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Dr BELGRAINET KARIM
I- GENERALITES DEFINITION
La dysphagie est une sensation anormale ressentie par le patient lors de l'ingestion d'aliments
solides et (ou) liquides. En cas de dysphagie haute, la plainte se situe au niveau du cou alors qu'elle
est rétrosternale en cas de dysphagie basse.
Cette gêne se manifeste par une sensation de blocage des aliments, parfois douloureuse
(odynophagie) isolée ou accompagnée de fausses routes trachéales ou nasales, d'une mastication
prolongée ou d'une obligation de déglutition répétée pour une même bouchée. Il y a aphagie lorsque
la déglutition est devenue impossible.
Les difficultés diagnostiques sont plus importantes quand la dysphagie est le révélateur d'une
pathologie que lorsque ce symptôme apparaît dans l'évolution d'une pathologie déjà connue.
A") Interrogatoire 1.
Caractériser le symptôme
• Une pathologie neurologique est évoquée en cas de maladresse linguale, ptôsis, fausses routes
nasales ou Trachéales avec toux à la déglutition, nasonnement.
• Des infections pulmonaires récidivantes orientent vers des fausses routes trachéales. La
pneumopathie d'inhalation est le plus souvent à droite. Elle peut aboutir au décès du patient.
2. Examen
• L'inspection
Comprend l'analyse de la statique de la tête et du cou, la recherche d'une amyotrophie
musculaire au niveau du sterno-cléido-mastoïdien et (ou) du trapèze, l'existence d'une cicatrice
cervicale, la présence d'une masse cervicale
• L'examen du cou,
Outre l'existence de cicatrice, doit rechercher la présence de masses développées aux dépens
des ganglions et (ou) de la glande thyroïde. La qualité de l'ascension laryngée est appréciée lors
d'une déglutition salivaire.
La demande de ces examens est orientée par les données de l'interrogatoire et de l'examen
clinique.
1. Radiographies simples :
• Des parties molles du cou : recherche un corps étranger radio opaque, une déviation de
l'axe laryngotrachéal (gros goitre ou goitre plongeant), une image hydro-aérique d'un laryngo-pyocèle
ou, plus bas situé, un diverticule volumineux.
2. Transit pharyncio-oesophaciien :
Examen fondamental pour les dysphagies dont la cause n'est pas accessible à l'examen ORL, il fait
le diagnostic (Diverticule de Zenker) ou l'oriente précisément (sténoses, peptiques ou tumorales ;
compressions extrinsèques ; Spasmes étages ou limités ; anomalies anatomiques). Il objective des
fausses routes laryngées imposant l'arrêt de L'examen ou d'autres anomalies associées (hernie
hiatale). Cet examen précède habituellement le bilan endoscopique
3. Vidéo radioscopie :
C'est un examen radiologique, centré sur la cavité buccale et le cou. Il est couplé à l'ingestion
d'un produit baryte liquide, pâteux puis solide.
C'est l'examen de référence pour étudier les dysphagies hautes. Il est prescrit lorsqu'on
suspecte un trouble de la déglutition oropharyngée sans pouvoir le mettre en évidence par l'examen
clinique ou la fibroscopie. Il détermine le mécanisme de la dysphagie et oriente la rééducation par
l'étude des manoeuvres posturales (rotations et flexions cervicales).
5. Manométries :
Une sonde souple introduite par voie nasale, munie de capteurs, enregistre les variations de
pression au niveau du pharynx, du sphincter supérieur de ('œsophage (SSO) et de l'oesophage. Un
analyseur transforme les variations de pression en un signal électrique. Ces mesures sont effectuées
pour explorer les dysphagies d'origine neurologique, associées à une maladie systémique ou à une
pathologie motrice de l'oesophage.
6. Fibroscopie oesocscistrigue
Premier examen complémentaire à réaliser en cas de dysphagie basse, la fibroscopie
oesogastrique permet de situer avec précision la hauteur d'une sténose, son importance,
franchissable ou non, sa nature en permettant la réalisation de biopsies. Cet examen peut être
couplé à une écho endoscopie, examen particulièrement intéressant pour le bilan d'extension
pariétale et ganglionnaire médiastinale des cancers de l'oesophage.
