Kinesither Rev 2021;21(235):51–52
Échanges
Qui êtes-vous, quel est votre
parcours ?
Kinésithérapeute diplômé de l’IFMK
de Rouen en 2010, j’ai immédiatement
commencé ma carrière en réanimation
médico-chirurgicale et en pneumologie
au Groupe Hospitalier du Havre. J’ai été
attiré par la recherche en kinésithérapie
respiratoire dès la fin de mes études.
Mes premiers projets de recherche
concernaient la réadaptation précoce
en réanimation. Commencer dans un
hôpital non habitué à développer ses
propres recherches, sans spécialiste en
méthodologie, sans statisticien, sans
traducteur, etc. constituait une vraie
gageure.
Pour améliorer mes compétences en
méthodologie, j’ai suivi les Massive Open
Online Course (MOOC) des universités
de Stanford, Harvard et Johns Hopkins
sur les biostatistiques et la construction
d’essais cliniques. En 2015, j’ai demandé
une validation d’acquis et d’expérience
pour l’obtention d’un Master 1 au sein
Adresse e-mail :
serge.mesure@univ-amu.fr
http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2020.10.008
Si tu nous racontais ta recherche :
Clément Medrinal
Serge Mesure
Aix Marseille Université, Institut des Sciences du Mouvement- 163 avenue de Luminy,
13000 Marseille cedex 09
de l’université de Picardie Jules Vernes
où j’ai ensuite soutenu un Master 2. J’ai
alors intégré le « Groupe de Recherche
sur le Handicap Ventilatoire » de l’univer-
sité de Rouen où j’ai effectué ma thèse de
sciences en 2018, en plus de mon activité
clinique habituelle.
Pour financer mon activité de recherche,
je postule régulièrement à différentes
bourses de recherches. Aujourd’hui, le
Groupe Hospitalier du Havre a déve-
loppé sa propre cellule de recherche
clinique et nous aide financièrement
dans la prise en charge des assurances
nécessaires à la recherche, les frais liés
aux statistiques complexes et aux tra-
ductions.
En parallèle de mon parcours univer-
sitaire, j’interviens et j’encadre des
mémoires dans plusieurs IFMK depuis
2012.
Vos recherches aujourd’hui ?
Mon principal thème de recherche
concerne les conséquences muscu-
laires de l’hospitalisation en réanima-
tion. Plus particulièrement les moyens
de diagnostic précoce des faiblesses
musculaires (respiratoires ou des mem-
bres) et l’optimisation de leur traite-
ment (prévention ou rééducation).
Au cours des dernières années, mon
équipe et moi-même avons mis en
évidence l’impact des faiblesses mus-
culaires inspiratoires sur la mortalité
un an après le sevrage ventilatoire des
patients. Nous avons également étudié
les interactions entre les faiblesses mus-
culaires inspiratoires et périphériques.
Nous venons de publier un article sur
les outils diagnostiques des différentes
faiblesses musculaires en réanimation
et leurs capacités à prédire la morta-
lité des patients ou le sevrage ventila-
toire. Ensuite, nous avons comparé les
principales stratégies de réadaptation
Recherche
ultra-précoces (patient alité et sédaté)
applicables en réanimation. Actuelle-
ment, nous travaillons sur l’identification
de nouvelles mesures de la capacité
musculaire qui ne dépendent pas de la
coopération du patient et qui sont utili-
sables précocement. Nous avons récem-
ment lancé un essai contrôlé randomisé
en double aveugle sur la stimulation
électrique non invasive du diaphragme
de patients intubés et ventilés
(protocole TESLA NCT04171024) ; cet
essai prendra fin en 2022. Nous allons
également nous intéresser à la dif-
férence de fatigabilité entre les groupes
musculaires et aux stratégies de préven-
tion de l’inactivité.
Le second axe de travail de notre équipe
consiste en l’optimisation des moyens
de réadaptation des patients atteints
de handicap ventilatoire chronique
(BPCO, mucoviscidose, préopératoire
thoracique). Ce thème est essentielle-
ment développé par Guillaume Prieur
(Groupe Hospitalier du Havre), Tristan
Bonnevie (Adir-Association), Yann
Combret (Groupe Hospitalier du Havre)
et Francis-Edouard Gravier (Adir-
Association). Nous étudions différents
adjuvants susceptibles d’optimiser l’in-
tensité de l’exercice des patients limités
par leur essoufflement ; nous évaluons
de nouveaux tests de terrain et des
dispositifs de télé-monitoring pour la
réadaptation au domicile des patients.
Nous travaillons étroitement avec
l’équipe de ADIR-Association de Rouen
ainsi qu’avec l’université Catholique de
Louvain (Belgique) et la Haute Ecole de
Santé de Lausanne (Suisse).
En quoi consiste votre quotidien ?
L’essentiel de mon travail se passe
dans les services de réanimation et de
pneumologie. J’ai la chance de partager
mon activité avec Guillaume Prieur et
51
 Échanges
Recherche
Yann Combret, tous deux prochaine-
ment docteurs en sciences. Nous avons
le même raisonnement clinique concer-
nant le traitement des patients, le même
rythme et la même organisation profes-
sionnelle, ce qui facilite beaucoup le
développement et la continuité de nos
projets de recherche.
