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Cerisy, juin 2005, paru in Migrations/Société, vol.

17, n°102, pp ; 275-292

Le migrant connecté
Pour un manifeste épistémologique

Dana Diminescu
ENST/ MSH Paris
dana@msh-paris.fr

La perspective épistémologique de concevoir le migrant dans un système global de mobilités s’inscrit


dans une démarche sociologique encore conceptuellement faible et tâtonnante. Si l’idée selon
laquelle « ce qui définit le monde contemporain c’est la circulation, bien plus que les structures et les
organisations stables » (J. Urry) est largement accepté dans les sciences humaines contemporaines, les
théories migrationistes semblent s’entraver dans une vision qui continue de séparer mobilités des
migrants et mobilités des sédentaires, les trajectoires migratoires des parcours urbains, les circulations
transnationales et les mouvements de proximité, etc.

Les institutions concernée, mais aussi le monde de la recherche, recommandent la définition suivante
du migrant international : toute personne qui change de pays de résidence habituelle, toute personne
qui se déplace et traverse au moins une frontière. A la différence de l’immigré, qui arrive pour rester,
le migrant est généralement conçu comme une personne en transit, qui vient seulement pour travailler,
traverse nos territoires, nos villes et qui retourne à la maison ou repart ailleurs. Dans son schéma
analytique minimal, son saisissement sociologique se résume à l’image d’une permanente rupture des
lieux qui rattache l’individu à son milieu d’origine ainsi que la confrontation avec un monde de penser
et de vie autre. Les géographes (Gildas Simon, 2002) considèrent que le concept de migrant (qu’il
juxtapose à celui d’émigré ou d’immigré) est fondé sur un critère physique, celui du déplacement dans
l’espace, et à ce titre il ne doit pas être confondu avec celui de l’étranger, fondé sur un critère
juridique : « est l’étranger celui qui ne possède pas la nationalité du pays où il réside, qualité d’ailleurs
soumis à évolution selon les politiques nationales d’accès à la nationalité ». Il ne doit être confondu ni
avec le nomade qui par son mouvement assure la cohérence de sa culture et de son groupe qui se
déplace avec lui (Joseph Isaac,1984). Défini par rapport et à l’opposé du sédentaire, il exclut d’emblée
toute approche de la figure d’« enraciné ».

L’hétérogénéité des sources sur le plan mondial peut cependant amener dans la pratique à passer d’un
concept à l’autre sans s’apercevoir qu’il s’agit d’individus avec des pratiques de mobilité très
différentes. Qu’elle relève d’une problématique définie en termes de territoire, d’identité culturelle, ou
d’intégration sociale et institutionnelle, la définition du migrant réfère à, et se concentre sur une série
de ruptures et d’oppositions inhérentes à son destin et qui sont constamment mises en avant comme
un principe organisateur de toute une réflexion théorique sur les populations en mouvement.
Mobile/immobile, ni là bas/ ni ici, absent/présent, au centre/à la marge etc. Or, il nous semble que
cette manière de concevoir les déplacements des personnes est une simplification historiquement et
sociologiquement abusive. Ces concepts tiennent difficilement dans un monde atteint par une mobilité
généralisée et par une complexification sans précédent de la communication. La fracture générique
entre migrant, étranger, immigrant, nomade et même sédentaire tend à s’estomper. Il n’y a jamais eu
autant de gens, par le passé, capables d’envisager comme chose allant de soi le fait qu’eux-mêmes ou
leurs enfants seront sans doute conduits à vivre et travailler ailleurs que sur leur lieu de naissance. Des
migrants qui, sous la couverture d’un visa touristique font le «commerce de valise », des touristes qui
voyagent pour s’installer à la fin dans les pays de leurs vacances, des immigrés qui une fois avoir
accès à la nationalité reprennent la circulation, des jeunes cadres dynamiques, des fous voyageurs
etc , tous sont sensés, pour leur stabilité, jongler entre différentes mobilités.

