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HYGIENE DE L’ENVIRONNEMENT HOSPITALIER

INTRODUCTION

Dans le souci d’améliorer la couverture sanitaire nationale, l’état multiplie l’ouverture


des centres de soins sur l’étendue du territoire national. Les problèmes posés par
l’aménagement de ces centres sont ceux inhérent à l’environnement hospitalier.
Il s’agit entre autres de : l’alimentation en eau, la gestion des déchets, l’entretien des
locaux et la lutte contre les vecteurs.

L’APPROVISIONNEMENT EN EAU
L’eau est un liquide naturel, transparent, inodore et sans saveur. L'eau est le
principal solvant organique. Le corps humain est constitué en moyenne de 60 %
d'eau, diversement répartie.

L’eau des hôpitaux peut provenir de plusieurs sources : la régie des eaux, les
forages, les puits, … si elle n’est pas contrôlée cette eau peut être vectrice d’infection
acquise. En plus une adduction d’eau potable n’est pas la garantie d’une sécurité
suffisante pour les patients hospitalisés.

En fonction des besoins et de l’activité des soins on note 03 types d’eau


utilisés dans une formation sanitaire : l’eau potable, eau décontaminée et eau
technique.

Eau potable
L'eau est partout présente dans la nature, y compris dans l'atmosphère, sous
forme de vapeur. Elle est dite potable quand elle répond aux normes fixées par des
textes législatifs : agréable à consommer tant pour son goût que pour sa couleur et
son odeur, non susceptible de porter atteinte à la santé. L'eau potable ne doit
contenir ni micro-organismes pathogènes ni substances toxiques (cuivre, plomb,
fluorures, cyanure, arsenic, composés phénoliques, etc.). Sa concentration en
certaines substances chimiques (sels minéraux, ammoniaque, nitrites, nitrates,
chlorures, matières organiques) doit être limitée.
Elle est utilisée pour la préparation des aliments, des boissons et l’entretien
des locaux. Pour les patients immunocompétents, les critères de potabilités la
rendent satisfaisante pour les usages habituels cités plus haut. Mais pour certains
patients elle peut être vectrice d’infection à pneumocystis carini et listéra chez les
immunodéprimés et à pseudomonas chez les prématurés. Dans ces cas il est
conseillé de recourir à l’eau stérile ou filtrée.
L’eau usée des hôpitaux est déversée dans les égouts et traitée de la même
façon que les eaux de la citée dans les stations d’épuration où ces eaux doivent subir
une épuration avant d’être rejetées dans le cycle naturel. Pour cela, trois niveaux de
traitements sont définis :
1. Le prétraitement consiste à débarrasser les eaux usées des débris les plus
volumineux, des sables et des graisses (dégrillage, dessablage et dégraissage), c’est
l’étape de séparation physique ou mécanique
2. Les traitements primaires visent à éliminer les matières minérales et
organiques en suspension par une décantation ;
3. Les traitements secondaires permettent d’une part d’éliminer les matières
organiques. Elle permet d’éliminer les matières résiduelles par décantation.
Une fois le traitement achevé, l’eau épurée mais non potable est rejetée dans
les fleuves ou les rivières.

Eau décontaminée
Il s’agit d’une eau ayant subi un traitement préalable avant toute utilisation
notamment la filtration et la désinfection. Elle peut être utilisée pour : lavage
chirurgical des mains, boisson des patients à haut risque infectieux, préparation des
biberons, rinçage du matériel avant la stérilisation.
Eau technique
• Eau chaude : elle est utilisée pour des besoins spécifiques
• Eau adoucie : utilisé dans les appareils (autoclave, lave – instruments, lave -
vaisselle)
• Eau pour hémodialyse : c’est une eau adoucie, décontaminée, et filtrée pour
éliminer les pyrogènes.
• Eau des piscines de rééducation

EPURATION DE L’AIR

L’air contient un nombre important de germes portés par les particules de poussière
(200 à 700 germes / m3) mais la transmission d’infection nosocomiale par l’air revêt
une moindre importance par rapport à la transmission par contact. Respirer un air de
bonne qualité est une préoccupation majeure.

