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Introduction
2. Caractérisation des éponges de titane nitrurées
2.1. Homogénéité chimique :
2.1.1. LECO ONH
2.1.2. Microsonde de Castaing
2.2. Porosité :
2.2.1. Introduction porosité d’une éponge
2.2.2. Porosimètre à mercure
2.2.3. Microscope optique
2.2.4. Tomographie
2.3. Masses volumiques :
2.3.1. Porosimètre à mercure
2.3.2. Pycnomètre à helium
2.3.3. Pycnomètre à eau
2.4. Conclusion /perspc
1. Introduction
Le sujet de la thèse s’inscrit dans le cadre du projet TIARE (Titanium Aerospace Recycling) à
l’IRT M2P en partenariat avec Safran, Aubert & Duval (Groupe Eramet) et l’institut Jean
Lamour. Le projet se compose de quatre lots en relation avec le recyclage et l’affinage des
alliages de titane par la fusion à creuset froids à plasma d’arc (PAMCHR : Plasma Arc Melting
and Cold Hearth Refining). Le lot 1 est celui correspondant au sujet de la thèse, concernant la
simulation 3D du procédés PAMCHR pour l’élimination des défauts dans les alliages de titane
appliqués en aéronautique. L’étude portera sur deux fours PAMCHR, le premier de taille pilote
à l’IRT M2P et le deuxième de taille industrielle à A&D. Le sujet fait suite à des études réalisées
par Léa Décultot dans le cadre du projet RecyTIAL portant sur la modélisation 3D du creuset
d’affinage du four PAMCHR [1][2].
Le manuscrit reporte les travaux menés lors de la première année de thèse. Deux parties ont
été étudiées en parallèle, une expérimentale et l’autre numérique.
La partie expérimentale est consacrée à la caractérisation des éponges de titane nitrurées qui
seront utilisées comme des défauts synthétiques pour l’étude de leur élimination par voie
liquide dans le four PAMCHR. En effet, des inclusions peuvent pénétrer et rester dans les
lingots provoquant des défauts potentiels dans les produits en titane [1]. Dans le domaine
aéronautique, la qualité des pièces métalliques est un critère important notamment en termes
de propreté inclusionnaire des produits élaborés. Ces inclusions peuvent être des inclusions à
faible densité (Low density inclusions : LDI) ou des inclusions à haute densité (High density
inclusion : HDI). Les LDI sont principalement des nitrures de titane vue l’affinité du titane avec
l’azote. Les HDI sont des fragments d'outils brisés utilisés principalement pour usiner des
lingots de titane. Elles sont principalement composées de Molybdène (Mo) et carbure de
Tungstène (CW) [1]. La principale problématique en présence de ces défauts, est leur point de
fusion élevé par rapport au titane et donc ils ne se dissolvent pas facilement [2]. Dans cette
étude, les LDI sont des éponges de titane nitrurées de différentes teneurs en azote (2, 8 et 15
%m). Pour comprendre et analyser leur comportement dans un bain liquide lors de la fusion
du titane, l’étape de caractérisation était nécessaire. Cette dernière concerne composition et
homogénéité chimique, la mesure de porosité, et des masses volumique réelle et apparente.
D’autre part, et puisqu’en industrie ces types d’éponge sont utilisées sous forme compactée,
une caractérisation et comparaison entre éponge avant et après compactage est également
étudiée.
Pour la partie numérique, l’objectif est la modélisation du creuset de fusion et d’étudier tous
les phénomènes qui interviennent au cours de l’alimentation du four, la fusion et son effet sur
le procédé d’affinage et recyclage PAMCHR. La compréhension du procédé PAMCHR
permettra dans un second temps de traiter l’élimination des défauts tels que les inclusions
LDI) dans le four de fusion par bombardement électronique (BE) à l’IJL. Cette partie étudiera
la cinétique de dissolution des particules poreuses dans un bain de métal liquide et l’influence
de la teneur en azote sur cette dissolution. Un modèle de dissolution des inclusions LDI denses
sera adapté pour prendre en compte les particularités d’une inclusion poreuse pour
l’appliquer sur les éponges de titane nitrurées. La cinétique d’élimination des HDI et un
modèle associés sera également traiter.
2. Caractérisation des éponges de titane nitrurées
Afin d’évaluer les capacités de fours industriels à éliminer des défauts de type LDI, des tests
d’ensemencement avec des particules d’éponge volontairement nitrurées sont pratiqués
industriellement. Le lingot, une fois coulé et solidifié est ensuite analysé, le plus souvent par
RX, pour vérifier l’absence de défaut, et donc leur élimination par le procédé de refusion.
