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I. INTRODUCTION
Essayez un instant d’imaginer le nombre de A ce propos, le rapport final de accident du B-747
produits électroniques pouvant se trouver à cargo de la compagnie UPS flight 006 survenu
bord d’un avion lors d’un vol commercial le 3 Septembre 2010 près de Dubaï aux Emirats
avec passagers : consoles de jeux, appareils Arabes Unis, a été publié en Juillet 2013 et après
photographiques, lecteurs MP3, téléphones plus de 2 années d’enquête, a conclu que la cause
cellulaires, smartphones, ordinateurs ou principale de l’accident était le déclenchement d’un
autres tablettes tactiles. Rappelez-vous que feu au pont principal. Parmi les facteurs contributifs
chacun de ces appareils nécessite au moins qui ont mené au crash et à la perte totale de
une pile ou une batterie pour son l’appareil : la présence d’une très grande quantité
fonctionnement (sans compter celles de de batteries au lithium (entre 80 000 et 90 000),
rechange), et vous réaliserez que c’est de présence qui n’a d’ailleurs jamais été notifiée à
manière involontairement dissimulée un l’équipage.
transport en grande quantité de
marchandises dangereuses..
Il y a donc un risque de feu, d’autant plus Devant ce danger potentiel pour la sécurité, la FAA
qu’une batterie en surchauffe peut comme l’IFALPA ont émis des bulletins d’information
potentiellement provoquer une réaction en concernant le risque de feu lors du transport de
chaîne en se propageant à une autre batteries au lithium accompagnés de
adjacente ou aux éventuels appareils recommandations pour le maitriser (FAA : SAFO
avoisinants : ainsi même des batteries, qui « Safety Alert for Operations » 10017, IFALPA :
initialement n’étaient pas impliquées dans un « Safety Bulletin » 08SAB02 et 08SAB25).
feu, pourraient à leur tour s’enflammer et Quant à l’OACI, elle a publié un document sous
engendrer par un effet domino une situation forme de guide : « Transport of Lithium batteries in
catastrophique. Bien évidemment le risque Accordance with ICAO Technical Instructions ». De
augmente avec le nombre de batteries, leur même que l’IATA qui révise régulièrement son
proximité les unes des autres, leur type document explicatif intitulé : « Lithium Battery
d’emballage, ou leur position à bord. Guidance Document » (dernière version 2013) basé
à la fois sur ce dernier document de l’OACI et sur la
Réglementation pour le transport des marchandises
dangereuses (IATA DGR).
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II. DEFINITIONS
Voici donc quelques informations (certaines extraites de ce dernier document de l’IATA) concernant
ces fameuses batteries:
Batterie au lithium – le terme « batterie au lithium » se rapporte à un groupe de batteries de
différentes chimies, qui comprennent plusieurs types de cathodes et d’électrolytes. Pour la
Réglementation, les batteries sont divisées en deux groupes :
En anglais « Li-ion batteries »: Rechargeables, elles sont souvent utilisées dans les produits
électroniques de consommation. Les batteries au lithium ionique contiennent un liquide électrolyte
inflammable. On les trouve généralement dans les téléphones cellulaires, lecteur MP3 lorsqu’elles ne
sont composées que d’une seule pile, ou ordinateurs portables voire batteries de véhicules hybrides
lorsque composées de plusieurs piles (de 6 à 12). Les batteries au lithium-polymère, rentrent également
dans cette catégorie : le lithium y est associé à un autre élément – en général le manganèse – afin
d’augmenter sa puissance.
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III. CONDITIONS
AVANT
LE
TRANSPORT
Les piles et batteries au lithium peuvent voyager sous 3 configurations possibles : seules, emballées avec
un équipement ou contenues dans celui-ci (équipements tels que les ordinateurs portables ou les fameux PED
: P o r t a b l e Electronic Devices). Elles peuvent être transportées par voie aérienne sans restriction mise à
part certaines précautions additionnelles :
Seules les piles/batteries ayant subi avec succès les épreuves spécifiées dans le « Manuel
d’épreuves et des critères » de l’ONU peuvent être transportées (procédures de test dans la Part
III, sous-section 38.3 de l’UN Manual of tests and criteria). Ainsi, les batteries non testées ou les
« fausses » batteries sont interdites au transport aérien (suivez mon regard dirigé vers Derb
Ghalef et autres marchés parallèles).
A noter, que les batteries au lithium défectueuses ou endommagées sont interdites au transport
aérien.
D’un point de vue général, l’IATA dans sa DGR (Dangerous Goods Regulation) précise que : « Les
produits électroniques de consommation…contenant des piles ou batteries au lithium métal ou ionique,
lorsqu’ils sont transportées par les passagers ou les membres d’équipage pour un usage personnel,
peuvent être transportées en bagage de cabine ou en soute. ».En revanche, les batteries de rechange
additionnelles doivent impérativement être transportées en bagage de cabine.
Toutes les piles, les batteries et équipements alimentés par celles-ci doivent être protégés individuellement
de manière à éviter de potentiels chocs ou une activation accidentelle.
