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Janvier-Février 1976
^ëvue
PLANS DES MESURES D'URGENCE
Vol. 3, No. 1 Janvier-Février 1976
Publié par:
PLANIFICATION D'URGENCE CANADA
Ottawa, Ontario. Directeur général: C. R. Patterson
La REVUE - PLANS DES MESURES D'URGENCE publie six périodiques annuellement afin
de fournir des renseignements courants sur une grande variété de sujets ayant trait aux plans
civils d'urgence. On peut obtenir ce périodique en écrivant à l'Editeur, Planification d'urgence
Canada, Ottawa, Ontario K1A OW6.
En plus de publier des articles reflétant le programme ou les fonctions du gouvernement
canadien et étranger, la Revue peut également publier des articles provenant de particuliers
sur des sujets d'intérêt courant concernant le programme des mesures d'urgence. Les vues
de ces collaborateurs ne sont pas nécessairement celles du gouvernement fédéral ou de PUC.
Editeur: Alex. M. Stirton
Le document qui sera reproduit dans le présent et non les systèmes, que nous retrouvons au pre-
numéro de La Revue, Plans des mesures d'urgence mier plan dans toutes les situations d'urgence, -
et les numéros subséquents était une des condi- et ces problèmes sont essentiellement reliés à la
tions à remplir pour obtenir une licence du dépar- population.
tement des études de guerre du King's College, à
Au Royaume-Uni, la planification d'urgence de-
l'université de Londres. Je l'ai rédigé au cours vint une organisation efficace, une fois qu'on eût
d'une année de congé sabbatique qui me fut accor-
réussi à la soustraire à l'emprise du gouvernement
dée en 1973-1974.
central et que les préparations d'urgence devinrent
Lorsqu'on m'a demandé d'écrire une pré face en la responsabilité de ceux qui devaient affronter
guise de mise au point, j'ai relu cette étude et j'ai les problèmes, en l'occurrence les administrations
conclu qu'il aurait peut-être mieux valu l'intituler locales et la population. (Un article de Ducan
à l'époque «Le progrès par reculade» et, plutôt que Buttery, intitulé La planification d'urgence au
d'appeler mon entrée en matière une «Préface», il Royaume-Uni, qui paraîtra dans le prochain nu-
vaudrait peut-être mieux employer le terme «Exé- méro de La Revue, expose le point de vue actuel
gèse». du Royaume-Uni sur le sujet.) Toutefois, à cette
époque-là, la bonne volonté des administrations
Essentiellement, il s'agit d'une histoire de plani-
locales ne suffisait pas à garantir l'exécution des
fication. Aujourd'hui, 50 ans après l'époque qui fait
préparati fs qui s'imposaient car, là encore, il fallait
l'objet de ce compte rendu analytique, la planifi-
obtenir des fonds. Parfois l'arrogance dont fait
cation est devenue un terme passablement désuet
preuve le gouvernement central quant à la compé-
avec l'avènement de la gestion par objectifs. Les
tence ou à l'incompétence des administrations
diverses théories de la planification étaient aussi
locales semble quelque peu amusante, voire même
bien connues en ce ce temps-là qu'elles le sont
peut-être fastidieuse aujourd'hui.
aujourd'hui, mais elles étaient parfois tout aussi
mal interprétées; en effet, les théoriciens se sont Tout comme la fin des années vingt fut un temps
révélés grands connaisseurs en matière de théorie, de paix, la dernière moitié des années soixante-dix
mais plus ou moins amateurs en pratique. Dès semble baigner dans l'euphorie de la détente. Au
1924, ce fait fut parfaitement mis en évidence par cours de ces deux époques, la planification et la
les incertitudes, les erreurs et les tâtonnements préparation d'urgence sont reléguées au second
qui marquèrent les débuts de la «planification» plan et doivent céder la place aux programmes qui
d'urgence au Royaume-Uni. Toutefois, à la nième sont jugés comme étant prioritaires. Au cours de
lecture de cette étude, je constate qu'après une la période de paix qui régnait dans les années
cinquantaine d'années, les mécanismes de la plani- trente, l'assignation des responsabilités en matière
fication d'urgence du monde occidental continuent de planification d'urgence était une tâche simple,
d'être imprégnés de cette mentalité axée sur une et il était tout aussi facile d'y passer outre lorsque
absence totale de pragmatisme. Aussi bien que les sinistres (ou la guerre) ne manifestaient pas
Gertrude Stein a su capter à jamais l'essence de la une omniprésence de tous les instants. Telle était
rose par sa phrase désormais célèbre «Une rose est la situation au Royaume-Uni avant l'avènement
une rose est une rose», nous pouvons en dire de la Seconde Guerre mondiale. Y a-t-il lieu de
autant des désastres et des situations d'urgence qui tirer une leçon de cette constatation aujourd'hui?
