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relativiste (1/2)
implications-philosophiques.org/einstein-et-le-temps-du-sujet-ambiguites-en-physique-relativiste/
14 novembre 2016
Yves Wadier : Ancien Ingénieur Chercheur à EDF R&D et Chercheur Invité au LaMSID
C’est devenu une banalité de le dire, la théorie de la relativité d’Albert Einstein bouscule
nos idées reçues sur le temps, heurte notre intuition et défie même parfois notre sens de
la logique. On connaît l’histoire du jumeau voyageur qui rentre sur terre plus jeune que
son frère resté à la maison, ou celle de l’horloge atomique qui, après avoir fait 2 ou 3 fois
le tour de la terre en avion, présente un décalage horaire par rapport à son homologue
restée immobile, ou encore celle du muon[1] qui vit 2 microsecondes en laboratoire, mais
plusieurs minutes quand il traverse l’atmosphère à une vitesse proche de celle de la
lumière. Tout cela est bien connu, et ces effets dits « relativistes » sont vérifiés
quotidiennement des milliers de fois via différents modes de communication comme le
GPS. La théorie de la relativité d’Albert Einstein est donc devenue une science très sûre
et bien établie, et représente un des progrès les plus spectaculaires de la raison
humaine.
Et pourtant cette raison même est en crise, comme l’explique Maurice Merleau-Ponty
dans son article « Einstein et la crise de la raison[2] ». C’est la rencontre entre Einstein et
Bergson à la Société Française de Philosophie, le 6 Avril 1922, qui a déclenché ce que
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Elie During appelle « la querelle du temps[3] ». Comme, depuis lors, les choses ne se
sont pas arrangées, loin de là, on peut être plus radical et dire carrément que cette
rencontre a mis le « feu aux poudres » !
Sur cette question du temps, difficile et passionnante car elle se situe aux confins de la
Science et de la Philosophie, les scientifiques, tout d’abord, ne sont pas d’accord entre
eux. Carlo Rovelli, qui se dit adepte de la « science subversive », affirme que « le temps
n’existe pas », car il est une grandeur non observable qui ne fait qu’exprimer une relation
entre différentes variables observables et représentatives de phénomènes[4]. Marc
Lachièze-Rey est sur la même longueur d’onde. Il part du temps Newtonien avec ses
différents ingrédients (datation, chronologie, simultanéité, temps propre, causalité, durée)
et montre que la plupart de ces ingrédients disparaissent dans le cadre relativiste[5]. Lee
Smolin, par contre, qui veut « en finir avec la crise de la physique », annonce « la
Renaissance du Temps » en s ‘appuyant sur la notion de « temps global privilégié »,
selon laquelle il existe un état de repos dans l’univers, et donc un repère privilégié[6].
Sur cette même question, de nombreux philosophes optent pour un temps produit par le
sujet, qui ne fait pas partie du monde réel, extérieur au sujet. Le temps, c’est la
subjectivité à l’état pur (Saint Augustin), c’est une forme pure de l’intuition sensible
(Kant), c’est la durée intérieure associée à nos états de conscience (Bergson), et pour
Heidegger, le Dasein temporalise son être en tant que temps. Dans sa préface au livre de
Palle Yourgrau intitulé « Einstein / Gödel », Thibaut Damour pose la question en ces
termes : « le temps est-il quelque chose de réel qui s’écoule indépendamment des sujets
humains qui le perçoivent, ou est-il quelque chose d’idéal qui, comme le professait Kant,
n’est rien en lui même en dehors du sujet[7] ? ». Sur cette question, la plupart des
philosophes optent pour la seconde option, autrement dit : « le temps, en lui même, n’est
rien ». Les scientifiques, quant à eux, sont beaucoup plus partagés.
Si l’on en vient maintenant aux rapports entre physiciens et philosophes, on peut le dire :
le torchon brûle ! Dans son article cité plus haut « Einstein et la crise de la raison »,
Maurice Merleau-Ponty s’indigne de la réponse d’Einstein faite à Bergson qui se résume
ainsi : « Il n’y a pas de temps des philosophes. C’est à la science qu’il faut demander la
vérité sur le temps, comme sur tout le reste ». Einstein refuse d’admettre qu’il existe un
temps des philosophes différent de celui des scientifiques. Et Merleau-Ponty ajoute :
Plus récemment, on peut citer la déclaration très provocante de Stephen Hawking : « la
philosophie est morte faute d’avoir suivi les développements de la science moderne, en
particulier de la physique. Ce sont les scientifiques qui ont repris le flambeau de notre
quête de savoir[9] ». On peut juger cette déclaration un tant soit peu prétentieuse ! Dans
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leur introduction à leur ouvrage collectif Le monde quantique, Bernard d’Espagnat et
Hervé Zwirn disent ceci : « Les liens entre science et philosophie se sont largement
distendus au XXe siècle et la séparation entre scientifiques et philosophes s’est
accentuée au point qu’on peut même dire qu’une certaine méfiance, sinon une hostilité,
s’est instaurée entre les deux catégories de penseurs[10] ». Citons également Elie
During, qui, lors d’une conférence en 2013[11], décrit les procédés des scientifiques vis à
vis des philosophes en termes « d’annexion de territoires » ou même de
« balkanisation ». Les tentatives de dialogues tournent court ou aboutissent à des
blocages.
