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Electromagnétisme

Chapitre 1: Les milieux diélectriques

Mohammed JORIO
Professeur
FST Fès
Introduction
• Un milieu est dit diélectrique s’il ne contient pas de charges électriques susceptibles de se déplacer de façon
macroscopique. Il ne peut pas conduire le courant (contrairement aux conducteurs, où les charges sont libres et se déplacent
macroscopiquement). C’est un isolant électrique.
• Contrairement aux conducteurs (en équilibre électrostatique) où le champ 𝐸 est nul en son sein, ce dernier pénètre
à l’intérieur du diélectrique et agit sur les porteurs de charge de la matière. Ces porteurs, électrons ou ions, ne
peuvent se déplacer librement sous l’effet du champ (déplacements à l’échelle de l’atome, de l’ordre de l’Angström. Mouvements
microscopiques) . Ils restent attachés aux atomes, molécules ou cristallins. Ces porteurs sont appelés des charges liées.

• Cependant, malgré l’impossibilité des diélectriques de


conduire le courant, ils présentent de nombreuses
caractéristiques électriques. Il peut acquérir un moment
dipolaire électrique sous l’action d’un champ électrique.
Création d’un dipôle sous l’action
d’un champ électrique
Exemples de diélectrique

• Le verre, certains plastiques (revêtement des câbles électriques) …..


• les condensateurs les plus courants sont constitués de deux
armatures conductrices séparées par un diélectrique (par exemple
du tantale (peu coûteux), du mica, des films plastiques ou
paraffinés, du titanate de baryum, etc...).
Expérience de Faraday
Permet de mettre en évidence certaines propriétés générales des diélectriques.
Expérience 1
𝜺 𝑺
Un condensateur de capacité 𝑪𝟎 = 𝟎 , maintenu à une tension 𝑼
𝒆
constante grâce à un générateur. Si on introduit une lame d’un
diélectrique entre les armatures, on constate que la charge du
𝑸
condensateur augmente. La capacité 𝑪 = a elle aussi augmenté. Des
𝑼
charges supplémentaires ont été fournies par le générateur pour
maintenir la tension constante. L’augmentation de la capacité dépend
𝜺𝑺
de la nature du matériau et non de la tension appliquée 𝑪 = .
𝒆
𝜀
𝐶 est reliée à 𝐶0 par 𝑪 = 𝜺𝒓 𝑪𝟎 (𝜀𝑟 = > 1).
𝜀0
(𝜀𝑟 est la permittivité relative du matériau)

Expérience 2
𝑸𝟎
Le condensateur étant chargé et isolé 𝑽𝟎 = .
𝑪𝟎
on introduit un diélectrique, il apparaît des charges (de polarisation)
𝑸 𝑸
qui modifient le potentiel et donc la capacité 𝑽 = = 𝟎
𝑪 𝑪
𝐶 est reliée à 𝐶0 par 𝑪 = 𝜺𝒓 𝑪𝟎
Polarisation
La polarisation provient en général de l’orientation d’un dipôle électrique, induit ou
permanent (spontané), en présence d’un champ appliqué (champ extérieur).

Un dipôle électrique est formé par deux charges q de signes opposés séparées par une
distance 𝑙. Le moment dipolaire électrique 𝒑 (grandeur microscopique) est défini par :
𝑝Ԧ = 𝑞𝑙Ԧ (𝑢𝑛𝑖𝑡é: 𝐶. 𝑚)

Habituellement, lorsqu’un matériau diélectrique se dégrade le nombre de dipôles électriques augmente et donc le
courant de polarisation, relié au mouvement des dipôles, augmente aussi. La polarisation due à ces dipôles correspond
à la somme vectorielle de tous les dipôles par unité de volume. On peut donc définir la polarisation 𝑷, appelé aussi
vecteur polarisation ou moment dipolaire (grandeur macroscopique). Il décrit les propriétés électriques du
diélectrique
𝑑 𝑝Ԧ Elle désigne aussi la densité
𝑃 = 𝑁𝑝Ԧ (𝑢𝑛𝑖𝑡é: 𝐶. 𝑚−2 ) 𝑃= de dipôles électriques
𝑑𝑉

avec 𝑁 le nombre d’atomes ou de molécules par unité de volume


Mécanismes de polarisation
Polarisation électronique:
Résulte du déplacement du nuage électronique autour des atomes.
Le diélectrique n’a pas de dipôles permanents.
Le champ appliqué les crée et les oriente dans son sens.

