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Analyse éthique d’un corpus de

photos tiré du mouvement


populaire algérien le« Hirak »

Master II Littérature et approches


interdisciplinaires
Etudiante: Benmammar Mounia
travail remis en février 2020
Qu’on entend-t-on par éthique et
déontologie ?
• L'éthique de « ethos » qui veut dire en grec coutume, usage
ou mœurs , est le moyen par lequel on évalue une conduite
humaine. On pourra dire alors que son unité de mesure est
‘la valeur’ . En latin « ethica » désignera: philosophie
morale, par opposition aux sciences exactes et empiriques.
On jugera, donc, les actions des individus en fonction de
leur conformité, ou non, à une norme particulière. Dans cet
exercice, il s’agira d’une éthique descriptive parce qu’on
prendra en charge les manifestations de l’éthique dans un
espace (Algérie) et un temps (jours dédiés aux marches)
donnés. Plus particulièrement; ce travail décrira les
discours émis par les manifestants du point de vue éthique.
• La déontologie, ou la science des devoirs, décrit les
règles qui régissent une activité. Elle se manifeste très
souvent sous une forme écrite. Elle dicte des lois et des
consignes auxquelles toute infraction est passible
d’une imposition plus ou moins lourde selon les
contextes. La déontologie peut faire d’une valeur
morale une norme au quelle il faut se soumettre au
nom de la loi. Ainsi, on dira que toute société dispose
d’un ensemble de normes ou de règles de conduite
organisant la vie collective des individus. Aujourd’hui,
le terme renvoie aux devoirs professionnels qui
s’imposent lors de l’exercice d’un métier quelconque.
1/ L’éthique à travers l’image :
Ces photos sont saisissantes,
elles laissent voir la compassion
( mais pas forcément
l’implication ) de la police,
symbole de l’état et instrument
du régime, envers la population
qui sort manifester ( toute
tranche d'âge confuse : enfant,
homme, vielle dame..) Les
policiers sont contraints, de par
les lois déontologiques de leur
profession, de porter leur
uniforme et d'accomplir les
fonctions qui leur sont
assignées. Les hirakistes n’ont
pas fait d’eux des ennemis pour
autant. Ils sont conscients et
font preuve de respect à leurs
égards d’où le fait qu’ils aillent
leur offrir des fleurs et de les
enlacer. Cela indiquerait aussi le
pacifisme de ce mouvement .
Ces deux photos représentent l’adhésion de tous au hirak , on pourra dire, cependant,
que les enfants n’ont pas encore la raison pour décider d’un tel acte, mais cela nous
révèle, selon moi, la volonté de leurs tuteurs (parents) parce que, s’ils sont sortis dans
la rue, c’est bien pour leurs enfants: pour qu’ils aient la chance de vivre dans un pays
meilleur. Ils sortent dans l’espoir de changer les choses et ainsi, ils pourront léguer à
leurs enfants un héritage pour lequel ils se sont battus . Les petits rappellent alors
l’engagement des grands. Tenir à ce que les enfants se tiennent toujours à coté de ce
drapeau tricolores fait aussi référence au patriotisme de ces citoyens adultes.
2/L’éthique dans l’attitude et le non-dit :

Dans cette photo, les manifestants se tiennent la main pour former un cercle qui
« protègerait » les forces de l’ordre. Ce serait pour dire aux policiers qu’ils sont les
enfants du peuple et qu’ils n’ont pas à craindre des dérapages ou des émeutes
puisque la patrie et la fraternité sont ce qu’ils partagent avec eux . Les manifestants
expriment à travers cet acte un sens de l’organisation et d’engagement collectif
remarquable .
Générosité, participation par l’action, bénévolat,
apporter du sien à sa collectivité,…etc , sont tous des
vocables capables de décrire l’esprit morale que
dégagent les photos ci-haut. Les algériens durant les
marches se déplacent et se rassemblent, leurs
compatriotes leur offrent: nourriture, boissons, et
assistance médicale en cas de besoin. Quelle autre
manifestation d’engagement sociale et
professionnelle que celle-ci!
Des femmes dans l’espace publique, en tenue traditionnelle, et avec
chacune le drapeau national. On pourra alors parler d’affirmation
identitaire par le « haïk et laâdjar» et d’attachement à la tradition du
pays. Les algériens n’ont pas manqué de rendre hommage à leur
patrimoine culturel et identitaire tout au long du hirak, notamment
quand les vendredis coïncidaient avec des dates très symboliques
(8mars, 5juillet, 1novembre).
3/Dispositions éthiques dans les
slogans et écriteaux :
La photo de droite est bien située (le
12/12/2019): on est le jour des élections
présidentielles fortement boycottées par le
peuple ( photo du bas ). Cet individu dénonce
clairement la malhonnêteté flagrante et le
manque de professionnalisme des chaines
télévisées algériennes. Sa seule présence dans
la rue ce jour-là suffit à marquer son
indignation.
C’est le 27/12/2019, le quarante
cinquième vendredi. Même après la
désignation de Tebboune comme
président, le peuple maintient sa
mobilisation et ne renonce à rien. Il
y a ici un lien intertextuel
intelligemment établi entre le
contenu de la pancarte « Tout est
truqué dans ce pays (AlBilad TV), de
l’aube (AlChourouk TV) jusqu’en fin
de journée (An-Nahar TV). Vous
nous rendez la vie(AlHayat TV)
misérable ) et les chaines TV qui
ont, depuis longtemps, perdus leur
crédibilité auprès des manifestants.
4/Quand l’éthique devient une base pour la
déontologie:

Il s’agit dans la photo,


d’une foule d’avocats (
avec leur costume
d’exercice professionnel)
marchant pacifiquement
et portant un écriteau
qui revendique
l’établissement d’un état
de droit assurant la
justice de tous .
Les slogans des manifestants n’ont
pas cessé de nous surprendre tant
par leur ironie que par leur
pertinence. Ici, la constitution
algérienne est tournée en dérision,
car le fait de la représenter par un
document Word lui fait perdre sa
légitimité du fait qu’il est possible
de modifier ce dernier à tout
moment. Par opposition, nous
avons la constitution américaine,
représentée par un document PDF,
qui est lui non modifiable
(légitimité et fermeté). Là, est une
revendication implicite et un appel
à l’instauration d’une constitution
juste et bien fondée.
5/L’éthos dans le discours:

Cette petite fille demande


de l’aide, demande qu’on
la sauve des mains de
Benghebrit ( ex ministre
de l’éducation nationale).
C’est un appel de détresse
qui ne doit laisser
personne indifférent! Cela
implique la défaillance des
projets entrepris par cette
dite ministre.
Cet enfant handicapé dit clairement
que, lui aussi, veut bénéficier
d’un traitement équitable quant à son
état de santé. Il critique ouvertement les
responsables du régime, et l’ex
président Bouteflika, en particulier, qui
avait séjourné quelques temps dans un
hôpital en Suisse. L’état de ce garçon ne
peut que donner de la force et de
l’ampleur à sa revendication. Parce qu’il
sous-entend avec son message toute
l’insouciance et l’incompétence des
différentes autorités du système
(notamment sanitaires).

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