De nombreuses techniques d’épuration d’air sont utilisés dans les hôpitaux : les
plantes, la filtration, le charbon actif, le plasma froid, l’ozonation, l’ionisation et la
photocatalyse (La photocatalyse est une technique consistant à détruire des
composés gazeux en les dégradant en présence d’un catalyseur, d’oxygène, de
vapeur d’eau et du rayonnement ultra-violet).

ENTRETIEN DES LOCAUX


L’entretien des locaux concerne les étapes de nettoyage-désinfection. Elle permet
une parfaite maîtrise du niveau de contamination microbienne de l’environnement.
Le nettoyage est une opération d’entretien et de maintenance des locaux et des
équipements dont l’objectif principal est d’éliminer les salissures particulaires,
biologiques, organiques ou liquides.
Le nettoyage-désinfection est une opération assurant à la fois le nettoyage et la
désinfection. Elle se fait par utilisation d’un produit détergent-désinfectant.
Le bionettoyage est défini comme un procédé destiné à réduire la contamination
biologique des surfaces. Il est obtenu par la combinaison : d’un nettoyage, d’une
évacuation de la salissure et des produits utilisés et de l’application d’un
désinfectant.
Niveau de risque et action à mener

0 1 2 3 4
Circulation Risque Risque moyen Risque sévère Risque très
externe minimum haut
Extérieurs Halls Circulations Hospitalisation Blocs
abords d’accueil - Ascenseurs de jour : opératoires
Escaliers Sous-sol, - Escaliers chambres de Chambres
extérieurs galeries - Salles d’attente chimiothérapie d’isolement à
Sas Services - Consultations Chambres protection
ambulances administratifs externes d’isolement stricte (aplasie
Quais de Bureaux - Chirurgie septique et médullaire)
livraisons… Salles de ambulatoire protecteur
Réunion - Stérilisation : Salles de soins
zone de lavage Salle de réveil
- Services Plateaux
d’hospitalisation techniques
(chambres des interventionnels
patients, WC, : ex radiologie
sauf cas intervention-
particulier) nelle ;
- Salles de endoscopie
rééducation Nurserie
fonctionnelle Biberonnerie
- Moyens + longs Soins intensifs
séjours Stérilisation :
- Unité côté propre
d’hébergement Urgences
des personnes Salles
âgées d’accouchement
- Service de Maternité
radiologie
- Laboratoire
- Pharmacie
- Blanchisserie
- Offices
- Dépositoire
- Vestiaires
- Sanitaires
Communs
1. vider les 1. vider les 1. élimination - respecter les - tenue
poubelles poubelles des déchets procédures réglementaire
2. balayage 2. balayage 2. balayage d’accès
classique humide humide 1. élimination 1.
3. lavage à 3. lavage 3. lavage avec des déchets élimination des
haute avec un un détergent selon procédure déchets sous
pression détergent désinfectant (DD) 2. balayage double
4. pelouses neutre (D) : - sols : - balai humide emballage
– feuilles balai réservoir ou quotidien 2. balayage
mortes réservoir Faubert ou balai 3. lavage humide
- auto rasant quotidien avec pluriquotidien,
laveuse - auto laveuse un détergent après chaque
4. pour certains désinfectant intervention et
aspiration des sites (Hall…..) (DD) des en fin de
moquettes mobilier + surfaces programme
sanitaire horizontales opératoire
surfaces 3. lavage
verticales avec un
4. spray - respect des détergent
méthode sur les protocoles et désinfectant
sols en PVC : des méthodes (DD) après
Rythme variable de nettoyage chaque
selon le intervention et
revêtement. - possibilité de en fin de
(Attention : cette faire en
méthode peut alternance programme
entraîner des 2x/semaine le opératoire
bronchospasmes) lavage en 3 4. désinfection
phases en des surfaces
Pour les sols : respectant les verticales en
Pour limiter 3 étapes : fin de
l’encrassement, détergent (D) programme
préconiser une – rincer opératoire
alternance 1 à – eau de Javel
2x/semaine avec Pour éviter
détergent neutre l’encrassement
(D), et ceci en des sols :
tenant compte du - possibilité de
statut infectieux faire en
du patient alternance
(isolement 2x/semaine le
septique, lavage en 3
protecteur…) phases en
respectant les
3 étapes :
détergentes
(D) – rincer –
eau de Javel
Tenue :
. Vestimentaire propre et adaptée
. Proscrire le port de bijoux et de vernis à ongles
. Avoir les cheveux attachés
. Port de chaussures fermées conseillé
. Port de gants adéquats