Polarisation ionique:
Résultat de la déformation des mailles dans le réseau cristallin.

Polarisation dipolaire:
Appelé aussi polarisation par orientation, elle concerne les
diélectriques qui disposent de moments dipolaires permanents
(Exemple: H2O). Le champ appliqué les orientent dans son sens. Les dipôles se répartissent Orientation préférentielle dans
aléatoirement le sens du champ
𝑃 = 𝑂 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑛𝑢𝑙𝑙𝑒

La polarisation 𝑷 est à l’origine d’un champ 𝑬𝒑 qui modifie le champ appliqué 𝑬𝒂 .

Le champ total sera: 𝑬 = 𝑬𝒂 + 𝑬𝒑


En présence de 𝑬 , chaque dipôle acquiert une énergie
potentielle 𝑤 = −𝑃0 . 𝐸 = −𝑃0 . 𝐸 𝑐𝑜𝑠𝜃 . Les dipôles
tendent à s’aligner avec 𝑬 (énergie minimale lorsque
𝑃0 𝑒𝑡 𝐸 sont de même sens), sauf que l’agitation
thermique perturbe cette orientation. Toutefois, 𝑬
En absence de 𝑬, orientation En présence de 𝑬, orientation
exerce une force de rappel, et en moyenne il y a
aléatoire des dipôles préférentielle dans le sens de 𝑬
alignement des dipôles. 𝑷 = σ 𝑃Ԧ0 = 𝟎 𝑷≠𝟎

A basses températures, l’agitation thermique est


réduite et les dipôles s’orientent sans contrainte avec 𝑬
Interprétation de l’expérience 1
Le condensateur maintenu à une tension 𝑈 constante. Avec l’introduction de la lame,
on note la présence d’un courant qui circule, c’est le courant de déplacement qui
diminue avec le temps, dépendamment du mécanisme de polarisation. En effet, sous
l’action d’un champ externe, un champ interne causé par la polarisation, s’oppose au
champ appliqué. Pour combattre ce champ, de nouvelles charges doivent être
amenées par le générateur sur les armatures du condensateur. On distingue alors deux
types de charges, les charges libres et les charges liées. Ces dernières existent sur la
surface et dans le volume si la polarisation n’est pas uniforme.
𝜎𝑙0
Dans le vide 𝐸𝑎 = 𝑛
𝜀0
𝜎𝑙
Dans le diélectrique 𝐸 = 𝑛
𝜀0 𝜀𝑟

À potentiel constant, 𝑉 = 𝑉0 𝑒𝑡 𝑑𝑜𝑛𝑐 𝐸 = 𝐸𝑎


D’où 𝜎𝑙 = 𝜀𝑟 𝜎𝑙0 et 𝑄 = 𝑄0 𝜀𝑟 ⟹ 𝐶 = 𝐶0 𝜀𝑟

Interprétation de l’expérience 2
𝜎𝑙
Dans le vide 𝐸𝑎 = 𝑛
𝜀0
𝜎𝑙 𝐸𝑎 𝑉0
Dans le diélectrique 𝐸 = 𝑛 𝑑′ 𝑜ù 𝐸 = 𝑒𝑡. 𝑉 =
𝜀0 𝜀𝑟 𝜀𝑟 𝜀𝑟

𝑄0 = 𝐶0 𝑉0 𝑄 = 𝑄0 = 𝐶𝑉 𝑑′ 𝑜ù 𝐶 = 𝐶0 𝜀𝑟
Rigidité diélectrique
La rigidité diélectrique d’un milieu isolant représente la valeur maximum du champ électrique que le milieu peut
supporter avant le déclenchement d’un arc électrique (donc d’un court-circuit). On utilise aussi l'expression champ
disruptif. Pour un condensateur, quand cette valeur est dépassée, il est détruit. La valeur maximale de la tension électrique
appliquée aux bornes, est appelée tension de claquage du condensateur. Si le champ électrique dépasse la rigidité
diélectrique du matériau, on parle de claquage, et le matériau peut voir ses propriétés physiques modifiées, parfois de
façon réversible, et parfois de façon irréversible.