Tous ces désaccords ont été récemment ravivés par les nombreux débats autour de
l’interprétation de la théorie de la relativité[12] et plus particulièrement autour du thème
de la gravitation quantique[13]. Mais, si l’idée de la « disparition du temps » s’impose de
plus en plus, autant chez les philosophes que chez les physiciens, ces derniers ont
encore certaines réticences à prendre en compte « le temps du sujet » (ou temps de la
conscience) dans leurs modèles du monde dit « objectif ». Il en résulte des ambiguïtés
dans le discours de certains physiciens relativistes que nous allons tenter de mettre en
évidence dans cet article en traitant quelques exemples au paragraphe 4. Avant cela, il
nous faut rappeler deux choses : 1/ quelques notions élémentaires de théorie de la
relativité afin de bien préciser le vocabulaire utilisé, sans pour autant s’appesantir sur les
principes et la démarche de cette théorie qui sont bien connus. 2/ les rapports entre ce
que l’on peut appeler le « temps du sujet », temps quelque peu méconnu par la physique,
et les différents temps de la théorie de la relativité (temps local, temps en physique ou
temps global).
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n’est qu’avec la formulation de Minkowski
que le temps devient une coordonnée à
part entière et que l’on parle alors
d’espace-temps à 4 dimensions.
Ce temps global, désigné également par « t », est un temps relatif puisqu’il dépend du
repère considéré, associé à un observateur. Un autre observateur, animé d’une vitesse
« V » par rapport au premier (et que l’on situe initialement, par souci de simplicité, au
même point O, centre du repère), sera lié à un repère déduit du premier par la
transformation de Lorentz, dans lequel le temps global « t’ » sera différent du temps « t ».
L’espace-temps de Minkowski
L’espace-temps à 4 dimensions de Minkowski est constitué d’événements qui sont des
points de cet espace-temps et qui suivent des « lignes d’univers ». À un événement
donné est associé un « cône de lumière » qui se subdivise en 2 parties : le demi-cône du
passé causal dont la frontière est constituée de tous les rayons lumineux qui
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aboutissent à l’événement, et le demi-cône du futur causal dont la frontière est
constituée de tous les rayons lumineux issus de l’événement. L’événement considéré est
donc le point commun aux 2 demi-cônes, c’est à dire leur sommet.
Newton, s’il ne définit pas le temps, prend soin d’en présenter certaines caractéristiques
fondamentales. Il ajoute donc : « afin d’éviter certaines erreurs, il faut distinguer le temps,
l’espace, le lieu et le mouvement, en absolus et relatifs, vrais et apparents,
mathématiques et vulgaires ». Le temps absolu (ou durée), extérieur à l’homme et aux
événements du monde, est donc posé a priori. Le temps relatif, qui est la mesure du
temps vrai et le même partout dans l’univers, conduit à la notion de « temps universel ».
Mais comme toute hypothèse scientifique, il n’y a nul besoin de croire en ce temps absolu
ou en ce temps universel. Il suffit d’admettre que tout se passe comme si, comme si ces
temps existaient. Ainsi, le scientifique peut développer ses théories et modèles, ce qu’il a
fait avec le succès que l’on connaît pendant près de 2 siècles, jusqu’au jour où un certain
Albert Einstein est apparu et a dit : « Non, tout ne se passe pas comme si ! ». Le temps
absolu de Newton (et donc le temps universel), descend alors de son piédestal pour être
remplacé par le temps d’Einstein, global et relatif, déduit du temps local par extension à
tout l’espace. Le concept courant de temps ne peut plus alors être vu autrement que
comme une croyance.
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Mais que ce soit dans le cadre Newtonien ou dans le cadre de la Théorie de la Relativité,
les notions de passé / présent / futur ne sont pas mises en avant, car elles renvoient
directement au temps du sujet (ou de la conscience), ce dont le scientifique n’a rien à
faire, a priori. Intéressons nous donc, maintenant, à cette notion de « temps du sujet ».
