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Matériaux utilisés pour l’ostéosynthèse


M. Altmann, J.-M. Cognet, L. Eschbach, B. Gasser, G. Richards, P. Simon

Qu’attend-on d’un matériau utilisé pour une ostéosynthèse ? L’ostéosynthèse peut être définie comme la
stabilisation temporaire interne ou externe de fragments osseux jusqu’à obtention de la consolidation.
Les matériaux utilisés pour les implants d’ostéosynthèse doivent être biocompatibles et avoir des
propriétés mécaniques élevées. Pour ces raisons, les implants métalliques sont le standard actuel. Pour
certaines indications et notamment pour des contraintes peu importantes, d’autres matériaux comme
des polymères, des matériaux composites ou biorésorbables (polymères ou céramiques) sont utilisés ou en
cours d’évaluation. En raison de leurs propriétés mécaniques (fragilité, résistance limitée aux contraintes)
et de leur procédé de fabrication, les céramiques ne sont pas, à l’heure actuelle, utilisées en charge pour la
traumatologie osseuse. Dans ce chapitre, les termes scientifiques de base, les matériaux les plus courants,
leur interaction biologique et leur visualisation en imagerie sont présentés de façon sommaire.
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Mots clés : Ductilité ; Ostéosynthèse ; Implants ; Biocompatibilité ; Acier ; Titane

Plan
400 380
¶ Résistance mécanique, propriétés et fonctionnement biologique 1
Termes décrivant les propriétés mécaniques 1 350
Module d'élasticité (GPa)

Fatigue 2
Biocompatibilité et effet de surface des implants 2 300
241
¶ Matériaux 3 250
Métaux 3
Polymères 5 200 186

¶ Matériaux et imagerie 5 150


Radiographie standard 5 104
Scanner 5 100 78
Imagerie par résonance magnétique (IRM) 5
50 20
¶ Complications 6
Réactions allergiques 6 0
Cancérisation 6 Céramique Alliages Acier Titane Alliages Os
de cobalt inoxydable de titane
Mélange de matériaux 6
Rupture d’implant et déformation 6 Figure 1. Module d’élasticité de plusieurs matériaux.
¶ Conclusion 7
Dans les paragraphes suivants, seules les propriétés physiques
et biologiques propres à l’implant sont discutées. Toutefois, il
faut souligner que le choix de l’implant et son utilisation par le
■ Résistance mécanique, propriétés chirurgien ont une incidence sur la stabilité de l’ostéosynthèse.
et fonctionnement biologique
Termes décrivant les propriétés mécaniques
La fonction première d’un implant d’ostéosynthèse est la
stabilisation temporaire des fragments osseux jusqu’à l’obten- Module d’élasticité
tion de la consolidation. Trois facteurs influencent les propriétés Le module d’élasticité, également connu sous le nom de
mécaniques d’une ostéosynthèse : module de Young, décrit l’élasticité, c’est-à-dire la capacité d’un
• propriétés du matériau : propriétés physiques et biologiques matériau à retrouver sa forme d’origine. La Figure 1 indique le
propres au matériau ; module d’élasticité de plusieurs matériaux. Il est intéressant de
• géométrie de l’implant : dessin et géométrie de l’implant noter que le module d’élasticité de l’os est inférieur à celui des
définis et testés par le fabricant ; matériaux standards utilisés pour l’ostéosynthèse. La rigidité
• technique d’ostéosynthèse : technique d’application et de d’un système de fixation est en rapport à la fois avec le module
fixation choisie par le chirurgien. d’élasticité du matériau et le design de l’implant.

Techniques chirurgicales - Orthopédie-Traumatologie 1

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44-015 ¶ Matériaux utilisés pour l’ostéosynthèse

Contrainte (N/mm2)
Acier inoxydable

Amplitude de la contrainte
Rm
Titane
Rp
Zone de
rupture
Rupture

Zone de
rupture en
fonction du
Déformation (%) nombre de cycles

Zone de sécurité : pas de rupture


quel que soit le nombre de cycles
Figure 2. Comportement d’un implant en acier inoxydable et d’un
implant en titane. Nombre de cycles en charge (Log)

Ductilité Figure 3. Phénomène de fracture de fatigue.


La ductilité est la propriété physique du matériau caractéri-
sant sa capacité à subir d’importantes déformations plastiques
sans rupture. La plasticité est souhaitable pour un implant
quand il est nécessaire de le modeler en pré- ou peropératoire Acier inoxydable
(par exemple lors de l’utilisation de plaques de reconstruction). 800

