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Mention 

: Génie Civil

Parcours :
 TCGC

EC : Géologie de l’Ingénieur

Année Universitaire 2022 – 2023


Semestre 3
Vendredi : 09h00 – 11h00

Dr VELOSON Jean
Ingénieur des Mines
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Présentation de l’EC
Géologie : science qui étudie les matériaux constituant la croûte terrestre et leur
agencement entre eux, ainsi que tous les phénomènes auxquels ils sont soumis,
tant en surface qu'en profondeur.
Géologie de l'ingénieur ou géologie appliquée (engineering geology) : science qui
se consacre à la recherche, à l'étude et à la résolution des problèmes d'ingénierie
et d'environnement résultant de l'interaction entre la géologie et les travaux et
activités réalisés par l’homme ; elle se consacre également à la prévision des
risques géologiques et à la mise au point de mesures préventives et curatives.
But de l’EC :
 Donner à l’étudiant certaines connaissances de géologie générale qui lui
permettront de mieux cerner les problèmes qu’il rencontrera lors de l’établissement
de tout projet géologique lié à la réalisation des travaux de Génie Civil en lui
apportant les méthodes d'analyse des facteurs géologiques dans les projets de
construction et fournissant les techniques d'élaboration d'un modèle de structure du
sous-sol pour le calcul géotechnique des ouvrages de Génie Civil.
Objectifs de l’EC :
 Acquérir les vocabulaire et raisonnement pour développer un dialogue fructueux
avec le géologue et/ou le géotechnicien du projet.
 Savoir identifier par des méthodes de chantier la plupart des matériaux géologiques
courants (roches magmatiques, roches sédimentaires, roches métamorphiques).
 Connaître les problèmes et dangers liés à la nature géologique du sous-sol et
apprécier leurs incidences sur les projets et les travaux de génie civil.
 Effectuer une reconnaissance géologique préalable à un aménagement ou une
construction à partir des documents (photos aériennes, carte topographique, carte
géologique, données des sondages, banque de données du sous-sol).
 Assimiler l’environnement géologique dans lequel tout projet de Génie Civil doit
s’inscrire
Contenu de l’EC :
Matériaux constitutifs de la croûte terrestre
 Rappels de la structure de la Terre
 Minéraux constitutifs des roches
 Roches
Processus géologiques et géotechniques
 Mouvements de la lithosphère et dislocations
 Séismes et volcanisme
 Liquéfaction des sols
 Suffosion
 Karst et fontis
 Mouvement de terrain
Hydrogéologie
 Cycle hydrologique
 Formes de l’eau dans les roches
 Propriétés physiques, composition chimique et bactériologique
 Aquifères et nappes
Reconnaissance géotechnique
 Reconnaissances géologiques
 Sondages
 et retrait des argiles raides
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Chapitre 1. Matériaux naturels de la croûte terrestre

1.1. Rappels sur la structure interne de la Terre


1.1.1. Structure interne de la Terre
Selon la composition chimique on a les 3 couches suivantes :
 Croûte terrestre divisée en :
 croûte continentale (granitique)
 et croûte océanique (basaltique).
 Manteau de composition péridotique ;
 Noyau composé de Fe, Ni…
Selon les propriétés physiques (couche rigide, moins rigide, liquide) on a les couches
suivantes :
 Lithosphère solide, cassante et formée par la croûte et la partie sommitale du
manteau supérieur ;
 Asthénosphère, molle et ductile ;
 Mésosphère (manteau inférieur) ;
 Noyau externe, liquide
 Noyau interne, solide
Schéma bilan (Figure 1.1) :

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Figure 1.1 Structure interne de la Terre
Les matériaux composant la croûte terrestre sont constitués de minéraux et de roches,
qui sont de matériau formé par un agrégat naturel de minéraux, de fossiles et/ou
d'éléments d'autre(s) roche(s).

1.2. Minéraux constitutifs des roches


1.2.1. Qu'est-ce qu'un minéral ?
Un minéral est un solide naturel, possédant une composition chimique définie (exprimée
par sa formule chimique) et une structure atomique ordonnée (cristal).
Exemples :
 Halite (le sel) : se forme naturellement ; est solide ; possède une composition
chimique définie exprimée par sa formule chimique NaCl et a une structure
cristalline :
 Quartz : se forme naturellement ; est solide ; possède une composition chimique
définie exprimée par sa formule chimique SiO2 et a une structure cristalline :
1.2.2. Origine des minéraux
Cristallisation d'un liquide qui, par refroidissement, passe de l'état liquide à solide
(solidification par refroidissement d'un magma).
Précipitation chimique à partir d'une solution sursaturée par rapport à un minéral.
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Cristallisation de vapeurs (cristallisation du soufre autour des fumerolles).
1.2.3. Classification des minéraux
Classification chimique :
 Éléments natifs : or (Au), diamant (C)
 Sulfures : pyrite (FeS2), galène (PbS)
 Halogénures : sel gemme (NaCl), sylvite (KCl)
 Oxydes : magnétite (Fe3O4), corindon (Al2O3),
 Hydroxydes : goethite (FeO(OH)), brucite (Mg(OH)2)
 Sulfates : gypse (CaSO4 2H2O), barytine (BaSO4).
 Carbonates : calcite (CaCO3), dolomite (CaMgCO3).
 Phosphates : apatite (Ca5(PO4)3(OH,Cl,F)), monazite ((Ce,La,Y,Th)PO4).
 Silicates : minéraux qui combinent le silicium et l’oxygène avec un ou plusieurs
métaux ou métalloïdes, représentant 90 % en poids de l'écorce terrestre : quartz
(SiO2), microcline (KAl2SiO5).
1.2.4. Reconnaissance macroscopique des minéraux
La forme d'un minéral dépend de son système cristallographique :
 Cubique - forme cubique.
 Octaédrique - forme d’un octaèdre (8 faces triangulaires).
 Tabulaire - forme rectangulaire
 Lamellaire - en forme de lamelles ou lattes (aplati et allongé).
 Aciculaire - en forme d’aiguilles.
La couleur : critère bien repérable, mais rarement un critère d'identification (elle dépend
souvent des impuretés : le quartz peut être transparent, blanc, noir, violet, … selon sa
teneur en impuretés).
En revanche, certains minéraux ont une couleur typique et a décidé de leurs noms :
 L’azurite bleu azur
 L’albite blanche
 Les olivines vert olive
 La malachite verte
En résumé, la couleur peut, ou non, être un bon critère de reconnaissance selon les
minéraux.
La transparence est la propriété des minéraux de laisser passer la lumière. D'après le
degré de transparence, on distingue :
 Minéraux transparents : on peut voir clairement un objet à travers et on peut lire
l'écriture au travers du minéral.
 Minéraux translucides : le minéral est traversé par la lumière même sous une forte
épaisseur, sans que l’on puisse toutefois distinguer un objet à travers.
 Minéraux non transparents et minéraux opaques : ne laissent pas passer la lumière.
L’éclat = expression du pouvoir réflecteur du minéral (/ absorption de la lumière). On
distingue plusieurs types d’éclats, parmi les plus importants :
 l’éclat métallique : fort éclat des métaux (or, cuivre, argent) ;
 l’éclat vitreux : c'est un éclat qui rappelle le verre (le quartz),
 l‘éclat gras : la surface du minéral semble induite d’une couche d’huile,
 l‘éclat terreux : minéraux qui n’ont pas d’éclat..
La densité : propriété physique invariable pour un minéral pur. Problème : la plupart des
minéraux ont une densité comprise entre 2.5 et 3 + manque de précision sur la mesure
⇒ diagnose difficile.
L’effervescence : les minéraux de la classe des carbonates sont décomposés
chimiquement par les acides, cette réaction chimique dégage des bulles de gaz
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carbonique, un phénomène qu'on qualifie d'effervescence (un bouillonnement). Selon les
minéraux carbonatés, cette effervescence se produit, sur la masse minérale même ou
sur la poussière, à froid ou à chaud.
La saveur : certains minéraux possèdent des saveurs particulières permettant de les
reconnaître facilement.
Exemple :
 Le sel gemme possède un goût salé
 La sylvine possède un goût amer
L’odeur d’un minéral peut parfois être caractéristique, c’est le cas du soufre et de
certains sulfures qui dégagent à leur cassure une odeur sulfurée.
Les clivages = plans préférentiels de rupture sous des efforts généralement faibles.
Le nombre de plans de clivage varie d’un minéral à un autre et constitue de ce fait un
élément caractéristique (Figure 1.2) ; exemples :
 la biotite et la muscovite admettent une seule famille de plans de clivage,
 les pyroxènes et les amphiboles montrent l’existence de deux familles de plans de
clivage.
 Quant à la calcite, elle admet trois familles de plans de clivage.

Figure 1.2 Clivage


La dureté : caractéristique facile à mesurer de manière relative : un corps plus dur qu'un
autre le raye et inversement ⇒ une échelle de dureté de MOHS (Figure 1.3).

Figure 1.3 Echelle de dureté de F. MOHS


1.2.5. Quelques minéraux utilisés en Génie Civil
Groupe Minéral Formule Usage
Sulfates Gypse CuSO4.H2O Plâtre et panneaux

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Anhydrite CuSO4 Plâtre et panneaux
Barytine BaSO4 Boue de forage
Calcite CaCO3 Ciment Portland
Carbonates
Dolomite CaMg(CO3)2 Ciment Portland

1.3. Roches
1.3.1. Définition
Une roche est un matériau formé par un agrégat naturel de minéraux, de fossiles et/ou
d'éléments d'autre(s) roche(s).
On distingue trois grandes familles de roches selon leur origine :
 les roches magmatiques, issues de la solidification des magmas ;
 les roches sédimentaires,
 et les roches métamorphiques, issues des roches préexistantes ayant subi une
augmentation de pression et de température.
1.3.2. Roches magmatiques
Magma = roches en fusion partielle (cristaux, liquide et gaz dissous).
Selon la vitesse du refroidissement du magma, on distingue :
 les roches plutoniques (refroidissement lent en profondeur) ;
 et les roches volcaniques (refroidissement rapide en surface).
Selon la composition chimique, on distingue :
 les roches felsiques sont issues de magmas visqueux riches en silicium (Si) et en
aluminium (Al). Les principaux minéraux sont clairs : quartz et feldspaths.
 les roches mafiques sont issues de magmas très fluides enrichis en fer (Fe) et en
magnésium (Mg). Les principaux minéraux sont foncés : pyroxènes et amphiboles.
Exemples de roches magmatiques :
 le granite est une roche plutonique felsique composé de quartz, de feldspath alcalin
et de biotite;
 la rhyolite est une roche volcanique felsique composée de quartz, de feldspath
alcalin et de biotite (équivalent volcanique du granite).
 lle basalte est une roche volcanique mafique composé de plagioclases, de
pyroxènes et d’olivine;
 e gabbro est une roche plutonique mafique composé de plagioclases et de
pyroxènes (équivalent plutonique du basalte).
1.3.2.1. Roches plutoniques
Cristallisation très lente et à grande profondeur (5 à 20 km)
Roche totalement cristallisée, formant un assemblage de cristaux (parfois de petites
tailles) engrenés les uns dans les autres et visibles à l’œil nu (cristaux bien visibles, pas
de pâte, pas de bulle) :
 si les grains sont très gros (cm et +), la texture est pegmatitique,
 si les grains sont moyens (mm et < cm), la texture est grenue,
 si les grains sont fins (< mm), la texture est aplitique.
Roches plutoniques : structure massive.
Visibles grâce à l’érosion et aux mouvements verticaux de grande ampleur.
1.3.2.2. Roches volcaniques
Mises en place en surface (dans l’air ou sous l’eau), à l’état liquide ou pâteux (coulées de
lave), avec un refroidissement rapide.

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Structure microlithique constituée d’une pâte vitreuse dans laquelle se distinguent
quelques cristaux, vitreuse : impossibilité de distinguer des cristaux (peu ou pas de
cristaux) ;
Structure pouvant être litée, ou en coussins (si le magma a refroidi sous l’eau) ;
Bulles fréquentes
Exemple : le basalte.
1.3.2.3. Propriétés
Granite :
 Grande résistance à la compression
 Très lourd (poids spécifique entre 26,4 et 30,5 kN/m3).
 Très bonne résistance aux agents atmosphériques.
 Se laisse difficilement travailler.
 Existe en de nombreuses couleurs (gris, bleu, noir, rouge, verdâtre).
Basalte :
 Très dur et très compact.
 Résistant aux agents atmosphériques.
 Très difficile à travailler.
 Poids volumique de 28,8 à 30 kN/m3
 De couleur variante de gris sombre au bleu-noir
1.3.2.4. Aspects Matériaux – Ressources
Basalte
 Granulats de forte compacité et de grande résistance mécanique (texture très fine
et isotrope).
 Matériau très recherché pour la constitution des ballasts des lignes de chemin de
fer.
 Pouzzolanes : Produits basaltiques avec très forte porosité (projections
volcaniques) : Valorisation :
 Granulats légers à bonne capacité isolante → bétons
 Poreuses → filtres pour l’assainissement des eaux usées
 Finement broyées → ciment.
 Pratiquement pas utilisé dans la construction à cause de sa grande dureté ;
convient pour des travaux hydrauliques (murs de quai, brise-lames).
 Basalte de lave moins dur, scié en plaques et utilisé pour les marches d'escalier.
Granite
 La texture des Granites, des roches plutoniques en général, est utilisée comme
élément de décoration pour les pierres ornementales (funéraires, mobilier,
bâtiment).
 Lorsque la texture est microgrenue, l’utilisation sous forme de granulats hautes
performances est comparable à celle des Basaltes (microgranite, microdiorite).
 Généralement utilisé pour les parements de façades, les escaliers et les perrons.
 Texture microgrenue - utilisation sous forme de granulats de haute performance
comparable à celle des Basaltes (microgranite, microdiorite).
1.3.2.5. Comment reconnaître les roches magmatiques ?
Roches plutoniques :
 composées exclusivement de cristaux le plus souvent de taille millimétrique et
parfois centimétrique ; leurs formes sont géométriques ou quelconques, mais ils ne
sont pas arrondis ;
 homogènes à l’échelle de l’affleurement et même de la carte géologique (donc sur
de grandes distances) et sauf dans quelques cas particuliers,
 ne sont pas orientées ;

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 ne renferment jamais de fossiles.
Roches volcaniques :
 présence d’une matrice (d’un ciment) mal cristallisée entourant des cristaux (très
rares ou très abondants) visibles à l’œil nu ;
 roches rarement orientées ;
 elles peuvent être aussi constituées de fragments soudés (brèches).
1.3.3. Roches sédimentaires
1.3.3.1. Modes de formation
Par accumulation de particules pouvant être des :
 particules purement organiques : charbons (tourbe, houille, …), hydrocarbures,
 particules minérales sécrétées par des organismes (coquilles, squelettes) : 99%
des calcaires, quelques roches siliceuses : diatomites,
 particules minérales provenant de l’altération et de l’érosion des roches
(magmatiques, métamorphiques ou sédimentaires) : les roches détritiques
terrigènes : sables, grès, argiles.
Selon des phénomènes physico-chimiques :
 Par précipitation des sels dissous (dépôt dans des milieux liquides),
 Par remplacement minéralogique post dépôt.
1.3.3.2. Classification
On classe les roches sédimentaires en trois types :
 Roches détritiques provenant de l’accumulation de débris de roches préexistantes.
Exemple : Grès, shale.
 Roches chimiques provenant de la précipitation de composés chimiques. Exemple :
les évaporites (le sel).
 Roches biochimiques provenant de l’accumulation de débris d’origine organique.
Exemple : le charbon.
1.3.3.3. Principaux minéraux
Calcite dans les calcaires, la dolomie dans la dolomite,
Minéraux argileux (kaolinite, smectite, micas) dans les argiles.
Halite, gypse et sylvite dans les évaporites.
Quartz et feldspath dans les roches détritiques (grès).
1.3.3.4. Comment reconnaître les roches sédimentaires ?
Voici quelques critères :
 Sur le terrain, elles sont (pour la plupart) disposées en couches horizontales qui ont
pu être par la suite plissées ou fracturées.
 Au niveau de l’échantillon les couches sont rarement visibles.
 Présence de fossiles (morceaux de coquilles…), de minéraux particuliers comme la
calcite (effervescence à l’acide) ou le sel, de grains (souvent du quartz) ou de
morceaux de roches pris dans un ciment.
1.3.3.5. Propriétés
Grès
 propriétés variées (porosités, ciments, tailles et nature de grains différents) ;
 à grains fins utilisés comme pierres dimensionnelles et décoratives.
Calcaires :
 très grand nombre de variétés de roches avec une taille variable des cristaux, une
porosité importante ou quasi inexistante, une stratification visible ou non donc
impossible de prédire un comportement mécanique, une durabilité à partir de cette
simple désignation ;