7. Pan endoscopie
Examen obligatoire en cas de dysphagie liée à un cancer des voies aérodigestives supérieures
ou de l'oesophage car les différentes endoscopies - laryngoscopie directe, pharyngoscopie directe,
trachéobronchoscopie et oeophagoscopie aux tubes rigides - permettent un bilan complet du
carrefour aérodigestif, de l'axe digestif pharyngo-oesophagien et de l'axe aérien laryngo-trachéo-
bronchique. Ce bilan est obligatoire compte tenu du risque élevé de doubles localisations
cancéreuses simultanées.
V- DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE :
La symptomatologie d'un malade atteint de dysphagie peut s'exprimer de façon différente selon
que la cause est organique ou dysfonctionnelle. Avant d'envisager les différentes causes, il nous a
semblé important de préciser comment l'analyse de la symptomatologie peut aider à la recherche de
la cause.
•b) Causes fonctionnelles : le plus souvent les blocages dysfonctionnels sont liés à une
atteinte neuromusculaire entraînant au niveau du pharynx une diminution de la force de propulsion
de la base de langue, des muscles constricteurs, une mauvaise ascension laryngée responsable
d'une difficulté à l'ouverture du sphincter supérieur de l'oesophage et de stases salivaires sus-
jacentes à l'origine de fausses routes trachéales.
2.Fausses routes
•à) Les fausses routes nasales (encore appelées régurgitations) sont liées à un défaut de
fermeture du voile lors de la phase orale et entraînent la pénétration des aliments dans le
rhinopharynx et parfois jusque dans les fosses nasales. Elles sont souvent associées à des fausses
routes trachéales secondaires par vidange tardive du contenu du rhinopharynx dans le pharynx sous-
jacent après la déglutition, alors que les mécanismes de protection des voies respiratoires sont levés.
3. Déglutition répétée
Mécanisme mis en place spontanément par le patient : il traduit un défaut de propulsion de la
base de langue avec mauvaise vidange valléculaire et doit faire rechercher un trouble
neuromusculaire.
• La mastication prolongée dont l'origine est double : centrale, le temps masticatoire est
allongé en cas de trouble de l'initiation du mouvement ; périphérique, il s'agit soit d'un trouble
praxique oro bucco-facial, soit d'un mécanisme compensateur mis en place par le patient pour
atténuer une dysphagie aux solides en relation avec une obstruction sous-jacente.
Par contre, elle prend toute sa valeur chez un sujet éthylo-tabagique et doit faire rechercher
l'existence
1. Causes tumorales
Ce sont les premières à éliminer, qu'elles soient situées au niveau des voies aérodigestives
supérieures ou de l'oesophage. Les examens endoscopiques sont la clef du diagnostic en visualisant
la tumeur et en permettant la biopsie.
• Cancers des voies aérodigestives supérieures : ce diagnostic doit être soupçonné chez un
homme alcoolo tabagique qui se plaint de dysphagie haute, latéralisée, souvent douloureuse et
associée à une otalgie ipsilatérale, parfois à une dysphonie et à des crachats sanglants. La palpation
du cou retrouve fréquemment des adénopathies de siège sous digastrique, dures, parfois
douloureuses, bilatérales et fixées aux tissus avoisinants. L'examen met en évidence une lésion le
plus souvent ulcéro-bourgeonnante ou infiltrante venant envahir les régions voisines. Il s'agit
habituellement d'un cancer de l'oropharynx (région amygdalienne, base de langue) ou de
l'hypopharynx (sinus piriforme). La biopsie de la lésion est faite sous endoscopie, après bilan
tomodensitométrique de l'axe viscéral et du cou pour préciser l'extension locale et régionale et
classer la lésion en stades TNM. Par ailleurs, il est obligatoire, dans ce type de cancer, de coupler à
__ l'endoscopie lésionnelle une panendoscopie afin de rechercher une deuxième localisation.
• Cancer de l'oesophage : il s'agit souvent d'un homme autour de la cinquantaine, alcoolo
tabagique, porteur d'une dysphagie basse, d'aggravation progressive et responsable d'un
amaigrissement très important.