demeurent irrévocablement des désastres et des Dans les années 30, les travaux du Comité des
situations d'urgence. Quels que soient les apports exigences de défense au Royaume-Uni (United
de la cybernétique, ils ne suffiront pas pour per- Kingdom Defence Requirements Committee) bros-
mettre l'élaboration des plans et des mesures de sèrent un tableau alarmant de l'état des méca-
préparation d'urgence nécessaires, si les auteurs nismes de défense du royaume, - on peut se
mêmes de ces plans et mesures ne saisissent pas demander si une évaluation aussi explicite serait
la nature des problèmes. Dans bien des cas, les acceptée aujourd'hui par les gouvernements.
situations d'urgence et leur déroulement demeu- Bon nombre d'événements ou de personnes ont
rent imprévisibles; pourtant, ce sont les problèmes, contribué à faire de l'Organisation de la Défense
2 REVUE PLANS D'URGENCE
passive (ODP) une entreprise viable, mais sans l'avenir, advenant l'échec de la dissuasion, il fau-
la conférence de Munich, qui permit finalement dra déterminer quel sera l'objectif à viser car ce
de renverser toute opposition à la tâche difficile n'est qu'une fois cet objectif fixé que des plans
de la planification, les choses se seraient-elles efficaces pourront être élaborés. Par ailleurs, en
passées ainsi? Bénéficierons-nous une autre fois temps de paix, les situations d'urgence et les
d'un indice aussi «tangible» des événements à sinistres demeurent un risque constant, - bien
venir? que de moindre envergure par rapport à la guerre.
Néanmoins, il importe d'avoir des objectifs clai-
Pendant la première moitié du vingtième siècle,
rement définis pour faire face aux situations d'ur-
la guerre signifiait une restructuration de l'éco-
gence de temps de paix, d'une part, pallier aux
nomie tout entière, l'établissement et le maintien
situations critiques issues de conflits internatio-
des priorités, ou même le changement des prio-
naux. En effet, ces objectifs totalement différents
rités au besoin. La prise de décision (mot-clef
ne s'allient guère mieux que l'huile avec l'eau.
en 1960) était sans équivoque, - il n'était pas
question d'une kyrielle de rapports, de justifica- En écrivant cette préface deux ans après la
tions et de séances d'étude en comité. Les comités rédaction de mon étude, je tiens à affirmer sans
mis sur pied visaient l'exécution de tâches pré- hésitation que les opinions exprimées dans les
cises et non pas des discussions interminables. deux textes ne représentent pas nécessairement
les opinions de mon gouvernement, ni celles du
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'objectif
gouvernement britannique.
primordial était de gagner la guerre et, grâce à
cet objectif strictement poursuivi, les priorités
étaient maintenues ou modifiées au besoin. Dans Ottawa, décembre 1975
Préface
De 1924 à 1935 les sous-comités relevant du Par conséquent, la présente dissertation a pour
Comité de la Défense impériale (CID) avaient objet d'examiner les conjectures, les événements
étudié les mesures de défense passive. En fait, ainsi que les conditions qui ont nécessité l'adop-
rien ne s'en est dégagé au cours de ces onze tion d'une telle stratégie et de retracer l'évolution
années si ce n'est quelques concepts fondamentaux des principaux thèmes qui l'ont constituée. A cet
en matière de planification, et certainement rien égard, les préparatifs de temps de paix se sont
de valable dans le sens d'une capacité opération- révélés des plus importants et c'est sur cet aspect
nelle vraiment pratique. De 1935 à 1945, on assista que nous accorderons le plus d'attention. Au cours
à l'émergence d'un plan stratégique de protection des années de guerre, il a fallu rajuster les plans
civile lequel, doublé d'un ensemble d'organismes que nous avions établis, à mesure que les événe-
et de mesures, permit de faire face à la menace ments nous servaient de leçon ou que l'ennemi
aérienne de l'Allemagne au cours de la Seconde modifiait ses tactiques de bombardement.