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 pierres dimensionnelles pour la construction, la décoration et comme granulats
mais là encore il est nécessaire d’en préciser les caractéristiques pour connaître les
limites d’emploi ;
 Matière première indispensable pour la fabrication de la chaux et du ciment.
 Massifs calcaires, sous l’effet de l’action de l’eau, vont acquérir un modelé dit
karstique avec les conséquences importantes sur la stabilité du sous-sol.
 Recherche de cavités s’impose comme nécessité pour ouvrir une carrière, réaliser
un ouvrage de génie civil dans un site de calcaire.
 Minéraux (à forte solubilité) : la Calcite CaCO3, la Dolomite (Ca, Mg) (CO3)2 mais
aussi le Gypse CaSO4, 2H2O
Gypse :
 sujet à des phénomènes de dissolution, ce qui entraîne la formation de cavités
souterraines (fontis) puis dans certains cas des effondrements ;
 Matière première pour la fabrication du ciment et du plâtre
Marnes
 contiennent des argiles et à ce titre doivent être considérées comme des formations
sensibles à l’eau donc susceptibles de fluer, bouger.
 composition minéralogique les rend impropres à l’utilisation comme granulats mais
constituent cependant une matière première importante pour la fabrication des
tuiles et briques et surtout la fabrication du ciment qui nécessite un mélange entre
Calcite et Argile ;
 sensibilité à l’eau qui va entrainer une modification du comportement mécanique et
accentuer les risques d’instabilités : stabilisation des versants par reboisement ;
Minéraux argileux :
 Absorption et rétention d’eau des argiles s’accompagnant de variations
dimensionnelles de celles-ci (gonflements et retraits).
 Effets pouvant se révéler désastreux quand on construit et établit des fondations de
structures en milieux argileux.
 Matière première pour briques, tuile, ciment, remblai pour digue en terre
1.3.3.6. Aspects Matériaux – Ressources
Calcaire
 Peut présenter un très grand nombre de variétés de roches avec une taille variable
des cristaux, une porosité importante ou quasi inexistante, une stratification visible
ou non.
 Donc impossible de prédire un comportement mécanique, une durabilité à partir de
cette simple désignation.
 Souvent employé comme pierres dimensionnelles pour la construction, la
décoration et comme granulats mais là encore il est nécessaire d’en préciser les
caractéristiques pour connaître les limites d’emploi.
 Matière première indispensable pour la fabrication de la chaux et du ciment.
Grès
 Comme dans les cas des Calcaires il y a des Grès avec des porosités, des ciments,
des tailles et nature de grains différents, et qui donc possèdent des propriétés
variées.
 Grès à grains fins utilisés comme pierres dimensionnelles et décoratives
Marne
 Leur composition minéralogique rend les Marnes impropres à l’utilisation comme
granulats.
 Elles constituent cependant une matière première importante pour la fabrication des
tuiles et briques (voir Minéraux argileux) et surtout la fabrication du ciment qui
nécessite un mélange entre Calcite et Argile (voir Calcaire).

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1.3.3.7. Aspects géotechniques
Marne
 L’association Calcaire – Marne est très fréquente dans les séries sédimentaires
(formations marno-calcaires).
 La sensibilité à l’eau des marnes qui dépend de leur teneur en argile va entrainer
une modification du comportement mécanique et accentuer les risques
d’instabilités.
Calcaire
 Les massifs calcaires, sous l’effet de l’action de l’eau, vont acquérir un modelé dit
karstique.
 Reliefs ruiniformes, canyons, grottes, avens caractérisent ce modelé particulier.
 La recherche de cavités s’impose comme une nécessité pour ouvrir une carrière,
réaliser un ouvrage de génie civil.
1.3.4. Roches métamorphiques
1.3.4.1. Généralités
Transformation des autres roches sous l'effet de la température et de la pression ; en
surface (cornéenne) ou en profondeur (cas général). Généralement litées (schistosité).
 Les roches magmatiques donnent des gneiss et amphibolite en général ;
 Les roches sédimentaires donnent des ardoises (schistes), des micaschistes, de
quartzite, de marbre et même des gneiss quand les transformations sont
importantes.
Processus complexe, fonction :
 de la roche initiale
 des conditions de température et de pression
 ainsi que des déformations subies

Figure 1.4 Roches métamorphiques


1.3.4.2. Quelques termes de structures métamorphiques
Schistosité = feuilletage plus ou moins serré présenté par certaines roches, acquis sous
l'influence de contraintes tectoniques, distinct de la stratification et selon lequel elles
peuvent se débiter en lames plus ou moins épaisses et régulières.
Foliation = différenciation pétrographique entre des lits formant ainsi des feuillets
(alternance de lits de couleur différente).
Linéation = lignes parallèles.
1.3.4.3. Comment reconnaître les roches métamorphiques ?
Débit en feuillets parallèles dû à l’orientation des minéraux qui les composent.
Feuillets fins (ardoise, schiste) lorsque les minéraux sont de petite taille et peu visibles à
l’œil nu (quelques dizaines de microns), ou plus épais lorsque la taille des minéraux
atteint ou dépasse le millimètre comme dans les gneiss, les micaschistes ou les
amphibolites.
Roches métamorphiques ne contiennent pas de fossiles.

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1.3.4.4. Propriétés
Schiste
 Possibilité de débit en lauzes (centimétrique) ou en ardoises (millimétrique) permet
d’obtenir aisément des éléments de grande surface et de faible épaisseur.
 Anisotropie - inconvénient rédhibitoire lorsqu’on veut faire des granulats avec ces
roches.
 Aplatissement des graviers obtenus et clivage selon le plan de schistosité ne
permettent pas de fabriquer des bétons de qualité satisfaisante.
 Lorsqu’il y a conformité entre le plan de talus et celui de discontinuité (stratification
ou schistosité), le risque de glissement devient extrêmement important.
Gneiss
 Leur clivage dépend directement de la proportion de micas présents, mais bien
souvent cette caractéristique ne présente pas un aspect rédhibitoire pour une
utilisation de ces roches comme granulats.
1.3.4.5. Aspects Matériaux – Ressources
Marbre :
 utilisé depuis l’antiquité comme pierres dimensionnelles décoratives pour les
travaux d'intérieur tels les parements d'escalier et de sol, appuis de fenêtre, lambris,
 excellents granulats pour béton grâce à leur porosité quasi inexistante, leur grande
résistance mécanique, leur pureté chimique (forte teneur en Calcite), mais aussi,
une fois broyé, une charge utilisée comme :
 agent de texture dans les peintures
 complément granulométrique dans les matières plastiques
Schiste
 La famille des roches schisteuses trouve, de par sa texture feuilletée et son clivage,
une utilisation comme matériau de dallage ou de toiture.
 Le débit en lauzes (centimétrique) ou en ardoises (millimétrique) permet d’obtenir
aisément des éléments de grande surface et de faible épaisseur.
 Cette anisotropie devient un inconvénient rédhibitoire lorsqu’on veut faire des
granulats avec ces roches.
 L’aplatissement des graviers obtenus et le clivage selon le plan de schistosité ne
permet pas de fabriquer des bétons de qualité satisfaisante.
 Matériau de dallage ou de toiture (texture feuilletée et son clivage) ;
1.3.4.6. Aspects Matériaux – Ressources
Marne :
 Leur composition minéralogique rend les Marnes impropres à l’utilisation comme
granulats.
 Elles constituent cependant une matière première importante pour la fabrication des
tuiles et briques (voir Minéraux argileux) et surtout la fabrication du ciment qui
nécessite un mélange entre Calcite et Argile (voir Calcaire).
Grès :
 Comme dans les cas des Calcaires il y a des Grès avec des porosités, des ciments,
des tailles et nature de grains différents, et qui donc possèdent des propriétés
variées.
 Les Grès à grains fins sont utilisés comme pierres dimensionnelles et décoratives.
Gneiss
 Les Gneiss sont en général des roches présentant des caractéristiques mécaniques
importantes.
 Leur clivage dépend directement de la proportion de Micas présents, mais bien
souvent cette caractéristique ne présente pas un aspect rédhibitoire pour une
utilisation de ces roches comme granulats
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1.3.4.7. Aspects géotechniques
Marbre
 Le marbre présente une composition analogue à celle des calcaires (Calcite).
 Les conditions de solubilisation de la calcite sont les mêmes avec des
conséquences identiques sur :
 l’aspect géotechnique (processus de karstification)
 l’aspect environnemental (écoulement et pollution des eaux).
Schiste
 Lorsqu’il y a conformité entre le plan de talus et celui de discontinuité (stratification
ou schistosité), le risque de glissement devient extrêmement important.
1.3.5. Evolution des roches
A l’échelle de l’échantillon, en dehors de certains quartzites métamorphiques et de
certaines roches volcaniques vitreuses comme l’obsidienne, toutes les roches évoluent
plus ou moins fortement ou rapidement d’une part selon leur minéralogie et leur structure
et d’autre part, la pression, l’acidité – on dit aussi l’acidité - … elles se trouvent, à
condition qu’elles soient fissurées – diaclases, schistosité, … pour qu’ils les pénètrent,
car les roches compactes sont généralement imperméables mais très rares :
 les plus évolutives sont les roches salines et le gypse qui se dissolvent rapidement
dans l’eau ordinaire ;
 les calcaires se dissolvent lentement dans les eaux chargées de gaz carbonique et
comme toutes les roches dures, ils se désagrègent plus ou moins selon leur
fissuration sous l’effet de variations de la température et de pression ;
 les grès fissurés se désagrègent de la même façon ;
 les argilites et les marnes évoluent par variation de leur teneur en eau, de la solidité
à la liquidité en passant par la plasticité dans les deux sens ;
 les schistes peu minéralisés font à peu près de même et/ou se désagrègent en
plaquettes ou crayons ;
 les schistes cristallins et les micaschistes se désagrègent facilement en feuillets
puis en paillettes et se transforment plus ou moins rapidement en argiles ;
 les feldspaths et les micas des granites et des gneiss se transforment beaucoup
plus lentement en argiles, selon le degré de fissuration de la roche, et libèrent les
grains de quartz qui deviennent du sable.
A l’échelle de la formation, ces phénomènes sont à la base de l’érosion qui modèlent les
paysages actuels dans lesquels se trouvent les sites que les géotechniciens étudient.
Les roches meubles se compactent en surface sous l’effet de la gravité (consolidation) ;
elles se transforment en roches dures en profondeur sous l’effet de la pression
géostatique. Si la température intervient à plus grande profondeur, elles se transforment
en roches métamorphiques.
1.3.6. Répartition des roches de la croûte
Roches magmatiques et roches métamorphiques très majoritaires (95%) dans la croûte
(Figure 1.4) :

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Figure 1.5 Taux de répartition des roches de la croûte
A la surface, roches sédimentaires couvrent les (75%) des terres émergées (Figure 1.4).
Donc, du point de vue interaction entre la géologie et les activités humaines, les roches
sédimentaires vont jouer un rôle considérable.
Les grandes villes et grandes voies de communication sont implantées dans des zones
sédimentaires. Les caractéristiques de ces roches vont influencer les méthodes de
construction, conditionner l’aménagement du territoire et la gestion des ressources aussi
bien en eau qu’en matériau pour le ciment et les granulats.

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Chapitre 2. Hydrogéologie du Génie Civil

2.1. Définition et domaines d’application de l’hydrogéologie


2.1.1. Définition
Hydrogéologie - science de l’eau souterraine ayant pour objectifs :
 l’étude du rôle des matériaux constituant le sous-sol et les structures
hydrogéologiques (aquifères) ;
 et la planification des captages, ainsi que l’exploitation et la gestion de l’eau
souterraine après acquisition de données numériques par la prospection ou
l’expérimentation sur le terrain.
2.1.2. Domaines d’application et problèmes susceptibles d’être abordés
Voici quelques domaines d’application
 Ressource en eau et préservation de cette ressource : connaissance des nappes
souterraines et de leurs interactions (eau potable, irrigation, pollution, …) ;
 Génie Civil : prise en compte des nappes dans les travaux : réalisation de trémie
routière et de parkings souterrains, réalisation de batardeaux (pile de ponts en
rivière), glissement de terrain, … ;
 Génie pétrolier : extraction de pétrole au sein d’un gisement ;
 Stockage et confinement des déchets nucléaires.
Problèmes sont susceptibles d’être abordés :
 Déterminer les différents types aquifères.
 Déterminer des débits et des vitesses d’écoulement ainsi que des pressions
interstitielles.
 Estimer l’effet d’un écoulement d’eau dans le sol.
 Cartographier l’aquifère.
Liens avec les autres domaines de la géotechnique
 Les glissements de terrains : le régime hydraulique influe fortement la stabilité d’une
pente.
 L’épuisement de fouille : parkings souterrains ou trémie routière ;
 Consolidation des sols (problématique du temps de tassements sous un remblai) ;
 Comportement mécanique des sols (la pression interstitielle modifie le
comportement mécanique d’un sol → principe de TERZAGHI).

2.2. Eau souterraine


C’est l’eau se trouvant en dessous de la surface du TN. Elle provient essentiellement de
l’infiltration des précipitations atteignent le sol.
Il y a différentes formes de l’eau dans les sols et les roches (Figure 2.1) :
 Eau adsorbée, fixée aux parois d’un vide ou à la surface d’un grain par attraction
moléculaire ; elle n’existe en proportion significative (jusqu’à 50%) que dans les
argiles et ne peut être mobilisée que par chauffage intense.
 Eau libre, interstitielle, sature les vides des roches perméables ; elle peut circuler
librement sous un gradient hydraulique naturel toujours très faible ou provoqué
dans les nappes, ou bien dans les galeries des réseaux karstiques.
 Eau capillaire, de l’eau libre retenue par la tension superficielle dans les parties les
plus étroites et les plus fines des vides non saturés et autour des contacts des
grains.

16
L’hydrogéologie s’intéresse essentiellement à l’eau libre qui constitue les nappes et/ou
circule dans les réseaux karstiques.

Figure 2.6 Formes de présence de l’eau dans les sols et les roches

2.3. Roches aquifères


2.3.1. Les roches aquifères
En subsurface, toutes les roches dures et/ou meubles sont plus ou moins aquifères, mais
leur nature, leur structure – et en particulier la forme et les dimensions de leurs vides -,
elles sont plus ou moins perméables.
2.3.2. Les vides des roches
Toutes les roches recèlent des vides, interconnectés pour la plupart ; la proportion de
ces vides varie considérablement selon la nature de la roche et son degré d’altération :
 des pores intergranulaires dans les roches meubles (argiles, alluvions, …) et dans
certaines roches détritiques (sable, grès, …) ;
 des fissures dans les roches dures (granites, …) ou des galeries de calcaires…
Les pores des argiles de structure colloïdale sont de dimensions microscopiques, très
abondants, mais susceptibles de variations importantes de forme et de volume sous
l’effet de pression, de température et d’hygrométrie (taux d’humidité de l’air) … ; même
s’ils sont saturés, l’eau qu’ils contiennent ne peut pas circuler par gravité ; les argiles
sont pratiquement imperméables. Dans certaines conditions physiques temporaires
locales, les argiles sont susceptibles de fixer ou de restituer de l’eau adsorbée ou même
de constituer pour les smectites.
Les pores de roches meubles et détritiques sont nettement moins abondants, mais de
bien plus grandes dimensions que ceux des argiles. Sauf remaniement d’origine
extérieure, les dimensions et la proportion des pores sont peu variables dans la même
formation ; même s’ils ne sont pas saturés, la majeure partie de l’eau qu’ils contiennent
peut circuler par gravité.
Les fissures des roches dures non calcaires sont plus ou moins abondantes et ouvertes ;
elles n’évoluent pratiquement pas, mais peuvent être plus ou moins colmatées par des
produits d’altération ; l’eau ne peut pas y circuler par gravité si elles sont isolées, très
fines, et/ou plus ou moins colmatées.