Tension (N/mm2)
Résistance à la traction
Jusqu’à un certain niveau de contrainte, les matériaux se 600
déforment de façon élastique. Si la contrainte est supprimée, le Titane
matériau retrouve sa forme initiale. À partir d’une contrainte
plus importante, la déformation devient plastique, c’est-à-dire 400
irréversible. Ces propriétés peuvent être décrites au travers d’un
diagramme. La déformation élastique est proportionnelle à la
contrainte. La contrainte maximale supportée sans déformation 200
plastique est appelée limite élastique [Rp] (force de rendement).
La résistance à la traction [Rm] est la contrainte maximale à la 104 105 106 107 108
rupture du matériau. Lorsqu’un implant est utilisé pour une
ostéosynthèse, les forces appliquées devraient rester inférieures Charge cyclique
à la limite élastique. Toutefois, les capacités de déformation
plastique d’un implant sont également intéressantes, notam- Figure 4. Résistance à la fatigue d’un implant en titane et d’un implant
ment en raison de la possibilité d’adaptation peropératoire des en acier.
plaques. S’il est nécessaire de modeler l’implant, le matériau
idéal devrait autoriser une déformation plastique sans rupture
Comparons un implant en titane (grade 4) et un implant en
de l’implant.
acier (1.4441) (Fig. 4). L’acier inoxydable a une plus haute
Un graphique comparant le comportement d’un implant en
résistance à la fatigue oligocyclique (nombre de cycles limité).
acier inoxydable et d’un implant en titane (Fig. 2) permet de
Le titane a en revanche une plus haute résistance à la fatigue
constater les points suivants :
lorsqu’il est soumis à un nombre élevé de cycles.
• le titane et l’acier ont une limite élastique similaire ;
• la pente dans le domaine élastique (de 0 à Rp) de l’acier
inoxydable est plus importante que celle du titane. Le Biocompatibilité et effet de surface
module d’élasticité du titane est inférieur à celui de l’acier des implants
inoxydable, c’est-à-dire que le titane est plus élastique que
Les fabricants d’implants d’ostéosynthèse proposent plusieurs
l’acier ;
sortes de métaux pour l’ostéosynthèse par plaque comme l’acier
• la capacité de déformation avant la rupture est un indicateur
inoxydable (SSt) (ISO 5832-1), le titane « commercialement
de ductilité : l’acier est plus malléable que le titane.
pur » (cpTi) (ISO 5832-2), ou des alliages de titane comme le
Ti-6 %Al-7 %Nb (TAN) (ISO 5832-11) ou le Ti-15 %Mo (Ameri-
Fatigue can Society for testing and Materials : ASTM F2066). Les
Le matériau exposé de façon cyclique à une charge va se céramiques, les polymères (biodégradables ou non) sont égale-
briser pour une charge inférieure à celle supportée lors d’une ment utilisés pour des applications particulières en association
charge statique. Ce phénomène est appelé fracture de fatigue et avec des métaux quand une charge importante doit être
est représenté sur la Figure 3. supportée. Ces matériaux correspondent aux standards interna-
Plus la charge supportée est importante, plus la fracture de tionaux et sont biocompatibles. La rigidité d’un matériau (sa
fatigue survient précocement. En dessous d’une certaine limite, capacité à résister aux déformations), sa résistance (capacité de
la fracture de fatigue ne se produit pas. résister aux forces appliquées), sa plasticité (tolérance à la
Les tests de fatigue des implants sont normalement effectués déformation avant rupture), sa résistance à la corrosion (des-
à basse fréquence, un à cinq cycles par seconde, et peuvent être truction du métal avec libération d’ions métalliques) et à l’usure
réalisés dans une solution saline ou au sein d’un environnement (production de particules de surface) doivent être analysées
biologique pour simuler un environnement naturel. Il est comme faisant partie intégrante de la biocompatibilité. La
important de noter que chaque implant peut finir par se rompre biocompatibilité des implants volumineux à l’intérieur des tissus
dans la mesure où il doit supporter une charge de façon environnants peut être différente en fonction de la nature des
temporaire (jusqu’à obtention de la consolidation). En d’autres microparticules de surface produites au cours du frottement par
termes, tout implant finit par se rompre quel que soit son la mobilisation d’une vis au contact de la plaque. Ces particules
design ou le matériau utilisé si un retard ou une absence de peuvent également atteindre des sites anatomiques où elles ne
consolidation se produit. sont plus biocompatibles.

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Matériaux utilisés pour l’ostéosynthèse ¶ 44-015