Guerre mondiale.
Introduction
Un an après la fin de la Première Guerre mon- président d'un sous-comité de l'Organisation de
diale le Cabinet avait ordonné que la planification la défense passive (ODP) relevant du Comité de
stratégique militaire soit effectuée en partant de la Défense impériale.2
l'hypothèse qu'il n'y aurait aucune menace réelle Cette nomination n'entraîna pas d'activité fié-
de guerre pour au moins dix ans. Pourtant, dès vreuse. En fait, ce qui éventuellement devait
1921, le Comité de la Défense impériale étudiait, devenir quelque quinze ans plus tard, la protec-
entre autres, la vulnérabilité du Royaume-Uni face tion civile, mit du temps à se réaliser, et le fut
à la «menace aérienne continentale».1 L'unique de façon presque fortuite, toutes les discussions
contre-mesure envisagée fut la création d'une Force du sous-comité se déroulant en secret. Ce fut
aérienne défense territoriale. Ce n'est que trois là une contrainte imposée au Comité, mais elle
ans plus tard que le Comité de la Défense impé- cadrait avec la politique étrangère presque paci-
riale estima qu'une autre contre-mesure, l'organi- fiste des gouvernements britanniques. C'est seule-
sation de la défense passive, était suffisamment ment vers la fin mars 1934 que le Premier Ministre
importante pour être étudiée. Se basant sur les informa la Chambre des Communes que depuis
recommandations du Comité, le Premier Ministre, dix ans le gouvernement considérait la défense
Ramsay Macdonald, nomma Sir John Anderson
1. Procès-verbal des réunions du Comité de la Défense im-
périale (Public Records Office). 2. Le 4 février 1924.
25. T. H. O'.Brien, op, cit., p. 471. 28. J. B. S. Haldane, A.ft.P., Victor Gollancz, Londres, 1938.
26. H. M. Hyde et G. R. F. Nuttal, Air Defence and the Civil Contient des remarques mordantes sur les lacunes qui
Population, The Cresset Press Ltd., Londres, 1937, p. 2. existent dans la publication.
27. A Fatfield dans le Boucestershire et une seconde à 29. John Wheeler Bennett, op. cit., p. 202-203.
Easingwold dans le Yorkshire. Plus tard, une école d'état- 30. Rapport du Comité sur l'évacuation, Command 5837, du
major de 1'ODP à Londres et un collège d'état-major à 27 octobre 1938.
Stade d'Abernon en janvier 1942. 31. John Wheeler Bennett, op. cit., p. 204.
J'attendais le moment de vous rencontrer de nou- tout aux Etats-Unis, de pouvoir mener des opé-
veau, chers collègues et confrères des nations de rations d'urgence pour le soutien et l'aide à leurs
l'alliance de l'OTAN. J'aimerais vous exposer à citoyens. En retour, cela donne un avantage hau-
grands traits la nouvelle insistance sur la flexibilité, tement désirable: une meilleure préparation pour
ainsi que les options, que nous ajoutons au Pro- la conduite des opérations locales coordonnées
gramme de protection civile aux États-Unis. lors des désastres ou des urgences en temps de
Mais premièrement, quelques mots sur ce que paix. Telles mesures en temps de paix, consti-
nous continuons de faire: tuent, bien entendu, un objectif secondaire mais
important du Programme de protection civile.»
Comme je l'ai déjà dit antérieurement au Comi-
té, depuis le début des années '70 nous avons, aux Les situations d'urgence en temps de paix, pour
Etats-Unis, insisté sur le besoin d'une «préparation lesquelles les collectivités américaines doivent être
complète», en cas d'urgence en temps de paix com- prêtes, ne se limitent pas, bien entendu, aux désas-
me en temps de guerre. tres naturels. Par exemple, les personnes habitant
les abords des grands aéroports devraient être pré-
La raison pour laquelle un programme de protec- parées à la possibilité d'écrasement d'un avion.
tion civile existe au niveau fédéral aux États-Unis D'autres peuvent souffrir d'accidents graves, in-
c'est de prévoir l'élaboration à l'échelle nationale, dustriels ou de transport terrestre.
d'un état de préparation pour les situations d'ur-
De plus, il y a un besoin croissant de planifica-
gence en cas d'attaque.
