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Dysphagie
Y. Badat, F. Zerbib
La dysphagie œsophagienne est définie par une sensation de gêne ou de blocage ressentie lors de la déglu-
tition. L’interrogatoire et la réalisation d’examens complémentaires rapides sont les clés du diagnostic.
Elle peut être liée à des maladies potentiellement graves telles que le cancer œsophagien. Par conséquent,
une lésion organique doit être exclue en première intention par la réalisation d’une fibroscopie digestive
haute chez tous patients présentant une dysphagie. Les étiologies obstructives les plus fréquentes sont
le cancer de l’œsophage, les sténoses peptiques et l’œsophagite à éosinophiles. Cette dernière est l’une
des causes les plus fréquentes de dysphagie chez l’adulte jeune et les enfants, ce qui nécessite d’obtenir
des biopsies œsophagiennes chez tous patients présentant une dysphagie inexpliquée. La manométrie
œsophagienne permet d’évaluer la motricité œsophagienne et de faire le diagnostic de troubles moteurs
de l’œsophage mais la physiopathologie des troubles moteurs œsophagiens est encore mal connue. Enfin,
la dysphagie fonctionnelle correspond à des symptômes œsophagiens non expliqués par une étiologie
obstructive, un trouble moteur œsophagien ou un reflux gastro-œsophagien.
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A B C D
Figure 1. Aspects endoscopiques.
A. Achalasie : stase œsophagienne.
B. Aspect de spasme du cardia.
C. Œsophagite à éosinophiles : sillons.
D. Aspect pseudotrachéal.
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Dysphagie 1-0460
Tableau 1.
Principales étiologies des dysphagies œsophagiennes.
Obstructives Non obstructives
Malignes Bénignes Troubles moteurs Fonctionnelle
Adénocarcinome Sténose peptique Achalasie
Carcinome épidermoïde Anneau de Schatzki Obstruction fonctionnelle de la
jonction œsogastrique
Compression extrinsèque Lésion caustique Spasmes œsophagiens
Médicaments Œsophage hypercontractile
Compression extrinsèque (infections, vasculaire)
Œsophagite disséquante Contractions absentes
Œsophagite à éosinophiles Troubles moteurs mineurs
Postchirurgicale (fundoplicature, anneau gastrique,
dispositif antireflux)/radiothérapie
Apéristaltisme complet
PRI normale et péristaltisme absent
Spasmes œsophagiens
ou DCI > 8000 mmHg ou LD
Œsophage hypercontractile
< 4,5 sec
(DCI > 8000 mmHg, > 20 %)
A B C
Figure 4. Différents types d’achalasie en manométrie haute résolution. CFV : vitesse front contraction ; DL : latence distale ; IRP : pression de relaxation
intégrée.
A. Type I.
B. Type II.
C. Type III.
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Dysphagie 1-0460
par semaine. L’origine des dysphagies fonctionnelles n’est pas [2] Roeder BE, Murray JA, Dierkhising RA. Patient localization of eso-
claire et pourrait faire intervenir à la fois un trouble mineur de phageal dysphagia. Dig Dis Sci 2004;49:697–701.
la motricité œsophagienne et des phénomènes d’hypersensibilité [3] Dellon ES, Gonsalves N, Hirano I, Furuta GT, Liacouras CA, Katzka
œsophagienne. La dysphagie fonctionnelle régresse en général DA. ACG clinical guideline: evidenced based approach to the diag-
avec le temps et une thérapeutique agressive n’est généralement nosis and management of esophageal eosinophilia and eosinophilic
pas nécessaire. esophagitis (EoE). Am J Gastroenterol 2013;108:679–92.
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the Schatzki ring a unique esophageal entity? World J Gastroenterol
La dysphagie est un symptôme fréquent dont les causes sont 2011;17:2838–43.
multiples. Un interrogatoire précis est nécessaire pour évaluer [6] Muller S, Puhl S, Vieth M, Stolte M. Analysis of symptoms and
le contexte et caractériser les symptômes. La démarche diag- endoscopic findings in 117 patients with histological diagnoses of
nostique impose en première intention la réalisation d’une eosinophilic esophagitis. Endoscopy 2007;39:339–44.
endoscopie digestive haute avec biopsies œsophagiennes. La [7] Ponsot P, Molas G, Scoazec JY, Ruzniewski P, Henin D, Bernades
manométrie œsophagienne haute résolution est un examen de P. Chronic esophagitis dissecans: an unrecognized clinicopathologic
deuxième intention qui permet la caractérisation d’éventuels entity? Gastrointest Endosc 1997;45:38–45.
troubles moteurs œsophagiens (Fig. 5). Enfin, la dysphagie fonc- [8] Katzka DA, Smyrk TC, Bruce AJ, Romero Y, Alexander JA, Murray
tionnelle est un diagnostic d’élimination. JA. Variations in presentations of esophageal involvement in lichen
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• Éliminer une organicité ++. definition and classification of gastroesophageal reflux disease: a global
• L’endoscopie digestive haute est l’examen de première evidence-based consensus. Am J Gastroenterol 2006;101:1900–20.
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• En l’absence de lésion visible il est impératif de réali- 2007;25:1223–9.
ser des biopsies œsophagiennes (quatre à deux niveaux [13] Savarino E, Gemignani L, Pohl D, Zentilin P, Dulbecco P, Assandri L,
différents) lors de la fibroscopie. et al. Oesophageal motility and bolus transit abnormalities increase in
• Un patient jeune avec terrain atopique doit faire évoquer parallel with the severity of gastro-oesophageal reflux disease. Aliment
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• La manométrie œsophagienne est l’examen de [14] Broeders JA, Mauritz FA, Ahmed Ali U, Draaisma WA, Ruurda
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deuxième intention qui permet de diagnostiquer les laparoscopic Nissen (posterior total) versus Toupet (posterior par-
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Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs n’ont pas transmis de liens d’intérêts SR. Endoscopic assessment of the oesophageal features of eosinophilic
en relation avec cet article. oesophagitis: validation of a novel classification and grading system.
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Références incidence of eosinophilic esophagitis in a large cohort. Neurogastroen-
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Y. Badat.
F. Zerbib (Frank.zerbib@chu-bordeaux.fr).
Service d’hépato-gastroentérologie et oncologie digestive, Centre médico-chirurgical Magellan, Hôpital Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux, avenue de Magel-
lan, 33600 Pessac, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Badat Y, Zerbib F. Dysphagie. EMC - Traité de Médecine Akos 2018;13(3):1-5 [Article 1-0460].