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L’importance de la préparation psychologique préopératoire d’un patient par l’infirmier : cas

de l’hôpital de district de Kribi

I- Problématique
1) Enonce du problème

La chirurgie désigne l’art et la science de traiter les maladies, de soigner les blessures et de
corriger les difformités à l’aide d’une opération et d’instruments. L’opération chirurgicale
requiert une interaction ouverte et dynamique entre le patient, le chirurgien, l’anesthésiste et
l’infirmier (Sharon L & All, 2011).

Une chirurgie peut être effectuée à des fins diagnostiques, curatives, palliatives, préventives,
exploratoires et amélioratrices.

Une chirurgie est un évènement stressant, même lorsque l’intervention est relativement
minime. Les réactions psychologiques et physiologiques à une chirurgie et à l’anesthésie
peuvent relever la réaction de stress (Mitchell 2000). D’après la Haute Autorité de Santé, afin
de palier face au stress préopératoire pouvant être en lien avec la douleur et le rétablissement
optimal du patient, il est important de donner la possibilité au patient d’avoir le maximum
d’informations sur son parcours de soins sans pour autant qu’il en soit submergé d’où
l’importance de la préparation préopératoire prend place

La préparation d’un patient à une chirurgie est un acte pluridisciplinaire qui demande au
personnel de posséder certaines compétences ; le chirurgien, l’anesthésiste et l’infirmier ont
chacun la responsabilité de préparer non seulement la dimension physique du patient mais
aussi sa dimension psychologique en vue de faciliter la prise en charge et la mise en œuvre
des techniques d’adaptation et de réhabilitation du patient, (www.malea.com)

Pour mener à bien le séjour du patient, le personnel met en œuvre un ensemble d’activités
telles :

 La préparation administrative qui a pour objectif de vérifier et regrouper tous les éléments
nécessaires dans le dossier médical du patient.
 La préparation physique qui peut comprendre le jeun, l’arrêt du tabac, la préparation de la
peau, une douche complète avec ou sans une solution antiseptique.
 La préparation psychologique qui consiste à informer le patient sur l’ensemble des étapes de
son parcours ; les soins préopératoires ; transfert en salle d’intervention ; la surveillance en
salle de surveillance post interventionnelle ; le transfert en suite de soins ; les soins post-
opératoires et le retour à domicile (www.malea.com).

L’admission du patient en milieu hospitalier en vue d’y subir une intervention


chirurgicale est anxiogène et stressante. L’entretien de préadmission réalisé par l’infirmière
vise à offrir de l’information sur les soins pré- et postopératoires afin de diminuer l’anxiété, le
stress et d’améliorer le rétablissement. L’implication de l’infirmière, la quantité et la qualité
de l’information offerte ainsi que son contenu influencent les réactions psychologiques et
physiologiques du patient admis pour une intervention chirurgicale qui se répercuteront sur
son rétablissement. Une information préopératoire pertinente et complète permet de diminuer
le niveau de stress et d’anxiété des patients, et améliorer le rétablissement par une réduction
des complications postopératoires et la durée du séjour hospitalier. Une information
incohérente et/ou incomplète provoque une série d’effets adverses (Aasa, A et Al, 2013)

L’expérience de l’hospitalisation, dans le cadre d’une intervention chirurgicale, peut produire


des impressions de malaise, du stress, des réactions comme de la peur, de l’anxiété, de la
détresse, de l’angoisse. Les ressentis ne portent pas que sur des peurs précises ou spécifiques
Comme expliqué par le Centre National français de Ressources de lutte contre la Douleur
[CNRD] (2008). Un nombre considérable de patients sont inquiets avant la chirurgie élective
et ils énoncent leurs peurs face à l’anesthésie, à la douleur et à l’inconfort provoqués par
l’intervention, face à l’opération en elle-même et face au fait de perdre conscience (Mitchell
2003).