Le champ disruptif de l'air


L'air est un fort isolant. Mais sous de fortes tensions, les électrons qui composent les atomes des molécules de l'air sont
littéralement arrachés à leur orbite de valence pour participer à la conduction électrique : la foudre traverse alors
l'atmosphère. La valeur du champ disruptif de l'air la plus communément admise est : 36 000 V.cm-1
Cette interprétation étant plus connue sous le nom de « règle des 30 000 V.cm-1».
Champs et potentiels électriques de polarisation
Rappel: Le potentiel créé par un dipôle de moment 𝑝Ԧ en un point M est donné
1 𝑝.Ԧ 𝑟Ԧ
par: 𝑉 𝑀 =
4𝜋𝜀0 𝑟 3

Considérons un élément de volume 𝑑𝜏 d’un diélectrique, centré autour du


point 𝑄 . 𝑑𝜏 se comporte comme un dipôle élémentaire de moment 𝑑𝑝Ԧ = 𝑃𝑑𝜏.
(𝑃 est le vecteur polarisation au point 𝑄). Le potentiel créé au point M
extérieur est:
1 𝑑𝑝.Ԧ 𝑄𝑀 1 𝑟Ԧ 1
𝑑𝑉(𝑀) = 3 𝑄𝑀 = 𝑟
Ԧ On a 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑀 = − 3 = −𝑔𝑟𝑎𝑑𝑄
4𝜋𝜀0 𝑄𝑀 𝑟 𝑟 𝑟

1 1
𝑉(𝑀) = ම 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑄 𝑃𝑑𝜏 Sachant que 𝑑𝑖𝑣 𝑓𝐴Ԧ = 𝑓. 𝑑𝑖𝑣 𝐴Ԧ + 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑓 . 𝐴Ԧ ;
4𝜋𝜀0 𝑟

1 𝑃 1 1 𝑃 1 1
𝑉 𝑀 s’écrit: 𝑉(𝑀) = ම 𝑑𝑖𝑣𝑄 − 𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃 𝑑𝜏 = ම 𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑑𝜏 − ම 𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃 𝑑𝜏
4𝜋𝜀0 𝑟 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟

𝟏 𝑷.𝒏 𝟏 𝒅𝒊𝒗𝑸 𝑷
Finalement, on a 𝑽(𝑴) = ‫׭‬ 𝒅𝑺 − ‫׮‬ 𝒅𝝉
𝟒𝝅𝜺𝟎 𝒓 𝟒𝝅𝜺𝟎 𝒓
𝑑𝑞
Par analogie avec le potentiel créé par des distributions de charges libres 𝑑𝑉 = , le potentiel 𝑉(𝑀) a pour source
4𝜋𝜀0 𝑟
les charges de polarisation, de densité:
Densité Surfacique des charges de polarisation 𝜎𝑝 = 𝑃. 𝑛
1 𝑃. 𝑛 1 𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃
𝑉(𝑀) = ‫׭‬ 𝑑𝑆 − ‫׮‬ 𝑑𝜏
4𝜋𝜀0 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟
Densité Volumique des charges de polarisation 𝜌𝑝 = −𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃

Ces charges de polarisation, appelées aussi charges fictives ou liées, 1 𝜎𝑝 1 𝜌𝑝


𝑉(𝑀) = ‫׭‬ 𝑑𝑆 + ‫׮‬ 𝑑𝜏
correspondent à des excédents locaux de charges liées du fait de la 4𝜋𝜀0 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟
polarisation

Le potentiel créé par le diélectrique polarisé est la somme de deux


potentiels créés par deux distributions de charges fictives (de
polarisation ou liées) (en surface et dans le volume) placées dans le
vide.

Le champ électrique créé par les charges de polarisation, appelé aussi champ dépolarisant, est obtenu soit par un calcul
direct, soit par l’application du théorème de Gauss ou à partir du potentiel 𝐸𝑝 = −𝑔𝑟𝑎𝑑(𝑉𝑝 ) .

Le champ total existant dans le diélectrique est: 𝑬 = 𝑬𝒂 + 𝑬𝒑


w
Champ dépolarisant
Champ polarisant
Remarques
• Le diélectrique est globalement neutre, la charge totale de polarisation est:
𝑄𝑡𝑜𝑡 = ම 𝜌𝑝 𝑑𝜏 + ඵ 𝜎𝑝 𝑑𝑆

= ‫ ׮‬−𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃 𝑑𝜏 + ‫𝑃 ׭‬. 𝑛 𝑑𝑆
= − ‫ 𝑃 ׭‬. 𝑑 𝑠Ԧ + ‫𝑃 ׭‬. 𝑑 𝑠Ԧ = 0