1
Cette culture de mobilité est d’autant plus normalisée, renforcée et généralisée que l’environnement
global des médias approche et donne l’image à un lointain facilement accessible. Ainsi l’éloge
implicite que Simmel faisait de l’étranger en tant que héros éponyme de la modernité et de la
médiation se généralise et se banalise. De même, aujourd’hui les immigrants développent des réseaux,
des activités, des « styles » de vie, et des idéologies qui lient leur pays d’origine au pays d’accueil et
qui les ré-installent dans la mobilité. Enfin, les courants de réflexion sur le phénomène migratoire
contemporain (et notamment les théories des réseaux transnationaux) s’accordent sur le fait que les
migrants d’aujourd’hui sont les acteurs d’une culture de lien, qu’ils ont eux-même fondé et qu'ils
entretiennent dans la mobilité. Auparavant à l’état latent, mais propre à tous les groupes qui se
déplacent, cette culture du lien est devenue visible et très dynamique une fois que les migrants ont
commencé à utiliser massivement les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Ainsi, aujourd’hui, il est de plus en plus rare de voir les migrations comme un mouvement entre deux
communautés distinctes, appartenant à des lieux éloignés et marquées par des relations sociales
indépendantes l’une de l’autre. Il est au contraire de plus en plus fréquent que les migrants parviennent
à maintenir à distance et à activer quotidiennement des relations qui s’apparentent à des rapports de
proximité. Le lien “virtuel” – par téléphone ou par mail – permet aujourd’hui, plus et mieux qu'avant,
d'être présent à la famille, aux autres, à ce qui est en train de leur arriver, là bas, au pays ou ailleurs. Le
déraciné, en tant que figure paradigmatique du monde migrant s’éloigne et fait place à une autre
figure, encore mal définie mais dont on connaît qu’elle correspond à celle d’un migrant qui se déplace
et fait appel à des alliances à l’extérieur de son groupe d’appartenance, sans pour autant se détacher de
son réseau social d’origine.
Le migrant est aussi à l’origine d’une culture de contrôle qui s’étend, grâce aux TIC, largement au-
delà des territoires nationaux, et cela aussi bien dans sa variante hard (centre de retentions) que dans sa
variante soft ( surveillance électroniques des individus par des base de données, comme c’est le cas du
fichier des étrangers AGDREF ou le SIS). La « techonologisation » du contrôle aux frontières à
conduit à la transformation même de leur nature. D’une zone de barrière à une zone différenciée de
filtrage électronique (zone seulement de ralentissement et non plus d’arrêt), les frontières quittent
aujourd'hui les cartes d'une géographie physique. Ubicues et en forme des fichiers, elles ont fait
soudain leur apparition dans les différents consulats, dans les préfectures, sur l’ordinateur portable des
agents de contrôle à côté d'un banal péage autoroutier, dans les banques de données de différentes
compagnies de transport. Si l’on s'accorde avec Robert Sack1 qui soutient que le territoire fait sens sur
le plan politique en tant que mode de contrôle sur les personnes, le processus ou les relations sociales,
on peut avancer que ces nouvelles frontières informatiques, qui déploient une logique de réseau
extraterritorial, élargissent, en effet, les territoires nationaux ou communautaires au-delà de leurs
frontières d'Etat.
Aujourd’hui, l’administration électronique et, particulièrement les systèmes d’identification
biométrique, intéressent autant les pays d’accueil que les pays d’émigration. Si leur intérêt est
convergent quand il s’agit de la sécurité publique, de lutter efficacement contre la fraude documentaire
et informatique, la constitution de bases de données à partir de « technologies propriétaires » peut
avoir aussi des raisons différentes.
Les pays de destination étudient ces techniques dans l’espoir de trouver un instrument de contrôle et
de lutter contre la mondialisation des flux migratoires ; les pays d’origine, conscients du profit
économique et politique qu’ils peuvent tirer de leurs communautés transnationales, par l’introduction
des cartes d’identité multifonctionnelles, tentent d’accroître leur influence géopolitique et d’accumuler
le capital social et financier provenant de ses populations disséminées dans le monde. Pris entre deux
(ou plusieurs) politiques administratives, vivre et se mouvoir dans un monde où le déséquilibre
économique existe, où les frontières nationales perdent leurs sens, vivre le temps de la mondialisation
où toute extériorité construisant disparaît, partager les fichiers des étrangers et en même temps le
destin anonyme et informatique de monsieur tout le monde 2 , le migrant semble incarner l’idéal-type
de la gestion de tout un monde en mouvement.
1
Sack R, 1986, Human Territoriality, Cambrige, Cambrige University Press, p.19
2
Cette culture de contrôle, directement inspirée par les immigrés commence s’étendre au-delà du monde des migrants, à
tous ceux qui se déplace, quelque soit le type de leur mobilité.