tion des opérations d'urgence pour la protection
On ne pourrait cependant pas, même si on le contre les accidents survenant dans une centrale
voulait, mettre au point un état de préparation en nucléaire. La crise mondiale de l'énergie donne en-
cas d'attaque sans, en même temps, améliorer l'état core plus d'élan à la construction de centrales de
de préparation pour les situations d'urgence en ce genre.
temps de paix, c'est-à-dire les tornades, les inon-
L'une des conditions pour l'obtention de l'auto-
dations, les ouragans, les tremblements de terre et
risation de la construction d'une centrale nucléaire
autres désastres qui sévissent chaque année dans
aux États-Unis est la mise au point d'un plan d'ur-
des centaines de secteurs soumis à la jurisdiction
gence, englobant la centrale elle-même et les auto-
locale aux quatre coins du pays.
rités locales.
C'est pourquoi on a désigné la «DCPA» comme Ces autorités locales doivent être prêtes à faire
étant un agence de «préparation civile», plutôt que face à un incident extrêmement grave, bien que
d'être tout simplement chargée de la «protection peu probable, si des matières radioactives étaient
civile», notre mission étant principalement de prê- libérées dans l'environnement par accident. Cela
ter assistance aux gouvernements locaux afin de pourrait exiger l'évacuation des personnes ainsi
leur permettre de faire face à toutes sortes d'ur- que la prise d'autres mesures d'urgence dans les
gences.
régions touchées. Il pourrait y avoir aussi des ac-
Le programme de protection civile des États- cidents lors du transport de matières radioactives.
Unis doit donc viser deux buts qui soient valables Mon agence travaille étroitement avec les diffé-
tant pour les désastres en temps de paix qu'en cas rents États, avec les responsables de l'énergie ato-
d'attaque. Cette situation a été reconnue lors de mique du gouvernement fédéral et avec d'autres
la présentation du rapport annuel au Congrès en groupes qui s'occupent de la planification en cas
février 1975 par James R. Schlesinger, antérieure- d'accidents radiologiques en temps de paix.
ment notre secrétaire à la Défense, lorsqu'il a dit:
Alors que l'éventail des situations d'urgence pos-
«La mise au point de mesures flexibles à uti- sibles en temps de paix s'agrandit, nos responsa-
liser en cas de crise sévère ou d'attaque nucléai- bilités d'aide aux gouvernements locaux et de l'État
re demande de la part des autorités locales par- s'accroîssent également.
10 REVUE PLANS D'URGENCE
Qu'advient-il du danger possible le plus grave de régions du pays, étant donné la menace qui se fai-
tous? L'attaque de tout membre de l'Alliance, y sait sentir à ce moment-là). Dans les années '60,
compris des États-Unis, est certainement peu pro- nous avons eu le programme de l'abri, axé sur le
bable; et nous espérons que la situation demeurera danger des retombées radioactives.
ainsi. Mais comme le disait le Secrétaire, M. Schle- Aujourd'hui, nous croyons que le programme
singer, dans son rapport au congrès au mois de américain a atteint une perspective et un équilibre
février: qui conviennent bien aux besoins de notre temps.
«En raison des différences qui existent entre Ce programme étudie tout un éventail d'éventuali-
notre système social et celui de l'URSS ... il ne tés et insiste sur la flexibilité de l'action face aux
nous surprendrait pas s'il s'écoulait une assez menaces. Par conséquent, nous mettons au point
longue période de temps entre les premiers pas un programme pour la protection du peuple amé-
vers la détente et les relations coopératives peu ricain en cas de diverses attaques possibles, dé-
profondes auxquelles nous aspirons. En atten- clenchées soit subitement soit après une période
dant, nous devons nous attendre à des périodes de crise.
de coopération et d'entente alternant avec des Une des possibilités serait une attaque générale
périodes de dispute et de compétition. Dans ces lancée du jour au lendemain. Cela exigerait évi-
circonstances les risques de confrontation, de demment que les personnes habitant les villes-
crise et de mauvais calculs demeureront présent cibles se cachent dans le meilleur abri qu'elles
comme cela a été le cas dans le passé!» puissent trouver en 15 ou 20 minutes. Les person-
«Il y a aussi la possibilité toujours présente nes n'habitant pas les zones-cibles pourraient avoir
qu'un conflit conventionnel puisse dégénérer en plus de temps pour se protéger des retombées nu-
l'usage tactique ou même stratégique d'armes cléaires.