2. Diverticule de Zenker
C'est une hernie de la muqueuse postérieure de la bouche de l'oesophage, au niveau d'une
zone de faiblesse musculaire juste au-dessus du sphincter supérieur de l'oesophage, consécutive à
un défaut de relaxation de celui-ci et à l'hyperpression pharyngée. Cette poche muqueuse, souvent
méconnue au début de son évolution, grossit et comprime l'oesophage sous-jacent aggravant la
dysphagie initiale liée à l'achalasie du sphincter supérieur de l'oesophage.
Le pic de fréquence de survenue, se situe autour de 60 ans. Le diagnostic est évoqué devant 2
signes spécifiques : la régurgitation d'aliments non digérés à distance de leur ingestion, et l'émission
de bruits hydro-aérique lors de la palpation de la base du cou à gauche au contact de la trachée. Le
diagnostic est fait par l'opacification barytée qui précise la taille du diverticule et son degré de
compression de l'oesophage. Sa cure est chirurgicale, soit par voie endoscopique au laser, soit par
voie cervicale. Le risque de cancérisation est faible (1 %).
4. Corps étrangers
• Dysphagie haute : il s'agit d'une dysphagie aiguë, douloureuse, incomplète (arête de poisson
plantée dans l'amygdale ou la base de langue). L'examen ORL permet de voir le corps étranger et
d'en faire l'exérèse.
Elle peut simuler une crise d'angine de poitrine d'autant que la douleur est soulagée par les
dérivés nitrés. La manométrie démontre que la majorité des ondes de contraction sont anarchiques
et non propagées. Le diagnostic est fait sur le transit baryte qui montre l'aspect classique en « piles
d'assiettes ».
7. Compressions extrinsèques
Elles peuvent être d'origine ganglionnaire médiastinale (cancer pulmonaire, lymphome),
cardiovasculaires (anévrisme aortique, hypertrophie auriculaire, anomalie d'origine de l'artère sous-
clavière droite qui passe en rétro-oesophagien « dysphagia a lusoria »), thyroïdiennes (goitre
plongeant gauche, cancer indifférencié souvent, alors associé à des troubles respiratoires et à une
paralysie récurrentielle gauche) ou rachidienne (ostéophytose, volumineuse, chordome).
Maladies dégénératives
• Dans la sclérose en plaques : toutes les étapes de la déglutition peuvent être touchées de
façon plus ou moins réversible en fonction du stade de la maladie.
• Dons la poliomyélite antérieure aiguë : qui atteint les motoneurones bulbaires, les troubles
-de la déglutition sont inconstants et tardifs.
2. Atteintes inflammatoires : la poivradiculonévrite de Guillain et Barré
II s'agit d'une démyélinisation périphérique aiguë d'origine inflammatoire. Troubles de la
déglutition et troubles respiratoires mettent en jeu le pronostic vital. Lorsque la phase aiguë est
passée, la régression des signes se fait de façon spontanée dans un délai variable.
3. Atteintes des nerfs crâniens
• Une lésion au niveau du tronc cérébral entraîne généralement une atteinte nucléaire
multiple. Il peut s'agir de lésions vasculaires de type hémorragique ou ischémique, d'une tumeur ou
d'une atteinte post traumatique. Les lésions neurologiques sont généralement multiples. Le plus
souvent sont associés un vertige et des troubles majeurs de la déglutition. L'exemple le plus typique
est le syndrome de Wallenberg.
• Les nerfs crâniens sont atteints dans leur trajet avant ou dans la traversée de la base du
crâne ; plusieurs nerfs sont souvent atteints simultanément et l'atteinte la plus fréquente est
constituée par le syndrome du trou déchiré postérieur (IX-X-XI) qui associe paralysie vélo pharyngée
et troubles sensitifs du carrefour aérodigestif. Les causes sont essentiellement tumorales, souvent
malignes et parfois secondaires (tumeurs vasculaires glomiques, nerveuses, du rocher ou du cavum,
adénopathies malignes cervicales haut situées, envahissement osseux métastatique). Le diagnostic
est porté par l'exploration de la base du crâne en TDM et (ou) en IRM.