17
Les fissures des formations calcaires et gypseuses sont constamment agrandies par
dissolution dans l’eau qui, quand elles atteignent les dimensions de galeries, y circule à
la façon de cours d’eau de surface ou comme dans les conduites sous pression. Les
fissures calcaires n’évoluent pratiquement pas à l’échelle humaine, les fissures
gypseuses, oui.
Quelques rares roches comme les pierres ponces ou les meulières présentent des
grands pores, mais sont imperméables, car la plupart de leurs pores sont en fait de
bulles séparées par de très fines parois minérales.
2.3.3. Argiles et sols argileux
Dans les argiles et sols argileux, l’eau peut être très abondante mais il n’y a pratiquement
pas d’eau libre et l’eau capillaire y est très fixée, car les vides, pores colloïdaux, sont de
très petites dimensions.
Ces formations sont pratiquement imperméables, l’eau n’y circule pratiquement pas,
mais leur structure peut varier considérablement sous l’effet d’une pression extérieure,
de la salinité de l’eau ou en fonction des conditions météorologiques, en suivant les
alternances répétées de gel/dégel ou d’humidité/sècheresse.
Les alternances humidification/dessiccation modifient incessamment l’état
floconneux/aggloméré des micelles argileuses, ce qui désagrège le matériau. Ce
phénomène naturel participe plus ou moins à l’altération des matériaux argileux
superficiels en préparant leur érosion.
2.3.4. Roches perméables en petit
Ce sont des roches peu ou pas argileuses meubles ou compactes où les vides, pores
intergranulaires, sont moins abondants, plus grands et pratiquement fixes.
Ces formations sont des contenants, réservoirs et conduites, dont la structure est stable,
pratiquement pas affectée par une pression extérieure, dans lesquels la majeure partie
de l’eau est libre.
Elles sont plus ou moins perméables selon les dimensions des pores ; elles peuvent
porter des nappes permanentes, continues et puissantes, le plus souvent phréatiques,
c’est-à-dire dont le niveau est à la pression atmosphérique ou localement plus ou moins
en charge.
2.3.5. Roches perméables en grand
Ce sont des formations calcaires, gypseuses et certaines zones faillées de roches dures,
où la plupart des vides sont de grandes dimensions.
L’écoulement de l’eau, généralement rapide, turbulent et instable, y suit le tracé de
galeries qui peuvent être à la pression atmosphérique ou en charge de façon
permanente ou occasionnelle.

2.4. Réseaux aquifères


2.4.1. Introduction
Aquifère : (du grec aque : eau et fere : transporter) - formation géologique perméable
suffisamment poreuse pour permettre un écoulement significatif d’eau interstitielle, et
apte au captage d’une quantité appréciable d’eau provenant de l’infiltration.
Nappe – eaux souterraines comprises dans une zone saturée d’un aquifère.
Réseau aquifère - ensemble indissoluble d’un réservoir minéral – l’aquifère – et d’une
masse d’eau libre – la nappe.
Presque tous les réseaux aquifères comportent schématiquement une zone superficielle
d’alimentation où se font les infiltrations et où pénètrent les pollutions, une zone profonde
18
d’écoulement où l’on établit les puits et forages d’exploitation, où l’on protège de
l’inondation les travaux et ouvrages souterrains par des épuisements, des injections des
produits imperméabilisants ou par des enceintes étanches et une zone d’affleurement où
l’on trouve des sources, marais, résurgences…
2.4.2. Types hydrodynamiques de l’aquifère
La configuration ou enveloppe de l'aquifère porte sur ses dimensions et les
caractéristiques de ses limites géologiques et hydrodynamiques ou conditions aux
limites.
La base de l'aquifère, appelée substratum, est constituée par une formation
hydrogéologique imperméable. Par contre sa limite supérieure est de trois types :
 hydrodynamique avec fluctuations libres : aquifère à nappe libre;
 géologique imperméable : aquifère à nappe captive;
 géologique semi-perméable : aquifère à nappe semi-captive.
2.4.3. Aquifère à nappe libre. Surface piézométrique
Une nappe est dite libre s’il n’y a pas de toit imperméable entre la surface du sol et son
niveau.
Souvent ce niveau est mesuré dans des ouvrages de petit diamètre, appelés
piézomètres. L'ensemble des niveaux piézométriques, mesurés en différents points à
une date donnée, détermine la surface piézométrique (Figure 2.2).
De même que les côtes du niveau du sol permettent de tracer la surface topographique,
elle est représentée sur des cartes piézométriques par des courbes d'égal niveau
piézométrique ou courbes hydroisohypses.

Figure 2.7 Aquifères à nappe libre


La surface piézométrique constitue la limite supérieure de l'aquifère.
C'est une limite hydrodynamique. Cette surface peut s'élever ou s'abaisser librement
dans la formation hydrogéologique perméable (fluctuations de la surface piézométrique),
d'où la dénomination d'aquifère à nappe libre. L'ancien terme d'aquifère phréatique
(phreos = puits), parfois utilisé, est déconseillé.
2.4.4. Aquifère à nappe captive
Dans les aquifères plus profonds les eaux souterraines sont emprisonnées dans la
formation hydrogéologique perméable, entre deux formations imperméables fixes : le
substratum à la base et le toit au sommet (Figure 2.3). Etant donné la situation en

19
profondeur, l'aquifère (réservoir et eau) subit une pression dite géostatique, dirigée de
haut en bas, égale au poids de la colonne de terrains.
La pression atmosphérique étant négligeable, la pression géostatique est équilibrée par
la pression de couche ou de pore qui règne à l'intérieur de l'aquifère.
Lorsqu'un sondage perce le toit de l'aquifère la substitution au poids la colonne de terrain
de celui d'une colonne d'eau (densité 1), entraîne une chute de pression dans l'aquifère.
D'où décompression du réservoir et de l'eau qui est expulsée. Son niveau se stabilise à
une altitude qui représente le niveau piézométrique, H, déterminée par la différence de
charge entre la zone d'alimentation et l'ouvrage considéré (Figure 2.3). Ce type est
l'aquifère à nappe captive.

Figure 2.8 Aquifères à nappe captive


Les eaux souterraines sont dites ascendantes. Si le niveau piézométrique se situe au-
dessus de la surface du sol, l'eau jaillit naturellement. C'est l’artésianisme. Donc, si le
captage des aquifères profonds exige des sondages coûteux, leur exploitation s'effectue
souvent à faible profondeur et parfois même sans pompage, l'artésianisme produisant un
débit naturel en surface.
Comme pour les aquifères à nappe libre, l'ensemble des niveaux piézométriques permet
de tracer la surface piézométrique. Mais celle-ci, fictive, n'est pas matérialisée sur le
terrain. Elle n'indique pas la profondeur de l'eau sous la surface du sol.

20
2.4.5. Aquifère à nappe semi-captive ou à drainance

Figure 2.9 Aquifères à nappe semi-captive ou à drainance


Le toit ou le substratum (ou les deux) de l'aquifère sont souvent constitués par une
formation hydrogéologique semi-perméable. Celle-ci permet, dans certaines conditions
hydrodynamiques favorables (différences de charge) des échanges d'eau (ou de
pression) avec l'aquifère superposé ou sous-jacent, appelé drainance (Figure 2.4). Ce
phénomène implique un aquifère à nappe semi-captive.
2.4.6. Définition et mesure de la surface piézométrique
La mesure du niveau de la surface piézométrique de la nappe se fait ponctuellement à l'aide de
piézomètres. Ce sont des tubes de faibles diamètres, en plastique ou en métal, munis de nombreux
orifices, forés ou battus verticalement dans la couche aquifère (Figure 2.5).
En présence de systèmes stratifiés présentant plusieurs nappes superposées séparées
par des niveaux imperméables, les nappes profondes peuvent être étudiées à l'aide de
piézomètres dont les orifices se situent à des profondeurs adéquates.

21
Piézomètre ouvert Piézomètre fermé :
Figure 2.10 Mesure de la surface piézométrique

2.5. Eaux souterraines et construction


2.5.1. Fluctuations naturelles de la nappe
La surface piézométrique d’une nappe est directement influencée par les conditions
pluviométriques de son environnement et présente des variations permanentes qui
régulent son état d’alimentation et ses possibilités de drainage.
L’amplitude des battements varie très sensiblement suivant la nature de l’aquifère, mais
aussi d’un point à un autre de la nappe et peut se traduire par des remontées
importantes lors des périodes d’alimentation excédentaires, ou au contraire conduire à
des baisses sensibles à la suite de périodes déficitaires.
Les aménagements doivent impérativement prendre en compte ces fluctuations
naturelles, sous peine de subir des désagréments ou des dommages variables, pouvant
aller de la simple inondation par débordement de nappe à des désordres aux structures
sous l’effet des poussées hydrauliques ou, au contraire, du déjaugeage excessif des
terrains.
Caves ou sous-sols - inondés lors d’une remontée de nappe, cas est d’ailleurs très
classique dans les plaines, où coexistent un cours d’eau et sa nappe
d’accompagnement.
Aujourd’hui, avec la multiplication des sous-sols enterrés sur plusieurs niveaux en zones
urbaines, des équipements spécifiques de protection sont mis en œuvre, soit en
étanchant la totalité des parties menacées du bâtiment par un cuvelage, soit en
prévoyant des dispositifs de collecte et d’évacuation des eaux souterraines (radiers
drainants et puisards équipés de pompes).
L’effet inverse, correspondant aux baisses piézométriques anormales, peut également
favoriser la désorganisation de certains ouvrages par modification des caractéristiques
de leur sol porteur. Ce fut le cas où de nombreux bâtiments construits sur des terrains
22
argileux ont été affectés par des fissurations multiples, résultant du retrait lié à la
dessiccation du sous-sol.
2.5.2. Influence des ouvrages établis en terrain aquifère
Les infrastructures implantées dans une formation aquifère perturbent, de façon plus ou
moins durable, l’état et le régime d’écoulement de la nappe, en créant des barrages ou
des rétrécissements de sa section ou, au contraire, en accentuant son drainage.
Ces situations vont avoir des répercussions sur la conduite des travaux et demandent
des études détaillées pour résoudre les problèmes de fondation et de stabilité.
Elles peuvent également se répercuter sur l’environnement du chantier et nécessiter un
examen des impacts prévisibles et des mesures de protection à mettre en œuvre.
Lorsqu’un ouvrage est encastré dans une nappe permanente sur une longueur
représentative, ce qui est fréquemment le cas dans les zones urbaines, où l’utilisation du
sous-sol tend à s’intensifier pour y établir des niveaux enterrés (parkings en sous-sol) et
des tracés souterrains (métros).
Dans certains secteurs, la concentration d’ouvrages enterrés est telle que la nappe,
initialement libre, peut devenir captive sous les infrastructures réalisées.
Lorsque les ouvrages sont disposés transversalement à la direction d’écoulement de la
nappe, les perturbations les plus sensibles peuvent se traduire par une remontée
piézométrique amont et une baisse aval, ainsi que par une variation des directions
d’écoulement de la nappe et une augmentation de son gradient hydraulique entre les
ouvrages et à leurs extrémités.
Les conséquences les plus fréquentes sur le bâti périphérique tiennent à l’inondation de
caves ou de niveaux inférieurs à l’amont immédiat, du fait des remontées
piézométriques, ainsi qu’à des affaissements localisés résultant de l’entraînement de
fines et de la formation de renards, par accroissement des vitesses de circulation sur les
sites à fort gradient hydraulique.
Les drainages provoqués dans le cadre de grands travaux peuvent avoir des
répercussions nettement plus importantes sur leur environnement que celles des
chantiers limités par des parois étanches et donc réalisés en milieu confiné.
Leur influence peut en effet se traduire par des rabattements de plusieurs dizaines de
mètres et être ressentie sur des sites relativement éloignés, avec toutes les
conséquences résultant de telles modifications sur le régime des eaux souterraines :
 tarissement de sources, dénoyage de puits et de forages d’eau, assèchement de
lacs ou de vallons suspendus, sous l’action directe du rabattement excessif de la
nappe ;
 affaissements ou effondrements induits, en relation avec le dénoyage des terrains
et avec l’accroissement du gradient hydraulique de la nappe (entraînement de fines
et lessivage de remplissages meubles).

2.6. Cartographie de l'aquifère


2.6.1. Introduction
La cartographie de l'aquifère a pour but de représenter sa configuration, sa structure et
de schématiser les fonctions du réservoir et son comportement hydrodynamique.
Les cartes piézométriques représentent à une date donnée, la distribution spatiale des
charges et des potentiels hydrauliques.
Ces cartes permettent de déterminer les dimensions et le volume de l'aquifère par 3
types de cartes en courbes d'isovaleurs :

23
 Cartes en courbes isohypses ou d'égale altitude, figurant la morphologie de la
surface considérée, au même titre que les cartes topographiques en courbes de
niveau, représentant la surface du sol ;
 Cartes en courbes isobathes ou d'égale profondeur, par référence à la surface du
sol, situant dans le sous-sol la surface représentée ;
 Cartes en courbes isopaches ou d'égale épaisseur de l'aquifère, bases du calcul
du volume du réservoir.
Elles sont les documents de base de l'analyse et de la schématisation des fonctions
capacitives et conductrices du réservoir, et du comportement hydrodynamique de
l'aquifère. C'est la synthèse la plus importante d'une étude hydrogéologique.
2.6.2. Hydroisohypses et surface piézométrique
Les hydroisohypses (synonyme isopièze) correspondent aux courbes de même pression
hydrostatique dans le sous-sol.
 Dans le cas des nappes libres, il s’agit de courbes de même niveau d’eau dans le
sous-sol. Elles sont indiquées sous forme de courbes continues bleues sur les
cartes hydrogéologiques, les courbes sont tracées en gras. Les niveaux d’eau
sont donnés en mètres au-dessus du niveau de la mer, l’espacement des courbes
(habituellement 1 m) dépend du pendage général. Des courbes intercalées
peuvent être indiquées en pointillés dans les zones de faible pendage.
 Dans le cas de nappes captives les hydroisohypses se situent en dessus du
niveau d’eau dans le sous-sol, qui lui est contraint par une couche imperméable.
Les hydroisohypses sont alors indiqués en courbes bleues discontinues sur les
cartes hydrogéologiques. La pression peut être telle que les hydroisohypses sont
situés au-dessus du sol. L’eau sortira alors d’elle-même d’une source naturelle ou
d’un puits artificiel, les deux devant traverser la coche imperméable. Il s’agit alors
d’une source ou d’un puits artésien. Les rabattements d’une nappe suite à la
collecte de volume d’eau important dans une zone de captivité peuvent amener à
la fin de phénomène d’artésianisme suite à l’abaissement de la pression
hydrostatique au-dessus du niveau du sol – aux alentours du puits uniquement ou
de la zone de captivité en général.
La surface piézométrique correspond à une coupe à travers une surface
d’hydroisohypses. Pour obtenir la surface piézométrique il suffit de relier les
hydroisohypses correspondant à une série de points dans la coupe.
2.6.3. Cartes hydrogéologiques : symboles importants
Les indications concernant l’eau (hydroisofypses, sources, cours d’eau superficiel et
plans d’eau, limite de captivité) sont données en bleu.
Les effets de l’activité humaine (zone de dépression due à des pompages) ainsi que les
constructions particulières (puits, canaux d’irrigation) sont reportés en rouge.
Les cartes représentent également les formations hydrogéologiquement importantes. La
carte présente les formations en surface, les contours géologiques correspondent aux
contacts géologiques de différentes formations. Les formations imperméables (argiles,
éventuellement limons) sont indiquées par un remplissage d’une couleur choisie, les
formations perméables sont indiquées en pointillé (sable), brique (souvent formations
calcaires perméables) ou autre.
Les niveaux du toit et du substratum imperméable peuvent être donnés en cas de
connaissance et d’intérêt sous forme de courbes de niveaux. On peut trouver jusqu’à 4
types de courbes de niveaux différentes (dans l’ordre de profondeur du substratum
imperméable :
 courbes de niveau du substratum imperméable ;

24
 hydroisohypses ;
 toit de l’aquifère s’il y a des formations imperméables ;
 indications topographiques
2.6.4. Sens d’écoulement de la nappe
Axe de drainage (écoulement Ecoulement uniforme Axe de partage des
convergent) (direction constante de écoulements
l’écoulement) (écoulement divergent)

Les lignes de courant indiquent le sens d’écoulement général de la nappe, qui se fait de
l’amont (fort potentiel hydraulique) vers l’aval (faible potentiel hydraulique). Le tracé des
lignes de courant permet également d’identifier deux axes principaux de la surface
piézométrique :
 l’axe de drainage : c’est un axe de convergence des lignes de courant ; il
matérialise un secteur d’écoulement privilégié de la nappe (secteur riche en eau).
 L’axe de partage des écoulements souterrains : c’est un axe à partir duquel les
lignes de courant divergent ; il matérialise un secteur défavorable de la nappe. Cet
axe constitue aussi une limite d’un sous bassin hydrogéologique.
2.6.5. Construction de cartes hydroisohypses
2.6.5.1. Principe
Les hydroisohypses indiquées sur les cartes sont obtenues par interpolation des points
discrets.
A partir de 3 données piézométriques provenant de différents endroits on peut procéder
à la construction d’hydroisohypses par la méthode d’interpolation des triangles. Les
points sont reliés entre eux. Les valeurs piézométriques sont associées aux 3 extrémités,
on obtient par interpolation entre 2 points les valeurs intermédiaires qu’on reporte sur les
bases du triangle.
On obtient finalement une carte isopièze en reliant des points de plusieurs triangles
avoisinants (Figure 2.6). Il y a nécessité de lisage qui peut être pris en compte par des
outils informatiques ou par procédé manuel.

