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Mohammed JORIO
Professeur
FST Fès
Introduction
• Un milieu est dit diélectrique s’il ne contient pas de charges électriques susceptibles de se déplacer de façon
macroscopique. Il ne peut pas conduire le courant (contrairement aux conducteurs, où les charges sont libres et se déplacent
macroscopiquement). C’est un isolant électrique.
• Contrairement aux conducteurs (en équilibre électrostatique) où le champ 𝐸 est nul en son sein, ce dernier pénètre
à l’intérieur du diélectrique et agit sur les porteurs de charge de la matière. Ces porteurs, électrons ou ions, ne
peuvent se déplacer librement sous l’effet du champ (déplacements à l’échelle de l’atome, de l’ordre de l’Angström. Mouvements
microscopiques) . Ils restent attachés aux atomes, molécules ou cristallins. Ces porteurs sont appelés des charges liées.
Expérience 2
𝑸𝟎
Le condensateur étant chargé et isolé 𝑽𝟎 = .
𝑪𝟎
on introduit un diélectrique, il apparaît des charges (de polarisation)
𝑸 𝑸
qui modifient le potentiel et donc la capacité 𝑽 = = 𝟎
𝑪 𝑪
𝐶 est reliée à 𝐶0 par 𝑪 = 𝜺𝒓 𝑪𝟎
Polarisation
La polarisation provient en général de l’orientation d’un dipôle électrique, induit ou
permanent (spontané), en présence d’un champ appliqué (champ extérieur).
Un dipôle électrique est formé par deux charges q de signes opposés séparées par une
distance 𝑙. Le moment dipolaire électrique 𝒑 (grandeur microscopique) est défini par :
𝑝Ԧ = 𝑞𝑙Ԧ (𝑢𝑛𝑖𝑡é: 𝐶. 𝑚)
Habituellement, lorsqu’un matériau diélectrique se dégrade le nombre de dipôles électriques augmente et donc le
courant de polarisation, relié au mouvement des dipôles, augmente aussi. La polarisation due à ces dipôles correspond
à la somme vectorielle de tous les dipôles par unité de volume. On peut donc définir la polarisation 𝑷, appelé aussi
vecteur polarisation ou moment dipolaire (grandeur macroscopique). Il décrit les propriétés électriques du
diélectrique
𝑑 𝑝Ԧ Elle désigne aussi la densité
𝑃 = 𝑁𝑝Ԧ (𝑢𝑛𝑖𝑡é: 𝐶. 𝑚−2 ) 𝑃= de dipôles électriques
𝑑𝑉
Polarisation ionique:
Résultat de la déformation des mailles dans le réseau cristallin.
Polarisation dipolaire:
Appelé aussi polarisation par orientation, elle concerne les
diélectriques qui disposent de moments dipolaires permanents
(Exemple: H2O). Le champ appliqué les orientent dans son sens. Les dipôles se répartissent Orientation préférentielle dans
aléatoirement le sens du champ
𝑃 = 𝑂 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑛𝑢𝑙𝑙𝑒
Interprétation de l’expérience 2
𝜎𝑙
Dans le vide 𝐸𝑎 = 𝑛
𝜀0
𝜎𝑙 𝐸𝑎 𝑉0
Dans le diélectrique 𝐸 = 𝑛 𝑑′ 𝑜ù 𝐸 = 𝑒𝑡. 𝑉 =
𝜀0 𝜀𝑟 𝜀𝑟 𝜀𝑟
𝑄0 = 𝐶0 𝑉0 𝑄 = 𝑄0 = 𝐶𝑉 𝑑′ 𝑜ù 𝐶 = 𝐶0 𝜀𝑟
Rigidité diélectrique
La rigidité diélectrique d’un milieu isolant représente la valeur maximum du champ électrique que le milieu peut
supporter avant le déclenchement d’un arc électrique (donc d’un court-circuit). On utilise aussi l'expression champ
disruptif. Pour un condensateur, quand cette valeur est dépassée, il est détruit. La valeur maximale de la tension électrique
appliquée aux bornes, est appelée tension de claquage du condensateur. Si le champ électrique dépasse la rigidité
diélectrique du matériau, on parle de claquage, et le matériau peut voir ses propriétés physiques modifiées, parfois de
façon réversible, et parfois de façon irréversible.
