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s'était placé au rang des grands explorateurs ; il se consacra depuis lors que des positions ennemies, dont le résultat fut la prise d'Alibunar, de
à une tâche moins brillante , l'étude patiente de la géographie de l'Afrique; Karlovacz et de Karlsdorf, ainsi que la déroute des Serbes à la tête du
il était au courant de tout ce qui se faisait sur ce continent, de tout ce pont de Tomasovacz. Le plan d'opérations suivi par l'armée hongroise au
qu'on écrivait à ce sujet. Il ne fit plus que deux remarquables mais commencement de la campagne de 1849, et qui plus tard eut de si bril
courtes explorations : l'une en 1875 pour l'étude des Chotts de la pro lants résultats, fut également l'œuvre de Klapka. » Après la défaite essuyée
vince de Constantine, et l'autre en 1887 dans le Rif (le pays des Izenasen , le 4 janvier à Kaschau , par Messaros, ce fut à Klapka qu'on confia son
la plaine de Terifa, le Kebdâna et une partie du pays des Guelooya). commandement ; et il réussit non seulement à garder le passage de la
En 1885, il accompagna M. Feraud, ministre de France au Maroc, à Theiss et à assurer ainsi la capitale improvisée par le gouvernement
Fez et à Meknâz. national à Debreczin , mais encore « à faire battre pour la première fois
Depuis 1864 , il a relativement peu publié; il a écrit une étude sur les les vieilles bandes autrichiennes par les jeunes Honveds , et à inspirer
derniers problèmes de la géographie africaine (Association française une nouvelle confiance à l'armée nationale par les victoires de Tarczal,
pour l'avancement des sciences, 1878, in-8°) ; une notice sur la Tunisie de Kiresstur, de Hi
(1881 ), Une note sur l'anneau du bras des Touareg (« Revue d'Ethno daknémet, etc. ». Il
graphie », Paris, Leroux, 1883, in-8°), quelques articles publiés dans les se distingua par sa
« Nouvelles Annales des voyages » et dans le « Bulletin » ou dans le belle défense de Ko
Compte rendu des séances de la Société de Géographie » (notamment ses morn , dont il fut
rapports sur sa mission des Chotts en 1875; des notices sur Livingstone, nommé comman
Arnaud-Bey, Douls, Tissot, Ch. Huber, sur les sculptures antiques du Sous), dant en juillet 1849.
un récit de son voyage à Fez, et une relation de son exploration du Rif, la Le 3 août, il fit, pour
dernière partie inconnue du littoral de la Méditerranée (Paris, Leroux, dégager cette place,
1888). Il a publié, en collaboration avec M. Maunoir, trois volumes (1876, une brillante sortie,
1877 et 1878) de l'Année géographique. Il a aidé aussi de ses conseils le à la suite de laquelle
savant secrétaire général de la Société de Géographie, son ami le plus les assiégeants du
intime, dans la rédaction de quelques uns de ses rapports sur les progrès rent, malgré une dé
de la science géographique . fense désespérée , se
En 1875, il a développé dans une commission du Congrès géogra retirer, laissant aux
phique ses vues sur une exploration du pays des Touareg ; sa commu mains de Klapka
nication a été publiée dans l'Explorateur. Il a dressé le martyrologe trente pièces de ca
des voyageurs africains, sous le titre : L'Afrique nécrologique (dans le non, trois mille fusils ,
« Bulletin de la Société de Géographie », 1874) . La Société conserve des bagages et des
dans ses bibliothèques des bibliographies manuscrites de la Tunisie, de approvisionnements
la Tripolitaine et du Sômal, dues à la plume de M. Duveyrier. Il avait de toute espèce.
entrepris pour elle la rédaction d'une liste des positions géographiques en L'armée , vaincue 1
Afrique, dont le premier fascicule seul a paru (A.-G.); c'est un travail méri dut même évacuer
toire et considérable. C'est aussi dans le Bulletin de la Société qu'a Raab et se retirer au
paru en 1883 sa si remarquable étude sur la confrérie musulmane de plus vite derrière les
Sidi Mohamed ben Ali-es-Senousi et son domaine géographique en fortifications de Pres
l'année 1300 de l'hégire. Il a publié dans le journal de la Société de bourg. Ce succès
Géographie de Berlin une lettre sur l'hydrographie du Sahara occiden inattendu changeait
tal (1866) et dans le Bulletin de la Société de Géographie du Caire la face des choses ,
une note sur les progrès de la géographie en Algérie depuis 1868 (1876). et Klapka, dont le
Malgré le mérite de ses travaux, on peut se demander si cet homme nom était devenu
éminent a rempli toute sa mesure. Comme tous ceux qui sont nés jeunes célèbre du jour au Georges KLAPKA ( 1820-1892 ).
lendemain, menaçait Phot. Tissier aîné.