3 Le temps du sujet
Le sujet n’est donc rien d’autre que l’homme dont la dimension ontologique ne peut être
ignorée. L’existence humaine (du sujet), se déploie dans le monde d’un début vers une
fin. Le sujet possède la faculté de dire « maintenant » en ayant conscience de ce que
cela signifie. A ce niveau, il n’y a pas de temps. Le « maintenant » ne se définit pas, il
s’expérimente existentialement dans la conscience du sujet. On peut alors définir le
passé, le présent, le futur. Le passé c’est ce qui est avant le maintenant, le présent c’est
ce qui est pendant le maintenant, et le futur c’est ce qui est après le maintenant. C’est le
déploiement de l’existence entre un début et une fin qui donne sens aux notions d’avant,
pendant et après, toujours en dehors de toute notion temporelle. Il est alors possible de
définir le « temps du sujet » comme les 3 dimensions passé / présent / futur, articulées
autour du « maintenant »[21] . Et ce serait complètement méconnaître le temps du sujet
que de le réduire à un simple solipsisme. Car le sujet fait partie intégrante du monde dont
il est issu. Il y est relié aux autres sujets avec lesquels il communique, et qui ont, tout
comme lui, leur temps à eux. Ainsi, les « maintenant » peuvent être mis en commun.
C’est bien le sens de la célébration ou de la fête, que de vivre ensemble le même
« maintenant ».
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Le temps du sujet est un temps purement local[23] qu’il est hors de question d’étendre au
delà du sujet, sans lui faire perdre son essence même. En effet, c’est un temps réel,
expérimenté par le sujet. Il n’est pas plus envisageable de l’étendre que d’étendre le
corps du sujet au-delà de lui même[24]. Par ailleurs, il est toujours possible de définir un
« temps local de l’horloge » (cf. §2) comme l’indication de l’horloge située à proximité du
sujet. C’est un temps mesuré, repéré par un paramètre appelé « t ». Le sujet peut alors
choisir une origine des temps, qualifiée de « présent local », correspondant à « t = 0 ».
Le « passé local » correspondra alors à « t < 0 » et le « futur local » à « t > 0 ». Ce temps
local de l’horloge n’est en rien indispensable au sujet pour exister et vivre, mais, autant
pour s’organiser que pour agir, il lui est très utile. Il faut donc distinguer, au niveau local,
d’une part le temps du sujet qui est son temps à lui, un temps réel, expérimenté, qui
intéresse le philosophe mais pas le physicien, et d’autre part le temps de l’horloge qui est
un paramètre et qui, bien sûr, intéresse le physicien. Il est alors possible de définir un
« temps global » de l’horloge (cf. §2.2), comme le temps local (de l’horloge) étendu à tout
l’espace, et donc un « passé global », un « présent global », un « futur global ». Ce sont
des temps mesurés, repérés par le même paramètre « t ». Récapitulons ces notions par
un petit schéma :
temps (local) du sujet – – – > temps local de l’horloge – – – > temps global (de l’horloge)
passé (local) du sujet – – – > passé local de l’horloge (t < 0) – – – > passé global (de
l’horloge) (t < 0)
présent (local) du sujet – – – > présent local de l’horloge (t = 0) – – – > présent global (de
l’horloge) (t = 0)
futur (local) du sujet – – – > futur local de l’horloge (t > 0) – – – > futur global (de
l’horloge) (t >0)
Ces temps de l’horloge, local et global, ne sont pas des temps réels (ou vécus) mais des
paramètres, ou des temps fictifs, utilisés par le physicien dans le but de modéliser la
réalité, et utilisés également par l’homme pour organiser ses activités. En mécanique
Newtonienne, le temps global correspond au temps universel, et dans le cadre de la
théorie de la relativité, il perd son universalité et devient relatif. Dans les 2 cas, le temps
global est un concept opératoire qu’il faut distinguer du temps du sujet, réel et
irréductiblement local. Le temps du sujet se présente donc comme une réalité tangible,
une certitude absolue et incontournable, alors que le temps global n’est qu’un concept
relatif, une hypothèse provisoire. Ces 2 temps, fondamentalement différents quant à leur
essence même, ne doivent pas être mélangés.
Mais le sujet peut s’interroger sur une relation possible entre son « maintenant », et ce
qui se passe « au même instant » en un point éloigné dans l’espace. Cette relation a-t-
elle un sens ? En effet, le sujet a la conviction profonde que son « maintenant », que
l’instant « t » où, par exemple, il fait « claquer ses doigts », possède une signification en
tout point de l’espace : quelque chose doit se passer dans la galaxie Andromède à cet
instant « t » précis. C’est un peu comme si la conscience du sujet voulait sortir de sa
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finitude et repousser toutes ses limites pour s’étendre à tout l’univers. Rien ne s’oppose à
ce que le sujet pense à Andromède à l’instant « t ». Et cette pensée voyage, en quelque
sorte, à une vitesse infinie ! C’est bien la démarche suivie par Bergson qui s’efforce de
définir un « Temps matériel un et universel[25] ». Mais dans le cadre de la Relativité, le
« même instant », qui signifie « simultanément », est relatif au repère considéré et on ne
peut donc mettre en œuvre, de façon rigoureuse, ce processus mental qui reste donc au
niveau de l’imaginaire. Car, pour savoir ce qui se passe sur Andromède à l’instant « t »,
on ne peut faire autrement que de partir du temps local de l’horloge pour définir un
temps global relatif donc arbitraire, tout comme, sur Andromède, l’instant « t »
correspondant à celui où le sujet a fait « claquer ses doigts » sur la planète terre.