Pour cette raison, des éponges de titane nitrurées sont produites par un élaborateur (Timet)
et commercialisées afin de réaliser ces tests. Trois teneurs en azote sont proposées par le
fabricant (2, 8 et 15 %m), et des images de ces éponges sont données sur la Figure 1.
Les conditions de nitruration de ces éponges ne sont pas connues mais, étant donné que
l’éponge conserve sa morphologie et sa porosité initiale, on devine que la nitruration
s’effectue par voie gazeuse, à haute température pour faciliter la cinétique de nitruration du
titane de l’éponge.
Ce chapitre est dédié à la caractérisation de ces éponges, tant d’un point de vue porosité que
chimique.
Figure 2 : a- Photo d’une éponge de titane nitrurée (8 %m N),b- Schéma d'un matériau
poreux de masse M, Volume du solide Vs, Volume apparent Va, Volume des pores
fermés Vp,f et volume des pores ouverts Vp,o
On distingue ainsi les pores fermées (lorsqu’ils ne sont pas connectés avec le gaz externe),
des pores ouverts (dans le cas contraire), et pour chaque éponge, sont définis : volume
des pores fermés Vp,f, volume de pores ouverts Vp,o et Vp= Vp,f + Vp,o.
Le volume apparent du solide Va correspond à l’enveloppe de la particule, c’est-à-dire de
la somme du volume poreux et du volume du solide : Va = Vs+ Vp.
La définition de ces volumes permet le calcul des masses volumiques réelle ρr et apparente
ρa du solide de masse M comme suit :
M
• Masse volumique apparente ρa =Va
M
• Masse volumique réelle ρr= Vs
La porosité ε est le taux de vide (pores) d'un matériau. Elle peut être définie comme le
rapport entre le volume des pores et le volume apparent, et sa valeur est comprise entre
0 et 1. Puisque nous avions distingué les pores fermés de ceux ouverts, nous pouvons aussi
définir plusieurs porosités :
Vp,f
• Porosité fermée εp,f = Va
Vp,o
• Porosité ouverte εp,o= Va
• Porosité ε= εp,f + εp,o
Les analyses ont été réalisées à l’IRT M2P pour trois grains d’éponges de titane
nitrurées S1, S2 et S3 de chaque teneur en azote (2,8 et 15 %m). Les résultats sont
donnés dans le tableau 2.
Tableau 2: Titres massiques (%m) en azote (N) et d’oxygène (O) mesurés des éponges
de titane nitrurées à l’aide de LECO ONH 836
Elément
Eponges S1 S2 S3 Moyenne
chimique
N (%m) 1,29 1,26 1,25 1,26
Sp_2TiN
O (ppm) 578 610 623 604
N (%m) 2,75 2,64 3,04 2,81
Sp_8TiN
O (ppm) 789 720 963 824
N (%m) 17,9 16,4 16,1 16,8
Sp_15TiN
O (ppm) 865 1030 936 942
Cette analyse est réalisée en volume d’un grain d’éponge casser en trois morceaux
(poids d’environ 0,106 mg), ce qui permet d’avoir les titres moyens de l’échantillons.
On note que les compositions sont bien répétables pour un même lot. Les teneurs en
oxygène augmentent légèrement avec le titre en azote (ce qui peut être lié au temps
de nitruration). Le titre en oxygène mesuré est ainsi légèrement supérieur aux titres
rencontrés dans les éponges de titane, à savoir inférieur à 500 ppm.
Pour les éponges du lot 2 %m et 15 %m les titres en azote annoncées par Timet sont
bien retrouvés par les mesures du LECO ONH. Par contre pour les éponges du lot 8 %m,
le titre mesuré est de façon surprenante beaucoup plus faible, aux alentours de 3 %m.
La méthode de préparation des surfaces poreuses des éponges pour cette analyse est
comme suite :
Les teneurs en azote en chaque point adjacent en pourcentage massique. Une éponge
de chaque lot (2, 8 et 15 %m) sont analysées.
Les figures 5-a et c reporte les titres massiques d’azote d’une éponge du lot 2 %m et
15 %m N respectivement. En moyenne la teneur en azote est de 2,07 %m et 15 %m,
mais une hétérogénéité chimique est bien remarquée. Pour des éponges de 12mm, on
remarque une couche d’épaisseur de 400 à 1000 µm qui est nitrurée.