25
Figure 2.11 Construction de courbes hydroisohypses
Les prédictions d’écoulements (pompage, risque de pollution, …) basées sur des
courbes isopièze doivent être accompagnées d’une discussion critique des
hydroisohypses reportés sur la carte (fiabilité de ces courbes en fonction de la densité
des nœuds disponibles lors de la réalisation de la carte etc.).
2.6.5.2. Mesure des niveaux piézométriques
Elles doivent être effectuées avec des piézomètres dans des conditions de stabilisation
et pour l'ensemble de la région cartographiée au cours d'une période la plus courte
possible.
En effet ce document a une valeur de référence à une date donnée. En cas de variations
importantes au cours de la campagne de relevés, il faut effectuer des corrections en
rapportant les résultats à une cote de référence d'un (ou de plusieurs) ouvrage
représentatif en observation continue.
2.6.5.3. Report des niveaux piézométriques
Les points d'eau, affectés de leur code de référence et de leur niveau piézométrique,
sont reportés sur une carte topographique en courbes de niveau à grande échelle, en
général à 1/50.000. L'échelle de la carte est choisie en tenant compte de la densité des
points de mesure et des fonds topographiques existants. La priorité est donnée à la
précision du nivellement. La date, à laquelle ont été effectuées les mesures, est portée
sur la carte.
Pour les cartes à petites échelles ou poursuivant des objectifs particuliers, comme
l'évaluation de la réserve, les données moyennes sont retenues.
2.6.5.4. Tracé des courbes hydroisohypses
La surface piézométrique est, comme la surface du sol, représentée par des courbes
d'égale altitude de niveau d'eau, soit d'égal niveau piézométrique, dites courbes
hydroisohypses. Le dessin de ces courbes comporte successivement le choix de leur
équidistance et la technique de leur tracé.
Choix de l'équidistance des courbes hydroisohypses :
 L'équidistance des courbes hydroisohypses est la distance constante entre des
plans horizontaux d'égal niveau piézométrique.
 Elle dépend de la précision et de la densité des mesures, des valeurs du gradient
hydraulique, et de l'échelle de la carte. En général, elle est de l'ordre du mètre (0,5,
1 ou 2m) pour les cartes à 1/1.000 et 1/20.000 ; de 5 ou 10m pour celles à 1/50.000
et 1/100.000.
Tracé des courbes hydroisohypses :
 Il est effectué par différentes méthodes d'interpolation, adaptés à la précision et à la
densité des données disponibles.

26
 L'interpolation approximative est effectuée par une méthode visuelle. Dans la
plupart des cas, cette méthode donne des résultats satisfaisant mais elle doit être
utilisée avec prudence.
 La méthode d'interpolation du triangle se réalise en groupant par 3 les données.
Les côtés du triangle sont tracés et divisés en segments proportionnels. Les
courbes hydroisohypses sont obtenues en joignant, par des segments de droite, les
points d'égal niveau. Cette méthode donne d'excellents résultats lorsque les points
de mesure sont suffisants.
2.6.5.5. Interprétation des cartes piézométriques
L'interprétation des cartes piézométriques, appuyée sur les cartes structurales du
réservoir, aboutit à 5 opérations :
 Analyse morphologique de la surface piézométrique, par traçage des lignes de
courant et des axes principaux de flux ;
 Etude de la structure de l'aquifère. Anomalies structurales du réservoir. Distribution
spatiale des paramètres hydrodynamiques ;
 Etude des fonctions du réservoir : distribution spatiale des stocks d'eau et régime
de l'écoulement de l'eau souterraine ;
 Etude du comportement hydrodynamique de l'aquifère : débits imposés entrants et
sortants, potentiels imposés ;
 Analyse des fluctuations de la surface piézométrique des aquifères à nappe libre.
Prévision de l'évolution des niveaux piézométriques.
L'interprétation globale des cartes structurales et piézométriques aboutit à l'identification
des zones privilégiées pour l'implantation des stations d'essais et des ouvrages de
captages (Figure 2.7). Elle contribue également à la prescription des mesures de
protection de la qualité des eaux souterraines captées pour l'alimentation humaine.

Figure 2.12 Interprétation de carte piézométrique

27
Chapitre 3. Processus géologiques et géotechniques

3.1. Introduction
Processus – enchaînement d’actions d’origine naturelle ou anthropique et aboutissant à
un résultat.
Processus géologiques – processus naturels se déroulant à la surface ou en profondeur
de la Terre et changeant sa structure et sa composition : séisme, volcanisme,
karstification, affaissement, mouvements de terrain, érosion.
Processus géotechniques – processus géologiques contemporains mais résultant des
activités anthropiques dans lesquels on étudie comment les processus influencent les
ouvrages in
Dans le cadre de cet EC nous allons nous limiter sur les processus suivants :
 les séismes,
 l’érosion ;
 les.

3.2. Séismes
3.2.1. Définition
Séisme ou tremblement de terre :
3.2.2. Causes des séismes
Les principales causes des séismes sont :
 Origine tectonique : les ébranlements viennent du jeu brutal des failles actives à la
verticale des plans de subduction, dans les chaînes de montagne actives ou encore
le long des failles de cisaillement.
 Origine volcanique : les ébranlements proviennent principalement des chocs
mécaniques à la montée des magmas, de l'explosion de bouchons colmatant la
cheminée, de brusques débourrages de gaz, etc., … mais plus tardivement de la
formation de caldera (dépression de grande taille) par l'affaissement d'une partie
d'un cône, ou par l'effondrement du toit de la chambre magmatique.
 Explosions nucléaires souterraines : pratique aujourd'hui plus appliquée
 Barrages : la mise en eau de la retenue induit une augmentation importante des
charges hydrauliques dans les fissures, accentuant ainsi leur ouverture et diminuant
leur résistance au cisaillement.
 Drainage par les ouvrages souterrains ou des puits profonds : drainage de
l'eau souterraine lors de l’exécution des tunnels entrainant l’abaissement de la
pression hydrostatique dans les fissures pouvant causer des ruptures locales avec
de faibles ébranlements.
 Effondrement de toits de cavités : cavités naturelles creusées par dissolution de
la roche (zone karstique), affaissement des zones minières qui peuvent conduire à
des modifications topographiques majeures.
Les séismes qui touchent de grandes zones de la planète sont d'origine tectonique ou
volcanique, les autres, bien moins énergétiques, sont souvent d'origine artificielle.

28
3.2.3. Échelles de quantification des séismes
3.2.3.1. Échelle d'intensité (MSK)
Son avantage est d'être très parlante en ce qui concerne la perception des effets des
tremblements de terre sur l'environnement construit. Sur le plan scientifique, elle souffre
de plusieurs désavantages :
 elle reste qualitative,
 elle n'est pas applicable dans les régions non bâties,
 elle ne prend pas en compte les différences de qualité de construction
Afin de corriger ces défauts, cette échelle qui comporte 12 degrés a été affinée en
Europe. L'intensité est définie sur la base des effets sur les humains, les objets, la
nature, les dommages aux bâtiments pour différents types de constructions.
3.2.3.2. Échelle des magnitudes -> Richter
Définition plus objective des séismes -> quantification de leur énergie émise. Il existe un
large réseau de sismographes tout autour de la Terre. Par sa relation logarithmique avec
l'amplitude, la magnitude n'est sensible qu'à ses variations relatives : une magnitude 6
présente des amplitudes dix fois supérieures à celles d'une magnitude 5; une magnitude
7, cent fois supérieures.
Dans la relation magnitude-énergie, les deux tiers de l'énergie d'un séisme dont dissipés
sous forme thermique et ce n'est finalement qu'un tiers de l'énergie qui agit
mécaniquement.
3.2.4. Réponse locale à la sismicité
Le sous-sol réagit de façons diverses selon les endroits aux vibrations qui lui proviennent
de la profondeur ; il peut aussi présenter des comportements surprenants => effet de
site.
Pour une même impulsion sismique régionale, deux terrains de composition distincte
donnent généralement des réponses vibratoires différentes. De plus, deux terrains de
composition identique recevant le même signal peuvent donner des réponses
dissemblables en fonction de la structure du sous-sol et de la topographie. Le milieu agit
sur le signal vibratoire émis par le foyer sismique et peut sensiblement modifier trois
facteurs importants de la vibration : l'amplification, la durée et la répartition fréquentielle.
A part le facteur topographique (reliefs -> amplification des séismes), les facteurs
dominants sont de nature géologique, hydrogéologique et géotechnique. Ils peuvent
générer des concentrations d'échos sismiques qui amplifient les vibrations ou qui les font
durer plus longtemps. On identifie pour la couverture quaternaire les facteurs suivants :
le type de terrain meuble et sa composition, sa compacité, son épaisseur, les variations
latérales d'épaisseur et la profondeur de la zone saturée. Dans le cas du substrat
rocheux agissent sur la dureté, la teneur en argile, la distance à un accident tectonique et
les contacts géologiques subverticaux. Ces phénomènes sont très complexes en raison
des nombreux paramètres qui interagissent. Ces facteurs doivent être pondérés selon
leur contribution à l'effet de site pour procéder au microzonage, opération de
cartographie locale qui représente les différents effets de site dans une région donnée.
3.2.5. Effets secondaires
Les effets secondaires sont les processus non sismiques qui sont initiés ou amplifiés par
les vibrations du terrain. On peut citer notamment les glissements de terrain et les
éboulements dans les versants ainsi que la liquéfaction du sous-sol -> deux phénomènes
différents : liquéfaction des sables fins et thixotropie.

29
3.2.5.1. Liquéfaction des sables fins
Les alluvions non consolidées de la fraction détritique comprise entre 0.05 et 1 mm se
liquéfient sous certains éboulements, à condition qu'elles soient de texture lâche et
qu'elles soient saturées en eau (comme les sables mouvants). La cause provient de
l'augmentation de la pression interstitielle entre les grains par l'énergie mécanique
apportée par la vibration. Lorsque la valeur de la pression dépasse la valeur de repos, la
contrainte effective qui correspond à la contrainte d'appui grains sur grains diminue. En
raison de la faible perméabilité de ces terrains, la suppression engendrée par l'onde
n'arrive pas à se relâcher rapidement -> chute de la résistance au cisaillement qui est
directement corrélé au frottement inter-grains -> équilibre statique détruit et la
liquéfaction provoque la rupture.
3.2.5.2. Thixotropie des argiles
Thixotropie = propriété qu'ont certains matériaux de se comporter comme des solides à
l'état statique et comme des liquides à l'état dynamique, phénomène réversible. Les
terrains argileux lient leurs particules de phyllosilicates selon une architecture
d'agrégation tout à fait particulière -> les vibrations agissent ici en détruisant cette
structure -> comportement fluide du terrain. La suppression hydrostatique agit aussi et
elle est très durable en raison de la perméabilité extrêmement basse. L'état fluide peut
ainsi durer très longtemps -> graves conséquences sur les coulées boueuses
engendrées par cette instabilité.
3.2.6. Dégâts causés par les séismes
Certains séismes sont suffisamment intenses et violents pour endommager voire détruire
des ouvrages inadaptés à les subir. Quelle que soit la magnitude du séisme, ses
vibrations ne sont dangereuses par elles-mêmes ; les dangers sismiques directs
résultent essentiellement des effets secondaires. Après un fort séisme, on constate
toujours qu’au même endroit les ouvrages sont plus ou moins affectés, fissuration,
inclinaison, effondrement…, selon la qualité de leur construction, système de fondation,
rigidité…, et qu’à qualités égales, les ouvrages sont plus ou moins affectés selon l’endroit
où ils sont implantés.
Eviter de construire sur les failles actives si elles sont connues, sur les matériaux
meubles qui tassent et peuvent même se liquéfier, sur les versants peu stables qui
peuvent se glisser… est une règle parasismique fondamentale rarement respectée. Sur
des matériaux meubles, il est préférable de fonder en profondeur, si possible sur le
substratum, car les vibrations les plus nocives sont celles de surface elles s’amortissent
rapidement en profondeur, et elles affectent moins les matériaux compacts. Les
conditions du site sont en fait déterminantes en construction parasismique ; cela devrait
conduire à réaliser systématiquement comme actes de prévention parasismique le
microzonage sismique des sites construits ou à aménager
Les bâtiments les plus dangereux sont ceux faits d'une succession de dalles fixées
sommairement à des poutres verticales. Les vibrations du sol sont transmises aux
poutres qui se mettent à s'écarter dans les ventres de déformation. Les dalles se
décrochent et s'empilent les unes sur les autres, écrasant les habitants.
Le dimensionnement parasismique des structures doit d'abord prendre en compte le
danger sismique d'une région et ensuite considérer les éventuels effets de site en
intégrant les données du microzonage.
Lorsque le terrain se liquéfie, la fondation dépasse la résistance au poinçonnement et le
bâtiment s'enfonce et peut se renverser.

