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Analyse de situation 8 - Théo Laurent

I. Contexte de la situation & Problématique


Notre situation se déroule dans un hôpital dans le Finistère nord en radiologie interventionnelle. Un homme d’une
quarantaine d’année hospitalisé en hôpital de jour est accueilli sur le scanner interventionnel pour une biopsie. Il
est descendu en salle d’attente par un brancardier, puis pris en charge par les manipulateurs en
électroradiologie médicale, le radiologue réalise le geste.
Notre analyse concerne les gestes de biopsies. Notre patient est pris en charge pour une biopsie pulmonaire. Un
nodule a été repéré sur une image scanographique, un examen TEP a été réalisé et la biopsie intervient dans la
détermination histologique de la nature du nodule.
Nous poserons la problématique suivante “Comment le MERM prend-t-il part à un travail d’équipe pour
optimiser l’efficience de la prise en charge pour la biopsie ?”.

II. Concepts
Nous définissons alors deux concepts : le travail d’équipe et l’efficience.

Le mot efficience vient du mot anglais “efficiency”, il est, depuis peu, utilisé en France. Son usage au Québec est
plus fréquent. L’office québécois de la langue française définit le terme de la manière suivante : “Rapport entre les
résultats obtenus et les ressources utilisées pour les atteindre.”.

C’est en réalité une manière abstraite de déterminer la capacité d’utiliser les moyens à notre disposition dans un
objectif particulier.
L’application est la suivante, nous avons 2 manipulateurs, un médecin, un stagiaire et tout l’équipement de
l’hôpital. Le résultat est défini par la réussite du geste technique (la biopsie), et par sa durée mais aussi la qualité
du soin. Mettre par exemple deux médecin plutôt qu’un sur le geste serait inefficient car un seul suffit, et le
deuxième médecin ne pourra apporter quasiment aucune valeur ajoutée. Il y aurait donc trop de moyens utilisé
pour atteindre cet objectif.
Dans notre situation, le personnel fera preuve d’efficience, chacun se charge de tâches complémentaires et
utilisera à raison les moyens dont ils disposent.

Le travail d’équipe est défini par Roger Mucchielli, psycho-sociologue, comme une “entité renforcée par le désir
de collaborer au travail collectif en s’efforçant d’en assurer le succès ». On peut qualifier le personnel présent
comme une équipe car ils s’entendent chacun l’un avec l’autre (désir de collaborer) et œuvrent ensemble pour
réussir la biopsie (s’efforcer d’en assurer le succès). Celui-ci joue un rôle très important dans tout geste
interventionnel, un climat de confiance et de bonne entente réduit les risques d’erreurs.

III. Analyse de la situation


1. Présentation

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Avant la biopsie, les manipulateurs prennent connaissance du dossier patient, ils peuvent ensuite déclencher une
demande de brancardage pour amener les patients dans le service (compétences 1.1, 1.4, 1.5, 1.8, 8.2, 8.3 et 8.4).
Ils déclenchent ces brancardages en avance d’au moins une heure et souvent bien plus. Cette pratique est
efficiente : en effet elle permet d’être sûr que le patient soit disponible pour le geste en temps et en heure.
Cette marge prend en compte le temps de déplacements, le retard potentiel du service de brancardage ou
encore la possibilité que le patient ne soit pas prêt dans son service.
Avant la prise en charge du patient la manipulatrice s’occupe du patient précédent. N’ayant plus rien à faire, je
vais donc “accueillir” le patient suivant. Je vérifie son identité, lui explique l’examen, vérifie l’existence d’une
voie veineuse périphérique (à poser si absente) et passe en revue les contre-indications (allergie, examen avec
PDC, diabète…). Cela fait appel aux compétences 6.1, 6.2, 6.3 et 6.4 ainsi que les compétences 3.1, 2.2, 1.2 et
1.3.

Je m’entends avec les manipulateurs qui m’accordent la confiance nécessaire pour avancer sur le prochain
patient, je reconnais ici qu’ils ne peuvent pas se libérer et que je peux apporter une aide (travail d’équipe).

Le médecin radiologue regarde alors les indications de l’examen afin de déterminer la localisation de la biopsie et
la position nécessaire. Il le fait de sorte que les manipulateurs connaissent la position du patient avant d’aller le
chercher. Il interrompt donc son travail pour faire avancer l’équipe. Simultanément, les manipulateurs nettoient la
salle (compétence 5.4), je prépare le matériel nécessaire pour le geste (compétences 2.1, 8.2 et 8.5). Je connais le
radiologue et je n’ai pas besoin de lui demander quel matériel il utilise.
On voit l’importance de la cohésion d’équipe et son rôle sur l’efficience de la procédure.