Rappelons également que, selon Marc Lachièze-Rey, la notion de temps disparaît dans
l’espace-temps de Minkowski. Il n’y a plus qu’un passé causal et un futur causal. Marc
Lachieze-Rey rejoint ainsi, avec Carlo Rovelli, le point de vue des philosophes pour
lesquels : le temps, en lui même, n’est rien[26].
Sujet et observateur
Le physicien ne retient du sujet que sa fonction d’observateur d’événements qui ont lieu
dans l’espace-temps. En quoi consiste cette fonction ? Pour Einstein[27], cette fonction
réside simplement dans la capacité du sujet à constater une simultanéité d’événements,
localement, dans l’espace. Lire l’heure, c’est saisir l’indication d’une horloge, c’est
constater la simultanéité d’une position d’aiguille avec un nombre situé sur le cadran.
L’observateur peut aussi constater la simultanéité de cette indication avec un événement
comme « l’entrée d’un train dans la gare », ou que 2 éclairs sont simultanés, etc
[1] Le muon est une particule créée en haute atmosphère par le rayonnement cosmique.
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[3] Elie During, Berson et Einstein : la querelle du temps, Paris, Éditions PUF, 2012.
[4] Carlo Rovelli, Et si le temps n’existait pas ?, Paris, Éditions Dunod, 2012, pp. 96-102.
[5] Marc Lachièze-Rey, Voyager dans le temps, Paris, Éditions du Seuil, 2013.
[6] Lee Smolin, La renaissance du temps, Paris, Éditions Dunod, 2014, pp. 179-186.
[7] Palle Yourgrau, Einstein / Gödel, préface de Thibault Damour, Paris, Éditions Dunod,
2005, p VI.
[8] Ce n’est pas « assez éloigné de moi » qu’il aurait fallu dire, mais « animé d’une
vitesse suffisamment grande par rapport à moi », les observateurs en question pouvant
parfaitement être proches l’un de l’autre. On aboutit alors à ce genre de conclusion en
considérant un événement éloigné des dits observateurs. Nous en discuterons un peu
plus loin.
[9] Stephen Hawking, Leonard Mlodinow, Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ?,
Paris, Éditions Odile Jacob, Coll. Sciences, 2012, p 11.
[10] Bernard d’Espagnat, Hervé Zwirn, Le monde quantique : les débats philosophiques
de la physique quantique, Paris, Editions Matériologiques, 2014, p. 11.
[16] Claude Romano, L’événement et le temps, Paris, Éditions Puf, Epiméthée, 1999, p.
153.
[17] Le temps propre n’est rien d’autre que le temps local de l’événement considéré, dans
le repère qui lui est lié. C’est un invariant dans une transformation de Lorentz dont la
formulation, dans le cas général, sort du cadre du présent article.
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[19] Notons que la démarche de Lee Smolin consiste précisément à justifier le choix d’un
repère dit « immobile » dans l’espace temps qui justifierait le maintien de la notion de
« temps global », op. cit., p. 186.
[21] Définition à rapprocher de celle de Heidegger : « ce qui est explicite en disant
maintenant, nous l’appelons le temps », dans Martin Heidegger, Etre et Temps, Paris,
Éditions Gallimard, 1986, p 474.
[22] Notons que si l’on doit rejeter toute interprétation psychologique de ce « temps du
sujet », son interprétation en termes de « subjectivité » est une question assez complexe
que nous ne pouvons traiter ici.
[24] Mais bien sûr, on peut imaginer transporter des clones du sujet partout dans
l’espace, ou en suivant Bergson, « d’éparpiller un nombre indéfini d’horloges réglées les
unes sur les autres, et par conséquent d’observateurs », observateurs au sens de sujet,
car ce sont « des observateurs en chair et en os, des êtres conscients ». Henri Bergson,
Durée et simultanéité, Paris, PUF, 1968, p. 39. Cette opération, cependant, si elle peut
donner du sens au temps des horloges, ne change en rien le caractère local du temps du
sujet.
[26] Plus précisément : le temps n’est rien qui surviendrait en dehors du sujet pour servir
de cadre aux événements du monde.
[28] Ilya Prigogine, Isabelle Stengers, La nouvelle alliance, Paris, Éditions Gallimard,
NRF, 1979, p. 278.
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