30
Lorsqu'un séisme réactive des failles qui arrivent jusqu'en surface, on voit des
modifications topographiques spectaculaires. Les séismes sont parfois l'élément
déclencheur d'un glissement de terrain ou d'un éboulement.
3.2.7. Prévention
Elle repose sur les planifications suivantes :
 installation d'un réseau sismologique dense dans les régions à risque élevé,
 bonne connaissance des terrains formant le territoire (cartographie géologique
systématique),
 confection et mise à jour de cartes de probabilités à échelle régionale, tenant
compte des effets de site (cartes de microzonage sismique),
 observation détaillée des failles actives,
 mise en place d'un réseau de dépistage de signes avant-coureurs connecté avec
un réseau d'alerte.
En ce qui concerne le Génie Civil, la prévention implique un mode de construction
parasismique dans les régions à forte probabilité -> renforcement des structures,
fondations sur pieux, ...
On pourrait aussi agir sur la résistance au cisaillement d'une faille qui est source de
séismes.
3.2.8. Séismes et la réponse des constructions
Lors d’un séisme, c’est le sol qui est moteur. Les sollicitations mécaniques que le séisme
engendre sont diverses et il est certain qu’une bonne connaissance de son action
permettrait de mieux construire. Les séismes se manifestent à la surface du sol par un
mouvement de va-et-vient. Le mouvement est caractérisé par le déplacement et
l’accélération du sol. Les constructions sont liées au sol au moins par leurs fondations,
éventuellement par leurs parties enterrées (sous-sol). Les éléments de construction
solidaires du sol suivent ces déplacements ; du fait de leur masse, par inertie les parties
présentes en élévation ne suivent pas instantanément le mouvement et il s’ensuit une
déformation de la structure.
Si les constructions ont été conçues et réalisées suivant les règles de l’art en zone
sismique, elles passeront par leur position initiale et se mettront à osciller. Au cours du
mouvement, le bâtiment parasismique doit réagir dans un temps très court (quelques
dizaines de secondes) sans dommage majeur. La rupture survient si le bâtiment n’a pas
été conçu pour résister à ces mouvements.
Pour bien comprendre les effets d’un tremblement de terre sur les constructions nous
allons analyser, à partir d’exemples simples, la façon dont réagissent les structures aux
oscillations sismiques et les situations à risque qui leurs sont liées.
La figure 6 indique schématiquement comment réagit une construction (composée ici de
2 planchers) aux oscillations verticales, aux oscillations horizontales qui sont les plus
destructrices.
Dans ce contexte nous allons dans la suite limiter notre analyse aux effets des
oscillations horizontales en simplifiant la construction à un seul plancher.

31
Figure 4.13 Réponse des constructions aux actions horizontales et verticales des tremblements de
terre
3.2.9. Conception parasismique des ouvrages
Voici quelques principes :
1) Implantation des ouvrages
 Voisinage des failles :
 Éviter les constructions d'ouvrages dans le voisinage de failles reconnues
actives.
 Topographie :
 Amplification des mouvements sismiques ;
 Sites en pente, zones d'éboulis, rebords de falaise ;
 Zones suspectes de liquéfaction.
2) Sols et fondations :
 Fondations homogènes
 Pas de construction à cheval sur deux formations géologiques de propriétés
mécaniques différentes ;
 Éviter d'associer pour un même ouvrage deux types de fondations différents
sinon, scinder l'ouvrage en 2 unités indépendantes exemple : pieux et semelles
isolées.
 Choix de l'assise :
 Rechercher les couches profondes stables et résistantes ;
 Éviter les sols déformables (meubles) déplacements différentiels plus importants.

32
3.3. Erosion
C'est la destruction des reliefs qui ont été créés par les différents processus géologiques.
Cette érosion comprend l'altération in situ du matériel géologique, la désolidarisation
d'une partie de ce matériel, son enlèvement et son transport.
Altération des roches = préparation à l'érosion : désagrégation mécanique puis chimique
des roches.
Effet – désagréger et décomposer les roches, les préparant à l’ablation.
Principaux agents – eau par imbibition, lessivage et l’air par variation thermique.
Frappe aussi bien que les roches en place que les matériaux de construction rocheux.
Processus et résultats :
Roches magmatiques et métamorphiques (à l’exception du quartz) plus altérables que
roches sédimentaires car leurs minéraux formés en profondeur sous des pressions et
températures élevées ne sont pas adaptés à celles qui règnent en surface.
Roches de même nature sont d’autant plus altérables qu’elles sont plus fissurées ou
poreuses.
Actions mécaniques :
Disparition des liaisons entre les cristaux puis dilatation de leurs pores par l’ouverture de
leurs fissures éventuelles – joints, diaclases.

33
Effets agrandissant les pores et fissures :
 variation de la teneur en eau d’un matériau argileux qui gonfle et rétracte,
 racines des végétaux qui agrandissent les fissures déjà ouvertes.
Les effets permanents agrandissent les pores et fissures, ceci facilite la pénétration de
l’eau et de l’air dans la roche, augmente leur surface de contact et accélère le processus.
Mais ce dernier peut aussi être ralenti voire arrêté par l’imperméabilisation de la surface
et/ou colmatage des vides si les débris rocheux et argileux qui s’y forment ne sont pas
lessivés.
L’imperméabilisation de la surface des talus, parois de galeries, façades d’ouvrages… et
le colmatage artificiel des vides des roches en place ou moellons sont des actions qui
ralentissent ou même arrêtent l’altération puis l’érosion ; le drainage au contraire une
action qui l’accélère.
Actions physico-chimiques
Elles ne sont possibles qu’à la suite de la désagrégation des roches.et sont d’autant plus
efficaces que la désagrégation est plus avancée.
Elles affectent essentiellement les roches magmatiques et métamorphiques.

3.4. Mouvements de terrain


3.4.1. Introduction
Les mouvements de terrain correspondent à des processus naturels qui participent
largement, au même titre que l’érosion, au façonnement et à l’évolution des paysages.
Bien dit, les mouvements de terrain sont les manifestations du déplacement gravitaire
des masses de terrain déstabilisées sous l'effet de sollicitations naturelles (fonte des
neiges, pluviométrie anormalement forte, séisme, etc.) ou anthropiques (terrassement,
vibration, déboisement, exploitation de matériaux ou de nappes aquifères, etc.). Ils
recouvrent des formes très diverses qui résultent de la multiplicité des mécanismes
initiateurs (érosion, dissolution, déformation et rupture sous charge statique ou
dynamique), eux-mêmes liés à la complexité des comportements géotechniques des
matériaux sollicités et des conditions de gisement (structure géologique, géométrie des
réseaux de fractures, caractéristiques des nappes aquifères, etc.).
Ils peuvent générer des risques importants pour l’homme et ses aménagements.
Les facteurs qui régissent ces phénomènes sont généralement multiples, mais deux
d’entre eux jouent un rôle primordial sur le mécanisme de déstabilisation :
 la pesanteur, qui conduit également à les qualifier de mouvements gravitaires ;
 l’eau, qui agit souvent comme déclencheur de l’instabilité.
Les interventions de l’homme peuvent aussi aggraver la situation dans des sites
sensibles ou générer de véritables instabilités d’origine anthropique à l’occasion
d’aménagements inadaptés, ayant le plus souvent mal pris en compte les diverses
composantes du milieu naturel.
Les mouvements les plus fréquents peuvent être regroupés dans les familles suivantes :
 les ravinements, qui entaillent plus ou moins profondément les versants sous l’effet
des écoulements d’eau superficielle ;
 les écroulements et éboulements, qui affectent préférentiellement les massifs
rocheux ;
 les glissements, qui façonnent les versants meubles ;
 les affaissements et effondrements, qui résultent de la dissolution de roches
solubles ou de l’entraînement de matériaux fins à la faveur de circulations
souterraines.

34
Seuls les deux derniers types de mouvements sont examinés dans la suite, en raison du
rôle prépondérant joué par les eaux souterraines sur leur genèse et leur évolution.
3.4.2. Glissements
3.4.2.1. Caractéristiques et particularités des glissements
Il s’agit de mouvements de masse qui mobilisent des volumes variables, pouvant aller de
quelques m3 (glissements élémentaires) à plusieurs millions de m3 (glissements de
versant). Ils affectent généralement des terrains plastiques et granulaires, mais les
glissements de grande ampleur peuvent aussi concerner des versants rocheux
déconsolidés ou broyés.
Il existe deux types principaux de glissement, caractérisés par la géométrie de leur
surface de rupture (ou surface de cisaillement) :
 les glissements plans, dont la rupture s’effectue par simple translation le long d’une
surface plane. Celle-ci correspond généralement à une discontinuité naturelle : joint
de stratification, rupture tectonique (diaclase, faille) ou contact incliné entre deux
formations distinctes (couverture superficielle sur substrat rocheux, par exemple) ;
 les glissements circulaires, qui se développent à la faveur d’une rotation sur une
surface courbe et peuvent affecter des horizons relativement profonds.
Les vitesses d’évolution de ces processus sont généralement assez faibles, de quelques
millimètres à quelques centimètres par jour, et dépassent rarement quelques mètres par
jour, mais leur progression peut se poursuivre sur de longues périodes, marquées par
des alternances de stabilisation relative et de reprise plus ou moins brutale, également
par des régressions vers l’amont.
Lorsque la phase liquide devient prépondérante, certains glissements peuvent alors
évoluer en véritables coulées boueuses, caractérisées par une dynamique rapide et par
une propagation importante. Il s’agit de phénomènes très destructeurs.
3.4.2.2. Causes des glissements
Les facteurs qui conditionnent la stabilité des pentes sont multiples (géologie,
topographie, climatologie, hydrologie, état de désagrégation des roches) et il est souvent
très difficile d’identifier avec rigueur les causes d’un glissement de terrain. C’est
généralement la combinaison complexe d’un ensemble de facteurs qui conduit à la
rupture, mais son déclenchement résulte, dans la majorité des cas, d’une action sur la
géométrie des talus et du rôle de l’eau.
L’équilibre des pentes naturelles varie sensiblement en fonction des caractéristiques des
roches constitutives et peut évoluer dans le temps sous l’effet de leur altération et de
l’action de facteurs externes. Le déséquilibre peut à tout moment être atteint par la
diminution des forces résistantes, suite à la suppression d’une butée de pied.
C’est le cas classique d’un déblai important qui génère une instabilité brutale du talus
dominant, mais également des processus naturels de l’érosion qui déstabilisent
lentement le pied d’un versant (sape basale par la mer ou par un cours d’eau, fonte d’un
glacier). Le déséquilibre peut aussi résulter de la création d’une surcharge ponctuelle qui
accroît les forces motrices (mise en place d’un remblai sur versant, par exemple).
Le rôle de l’eau est toujours très important, même s’il n’est pas unique, et il existe une
très bonne corrélation entre le déclenchement des glissements et les intensités
pluviométriques. L’accumulation d’eau dans un versant sensible, soit par infiltration
directe ou rapprochée, soit par apports souterrains de provenance plus lointaine, influe
directement sur les caractéristiques du matériau constitutif, en minorant sa résistance au
cisaillement par augmentation de la pression interstitielle et diminution de sa cohésion.
Ces effets peuvent se manifester sur l’ensemble d’un site menacé et s’y traduire par des
amplitudes marquées du toit de la nappe souterraine, avec des crises d’instabilité
35
souvent en phase avec les remontées piézométriques. Ils peuvent aussi ne concerner
que certaines passées perméables au sein d’une formation imperméable ou un horizon
aquifère profond susceptible de se mettre en charge sous des formations imperméables.
De telles sous-pressions permanentes ou épisodiques facilitent le déclenchement des
ruptures.
3.4.2.3. Traitement des glissements
Les glissements de terrain étant essentiellement déclenchés par des facteurs d’ordre
gravitaire et hydraulique, il est normal que les techniques de stabilisation agissent
préférentiellement sur la géométrie et les masses ainsi que sur le drainage.
L’action sur la géométrie et les masses tend à restituer un profil d’équilibre aux zones
instables, soit par terrassement (substitution des masses glissées par des matériaux
frottants, butée de pied, déchargements de tête), soit par un soutènement de pied à
l’aide d’ouvrages divers (murs poids, ouvrages ancrés, clouages).
L’eau joue un rôle primordial dans tous les phénomènes de glissement et son élimination
doit rester un objectif absolu pour tendre vers la stabilisation. C’est pourquoi le drainage
est utilisé presque systématiquement pour enrayer les glissements, soit comme méthode
principale, soit en accompagnement d’une autre mesure stabilisatrice. Son but est de
réduire les pressions d’eau interstitielle régnant dans le terrain, afin d’y augmenter la
résistance au cisaillement et donc le coefficient de sécurité vis-à-vis de ruptures
potentielles ou déclarées. Il est également nécessaire de maintenir ces pressions au-
dessous d’un seuil jugé critique pour garantir la sécurité ultérieure du site. Une étude
hydrogéologique très complète est alors indispensable pour concevoir un dispositif de
drainage adapté.
L’élaboration du projet nécessite, en particulier, une bonne connaissance de la nature
des aquifères concernés, de leur extension et de leurs éventuels échanges, ainsi que de
l’alimentation des apports d’eau qui entretiennent le mécanisme, afin d’être en mesure
de maîtriser les facteurs hydrauliques défavorables par un type de drainage adapté
(superficiel, amont, latéral, profond…). Des erreurs de conception ou de réalisation
peuvent en effet conduire à une totale inefficacité du drainage, voire même à un effet
néfaste sur la stabilité du site, à l’instar d’ailleurs d’un mauvais entretien ultérieur des
dispositifs réalisés, même s’ils sont initialement très performants. Plusieurs modalités
d’intervention peuvent être envisagées, en fonction de la profondeur des ruptures, de la
géométrie globale du glissement, de la topographie des lieux et des conditions
d’alimentation en eau : drainage de surface, tranchées drainantes, drains
subhorizontaux, drainage vertical, drainage par galerie. Le drainage définitif d’un
glissement ou d’un versant instable est généralement mis en œuvre de façon
progressive, parallèlement à la création d’un réseau de piézomètres qui permet de
contrôler son efficacité. Il est rarement figé et peut donner lieu, au cours du temps, à des
travaux complémentaires ou de reprise, en particulier lorsque le contrôle met en
évidence des inefficacités liées au manque d’entretien ou au colmatage de certains
organes drainants.
3.4.2.4. Drainage superficiel
La bonne gestion des eaux de surface joue un rôle important sur la stabilité des versants
et il est indéniable que l’abandon progressif des anciens systèmes de drainage et
d’irrigation entraîne aujourd’hui une dégradation rapide de nombreux versants, fragilisés
par une divagation anarchique des écoulements d’eau.
Dès qu’un glissement s’est déclenché, l’intervention superficielle est toujours très utile
pour tenter d’enrayer sa progression et peut donner lieu à des actions d’urgence lorsque
la protection des fonds inférieurs les justifie et que la surface concernée le permet. Le but
est alors de limiter les apports d’eau dans les fissures et dans les contre-pentes
36
(colmatage des fissures, imperméabilisations locales par des feuilles de polyane,
régalage de la surface déstructurée) et de favoriser l’exhaure des eaux accumulées sur
le site (débridage de sources, création de fossés de drainage).
Le drainage superficiel peut contribuer à un retour à l’équilibre, lorsque les ruissellements
ou les écoulements subsuperficiels issus de l’amont participent largement à l’alimentation
en eau. C’est le cas, en particulier, lorsque les fonds dominants permettent un important
ruissellement concentré vers la zone sensible, soit naturellement (large impluvium
imperméable), soit sous l’effet des actions humaines (irrigation intensive, rejet volontaire
de pluviales, ruptures et fuites de canaux d’irrigation et de réseaux enterrés).
Le drainage amont de ces apports d’eau et leur collecte latérale vers des exutoires
stables permettent fréquemment une nette amélioration de la situation.
3.4.2.5. Tranchées drainantes
Ce dispositif est fréquemment mis en œuvre lorsque l’horizon aquifère ne dépasse pas
quelques mètres de profondeur. Il consiste à terrasser des tranchées, puis à les combler
de matériau drainant propre, après mise en place d’une canalisation crépinée en partie
inférieure et en prenant soin de limiter son colmatage ultérieur (choix d’une granulométrie
respectant les règles de filtre ou interposition d’un géotextile anticontaminant). Ces
tranchées doivent offrir une pente longitudinale élevée et être raccordées à un dispositif
de collecte gravitaire.
De tels ouvrages sont parfois créés suivant les courbes de niveau pour intercepter les
écoulements souterrains issus de l’amont et les collecter latéralement, hors de la zone
sensible. Cette géométrie doit pourtant être déconseillée, en raison du risque réel de
réinjection des débits collectés dans le corps du glissement, à la faveur de fuites
résultant de reprises localisées ou d’un mauvais entretien.
Dans la majorité des cas, les tranchées drainantes sont ouvertes suivant la ligne de plus
grande pente ou structurées en épis obliques raccordés à des tranchées collectrices
implantées dans le sens de la pente. Leur objectif est de rabattre le niveau piézométrique
en recoupant le maximum d’horizons ou de lentilles aquifères.
Les tranchées peuvent avoir de grandes dimensions lorsque les enjeux le justifient et
que la profondeur du glissement le permet. Ainsi en est-il des fossés creusés au bouteur
jusqu’à la surface de cisaillement et remplis de matériau drainant. Leur profondeur peut
atteindre la dizaine de mètres et il s’agit alors de véritables contreforts encastrés sur
toute la hauteur du glissement et combinant un renforcement mécanique notable à l’effet
du drainage. Dans le même ordre d’esprit, on a parfois recours à d’autres ouvrages
mixtes établis au front du glissement pour rabattre la nappe et avoir une action
mécanique favorable : les masques drainants, implantés suivant les courbes de niveau,
ou les épis drainants, disposés suivant la ligne de plus grande pente.
3.4.2.6. Drains forés subhorizontaux
Ils sont très largement utilisés, le plus souvent en association avec d’autres modes de
confortement. Il s’agit de tubes crépinés de petit diamètre (généralement en métal ou en
PVC), installés dans des sondages faiblement remontants, sur des longueurs pouvant
atteindre ou dépasser la centaine de mètres. Leurs principaux avantages tiennent à leur
rapidité de mise en œuvre, à leur grande souplesse d’implantation et d’orientation et à
l’écoulement gravitaire des débits recueillis.
Leur pérennité n’est malheureusement pas garantie et peut se traduire par une perte
d’efficacité dans le temps :
 soit sous l’effet d’une reprise d’activité, entraînant la rupture des tubes drainants,
surtout lorsqu’ils sont en PVC, et donc des réinjections d’eau dans la masse en
mouvement ;