b-Sp_8TiN_1
c-Sp_15TiN_1
N
18
16
Titre massique d'azote ()
14
12
10
2 4 6 8 10 12 14 16 18
POINT
2.1.3. Conclusion :
Les deux techniques utilisées ont permis de déterminer la composition chimique des
éponges de titane nitrurées, en volume par le LECO ONH et de façon ponctuelle par la
microsonde de Castaing. A partir des résultats des deux méthodes, la composition
chimique attendue des éponges de titane nitrurées de 2 %m et 15 %m en azote est
bien confirmée. Chose qui n’est pas du tout valide pour les éponges de titane nitrurées
de 8 %m en azote. De plus, il reste étrange le fait que le volume analysé à l’aide du
LECO, qui est petit par rapport au volume d’une éponge, donne en moyenne une valeur
proche de la valeur attendue (pour les éponges 2 et 15 %m), alors que par analyse
ponctuelle, on voit clairement que la teneur en azote diminue d’une façon très
remarquable et sur une épaisseur assez étroite, pour une moyenne par exemple pour
l’éponge à 15 %m d’azote de 12 %m (en prenant une moyenne des valeurs affichées
sur les images SE).
D’autre part, il est encore par très clair la nitruration des éponges, et l’effet de la
porosité sur cette dernière. La position du point d’analyse par rapport aux pores,
n’affecte pas vraiment d’une manière claire de titre massique d’azote. Ce qui à mon
avis prouve l’hétérogénéité chimique des éponges, et la présence de l’azote
principalement en surface des éponges.
a) Sp_8TiN_8 b) Sp_15TiN_4 :
Figure 8 : Distribution en taille des pores (en rouge) et le volume cumulé de pores en fonction de
diamètre des pores (en noir) des éponges a) Sp-8TIN-8 et b) Sp-15TIN-4
Figure 9 : Image global de l’éponge Sp-8TiN-1 prise à l’aide du microscope optique à gauche
et après seuillage à droite
Ensuite, avec un grossissement plus grand de la même surface, un stack de 40 images sous
forme de grille de petites surfaces égales comme représenté dans la figure 9, a été traité
de la même manière. Le tableau 3 reporte les fractions surfaciques de pore des 40 images.
En excluant l’image 40 qui contient une grande partie de la résine périphérique à
l’échantillon, la moyenne est 42,28 % de porosité totale.
On peut également estimer le diamètre des pores sur ImageJ (Fiji) en positionnant des
disques de diamètre équivalent comme illustre la figure 11. La taille caractéristique
des pores pour cette éponge est estimée à 20 µm. Les résultats sont identiques à ceux
des analyses à l’aide du porosimètre à mercure. Puisque la porosimètrie au mercure
mesure la porosité ouverte, et que cette technique la porosité totale, on en déduit que
les pores sont essentiellement ouverts, ce qui n’est pas surprenant pour des porosités
aussi importantes.
2.2.3. Tomographie
La tomographie permet d'obtenir une description en trois dimensions (3D) des
structures internes d'un objet à partir d'une série de radiographies X à deux
dimensions (2D). Puisque l’absorption des rayons X est sensible du matériau, cette
technique est bien adaptée pour observer des matériaux poreux. Un seuillage
d’images suivant les trois directions donne aussi accès au calcul de la porosité.
Le tomographe marque de l’IJL a été utilisé pour ces premiers essais, une image du
tomographe est donnée sur la figure 12 .
L’analyse est réalisée par enregistrement d’une projection de volume sur une surface
(à partir d’une moyenne de six radios) pour une position donnée de l’échantillon.
L’échantillon étant en rotation autour de son axe par un pas de 0,25 un total de 1440
radios par tour est ainsi effectué. La taille minimale des pores mesurable est de 12 µm.
Une fois l’analyse sur une rotation faite, l'ensemble des projections 2D peuvent être
utilisées pour procéder à la reconstruction 3D grâce à un algorithme qui permet d’avoir
une visualisation en 3D. La figure 13 représente trois projections d’une éponge de
titane nitrurée suivant les trois plan XY, ZY et ZX.
Tableau 4 : Mesure des volumes du solide, des volumes des pores et de la porosité des
éponges Sp_8TIN_9 et Sp_8TIN_10
Figure 13 :
Figure 15
𝑀
𝜌r = Vs (2)
Trois volumes de cellule échantillon (10 ; 5,5 et 1,3 cm3) ont été utilisés pour la mesure
de masse volumique réelle de 6 éponges de Sp_8TiN. Le tableau 6 représente les
résultats des mesures de volumes et le calcul des masses volumiques réelles des
éponges.
Pour réduire l’incertitude, une mesure du volume total des six éponges permet le
calcul d’une masse volumique apparente moyenne. Avec l’hypothèse que l’eau ne
pénètre pas à l’intérieur des pores des éponges. Le tableau 7 représente les valeurs
mesurées de masse, de volume apparent et de masse volumique apparente moyenne.