nucléaires.» Et finalement, «nous ne devons pas La possibilité d'une attaque à bref préavis est
commettre d'erreurs à ce sujet: il n'y a pas de l'une des raisons pour lesquelles nous avons mis au
conflit entre détente, dissuasion et défense. Elles point une nouvelle étude sur les abris qui pour-
sont reliées de façon inextricable l'une à l'autre raient protéger contre tous les dangers. Dans les
dans le maintien d'un équilibre du pouvoir.» villes, cette étude recherche la meilleure protection
Quelle est la place de la protection civile dans ce disponible contre les effets de l'explosion ainsi que
contexte stratégique, dans lequel la défense et la des retombées; et dans les régions rurales, elle re-
force de dissuasion sont si étroitement liées avec cherche la meilleure protection disponible contre
la détente? Le rapport du Secrétaire n'aurait pas les retombées.
pu l'expliquer plus simplement: «Notre programme Mais, selon le Secrétaire à la Défense, une atta-
de protection civile est, et a toujours été,» a-t-il dit, que surprise serait «... bien peu probable étant
«un élément essentiel dans le concept général de donné les circonstances actuelles ... Une attaque
notre stratégie de la force de dissuasion.» nucléaire dirigée contre les États-Unis ... serait
plutôt précédée d'une série de crises et certaine-
Plus loin dans le rapport, il ajoutait: «La valeur
ment d'une sérieuse détérioration de nos relations
du programme actuel (de protection civile) est qu'il
avec l'Union soviétique.»
aide la force de dissuasion employée en temps de
crise et qu'il offre la possibilité de sauver la vie à Ainsi, le programme de protection civile des
de nombreux américains advenant que ... des at- États-Unis doit tenir compte également de l'éven-
taques seraient menées contre nous.» tualité de telles périodes de crise ou de confron-
tation. Une façon évidente de protéger le peuple
Dans ce cas, où se trouve la nouveauté du pro-
contre une menace possible est de l'éloigner de
gramme de protection civile des États-Unis? Quelle
cette menace.
est cette nouvelle insistance sur la flexibilité que
j'ai mentionné au début de ces remarques? Cela n'est pas nouveau pour les gens qui vivent
sur la côte du Golfe du Mexique, ou non loin de là,
Il y a eu, à différentes reprises dans l'histoire de où des évacuations préventives ont lieu de temps
notre programme, une tendance à concentrer nos à autres lorsqu'un ouragan les menace.
efforts, peut-être à tort, sur une seule tactique. Au
C'est l'ouragan Carla qui, en 1961, a donné lieu
début des années '50, c'était l'abri. Puis quelques
au plus grand déplacement des habitants de ré-
années plus tard, c'était l'évacuation «tactique»,
gions dangereuses qui avait jamais eu lieu aux
c'est-à-dire l'évacuation des villes, autant que pos-
Etats-Unis, alors que d'un demi à trois quarts de
sible, dans les trois ou cinq heures, considérées
million de personnes quittèrent les régions mena-
comme étant la limite entre la détection d'une at-
cées des côtes de la Louisiane et du Texas.
taque par bombardiers et l'arrivée de ces avions
au-dessus des villes américaines (et laissez-moi Nous avons vu d'autres déplacements depuis ce
vous dire que cette tactique avait énormément de temps, bien que sur une échelle moindre, à cause
sens, au moins pour ce qu'est de la plupart des d'autres ouragans, d'inondations, et de dangers
La police se rendit immédiatement à la station donne une bonne description de la situation. Voici
Moorgate sans découvrir aucun signe extérieur de sa narration:
catastrophe. Ils s'adressèrent au personnel de la «Tandis que je descendais l'escalier roulant tout
station qui leur répondit qu'un «petit accident» semblait normal, les passagers montaient et des-
s'était produit au quai n° 9. A ce moment même, cendaient (les deux côtés. Lorsque j'atteignis le
on ignorait encore la gravité de l'accident. Ce qui quai , une rame s'y trouvait. A première vue. tout
différait ici des grandes catastrophes, c'est que ce que je pus constater d'anormal était l'absence
personne ne pouvait d'un coup d'œil contempler de lumière dans les voitures, et un nuage de
l'ensemble du sinistre. Le rapport qui suit émane fumée noire et de poussière dans l'air. Des gens
d'un policier parvenu le premier sur les lieux et marchaient le long du quai, mais je les pris pour
des Antillais ou des Africains car ils étaient notre centre de contrôle, je me mis à ramper à
complètement noirs. L'instant d'après, je me travers les voitures pour me rendre compte de
rendis compte qu'ils étaient couverts de suie et Io situation, et tout en avançant, j'aidais des
de saleté. Je me mis à prêter assistance aux blessés à passer à travers les wagons. Il me fut
blessés capables de marcher, sans saisir encore impossible d'ciller plus loin que l'arrière de lu
l'ampleur du désastre. Quelqu'un appelait à troisième voiture à l'intérieur du tunnel. Là, je
l'aide d'une voiture à l'intérieur du tunnel; je fus frappé par la gravité de la situation et j'envi-
pénétrai dans le train à sa recherche. C'est alors scigeai que d'ici peu on découvrirait un grand
que je découvris une masse de ferraille informe nombre des cadavres».