La préparation psychologique à l’opération chirurgicale, grâce aux interventions infirmières,


est bénéfique pour les patients. Ils seront plus coopératifs et récupéreront plus vite après
l’opération (Johnston & Al, 1993). Aider les patients à faire face à leur anxiété est une des
plus importantes responsabilités de l’infirmière, d’où l’importance d’identifier et de
comprendre l’anxiété vécue par les patients en chirurgie (Mitchell ,2000). En ambulatoire, le
futur opéré peut arriver dans le service quelques heures, voire quelques minutes, avant
l’intervention. Ainsi, l’accompagnement adéquat, visant à diminuer l’anxiété préopératoire ne
pourra pas se faire correctement. Le temps restreint pour l’intervention infirmière en phase
préopératoire pose problème car il est difficile d’agir sur l’anxiété et ses conséquences. Cette
restriction de temps, pour la prise en charge, engendrera une centration sur les aspects
médicaux, physiques, au détriment des aspects psycho-éducatifs (Fung & Al, 2001). Malgré
les avancées techniques et devant l’anxiété des patients, peu de soins formels sont entrepris
pour s’attaquer à ce problème majeur.

A l’heure actuelle, l’infirmière a un rôle essentiel dans l’entretien préopératoire au patient afin
de lui dispenser un enseignement qui l’informe et le rassure. Les informations relatives à la
chirurgie ne sont plus seulement dispensées par les médecins et les anesthésistes lors de
l’entretien préopératoire. L’infirmière possède les compétences pour offrir une information
complète et individualisée qui permettra au patient de choisir de manière éclairée les soins
qu’il est prêt à accepter et recevoir. Au-delà de la prise en considération de la capacité de libre
choix du patient (Aasa, A et Al, 2013).

Pour plusieurs patients, l’admission à l’hôpital pour une opération chirurgicale est une
expérience stressante et anxiogène. Il est admis que la gestion du stress et de l’anxiété est
associée à l’information offerte (Pritchard, 2011). « les patients ayant de bonnes
connaissances sur la procédure chirurgicale et son implication sont moins anxieux » (Sjöstedt
et al, 2011), l’information relative à l’expérience de la douleur, et les moyens mis en place
pour y pallier, sont un facteur important ayant contribué à la diminution de l’anxiété ; une
information ciblée est « une information, sur ce que le patient veut savoir et offerte sous une
forme compréhensible pour lui, peut aider à réduire le stress préopératoire » (Pritchard,
2011). Quant à Wagner et al. (2006), ils ont statué sur le fait « qu’un patient moins anxieux
est médicalement plus souhaitable en raison des symptômes physiologiques associés à de
hauts niveaux de stress, incluant la tachycardie, l’hypertension, les arythmies cardiaques et
l’augmentation de la douleur qui peuvent influer sur le rétablissement postopératoire ». Il est
évident que « l’information et la communication entre le patient et le personnel soignant sont
d’une importance vitale pour la qualité des soins » (Sjöstedt et al, 2011). Un autre aspect à
considérer est la possibilité que le patient puisse avoir des questions en période préopératoire
en fonction des intervenants dans la situation ; Les patients espèrent rencontrer
individuellement les différents intervenants de la santé qui s’occuperaient d’eux et qu’ils ont
besoin que chaque intervenant soit clair vis-à-vis de son domaine de compétences et de ses
responsabilités (Sjöstedt et al., 2011)

L’anxiété préopératoire est un malaise physique et psychologique consécutive à la possibilité


d’une intervention chirurgicale. Elle est, à des degrés divers omniprésents. Il s’agit d’une
réponse normale à la situation tant qu’elle reste faible à modérée. Mais lorsqu’elle devient
intense, elle peut augmenter le risque de complication postopératoire avec une douleur
postopératoire plus accrue, des troubles de comportement pouvant perdurer à long terme
comme la soulignent (Dadure C, 2019).

La diminution de l’anxiété peut être faite grâce à une écoute active du patient, une
verbalisation des craintes, une réponse aux questions pour le rassurer (Mitchell 2003).