Chaque pile ou batterie installée ou de rechange ne doit pas dépasser les quantités suivantes :
Dès lors que la puissance des batteries reste en deçà de ces valeurs, elles peuvent théoriquement voyager
en quantités illimitées en cabine.
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III. CONDITIONS
AVANT
LE
TRANSPORT
(SUITE)
Autre précaution à prendre, il arrive qu’en fin d’embarquement des bagages cabine trop volumineux
soient chargés au final en soute pour cause de manque de place. Il serait judicieux de s’enquérir
auprès du PAX propriétaire du bagage au sujet de la présence de PED ou de batterie , et le cas échéant
lui demander de les retirer du bagage avant de transférer celui-ci en soute .En effet il y a eu plusieurs
incendies mettant en cause des items comprenant des batteries au lithium dans ces bagages : souvent
au moment où ils sont pris au passager embarquant, ces appareils électroniques ont été sollicités en salle
d’embarquement et se trouvent s o i t allumés soit en veille, avec leur batterie en état de décharge
avancée, là où la température est la plus élevée .
Enfin, plusieurs incidents récents ont mis en cause des PED égarés dans les coques de sièges business
class : lors de la phase de recherche de l’appareil, l’activation de la commande électrique des sièges
peut dans certains cas entrainer l’écrasement de l’appareil (téléphone ou tablette) puis l’incendie de sa
batterie. Dans le cas où un passager déclare à l’équipage avoir perdu un appareil, le PNC ne doit surtout
pas manœuvrer le siège. Il doit chercher l’appareil après avoir mis des gants, et si celui-ci n’est pas
retrouvé, déplacer le passager, surveiller le siège à intervalles réguliers pendant le vol, puis demander à la
maintenance à l’arrivée de le démonter afin de retrouver l’appareil.
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III. CONDITIONS
AVANT
LE
TRANSPORT
(SUITE)
Chaque
colis
ne
doit
pas
dépasser
la
quantité
de
8
piles
Ne
sont
plus
considérées
comme
exceptées,
elles
devront
ou
2
batteries
(dont
celle
inclue
dans
l’équipement).
Au-‐
être
expédiées
en
qualité
de
marchandises
dangereuses
delà,
elles
changent
de
catégorie.
règlementées
affectées
à
la
classe
9
et
en
respectant
les
limitations
en
quantité
contenues
dans
la
DGR
(partie
4.2)
Expédition
en
tant
que
ELI
(Excepted
Lithium
ION)
ou
Expédition
en
tant
que
RLI
(Regulated
Lithium
Ion)
ou
ELM
(Excepted
Lithium
Metal),
mentions
qui
doivent
RLM
(Regulated
Lithium
Métal)
mentions
qui
doivent
figurer
sur
le
manifeste
fret
et
sur
l'état
de
charge.
figurer
sur
la
NOTOC
et
sur
l'état
de
charge
avec
numéro
ONU
en
fonction
de
la
catégorie
Emballage
standard
répondant
aux
instructions
965
Doivent
être
conditionnées
dans
des
emballages
à
970
de
la
section
II
(résistant
aux
chocs)
spécifiques
selon
la
DGR.
Etiquette
( c i -‐ d e s s o u s ) règlementaire
correspondante
Une
étiquette
portant
le
pictogramme
de
la
classe
9
et
à
ELI
ou
ELM
doit
être
apposée
sur
l'emballage
une
où
figurent
les
caractéristiques
des
batteries
doivent
être
apposées.
Pas de limitation en quantité et en poids Numéros ONU: UN3090/3091 et 3480/3481
Les batteries au Lithium–métal sont beaucoup plus inflammables que les Lithium-Ion, elles présentent un
potentiel d’explosion et d’emballement thermique important. Dans les lithium-ion, seule l’électrolyte est
inflammable, et une application rapide des procédures mises en place permet généralement de maitriser
puis d’éteindre leur combustion. En revanche pour les lithium-métal une fois leur combustion
enclenchée, elle est impossible à arrêter avec les moyens d’extinction présents dans les avions.
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Si l’appareil est contenu dans un bagage situé à l’intérieur d’un rack , ne pas hésiter à vider un ou
plusieurs extincteurs dans le rack et ne le déplacer qu’une fois TOUT SIGNE DE FUMEE DISPARU
(ce qui peut prendre entre 15 et 20 minutes). Surtout ne pas ouvrir le bagage pour rechercher l’appareil,
cela pourrait créer un appel d’air et raviver le feu instantanément. Déplacer ensuite le bagage incriminé
dans un récipient rempli d’eau (par exemple une poubelle tapissée à l’intérieur avec un sac en
plastique).
Concernant les membres d’équipage de conduite : si leur tablette tactile ou leur laptop qui pourrait
d’ailleurs être à la charge à l’intérieur même du cockpit, venait à prendre feu, l’action immédiate serait
d’abord de le sortir au plus vite du cockpit avant d’accomplir toutes les taches préconisées ci-dessus.