Le titane et les alliages de titane sont chimiquement inertes. eu de réactions allergiques observées avec des implants en
Une oxydation de surface se produit sur le titane entraînant titane, alors que des réactions allergiques sont rencontrées avec
l’apparition d’un film [1, 2]. Ce film rend le titane et les alliages des implants en acier contenant du nickel dans 1 à 2 % des cas.
de titane beaucoup plus résistants à la corrosion et plus stables De nouveaux alliages plus résistants ont été conçus pour
sur le plan thermodynamique que l’oxyde de chrome qui se résoudre des problèmes spécifiques comme la rupture
forme au contact de l’acier inoxydable. Ce film va également se d’implants soumis à des contraintes en charge importantes.
former sur les particules de surface qui peuvent être produites, L’accroissement de la résistance des implants peut être obtenu
les rendant également inertes. Pour une fixation interne en utilisant des alliages de titane contenant des éléments
« flexible » où des micromouvements sont recherchés, le titane comme le vanadium qui offrent toutefois une biocompatibilité
ou les alliages de titane représentent le matériau de choix. inférieure au nickel. L’excellente résistance du titane à la
Si le matériel d’ostéosynthèse doit être laissé en place, l’ostéo- corrosion compense en partie cet inconvénient. Les métaux à
intégration est essentielle. Dans le cas de figure où l’ablation du mémoire de forme pourraient être utilisés dans le futur, par
matériel est, sinon obligatoire, du moins fortement recomman- exemple sous forme d’éponges métalliques poreuses. Leur
dée (enclouage fémur, tibia), un attachement minimal de l’os au biocompatibilité reste encore à évaluer, notamment les aspects
matériel d’ostéosynthèse doit se produire afin d’en faciliter de corrosion et d’érosion (ces alliages sont produits à partir de
l’explantation. La formation précoce d’un tissu mou vascularisé poudre de nickel et de titane). Le choix du matériau d’un
comme interface au contact de l’implant, sans formation d’une implant dépend de la priorité donnée aux avantages mécani-
réaction liquidienne, est recherchée, notamment pour prévenir ques ou à la tolérance biologique.
tout processus infectieux. Dans certains cas comme les fractures En général, le titane « commercialement pur » et les alliages
du radius distal où les tendons peuvent être au contact de la de titane ont une biocompatibilité supérieure comparée à l’acier
plaque, l’adhésion tissulaire n’est pas désirable dans la mesure inoxydable. L’optimisation de la microstructure de surface par
où elle risque d’empêcher la mobilité normale des tissus rapport au site receveur (adhésion des tendons, ostéo-intégra-
(glissement des tendons). Dans ce cas de figure, la « biocompa- tion) est très importante.
tibilité du matériau » est d’avantage déterminée par le dessin et
les caractéristiques de surface de l’implant. En l’absence de
modification de surface, un implant donné peut être biocom-
patible dans un site anatomique et être non biocompatible sur
■ Matériaux
un autre site anatomique. Il n’y a pas de « surface unique » pour De nos jours, de nombreux matériaux sont utilisés pour la
toutes les applications et la surface d’un même implant étant en réalisation d’implants. Les normes internationales ASTM et
interaction avec des tissus différents amène à les considérer International Organization for Standardization (ISO) décrivent
comme des entités différentes. leur composition, leur structure et leurs propriétés. Même s’il
Lors de la pose d’un implant dans le corps, des protéines existe un vaste choix de biomatériaux, les métaux sont plus
d’adsorption apparaissent en quelques secondes. En quelques communément utilisés. En raison de leurs propriétés mécani-
minutes, les cellules adhèrent à la surface et le processus se ques limitées, des matériaux alternatifs comme les polymères et
poursuit par l’adhésion de tissus mous ou d’une matrice se des matériaux à base de polymères et/ou de céramiques sont
minéralisant. La fixation des vis à l’os par l’intermédiaire de la utilisés en l’absence de contrainte en charge ou dans des