• Si en plus, le diélectrique porte des charges libres de densité volumique 𝜌𝑙 et de densité surfacique 𝜎𝑙 , le
potentiel devient:
1 𝜎𝑝 +𝜎𝑙 1 𝜌𝑝 +𝜌𝑙
𝑉(𝑀) = ‫׭‬ 𝑑𝑆 + ‫׮‬ 𝑑𝜏
4𝜋𝜀0 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟

• Si la polarisation est uniforme, 𝑃 = 𝑐𝑡𝑒 , alors 𝜌𝑝 = −𝑑𝑖𝑣𝑄 𝑃 = 0 ; il reste uniquement les charges de
polarisation en surface .

• On peut introduire l’équation de conservation des charges de polarisation. En régime variable, la position d’un
électron soumis à un champ électrique est elle même variable. Il lui correspond donc un courant de polarisation
𝑗Ԧ𝑝 , qui ont des effets thermiques ou source de champ magnétique.
𝜕 𝜕𝑃 𝜕𝜌𝑝 𝜕𝑃
𝜌 = −𝑑𝑖𝑣(𝑃) Soit 𝑑𝑖𝑣 + =0 ⟹ 𝑗Ԧ𝑝 =
𝜕𝑡 𝑝 𝜕𝑡 𝜕𝑡 𝜕𝑡
Vecteur déplacement électrique
Dans un diélectrique polarisé (𝜌𝑝 ≠ 0), contenant des charges libres (𝜌𝑙 ≠ 0), le théorème de Gauss sous sa forme locale
est donné par:
𝜌𝑙 + 𝜌𝑝 𝜌𝑙 𝑑𝑖𝑣 𝑃
𝑑𝑖𝑣 𝐸 =
𝜀0
= −
𝜀0 𝜀0
𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑑𝑖𝑣 𝜀0 𝐸 + 𝑃 = 𝑑𝑖𝑣 𝐷 = 𝜌𝑙 𝑫 = 𝜺𝟎 𝑬 + 𝑷 = 𝜺𝑬
excitation électrique L’intérêt d’utiliser 𝐷 réside dans le fait qu’il
𝐷 est appelé indifféremment: déplacement électrique
s’exprime en Coulomb/m2 induction électrique est relié aux charges libres. Leur densité 𝜌𝑙
densité de flux électrique est plus facile à quantifier que 𝜌𝑝

Le théorème de Gauss s’écrit sous: Dans le cas général:


𝜌𝑙 + 𝜌𝑝 𝜌𝑡𝑜𝑡
Sa forme locale 𝑑𝑖𝑣 𝐷 = 𝜌𝑙 𝑑𝑖𝑣 𝐷 = 𝜌𝑙 ⟺ 𝑑𝑖𝑣 𝐸 = =
𝜀0 𝜀0
𝑄𝑡𝑜𝑡
Sa forme intégrale ‫𝑆 𝑑 𝐷 ׭‬Ԧ = 𝑄𝑙 ඵ 𝐷 𝑑 𝑆Ԧ = 𝑄𝑙 ⟺ ඵ 𝐷 𝑑 𝑆Ԧ =
𝜀0

Remarques
• Pour un diélectrique polarisé et non chargé , 𝜌𝑙 = 0 𝑒𝑡 𝜎𝑙 = 0 ⟹ 𝑑𝑖𝑣 𝐷 = 0. On a donc 𝐷 à flux conservatif
𝜌𝑙
• Dans le vide 𝑃 = 0 ⟹ 𝐷 = 𝜀0 𝐸 ⟹ 𝑑𝑖𝑣(𝐷) = 𝑑𝑖𝑣(𝜀0 𝐸) = 𝜌𝑙 ⟹ 𝑑𝑖𝑣(𝐸) =
𝜀0
Propriétés des milieux diélectriques
La réaction du diélectrique au champ électrique appliqué est caractérisé par la relation entre 𝑃 et 𝐸 (pas trop élevé). On
écrit:
𝑷 = 𝜺𝟎 𝝌𝑬 𝜒 > 0 est la susceptibilité électrique. 𝐸 = 𝐸𝑎 + 𝐸𝑝
Caractérise la polarisation
• Pour un milieu linéaire 𝑃 = 𝜀0 𝜒(𝑀) 𝐸 𝜒 est une matrice 3x3