2
Conjuguant l’ensemble de ces réalités, la définition du migrant qui s’appuie sur différentes formes de
rupture, considérées comme fondatrices et radicales, est mise en difficulté. En revanche un autre
principe organisateur émerge : mobilité et connectivité forment désormais un ensemble de base dans la
définition du migrant du XXI siècle. Ensemble ils agissent comme un vecteur qui assure et conduit les
lignes de continuité dans la vie des migrants et dans les rapports que ceux-ci entretiennent avec leur
environnement d’origine, d’accueil ou parcouru. Hier : immigrer et couper les racines ; aujourd’hui :
circuler et garder le contact. Cette évolution semble marquer un nouvel âge dans l’histoire des
migrations : l’âge du migrant connecté.

Ce sont bien ces lignes de continuité, d’évolution et de liaison, que l’on va tenter d’aborder dans
l’intention d’approcher et de comprendre cette figure de migrant connecté.
Il ne s’agit pas évidemment de discuter ici la continuité de la longue durée (les migrations ont
accompagné toute l’histoire de l’humanité, c’est déjà un acquis), mais plutôt de mettre en perspective
différentes lectures de la continuité à une échelle temporelle étendue à l’élasticité de nos possibilités
d’observation. Autrement dit que, tout en attribuant au temps la qualité d’instaurer des continuités, je
ne vais pas aller plus loin sur l’échelle temporelle au-delà de ce que je peux mesurer et enquêter
aujourd’hui.
La figure de « l’entre deux » et la vulgate « ni ici, ni là-bas, mais ici et là-bas en même temps »
annoncent en quelque sorte l’arrivée, dans la littérature sociologique, du migrant connecté. Les
thèmes de la mondialisation, des théories des réseaux et des processus transnationaux ont mis en
évidence certains aspects qui peuvent configurer son futur profil : la multiappartenance (aussi bien
aux territoires qu’aux réseaux), l’hypermobilité, la flexibilité sur le marché du travail, la capacité de
transformer une habilité relationnelle en une compétence productive et économiquement efficace, sont
des traits qui vont se retrouver certainement dans la composition de notre migrant.

Mais ce migrant appartenant plutôt à plusieurs aires géographiques et milieux sociaux qu’à « l’entre-
deux », ne multiplie-t-il pas plus les lignes de fractures que les lignes de liens? Dans les migrations,
comme dans les figures paradoxales d’Escher, les ruptures et les continuités résument, au fond, le
même ensemble dynamique. Dans le tableau ci-après d’Edgar Rubin, nous pouvons voir que la coupe
ou que les profils ; de même, par analogie, dans notre cas d’analyse des traits de la figure du migrant,
soit les ruptures soit les continuités. Le passage d’une figure à l’autre, d’un état à l’autre ce passe au
niveau de notre perception. Quand une figure s’actualise l’autre passe dans un état potentiel.
Aujourd’hui, l’évolution de nos sociétés vers une modernité « liquide » comme l’appelle Zygmund
Baumann confère plus de sens à la continuité qu’aux ruptures, qui resterons bien dans l’ensemble du
tableau mais dans un état potentiel. Qu’elles vont se déplacer, changer de nature, réoccuper la scène
des migrations dans l’avenir, c’est l’évolution de la société entière qui sera responsable et qui
dirigeras notre regard.

source: Edgar Rubin, Vase,1915

3
Pour définir et comprendre le fonctionnement du migrant connecté, je propose ici 4 niveau d’analyse,
s’appuyant sur plusieurs travail de terrains et de recherches.

