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Géosciences Sciences de la Terre

Classification des roches magmatiques

7.1 - Les différents modes de classification


7.1.1 - En fonction de l'acidité de la roche
En fait, on a tendance à confondre richesse en silice et saturation de la roche en SiO 2. En
principe, la richesse en silice exprime l'acidité d'une roche, c'est-à-dire le rapport de la quantité
d'oxygène fixée par Si à la quantité d'oxygène fixée par tous les autres cations ; on ainsi distingue
(Fig. 17) :
- des roches acides ;
- des roches intermédiaires ;
- des roches basiques ;
- des roches ultrabasiques.

Teneur en
Si % Teneur en base
sauf alcalins %
100 100

65
52
45
Acide
Intermédiaire
Basique
Ultrabasique
ABCD ABCD
Bases: CaO, FeOT, MgO Alcalins : Na2O, K2O

Fig. 17 – Classification d’après l’acidité

7.1.2 - En fonction du degré de saturation en silice


La silice est présente dans tous les silicates, mais lorsqu'elle est très abondante dans le magma
(SiO2 > 65 %), elle peut s'individualiser et former du quartz. On dit que la roche est sursaturée. Si
la quantité est moindre (45 % <SiO2 < 65 %), le quartz ne cristallise plus et seuls apparaissent les
feldspaths. On dit que la roche est saturée. Si la quantité de silice est inférieure à 45 %, des
feldspathoïdes apparaissent car ce sont des minéraux qui requièrent peu de silice pour se former ;
donc quartz et feldspathoïdes s'excluent mutuellement, un magma ne pouvant être à la fois riche et

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pauvre en silice. Dans ce cas on dit que la roche est sous-saturée ou extrêmement sous-saturée
selon que l'on observe ou non des feldspaths.

7.1.3 - Classification des Roches en fonction de la saturation en silice

Tableau 6 - Classification des roches en fonction de la saturation en silice

Quartz Feldspathoïdes
Granite (Rhyolite) Syénite (Trachyte)
60 % FK Syénite néphélinique
Biotite (Trachyte néphélinique)
Amphibole verte
Monzonite (Latite)
Monzogranite FK = Plagioclase Monzonite néphélinique
Amphibole verte (Latite néphélinique)
Pyroxène
Biotite
Granodiorite Diorite (Andésite)
(Rhyodacite) Plagioclase Na-Ca Essexite
Amphibole verte (Téphrite-Ordanchite)
Proxène
Biotite
Diorite quartzique Gabbro (Basalte) Théralite
(Dacite) Plagioclase Ca (Basanite)
Pyroxène
Amphibole brune
Olivine
Biotite

Roches sursaturées Roches saturées Roches sous-saturées

7.1.4 - En fonction de l'alcalinité de la roche

Tableau 7 - Classification d’après l’alcalinité

Teneur en quartz Teneur en f


Q+ F F F+f f
60 20 0 5 60 90
Roches hyperalcalines
Roches sursaturées Roches saturées Roches sous-saturées
Roches. alcaline
10
Roches sub-alcalines Leuco-granites Syénite Syénites Néphéliniques
Trachyte Phonolites
35
Granites (Rhyolite)
Monzonite Néphélinique
Monzogranite Monzonite

R. calco-alcalines 50
65
R. sub-plagioclasiques Granodiorite Syénite Diorite Essexite
90
R. holoplagioclasiques Diorite Quartzique Diorite/Gabbro Théralite

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On distingue ainsi : - les roches hyperalcalines (Na + K» Ca) ; - les roches alcalines (Na + K >
Ca) ; - les roches calcoalcalines (Na + K # Ca) ; - les roches sub-calciques et calciques ou roches
calco-sodiques (Na + K <Ca).

7.1.5 - En fonction de la quantité de minéraux colorés


Il s'agit en fait des minéraux ferro-magnésiens : olivine, pyroxènes, amphiboles, biotite ... On
peut ainsi distinguer : les roches hololeucocrates (minéraux colorés ± absents, <10 % ; cas des
anorthosites), les roches leucocrates (roches pauvres en minéraux colorés, < 35 %), les roches
mésocrates (richesse moyenne, < 65 %), les roches mélanocrates (plus forte richesse, < 90 %) et les
roches holomélanocrates (roches quasi exclusivement constituées de minéraux colorés, > 90 %).
Lorsque la roche est plus ou moins pauvre en minéraux colorés, on parle de roche felsique (roches
à quartz et feldspaths) ; lorsque la teneur est ± élevée, on parle de roche mafique (magnésium et
fer) ; lorsque la teneur est très élevée, on parle de roches ultramafiques ou mieux d'ultramafites. On
substitue souvent ces mots à « acide » et « basique », car les magmas n'ont pas un pH acide ou un
pH basique.