37
 soit sous l’effet d’un colmatage progressif des drains, en particulier lorsque les eaux
sont incrustantes et lorsque les écoulements entraînent des fines ou sont par trop
irréguliers.
Ces drains subhorizontaux sont généralement forés en faisceaux divergents depuis un
nombre réduit de chambres de travail spécialement aménagées, ce qui permet de
balayer l’ensemble de la loupe de glissement, parfois sur la base d’une succession de
faisceau altimétriquement étagés.
Lorsque la zone à drainer s’avère trop profonde ou que la topographie de surface est
trop douce, on peut être conduit à forer les drains depuis une chambre de travail
spécifique encastrée dans le terrain, à laquelle on accède par une courte galerie ou par
un puits.
3.4.2.7. Drains forés verticaux
Leur usage est moins fréquent, mais ils peuvent compléter d’autres dispositifs de
stabilisation.
Il s’agit de tubes crépinés, implantés dans des forages verticaux et destinés à injecter
l’eau de la nappe superficielle dans un réservoir aquifère profond. Cette opération
nécessite de reconnaître préalablement les exutoires de la nappe profonde et de vérifier
sa capacité d’absorption et ses variations piézométriques de pointe, pour éviter que
d’importantes mises en charge en hautes eaux ne conduisent à l’inverse de l’effet
recherché.
Lorsque l’injection profonde n’est pas possible, l’eau recueillie par le drain vertical peut
être extraite par pompage, avec l’inconvénient d’une maintenance permanente.
Le pompage est généralement assuré par des pompes immergées installées en fond de
sondage. On a parfois recours à des pompes aspirantes de surface (pointes filtrantes) ou
à des siphons non désamorçables qui garantissent une exhaure gravitaire (drains
siphons), mais ces dispositifs se limitent à des ouvrages dont la profondeur n’excède pas
10 mètres.
3.4.2.8. Galeries drainantes
Lorsque la surface de glissement est très profonde ou que la topographie des lieux ne se
prête pas à des opérations de drainage depuis la surface, celui-ci peut être réalisé à
l’aide d’une galerie dont le principal inconvénient tient à son coût élevé.
La galerie peut permettre d’obtenir un rabattement significatif de la nappe qui imbibe ou
qui menace la zone en mouvement. Son efficacité peut également être renforcée par la
création de drains subhorizontaux périphériques forés depuis le souterrain.
3.4.3. Éboulements, chutes de blocs et de pierres
3.4.3.1. Définition
Les chutes de masses rocheuses sont des mouvements rapides, discontinus et brutaux
résultant de l'action de la pesanteur et affectant des matériaux rigides et fracturés tels
que calcaires, grès, roches cristallines, ... Ces chutes se produisent par basculement,
rupture de pied, glissement banc sur banc, à partir de falaises, escarpements rocheux,
formations meubles à blocs (moraines par exemple), blocs provisoirement immobilisés
dans une pente.
Les blocs peuvent rouler et rebondir, puis se stabiliser dans une zone dite d'épandage.
La trajectoire la plus fréquente suit en général la ligne de plus grande pente, mais on
peut observer des trajectoires très obliques résultant notamment de la forme
géométrique de certains blocs (plaque roulant sur la tranche) et de petites irrégularités
du versant. Les distances parcourues sont fonction de la taille, de la forme et du volume

38
des blocs éboulés, de la pente du versant, de la nature du sol, et de la densité de la
végétation.
En ce qui concerne les éléments éboulés, on distingue (ces définitions correspondent
approximativement à celles retenues par la norme NF P 95-307) :
 les pierres, d'un volume inférieur à 1 dm3,
 les blocs, d'un volume compris entre 1 dm3 et 1 m3,
 les gros blocs, d'un volume supérieur à 1 m3.
Suivant le volume total éboulé, on distingue (ces définitions correspondent
approximativement à celles retenues par la norme NF P 95-307) :
 les chutes de pierres ou de blocs, d'un volume total inférieur à la centaine de m3,
 les éboulements en masse, d'un volume allant de quelques centaines à quelques
centaines de milliers de m3,
 les éboulements (ou écroulements) en grande masse, d'un volume supérieur au
million de m3.
Certains éboulements de grande ampleur peuvent mobiliser des volumes de matériaux
atteignant plusieurs dizaines de millions de m3 et semblent obéir à des lois de
propagation faisant intervenir des mécanismes complexes.
Ces instabilités qui affectent une partie importante du versant peuvent bouleverser le
relief de façon notable. Leurs conséquences socio-économiques sont au moins
régionales.
3.4.3.2. Conditions d'apparition
La densité, l'orientation des discontinuités, fracturation et stratification, la structure du
massif rocheux et la présence de cavités constituent des facteurs de prédisposition à
l'instabilité.
La phase de préparation, caractérisée par l'altération et l'endommagement progressifs du
matériau, et accompagnée de petites fractures difficiles à déceler, peut être longue.
Les principaux facteurs naturels déclenchant sont les pressions hydrostatiques dues à la
pluviométrie et à la fonte des neiges, l'alternance gel/dégel, la croissance de la
végétation, les secousses sismiques, l'affouillement ou le sapement du pied de la falaise.
3.4.3.3. Effets et conséquences
Étant donné la rapidité, la soudaineté et le caractère souvent imprévisible de ces
phénomènes, les instabilités rocheuses constituent des dangers pour les vies humaines,
même pour de faibles volumes (chutes de pierres).
Les chutes de blocs, et a fortiori les éboulements, peuvent causer des dommages
importants aux structures pouvant aller jusqu'à leur ruine complète, d'autant plus que
l'énergie (fonction de la masse et de la vitesse) des blocs est grande.
C'est ainsi que dans les mines souterraines on dispose beaucoup des dégâts suite à ces
instabilités des roches qui entraînent les pertes des vies humaines.
3.4.4. Effondrements et affaissements
3.4.4.1. Définition
Ce sont des mouvements gravitaires particuliers, sans composante horizontale. Ils
résultent soit d'un fléchissement de la surface, sans rupture visible, soit de la rupture
brutale du toit d'une cavité souterraine ancienne ou en cours de développement localisée
dans une roche ou dans un sol.
En surface, la descente du sol en direction du vide sous-jacent peut donc être brutale ou
non. Le mouvement commence fréquemment par un fléchissement déterminant une
dépression topographique à grand rayon de courbure, puis suivant l'importance de la

39
cavité sous-jacente, il peut y avoir rupture et apparition d'une ouverture béante soit
unique, on parle alors de fontis, soit généralisée.
3.4.4.2. Conditions d'apparitions
Hormis le cas de cavités d'origine strictement minière, deux causes naturelles peuvent
être à l'origine des vides et des mouvements qui en résultent. Il s'agit de disparition de
matière :
 soit par dissolution dans les calcaires et dans les gypses, c'est le phénomène de
karstification (ouverture d'avens...),
 soit par érosion mécanique dans les sols hétérogènes à granularité étendue comme
les alluvions, c'est le phénomène de suffosion.
3.4.4.3. Effets et conséquences
Les effondrements brutaux peuvent entraîner la ruine des constructions des murs de
soutènement dans les carrières minières plus précisément dans les mines souterraines
et causer des victimes.
En revanche, les affaissements à grand rayon de courbure, qui affectent les
constructions et les ouvrages (fissuration), présentent rarement un danger pour l'homme.
Il ne faut pas négliger les désordres provoqués par ces phénomènes sur les
canalisations enterrées (une fuite d'eau induit en outre une accélération du processus).
Dans le cas de vides peu profonds, il est impératif de bien maîtriser toutes les infiltrations
d'eau (eaux usées, eaux pluviales, eaux de drainage), qui peuvent accélérer la
dissolution ou affaiblir la résistance mécanique des matériaux.
3.4.5. Coulées, laves et lahars
Les coulées se produisent sur les versants argileux dont la couverture est mince et
fragile voire absente, au cours ou à la suite de fortes précipitations et de ruissellement
intense.
Les laves torrentielles, brouets consistants de débris de tous calibres, partent
généralement du bassin de réception de certains torrents et en dévalent rapidement le lit.
Très abrasives et douées d’une grande énergie cinétique, elles modifient ce dernier
radicalement par ravinement et puis sédimentation ; elles s’étalent en alimentant parfois
de vastes et épais cônes de déjection.
On ne peut intervenir que par reboisement du versant et par aménagement des lits,
recalibrage, rectification, digues, barrages, canalisation.
Les lahars volcaniques sont des cas particuliers des laves torrentielles ; ils se produisent
sur des cônes de pyroclastites, souvent pendant l’éruption parce que l’accumulation
devient rapidement instable, car le volcan produit beaucoup de vapeur d’eau qui, jointe à
l’eau atmosphérique, se condense en précipitations particulièrement violentes. Ils
peuvent aussi résulter de la fonte du glacier du cratère, quand il y en a.

40
Chapitre 4. Géologie du BTP

4.1. Introduction
L’exploitation et l’aménagement du sol et du sous-sol sont des opérations partout
exercées depuis la nuit des temps et impliquant des connaissances géologiques.

4.2. Etude géologique du BTP


4.2.1. But et étapes
Buts de l’étude géologique :
 Faire l’inventaire de ce qui est pour essayer de comprendre et de prévoir ce qui
sera ;
 Recueillir et exploiter rationnellement les données naturelles ;
 Construire le modèle géologique du site pour résoudre les problèmes
géotechniques posés par le projet ;
 Adapter l’ouvrage à ces données.
3 étapes d’études couvrent plus particulièrement la géologie :
 Faisabilité ;
 Avant-Projet Sommaire (APS) ;
 Avant-Projet Détaillé (APD).
4.2.2. Cadre général de
l’étude (Faisabilité) :
Cette étape de faisabilité permet de placer ce site dans son cadre géologique général en
vue de :
 évaluer les caractères qualitatifs ou semi-quantitatifs du site ;
 organiser au mieux les étapes suivantes de l’étude.
Exemples :
 observations des versants d’une vallée - renseigner sur la stabilité et souvent sur la
nature et la profondeur du substratum ;
 observations de points d’eau (puits, sources, …) – existence d’une nappe aquifère
dans le sous-sol du site.
4.2.3. Etude générale du site
(APS) :
Etape APS – étude générale du site et de ses abords pour en définir les caractères
géotechniques principaux et esquisser les grandes lignes de l’adaptation du projet du
site.
On bâtit le modèle structural du site à partir de :
 l’observation de terrain ;
 la télédétection ;
 la géophysique et sondages rapides.
On concrétise le site par des plans et coupes géotechniques schématiques à petite
échelle (1/20.000 à 1/5.000).
On justifie l’aptitude du site à héberger le projet et on définit les principes généraux
d’adoption.
Limites immédiates du site – à peu près celles de l’emprise de l’aménagement ou de
l’ouvrage.
Limites étendues du site :
41
 celles jusqu’où les phénomènes induits pour leur réalisation ne devraient être
sensibles ou mesurables ;
 celles jusqu’où des phénomènes naturels dangereux seraient à redouter (versants
et/ou falaise amont instable, inondations, …).
4.2.4. Etude détaillée du site
(APD) :
Etape APD – étude détaillée du site et de chacun de ses secteurs.
Y localiser et décrire les zones dans lesquelles les travaux de construction
(terrassement, fondation, drainage, …) sont analogues et les caractéristiques techniques
des matériaux à mettre en œuvre.
Le maitre d’œuvre pourra ainsi arrêter les implantations des ouvrages, les méthodes
d’exécution des terrassements généraux, les niveaux des plates-formes. Ceux des sous-
sols éventuels, les types, niveaux et contraintes admissibles des fondations ainsi que les
caractéristiques générales de toutes les parties d’ouvrage en relation avec le sous-sol
pour adapter au mieux son projet aux particularités du sol et pour préciser le coût
d’objectif de son adaptation.
Au moyen de compléments de géologie (terrain, télédétection) et de sondages et essais
mécaniques, on construit le modèle géotechnique d’un secteur ou site, traduit en cartes
et profils dressés et présentés à une échelle adaptée à l’étude technique du projet
(1/1.000 au 1/100).