Chaque personne exprime son anxiété différemment. Les manifestations de l’anxiété sont à la
fois physiologiques (sudation, augmentation du rythme cardiaque, crispation, …),
intellectuelles (mécanismes de défense, difficultés de concentration et de mémorisation, …),
émotionnelles (culpabilité, honte, tristesse), spirituelles (absence de système de valeurs et de
croyances, appréhension du futur, …) et sociales (difficultés à établir des contacts avec les
autres) (Speich, 1998). Une revue de la littérature sur l’anxiété préopératoire retrouve
également la douleur, la mort et l’invalidité comme principales causes d’inquiétude des
patients avant la réalisation de l’acte chirurgicale (Singh M, 2003).

Selon le CNRD (2008), différentes études menées chez l’adulte démontrent le phénomène
suivant : des patients ayant des niveaux importants d’anxiété préopératoire présentent des
réveils postopératoires plus lents, plus compliqués et plus douloureux.

Tenir compte de cette anxiété, autant en préopératoire, peropératoire et postopératoire, fait


partie du travail de l’infirmière. Certaines répercussions liées à l’anxiété ont été identifiées.

Des recherches se sont centrées sur les aspects de l’anesthésie associés à l’anxiété. Celle de
Mitchell (2003), a démontré que l’anxiété était liée à une augmentation du temps de détente
de la mâchoire. Lors de l’intubation, davantage d’anesthésique sera utilisé. Une corrélation
entre l’activité du nerf sympathique augmentée par l’anxiété et la diminution de la profondeur
de l’anesthésie. Un autre facteur important concerne la douleur (Storm et al, 2002). Une étude
qui confirme la perspective de la chirurgie comme un événement stressant. La douleur aiguë
est inextricablement liée à certaines émotions telles que l’anxiété. Chez les patients anxieux
en préopératoire et postopératoire, les scores de douleur postopératoire étaient
significativement plus élevés que chez les patients moins anxieux (Carr et al, 2004).

Le stress, conséquence de l’anxiété, aura comme effets physiologiques une vasoconstriction,


qui augmentera la difficulté de la pose des voies veineuses périphériques. Une autre étude
démontre que l'anxiété peut réduire l'immunité d'un patient et retarder la guérison, ce qui
entraîne une hospitalisation prolongée qui, elle, peut entraîner des séquelles
comportementales et cognitives également lourdes de conséquences sur le rétablissement de la
personne soignée (Prichard, 2009).

a) Reconnaitre l’anxiété préopératoire

Bien que fréquemment rencontrée, il n’existe que très peu d’outil d’évaluation, on peut citer
parmis la modified Yale Preoperative Anxiety Scale ( mYPAS), l’Amsterdam Preoperative
Anxiety and Informative Scale ( APAIS) : c’est un questionnaire à six items, dont quatre
représentent la peur de l’anesthésie, la peur de l’intervention chirurgicale et deux autres,
représentent le besoin d’information. Sa manifestation prend plusieurs formes. L’anxiété fait
partie des maux les plus courants de notre époque ; elle renvoie à cet instant où l’on décuple
le potentiel d’une difficulté particulièrement désagréable qui se manifeste souvent
physiquement par une respiration anormale, la sensation d’étouffer, une hyperhidrose, de
fourmillements et le trouble du sommeil (Thomas Louis, 2020)

b) Spécificité psychologique de l’anxiété préopératoire

Si l’anxiété est d’intensité faible ou modérée, elle est une réaction adaptée à une situation
anxiogène. Mais lorsqu’elle est massive, elle peut remplir les critères d’une attaque de
panique. La méconnaissance du monde chirurgicale peut favoriser cette anxiété massive. Elle
peut être la conséquence d’un débordement de la capacité face au stress généré par une
intervention chirurgicale ( Dadure C, 2019).