Fig. 18 - Classification d’après le pourcentage de minéraux colorés

7.2 - Les grands types de classification


On a l'habitude d'effectuer les classifications avec un tableau à double entrée. C'est ce qu'avait
fait Lacroix dans les années 30. Il utilisait pour sa classification des critères granulométriques,
minéralogiques et chimiques. Puis Streckeisen a proposé, en 1966, une nouvelle classification,
basée sur le mode de la roche, et qui était moins rigide que celle de Lacroix. On peut en effet
mettre en évidence de nombreux intermédiaires qui n'apparaissent pas dans la classification de
Lacroix, et qui sont parfois plus fréquents (par exemple les trachy- andésites sont plus fréquents

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que les trachytes). Pour classer les roches on utilise des critères minéralogiques et des critères
granulométriques.

7.2.1 - Les critères minéralogiques


On distingue parmi les minéraux « cardinaux » (= principaux) : le quartz, les feldspaths
alcalins (orthose, sanidine, albite), les feldspaths calco-sodiques ou plagioclases, les feldspathoïdes
(leucite, néphéline, mélilite) et les minéraux colorés (micas, amphiboles, pyroxènes, olivine).
7.2.2 - Les critères granulométriques
Selon la grandeur (et la forme) des minéraux constitutifs, donc finalement selon le mode de
refroidissement plus ou moins rapide du bain silicaté, on distingue :

Tableau 8 - Classification d’après la taille

Les roches à très gros grains Ø > 3 cm pegmatites.


Les roches à gros grains 1 cm < Ø < 3 cm.
Les roches à grains moyens 1 mm <Ø < 1 cm.
Les roches à grains fins Ø <1 mm aplites.

7.2.3 - Les roches grenues


Elles sont constituées de grains dont la taille moyenne est de 3 à 5 mm, les variations
s’étendant de 0,5 mm à 1 m. La roche est donc constituée de grains visibles à l oeil nu (ou à la
loupe). Le refroidissement est donc lent : le rythme de nucléation et la vitesse de croissance sont à l
origine d un petit nombre de « germes » cristallins à développement plus facile ; la roche est dite
macrocristalline. Pour distinguer les différents types de grains, on peut tenir compte de leurs
dimensions, ce qui permet de distinguer :On peut également distinguer des roches porphyroïdes :
roches contenant des mégacristaux dispersés au sein de cristaux plus petits (mais visibles à l'oeil
nu) et des roches porphyriques : roches dont les phénocristaux sont dispersés au sein d'une pâte
aphanitique, c'est-à-dire une pâte constituée de microcristaux ; ce terme s'oppose à aphyrique.

7.2.4 - Les roches microgrenues


Elles sont le plus souvent constituées de 2 types de grains : d'une part des grains petits et
nombreux qui manifestent le refroidissement plus rapide du magma, d'où l'apparition d'un plus
grand nombre de grains qui se développent mal ; ces grains sont uniquement visibles au
microscope ; la roche est dite microcristalline. D'autre part on trouve des grains beaucoup plus gros
ou phénocristaux dont l'origine est à rechercher dans un refroidissement lent en profondeur. On dit
que la roche est microporphyrique. Ce sont des roches qui commencent à refroidir en profondeur,

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puis qui s'approchent de la surface et refroidissent plus rapidement. Cela peut également être le cas
de magmas importants dont la surface supérieure, en contact avec un environnement froid,
cristallise plus vite sur ses bords (faciès de bordure ou bordure figée).