1. Situer la place du migrant dans un système global de mobilités.

Notre approche générale s’inscrit dans la logique du « paradigme de la mobilité », telle quelle a
été formulée par Alain Tarrius à la fin des années 803 et à laquelle nous allons ajouter un
« étage » : les mobilités engendrées par l’usage des TICs et un cercle comparatif plus large ,
intégrant dans l’analyse aussi les « non-migrants ». En déclinant les principes énoncées par Alain
Tarrius dans des situations nouvelles, avec des outils d’analyse émergents des supports TIC, nous
essayons de répondre à quel point mobilités des migrants et des non-migrants diffèrent encore.
Au lieu de ne voir que le caractère discontinu des territoires appréhendés à partir des pratiques
de mobilité migrante et non-migrante, nous allons chercher à penser et de prouver le continuum,
tant dans l’espace que dans le temps, à travers les multiples mouvements qui s’accumulent et
s’articulent dans la vie de chacun. Considérer le migrant dans la totalité de ses mobilités (
physiques, imaginaires, virtuelles) et vérifier l’existence d’un passage dans notre société d’une
sédentarité dominante à une hypermobilité dominante, tel sont les enjeux heuristiques que
constituent notre approche à ce niveau d’analyse.
Je ne vais insister plus, sur ce point, les études sur les « circulations migratoires » de Gildas
Simon, d’Alain Tarrius , des chercheurs de Migrinter ou celles très nombreuses inspiré par leurs
travaux sont des démarches voisines. Introduire les mobilités engendrées par les connexions TIC,
élargir le cadre comparatif avec le non-migrant, mettre au point un système d’observation
Wherenet ( sur lequel on va revenir un peu plus tard) sont les nouveautés que j’apporte à une
démarche méthodologique déjà bien rodée.

2.L’installation relationnelle de la mobilité

Le lien, (certaines fois plus que le contexte économique) est créateur de mobilité.
Le deuxième niveau d’analyse questionne d’abord un lieu commun des nouvelles tendances de la
sociologie des migrations : la tentation de quitter la problématique de l'intégration pour mieux
marquer la nouveauté circulatoire des phénomènes migratoires contemporains. Or, s'il est vrai que
ces circulations migratoires ne peuvent plus se rapporter à des processus sociaux qualifiés en
termes classiques d'intégration, d'assimilation, d'insertion, on s'aperçoit que l'on se trouve dans la
situation d'un renversement de perspective. En effet, les questions d'intégration devront être
reconsidérées dans le contexte spécifique de la multiplication des déplacements temporaires et de
la participation à une variété de milieux sociaux.

Pratiquement dans toutes les enquêtes que nous avons menées et dans tous les récits biographiques
des migrants que nous avons enregistrés, nous avons pu constater un épisode dans lequel « un
ami » devenait pour un certain temps la personne ressource, qui protège et qui socialise, à la fois
capital d’installation et de mobilité. C’est notamment grâce à cet ami que les migrants ont pu
trouver du travail ou un commerce, et c’est grâce à son invitation, certifiant officiellement
l’hébergement, qu’ils ont obtenu un visa de circulation dans l’espace occidental.
Si les autorités semblent se contenter du caractère provisoire et non institutionnel de ce type de
migration, notre hypothèse est que, à cette situation d’armistice informel, ont contribué d’une
manière décisive les sociétés d’accueil, les individus et non pas les institutions. Les migrants, sans
papiers mais avec des amis, ont réussi leur insertion sur le marché international. Cette forme
sociale d’intégration par le bas, source de l’installation dans la mobilité de milliers de migrants
sans capital financier ou institutionnel solide, questionne non seulement la nature de toute
politique migratoire mais aussi notre vision sociologique des migrations.

3
voir l’Anthropologie du mouvement, Paradigme, Caen, 1989 : l’auteur prend simultanément en compte trois « étages », trois
niveaux d’analyse du rapport espace/temps caractéristiques des mobilités migratoires: les déplacements de proximité, les
déménagements à l’intérieur de l’espace d’accueil, et les grands parcours migratoires internationaux.