4.3. Moyens de la géologie du BTP


4.3.1. Introduction
Ce sont les moyens de la géologie générale (levés de terrain, photogrammétrie,
géophysique, sondages, …) adaptés aux exigences particulières de la géotechnique
pour le recueil de données locales choisies :
 nature et répartition de la couverture ;
 nature, structure et profondeur du substratum, …
Mais on ne les utilise pas dans le même but :
 celui du géologue est de déterminer et décrire la structure du sous-sol réduit au
substratum du site qu’il étudie ; la carte géologique qu’il établit est un moyen de
repérage, un support d’enseignement et un document de synthèse de toutes les
données qu’il recueille ;
 pour un géologue du BTP ou géotechnicien, cette carte sera le moyen de connaitre
le cadre de celle qu’il va devoir lever à plus grande échelle pour l’étude spécifique
du site dans lequel on envisage de construire un ouvrage.
4.3.2. Documentation
4.3.2.1. Cartes et plans topographiques
A Madagascar les cartes topographiques sont établies et éditées par la FTM.
Les cartes et coupes topographiques sont des documents géométriques, modèles de la
surface d’un site à une échelle adaptée aux préoccupations de ceux qui les ont établis et
de ceux qui les utilisent.
Sur tous ces documents, la planimétrie et l’hydrographie sont figurés par des signes
conventionnels décrits dans une légende ; l’orographie (disposition et description du
relief) est figurée par des points côtés, des courbes de niveau altimétrique.
Les cartes et coupes topographiques ont un rôle direct très utile : les formes du relief et
des modelés, les cours d’eau y sont dessinés, les directions des pentes et leurs valeurs y
sont mesurables.
42
4.3.2.2. Cartes géologiques
Une carte géologique est une carte topographique choisie comme fond de plan à une
échelle adaptée du territoire figurée, sur laquelle sont représentées les aires d’extension
des formations et les structures géologiques au moyen de couleurs, sigles et signes
conventionnels décrits dans sa légende.
A chaque carte est associée une notice qui comporte la description de chaque formation
(formation, épaisseur, …) représentée dans l’ordre stratigraphique et/ou lithologique.
Carte et notice sont complémentaires ; il faut toujours consulter la notice pour mieux
comprendre et interpréter la carte.
4.3.3. La télédétection
C’est l’étude des photographies terrestres, aériens et satellitaires. En géotechnique, elle
est indispensable pour les études de tracés linéaires (routes et autoroutes, voies ferrées,
grandes conduites, …) de grands ouvrages (barrages hydrauliques, …), d’hydraulique
souterraine, de mouvements de terrain… ; elle est utile pour celles de petits ouvrages,
même de bâtiments urbains, pour en fixer le cadre général.
4.3.4. La géologie de terrain
Parcourir à pied un site d’étude et ses environs, y observer directement les
affleurements, les modelés…, les dessiner, les photographier est le moyen le plus sûr et
le plus rapide d’en connaitre presque toutes les particularités géologiques.
La carte géologique de terrain est le document de base de toute étude géotechnique,
quelles que soient les dimensions du site et le type d’ouvrage. Elle doit être levée
spécifiquement à l’échelle du fond du plan de l’étape de l’étude du projet, selon la nature
et les dimensions de l’ouvrage :
 1 : 25.000 à 1 : 5.000 pour l’APS ;
 1 : 1.000 à 1 : 200 pour l’APD.
Au départ, la zone levée doit largement déborder l’emprise de l’ouvrage pour lui donner
un cadre, compléter les structures plus étendues dont on ne voit que des parties et pour
couvrir les emprises d’éventuelles variantes.
Sur le terrain, on observe la morphologie et l’hydrographie, on repère les affleurements
naturels ou dégagés par des travaux et ouvrages de terrassement, carrières, tranchées,
talus… ; on note leurs faciès, on mesure leurs pendages et on recueille des échantillons ;
sur un talus, on mesure l’épaisseur d’une strate et/ou de la couverture ; on photographie
le site et les affleurements…
Au bureau, on groupe les échantillons qui, sans être identiques, ont à peu près le même
faciès et donc appartiennent en principe à la même formation ; par référence à celle de la
carte géologique, on établit ainsi la série lithologique et/ou stratégique du site en
distinguant les faciès les plus faciles à reconnaitre et ceux qui présentent des
particularités géologiques et/ou géotechniques intéressantes.
On trace ensuite les contours apparents des zones des formations de même faciès
d’après les sols, la morphologie, la végétation…car il est rare qu’un contact lithologique
ou structural et à fortiori une structure complète puissent être suivis ou même seulement
observés ; chaque formation est figurée par une couleur et un indice.
On complète et on précise ces tracés en utilisant les photographies terrestres et
aériennes stéréoscopiques ; on vérifie l’ensemble en trois dimensions en établissant des
coupes en série, perpendiculaires à la direction structurale, et on corrige éventuellement.
Les terrains de couverture sont représentés s’ils sont épais et présentent un intérêt
particulier (alluvions, lœss, ceux affectés de mouvements de terrain…) ; ce sont souvent
eux qui importent en géotechnique.

43
Une carte géologique est toujours perfectible : à mesure que le travail avance, les
structures apparaissent de mieux en mieux à la suite de nouvelles observations à
l’occasion de travaux d’ouvrages voisins et/ou propres à l’étude géotechnique et/ou à
l’ouvrage en cours de chantier…
4.3.5. Les sondages
Toute excavation dans le sous-sol d’un site est un moyen utile de son étude ; celles qi
existent (tranchées, puits et forages, galeries…) ont été répertoriées lors de la
documentation et/ou visitées lors du levé ; c’est insuffisant : pour compléter le levé et
préciser les informations géophysiques, il faut entreprendre des sondages.
Les sondages sont des forages réalisés avec beaucoup de soin et avec des outils
permettant de remonter à la surface du sol des échantillons de terrain prélevés en
profondeur.
Les sondages visent essentiellement à reconnaître les couches des terrains, les nappes
d’eau éventuelles à traverser et à rechercher la zone de terrain valable (bon sol) pour
asseoir la fondation.
Les sondages peuvent être exécutés :
 soit à ciel ouvert : puits, tranchées, gradins ;
 soit par forages mécaniques réalisé à l’aide de matériels divers, plus ou moins
perfectionnés ;
Dans un sol apparemment normal la profondeur des sondages est déterminée en
première approximation par les règles suivantes :
 3 fois la largeur des semelles ou des massifs, avec un minimum de 6 m,
 1,5 fois la largeur de la construction pour un radier général ;
 2 fois la largeur de la construction pour un groupe de pieux.
Il faut quadriller le terrain à bâtir et de situer les forages aux croisements de mailles dont
le côté ne dépassera pas 30 m. L’expérience des premiers forages décidera du
rapprochement des points d’investigation et l’on recommande de procéder à un sondage
tous le 400 m².
L’alignement des forages permet de dresser des coupes géologiques longitudinales et
transversales du terrain, comme sur la Figure 4.1.

44
Figure 4.14 Forages verticaux
On voit qu’il est nécessaire de réaliser plusieurs forages alignés. On peut déjà prévoir
qu’en A la réalisation du projet sera économique.
4.3.6. L’instrumentation
permanente
4.3.6.1. Les piézomètres
Le plus souvent simples tubes crépinés équipés ou non de limnigraphes, les piézomètres
sont utilisés pour contrôler les variations dans le temps du niveau des nappes
souterraines, naturelles ou par pompage.
Des cellules piézométriques plus complexes, reliés hydrauliquement ou
électroniquement à un appareil de contrôle, permettent de mesurer ponctuellement les
variations de pression interstitielle dans les matériaux argileux peu perméables de
massifs en équilibre instable.
4.3.6.2. Les appareils optiques, géométriques et mécaniques
Les mesures de déformations et de déplacements qui permettent de surveiller les talus
et les falaises instables naturellement ou à la suite des travaux ainsi que les ouvrages
menacés ou subissant des dommages liés au site, généralement des tassements, se
font par des opérations périodiques ou continues de topographie et/ou de photographie,
et/ou au moyen d’appareils de divers types et modèles : extensomètres, fissuromètres,
tassomètres, laser, GPS, …
4.3.7. Les documents
produits
Les documents – cartes, plans et coupes géologiques, graphiques de sondages et
d’essais… - présentant les moyens de l’étude et les résultats de leur mise en œuvre
doivent être simples, concis et précis.
Les coupes sont les documents géologiques les plus facilement lisibles et utilisables par
un non spécialiste ; elles doivent être clairement situées sur une carte ou un plan, leurs
légendes doivent présenter les caractères géologiques (nature, épaisseur, pendage…) et
45
géotechniques (identifications, mécaniques, hydrauliques…) de chaque formation
figurée.
Les profondeurs mesurées des contacts doivent être distinguées de celles extrapolées.

4.4. Les aménagements


4.4.1. Introduction
Les aménagements sont des opérations occupant des surfaces plus ou moins étendues
et comportant plusieurs ouvrages analogues ou différentes (zones industrielles, champs
de captage, cours d’eau…).
On demande de définir le cadre de l’opération, de contrôler sa faisabilité, éventuellement
de proposer des variantes, de diviser le site en secteurs relativement homogènes où des
problèmes techniques analogues pourront recevoir des solutions analogues, de repérer
d’éventuels secteurs et endroits à risques de façon à les éviter ou à les traiter
spécifiquement, de valider les dispositions retenues, de préparer les études détaillées de
chaque ouvrage qui compose l’aménagement, de permettre l’évaluation du coût de
l’opération.
4.4.2. Les zones urbaines et
périphériques
Dans les agglomérations, les aménagements sont en grande partie des modifications de
l’existant très encombré et les implantations d’ouvrages sont toujours imposées par sa
configuration quelles que soient les particularités géologiques de l’endroit, que l’on
néglige voire que l’on ignore.
A la périphérie des agglomérations, les sites des zones à urbaniser ou industrielles à
créer sont rarement choisis pour leurs caractères géologiques propres à faciliter leur
aménagement ; ce sont souvent des secteurs demeurés jusque-là inemployés parce
qu’inhospitaliers (marécages plus ou inondables, cuvettes argileuses mal drainées,
coteaux instables…) ou délaissés à la suite de cessations d’activités agricoles,
industrielles, d’exploitation de matériaux…
4.4.3. Les aérodromes
Les aérodromes sont de vastes zones comportant des pistes, des bâtiments et des
installations diverses en partie souterraines. Ces ensembles hétéroclites très étendus
posent des problèmes géotechniques difficiles à résoudre conjointement, car leurs
solutions reposent sur des mises en œuvres parfois dangereuses des mêmes
géomatériaux, en grande partie de couverture, pour des ouvrages différents :
terrassement à peu près plan et drainage d’une vaste surface générale à peu près
horizontale, stabilisation de longues et larges plates-formes portant les aires d’évolution
et des pistes généralement bétonnées, terrassements et blindage de grands ouvrages en
sous-sol, fondations de grands bâtiments dont les structures sont généralement très
compliquées.
Les sites les plus favorables sont des secteurs à peu près plans de plateaux couvert de
limon, ce qui facilite les terrassements et le drainage essentiel à stabilité des pistes, et
dont le substratum peu profond assure les fondations des bâtiments.
Les cuvettes sont difficiles à drainer et les marécages, qui le sont encore plus, ont des
sous-sols peu résistants et compressibles très défavorables aux fondations ; les collines
imposent de grands travaux de terrassement pour raboter le haut et combler le bas, ce
qui complique la stabilisation initiale des plates-formes et leur stabilité ultérieure.

46
4.4.4. Les aménagements
« linéaires »
Les aménagements « linéaires » (pipe-lines, autoroutes, voies ferrées, canaux et grands
tunnels) sont ceux qui ont le plus de relations que l’on pourrait dire intimes avec le site ;
leur mode de construction (essentiellement des mouvements de terre), leur tracé, leur
profil et leur comportement (mouvements de terrain naturels ou provoqués) plus moins
typiques d’une région (plaine, plateau, collines, montagne) dépendent essentiellement de
caractères géologiques de leur site.
C’est sur leurs talus de déblai que les géologues font la plupart de leurs observations ;
toute étude géologique d’aménagement nouveau impose le parcours attentif et minutieux
de toutes les routes et la visite de toutes les carrières de la région.
4.4.4.1. Les routes
Les autoroutes sont de grands aménagements très complexes dont l’étude, la réalisation
et l’entretien engagent toutes les techniques du BTP (terrassements en déblais et en
remblais, stabilisation et soutènement de talus, stabilisation et sécurisation de longues et
larges plates-formes, fondations de ponts et viaducs, tunnels, exploitation de matériaux
hors tracé…) et qui ont d’inévitables effets perturbateurs ; voire dommageables, sur
l’environnement de la région traversée (modification du paysage, déclenchement de
mouvements de terrain, perturbation de réseaux d’eaux de surface et d’eaux
souterraines, pollutions…).
Leurs rayons de courbure minimaux, leurs pentes maximales et leurs largeurs dépendent
du type de trafic prévu (vitesse, charge, densité…), ce qui contraint plus ou moins le
tracé en plan, le profil en long et les profils en travers, en particulier dans la région dont
le relief est plus ou moins tourmenté.
Sur l’ensemble de l’itinéraire, au début de l’étape de faisabilité, le choix du tracé se traite
habituellement à 1 : 50.000 ; il s’agit de présenter les grandes lignes géologiques d’un
projet esquissé en tenant compte seulement d’options possibles pour l’aménagement du
territoire.
L’étape de faisabilité proprement dite est celle qui permet de définir le tracé définitif ; elle
se traite à 1 : 20.000. On demande alors à la géologie de déterminer si ce tracé est
raisonnablement réalisable et, dans le cas où certaines portions du tracé permettraient
d’envisager des variantes, de dire laquelle sera la plus facile à réaliser.
A l’étape de l’APD, qui se traite à 1 : 2.000 ou à 1 : 1.000, le tracé en plan est fixé et
l’adaptation du projet au sol ne peut plus être réalisée qu’en faisant varier légèrement le
profil en long de l’autoroute.
4.4.4.2. Les voies ferrées
Du point de vue géologique, les voies ferrées sont des aménagements analogues à des
autoroutes : terrassements, stabilisation de talus et de longues plates-formes, fondations
d’ouvrages, tunnels, exploitation de matériaux hors tracé, effets perturbateurs sur
l’environnement, pollutions…
Les études et la réalisation des lignes à grande vitesse sont analogues à celles des
autoroutes, mais elles doivent être spécialement orientées sur les problèmes de sécurité
du trafic, posés par des événements naturels ou induits, éventuellement dangereux.
Une attention particulière doit être attachée aux risques d’affaissements voire de fontis
dans les régions karstiques ou des exploitations souterraines abandonnées, très difficiles
à identifier, à localiser et à caractériser. Dans sites analogues – elles empruntent souvent
les mêmes couloirs de communication -, leurs rayons de courbure minimaux sont plus
grands, leurs pentes maximales sont plus faibles, ce qui contraint davantage leurs tracés
en plan et leurs profils en long, mais la largeur de leurs plates-formes est nettement plus
47
petite, ce qui réduit sensiblement les emprises de leurs terrassements et de leurs
ouvrages ; pour obtenir des profils en longs aussi réguliers que possibles, les déblais
sont plus profonds, les remblais sont plus hauts, les ponts, viaducs et tunnels sont plus
nombreux et plus longs.
Pour éviter les interruptions de trafic et les accidents de convois, la stabilité des talus de
déblais, la compacité des remblais faits de matériaux non évolutifs, la stabilité et la
raideur des plates-formes, la solidité des fondations des viaducs et le revêtement des
tunnels doivent être sans failles ; cela impose de les réaliser en étant particulièrement
attentif à prévenir les événements naturels ou induits par le trafic susceptibles de les
affecter (glissements, éboulements, érosion, inondations…) et à éviter leurs effets
dommageables.
Par sécurité, les passages très exposés sont particulièrement traités, équipés d’ouvrages
de protection et/ou de dispositifs automatiques d’alerte voire d’interruption.
Les cailloux de ballast doivent être très denses, très résistants à la compression et à
l’attrition, anguleux et de granulométrie rigoureusement bornée.
L’entretien des voies ferrées existantes pour en assurer la sécurité est permanent ; les
événements les plus fréquents dont il faut éviter les effets qui peuvent être désastreux
sont les mouvements de terrain, éboulements, glissements, affaissements…

48
Chapitre 5. Reconnaissance géotechnique

5.1. Introduction
Les mécanismes examinés précédemment montrent qu'il y a une interaction étroite entre
le comportement du sol environnant, le comportement géotechnique des terrains auquel
il y a lieu d'ajouter les conditions d'exécution, et le comportement de l'ouvrage en service.
Il est donc nécessaire de procéder à une étude de sol. Il s'agit de définir les contraintes
géotechniques qui peuvent avoir une incidence directe ou indirecte sur la pérennité de
l'ouvrage et sur les conditions d'exécution.
Cette étude concerne :
 les propriétés géotechniques des sols qui permettent de déterminer leur portance
(caractéristiques mécaniques), mais aussi qui conditionnent leur aptitude aux
terrassements et leur tenue à court terme (géométrie, caractéristiques de nature et
d'état, et les variations de ces propriétés suivant le mode d'exploitation de
l'ouvrage).
 les conditions hydrauliques qui ont une influence sur l'exécution des travaux et sur
le comportement ultérieur de l'ouvrage et du sol environnant.
La prise en compte dans l'établissement du projet des propriétés géotechniques des sols
et des conditions hydrauliques constitue l'objectif final de l'étude géotechnique. Celle-ci
doit fournir au maître d'œuvre des recommandations sur la nature des charges qui
peuvent être supportées, sur le ou les types de fondations possibles et sur la méthode
d'exécution la mieux adaptée à l'environnement géotechnique.
Les ouvrages sont, dans la très grande majorité des cas, des ouvrages ayant des
fondations peu profondes. Du fait de leur faible profondeur par rapport au terrain naturel,
ces ouvrages affectent les terrains superficiels qui correspondent généralement :
 soit à des matériaux naturels (alluvions, éboulis) ou artificiels (remblais),
 soit à une frange d'altération ou de remaniement d'un substratum rocheux peu
profond,
 soit à des terrains alluvionnaires dans les zones de vallées,
 soit à des terrains marécageux ou alluvionnaires, avec des horizons plus ou moins
sableux, aux caractéristiques mécaniques très médiocres dans les fonds et vallées,
bords de rivières, anciens lits, etc.
De par leurs origines, ces terrains présentent des propriétés géotechniques
généralement défavorables.
Le projeteur est donc confronté à des problèmes de reconnaissance spécifique inhérents
à ces caractéristiques :
 l'étude géotechnique nécessite l'emploi systématique de sondages ponctuels, avec
une maille très resserrée, afin de déceler d'éventuelles variations de nature des
sols, ce qui entraîne une investigation onéreuse ;
 contraintes d'environnement interdisant l'utilisation de certaines techniques
géophysiques légères, en zone urbanisée (courant électrique, vibrations...) ;
 problèmes d'extrapolation ou d'interpolation des résultats géotechniques ponctuels,
en raison de l'hétérogénéité des sols et notamment estimation des tassements,
dans certaines zones particulièrement perturbées ;
 mauvaise adaptation des cartes géologiques à l'échelle des fondations de
l'ouvrage.