1 1
𝑉(𝑀) = ම 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑄 𝑃𝑑𝜏 Sachant que 𝑑𝑖𝑣 𝑓𝐴Ԧ = 𝑓. 𝑑𝑖𝑣 𝐴Ԧ + 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑓 . 𝐴Ԧ ;
4𝜋𝜀0 𝑟
1 𝑃 1 1 𝑃 1 1
𝑉 𝑀 s’écrit: 𝑉(𝑀) = ම 𝑑𝑖𝑣𝑄 − 𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃 𝑑𝜏 = ම 𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑑𝜏 − ම 𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃 𝑑𝜏
4𝜋𝜀0 𝑟 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟
𝟏 𝑷.𝒏 𝟏 𝒅𝒊𝒗𝑸 𝑷
Finalement, on a 𝑽(𝑴) = 𝒅𝑺 − 𝒅𝝉
𝟒𝝅𝜺𝟎 𝒓 𝟒𝝅𝜺𝟎 𝒓
𝑑𝑞
Par analogie avec le potentiel créé par des distributions de charges libres 𝑑𝑉 = , le potentiel 𝑉(𝑀) a pour source
4𝜋𝜀0 𝑟
les charges de polarisation, de densité:
Densité Surfacique des charges de polarisation 𝜎𝑝 = 𝑃. 𝑛
1 𝑃. 𝑛 1 𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃
𝑉(𝑀) = 𝑑𝑆 − 𝑑𝜏
4𝜋𝜀0 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟
Densité Volumique des charges de polarisation 𝜌𝑝 = −𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃
Le champ électrique créé par les charges de polarisation, appelé aussi champ dépolarisant, est obtenu soit par un calcul
direct, soit par l’application du théorème de Gauss ou à partir du potentiel 𝐸𝑝 = −𝑔𝑟𝑎𝑑(𝑉𝑝 ) .
= −𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃 𝑑𝜏 + 𝑃 . 𝑛 𝑑𝑆
= − 𝑃 . 𝑑 𝑠Ԧ + 𝑃 . 𝑑 𝑠Ԧ = 0
• Si en plus, le diélectrique porte des charges libres de densité volumique 𝜌𝑙 et de densité surfacique 𝜎𝑙 , le
potentiel devient:
1 𝜎𝑝 +𝜎𝑙 1 𝜌𝑝 +𝜌𝑙
𝑉(𝑀) = 𝑑𝑆 + 𝑑𝜏
4𝜋𝜀0 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟
• Si la polarisation est uniforme, 𝑃 = 𝑐𝑡𝑒 , alors 𝜌𝑝 = −𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃 = 0 ; il reste uniquement les charges de
polarisation en surface .
• On peut introduire l’équation de conservation des charges de polarisation. En régime variable, la position d’un
électron soumis à un champ électrique est elle même variable. Il lui correspond donc un courant de polarisation
𝑗Ԧ𝑝 , qui ont des effets thermiques ou source de champ magnétique.
𝜕 𝜕𝑃 𝜕𝜌𝑝 𝜕𝑃
𝜌 = −𝑑𝑖𝑣(𝑃) Soit 𝑑𝑖𝑣 + =0 ⟹ 𝑗Ԧ𝑝 =
𝜕𝑡 𝑝 𝜕𝑡 𝜕𝑡 𝜕𝑡
Vecteur déplacement électrique
Dans un diélectrique polarisé (𝜌𝑝 ≠ 0), contenant des charges libres (𝜌𝑙 ≠ 0), le théorème de Gauss sous sa forme locale
est donné par:
𝜌𝑙 + 𝜌𝑝 𝜌𝑙 𝑑𝑖𝑣 𝑃
𝑑𝑖𝑣 𝐸 =
𝜀0
= −
𝜀0 𝜀0
𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑑𝑖𝑣 𝜀0 𝐸 + 𝑃 = 𝑑𝑖𝑣 𝐷 = 𝜌𝑙 𝑫 = 𝜺𝟎 𝑬 + 𝑷 = 𝜺𝑬
excitation électrique L’intérêt d’utiliser 𝐷 réside dans le fait qu’il
𝐷 est appelé indifféremment: déplacement électrique
s’exprime en Coulomb/m2 induction électrique est relié aux charges libres. Leur densité 𝜌𝑙
densité de flux électrique est plus facile à quantifier que 𝜌𝑝
Remarques