Matériel A Employer
Le chariot de ménage.
Pour la désinfection des surfaces, on utilise des lavettes de différentes couleurs.
Produits :
• Savon Tipol
• Eau de Javel
• Savon Anios
• Surfanios

Technique De Nettoyage
• Nettoyer toujours avant de désinfecter.
• Utiliser du matériel propre et en bon état.
• Travailler avec des solutions détergentes et désinfectantes non saturées et
non contaminées.
• Changer l’eau souvent.
• Choisir le produit adapté au nettoyage que l’on va effectuer.
• Utiliser une méthode de nettoyage hygiénique.
• Ne jamais mélanger les produits.
• Respecter les doses.
• Dépoussiérer avec une chiffonnette unique.
• Bien différencier les lavettes.
• Nettoyer en allant du propre vers le sale.
• Essuyer ou laver par bandes parallèles.
• Travailler sans salir.
• Porter des gants de ménage.
• Terminer par le nettoyage soigneux du matériel.
• Se laver les mains.

GESTION DES DECHETS


Le déchet est le résidu inutilisable d’un produit. Il est en général sale et
encombrant. Les hôpitaux sont des gros producteurs de déchets qui présentent des
risques chimiques et biologiques pour l’environnement et la santé humaine. On peut
les subdivisés en 03 catégories : les excrétas, les déchets solides et les déchets
liquides.

Les excrétas
Ce sont les selles et les urines humaines, leur évacuation peut conduire à la
pollution du sol et des sources d’approvisionnement en eau. Ils risquent de constituer
un foyer d’hébergement des mouches, de rongeurs et de certains animaux
domestiques. Leur évacuation doit se faire après traitement afin d’en supprimer les
dangers.

Les déchets liquides


Parmi ceux-ci on distingue : les effluents de radiologie, les solvants et toxiques
provenant des laboratoires, les eaux de graisses et les huiles. Les déchets liquides
sont constitués des eaux usées. Ils sont responsables de 03 types de pollution :
• Pollution microbienne due aux germes éliminés par les patients et ceux se
développant sur les déchets en putréfaction dans les eaux stagnantes.
• Pollution chimique : due aux détergents, désinfectants, toxiques, solvants,
médicaments périmés et agents de chimiothérapie anti cancéreuse
• Pollution radioactive due aux produits humains radioactifs et aux résidus de
laboratoire

Déchets solides
On les classe en 06 catégories : (cf. livre p 280)
Les objets coupants et piquants. Ex : aiguilles, lancette d’hémoglucotest, lames
aiguilles de suture
Tri et collecte des déchets (cf. livre p 281 et 282)
Il s’agit de la séparation des déchets ménagers et des déchets à risque sur leur lieu
de production. Le conditionnement consiste à recueillir les différents déchets dans
des sacs ou conteneurs appropriés. Il se fait simultanément avec le tri. Généralement
le conditionnement se fait dans les sacs de différentes couleurs.
BLANC : Déchets domestiques n'ayant pas été au contact du malade, compactage
central.
VERT : Déchets du service de soins, compacté dans le service. Le verre n'est pas
compacté.
ROUGE : Déchets risques, mis en fûts, non compactés.
Noir : déchets généraux
Suite livre P 283.

LUTTE CONTRE LES VECTEURS


Elle passe par un ensemble de mesures préventives visant notamment à éliminer
les réservoirs au sein de nos établissements de santé.
Puces
Les puces sont des insectes. L’adulte se nourrit du sang de mammifères par piqûre.
Les puces peuvent transmettre des maladies infectieuses dont la peste est la plus
connue.
Prophylaxie vise à Limiter les réservoirs :
- Lutte contre les rongeurs,
- Contrôle de la population des chats,
- Traitement préventif des animaux de compagnie autorisés dans l’établissement,
- Destruction des puces dans l’environnement, pelouses, locaux : traité les sites
infestés avec un insecticide.
Traitement
- Des animaux : (organophosphorés, pyréthrines, carbamates), en application
externe ou per os
- Des locaux : - pyrèthrinoïdes en pulvérisation dirigée ou pyréthrine par diffusion
aérienne