La prévalence de l’anxiété préopératoire varie de 40 à 60% (Mackenzie & Al, 2006). Lors de
l’hospitalisation, l’enfant est subitement confronté à une situation extraordinaire et inquiétante
où la plupart de ses repères sont bousculés (Freud A, 1976). Chez l’enfant, la maturité
affective incomplète explique parfois l’intensité de l’anxiété. Par ailleurs, les enfants qui ont
tendance à avoir recours aux stratégies d’évitement, ou à la pensée magique pour faire face au
stress de la chirurgie ont un risque plus important d’anxiété préopératoire. L’anxiété
préopératoire de l’enfant est enfin généralement corrélée à celle qu’éprouve ses parents au
moment de l’induction anesthésique (Kain ZN & Al, 2000). La prévalence de l’anxiété
préopératoire varie de 60 à 80% (Mackenzie JW, 2006). Comme chez l’enfant, les patients
adultes qui ont un niveau important d’anxiété préopératoire ont un réveil postopératoire plus
lent, plus compliqué et plus douloureux (Kain ZN et al, 2000).

c) Les facteurs de risque de l’anxiété préopératoire


 L’âge jeune. Les enfants plus jeunes ont plus de risques de développer l’anxiété
préopératoire que les plus âgés (Caumo W, 2001).
 La personnalité du patient. Les enfants qui ont un tempérament anxieux, timide ou
inhibé sont plus anxieux au moment de la séparation avec les parents ( Kain ZN, 2000)
 La mauvaise expérience antérieure. De plus, les mauvaises expériences
d’hospitalisation préalable augmentent de façon importante le risque d’installation de
troubles anxieux lors de futures hospitalisations (Kain ZN & Al, 2000)
 Le type de chirurgie et le mode de vie. Le cancer, le tabagisme, les troubles
psychiatriques, la douleur préopératoire, les chirurgies lourdes et le sexe féminin
favorise un niveau d’anxiété plus élevé (Caumo W et al, 2001).
d) L’évaluation de l’anxiété préopératoire

On ne dispose pas d’outils de qualité permettant d’évaluer les manifestations cliniques de


l’anxiété préopératoire tant chez l’enfant que chez l’adulte. Souvent ce sont des tests «
généralistes » de l’anxiété non des tests spécifiques d’évaluation de l’anxiété préopératoire
qui sont utilisés. On peut ainsi citer : Le State and Trait Anxiety Index (STAI) (Spielberger C,
1983) chez l’adulte et le State and Trait Anxiety Index for Children (STAIC) (Spielberger
CD, 1973) chez l’enfant Ces tests sont aujourd’hui considérés comme les « gold standard »
pour l’évaluation de l’anxiété dans le domaine de la recherche mais ne sont pas très adaptés à
une utilisation clinique. En pratique clinique, on dispose de plusieurs échelles d’hétéro-
évaluation de l’anxiété préopératoire. La plus utilisée chez l’enfant est la modified Yale
Preoperative Anxiety Scale (mYPAS) et d’échelle d’autoévaluation de telle que l’Amsterdam
Preoperative Anxiety and Informative Scale (APAIS) (Spielberger C, 1983) chez l’adulte.
Elle combine l’évaluation de l’anxiété à l’évaluation des attentes concernant l’information sur
l’intervention. m-YPAS (modified Yale Preoperative Anxiety Scale) Cette échelle
d’évaluation a été développée pour évaluer l’anxiété préopératoire au moment de l’attente
avant l’intervention et de l’induction de l’anesthésie. La m-YPAS comprend 22 items répartis
en cinq catégories (activité, comportement verbal, expression, éveil, attitude avec les parents).
Dans toutes les catégories, on retient l’item correspondant au niveau d’anxiété de l’enfant.
Compte tenu du fait que les catégories ont un nombre d’items différents (quatre ou six), des
quotients sont calculés puis additionnés afin d’obtenir un score total allant de zéro à cent. Par
exemple, pour un protocole avec un score de un pour les cinq catégories, le calcul est : (1/4 +
1/6 + 1/4 + 1/4 + 1/4) x 100/5 = score total. Les enfants ayant un score inférieur ou égal à 24
sont considérés comme calmes, et ceux dont le score est supérieur à 24 comme anxieux, Kain
ZN et Al (1997). Elle a été traduite, mais n’a pas été validée en français.