à la gloire, il se demandait lui-même peut-être s'il avait accompli toute
sa destinée. Et d'ailleurs, ainsi que l'a dit M. Émile Masqueray, «< il l'Autriche et la Sy
sentait la plus belle moitié de sa vie, devenue inutile, tomber dans l'oubli . rie. Il s'empressa d'écrire à Kossuth et à Georgey, pour les informer de
Condamné au repos par les suites de sa maladie, il voyait s'élever, fautes ce grand avantage; par malheur, le premier était en fuite et prisonnier
sur fautes, obstacles sur obstacles, la barrière qui nous sépare aujourd'hui des Turcs, et le second venait de signer la fatale capitulation de Villagos .
du Sud. On l'évitait presque comme un rêveur hanté d'illusions étranges. Klapka dut rentrer dans Komorn et se défendre jusqu'à la dernière extré
Enseveli lentement dans un passé irrévocable, que de fois a-t-il dû se dire mité. Cependant, il fallut céder au nombre et se rendre ; mais le général
qu'il eût mieux valu pour lui mourir à vingt-cinq ans, dans la splendeur Haynau accorda une honorable capitulation à Klapka et à ses braves com
de sa jeune gloire, quand aucune déception ne l'avait encore frappé ! »> pagnons, qui se retirèrent librement le 2 octobre 1849.
Sans que ses facultés se fussent affaiblies, il était devenu fort sombre ; Il s'exila d'abord en Angleterre, puis en Italie, et vint en Suisse, où il se
il vivait depuis longtemps à Sèvres dans une quasi-solitude ; c'est à un fit naturaliser, et où il reçut le droit de bourgeoisie. Le parti radical l'ac
accès de désespoir sans cause réelle qu'il faut attribuer le suicide qu'il cepta même comme candidat et le fit entrer au Conseil fédéral en 1856 .
a exécuté avec sang-froid le 26 avril . Cette mort tragique a péniblement Lorsque éclata la guerre d'Italie, en 1859, il crut le moment venu pour
ému tous ceux qui savaient quels services il avait rendus dès sa jeunesse soulever ses compatriotes contre l'Autriche, et « secrètement » d'accord
à son pays et à la science, et tous ceux qui avaient eu recours à son obli avec Napoléon III, il tenta d'organiser une légion hongroise ; la paix de
geance. Villafranca arrêta cette entreprise. En 1866, il repartit en guerre contre
Il avait été plusieurs fois président de la commission centrale de la l'Autriche ; cette fois , dit-on, sous l'inspiration et avec l'appui de M. de
Société de Géographie et rapporteur de la commission des prix ; il avait Bismarck, il rassembla une troupe d'anciens Honveds et envahit le terri
représenté avec beaucoup de dignité cette société aux fêtes données à toire hongrois ; mais sa troupe fut aisément dispersée et il se réfugia en
Berlin en 1880 pour le jubilé de la Société de Géographie de cette ville. Silésie. Enfin Klapka bénéficia, en 1867, du compromis dualiste entre
Il fut un des membres, malheureusement trop peu écouté, de la commis l'Autriche et la Hongrie, et fut élu député à Budapest, où il siégea dans
sion du transsaharien. Il avait été promu officier de la Légion d'honneur les rangs des deakistes. Mais il ne tarda pas à abandonner la politique
en 1884. active pour s'occuper de grandes affaires industrielles et de concessions
L. DELAVAUD. de chemins de fer. Le général Klapka aimait beaucoup la Turquie où , du
reste, son nom était très populaire ; le gouvernement ottoman lui confia
Klapka (Georges), général hongrois , né le 7 avril 1820 à même plusieurs missions auprès du comte Andrassy. Il consentit, en
1873, à prendre part à la réorganisation de l'armée ottomane. Lors
Temesvar, mort à Budapest le 16 mai 1892, frappé par la rup que éclata la guerre russo-turque, il fut nommé par le sultan membre du
ture d'un anévrisme. comité consultatif de la guerre ; enfin, au mois de juillet 1878 , c'est lui qui
provoqua à Pesth un grand meeting national en faveur de la Turquie
Simple cadet, en 1838, dans un régiment d'artillerie, il devint sous et contre la Russie.
lieutenant en 1842, et lieutenant au 12 régiment de frontière en 1847. Klapka était un habile et vaillant soldat, un homme de cœur et d'un
Mais, ne pouvant se plier à ce genre spécial de service, il donna sa
grand caractère. Il avait épousé une Parisienne, mais depuis nombre
démission. Il était à la veille d'entreprendre un grand voyage lors d'années il vivait séparé de sa femme.
que éclata la révolution de mars 1848. Il s'empressa aussitôt de se mettre Le général Klapka a laissé quelques ouvrages très estimés , entre
à la disposition du gouvernement national. Envoyé d'abord en Transyl
autres les Mémoires sur la guerre de l'indépendance en Hongrie et la
vanie, pour y gagner les Szeklers à la cause de la Hongrie, il fut bientôt Guerre d'Orient (de 1853 à 1855), études critiques et historiques sur les
après employé dans le service actif et nommé capitaine au 6º bataillon campagnes du Danube, de l'Asie Mineure et de Crimée.
de Honveds, grade dans lequel il fit avec distinction la campagne d'été
contre les Serbes. Promu au grade de major, on l'envoya à Komorn, Désiré LACROIX.
puis à Presbourg, diriger les travaux de défense entrepris sur ces deux
points. A la fin de novembre, il partait rejoindre, en qualité de chef
d'état-major, le corps d'armée qui opérait dans le Banat, sous les ordres
de Kis. «C'est lui qui arrêta toutes les dispositions qui précédèrent l'atta

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