Ce type de syndrome est également décrit après fracture de la base du crâne ou dans
l'évolution des malformations de la charnière cranio-vertébrale (syndrome d'Arnold- Chiari) qui
peuvent se révéler par des troubles de la déglutition. Souvent, l'atteinte neurologique est polymorphe
(syndrome associé), mais le trouble de la déglutition peut être isolé et inaugural (atteinte des IXe et
Xe paires crâniennes). Seule l'imagerie par résonance magnétique apporte la preuve diagnostique
La cause principale est constituée par les adénopathies malignes de la partie haute du cou parfois
révélatrices d'un cancer des voies aérodigestives supérieures.
4. Atteintes neuromusculaires
• les dystonies sont des contractions musculaires soutenues et involontaires. Dans les formes
focales oro mandibulaires, les troubles de la voix et de la déglutition sont au premier plan.
2. Larynx
• L'épiglottite : est une infection bactérienne aiguë de l'épiglotte touchant principalement
l'enfant avant 10 ans ; elle est d'installation brutale. La clinique est évocatrice ; l'enfant est bouche
ouverte, en position assise (le décubitus aggrave la gêne respiratoire). La déglutition est impossible
et l'enfant bave. La respiration est bruyante, il s'agit d'une dyspnée laryngée avec stridor. La voix est
couverte et la toux est claire. La fièvre est élevée à 39-40 °C et la palpation du cou retrouve des
adénopathies bilatérales et douloureuses. Il s'agit d'une urgence médicale dont le diagnostic est
clinique et impose l'hospitalisation.
3. OEsophage
* L'oesophagite candidosique survient sur des sujets fragiles (immunodéprimés,
corticothérapies, antibiothérapie, lésion locale préexistante). Elle n'est symptomatique que dans 50 %
des cas. Lorsqu'elle se manifeste, c'est l'odynophagie qui domine le tableau. L'endoscopie permet le
prélèvement des exsudais blancs qui adhèrent à la muqueuse congestive. La culture met en
évidence le Candida albicans.
• L'oesophagite herpétique souvent « de novo » peut survenir dans les suites d'une maladie
générale ou d'un traitement immunosuppresseur. Brûlures et dysphagie prédominent. L'évolution est
spontanément favorable.
• La dysphagie du sujet âgé : très fréquente, elle touche entre 20 et 50 % des sujets après 75
ans observés en milieu hospitalier. La presbyphagie est le terme utilisé pour qualifier les effets du
vieillissement sur la déglutition liés à la dégradation des différents mécanismes de la déglutition et
s'exprime par des fausses routes liquidiennes plus fréquentes, une lenteur de la mastication et des
efforts de déglutition répétés. Souvent infracliniques, ces troubles habituellement compensés
spontanément peuvent brutalement se décompenser à l'occasion d'une affection générale.
L'ostéophytose vertébrale peut provoquer une compression extrinsèque postérieure étagée du
pharynx et de l'oesophage et entraîner une gêne à la déglutition.
• La chirurgie carcinologique ORL : est mutilante tant sur le plan de la structure anatomique
du pharyngo-larynx que sur le plan neurologique (nerfs récurrents pour la motricité laryngée, nerf
laryngé supérieur pour la sensibilité laryngée et Xlle paire crânienne pour la motricité linguale). Les
chirurgies partielles ou subtotales du pharyngo-larynx conservant les fonctions phonatoire et
respiratoire sont toutes potentiellement dysphagiantes et impliquent une prise en charge rééducative.
• La chirurgie de l'oesophage peut induire une dysphagie par sténose cicatricielle sur
une anastomose.
Toute dysphagie d'apparition précoce ou tardive après chirurgie pour cancer des voies
aérodigestives supérieures ou de l'oesophage, suivie ou non de radiothérapie, doit faire discuter
sténose cicatricielle, récidive tumorale ou deuxième localisation.
Chroniques, elles surviennent des mois après l'irradiation, sans relation directe avec une
éventuelle œsophagite aiguës, peuvent intéresser un oesophage sain (après irradiation de cancers
bronchiques au niveau thoracique, d'adénopathies malignes médiastinales) ou un œsophage
péritumoral après irradiation d'un carcinome de cet organe. Leur incidence paraît faible. Elles se
manifestent par une dysphagie. Elles sont souvent associées à des lésions radiques cutanées ou des
organes de voisinage. Le diagnostic est essentiellement endoscopique (sténose, ulcération) et
biopsique car l'élimination d'une récidive locale est parfois difficile.
VI- CONCLUSION