• Pour un milieu linéaire et homogène 𝑃 = 𝜀0 𝜒 𝐸 𝜒 ne dépend pas de la position (point M)

• Pour un milieu linéaire, homogène et isotrope (LHI) 𝑷 = 𝜺𝟎 𝝌𝑬 𝜒 ne dépend d’aucune direction de l’espace

Relation entre 𝑫 et 𝑬

𝐷 = 𝜀0 𝐸 + 𝑃 = 𝜀0 𝐸 + 𝜀0 𝜒𝐸 = 𝜀0 1 + 𝜒 𝐸 = 𝜀0 𝜀𝑟 𝐸 = 𝜀 𝐸

Permittivité relative > 1


Permittivité absolue (Farad/m) > 𝜀0
Exemple du condensateur à lames parallèles

 Condensateur rempli par un diélectrique LHI


𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒
 Les charges libres des armatures créent le champ 𝐸0 = 𝑒Ԧ𝑧 𝑒Ԧ𝑧
𝜀0

 𝐸0 induit dans le diélectrique une polarisation dans le même sens.


 Il apparaît sur les faces du diélectrique des charges de polarisation
𝜎𝑃 = 𝑃. 𝑛 = ±𝑃

 Les charges de polarisation créent un autre champ dans le diélectrique, champ dépolarisant de sens opposé à 𝐸0

𝜎𝑝 𝑃
𝐸𝑃 = − 𝑒Ԧ𝑧 = −
𝜀0 𝜀0

 𝐸𝑃 est de sens opposé à 𝐸0

𝑃
 Le champ total dans la plaque 𝐸 = 𝐸0 + 𝐸𝑃 = 𝐸0 −
𝜀0
• Le vecteur polarisation en fonction de 𝐸0
𝑃 𝜀0 𝜒
𝑃 = 𝜀0 𝜒𝐸 = 𝜀0 𝜒 𝐸0 − 𝑠𝑜𝑖𝑡 1 + 𝜒 𝑃 = 𝜀0 𝜒𝐸0 ⟹𝑃= 𝐸
𝜀0 1+𝜒 0

• 𝐸𝑃 et 𝐸 en fonction de de 𝐸0
𝑃 𝜒 1
𝐸𝑃 = − =− 𝐸 𝐸 = 𝐸0 + 𝐸𝑃 = 𝐸
𝜀0 1+𝜒 0 1+𝜒 0

• On déduit la capacité 𝐶 du condensateur d’espacement 𝑒 et porté au potentiel 𝑈

𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒
𝐸0 = 𝑙𝑎 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒 𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝑄 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝑆 = 𝜀0 𝐸0 𝑆
𝜀0
1 𝑄 1+𝜒 𝜀𝑆
𝑈 = 𝑒𝐸 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑈 = 𝑒 𝐸 𝑑′ 𝑜ù 𝐶 = = 𝜀0 𝑆 =
1+𝜒 0 𝑈 𝑒 𝑒

• On peut déterminer la capacité C à partir de l′ excitation électrique


𝑈 𝑄 𝜀𝑆
𝐷 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝐷 = 𝜀𝐸 = 𝜀 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 = 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝐶 =
𝑒 𝑆 𝑒
Conditions de continuité à la surface de séparation de deux milieux 𝑛1 𝑆1
𝜀1
Que se passe-t-il à l’interface entre deux milieux pour 𝐸 et 𝐷 ? 𝐷𝑛 𝑛
𝐷
Considérons une surface chargée avec une densité 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 , séparant deux milieux LHI de
permittivité 𝜀1 𝑒𝑡 𝜀2
𝐷𝑡
Composante normale de 𝐷 𝑒𝑡 𝐸 𝑆2
𝜀2
𝐷𝑡 𝑒𝑡 𝐷𝑛 sont les projections du vecteur 𝐷 respectivement
Soit 𝐷 = 𝐷𝑡 + 𝐷𝑛
tangentiellement et perpendiculairement à la surface de séparation. 𝑛2

En appliquant le théorème de Gauss sur un cylindre 𝑑𝜙 𝐷 = 𝐷. 𝑑 𝑆Ԧ = 𝑑𝑄𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 . 𝑑𝑠


