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matériaux pouzzolaniques :
Etude des interactions métakaolin-calcaire,
laitier-calcaire et pouzzolane-calcaire
Présenté par
Yannick Demeusy
Promotion Nickel
Ce stage a été réalisé au sein du département Interfaces, dans l’équipe Physico-Chimie des
Milieux Cimentaire et Colloïdaux (PCMC2).
Je souhaite dans un premier temps remercier M Laurent Izoret et Mme Sandrine Gauffinet pour
m’avoir encadré durant ce stage. Merci pour votre disponibilité et d’avoir partagé avec moi vos
connaissances sur le vaste domaine des ciments. Merci également de m’avoir laissé une aussi
grande liberté durant ce stage.
Je souhaite également remercier Marie-Laure Léonard et Jean-Marc Dachicourt de l’ESIREM
et les personnes de l’équipe Interfaces qui m’ont aidé pour les manipulations durant ce stage.
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Présentation de l’entreprise
L’Association Technique de l’Industrie des Liants Hydrauliques (ATILH) est une association
patronale regroupant les principaux cimentiers. Elle a pour mission d’animer le réseau des
laboratoires académiques et des grandes écoles pour financer des recherches destinées à fonder
techniquement les positions professionnelles de l'industrie cimentière dans le domaine des liants
hydrauliques, assurer la liaison entre la profession cimentière et les utilisateurs publics ou privés
dans le cadre de projets de développement techniques, tels que les projets nationaux,
coordonner les actions de la profession dans le domaine de l'environnement, soutenir le Bureau
de Normalisation des Liants Hydrauliques (BNLH) en étant associé à sa démarche qualité et en
garantissant les ressources financières et humaines nécessaires à sa pérennité, tout en respectant
son indépendance. Assurer l'organisation des essais inter-laboratoires pour le contrôle de la
qualité.
(Source : https://www.infociments.fr)
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Table des matières
I. Index -4-
II. Introduction -5-
1. Matériaux à hydraulicité potentielle (MHP) -5-
2. Ciment contenant des MHP -6-
3. Objectif du stage -6-
III. Essais R3 -6-
IV. Expériences -7-
1. Caractérisation des réactifs -7-
2. Préparation des échantillons -7-
3. Arrêt d’hydratation -7-
4. Diffraction des rayons X (DRX) -8-
5. Analyse thermogravimétrique (ATG) -8-
6. Calorimétrie -8-
7. Synthèse de phases pures -8-
V. Résultats -8-
1. Caractérisation des réactifs -8-
2. Calorimétrie -9-
3. Analyse des phases par DRX - 10 -
4. Caractérisation de phases pures - 12 -
5. Analyse des phases par ATG - 12 -
6. Quantification des phases - 13 -
VI. Conclusion - 15 -
VII. Suite du stage - 16 -
1. Analyse des échéances - 16 -
2. Déconvolution des signaux DTG - 16 -
3. Analyse ATG plus lente - 17 -
VIII. Bibliographie - 18 -
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I. Index
Notation Cimentière
C CaO
A Al2O3
H H2O
S SiO2
Š SO3
Č CO2
Calcite CaCO3 / CČ
Portlandite Ca(OH)2 / CH
Ettringte Ca6Al2(SO4)3(OH)12 · 26 H2O / C6AŠ3H32
Monocarboaluminate de calcium Ca4Al2(CO3)(OH)12 · 5H2O / CČAH11
Silicate de calcium hydraté (CaO)x · (SiO2) · (H2O)y / CSH
Wollastonite CaSiO3 / CS
Quartz SiO2 / S
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II. Introduction
Le ciment et le béton sont les matériaux de construction les plus utilisés (respectivement 4.6
milliards de T et 6 millions de m3 en 2017 [1]). La production du ciment est à l’origine de 7 à
8% des émissions anthropique de CO2 [2], la majorité de ces émissions provient de la
fabrication du clinker (850kg CO2/t Clinker), le principal composant réactif, du ciment, formé
par la cuisson d’un mélange de 75% de calcaire et 25% d’argile.
Figure 1 Diagramme ternaire CaO-SiO2-Al2O3 (%m) représentant les principales compositions des matériaux à hydraulicité
potentielle [3]
Les MHP peuvent être d’origine naturelle (argiles, roches volcanique) ou des sous-produits
issus de l’industrie comme les laitiers de hauts fourneaux et doivent être majoritairement vitreux
pour être réactif et utiliser dans les ciments.