dans la voiture dont l'arrière avait étsoulevée. Grâce aux renseignements qui parvenaient main-
En avançant dans la voiture, je vis 'qu'il y en tenant aux centres d'ambulances et d'urgence-in-
avait d'autres à l'avant. M'étant cissuré qu'un de cendie, la gravité de l'accident devenait évidente.
mes collègues transmettait les renseignements à Le service des incendies fut averti à 8 h 57 et à
partir de cet instant, l'intervention des services éclairage d'urgence sur accumulateurs fut rapide-
d'urgence assuma vraiment toute son intensité. ment installé par la police et fournit suffisamment
de lumière pour permettre de mener à bien les
L'élan des opérations opérations de sauvetage. Le London Transport
Un véhicule opérationnel de contrôle conçu pour Executive remplaça par la suite cet éclairage par
les besoins de la police municipale et équipé de un dispositif plus durable.
tout le matériel de communication nécessaire et C'est un fait que les possibilités de communica-
d'instruments de soutien indispensables pendant la tions radio sont sensiblement réduites une fois que
première heure des opérations résultant de tout les émetteurs se trouvent sous la surface du sol et
accident grave fut immédiatement expédié sur les vers 9 h 15 il devint évident que cet état de choses
lieux où l'on mit tout de suite à contribution la détériorerait les contacts entre la station avancée
plupart de son équipement. La police établit une et le centre de contrôle. Le personnel de la police
zone de contrôle commun des services au niveau et du service des incendies installa alors des lignes
du sol à laquelle on associa le personnel et les de téléphone de campagne entre les deux points de
véhicules des services de contrôle des incendies et contrôle. Ces communications fonctionnèrent jus-
des ambulances. Etant donné la nature de l'acci- qu'au bout. Lors de l'installation (le ce, matériel, la
dent, on établit un point de contrôle avancé con- police profita de l'expérience acquise aux cours de
joint sur le quai où se jouait le drame. «Mobile Colurnn Training». La brigade des incen-
Le service d'ambulance établit un poste de dies se servit pour la première fois du système de
secours à l'entrée de la station ainsi qu'un lieu de communication radio expérimental appelé «Figaro»
stationnement des ambulances, à quelque 100 spécialement conçu pour des opérations souter-
verges plus loin au nord pour éviter un encombre- raines. En fait, ce réseau s'avéra un moyen de
ment de véhicules au point avancé. Dès le début, transmission rapide et sûr durant la principale
la police prit en main le contrôle vigoureux du intervention du service des incendies au cours de
stationnement de tous les véhicules d'urgence et l'opération.
assura ainsi une libre voie d'accès sur les lieux et Le sauvetage et l'évacuation des victimes cons-
une circulation ordonnée pendant toute la durée tituait l'acte primordial. Le réseau d'informations
des opérations. La police des services de transport au centre de contrôle de la police une fois établi.
britanniques apparût bientôt sur les lieux et prit les premiers policiers sur les lieux s'employèrent
en charge jusqu'à la fin les opérations de police à
eux-mêmes à l'évacuation des victimes. Au début,
l'intérieur de la zone de la station de métro, une station de premiers secours fut établie sur le
assistée en cela par la police municipale. quai. On y traita le premier flot des blessés le
Il fallut au tout début assurer absolument un moins gravement, et des personnes traumatisées et
moyen d'éclairage sur les lieux du sinistre. Un contusionnées qu'on déplaça ensuite par groupes