𝑛 = 𝑛1 = −𝑛2
de hauteur infiniment petite avec des surfaces de
base 𝑆1 (𝑟𝑒𝑠𝑝 𝑆2 ) dans le milieu 1 (resp 2): 𝑑𝜙 𝐷 = 𝐷1 . 𝑑 𝑆Ԧ1 + 𝐷2 . 𝑑𝑆Ԧ2 + 𝑑𝜙𝑙𝑎𝑡 𝑑𝑆 = 𝑑𝑆1 = 𝑑𝑆2
𝑛 = 𝑛2→1
Les surfaces 𝑆1 𝑒𝑡 𝑆2 sont très proches de la surface de séparation 𝑑𝜙𝑙𝑎𝑡 = 0

𝐷1 − 𝐷2 𝑛 𝑑𝑆 = 𝑑𝑄𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 . 𝑑𝑆 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝐷1 − 𝐷2 𝑛 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝑫𝟏𝒏 − 𝑫𝟐𝒏 = 𝝈𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆

On a donc discontinuité de 𝑫𝒏 lorsque 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 ≠ 0, continuité dans le cas contraire

La composante normale de 𝐸 est discontinue dans tous les cas 𝜺𝟏 𝑬𝟏𝒏 − 𝜺𝟐 𝑬𝟐𝒏 = 𝝈𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆
Composante tangentielle de 𝐷 𝑒𝑡 𝐸 A 𝑑𝑙1 B 𝜀1
On s’intéresse à la continuité de la composante tangentielle au niveau de la surface
de séparation, AD et BC sont pris proches de 0. AB et CD sont parallèles à 𝑑𝑙 .
𝜀2
D 𝑑𝑙2 C

‫𝐸 ׯ‬. 𝑑𝑙 = ‫ 𝐸𝑡𝑜𝑟 ׭‬. 𝑑𝑆Ԧ Théorème de Stokes Ampère

AB et CD sont suffisamment petits pour considérer 𝐸 constant sur ces distances ⟹ ‫ 𝐸𝑡𝑜𝑟 ׭‬. 𝑑𝑆Ԧ = 0

‫𝐸 ׯ‬. 𝑑𝑙 = 0 = ‫׬‬ +‫׬‬ +‫׬‬ +‫׬‬ ⟹ න 𝐸𝑡1 𝑑𝑙 − න 𝐸𝑡2 𝑑𝑙 = 0


AB BC CD DA
AB CD

= 0 𝑐𝑎𝑟 𝑑𝑙 𝑖𝑛𝑓𝑖𝑛𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑒𝑡𝑖𝑡

𝐷𝑡1 𝐷𝑡2
soit 𝐸𝑡1 = 𝐸𝑡2 et =
𝜀1 𝜀2

La composante tangentielle de 𝐸 est continue à la traversée de la surface de séparation entre deux milieux
Remarque

𝐷1 − 𝐷2 𝑛 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝑜𝑟 𝐷𝑖 = 𝜀0 𝐸𝑖 + 𝑃𝑖 = 𝜀𝐸𝑖 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝜀0 (𝐸1 −𝐸2 ). 𝑛 + (𝑃1 −𝑃2). 𝑛 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒

𝝈𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆 + 𝝈𝒑
Comme 𝑃1 . 𝑛 + 𝑃2 −𝑛 = 𝜎𝑝1 + 𝜎𝑝2 = 𝜎𝑝 ⟹ (𝑬𝟏 −𝑬𝟐 ). 𝒏 =
𝜺𝟎

𝐷2 − 𝐷1 𝑛1→2 = 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝐸𝑡1 = 𝐸𝑡2

𝑠𝑖 𝜎𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 = 0 𝜀1 𝐸1 sin 𝛼1 = 𝜀2 𝐸2 sin 𝛼2

𝜀1 𝐸1 cos 𝛼1 = 𝜀2 𝐸2 cos 𝛼2

tan 𝛼1 tan 𝛼2 tan 𝛼1 tan 𝛼2


𝑑′ 𝑜ù = ⟹ =
𝜀1 𝜀2 𝜀𝑟1 𝜀𝑟2

Cette relation caractérise la réfraction des lignes de champ à la traversée de la surface S.


En passant dans un milieu à 𝜀 plus élevé, le champ 𝐸 s’écarte de la normale
Considérons une surface parcourue par un courant de densité 𝑗Ԧ𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 et séparant
deux milieux 𝜇1 et 𝜇2 . 𝑛1 𝑆1
𝜇1
𝐻𝑛 𝐻 𝑛
Composante normale de 𝐵 𝑒𝑡 𝐻
𝐻𝑡
Le flux est conservatif 𝑑𝑖𝑣 𝐵 = 0
𝑆2
𝜇2
𝑑𝜙 𝐵 = 𝐵1 . 𝑑𝑆Ԧ1 + 𝐵2 . 𝑑𝑆Ԧ2 + 𝑑𝜙𝑙𝑎𝑡 = 0
𝑛2
𝑑𝜙𝑙𝑎𝑡 ⟶ 0 (les surfaces de base du cylindre tendent vers la surface de séparation.