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2. Ciment contenant des MHP
Le ciment est composé de clinker et d’une petite partie de gypse (~5%), pour les CEM I, et
éventuellement de MHP, dans le cas des CEM II, III, IV et V (norme EN 197-1), dans des
quantités variables, allant de 6 à 86%. Ces ciments ont des résistances mécaniques généralement
inferieures au CEM I. Cependant certaines combinaisons permettent d’obtenir des résistances
mécaniques supérieures à celles des CEM I (par exemple la combinaison métakaolin-calcaire)
[4]. Cette résistance est due aux réactions pouzzolanique du métakaolin ainsi qu’aux
interactions entre le métakaolin et le calcaire [5].
4. Objectif du stage
L’objectif de ce stage est de vérifier les interactions entre le calcaire et les matériaux
pouzzolanique en milieu basique, telle qu’est la solution normale d’une pâte de ciment, en
s’appuyant sur les essais R3 (voir paragraphe III). Les échantillons étudiés sont deux laitiers (de
Fos et Dunkerque), un métakaolin, trois pouzzolanes (du Honduras, de Grèce et d’Italie), de
l’obsidienne du Guatemalas et des cendres calciques de Grèce. Le stage porte sur la réactivité
de ces matériaux en présence de calcaire et de Portlandite, milieu basique.
L’analyse des phases formées est faite par diffraction des rayons X (DRX) et la quantification
par analyse thermogravimétrique (ATG).
Des phases pures ont été par ailleurs synthétisées pour aider à leur quantification dans les
mélanges étudiés.
III. Essais R3
Les essais R3 (rapid, reproducible and relevant) ont été établis par les équipes du RILEM [6].
Les avantages de ces tests sont d’être rapides à mettre en place afin d’obtenir rapidement des
résultats, d’être reproductibles et d’obtenir des corrélations entre les tests et les mesures de
résistances mécaniques.
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Cette méthode est destinée à mieux simuler les conditions se produisant dans un ciment portland
par l'ajout de petites quantités de sulfate et d'alcalin à un mélange de Portlandite/MHP.
Les expériences menées dans le cadre de ces essais sont la calorimétrie isotherme, à 40°C,
durant 7j, la mesure de la quantité d’eau liée et l’identification et la quantification de phases à
différentes échéances d’hydratation par ATG et DRX.
IV. Expériences
Le KOH et le K2SO4 sont mis en solution. La Portlandite et la calcite sont mélangés à la spatule
pour obtenir une poudre uniforme à l’œil. Le MHP est ajouté au mélange Portlandite-Calcite
puis la solution de KOH et K2SO4 est ajouté et mélangé avec une spatule pendant 1 min pour
obtenir une pate uniforme.
3. Arrêt d’hydratation
Des pâtes sont placées dans des piluliers hermétiques et placés dans une étuve à 40°C durant
toute la durée d’hydratation (2, 7, 14, 28, 60 ou 90j), puis l’hydratation est stoppée par échange
de solvent avec le 2-propanol. Le 2-propanol est ensuite évaporé durant au moins 24 à l’étuve
à 40°C.
Les poudres sont ensuite caractérisées par DRX et les phases quantifiées par ATG.
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4. Diffraction des rayons X (DRX)
Les diffractogrammes sont obtenus à l’aide d’un diffractomètre Brücker D2 PHASER 2nd
Generation (λ Cu = 1,5406Å). Les mesures vont de 2θ = 5 à 79° avec un pas de 0,02 degrés et
un temps par pas de 0,6s. La sources des rayons X est alimentée avec une tension de 30kV et
un courant de 10mA.
6. Calorimétrie
Les courbes calorimétriques sont obtenues à l’aide d’un Thermometrics (TA Instrument) TAM
Air 8 canaux, à 40°C, durant 7 jours.
V. Résultats
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également du Fe2O3 et du K2O et les MHP industriels contiennent une très forte teneur en CaO
(phase majoritaire).
Figure 2 Profils granulaire du laitier de Dunkerque (a), du métakaolin (b) et de la calcite (c)
2. Calorimétrie
La figure 3 montre le profil type obtenu pour les 8 échantillons en calorimétrie isotherme, à
40°C, pendant 8 jours. Le flux de chaleur est endothermique durant les 2000 premières minutes
(33h), sur cette durée correspond à la formation des principaux hydrates, les CSH et l’ettringite
(voir V-3).