plaque requiert une interface os-implant stable pour la trans- indications spécifiques (chirurgie maxillofaciale, chirurgie de la
mission des forces et pour le succès de cette fixation qui repose main). De nouveaux implants composites (polymères renforcés
également sur le dessin et la surface de l’implant. L’ostéo- par des fibres) sont également disponibles sur le marché. Il est
intégration augmente avec la rugosité du matériau. Une ostéo- également important de noter que si les propriétés biologiques
intégration forte se produisant au contact des vis est un ou mécaniques sont importantes dans le choix du matériau
inconvénient si l’on considère que ces vis doivent être enlevées approprié, les considérations économiques, logistiques ou de
par la suite (notamment chez les sujets jeunes avec des os en manufacture peuvent jouer un rôle.
croissance) et la microstructure de surface en est le principal
déterminant. L’ostéo-intégration est minimisée par l’utilisation
de surfaces lisses réduisant les forces nécessaires à l’ablation des Métaux
vis. Des travaux récents réalisés sur du titane poli et des alliages Les métaux utilisés en traumatologie osseuse ont des proprié-
de titane ont montré que ces surfaces étaient favorables à des tés mécaniques et biologiques favorables et sont bien connus et
utilisations de ce type. ont été bien étudiés. Trois groupes principaux peuvent être
Les mouvements se produisant à l’interface implant-tissu distingués :
peuvent aboutir au développement d’une capsule fibreuse et • alliages à base d’acier inoxydable ;
d’une bourse séreuse. Cette bourse séreuse va permettre l’accu- • titane et alliages de titane ;
mulation de particules produites par la corrosion des vis au • alliages de cobalt.
contact de la plaque. Comme ces bourses ne sont pas vascula-
Il est important de noter qu’en ce qui concerne les propriétés
risées, les mécanismes de défense immunitaire sont moins
mécaniques, la composition mais aussi la condition du matériau
performants et le risque infectieux plus important. La formation
(travaillé à chaud ou à froid) ainsi que le mode de fabrication
d’une capsule fibreuse a été observée plus souvent avec des
et le traitement de surface ont une influence.
plaques en acier qu’avec des plaques en titane ou à base
Le Tableau 1, basé sur la norme ISO 5832-x, indique la
d’alliages de titane.
composition des métaux les plus utilisés pour les implants
Les microaspérités présentes à la surface d’une plaque rédui- d’ostéosynthèse.
sent la formation d’une capsule fibreuse et d’une cavité liqui-
dienne. Néanmoins, il existe des situations, en chirurgie de la
main, du pied, de la cheville, de l’épaule, en chirurgie maxillo-
Acier inoxydable
faciale, où une adhérence entre la plaque et des tissus mous Aujourd’hui encore, l’acier inoxydable est le matériau le plus
comme des tendons ou des muscles est indésirable. La micros- utilisé pour la fixation interne. Les raisons sont une combinai-
tructure de surface de ces implants métalliques est plus impor- son favorable des propriétés mécaniques, de la résistance à la
tante que leur chimie de surface. corrosion et de la biocompatibilité. La résistance à la corrosion
L’incidence des infections testée chez les animaux est plus élevée de l’acier est principalement due à la couche protectrice
importante avec des implants en acier qu’avec des implants en d’oxyde de chrome sur la surface du métal. Tous les aciers
titane. Quand des plaques DCP ont été testées in vivo, chez des inoxydables utilisés dans la traumatologie osseuse sont non
animaux, les implants en titane ont démontré de manière magnétiques. Leur résistance est obtenue par l’alliage d’éléments
significative une meilleure résistance à l’infection, comparés aux choisis et par le traitement effectué (travail à froid). En fonction
implants en acier. Donc, le titane permet une meilleure résis- de ce qui est attendu d’un implant, différents types d’acier
tance à l’infection comparé à l’acier. Jusqu’à présent, il n’y a pas inoxydable peuvent être utilisés.