Dans le même temps, un manipulateur et moi installons le patient (un scanner de repérage est réalisé) selon les
compétences 2. 4, 2.13, 3.1, 3.2, 4.1 et 4.2, le médecin discute avec un collègue de la méthode d’approche, une
manipulatrice prépare les compresses de désinfection. Ensuite le médecin part se laver les mains, dès lors la
manipulatrice peut commencer la détersion désinfection de la peau et l’autre manipulateur peut déballer la casaque
stérile pour pouvoir directement habiller le médecin. Je me prépare alors à donner les gants (de la taille que je
connais déjà). Une fois le médecin habillé, il prépare la table en stérile, moi et le manipulateur nous servons le
matériel dans un ordre optimisé (par exemple, commencer par donner les contenants, seringues et les produits
permet d’occuper le médecin pour qu’il prépare ses seringues).
Tout cela permet qu’en 5 minutes le matériel soit prêt et la zone de ponction soit désinfectée. Ici chaque
minute de travail de chaque personnel est optimisée pour réduire le temps du geste. L’efficience est donc
évidente mais elle ne va pas sans le travail d’équipe qui est absolument nécessaire pour établir ces modes de
travail qui sont basés sur une communication implicite.
Le geste suit son cours, les manipulateurs récupèrent les prélèvements du médecin.

Le patient est ensuite remis en salle d’attente, le brancardage est appelé, la salle est nettoyée.

2. Ressentis
Dans ce type de situation, il y a certes une satisfaction de suivre le rythme, de commencer à être réactif aux signes
implicites (le médecin va se laver les mains donc on peut faire x) et d’être capable de connaître assez bien les
personnes pour travailler efficacement en équipe (tel médecin utilise les aiguilles longues vertes et fait du 7 1/2 en
gants). Mais il y de l’autre côté une pression liée à l’attente d’une certaine performance, le stagiaire va-t-il être
volontaire et ou penser à aller déjà voir le patient suivant ? Le stagiaire n’a rien oublié dans le matériel nécessaire
? Ces attentes ne sont pas directement liées à une qualité de pratique, elles sont liées aussi à la perte d’efficience.

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3. Analyse des risques potentiels liés à la situation clinique / Spécificité de
la prise en charge
Il existe des risques liés à cette promotion de l’efficience qui sont indirects. Il serait de tomber dans une notion de
rentabilité absolue ou alors dans celle d’une inefficacité maladive. Dans le premier cas on déshumanise un travail
qui devrait pourtant être centré sur l’humain. On peut argumenter que l’efficience est relative de la situation
humaine, si on décorrèle ces deux éléments on créé des patients parfois oubliés et des travailleurs en perte de sens.
C’est à dire qu’être efficient avec un patient en bonne santé c’est l’installer en 2 minutes, mais le faire en 10
minutes avec un patient anxieux handicapé ça l’est aussi ; car les objectifs sont proportionnellement plus grands.
Si on décide qu’on ne peut pas dédier plus de deux minutes peu importe le patient, on décorrèle la définition de
l’efficience de la notion de l’humain. Notion de rentabilité absolue. Il a été prouvé et éprouvé que le bonheur des
patients joue un rôle significatif sur la qualité de prise en charge et que le bonheur des travailleurs augmente
énormément leurs capacités. On perdrait aussi le travail d’équipe. Dans l’autre sens, une désorganisation et une
inefficience globale paralyserait le service social qui est l’hôpital et qui répond à un besoin.

Pour revenir à la prise en charge, les risques sont liés à l’identitovigilance sur les prélèvements, la reconnaissance
des indications. Un risque de contamination existe, les règles d’hygiène doivent être observée de façon rigoureuse
puisque la biopsie est un geste à risque important. La radioprotection doit être aussi contrôlée notamment sur
l’usage de la scopie et la protection appropriée du médecin (EPI + paravent). La douleur doit être fréquemment
évaluée pour assurer le confort du patient et celui-ci doit avoir compris le déroulé de l’examen.

IV. Conclusion, ouverture


Le manipulateur prend donc part à un travail d’équipe en identifiant les tâches à venir, en coordonnant son activité
avec ses collègues par des signes souvent implicites et en se rendant disponible et actif. Cela participe à
l’efficience du geste de biopsie dans laquelle la prise en charge est orchestrée et utilise tous les moyens humains et
matériels à sa disposition pour avancer. Je retiens la valeur ajoutée d’un travail d’équipe sans oublier les risques
humains associés. Nous pourrions ensuite nous ouvrir à un questionnement sur un sujet connexe ; comment le
MERM peut continuer de garantir une qualité de soin lorsqu’il y a perte d’efficience (retard, erreur…).

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