Après les 2000 premières minutes, le flux de chaleur est très faible mais non nul, cela
correspond à des réactions plus lentes, comme la carbonatation.
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Figure 3 Courbe calorimétrique isotherme du mélange métakaolin, à 40°C, pendant 8 jours
- 11 -
4. Caractérisation de phases pures
L’analyse par DRX des phases montrent de faibles traces de gypse (CaSO4 · 2 H2O) dans
l’ettringite et des traces de calcite dans le monocarboaluminate de calcium.
Dans le tableau 4 sont reportées les pertes de masses associées aux
déshydratations/déshydroxylation et aux décarbonatations des phases pures, ces pertes de
masses permettront également de quantifier les phases dans les échantillons (voir partie V-6).
Les valeurs obtenues expérimentalement sont très proches des valeurs théoriques attendues.
Phase H2O (%m th) CO2 (%m th) H2O (%m exp) CO2 (%m exp)
Portlandite 24,3 / 22,4 /
Calcite / 44 / 42,3
Ettringite 45,9 / 41,6 /
Carboaluminates 34,9 7,7 33,2 7,5
Tableau 4 Pertes de masse théoriques et expérimentales mesurée sur les phases pures par ATG
L’analyse par ATG de phases pures permet également d’obtenir les températures de
déshydratation/déshydroxylation et de décarbonatation de ces phases pour les identifier sur les
ATG des mélanges. Dans le tableau 5 sont reportées ces températures. Une analyse ATG a aussi
été menée sur un CSH ayant un rapport Calcium/Silicium de 0.7.
Phase T (déshydratation) T (déshydroxylation) T (décarbonatation)
Portlandite / ~ 350 °C /
Calcite / / ~ 600 °C
Ettringite ~ 70 °C / /
Carboaluminates ~ 100 °C ~ 200 °C ~ 600 °C
CSH ~ 100 °C / /
Tableau 5 Température de déshydratation/déshydroxylation et décarbonatation de phases pures
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Entre 100 et 350°C, la deuxième perte de masse est due à la déshydratation des CSH et à la
déshydratation/déshydroxylation des carboaluminate de calcium. Entre 100 et 200°C, le pic
visible sur la trace DTG correspond à la déshydratation des CSH et à la déshydratation des
carboaluminates de calcium (perte de 5 molécules d’eau). Entre 200 et 300°C, un pic plus petit
est visible sur la trace DTG, il correspond à la déshydroxylation des carboaluminates (perte de
6 molécules d’eau) [10]. Les CSH ne peuvent pas être quantifiés, le nombre de molécule d’eau
perdu n’étant pas connu.
Entre 350 et 500°C, la troisième perte de masse correspond à la déshydroxylation de la
Portlandite.
Entre 500 et 800°C, la quatrième perte de masse correspond à la décarbonatation de la calcite
et des carboaluminates, la quantification des carboaluminates (deuxième perte de masse) permet
de ne garder que la contribution de la calcite.
Entre 800 et 950°C, la cinquième perte de masse n’est observée que pour le mélange
métakaolin, il correspond à la transformation d’un CSH en Wollastonite (4) [11].
(𝐶𝑎𝑂) · (𝑆𝑖𝑂2) · (𝐻2 𝑂)1.5 → 𝐶𝑎𝑆𝑖𝑂3 + 1.5 𝐻2 𝑂 (4)
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500 et 1000°C (800°C pour le métakaolin) pour la calcite et entre 800 et 1000°C pour la
wollastonite (uniquement pour le métakaolin). La quantification de la wollastonite permet de
remonter à la quantification du (CaO) · (SiO2) · (H2O)1.5.
Tableau 6 Quantification des phases Ettringite, Carboaluminates, Portlandite, Calcite et CSH dans les échantillons (en %m)
Dans le tableau 6 sont reportés les quantifications des différentes phases dans les échantillons.
La quantité d’ettringite ne varie pas beaucoup, mais la quantification de cette phase n’est pas
précise, la gamme de température utilisée pour le calcul correspond à la fois à la déshydratation
de l’ettringite et à l’évaporation de l’isopropanol restant. Pour certains échantillons
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l’isopropanol peut être présent en quantité importante (par exemple pour le métakaolin, il y a
une forte perte de masse avant 100°C alors qu’il n’y a pas d’ettringite).
L’augmentation de la quantité de carboaluminates est accompagnée d’une diminution de la
quantité de calcite. La calcite est consommée pour former les carboaluminates, ce qui entraine
sa diminution.