En réanimation, notre pratique est
extrêmement corrélée à nos travaux de
recherche. Nous sommes quotidienne-
ment au lit du patient afin de faciliter
le processus de sevrage ventilatoire
et limiter au maximum les répercus-
sions musculaires, fonctionnelles et
psychologiques de l’hospitalisation en
réanimation. Nous assurons également
la kinésithérapie postopératoire thoraci-
que et abdominale lourde.
En pneumologie, nous travaillons prin-
cipalement à la mise en place de la
ventilation non invasive en cas d’ap-
née du sommeil ou d’insuffisance
ventilatoire chronique. Nous assurons
le suivi et la surveillance des inter-
actions patient-ventilateur afin d’op-
timiser les réglages en fonction des
tracés polygraphiques observés. Nous
assurons évidemment la rééducation
motrice et la reprise de la déambulation
des patients, élément capital au cours
de l’hospitalisation. Enfin, nous identi-
fions les patients susceptibles de béné-
ficier des programmes de réhabilitation
respiratoire que l’un de nous trois anime
chaque après-midi dans le cadre d’une
hospitalisation de jour ou le soir au sein
d’une association de patients.
Vos principales publications dans ce
domaine ?
Medrinal C, Combret Y, Hilfiker R,
Prieur G, Aroichane N, Gravier FE,
Bonnevie T, Contal O, Lamia B. ICU
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outcomes can be predicted by non inva-
sive muscle evaluation: a meta-analysis.
Eur Respir J. 2020 May 4. pii: 1902482.
doi: 10.1183/13993003.02482-2019.
Méta-analyse pour étudier les outils
non invasifs disponibles pour évaluer
la fonction musculaire en réanimation.
Nous avons déterminé les capacités
prédictives de mortalité de ces outils.
Medrinal C, Combret Y, Prieur G,
Robledo Quesada A, Bonnevie T,
Gravier FE, Dupuis Lozeron E, Frenoy E,
Contal O, Lamia B. Comparison of exer-
cise intensity during four early rehabilita-
tion techniques in sedated and ventilated
patients in ICU: a randomised cross-over
trial. Crit Care. 2018 Apr 27;22(1):110. doi:
10.1186/s13054-018-2030-0.
Comparaison de plusieurs techniques
de réhabilitation ultra-précoce lorsque
le patient est sédaté. Nous avons réal-
isé des mesures du débit cardiaque par
échographie et quantifié la consomma-
tion musculaire en oxygène de chacune
des techniques.
Medrinal C, Prieur G, Frenoy É, Combret Y,
Gravier FE, Bonnevie T, Poncet A, Robledo
Quesada A, Lamia B, Contal O. Is overlap
of respiratory and limb muscle weakness at
weaning from mechanical ventilation asso-
ciated with poorer outcomes? Intensive
Care Med. 2017 Feb;43(2):282-283. doi:
10.1007/s00134-016-4626-7.
Relations entre faiblesse musculaire
respiratoire et périphérique. Nous avons
isolé les différents facteurs de risques et
comparé la mortalité à court terme en
fonction des atteintes.
Medrinal C, Prieur G, Frenoy É, Robledo
Quesada A, Poncet A, Bonnevie T,
Gravier FE, Lamia B, Contal O.
Respiratory weakness after mechanical
Kinesither Rev 2021;21(235):51–52
ventilation is associated with one-
year mortality - a prospective study.
Crit Care. 2016 Jul 31;20(1):231. doi:
10.1186/s13054-016-1418-y.
Évaluation de la fonction musculaire
respiratoire par une mesure facile-
ment réalisable, la pression inspiratoire
maximale (Pimax). Nous avons mis en
évidence que les patients qui présen-
taient une Pimax inférieure à 30 cmH2O
avaient un taux de mortalité plus import-
ant un an après le sevrage ventilatoire.
Publications sur l’activité
de réhabilitation respiratoire
et de ventilation non invasive
Prieur G, Combret Y, Medrinal C, Arnol N,
Bonnevie T, Gravier FE, Quieffin J, Lamia B,
Reychler G, Borel JC. Energy conserva-
tion technique improves dyspnoea when
patients with severe COPD climb stairs:
a randomised crossover study. Thorax.
2020 Mar 26. pii: thoraxjnl-2019-214295.
doi: 10.1136/thoraxjnl-2019-214295.
Bonnevie T, Gravier FE, Prieur G,
Combret Y, Debeaumont D, Patout M,
Lamia B, Muir JF, Medrinal C, Cuvelier A.
Lumbar transcutaneous electrical nerve stim-
ulation to improve exercise performance in
COPD patients. Eur Respir J 2019;54(6). pii:
1900784. doi: 10.1183/13993003.00784-2019
Combret Y, Prieur G, LE Roux P,
Medrinal C. Non-invasive ventilation
improves respiratory distress in chil-
dren with acute viral bronchiolitis: a
systematic review. Minerva Anestesiol.
2017 Jun;83(6):624-637. doi: 10.23736/
S0375-9393.17.11708-6.
Déclaration de liens d’intérêts
L’auteur déclare ne pas avoir de liens
d’intérêts.