Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Argumentaire :
Le plan de travail de l’Unité pour le Renforcement de l’Égalité entre les Femmes et les
Hommes (UREFH) vise à mettre en œuvre les conclusions et recommandations de l’UGP et
de la consultation réalisée auprès d’une douzaine de hauts responsables du MAS (Février-
mars 2023).
Ce plan sectoriel s’aligne sur les engagements du pays au niveau international (ODD
1,5,9,10 ; CEDAW), et au niveau national (PANIG, stratégies de lutte contre la violence,
l’analphabétisme, la pauvreté, LOB 2019 et adoption de la BSG, Loi 58-2017, signature de
protocoles multisectoriels de prise en charge des femmes victime de violences…). Ces
engagements illustrent les lignes directrices de la politique sociale de la Tunisie en matière
d’égalité de genre et de lutte contre les inégalités sociales et en particulier celles qui
touchent ou excluent les femmes.
Ce plan s’inscrit aussi dans les attributions du MAS telles définies dans la loi 58-2017 le
renforcement de la politique du MAS qui a fait de l’égalité un levier transformateur dans
plusieurs de ses interventions. Citons à titre d’exemple la création d’un comité de pilotage
pour la mise ne place de la BSG, ou le programme de promotion sociale, notamment dans le
domaine de l'analphabétisme des femmes qui mentionne clairement d’égalité
sexospécifique et l’intégration de la dimension genre. Ce programme propose des données
ventilées par sexe et la répartition des analphabètes par sexe et par gouvernorat. On peut
citer aussi les multiples interventions du MAS pour l’application de la loi 58-2017 et la prise
en charge des femmes victimes de violences. On peut aussi citer les efforts du ministère
pour réaliser l’équivalence des chances entre les femmes et les hommes dans la mise en
œuvre du droit à la sécurité sociale. Il est même prévu une généralisation pour la mise en
place d’une stratégie du MAS qui intègre l’approche d’égalité de genre et qui couvrirait tous
les secteurs1
Dans ce cadre, et pour renforcer sa politique, ses procédures et instruments, ainsi que les
capacités des divers acteurs institutionnels et partenaires dans l’approche d’égalité de genre
et droits humains, le MAS a engagé un audit participative genre (APG). Elle constitue une
première étape pour évaluer les capacités institutionnelles et opérationnelles du MAS, pour
1
Voir à ce propos les Projets Annuels de Performance (PAP) des années 2020, 2021 et 2022
2
prendre en compte les insuffisances et identifier les modalités d’actions à développer pour
soutenir l’intégration de l’approche d’égalité de genre dans toute la politique sociale du
ministère (législation/règlementation, pratiques, culture organisationnelle, services à la
population).
L’APG a montré qu’il y a encore une marge d’amélioration dans certains axes d’intervention
qui semblent urgents comme la nécessité d’opérationnaliser et de manière effective, la
stratégie nationale d’enseignement et formation des adultes afin d’y inclure un démarche
genre, de mettre en place une coordination avec les autres ministères et la société civile,
d’adopter un plan de formation sensible au genre, de produire de données désagrégées par
sexe2, de veiller à une meilleure communication vers l’extérieur.
Tenant compte de ce qui précède, le Plan de travail annuel concerté de l’UREFH devrait
avoir les axes stratégiques suivants :
2
Les données relatives aux taux d’analphabétisme produites par l’INS devraient être
fournies, ventilées par sexe, par par âge, par catégorie sociale et par région. Ce qui n’est pas
le cas en Tunisie et ce qui entrave notamment le travail du Centre national d’enseignement
des adultes (PAP 2021 page 159)
3
sont discriminatoires et faire des propositions de textes qui réduisent les écarts
entre les femmes et les hommes
3- Dans chaque étape d’un programme ou projet (budgétisation, reporting, suivi,
évaluation) impliquer toutes les parties concernées (au niveau du siège central et
des départements régionaux)
4- Réviser et renforcer le processus et l’intégration de l’approche genre dans le projet
annuel de performance (PAP) et en particulier orienter la perspective
programmatique des PAP vers des mesures spécifiques pour traiter les écarts de
genre existants et pas uniquement pour traiter les besoins pratiques des femmes et
des hommes .
5- Créer une académie « Genre et politiques sociales » qui aurait pour objectif de
constituer un pôle de compétences en mesure d’outiller les acteurs institutionnels et
intervant.e.s de terrain afin de mieux comprendre et lutter contre les inégalités de
genre dans les différents secteurs du travail social (avec un véritable dialogue entre
travail de terrain, enseignement, recherche et formation)
Malgré les efforts de certaines directions du MAS pour assurer une formation particulière
centrée sur l’approche genre pour leur personnel, l’auto-analyse de l’APG a montré que
cette formation est perçue comme très insuffisante aussi bien dans le contenu que dans
l’effectif de participant.e.s. En effet, plus de la moitié des répondant.e.s déclare ne pas
connaitre ou ne pas maitriser suffisamment l’analyse genre et souhaite acquérir les
connaissances et les capacités adéquates pour l’appliquer et la transférer.
Les actions à mettre en œuvre :
1- Adopter des programmes de formation initiale, continue et de formation de
formateur.e.s qui intègrent l’approche genre et ce en faveur de toutes les directions
et programmes du MAS
2- Mettre en œuvre des moyens et des outils de travail (guides pratiques, fiches, check-
list… ) qui tiennent compte de l’égalité femmes-hommes, facilitent la tâche des
intervenant.e.s et permettent d’adapter les services du MAS aux besoins des
femmes et des filles (rurales, victimes de violence, porteuses d’handicap, etc.).
3- Assurer une formation adéquate aux différents intervenant.e.s en charge des
femmes victimes de violence 3, notamment les intervenant.e.s et les accueillant.e.s
des premières lignes, pour les doter des outils et des capacités nécessaires.4
3
Conformément aux articles 9, 13, 26, 28 et 39 de la loi organique n°2017-58,
4
Il s’agit des intervenants sociaux femmes et hommes qui travaillent dans les
établissements de prise en charge, les institutions sociales et les associations spécialisées
qui se sont engagés à intégrer la lutte contre la violence à l’égard des femmes dans leurs
programmes sur terrain et dans leurs programmes de formation spécifiques
4
Sur cet aspect, l’audit participative genre a montré que la gestion des informations et des
connaissances dans la politique communicationnelle du MAS et au sein des directions
auditées, est à améliorer. La circulation des informations et des données sur la question de
6
Selon l’UPG Il n’y a pas de politique spécifique pour prévenir toute forme de violence et de
harcèlement au travail. Il y a bien une protection assurée pour les inspectrices du travail
contre les violences subies dans l’exercice de leur fonction mais aucune mesure n’interdit le
harcèlement sexuel et la violence dans les relations interprofessionnelles entre hommes et
femmes (selon Le rapport d’Évaluation d’impact du programme AMEN Social , p.39 d)
7
Seulement 22% des plaintes ont reçu des réponses du BRC entre les mois de janvier 2020-
2021 (Rapport d’évaluation AMEN social, op.cit.)
8
Rappelons que La loi 2017-58 (Op.cit.), article 226 ter (nouveau) stipule : « Est puni de
deux (2) ans d'emprisonnement et d'une amende de cinq (5) mille dinars celui qui
commet le harcèlement sexuel ; … »
6