La quantité de Portlandite diminue au cours du temps, elle est consommée par les MHP. Les
matériaux pouzzolaniques réagissent avec l’eau et la chaux (5) pour former des produits
(Silicate de calcium hydraté noté CSH) similaires à ceux du principal composé du ciment
portland (6), le silicate tricalcique [12].
𝐶𝑎𝑂 + 𝐻2 𝑂 + 𝑆𝑖𝑂2 → 𝐶𝑆𝐻 (5)
3 𝐶𝑎𝑂 . 𝑆𝑖𝑂2 + 𝐻2 𝑂 → 𝐶𝑆𝐻 + 𝐶𝑎(𝑂𝐻)2 (6)
Cependant, même si les calculs par différences de masses entre deux températures permettent
d’obtenir une première quantification, les valeurs réelles peuvent être différentes. Pour affiner
ces résultats, il faut faire la déconvolution des signaux de DTG (voir parti VII-2).
VI. Conclusion
En conclusion, l’hydratation des MHP en présence de Portlandite, calcite et d’une solution
basique contenant des sulfates, commence par la formation d’ettringite et de CSH, cette
information est donnée par la calorimétrie et par les analyses DRX à 2 jours d’hydratation. La
formation de CSH est également confirmée par la présence du pic de déshydratation à 200°C
sur la trace DTG dans tous les échantillons.
La formation de CSH continue ensuite durant toute l’hydratation, la quantification de la
Portlandite permet de voir que la quantité dans les échantillons diminue, elle est consommée
pour former du CSH (équation (5)). L’augmentation de quantité de CSH formée est également
confirmée par les DTG, le pic de déshydratation des CSH est de plus en plus intense à chaque
échéance.
L’ATG et la DRX mettent aussi en évidence la présence de carboaluminates.
La principale différence entre les différents MHP est leur facilité ou non à former à former des
carboaluminates, certains MHP, comme le métakaolin en forment très rapidement et pour
d’autres à l’inverse, comme la pouzzolane du Honduras, il ne s’en forme pas à 60 jours
d’hydratation.
La quantification de la phase carboaluminate permet de classer les MHP étudiés ici en fonction
de leur vitesse de formation de carboaluminates : le métakaolin, la pouzzolane d’Italie, la cendre
calcique de Grèce, les laitiers de Fos et Dunkerque, l’obsidienne du Guatemala, la pouzzolane
de Grèce et la pouzzolane du Honduras.
Durant ce stage j’ai pu observer le fonctionnement d’un laboratoire de recherche et j’ai pu
acquérir plus d’expérience de travail en autonomie. Ce stage m’a également permis de me
décider à continuer dans le domaine de la recherche académique en préparant un doctorat à
partir de septembre.
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VII. Suite du stage
Le stage se poursuit jusqu’au 30 juillet, ce qui suit détaille ce qu’il est envisagé de faire jusqu’à
la fin du stage.
Figure 5 Déconvolution du signal DTG entre 100 et 300°C, du mélange P Italie à 28 jours d’hydratation
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3. Analyse ATG plus lente
Une méthode pour séparer plus finement les pertes de masse à des températures proches est
d’augmenter la température degrés par degrés et d’attendre entre chaque montée que la masse
se stabilise, dans ce cas les pertes de masse se manifestent par des marches sur le
thermogravigramme et celles proches (comme la déshydratation de l’ettringite et l’évaporation
du 2-propanol) sont bien distinctes. Ainsi ces analyses plus longues ne seront réalisées que sur
certains échantillons.
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VIII.Bibliographie
[2] D. O’Riain, «Climat : rendre le ciment plus propre,» 14 Juin 2019. [En ligne]. Available:
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/climat-rendre-le-ciment-plus-propre-
1029141. [Accès le 9 Juin 2021].
[5] K. Scrivener et F. Avet, «Investigation of the calcined kaolinite content on the hydration
of Limestone,» Cement and Concrete Research, n° 107, pp. 124-135, 2018.
[6] Li, Snelling, Antoni et al, «Reactivity tests for supplementary cementitious materials:
RILEM TC 267-TRM phase 1,» Mater Struct, n° 51, p. 151, 2018.
[7] Matschei, Lothenback et Glasser, «The AFm phase in Portland cement,» Cement and
Concrete Research, n° 37, pp. 118-130, 2007.
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