APAIS (Amsterdam preoperative anxiety and information scale) Chaque item se cote de
un à cinq selon l’intensité de l’adhésion à la phrase. Les items 1, 2, 4, 5 cotent l’anxiété. Pour
obtenir le score d’anxiété, on additionne ces quatre items. Les sujets sont considérés comme
anxieux lorsqu’ils ont un score supérieur à 11 pour ces quatre items. Les items trois et six
cotent le désir d’information. Pour obtenir le score de désir d’information, on additionne ces
deux items. Un score de deux à quatre traduirait un « refus d’information », un score entre
cinq et sept un « désir moyen d’information », et un score supérieur à sept un « désir avide
d’information ». Elle a été traduite par Beydon et Al (2007), mais n’a pas été validée en
français.

e) La prévention de l’anxiété préopératoire

L’anxiété préopératoire peut favoriser le développement de complications postopératoires


diverses. Pour réduire ces méfaits, outre la consultation pré anesthésique, des stratégies de
prévention ont été élaborées chez l’enfant et chez l’adulte (Wright K et AL, 2007). Il s’agit de
l’approche pharmacologique, psychologique et la présence des parents à l’induction.

L’approche pharmacologique :

Les molécules à visée anxiolytique peuvent être utilisées en prémédication. Il s’agit


essentiellement des benzodiazépines comme le midazolam avec des propriétés anxiolytiques,
amnésiantes, hypnotiques, anti-convulsivantes, myorelaxantes et sédatives. D’autres
molécules, comme les agonistes alpha2-adrénergiques, l’hydroxyzine et la kétamine,
peuvent également être prescrites (Kain ZN, 2000)

L’approche psychologique :

La prévention de l’anxiété préopératoire passe en premier lieu par une bonne information lors
de la consultation pré anesthésique. Des programmes de préparation à l’hospitalisation
permettent de diminuer l’anxiété préopératoire tant chez l’adulte que chez l’enfant (Kain ZN
et Al, 2005). Cette approche utilise des techniques de psychoéducation, de restriction
cognitive ou d’apprentissage de la relaxation. D’autres approches plus spécifiques telles que
l’hypnose, la musicothérapie, les jeux vidéo, la distraction active et les masques à réalité
virtuelle permettraient de diminuer l’anxiété préopératoire.
La présence des parents est remise en cause bien que cela apporte une satisfaction parentale.
En effet, La présence d’un parent calme à l’induction diminue l’anxiété de son enfant. A
l’inverse, celle d’un parent anxieux à l’induction n’a pas d’impact positif sur l’anxiété de
l’enfant (Mittchel, 2003).

f) Importance de la préparation psychologique préopératoire

Chaque patient exprime des besoins informationnels différents. Le besoin d’information des
patients cible principalement les sujets suivants : le diagnostic, l’anesthésie, l’opération, la
douleur et/ou le fait d’être inconscient (Pritchard, 2011). Il est nécessaire d’ajouter que des
informations relatives à ces sujets augmentent considérablement le niveau d’anxiété des
patients (Letterstål et al, 2010). Un déséquilibre entre l’information reçue et celle désirée par
le patient est notable. L’infirmière ne base pas l’information offerte sur des présomptions de
ce que le patient voudrait savoir, mais bien sur ses besoins réels (Tulsky, 2005). De la sorte,
l’infirmière peut transmettre une information individualisée où elle a identifié le juste
équilibre entre « pas assez d’information et trop d’information » Lilja, R (1998). Un
déséquilibre entre ces deux extrêmes peut expliquer pourquoi l’information est vue de
manière contrastée par des patients. « Les gens sont motivés à traiter l’information lorsqu’ils
la perçoivent comme étant d’un intérêt personnel » Pritchard, (2011). Lorsque l’information
paraît incohérente ou insuffisante au patient, elle n’est pas comprise et il paraît difficile de
l’utiliser. L’habileté d’un patient à comprendre l’information dépend significativement de la
capacité et l’expérience de l’équipe à la lui communiquer (Sjöstedt et al, 2011). De plus,
l’importance de la
participation pluridisciplinaire afin d’assurer que l’information fournie est aussi fiable que
possible (Mordiffi et al, 2003). Une information incorrecte, qu’elle soit d’une qualité ou en
quantité suffisante, engendre des sentiments d’anxiété et de détresse, durant une période
préopératoire déjà anxiogène. En résumé, une réduction de la détresse et de l’anxiété suite à
l’intervention infirmière préopératoire, et une réduction du taux de cortisol, entrainent une
diminution du stress. Par ailleurs, il est démontré qu’un patient significativement moins
anxieux est préférable pour réduire le taux de stress engendré par le cortisol, qui entraine une
réduction des complications postopératoires possibles, et une diminution du temps
d’hospitalisation et, par le fait même, une diminution des coûts de la santé (Gustafsson et al,
2012). Ces bénéfices directs de la réduction du stress font partie des points clés du concept de
soins ERAS
Des programmes de préparations intégrant les enfants et les parents sont proposés dans
certaines institutions avec des résultats positifs. Une information claire des patients lors d’une
consultation pré anesthésique peut aider à réduire l’intensité de l’anxiété (Kain ZN et Al,
2005), quand on sait que la méconnaissance du milieu chirurgical est un facteur de risque
important de survenue d’anxiété.