• Pour un diélectrique polarisé et non chargé , 𝜌𝑙 = 0 𝑒𝑡 𝜎𝑙 = 0 ⟹ 𝑑𝑖𝑣 𝐷 = 0. On a donc 𝐷 à flux conservatif
𝜌𝑙
• Dans le vide 𝑃 = 0 ⟹ 𝐷 = 𝜀0 𝐸 ⟹ 𝑑𝑖𝑣(𝐷) = 𝑑𝑖𝑣(𝜀0 𝐸) = 𝜌𝑙 ⟹ 𝑑𝑖𝑣(𝐸) =
𝜀0
Propriétés des milieux diélectriques
La réaction du diélectrique au champ électrique appliqué est caractérisé par la relation entre 𝑃 et 𝐸 (pas trop élevé). On
écrit:
𝑷 = 𝜺𝟎 𝝌𝑬 𝜒 > 0 est la susceptibilité électrique. 𝐸 = 𝐸𝑎 + 𝐸𝑝
Caractérise la polarisation
• Pour un milieu linéaire 𝑃 = 𝜀0 𝜒(𝑀) 𝐸 𝜒 est une matrice 3x3
• Pour un milieu linéaire, homogène et isotrope (LHI) 𝑷 = 𝜺𝟎 𝝌𝑬 𝜒 ne dépend d’aucune direction de l’espace
Relation entre 𝑫 et 𝑬
𝐷 = 𝜀0 𝐸 + 𝑃 = 𝜀0 𝐸 + 𝜀0 𝜒𝐸 = 𝜀0 1 + 𝜒 𝐸 = 𝜀0 𝜀𝑟 𝐸 = 𝜀 𝐸
Les charges de polarisation créent un autre champ dans le diélectrique, champ dépolarisant de sens opposé à 𝐸0
𝜎𝑝 𝑃
𝐸𝑃 = − 𝑒Ԧ𝑧 = −
𝜀0 𝜀0
𝑃
Le champ total dans la plaque 𝐸 = 𝐸0 + 𝐸𝑃 = 𝐸0 −
𝜀0
• Le vecteur polarisation en fonction de 𝐸0
𝑃 𝜀0 𝜒
𝑃 = 𝜀0 𝜒𝐸 = 𝜀0 𝜒 𝐸0 − 𝑠𝑜𝑖𝑡 1 + 𝜒 𝑃 = 𝜀0 𝜒𝐸0 ⟹𝑃= 𝐸
𝜀0 1+𝜒 0
• 𝐸𝑃 et 𝐸 en fonction de de 𝐸0
𝑃 𝜒 1
𝐸𝑃 = − =− 𝐸 𝐸 = 𝐸0 + 𝐸𝑃 = 𝐸
𝜀0 1+𝜒 0 1+𝜒 0
𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒
𝐸0 = 𝑙𝑎 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒 𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝑄 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝑆 = 𝜀0 𝐸0 𝑆
𝜀0
1 𝑄 1+𝜒 𝜀𝑆
𝑈 = 𝑒𝐸 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑈 = 𝑒 𝐸 𝑑′ 𝑜ù 𝐶 = = 𝜀0 𝑆 =
1+𝜒 0 𝑈 𝑒 𝑒
La composante normale de 𝐸 est discontinue dans tous les cas 𝜺𝟏 𝑬𝟏𝒏 − 𝜺𝟐 𝑬𝟐𝒏 = 𝝈𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆
Composante tangentielle de 𝐷 𝑒𝑡 𝐸 A 𝑑𝑙1 B 𝜀1
On s’intéresse à la continuité de la composante tangentielle au niveau de la surface
de séparation, AD et BC sont pris proches de 0. AB et CD sont parallèles à 𝑑𝑙 .
𝜀2
D 𝑑𝑙2 C
AB et CD sont suffisamment petits pour considérer 𝐸 constant sur ces distances ⟹ 𝐸𝑡𝑜𝑟 . 𝑑𝑆Ԧ = 0
𝐷𝑡1 𝐷𝑡2
soit 𝐸𝑡1 = 𝐸𝑡2 et =
𝜀1 𝜀2
La composante tangentielle de 𝐸 est continue à la traversée de la surface de séparation entre deux milieux
Remarque
𝝈𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆 + 𝝈𝒑
Comme 𝑃1 . 𝑛 + 𝑃2 −𝑛 = 𝜎𝑝1 + 𝜎𝑝2 = 𝜎𝑝 ⟹ (𝑬𝟏 −𝑬𝟐 ). 𝒏 =
𝜺𝟎
𝜀1 𝐸1 cos 𝛼1 = 𝜀2 𝐸2 cos 𝛼2
1 1 1 1
𝐸𝑃 = ම 𝑑𝑖𝑣 𝐷 𝑉 𝑑𝜏 − ම 𝐷 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑉𝑑𝜏 = ඵ 𝐷 𝑉 𝑑𝑆Ԧ + ම 𝐷 𝐸𝑑𝜏 𝑑𝑖𝑣 𝐷 𝑉 = 𝑉 𝑑𝑖𝑣𝐷 + 𝐷 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑉
2 𝑒𝑠𝑝𝑎𝑐𝑒 2 𝑒𝑠𝑝𝑎𝑐𝑒 2 𝑆 2 𝑒𝑠𝑝𝑎𝑐𝑒
𝟏
𝐸𝑃 devient: 𝑬𝑷 = ම 𝑫 𝑬𝒅𝝉
𝟐
𝒅𝑬𝑷 𝟏
La densité d’énergie volumique 𝒘 = = 𝑫𝑬
𝒅𝝉 𝟐
1 1 1
𝐷 = 𝜀0 𝐸 + 𝑃 ⟹ 𝑤 = 𝜀0 𝐸 2 + 𝐸. 𝑃 = 𝜀𝐸 2
2 2 2
𝑛𝛼 𝐴
𝜀𝑟 ~ 𝛼 ~𝑇 − 𝑇 𝑇𝐶 température critique de transition de Curie
1− 𝐶
3𝑇
Lorsque 𝑇 𝑎𝑡𝑡𝑒𝑖𝑛𝑡 𝑇𝐶 apparition d’un état ferroélectrique caractérisé par l’apparition d’un état de polarisation spontanée
en absence de champ électrique appliqué.