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Appel précoce

Définition :

L’appel précoce est un processus d’appel à l’aide de ressources humaines et/ou matérielles le
plus rapidement possible.

Composition/Caractéristiques :
L'appel à l'aide précoce est pertinent pour tous les professionnels, novices ou experts. Il peut toutefois
exister une résistance à demander de l'aide ‐ chez le novice par crainte d'être critiqué et chez l'expert
par crainte d'être perçu comme manquant de connaissances ou de capacités. Cette résistance peut
également être influencée par la perception de ses propres capacités/faiblesses. A cet effet, l’étude
de Sexton indique que 70% des médecins pensent que leurs décisions ne sont pas influencées ou
altérées en cas d’urgence (Sexton, Thomas and Helmreich, 2000).
Ce point‐clé est également influencé par différents concepts :

 Conscience de la situation : Appeler à l’aide nécessite d’avoir pris conscience de la crise. Le


terme précoce peut donc être très variable d’un professionnel à l’autre. En effet, suivant la
définition personnelle accordée au terme « crise » un agent appellera plus tôt qu’un autre. De
même, suivant le niveau d’expertise l’appel peut ne pas être effectué au même moment.
L’essentiel étant de reconnaitre une situation de crise et de ne pas tarder à appeler à l’aide.

 Dynamique systémique de l’erreur : Appeler à l’aide requiert donc de connaitre ses propres
limites. Or, deux grands mythes présents chez les professionnels de la santé font obstacle au
principe : le mythe du perfectionnisme (si on fait assez attention, on ne fait d’erreur) et le
mythe de la punition (si l’on punit les agents ils feront moins d’erreurs) (Leape, 2002). Sous ces
mythes, le professionnel de la santé se doit donc d’être parfait et ne commettre aucune erreur
sous peine d’être puni. Ces deux présomptions peuvent freiner l’agent dans sa démarche
d’appel à l’aide de peur d’être jugé comme non compétent. En appelant à l’aide, l’agent
s’affiche comme ayant des limites. On comprend ici l’importance de déculpabiliser les
professionnels de la santé pour leur caractère « non parfait ».

 Anticiper et planifier : En cas d'urgence ou même en cas de suspicion d’urgence, il est


conseillée d’appeler à l'aide plutôt trop tôt que trop tard. En cas de crise, il se peut qu’il y ait
trop à gérer pour l’équipe en place. Or, l'aide peut avoir besoin de temps pour arriver. Il faut
donc s’assurez à l'avance de qui et comment appeler et comment utiliser l'aide à son arrivée.
Appeler à l’aide précocement permet donc d’anticiper la crise ou la détérioration de la
situation.
 Utiliser des aides cognitives : Définir des critères pour structurer l’appel à l’aide permet de
faciliter cet appel. En effet, utiliser des aides cognitives permet de définir les différentes étapes
à réaliser et d’établir le moment précis d’appel à l’aide pour tous les professionnels quelle que
soit leur formation. Les critères rendant obligatoires l'appel à l'aide précoce ont été validés
comme étant utiles dans le milieu clinique (Brindley, 2010) . Ces critères éliminent les obstacles
et appréhensions liés à l'appel à l'aide décrits ci‐dessus. Des principes semblables ont été
utilisés pour faciliter l'aide en temps opportun dans d'autres domaines, par exemple les
traumatismes et les AVC (Richardson and Abraham, 2009) .

Outil de formation du concept :


TeamSTEPPS: TeamSTEPPS reprend des stratégies et outils pour améliorer la performance d’équipe et
la sécurité des patients. Il développe, entre autres, les notions de monitorage de la situation, de
communication, de modèle mental commun et de speaking‐up.

SBAR : le référentiel européen de compétences EFN (2015) et la Joint Commission (2017) Patient
Safety Goal précisent l’importance de communiquer et travailler en équipe. Le SPF publique relève
que pour 65% des événements indésirables, la communication interprofessionnelle est une des
causes. L’outil iSBAR permet une communication précise, complète et non ambiguë/ il améliore la
clarté et la précision de la communication entre prestataires de soins.

Outils d’évaluation du concept :

La littérature ne montre pas d’outil spécifique pour l’appel à l’aide précoce. Toutefois, cette
compétence non‐technique est souvent reprise en sous‐item de différents outils. Les exemples
suivant reprennent les outils les plus utilisés :

 Echelle d’observation de Bracco: Cette échelle d’observation a été développée pour


évaluer les points clés du CRM de GABA et adapté pour l’obstétrique. Cet outil a
également été développé dans le but de nourrir les débriefings et d’être plus
spécifique quant au CRM (Bracco et al., 2018).