La masse volumique apparente moyenne est à égale à 3,62 g/cm³. Avec une porosité
de 43 % et une masse volumique réelle de 4,675 g/cm³ [7][8], la masse volumique
apparente d’une éponge à 8 %m en teneur d’azote devrait être égale à 2,66 g/cm³ en
ρa
utilisant la relation suivante ε = (1- ρr)*100.
Les mesures à l’aide de pycnomètre à eau seront plus fiable lorsqu’une balance de
haute précision sera à notre disponibilité pour réduire les incertitudes la masse
mesurée.
Tableau 7 : Ensemble des valeurs des masses, volumes et masse volumique apparente
moyenne de six éponges de titane nitrurées à l’aide d’un pycnomètre à eau.
Tableau 8 : Mesures de masses volumique apparentes (ρa) et réelles (ρr ) des éponges
Sp_8TIN_8 et Sp_15TIN_4
Conclusion
Vue que la porosimètrie à mercure est une technique destructive, on a préféré couper encore
une fois chaque morceau en deux, un dédié pour la porosimètrie à mercure et le deuxième
pour l’analyse d’imagerie au microscope optique. Ceci est représenté dans la figure 19.
Figure 19
Taille
Eponges de titane Samples Porosité (%) caractéristique
(µm)
Sp-F2-1 56,87 25
Non compactée
Sp-F2-2 46,70 20
SpC-F2-C1 13.84 10
Compactée
SpC-F2-C2 9,15 7
Après compactage, la porosité ouverte résiduelle est entre 9 à 13%. La question était est ce
que cette porosité est inter-grain ou intra-grain. Pour se faire, une analyse d’imagerie à l’aide
du microscope optique a été réalisé après enrobage et polissage de la même manière décrite
auparavant. La figure 20 représente les images MO d’une section au centre de la briquette
compactée d’éponge de titane. L’analyse au microscope optique, montre que les pores ou la
porosité résiduelle est bien inter-grain d’éponge et non pas entre des pores ou vide entre les
éponges. Sauf pour quelque zone spécifique (au bord de la briquette par exemple qui n’est
pas bien compactée) sous effet mécanique. On ne sait toujours pas le comportement réel de
l’éponge titane lors du compactage, surtout si une fragmentation se produit ou pas. Encore
moins pour une éponge de titane nitrurée qui certainement à des propriétés mécaniques
différente de celles de l’éponge de titane et donc elle aura un comportement différent lors du
compactage.
Figure 20
Dans un premier temps, un échantillon de référence (standards) de titane pur est utilisé pour
avoir le spectre WDS des deux raies du titane : Ti-Lα et Ti-Lη. On support que leur position et
le rapport d’intensité Ti-Lα / Ti-Lη reste les mêmes pour l’échantillon Ti-N. En effet, pour
pouvoir calculer la contribution du pic Ti-Lη dans le pic (qui est une somme des deux pics N-
Kα et Ti-Lη) de l’échantillon Ti-N. Une fois cette dernière est connue, la contribution de la raie
N-Kα est déterminée.[3]
Références
[1] H. Mizukami et al., “Removal Technology of Inclusion from Titanium Alloy Melt in
Hearth,” 2022.
[2] H. Mizukami et al., “Removal Technology of Inclusion from Titanium Alloy Melt in
Hearth,” 2022.
[3] Grosso Stéphane, “Revêtements architecturés de Ti, TiN et TiOx élaborés par
pulvérisation cathodique au défilé sur des fils en acier inoxydable: relation entre la
composition chimique, la microstructure et les propriétés d’usage,” 2017.
[4] G. F. Bastin, H. J. M. Heijligers, and Technische Hogeschool Eindhoven. Laboratory of
Solid State Chemistry and Materials Science., Quantitative electron probe microanalysis
of nitrogen. Laboratory of Solid State Chemistry and Materials Science, University of
Technology Eindhoven, 1988.
[5] H. Skulev, B. Drenchev, T. Mechkarova, L. Drenchev, and A. A. Balevski, “Kinetics of
Surface Layers Growth in Gas Nitriding Ti-6Al-4V by Indirect Plasma Torch,” 2014.
[Online]. Available: https://www.researchgate.net/publication/305297634
[6] Hans Stephane, “Mecanisme de dissolution d’éponge de titane nitrurée (défaut ‘hard-
alpha’ de type I),” 1996.
[7] Hans Stéphane, “Modélisation des transferts couplés de chaleur, de soluté et de
quantité de mouvement lors de la refusion à l’arc sous vide (VAR)-Application aux
alliages de titane,” 1995.
[8] Pierson H.O., “Handbook of refractory carbides & nitrides: properties, characteristics,
processing and applications. William Andrew.,” 1996.