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44-015 ¶ Matériaux utilisés pour l’ostéosynthèse

Tableau 1.
Composition des métaux les plus utilisés pour les implants d’ostéosynthèse.
Acier inoxydable Titane Alliages de Titane Alliages de Cobalt
Élément 1.4441 Ti CP4 Ti-Al6-V4 Ti-Al6-Nb7 Ti-Mo15 Co-Cr-Mo
316L ISO 5832-12
ASTM F 1537
Al - - 5,50-6,50 5,50-6,50 - -
C 0,03 max 0,010 max 0,08 max 0,08 max 0,1 max 0,35 max
Co - - - - - Balance
Cr 17-19 - - - - 26,0-30,0
Fe Balance 0,30-0,50 0,25 max 0,25 max 0,1 max 0,75 max
H - 0,0125-0,015 0,0125 max 0,009 max 0,015 max -
Mo 2,25-3,5 - - - 14-16 5-7
Mn 2,00 max - - - - 1 max
N - 0,03-0,05 0,05 max 0,05 max 0,5 max 0,25 max
Nb - - - 6,50-7,50 -
Ni 13-15 - - - - 1 max
O - 0,18-0,40 0,13 max 0,20 max 0,20 max -
P 0,03 max - - - - -
S 0,03 max - - - - -
Si 0,75 max - - - - 1 max
Ta - - - 0,50 max - -
Ti - Balance Balance Balance Balance -
V - - 3,50-4,50 - -

Implants en acier inoxydable (alliages à base de fer) daire en rapport avec la biocompatibilité n’a été rapporté ou
Ces types d’implants en acier inoxydable (particulièrement publié. En ce qui concerne l’acier inoxydable, le titane a deux
316L ou 1.4441) sont ceux utilisés généralement pour les différences apparentes :
plaques et les vis [3]. Ils sont également utilisés pour les clous. • densité : le titane a une densité de 4,5 g/cm3 comparée à 7,9
Une ductilité élevée est idéale pour la malléabilité peropératoire. à 8,3 g/cm3 pour les aciers inoxydables ;
De plus, la capacité de résister aux charges élevées, que ce soit • le titane a une plus grande élasticité que l’acier inoxydable.
de façon statique ou cyclique, rend le matériel idéal pour des Titane pur
implants d’ostéosynthèse. Les éléments principaux sont : Fe, Cr
(17-19 %), Ni (13-15 %), Mo (2,25-3,5 %) et C (< 0,03 %). En Le titane « commercialement pur » (cpTi) a été industrielle-
dépit de la teneur élevée en nickel, peu d’effets secondaires ont ment développé dans les années 1940 et, rapidement, son
été signalés pour ce matériel. Par ailleurs, la matière première est aptitude à être utilisé dans des applications chirurgicales a été
disponible sous beaucoup de formes différentes, avec des délais découverte. Quatre catégories de titane pur ont été définies. La
de livraison courts, et est bien adaptée pour l’usinage (travail à première différence se situe dans la teneur en oxygène. Par
froid) (ISO 5832-1 ou ASTM F 138) (Europe : DIN 1.4441 ; US rapport à ce qui est demandé à un implant lors de la mise en
316L). charge, le titane avec le taux d’oxygène le plus élevé, encore
appelé titane de grade 4, est habituellement utilisé [4]. Le cpTi
Acier inoxydable à faible teneur en nickel (Ni) est principalement employé pour des plaques et des vis dans des
Les implants en acier ont habituellement une teneur en tailles et des indications multiples (spécifications pour le titane :
nickel de 13 à 16 %. Le nickel est connu pour être un allergène ISO 5832-2 et ASTM F67).
de contact. Dans les aciers à faible teneur en nickel, le nickel est Alliages de titane
remplacé par de l’azote et du manganèse. La force, la résistance
En traumatologie osseuse, différents alliages de titane sont
à la corrosion et la résistance à la rupture sont sensiblement
utilisés. Comme le titane pur, ils sont biocompatibles et ont un
plus hautes pour les aciers à faible teneur en nickel que pour les
haut pouvoir de résistance à la corrosion. De plus, ces alliages
aciers inoxydables standards. En dépit de ces propriétés favora-
offrent des propriétés mécaniques plus élevées [5].
bles, ce matériel est encore rarement employé, les raisons
principales étant : fourniture limitée de matière première, prix Titane aluminium niobium – TAN (TiAl6Nb7) et titanium
du marché élevé et usinage exigeant (ASTM F 2229). aluminium vanadium – TAV (TiAl6V4)
Alliages à base de cobalt (alliages Co-Cr-Mo) Ces deux matériaux sont utilisés couramment pour les
implants d’ostéosynthèse. Dans le TAN, le vanadium apparte-
Les alliages à base de cobalt sont également non magnéti-
nant à cet alliage a été remplacé par un élément biologique-
ques, résistants à l’usure, à la corrosion, à la chaleur. Ils sont
ment inerte, le niobium. Les deux éléments augmentent de
difficiles à produire et à usiner, mais des progrès significatifs ont
manière significative la résistance mécanique à la fois aux
été accomplis ces dernières années. En raison de leur excellent
contraintes statiques et cycliques. La ductilité de ces alliages est
comportement à long terme, ces alliages sont utilisés habituel-
inférieure à celle du titane pur. Par conséquent, les implants
lement pour la chirurgie prothétique. Dans l’ostéosynthèse, les
fabriqués à partir de ces alliages sont bien adaptés pour suppor-
qualités de ces matériaux sont moins intéressantes, une fois
ter des contraintes élevées, mais pas dans des indications où un
comparées à d’autres métaux en service, mais ont également
modelage peropératoire de l’implant est requis. Ces matériaux
leur application (en particulier pour les clous) (ISO 5832 - 5/6/
sont utilisés essentiellement pour les clous et quelques modèles
7/8/12 et ASTM F 1537).
de plaques préformées (material specification : TAN : ISO 5832-
Titane 11, TAV : ISO 5832-3).