En effet, l’anxiété préopératoire est un phénomène courant lié à l’appréhension d’une


intervention chirurgicale, elle correspond à de l’anxiété situationnelle. Elle pourrait être la
conséquence d’un débordement de la capacité d’adaptation face au stress généré par
l’intervention. Face à des événements incontrôlables et imprévisibles, le degré de perception
de la menace varie selon les personnes. Beaucoup de personnes hésitent à subir une
intervention chirurgicale à cause de la peur de l’anesthésie et pour le risque des conséquences
de l’après opération (Amoureaux et Al, 2012). L’anxiété préopératoire est un malaise
physique et psychologique dont l’apparition est consécutive à la possibilité d’une intervention
chirurgicale. Elle concerne 70% des personnes opérées dans le monde (Chabay E, 2009).

En Amérique du Sud, sur un échantillon de cent vingt patients âgés de 12 à 80 ans, 65% des
patients étaient anxieux avant l’intervention chirurgicale et ont présenté un réveil lent (Nooris
W et Al, 2008). Au Canada, pour les patients hospitalisés, l’anesthésiste visite son malade la
veille pour se présenter, l’informer et le tranquilliser, il sait que son intervention pourra
calmer l’appréhension du sujet ; il est aussi conscient qu’une voix calme et un comportement
assuré peuvent être aussi efficace qu’une injection de diazépam (Hickle,1988). La visite de
l’anesthésiste, même dix minutes avant l’intervention, entraine une diminution du niveau de
l’anxiété mesuré avec le State-Trait Anxiety Inventory (STAI) ((Leigh(1977). En d’autres
termes, la visite préopératoire sert à apaiser les patients.

En Europe notamment en France, la prévalence de l’anxiété préopératoire des enfants varierait


entre 40% et 60% ; chez l’adulte, elle varierait entre 60% et 80%. Un décret ministériel a
rendu obligatoire la consultation pré anesthésique depuis 1994 qui doit se dérouler plusieurs
jours avant l’intervention et qui ne peut en aucun cas se substituer à la visite pré anesthésique
effectuée dans les heures précédant l’intervention. Elle constitue un moyen pour rétablir une
relation de confiance avec le patient indispensable pour la préparation de l’opéré. Pour un
meilleur accompagnement psychologique préopératoire, la prise en soin infirmière consiste en
l’accueil, les soins relationnels e la communication/ information (Mackenzie JW, 2006).
Ainsi, la mortalité imputable aux complications dues à l’anxiété et l’anesthésie en France a
réduit par 10 du taux de ces décès en 20 ans (SFAR-INSERM).
En Turquie, une étude à démontrée que la peur de ne pas se réveiller après l’anesthésie et
l’invalidité constituent les principales causes d’inquiétude des populations avant l’opération
(FekratF & Al, 2006).