Dans le cas où l’équipement n’est pas déplaçable comme certains EFB, la FAA recommande de verser
le contenu d’une bouteille d’eau minérale dessus. Des tests en vol sur un B737 ont montré que le risque
d’écoulement de l’eau vers la soute avionique est très faible dans ce cas. L’atterrissage d’urgence reste
bien entendu à l’appréciation du commandant de bord au vu du risque de dégats ultérieurs au cockpit.
Certains
constructeurs
aèronautiques
,
on
même
fait
le
choix
de
cette
technologie
pour
certains
de
leurs
équipements
des
avions
de
dernière
génèration
:
batteries
d e
bord
,
d’ELT
,
d’EFB
,etc…..
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IV. LUTTE
CONTRE
LE
FEU
(SUITE)
IV. En soute
Dans le cas transport de batteries au lithium en cargo, l’équipage de conduite doit donc en être informé
soit par le biais du simple manifeste de fret, soit par le biais de la NOTOC.
Si il y a émission d’une NOTOC, celle-ci devra comporter les Drill Code associés (Indicatif de consigne
d’intervention d’urgence ou Emergency Response Guide) qui sont :
-‐
9F pour les batteries lithium-ion.
-‐
9Z pour les lithium-métal: code où la lettre « Z » signifie que « les dispositifs d’extinction de feu
des soutes cargo peuvent ne pas éteindre ou maîtriser le feu, considérer d’atterrir
immédiatement ». Code dont il faut tenir compte surtout lors des vols effectués en « Extended
Range Operations » (ETOPS).
Pour rappel, aucun agent extincteur y compris le halon n’est efficace sur les feux de batteries au
lithium métal. Celles-ci se retrouvent rapidement dans un situation d’emballement thermique, car leur
incendie, pour être alimenté, n’ayant besoin que d’une très faible concentration en oxygène (3% comme
c’est le cas en soute), devient impossible à maîtriser. Ce « thermal runaway » (emballement thermique)
provoque alors de multiples explosions. D’où la nécessité de se poser au plus vite, éventuellement en
envisageant un atterrissage ou amerrissage d’urgence.
Gardons en mémoire qu’en moyenne ce type de
feu détruit un avion entre 20 et 30 minutes après sa détection.
De nombreux tests ont été conduits, le plus récent a été réalisé en Février dernier par la FAA où des
cartons contenant des batteries au lithium ont été placés dans les soutes d’un B-727. Ce test a montré
que suite au déclenchement d’un feu, la fumée a entièrement envahi le cockpit au bout de 10 à 12
minutes après la détection.
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V. CONCLUSION
V. CONCLUSION
Vu l’époque à laquelle nous vivons, où le trafic aérien est en constante progression, de plus en plus de «
Portable Electronic Devices » (PED) voyagent et voyagerons davantage à bord de nos avions.
De plus, les performances techniques de ces batteries aidant (légèreté, taille, énergie emmagasinée,
capacité) elles sont et seront de plus en plus présentes dans les équipements : matériel médical, e-cigarettes,
e-bikes et donc irrémédiablement plus présentes à bord des avions en tant que cargo. Force est de constater
que pour le moment, la majorité de ces équipements électroniques échappent à toute réglementation.
Le danger ou du moins le risque pour la sécurité des vols est donc grandissant, D’autant plus que, même si ces
batteries ne sont pas la cause du déclenchement du feu, leur présence servira de « carburant » à un feu d’une
origine différente. D’où l’importance pour les companies aèriennes d e sensibiliser à la fois leurs personnels
navigants et leurs personnels au sol qui les expédient en tant que fret aérien.
Certaines d'entre elles spécialisées dans le transport cargo, travaillent d'ores et déjà avec les industriels pour
développer des solutions à ces feux causés par ces batteries. Parmi ces solutions, il y a: le système EVAS (Enhanced
Vision Assurance System) qui permet de continuer à voir les instruments de vol dans un cockpit envahi par la fumée ou
la FCC (Fire Containment Cover) une couverture pour les palettes qui permet de contenir le feu pendant quelques
heures
Même l’OACI se trouve acculèe à réagir pour mettre en conformité les règles de transport avec le contenu de ses
annexes: l’Annexe 8 où il est clairement mentionné que pour le transport des marchandises dangereuses en soute, les
avions doivent être équipés d’un système de suppression capable de contenir un feu, ce qui n’est pas le cas avec les
lithium-métal; ainsi que l’Annexe 6 qui stipule qu’un avion doit envisager des scenarios de dégagements prolongés
(60,90,20,180 min.) en route, ce qui n’est pas le cas avec un feu incontrollable.
Il semble que les différents intervenants sont entrain de prendre la mesure du danger, et ce notamment suite aux
conclusions du crash de l’UPS 6, puisque lors des travaux de dernier Dangerous Goods Panel de l’OACI qui s’est tenu
à Montrèal en Avril dernier, il a été décidé qu’à partir du 1er Avril 2015, les batteries au lithium-métal seront
interdites au transport en soute à bord des avions passagers. Une première mesure qui en amènera sans doute
d’autres…..
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