Le titane (Ti) a une résistance à la corrosion très élevée tout Titane molybdène – TiMo (TiMo15)
en étant biocompatible. En dépit de la longue et large utilisa- TiMo a été conçu à l’origine pour l’industrie chimique qui
tion des implants en titane, pratiquement aucun effet secon- recherchait un alliage de titane avec un haut pouvoir de

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résistance à la corrosion. Le principal avantage des alliages de Polylactides et autres polymères résorbables
titane « beta » comme le TiMo15 par rapport au titane et aux
autres alliages de titane est leur extrême malléabilité à froid. Les Pour l’ostéosynthèse, les implants sont faits de polymères
résorbables, de polylactides (PLA), mais aussi de polyglycolides
inconvénients sont le prix élevé, la mise en œuvre et la
(PGA), plus rarement de polyhydroxybutyrates (PHB) ou de
disponibilité limitée de la matière première. Par conséquent, ce
polyhydroxyvalérates (PHV), mais le plus souvent de copolymè-
matériau est utilisé principalement pour les plaques de petite
res appropriés comme les polyactides (L-D/L). L’utilisation de
taille comme les plaques de radius distal (standard specifications
polymères résorbables demeure limitée à certaines indications
for TiMo15 : ASTM F 2066).
spécifiques en raison de leurs propriétés mécaniques limitées.
Pour la production d’implants orthopédiques, on emploie
Alliages à mémoire de forme (TiNi) principalement des granules qui sont fondus et modelés avant
Des alliages à mémoire de forme sont également utilisés leur extrusion sous une forme prédéterminée. Après l’implanta-
comme implants biomédicaux, le plus courant d’entre eux étant tion, les caractéristiques mécaniques des polymères résorbables
le nitinol (TiNi). Leurs propriétés sont dérivées du concept de la sont importantes initialement, uniquement, dans la mesure où
superélasticité. Le nitinol est utilisé dans les agrafes à compres- la résistance mécanique disparaît relativement vite, et certaine-
sion, les ancres. En dépit d’une exceptionnelle résistance à la ment bien avant la détection des premiers signes de résorption.
corrosion, la dissolution des ions cytotoxiques de nitinol dans La structure de ces polymères influence leur dégradation tandis
les tissus entourant les implants associée au risque d’hypersen- que les contraintes mécaniques et la dégradation agissent à
sibilité a limité l’usage du nitinol comme matériau implantable l’inverse de ce qui est attendu d’un matériau d’ostéosynthèse.
(standard specifications for TiNi : ASTM F 2063). La dégradation de ces matériaux est due aux interactions
entre le matériau et les tissus du corps, c’est-à-dire par un
mécanisme d’hydrolyse et de résorption des acides spécifiques
Polymères du polymère. Par conséquent, on peut supposer que la biocom-
patibilité de ce matériau est excellente, et ce d’autant plus que
Les polymères utilisés en traumatologie osseuse peuvent être ces polymères sont réalisés à partir de substances endogènes
divisés en deux groupes : comme le polyester aliphatique, et d’autres polymères naturels
• non résorbables ; comme la gélatine ou le collagène. On ne peut jamais exclure
• résorbables. la survenue d’un épisode inflammatoire car la concentration en
En dépit des recherches effectuées et des avancées des acide peut se retrouver en excès, du fait du processus de
dernières décennies, ces matériaux ont, à l’heure actuelle, des dégradation. Des produits intermédiaires, issus eux aussi du
indications limitées comme matériau d’ostéosynthèse. Les processus de dégradation, peuvent également interagir avec les
facteurs limitants sont actuellement la résistance mécanique et tissus environnants et provoquer une réaction inflammatoire.
le coût de revient élevé. En traumatologie osseuse, des broches, des vis et des plaques
sont réalisées et ont été validées dans des indications
Polymères non résorbables spécifiques.
Polyéther-éther-kétone (PEEK)
Le PEEK est un polymère haute performance déjà utilisé
comme matériau pour les implants d’ostéosynthèse. Comparé à
■ Matériaux et imagerie
d’autres polymères, le PEEK a des propriétés mécaniques élevées,
tout en restant inférieures à celles des métaux [6]. Radiographie standard
Le PEEK est résistant aux radiations et à la chaleur (jusqu’à Les implants métalliques absorbent les rayons X efficacement.
250 °C), peut être stérilisé à de multiples reprises et est chimi- Ainsi, la radiographie décrit parfaitement l’implant sans aucune
quement inerte. Du sulfate de baryum peut lui être ajouté afin distorsion. Les polymères sont radiotransparents et leur visuali-
d’accroître son opacité radiologique dans le but de le rendre sation est difficile. Si toutefois la visualisation radiologique de
visible sur les radiographies. Son application clinique se l’implant est nécessaire, l’adjonction de substance comme le
rencontre aujourd’hui sous la forme de rondelles pour la sulfate de baryum, de billes ou de cerclages métalliques permet
fixation ligamentaire et de cages dans la chirurgie rachidienne. d’accroître l’opacité radiologique.
D’autres applications sont envisageables, notamment dans les
cas d’artefacts retrouvés lors d’examens tomodensitométriques
ou par résonance magnétique. Le PEEK est également utilisé
Scanner
pour l’instrumentation comme les guides de visée pour Plusieurs études ont décrit et comparé les artefacts observés
l’enclouage (standard specification for polyaryletherketone [PAEK] au contact des implants sur les coupes scanographiques. Ces
resins for surgical implant applications : ASTM F 1579-95). effets de distorsion de l’image, connus aussi sous le nom de
« starburst artefacts », sont observés sur les coupes scanographi-
PEEK renforcé
ques comportant à la fois des tissus osseux et des tissus mous.
Le renfort permet de compenser la différence de résistance et L’importance de l’artefact est en rapport avec la taille de
la faiblesse des implants en polymère comparés aux implants l’implant et sa composition. Les implants en titane sont ceux
métalliques. Pour des problèmes de biocompatibilité, qui qui produisent le moins d’artefacts. Les alliages à base de cobalt
peuvent s’avérer importants en cas de rupture de l’implant, un et les implants en acier forgé produisent beaucoup plus d’arte-
renforcement par des fibres continues doit être préféré aux facts. Quand une imagerie de contrôle postopératoire est
fibres de carbone ou aux fibres de verre. De plus en plus de importante du point de vue clinique, le choix doit se porter vers
nouvelles technologies comme modelage composite à jet des implants de moindre épaisseur ou en moindre quantité
continu sont disponibles et permettent de réaliser des implants (tout en permettant une bonne stabilité de l’ostéosynthèse), et
à la fois résistants et radiotransparents. des implants en titane doivent être préférés aux implants à base
de cobalt ou en acier inoxydable. Enfin, la proximité de
Polymères biorésorbables l’implant et de la zone d’intérêt entre également en ligne de
compte.
Le principal avantage d’un implant biorésorbable est que son
ablation devient superflue. Cependant, en raison de leur faible
résistance mécanique, les implants biorésorbables ne sont pas
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
utilisables comme implants d’ostéosynthèse soumis à des Les matériaux métalliques utilisés dans le commerce pour la
contraintes en charge. Les implants biorésorbables existants sont fabrication d’implants comme l’acier inoxydable, le titane, et ses
utilisés dans certaines indications comme en chirurgie de la alliages ne sont pas magnétiques et ne créeront pas d’échauffe-
main ou en chirurgie maxillofaciale. ment ou de mouvement lors de la réalisation d’une IRM. Les

Techniques chirurgicales - Orthopédie-Traumatologie 5

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44-015 ¶ Matériaux utilisés pour l’ostéosynthèse