7.2.5 - Les roches microlitiques et vitreuses


Elles sont constituées de petits cristaux en forme de baguettes : les microlithes (du grec micro
= petit et lithos = pierre). Ces baguettes forment l'essentiel des roches volcaniques ; elles
témoignent d'un refroidissement rapide (une coulée refroidit en quelques années). Un cas
particulier est celui des dolérites dont les « microlithes » sont visibles à l'œil nu ; il faudrait
inventer un nouveau mot, par exemple celui de « macrolites » pour tenir compte de cette
observation, le refroidissement n'étant ni très lent, ni très rapide. C'est le cas des dolérites de la
croûte océanique et des basaltes demi-deuil. Parfois il n'y a aucun cristal visible; aucun germe n'a
pu apparaître car la grande viscosité du magma bloque la nucléation ; il se forme alors un verre ;
celui-ci peut parfois également coexister avec les microlithes. Il est intéressant de souligner que le
verre est toujours instable et qu'il a tendance à cristalliser ; cette dévitrification est très lente et
donne naissance à des cristallites disposées de façon fibroradiée. Ces petites sphères millimétriques
portent le nom de sphérolites. Ces variations de dimensions sont donc dans la majorité des cas le
reflet d'une plus ou moins grande vitesse de refroidissement ; mais elles peuvent avoir d'autres
origines : une augmentation de la pression peut élever le liquidus du système, d'où cristallisation à
une température plus élevée ; une perte d'eau peut avoir les mêmes effets.
7.3 - Classification qualitative et quantitative
Pour le pétrographe la simple reconnaissance des minéraux n'est souvent pas suffisante. Il faut
connaître aussi la proportion de chacun d'eux. D'autre part, lorsque l'on a affaire à une roche
volcanique contenant du verre, il faut en tenir compte car il s'agit d'une partie du magma qui n'est
pas à l'origine de cristaux ; donc on a de la difficulté à la classer. On peut alors utiliser l'analyse
chimique et, connaissant la composition théorique des minéraux cardinaux, on peut calculer à partir
de cette analyse les minéraux qui auraient dû apparaître si tout le liquide avait cristallisé. Ceci nous
permet de distinguer 2 types de classification de ce point de vue :
- une classification simplement qualitative = observée : c'est le mode de la roche et on parlera
de classification modale. C'est le cas de la classification de Streckeisen.
- une composition chimique exacte de la roche, et effectuer une classification quantitative =
calculée ; c'est la norme de la roche et on parle de classification normative (Norme CIPW :
acronymes des noms de 4 américains qui ont nos au point cette norme).

7.4 - La classification de Streckeisen

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Les classifications antérieures étant trop rigides, il est préférable d'employer la classification
internationale : celle de Streckeisen. Il utilise un losange dont les 4 sommets correspondent : au
quartz, aux feldspaths alcalins, aux plagioclases et aux feldspathoïdes. Il faut compléter cette
classification basée exclusivement sur des minéraux clairs par un triangle dont les sommets sont
l'olivine, les clinopyroxènes et les orthopyroxènes, ceci pour les roches ne contenant pas de
minéraux clairs (roches ultramafiques), (fig. 19).

Fig. 19a – Classification des roches claires d’après Streickensein

Cette classification, utilisée à l'heure actuelle, est donc basée sur les proportions des minéraux
présents, mesurées grâce au compteur de points (le mouvement micrométrique d'un chariot fixé sur
la platine d'un microscope permet le comptage des principaux minéraux de la roche). Dans le cas
des roches volcaniques, on est obligé de faire entrer une part de calcul pour tenir compte du verre.

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Ol
dunite
10 10

harzburgite wehrite Péridotites

lherzolite
orthopyroxénite
à olivine 40 40
clinopyroxénite Pyroxénites
webstérite à olivine
à olivine
10 10
webstérite
Opx 10 10 Cpx
Bronzites Diopsidites

Fig. 19b – Classification des roches ultrabasiques

7.2.2.5 - Le diagramme de Cox et al. (fig. 20)


Nous avons vu en géochimie que le diagramme de Harker pouvait être intéressant à plus d'un
titre. Non seulement il permettait de comprendre les évolutions minéralogiques, mais il permet
également de mettre en évidence les filiations des roches entre elles. En effet, à partir d'un magma
basaltique peut naître un groupe de roches, une série magmatique, qu'il est intéressant de mettre en
évidence. On porte en abscisse le pourcentage en SiO2, et en ordonnée la somme des pourcentages
en K20 + Na2O. On peut alors sur ce diagramme visualiser l'ensemble des roches magmatiques.
C'est ce qu'ont fait Cox et al. en 1979. Ce diagramme est préférable à une classification car il
permet de mettre immédiatement en évidence les évolutions magmatiques, que les roches soient
cristallisées ou vitreuses. On a également porté sur ce diagramme les équivalents plutoniques des
roches volcaniques.

Fig. 20 – Diagramme de Cox et al.

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