49
Dans ces conditions, il y a donc lieu dans le déroulement des investigations, puis
d'adapter la reconnaissance à l'importance du projet de débuter les études en utilisant
les méthodes légères et globales :
 recherches d'archives,
 photos aériennes,
 géomorphologie.
Si dans les cas simples ou au niveau d'un APS, une analyse documentaire assortie
d'une visite sur place peut suffire, l'exécution d'ouvrages plus importants ou implantés en
site difficile, justifie une reconnaissance géotechnique plus détaillée, basée sur la mise
en œuvre de méthodes spécifiques.
Selon la complexité du projet et les difficultés géotechniques pressenties, l'étude
géotechnique peut être scindée en plusieurs étapes successives (ou simultanées, le cas
échéant) :
 Étape N° 1 : enquête de sol.
 Étape N° 2 : étude géotechnique qualitative ou semi-quantitative.
 Étape N° 3 : reconnaissance géotechnique complémentaire et études détaillées de
problèmes spécifiques de mécanique des sols.
 Étape N° 4 : proposition d'un système de fondation adapté à la structure de
l'ouvrage.
La succession ou la simultanéité des 3 premières étapes, est décidée en fonction de
critères qui ne relèvent pas strictement du domaine de la géotechnique, mais qui sont
généralement déterminants : organisation administrative du projet et planning.
Néanmoins, il est toujours préférable de hiérarchiser les études et en particulier de
disposer du maximum de renseignements disponibles à un stade donné afin d'optimiser
techniquement et financièrement les investigations ultérieures, si celles-ci s'avèrent
nécessaires.

5.2. Étape N° 1 - Enquête sur le sol


Cette phase initiale, essentiellement documentaire, complétée éventuellement par une
reconnaissance à la pelle mécanique, doit intervenir le plus tôt possible dès la définition
des projets. Elle consiste en une recherche des contraintes géotechniques du site, en
tirant parti de la documentation existante et en effectuant un examen visuel des lieux et
des fonds de tranchées de reconnaissance.
Elle peut se traduire, au moindre coût, et sans intervention lourde sur le site, par
l'établissement d'un rapport "d'analyse documentaire des contraintes géotechniques" qui
peut comporter les éléments suivants :
 le recensement des sources d'informations utilisées avec indication de leur fiabilité ;
 les observations effectuées sur le site ;
 une évaluation des difficultés géotechniques prévisibles sur la base de
l'interprétation des données recueillies (difficultés de terrassement, tenue des
fouilles, sensibilité de l'environnement, stabilité générale du site, etc.) ;
 un profil géologique et hydrogéologique prévisionnel avec les localisations des
contraintes géotechniques répertoriées.
Cette étape, qui ne nécessite qu'une intervention légère (de l'ordre de un à quelques
jours de géotechnicien) est absolument indispensable dans tous les cas, si l'on veut
intégrer le paramètre géotechnique à l'ensemble des contraintes du projet. Elle peut
suffire dans un certain nombre de cas limites où le contexte géotechnique ne met pas en
cause le dimensionnement, l'économie ou la pérennité de l'ouvrage.
Elle peut conduire à modifier l'avant-projet pour tenir compte des caractéristiques
géotechniques. Toutefois, si le projet est situé dans une zone difficile ou hétérogène, elle
50
ne peut permettre de lever tous les aléas inhérents à la structure, à la nature et à l'état
des terrains, ainsi qu'à la présence d'une nappe aquifère. Elle ne peut pas non plus dans
ce cas fournir des indications fiables sur la portance des sols, les tassements
différentiels, etc. C'est pourquoi, il est généralement nécessaire de compléter la phase
d'enquête par une reconnaissance géotechnique sur le site.

5.3. Étape N° 2 - Étude géotechnique qualitative


Cette étape a pour objet de définir plus précisément la stratigraphie et les
caractéristiques physiques et mécaniques des sols et de préciser la profondeur de la
nappe phréatique.
Les résultats ainsi obtenus doivent permettre de juger de la continuité et de
l'homogénéité des sols de fondation de l'ouvrage concerné et de localiser les difficultés
géotechniques et les zones difficiles ("points délicats"), tels que les terrains
compressibles, les zones instables, les formations solubles, affouillables, gonflantes, les
zones d'arrivée d'eau, etc.
Les moyens à mettre en œuvre au cours de cette étape doivent être proportionnés à
l'importance de l'ouvrage et aux difficultés géotechniques prévisibles. Schématiquement,
on peut distinguer deux cas :
a) Ouvrages posés au sol ou semi enterrés tels que réservoirs, cuves, bassins,
cuvelages, canaux
Les prélèvements ponctuels, à la pelle mécanique ou à la tarière, doivent être concentrés
dans le périmètre de l'assise de l'ouvrage et plus particulièrement dans les zones
supposées critiques. L'utilisation du pénétromètre (statique ou dynamique), ainsi que du
pressiomètre est à envisager.
Lorsque la continuité latérale des couches n'est pas certaine (zone de versants, de
vallées), on pourra recourir à des méthodes globales non destructives et spécialement
aux mesures géophysiques de surface telles que :
1) le traîné électrique : mesure de la résistivité apparente des sols qui dépend de leur
nature et de leur teneur en eau.
2) la radio-magnéto-tellurique (RTM) : mesure des composantes horizontales des
champs magnétique et électrique créés par des émissions d'ondes
électromagnétiques et détermination d'une résistivité apparente du sol.
3) la sismique-réfraction : détermination des variations d'épaisseur et de compacité des
couches de sol, à partir de la mesure des vitesses de propagation d'ondes sismiques
réfractées au niveau des interfaces.
Rapides et peu onéreuses, ces méthodes ont l'avantage d'être non destructives et de
délivrer des informations en continu, après étalonnage sur quelques forages à la tarière
ou à la pelle.
Chaque méthode possède un domaine d'utilisation bien spécifique et le choix doit être
fait par un géotechnicien qualifié, après une étude de faisabilité.
b) Ouvrages posés au sol ou semi enterrés tels que châteaux d'eau ou réservoirs, cuves,
et batteries de cuves à étages :
En plus des moyens indiqués ci-dessus, il y a lieu de prévoir des sondages (destructifs,
carottés éventuellement, pénétrométriques) permettant de tester l'homogénéité des sols,
et même, si l'importance des problèmes le justifie, de caractériser mécaniquement les
familles de sols rencontrés (caractéristiques de cisaillement et de compressibilité par
exemple) par des essais classiques de mécanique des sols en nombre limité. La pose de
piézomètres, à ce stade, peut être très utile.

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L'utilisation d'enregistrement de paramètres de forage permet d'appréhender, à un
moindre coût, la nature des sols dans les terrains très hétérogènes et plus
particulièrement dans les sols rocheux altérés.
Cette étape conclut par un rapport de synthèse géotechnique précisant :
- la définition des familles de sol homogènes et leur disposition géométrique et
structurale ;
- la définition et le fonctionnement du système hydrogéologique : charge d'eau au-dessus
du radier, perméabilité de l'aquifère, fluctuation des niveaux, écoulements ;
- l'implantation des points délicats et la définition des problèmes d'exécution ou de
pérennité de l'ouvrage qui risquent d'en résulter ;
- l'impact du projet ou de sa réalisation sur l'environnement ou les ouvrages voisins.
Dans la conclusion de ce rapport, on devra indiquer clairement si cette phase d'étude
suffit ou si, compte tenu des problèmes rencontrés, il est nécessaire de passer à l'étape
3 plus quantitative.

5.4. Étape N° 3 - Étude géotechnique spécifique


Elle n'est mise en œuvre que lorsque des problèmes spécifiques tels que nature des
ouvrages, mode d'exploitation ou localisation risquent d'avoir une influence déterminante
sur l'économie ou la pérennité de l'ouvrage et que leur résolution passe par une parfaite
connaissance des paramètres liés à la mécanique des sols.
Elle doit apporter les éléments qui manquaient aux étapes 1 et 2 pour traiter ces
problèmes et effectuer si nécessaire :
 des études de stabilité de tassement ou de gonflement des sols ;
 des études de comportement de sols sous chargements particuliers (cycliques,
vibratoires, et/ou interaction sol-structure) ;
 le dimensionnement des ouvrages de soutènement ;
 les adaptations nécessaires pour résoudre les problèmes hydrauliques dans les
meilleures conditions (pompages, filtres, etc.) ;
 le traitement du terrain par injections (cavités, etc.) ;
 l'étude des méthodes de terrassement (notamment pour le rocher) ;
 l'étude de la réutilisation des déblais de terrassement en remblai et leurs conditions
de compactage ;
 l'étude de l'impact des travaux à réaliser sur l'environnement.
Pour mener à bien, ces études, des données complétant celles obtenues dans les
étapes 1 et 2 sont nécessaires. Ces données sont obtenues à partir de moyens divers
dont le choix est du ressort d'un spécialiste. La gamme des sondages et essais possibles
est donnée ci-après :
5.4.1. Sondages carottés
Ils peuvent se faire :
1) avec extraction d'échantillons remaniés permettant de déterminer la nature du sol, sa
teneur en eau, sa granulométrie, ses limites d'Atterberg (liquidité, plasticité), les
teneurs en matières organiques et carbonate de calcium, les caractéristiques de
compactage (essais PROCTOR). Ces caractéristiques permettent de classer les sols
(classification absolue type LPC (Laboratoire des Ponts et Chaussées) ou en fonction
des aptitudes aux terrassements type GTR (Guide Technique pour la Réalisation des
Terrassements Routiers et des Coches de Forme).
2) avec extraction d'échantillons intacts soumis à des essais particuliers permettant de
déterminer :
 • la masse volumique du sol,
 • ses caractéristiques de compressibilité, de gonflement (essais œdométriques),
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 • sa résistance au cisaillement (essais à la boîte, au triaxial, de compression simple,
au scissomètre de laboratoire).
5.4.2. Essais de sol en place
Ils peuvent souvent compléter, voir remplacer avantageusement les essais de laboratoire
sur échantillons intacts. On ne fait ici que les citer :
 • essai scissométrique (mesure de la cohésion non drainée des sols mous argileux),
 • essai pressiométrique (mesure de la pression limite et du module de déformation
des sols),
 • diagraphie nucléaire avec sondes à neutrons (mesure des poids volumiques sec
et humide et de la teneur en eau),
 • essais de pompage (mesure de la perméabilité des sols).
Cette étude spécifique doit se conclure par un rapport fournissant tous les éléments
nécessaires à la compréhension et à la résolution des problèmes posés et comportant, si
besoin est :
 • le dimensionnement des fondations spéciales, des ouvrages de soutènement ;
 • les calculs de tassement, de stabilité, de rabattement de nappes ;
 • des données sur le traitement des cavités éventuelles (injections) ;
 • des recommandations sur les remblais de tranchées et leur compactage,
notamment sur la constitution, la nature et la protection du lit de pose de la
canalisation, pour les travaux réalisés en tranchées ;
• des recommandations sur le mode de soutènement du front de taille, méthode de
creusement, injections préalables ;
• des recommandations sur la constructibilité de procédés spéciaux éventuellement
nécessaires.

5.5. Étape N° 4 - Proposition d'un système de fondation


A partir des éléments obtenus par la ou les différentes étapes précédentes, le rapport de
géotechnique doit proposer le ou les systèmes de fondations les mieux adaptés au projet
et à la structure de l'ouvrage. Dans certains cas, le projet devra être partiellement voire
totalement modifié afin de tenir compte des résultats de l'étude des sols. Une grande
collaboration entre le géotechnicien et l'ingénieur chargé du projet est indispensable
dans la majorité des cas.

5.6. Problèmes d'exécution liés au sol


5.6.1. Exécution de fouilles peu profondes
5.6.1.1. Présence de formations rocheuses
Il s'agit essentiellement de savoir si le sol qui va supporter les fondations est un sol
meuble ou un sol rocheux (dont il faut préciser s'il s'agit d'un rocher sain ou altéré), afin
de choisir au mieux le mode de terrassement (nécessité ou non d'explosifs) en fonction
de l'étendue de ce rocher dans l'environnement de la fondation de l'ouvrage.
En particulier, il est important, lorsque le rocher se trouve à une certaine profondeur, de
bien connaître, suivant le niveau de la fondation, les variations en continu de la cote de
son toit et de préciser, le cas échéant, l'importance et les propriétés de la partie altérée.
5.6.1.2. Venues d'eau importantes
La connaissance du régime hydraulique de la zone intéressée par l'ouvrage à réaliser est
essentielle pour prévoir correctement les conditions dans lesquelles devront s'effectuer
les travaux. Cette connaissance du régime hydraulique est, bien sûr, indissociable de

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celle du sol, mais aussi de la position et la géométrie de l'ouvrage. La prise en compte de
sous-pressions peut imposer le lestage d'un ouvrage.
Elle doit permettre de prévoir, suivant le cas :
 un terrassement à sec sans problèmes,
 la nécessité d'un système de rabattement de la nappe pendant la durée des
travaux, lorsque les venues d'eau dans la fouille risquent d'être importantes
(terrains perméables sous la nappe),
 des pompages en fond de fouille pendant la durée des travaux,
 un système de drainage provisoire approprié.
Il faut se rappeler que toutes ces mesures peuvent comporter des risques
d'entraînements hydrodynamiques des fines du sol en place et de remaniement du fond
de fouille.
On évitera dans ce cas les couches de formes ou "assises intermédiaires" constituées de
sable fin, que l'on remplacera avantageusement par du béton poreux.
5.6.1.3. c) Soutènements des parois de fouille
Dans le cas d'ouvrages enterrés ou semi-enterrés, si des parois talutées sont retenues,
la pente des talus devra être fixée en fonction des caractéristiques mécaniques des sols
et des conditions hydrauliques ;
C'est en fonction également de ces mêmes critères qu'on devra choisir et éventuellement
dimensionner le dispositif de soutènement dans le cas de terrassements à parois
verticales ou subverticales.
5.6.2. Exécution de fondations profondes
Les problèmes d'exécution de telles fondations étant liés aux conditions géotechniques
et hydrodynamiques des sols, mais aussi aux actions et aux sollicitations de la structure,
un tel choix ne peut se concevoir qu'après une reconnaissance géotechnique très
approfondie, une parfaite adaptation à la structure de l'ouvrage, l'examen des problèmes
de faisabilité des fondations et le cas échéant le choix du matériel d'exécution.
5.6.3. Influence d'exécution sur les ouvrages environnants
Le choix des modes d'exécution peut avoir une influence sur les ouvrages environnants.
Ce choix devra les prendre en compte. En particulier, il faudra examiner les
conséquences de certaines dispositions envisagées :
1) Pompages ou drainages provoquant des déformations par entraînement de fines, ou
par rabattement de nappe,
2) Obstacles ou effets de seuils consécutifs à la réalisation d'un ouvrage qui perturbe le
régime hydrodynamique du sol,
3) Système de collecte des sous-pressions drainant l'eau de la nappe et provoquant
des tassements,
4) Soutènements entraînant des déformations du sol dans le voisinage,
5) Aptitude au compactage des remblais trop médiocres,
6) Utilisation d'explosifs

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