implants en titane créent peu d’artefacts lors de la réalisation se retrouve essentiellement dans les arthroplasties. Les différen-
d’une IRM. Cependant, on peut paramétrer une IRM pour tes études menées jusqu’à présent n’ont jamais retrouvé, chez
réduire la formation d’artefacts. des patients porteurs de prothèse de hanche ou de genou et
Les polymères et les matériaux biorésorbables ne produisent suivis pendant de nombreuses années, une incidence plus
pas d’artefacts. importante de cancers.
Dans le cas d’une ostéosynthèse, les différentes pièces utilisées
(vis et plaque) sont fixes l’une par rapport à l’autre et parfois
même fixées en cas de plaques à vis bloquées. Il n’existe donc
“ À retenir pas de « couple de frottement » entraînant le relargage de
particules susceptibles d’induire une tumeur. C’est ce méca-
nisme qui a été avancé par certains auteurs rapportant la
• Les clips des fixateurs externes peuvent contenir des survenue de tumeurs au contact de matériel d’ostéosynthèse [13].
aciers ferromagnétiques. Ils doivent donc être contrôlés Ces cas restent isolés et exceptionnels dans la littérature et il n’a
avant la réalisation d’une IRM. pas été possible d’établir de relation de cause à effet entre la
• Des artefacts très importants peuvent être produits par présence dans l’organisme d’un matériel d’ostéosynthèse et la
des débris d’instruments laissés dans le corps car ils sont survenue d’un processus tumoral [14].
extrêmement ferromagnétiques.
Mélange de matériaux
Le mélange de pièces de titane et de pièces réalisées à partir
■ Complications d’alliages de cobalt est une procédure communément acceptée
et réalisée dans de nombreux implants. Néanmoins, il n’existe
Réactions allergiques aucun implant qui mélange de l’acier inoxydable avec du titane
ou du chrome cobalt. Mélanger de l’acier inoxydable et du
Les allergies cutanées aux métaux sont bien connues et titane aboutirait à une perte des avantages procurés par le titane
fréquentes dans la population (10 à 15 %). Elles concernent comme sa résistance à la corrosion, à l’érosion, sa biocompati-
essentiellement trois éléments : le chrome, le cobalt et le nickel. bilité, ou son absence de réponse allergique.
L’allergie provoquée par un implant métallique au contact de L’étude la plus importante sur le mélange de l’acier inoxyda-
l’os (implant prothétique ou d’ostéosynthèse) est encore mal ble et du titane a été publiée par Rüedi [15]. Il s’agit d’un travail
connue. Tout implant métallique subit un phénomène de comportant une étude théorique sur le mélange entre titane et
corrosion au contact de l’organisme [7] qui entraîne la libération acier inoxydable ainsi qu’une étude in vivo chez le mouton,
d’ions (ion nickel, chrome, cobalt, etc.). Ces ions ne sont pas suivie d’une étude clinique réalisée chez plus de 500 patients.
allergènes par eux-mêmes mais peuvent activer le système La conclusion de cette étude est que la combinaison des deux
immunitaire en s’associant avec des protéines [8]. Les complexes métaux (acier inoxydable et titane) produit un résultat corres-
ion métallique-protéine peuvent alors devenir des allergènes. pondant au moins performant des deux métaux, en l’occurrence
Dans un certain nombre de cas rapportés dans la littérature, l’acier inoxydable. Rüedi déclare qu’on devrait donc pouvoir
l’allergie au composant métallique a pu être prouvée de façon associer des plaques en titane, élastiques, avec des vis en acier
formelle avec la disparition des manifestations cliniques après le inoxydable plus résistantes. Dans la suite de l’étude, la combi-
retrait de l’implant [9]. D’autres cas laissent planer le doute sur naison de vis en acier inoxydable et de plaques en titane n’a
l’implication du phénomène allergique dans la genèse de la pas eu d’effets négatifs.
symptomatologie ; ainsi, Thomas [10] rapporte une pseudarthrose La recommandation de l’ensemble des industriels est de ne
de l’ulna associée à une « gêne » présente depuis l’intervention. pas mélanger les métaux.
Le changement d’implant associé à une greffe osseuse permit
d’obtenir la consolidation osseuse et la disparition de la
symptomatologie douloureuse. Des tests cutanés effectués chez Rupture d’implant et déformation
ce patient démontrèrent une sensibilité au chrome et l’étude des
tissus autour de l’implant montra une population de lympho- Lors de la mise en charge, des implants peuvent se rompre.
cytes T augmentée. Tout le problème est de savoir si l’allergie Deux modes de défaillance principaux sont connus : déforma-
supposée a été responsable de l’absence de consolidation et des tion plastique de l’implant due à une charge importante et
manifestations cliniques ou si, au contraire, la pseudarthrose et rupture due à une charge cyclique (fatigue du matériel) comme
le mouvement dans le matériel d’ostéosynthèse associé ont cela a été décrit précédemment.
entraîné une production d’ions métalliques avec réaction de Pour éviter la rupture d’implants, plusieurs précautions
défense immunitaire de l’organisme. De la même manière, en peuvent être prises. Dans la phase de développement, les
chirurgie arthroplastique, la simultanéité d’une réaction allergi- implants sont conçus et optimisés pour des régions spécifiques
que et d’un descellement a été étudiée, sans qu’on sache si du corps en tenant compte des contraintes qui doivent être
l’allergie est responsable du descellement ou vice versa [11]. supportées. Le chirurgien, lors du choix de son implant, doit
Dans ces conditions, quelle doit être l’attitude du chirurgien également tenir compte des contraintes que celui-ci a à suppor-
face à la possible allergie d’un de ses patients à un implant ter en fonction de sa localisation anatomique et du mode de
métallique ? S’il est possible, pour de la chirurgie élective réglée, pose afin d’obtenir l’ostéosynthèse la plus stable et la réponse
d’effectuer des tests de sensibilité avant l’intervention, ce n’est biologique la plus appropriée. C’est pourquoi il faut tenir
pas le cas en traumatologie. D’autre part, seul un petit pourcen- compte des spécificités des implants et notamment de l’indica-
tage de patients dépistés positifs va développer une allergie à tion pour laquelle ils ont été conçus, même si parfois un autre
leur implant métallique, et le test de dépistage peut provoquer implant peut sembler plus approprié. Dans l’ostéosynthèse par
une sensibilisation source d’allergie future. Le bon sens voudrait plaque et notamment dans les fractures simples, la charge
qu’on évite les implants potentiellement allergènes chez des supportée par un implant peut être sensiblement réduite en
patients aux antécédents allergiques connus en gardant en appliquant le principe de la stabilité absolue.
mémoire le très faible pourcentage de réaction allergique en Une erreur classique est par exemple l’utilisation d’une
rapport avec un implant métallique au contact de l’os [12]. plaque de reconstruction pour l’ostéosynthèse d’une fracture de
la diaphyse humérale. Les plaques de reconstruction sont faites
d’un matériau très malléable afin de pouvoir être modelées en
Cancérisation peropératoire (fractures du bassin, de l’anneau pelvien). Ces
Le risque de cancer lié à l’usage d’un matériau est en rapport plaques ne peuvent donc pas résister aux contraintes subies par
avec le relargage de particules. Ce mécanisme est dû au contact la diaphyse humérale comme le ferait une plaque standard, et
entre deux surfaces l’une étant mobile par rapport à l’autre, et le risque d’échec est élevé.