4
Que ce soit une solidarité spontanée ou un profit bien compté, cette compétence « à faire le lien »,
de nouement d’amitié, a amorti les procédures d’éloignement dictées par les nouvelles règles de
l’espace Schengen et a assuré par un continuum social le succès du projet de mobilité.

J’appelle « installation relationnelle » le dispositif social par lequel le migrant organise sa vie en
mobilité. Les installations relationnelles sont particulièrement visibles dans l’organisation du
départ et au retour des voyages mais aussi dans ce « travail d’intégration intermittente » que j’ai
décrit ci-dessus. Le continuum social fait sens également dans la gestion de maintien des relations
et des activités à distance.

Dans la préparation des déplacements, dans l’orientation à l’intérieur de l’espace parcouru, dans
l’organisation des rencontres, l’usage des TIC devient incontournable.
Contrairement à ce que laissaient supposer certaines analyses prospectives de ces dernières
années, les technologies de l’information et de la communication ont permis une amélioration de
la qualité et de la rapidité des services rendus, mais n’ont pas du tout entraîné – sauf à de rares
exceptions – une réduction des déplacements. Ce constat prend un sens particulier quand on a
affaire à des migrants et à un contexte politique généralement défavorable à leur mobilité.
Adoptant la plupart des moyens de communication modernes, les migrants ont ainsi développé des
tactiques inédites de mobilité, d’intégration dans les sociétés d’accueil et de combat pour la survie
communautaire.
Soumis à l’impératif de parler beaucoup et fréquemment à la famille restée à la maison tout en
étant contraints par les coûts élevés des communications internationales, les migrants “chassaient”
toute situation avantageuse dans les systèmes communicationnels, fixes ou mobiles. Promotions,
passage aux messages écrits, et in extremis exploitation des failles dans le réseau, sont recherchés
avec zèle pour satisfaire «la compulsion de la proximité » et sont à l’origine de la production des
différentes formes de présences à distance au moins intermittentes, utiles et nécessaires à la
maintenance des relations familiales et communautaires.

L’évolution des pratiques de communication, - depuis les simples modalités « conversationnelles»


où la communication supplée à l ’absence, jusqu’aux modalités « connectées » où les services
entretiennent une forme de « présence » continue malgré la distance-, a introduit le plus
important changement dans la vie des migrants : non seulement les pratiques migratoires ont été
révolutionnées, (notamment l’activation des réseaux, l’organisation à distance, le contrôle des
déplacements) mais également le vécu de la mobilité et, implicitement, la construction de
l’installation relationnelle.
Les formes de partage se transforment : classiquement, on prenait des nouvelles, on se racontait
ce qui est arrivé .« Désormais, observe Christian Licoppe4: on communique pour dire une
sensation, une émotion immédiate, l’état dans lequel on est. C’est un autre mode de construction
de la relation. Cette forme de présence connectée ( qui n’est qu’une autre traduction d’ ici et là-bas
en même temps n.n.) est très sensible aux modes de téléprésence : elle change de nature cognitive
et émotionnelle en fonction de la richesse interactionnelle. Et, il y a naturellement une affinité
spécifique des services multimédias mobiles avec la gestion des relations et des situations en mode
« connecté » - conclut le sociologue.

À ce propos, il nous semble que l'analyse d’Abdemalek Sayad présentant l’expérience migratoire
comme une “double absence” ne fait plus sens, du fait de l'émergence d'un espace social de
“présences” : les générations d’aujourd’hui, qui s’installent dans la mobilité, sont dotées d’une
exceptionnelle capacité à actualiser en permanence le lien avec leur environnement d’origine, tout
en établissant des contacts avec les sociétés des pays de destination. L’idée de “présence” est donc
désormais moins physique, moins “topologique” mais plus active et affective, de même que l’idée

4
Christian Licoppe, Mobiles et sociabilité interpersonnelle : la présence connecté, in Daniel Kaplan, Hubert
Lafont (sld), Mobilités.net, L.G.D.J, Paris, 2004, pp.157-161 ; également de même auteur : « Sociabilité et
technologies de communication : deux modalités d’entretien des liens interpesonnels dans le contexte du
déploiement des dispositifs de communications, in Réseaux, n°112-113, 2002, pp.173-210,