𝐵1 . 𝑛1 𝑑𝑆1 + 𝐵2 . 𝑛2 𝑑𝑆2 = 0 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝐵1 − 𝐵2 . 𝑛 = 0 ⟹ 𝐵1𝑛 = 𝐵2𝑛 𝜇1 𝐻1𝑛 = 𝜇2 𝐻2𝑛

La composante normale de 𝐵 est continue à la traversée de la


surface de séparation entre deux milieux
Composante tangentielle de 𝐵 𝑒𝑡 𝐻 A 𝑑𝑙1 B 𝜀1
On applique le théorème d’Ampère pour le contour ABCD

‫𝐻 ׯ‬. 𝑑𝑙 = 𝐼𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 = ‫𝐻 ׬‬1 . 𝑑𝑙Ԧ1 + ‫𝐻 ׬‬2 . 𝑑 𝑙Ԧ2 + ‫׬‬DA + ‫׬‬ 𝑛 𝜀2


AB CD BC
D 𝑑𝑙2 C
=0
BC et AD tendent vers la surface

න 𝐻1 − 𝐻2 . 𝑑 𝑙Ԧ = 𝐼𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 = න 𝑗Ԧ𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 . 𝑑 𝑙Ԧ Soit න(𝐻𝑡1 −𝐻𝑡2)𝑑𝑙 = න 𝑗Ԧ𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 . 𝑑 𝑙Ԧ

(𝐻𝑡1 −𝐻𝑡2) = 𝑗𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝐻𝑡2 − 𝐻𝑡1 = 𝑗Ԧ𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 ∧ 𝑛12

Si 𝑗Ԧ𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 = 0 𝑜𝑛 𝑎 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝐻𝑡1 = 𝐻𝑡2

La composante tangentielle de 𝐻 est continue dans ce cas


Energie potentielle électrostatique d’une distribution de charges en présence d’un diélectrique
Rappel: l’énergie potentielle d’une charge q placée dans une région où règne un potentiel 𝑉 est 𝐸𝑃 = 𝑞𝑉, et on montre que
pour une distribution volumique de charge libres, dans un volume 𝜏, de densité 𝜌𝑙 dans une région de potentiel 𝑉 on a:
1
𝐸𝑃 = ම 𝜌𝑙 𝑉 𝑑𝜏
2
S’il y a des diélectriques autour de la distribution de charge 𝜌𝑙 , l’expression de l’énergie potentielle électrostatique reste
inchangée. Les charges de polarisation (𝜌𝑝𝑜𝑙 et 𝜎𝑝𝑜𝑙 ) dans le diélectrique n’interviennent pas explicitement car elles ne
sont pas transportées depuis l’infini, mais créées sur place.
1 1 1
𝑑𝑖𝑣𝐷 = 𝜌𝑙 ⟹ 𝐸𝑃 = ම 𝑉 𝑑𝑖𝑣𝐷 𝑑𝜏 𝐸𝑃 = ම(𝑑𝑖𝑣𝐷) 𝑉 𝑑𝜏 = ම(𝑑𝑖𝑣𝐷) 𝑉 𝑑𝜏
2 𝜏 2 𝜏 2 𝑒𝑠𝑝𝑎𝑐𝑒

1 1 1 1
𝐸𝑃 = ම 𝑑𝑖𝑣 𝐷 𝑉 𝑑𝜏 − ම 𝐷 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑉𝑑𝜏 = ඵ 𝐷 𝑉 𝑑𝑆Ԧ + ම 𝐷 𝐸𝑑𝜏 𝑑𝑖𝑣 𝐷 𝑉 = 𝑉 𝑑𝑖𝑣𝐷 + 𝐷 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑉
2 𝑒𝑠𝑝𝑎𝑐𝑒 2 𝑒𝑠𝑝𝑎𝑐𝑒 2 𝑆 2 𝑒𝑠𝑝𝑎𝑐𝑒