Punaises
Les punaises sont à l’origine de piqûres chez les patients ou les soignants. Elle sort
de sa cachette la nuit pour se nourrir sur l’hôte endormi qu’elle pique sur les parties
découvertes par l’intermédiaire d’un rostre. Elle pond au niveau des gîtes. Le cycle
de développement dure 9 à 18 semaines. La punaise des lits ne transmet pas de
maladies infectieuses.
Prophylaxie : Entretien du mobilier et des locaux, rénovation des peintures,
obstruction des fissures
Traitement: Insecticides (pyréthrinoïdes – pyrèthres)

Poux
Ce sont des insectes à sexes séparés : parasites externes hématophages, se
nourrissant par piqûre de l’hôte. Le cycle de développement dure 3 semaines : durée
de vie 6 à 8 semaines. Ils sont très prolifiques. Les poux de corps peuvent être
vecteurs de maladies infectieuses épidémiques (typhus exanthématique, fièvre
récurrente, fièvre des tranchées).
Traitement
Pyréthrine en poudre, lotion, shampooing ou aérosol et Peigne fin pour l’élimination
des lentes (œufs).

Rongeurs
Les souris et les rats jouent un rôle vecteur dans plus de 30 maladies infectieuses,
qu’ils peuvent transmettre par morsure (tétanos, pasteurellose…), par les urines
(leptospirose, tularémie) ou par l’intermédiaire de leurs puces (peste, typhus
murin…).
Prophylaxie
- Supprimer les voies d’accès (protection des soupiraux, gaines techniques,
conduites d’eaux usées),
- Mise en place d’un plan de dératisation systématique en préventif,
- Limiter le stockage de denrées alimentaires et des détritus,
- Dératiser systématiquement avant démolition des bâtiments.
Traitement
Utilisation de produits rodonticides, Les rodonticides anticoagulants sont les plus
utilisés pour leur bon rapport sécurité/efficacité.

Fourmis
Elles ne sont pas vectrices de maladies infectieuses.
Prophylaxie
Protéger les aliments en les conservant dans des récipients étanches aux fourmis.
Traitement
Appliquer un insecticide au niveau du nid et sur le passage des fourmis.
Appâts empoisonnés (méthylarsinate mélangé à une substance sucrée).

Blattes (cafards)
Les blattes ne sont pas vectrices de maladies à proprement parler, mais elles
peuvent être porteuses passives de nombreux pathogènes.
Prophylaxie
Stockage protégé des denrées alimentaires et des déchets.
Désinsectisation régulière des locaux à risque et des gîtes identifiés.
Piège à blattes pour détecter leur présence.
Traitement
Les insecticides les plus efficaces sont les organophosphorés présentés sous
différentes formes
(Concentrée, prête à l’emploi, appât, fumigène). Leur usage exige des précautions,
car ils sont toxiques pour l’homme.
Les pyréthrines naturelles ou de synthèse ne sont pas toxiques pour l’homme,
mais présentent une efficacité moindre.

Mouches
Les larves peuvent être responsables de myiases.
Prophylaxie
- Eviter de stocker des denrées alimentaires.
- Eliminer aussi rapidement que possible les détritus et les déchets de soins.
- Mettre en place un programme de désinsectisation.
- Protéger les plaies par une compresse.
Traitement
Organophosphorés, pyrèthrinoïdes.
Désinsectiseurs à UV, électriques, ou à plaque de glu.

Moustiques
Dans les contrées chaudes, ce sont les vecteurs de maladies infectieuses, virales
(Dengue, fièvre jaune…) ou parasitaires (paludisme, filarioses…). Dans les régions
tempérées, les moustiques constituent une simple nuisance.
Prophylaxie
- Lutte contre les larves (milieu aquatique) difficile et limitée par les conséquences
écologiques.
- En milieu hospitalier : éviter les points d’eau stagnante.
- Lutte contre les adultes : tenir les fenêtres des secteurs éclairés fermées pendant
les nuits d’été.
Traitement
- Pulvérisation d’insecticide (Pyrethrinoïdes).
- Désinsectiseur (électrique).
- Application cutanée de répulsif.
- Crèmes antihistaminiques.

CONCLUSION
L’état des lieux fait dans la plus part de nos formations sanitaires révèlent une
insuffisance dans la prise en charge des nuisances qui affectent l’environnement
hospitalier. L’hôpital doit pour ce faire élaborer une règlementation adéquate en la
matière.

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