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■ Conclusion [5] Disegi JA. Titanium alloys for fracture fixation implants. Materials in
bone surgery. Injury 2000;31(suppl 4):14-7.
L’opérateur, lorsqu’il choisit un matériel d’ostéosynthèse, doit [6] Eschbach L. Nonresorbable polymers in bone surgery. Injury 2000;
31(suppl 4):22-7.
également considérer le matériau dont il est constitué. De sa
[7] Black J. Systemic effects of biomaterials. Biomaterials 1984;5:11-8.
nature dépendent à la fois l’acceptation biologique de l’implant
[8] Merrit K, Rodrigo JJ. Immune response to synthetic materials.
mais également la rééducation ou la date de mise en charge. De Sensitization of patients receiving orthopaedic implants. Clin Orthop
la même façon, des notions de biomécanique élémentaires Relat Res 1996;326:71-9.
doivent être maîtrisées par le chirurgien orthopédiste traumato- [9] Barranco VP, Soloman H. Eczematous dermatis from Nickel. JAMA
logue qui ne doit plus se contenter de plaquer ou d’enclouer 1972;220:1244.
selon des dogmes préétablis, mais adapter au mieux le matériel [10] Thomas P, Summer B, Sander CA, Przybilla B. Intolerance of
et le matériau au patient et à la fracture. osteosynthesis material: evidence of dichromate contact allergy with
. concomitant oligoclonal T-cell infiltrate and TH1-type cytokine expres-
sion in the peri-implantar tissue. Allergy 2000;55:969-72.
■ Références [11] Elves MW, Wilson JN, Scales JT, Kemp HB. Incidence of metal
sensitivity in patients with total joint replacements. BMJ 1975;4:376-8.
[1] Ungersbock A, Pohler O, Perren SM. Evaluation of the soft tissue [12] Hallab N, Merrit K, Jacobs J. Metal sensitivity in patients with
interface at titanium implants with different surface treatments: orthopaedics implants. J Bone Joint Surg Am 2001;83:428-36.
experimental study on rabbits. Biomed Mater Eng 1994;4:317-25. [13] Laffargue P, Hildebrand HF, Lecomte-Houcke M, Biehl V, Breme J,
[2] Ungersbock A, Pohler OE, Perren SM. Evaluation of soft tissue Decoulx J. Histiocytofibrome malin de l’os 20 ans après
reactions at the interface of titanium limited contact dynamic compres- l’ostéosynthèse par lame-plaque d’une fracture du fémur : analyse des
sion plate implants with different surface treatments: an experimental produits de corrosion et de leur rôle dans la malignité. Rev Chir Orthop
sheep study. Biomaterials 1996;17:797-806. Reparatrice Appar Mot 2001;87:84-90.
[3] Disegi JA, Eschbach L. Stainless steel in bone surgery. Materials in [14] Bel JC. Ablation du matériel d’ostéosynthèse. Conférence d’enseigne-
bone surgery. Injury 2000;31(suppl 4):2-6. ment de la SOFCOT 2005 (87), Ed Elsevier.
[4] Pohler OE. Unalloyed titanium for implants in bone surgery. Materials [15] Rüedi TP. Titanium and steel in the bone surgery. Hefte Unfallheilkd
in bone surgery. Injury 2000;31(Suppl 4):7-13. 1975;123:1-66.

M. Altmann, Dipl. med. ing.


Synthes GmbH, Suisse.
J.-M. Cognet, Praticien hospitalier (Jean-Michel.Cognet@chru-strasbourg.fr).
Service de chirurgie orthopédique et traumatologique, Centre hospitalier universitaire Hautepierre, 67098 Strasbourg, France.
L. Eschbach, Dr. sc. techn.
B. Gasser, Dr. rer. nat., dipl. ing.
RMS Fondation, Bettlach, Suisse.
G. Richards, Dr. sci.
AO Foundation, Davos, Suisse.
P. Simon, Professeur des Universités.
Service de chirurgie orthopédique et traumatologique, Centre hospitalier universitaire Hautepierre, 67098 Strasbourg, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Altmann M., Cognet J.-M., Eschbach L., Gasser B., Richards G., Simon P. Matériaux utilisés pour
l’ostéosynthèse. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Orthopédie-Traumatologie, 44-015, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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