𝑆 la surface délimitant tout l’espace qu’on 1 1 1 1 2 1 𝑟→∞


𝑉~ , 𝐷 = 𝜀0 𝐸 + 𝑃 ~ 2 𝑑𝑆~𝑟 2 Ԧ
⟹ 𝑉𝐷 𝑑𝑆~ 𝑟 ~ 0
supposera une sphère de rayon 𝑟 → ∞, 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑟 𝑟 𝑟 𝑟2 𝑟

𝟏
𝐸𝑃 devient: 𝑬𝑷 = ම 𝑫 𝑬𝒅𝝉
𝟐
𝒅𝑬𝑷 𝟏
La densité d’énergie volumique 𝒘 = = 𝑫𝑬
𝒅𝝉 𝟐

1 1 1
𝐷 = 𝜀0 𝐸 + 𝑃 ⟹ 𝑤 = 𝜀0 𝐸 2 + 𝐸. 𝑃 = 𝜀𝐸 2
2 2 2

Densité d’énergie nécessaire à la


Densité d’énergie dans le polarisation du diélectrique
vide (en absence du
diélectrique)

Cas d’un condensateur plan rempli d’un LHI polarisé uniformément


S
𝑃
𝐸 = 𝐸0 −
𝜀0
𝑑𝐸𝑃 1 2 1 2
1 2 1 2
𝑆 e
𝑤= = 𝜀𝐸 ⟹ 𝐸𝑃 = ම 𝜀𝐸 𝑑𝜏 = 𝜀𝐸 ම 𝑑𝜏 = 𝜀(𝐸𝑒)
𝑑𝜏 2 2 2 2 𝑒
1 2 1 𝑄2
𝐸𝑃 = 𝑐𝑉 =
2 2 𝑐
1
Dans le vide 𝐸 = 𝐸0 ⟹ 𝐸𝑃0= 𝑐0 𝑉 2
2

∆𝐸𝑃 = 𝐸𝑃 − 𝐸𝑃0 = 𝜀𝑟 𝐸𝑃0 − 𝐸𝑃0 = 𝜀𝑟 − 1 𝐸𝑃0 ⟹ ∆𝑤 = 𝑤 − 𝑤0 = 𝜀𝑟 − 1 𝑤0 𝑤 > 𝑤0


Férroélectricité
Les corps ferro-électriques sont une classe de diélectriques solides. L'intérêt
de ces matériaux n'est pas seulement théorique ; leur très grande constante
diélectrique, leurs propriétés non linéaires, tant électriques qu'optiques, sont
exploitées dans de nombreuses applications (condensateurs, transducteurs,
doubleurs de fréquences, etc.). Leurs propriétés générales se déduisent des
propriétés électriques des atomes qui les constituent.
Dans quelques édifices cristallins, les moments élémentaires s'ordonnent
spontanément dans des directions déterminées par la structure cristalline et il
apparaît, même en l'absence d'un champ appliqué, une polarisation
spontanée. De tels corps sont appelés ferro-électriques.
Le sens de la polarisation électrique spontanée peut être inversé sous l'action
d'un champ électrique convenablement choisi en direction, sens et grandeur ;
cette polarisation disparaît au-dessus d'une certaine température dite
température de transition. La signature d'un matériau ferroélectrique est
le cycle d'hystérésis de la polarisation en fonction du champ électrique
appliqué.
Les matériaux ferroélectriques sont caractérisés par une permittivité relative
extrêmement élevée, de l'ordre de 103 et même 104. Toutes leurs propriétés
électriques sont très sensibles à la température. La ferroélectricité disparaît
au-delà d'une température appelée température de Curie ferroélectrique.
𝑛𝛼
𝑷 = 𝜺𝟎 𝝌𝑬 𝜒 = 𝜀𝑟 −1 = 𝑛𝛼 Lorsque 𝑛𝛼 = 3 𝜒→∞
1−
3
1
𝑛~ quand 𝑇 diminue le cristal se contracte et 𝑛 augmente → 𝜒 ↗ ~5000
𝑇

𝑛𝛼 𝐴
𝜀𝑟 ~ 𝛼 ~𝑇 − 𝑇 𝑇𝐶 température critique de transition de Curie
1− 𝐶
3𝑇
Lorsque 𝑇 𝑎𝑡𝑡𝑒𝑖𝑛𝑡 𝑇𝐶 apparition d’un état ferroélectrique caractérisé par l’apparition d’un état de polarisation spontanée
en absence de champ électrique appliqué.

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