5
d’absence se trouve implicitement modifiée par ces pratiques de communication et de co-
présence. Les socialités nées de ces “présences” connectées se manifestent par une multiplication
des déplacements et des contacts directs, ce qui rend plus manifeste encore la dimension précaire
et temporaire de la mobilité des migrants, ainsi que la densité de leur réseau relationnel.
Au-delà de l’opposition entre présent et absent, se construisent de fines graduations qui incitent à
repenser la relation aussi bien lointaine qu’immédiat dans une perspective de continuité. La
variable communicationnelle devient ainsi un critère explicatif déterminant de l'évolution des
pratiques d'installation relationnelle du migrant.

2. Identifier les réseaux d’appartenance mobile

Notre vie sociale est profondément ancré dans les technologies mobiles. Qu’il s’agisse de
communication, d’information ou d’accès, ces terminaux que nous portons avec nous, nous
interconnectent, nous donnent accès à différents services (de transport, bancaires, de circulation,
de contrôle) et à différents espaces. Ils sont les supports matériels de la connexion à nos
appartenances citadines, nationales, bancaires, sociales, familiales, etc. La portabilité de ces
réseaux d’appartenance marque la vie de chacun. Migrant ou non migrant, pratiquement tous, se
trouvent soumis à une logique d’accès : pour circuler, pour sortir de l’argent de la banque, pour se
soigner, pour entrer chez soi, pour appeler, etc.
Pour rendre compte des mutations anthropologiques de la mobilité de nos ancrages, Dominique
Boullier5 propose le néologismes habitèle pour désigner notre forme d’appropriation (matérielle et
symbolique) d’un espace de réseau. Dans la littérature sur les migrations existe beaucoup d’études
centrées sur l’organisation des réseaux des migrants, mais peu d’entre elles prennent en compte
leur capacité de s’approprier les réseaux dans lesquels il sont inscrits.
L’avènement de l’âge de l’accès que Jeremy Rifkin a prédit dans l’économie, suppose le passage
d’un régime de propriété, fondé sur une notion de patrimoine amplement distribué au sein de la
société à un régime qui repose sur l’usage à court terme de ressources contrôlées par des réseaux
de prestataires. Que les espaces auxquelles nous nous sentons appartenir ne sont plus seulement
des territoires mais aussi des réseaux, c’est déjà un acquis. Plus libre de géographie, on peut
penser que le migrant connecté gagne en autonomie. Mais le passage de l’habitat à l’habitèle,
entraîne également la transformation du régime de l’hospitalité. Dans l’espace privé, c’est de
moins en moins l’accueil qui est invoqué mais l’aide à l’accès : pour un migrant, partager le carnet
d’adresse de « mon Français », utiliser son compte pour héberger des chèques de paiément,
acheter un téléphone mobile avec son aide, sont autant des preuves d’hospitalité que des pas vers
l’intégration. Dans l’espace institutionnel, les organismes chargés de la gestion des étrangers
deviennent de plus en plus des « e-administrations » : site d’accueil, fichiers d’enregistrement,
carte aide au transport publique, carte vitale, carte d’identité à fonctions multiples (pourrons faire
l’office également de carte bancaire, passeport ) adresse électronique, etc.
Ce que nous retenons c’est la continuité des services, qui est cherchée avec zèle aussi bien par les
utilisateurs que par les prestataires. L’interconnectivité à toutes les échelles géographiques et
fonctionnelles, bien qu’encore peu effectif, c’est une utopie qui alimente la production de tout un
patrimoine d’habitèles. Ces équipements tiennent un rôle important dans la construction de la
localité mais aussi de la mobilité. La question d’appartenance est devenue intimement liée aux
modes d’accès. (il suffit de prendre comme exemple des services comme OWS-IDCarte , e-justice
ou MoneySend )

4. Travailler la « mémoire » des mobilités

Les « e-pratiques » communicationnelles et organisationnelles des migrants et la transition des


documents papier vers des supports électroniques (documents d'identité inclus) produisent sur la

