologie
pour sa mise en œuvre ainsi que des exemples de bonnes pratiques. Ce texte recommande aux
gouvernements de diffuser largement ce rapport et d’encourager son utilisation en tant qu’instrument de mise
en œuvre de cette stratégie dans les secteurs public et privé.

En février 1996, la Commission européenne a adopté une communication sur le «mainstreaming». Le


«mainstreaming» y est défini comme le fait de «ne pas limiter les efforts de promotion de l’égalité à la mise
en œuvre de mesures spécifiques en faveur des femmes, mais de mobiliser explicitement en vue de l’égalité
l’ensemble des actions et politiques générales en introduisant dans leur conception de façon active et visible
l’attention à leurs effets possibles sur les situations respectives des femmes et des hommes».
Le Traité d’Amsterdam, signé le 2 octobre 1997, formalise l’engagement de la Communauté européenne en
mentionnant qu’elle «cherche à éliminer les inégalités, et à promouvoir l’égalité, entre les hommes et les
femmes». Le projet de Traité confirme cet engagement en affirmant que toutes les politiques de l’Union
doivent contribuer à la promotion de l’égalité hommes/femmes et à la lutte contre toute discrimination
fondée sur le sexe ; la Cour de Justice pouvant annuler un acte européen portant atteinte à ces objectifs.

Un exemple d'application du gendermainstreaming en Belgique : Le 12 janvier 2007, la Belgique a


adopté une loi ayant pour objectif de renforcer l’égalité des femmes et des hommes en intégrant la dimension
de genre dans le contenu des politiques publiques définies au niveau fédéral belge. Le gender mainstreaming
n’est donc plus un engagement informel, il constitue désormais une obligation légale.
Le gouvernement fixe, à l’occasion de sa déclaration de gouvernement, les objectifs stratégiques qu’il
entend réaliser conformément aux objectifs de la Conférence mondiale de Pékin (ONU)

3) Gender mainstreaming au sein même des ONG

Christine Lagarde Présidente du FMI «Il n'y avait pas une seule femme au sein du conseil
d'administration lorsque j'ai présenté ma candidature»
31% des élus du parlement européen sont des femmes. Il n'y a pas de quotas.
33,3% de femmes au sein de la commission européenne 2009-2014

III - Les avantages et les inconvénients du gender mainstreaming

1) Avantages
 Premièrement, on ne considère plus la population comme un groupe homogène auquel les
politiques se réfèrent de manière uniforme et globale. Le gender mainstreaming contribue donc à
l’efficacité des politiques publiques en prenant plus en compte les attentes de la population.
 Ensuite, il y a eu la mise en place d’une loi intitulée « la loi des finances de 2000 » qui prévoit
désormais que le gouvernement présente chaque année, en annexe du projet de loi des finances,
les efforts financiers consacrés par ces différents départements ministériels et régionaux, à la
promotion entre les femmes et les hommes. (sorte de Gender Budgeting)
 Il y a aussi des actions de sensibilisation d’ « égalité des chances » entre hommes et femmes
même si elles restent encore difficiles à chiffrer
 Enfin, il existe des exemples d’actions représentatives de la volonté de trouver l’égalité
homme/femme par
a. La convention interministérielle pour la promotion de l’égalité entre garçons et filles à
l’école, et des femmes et des hommes dans le système éducatif datant du 25 février 2000
b. Charte de l’égalité entre les hommes et les femmes du 8 mars 2004

2) Inconvénients, ou en quoi le gender mainstreaming peut être critiqué


 Tout d’abord il y a la problématique de la conceptualisation du genre. En effet, le genre est privé
de ses outils d’analyse de bases tels que la classe, l’ethnie, l’âge etc… La norme est en quelque
sorte banalisée ou réduite à une femme blanche aisée jeune et hétérosexuelle.
 Par ailleurs, on voit apparaître différentes réactions contre une « homogénéisation » des femmes.
L’image selon laquelle les femmes sont égales et souffrent de la même exploitation est cassée.
D’où une protestation contre une universalisation de la catégorie de la femme
 Le Gender Mainstreaming fonctionne comme une approche descendante dite « Top-Down ». Je
m’explique ; partant de l’ensemble, on décompose en éléments de plus en plus détaillés pour
arriver à une conceptualisation, une « mise à plat » de l’objet étudié.
 Le Gender Mainstreaming représente un danger lorsqu’il est défini par les hommes et
femmes au pouvoir donc considérés au sommet. Ainsi on constate l’exclusion d’un grand
nombre de personnes qui n’entre pas dans la norme exigée/considérée.

Conclu : Bien que certains pays mettent certains programmes en place, des inégalités subsistent. L'UE
et l'ONU ne peuvent forcer leurs états-membres à agir et ne possèdent aucun moyen de contrôle. (le
gender mainstreaming relève principalement d'engagements informels)
Les femmes restent sous représentées en politique, seulement 10 états membres de l'UE sur 27
dépassent la moyenne. Elles ne sont que 11% dans les conseils d'administration des grandes
entreprises.
Le gender mainstreaming suppose également que le patriarcat actuel qui domine le processus soit
rejeté. De plus pour les féministes une question se pose : QUEL féminisme intégrer au courant
dominant du gender mainstreaming?

Vous aimerez peut-être aussi