En Afrique, l’insuffisance en ressources humaines entraine un défaut de la préparation du


malade qui ne se fait que très partiellement et ne suit toujours pas les règles de bonne
pratique. Dans la grande majorité des pays en voie de développement, en dehors de quelques
grandes villes, la préparation du malade est préparée par un infirmier anesthésiste lors de la
visite pré anesthésique faite souvent à la veille ou deux jours avant l’intervention. Depuis peu,
une unité d’évaluation préopératoire (UEP) a été mise en place pour avoir un premier contact
avec le patient et pour obtenir des informations qui seront nécessaires aux anesthésistes et aux
chirurgiens s’occupants de l’intervention. Au Rwanda, l’incidence de l’anxiété préopératoire
est estimée entre 11% et 80% entrainant des complications peropératoire estimées à 5% et un
réveil lent dans 7% des cas (Galenao A, 2005).

Au Cameroun, dans les formations sanitaires telle que l’hôpital central de Yaoundé, gynéco
obstétrique et CHU de yaoundé, une étude a montré que 59% des futurs opérés étaient
anxieux (Mendo L et al, 2014). Plusieurs facteurs en sont à l’origine. En effet, le contexte
joue probablement un rôle important. Ainsi, l’anxiété serait plus importante en chirurgie
esthétique que reconstructive (Beydon L & Al, 2000). Les patients ayant des maladies graves
sont psychologiquement vulnérables et sujets à de fortes émotions. De la même façon, les
patients opérés d’un cancer sont plus anxieux que ceux opérés d’une chirurgie orthopédique et
auront plus de complication per et post-opératoire (Meier, Back & Al, 2001).

L’anxiété préopératoire constitue un grand problème de santé car il est non seulement mal
vécu par le patient et le personnel soignant mais constitue un facteur majeur de risque dans
les complications de la chirurgie (Wright K et Al, 2007).

Lors de nos stages académiques à l’Hôpital régional d’Edéa, nous avons assisté à plusieurs
interventions chirurgicales tant électives qu’urgentes dans le service de chirurgie, parmi
lesquels une dizaine de cas a attiré notre attention. En effet, le cas le plus marquant était celui
d’un jeune garçon âgé de 18 ans qui a été admis pour appendicectomie, il était très anxieux,
pensait incessamment à l’anesthésie et à la chirurgie proprement dit. Pendant l’intervention,
l’anesthésiste a utilisé plus de dose de drogues anesthésique, entrainant un réveil post-
opératoire très lent et une cicatrisation lente. Pendant sa période post-opératoire, lors de notre
entretien avec ce patient il affirmait qu’il n’a pas eu assez d’information sur son intervention.
C’est ainsi que nous nous sommes proposé de mener une étude sur l’importance de la
préparation psychologique préopératoire d’un patient par l’infirmier cas de l’Hôpital de
district de Kribi. D’où notre question de recherche :

2) Question de recherche
Quelle est l’importance de la préparation psychologique préopératoire du patient par
l’infirmier ?

3) But de la recherche
Contribuer à une meilleure prise en soin psychologique préopératoire d’un patient par le
personnel infirmier.

4) Objectif General
Démontrer l’impact de la préparation psychologique préopératoire des patients dans le
processus de guérison.

5) Objectifs spécifiques
 Recenser le personnel infirmier exerçant à l’hôpital de district de Kribi.
 Identifier l’ensemble des interventions infirmières visant la préparation psychologique
préopératoire des patients.
 Analyser et interpréter les résultats.

6) Définition des concepts


Préparation : action de préparer quelque chose, quelqu’un, l’apprêter pour quelque chose.
 psychologique : qui s’intéresse à l’analyse des caractères, des états d’esprit.
Infirmier : personne qui, ayant suivi une formation de base en soins infirmiers et autorisé dans
son pays à prodiguer des soins infirmiers dans tous les contextes pour la promotion de la
santé, la prévention des maladies, les soins et le rétablissement des personnes physiquement
et mentalement atteintes (OMS, 1978).
Préopératoire : qui précède une intervention.
Important : qui importe, qui a de grandes conséquences, beaucoup d’intérêt.

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