 Non‐Technical skills (NOTECHS) : NOTECHS est une échelle d'évaluation observationnelle


conçue pour mesurer les compétences non techniques pour les équipes de salle d’opération.
L’appel précoce est mesuré via l’item « Conscience de l’environnement externe » (Sevdalis et
al., 2008).

 The Non‐Technical Skills for Surgeons (NOTSS): Le NOTSS est également une échelle
d’évaluation des compétences non‐techniques pour la salle d’opération. L’appel précoce y est
brièvement mesuré à l’item : « Mise en œuvre et révisions des décisions » (Yule et al., 2018).
Impact sur la sécurité des soins :

 Rivers et al, 2001, 2016 : Une intervention précoce peut réduire de manière significative la
mortalité chez les patients présentant une septicémie grave et un choc septique (Rivers et al.,
2001; Nguyen et al., 2016).

 Brindley, 2010 : Les critères rendant obligatoire l'appel à l'aide précoce ont été validés comme
étant utiles dans le milieu clinique. Ces critères éliminent les obstacles et appréhensions liés à
l'appel à l'aide décrits ci‐dessus (Brindley, 2010).

 Burtscher et al : Association négative entre la latence des décisions et le changement de


formation des stagiaires en anesthésie dans la gestion de l'information. Concrètement, cela
indique que plus le stagiaire améliorait ses capacités de gestion de l’information (notamment
l’appel précoce) plus la prise de décision du traitement était rapide (Kolbe et al., 2012).

Références :

Bracco, F. et al. (2018) ‘Crisis Resource Management in the Delivery Room: Development of Behavioral Markers
for Team Performance in Emergency Simulation’, International Journal of Environmental Research and
Public Health, 15(3), p. 439. doi: 10.3390/ijerph15030439.
Brindley, P. G. (2010) ‘Patient safety and acute care medicine: lessons for the future, insights from the past.’,
Critical care (London, England). BioMed Central, 14(2), p. 217. doi: 10.1186/cc8858.
Kolbe, M. et al. (2012) ‘Speaking Up Is Related to Better Team Performance in Simulated Anesthesia Inductions’,
Anesthesia & Analgesia, 115(5), pp. 1099–1108. doi: 10.1213/ANE.0b013e318269cd32.
Leape, L. L. (2002) ‘Reporting of Adverse Events’, New England Journal of Medicine, 347(20), pp. 1633–1638. doi:
10.1056/NEJMNEJMhpr011493.
Nguyen, H. B. et al. (2016) ‘Early goal‐directed therapy in severe sepsis and septic shock: insights and
comparisons to ProCESS, ProMISe, and ARISE’, Critical Care, 20(1), p. 160. doi: 10.1186/s13054‐016‐1288‐
3.
Richardson, M. and Abraham, C. (2009) ‘Conscientiousness and achievement motivation predict performance’,
European Journal of Personality. John Wiley & Sons, Ltd, 23(7), pp. 589–605. doi: 10.1002/per.732.
Rivers, E. et al. (2001) ‘Early Goal‐Directed Therapy in the Treatment of Severe Sepsis and Septic Shock’, New
England Journal of Medicine, 345(19), pp. 1368–1377. doi: 10.1056/NEJMoa010307.
Sevdalis, N. et al. (2008) ‘Reliability of a revised NOTECHS scale for use in surgical teams’, The American Journal
of Surgery, 196(2), pp. 184–190. doi: 10.1016/j.amjsurg.2007.08.070.
Sexton, J. B., Thomas, E. J. and Helmreich, R. L. (2000) ‘Error, stress, and teamwork in medicine and aviation:
cross sectional surveys.’, BMJ (Clinical research ed.), 320(7237), pp. 745–9. Available at:
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10720356 (Accessed: 31 January 2019).
Yule, S. et al. (2018) ‘Construct and criterion validity testing of the Non‐Technical Skills for Surgeons (NOTSS)
behaviour assessment tool using videos of simulated operations’, British Journal of Surgery, 105(6), pp.
719–727. doi: 10.1002/bjs.10779.
Haig KM, Sutton S, Whittington J. (2006)' SBAR: A shared mental model for improving communication between
clinicians' Joint Commission Journal on Quality and Patient Safety, Mar 2006;32(3):167‐175 Online:
https//:www.ncbi.nlm.gov/pubmed/16617948

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