5
Dominique Boullier, « L’urbanité numérique », L’Harmattan, Paris,1999 p.43

6
toile (avec des régimes d'accessibilité plus ou moins contrôlés) un corpus vaste, en errance et peu
investigué. Cependant, ce sont ces traces électroniques susceptibles de nous apprendre mieux le
fonctionnement des réseaux transnationaux, de mesurer l'intégration et l’organisation des
migrants, de comprendre la nature de la surveillance menée par les institutions chargées du
contrôle des étrangers.
Cette délégation de mémoire de nos mobilités vers les outils d’enregistrement est sans précédents
et nous permet, -pour ne pas dire nous oblige- à ouvrir un nouveau terrain d’observation.

Le quatrième niveau d’analyse concerne les stockages et le traitement permis pas les TIC des
traces de mobilité et de connexions sédimentées sous différents supports informatiques.

La documentation sur les migrations supposait jusqu’à récemment la collecte de fonds composés
de données quantitatives, d’artefacts matériels, d’écrits et de documents audiovisuels qui
prouvaient les pratiques des personnes installées dans la mobilité et témoignaient de leur époque.
Les migrants, tout comme ceux qui ont à charge de gérer leur mobilité, ont de plus en plus recours
aux technologies de l’information et de la communication, générant sous forme numérique une
masse importante de données. De plus, la nature même de l’information numérique, sa plasticité,
la durée de vie des supports et systèmes, engendrent des formes nouvelles d’effacement. Ainsi
dans ma démarche, j’ai été confronté en premier temps à l’impératif que nous avons de conserver
certains dispositifs qui menaçaient de se perdre – tel à été le cas du fameux le site Pajole des
sans- papiers de Saint Bernard. Mais, une fois ce travail commencé, je me suis rendu compte que
les documents numériques étaient omniprésents, d’une grand variété de format, de médium et de
contenu: courriers électroniques, fichiers administratifs, SMS, documents audiovisuels, dans
toutes les langues possible, sur tous les supports possibles. A l’accumulation des archives
succèdent les sédimentations des formats de documents, des versions de logiciels pour les lire, la
fragilité des supports de sauvegarde, la difficulté de donner cohérence, et donc sens, à l’ensemble.
Confronté à une grande problème d’anomie et de poids informationnel, mon deuxième souci, a
été de ne pas tomber dans une navigation errante. C’est là que surgissent comme centrales les
questions d’organisation d’une production électronique à valeur scientifiquement probante. Cet
enjeu s’est concrétisé dans un projet collectif de chercheurs qui ont intégré, à la MSH, le Groupe
TIC/Migrations. Ce projet, qui porte sur la constitution d’archives Web sur les migrations, donne
l’occasion d’une réflexion sur une sociologie « électronique » des migrations. Il s’agit d’étudier
de longues séries d’épreuves collectées automatiquement grâce à une sonde conçue à partir des
corpus proposés par les chercheurs, et de les croiser avec les connaissances issues de
l’observation directe.

Innover les outils méthodologiques d’enquête

A. Outils conceptuels :
a. la « transition mobilitaire »
Nous faisons référence aux hypothèses de la transition mobilitaire formulées au début des
années 70 par W.Zelinsky6 dans l’intention de conceptualiser les mouvements migratoires
( actuels et potentiels ) dans la période entre la fin de la société traditionnelle et la
formation de la société moderne. Nous avons suivi la démarche de Rémy Knafou7, qui
reprend ce concept en tant « qu’outil d’analyse dynamique qui pourra vérifier l’existence
du passage dans notre société d’une sédentarité dominant à une hypermobilité
dominante ».

6
Wilburn Zelinski, The Hypothesis of mobility transition, in The Geographical Review, Vol. 61, N° 2, april 1971, pp; 219-
250
7
Rémy Knafou, « Les mobilités touristiques et de loisir et le système globale des mobilités », in M. Bonnet et D
Desjeux , Les territoires de la mobilité, PUF, 2000, p.93

7
b. la connectivité :
En informatique la connectivité est une procédure permettant à un utilisateur de se mettre
en relation avec un système informatique et, si nécessaire, de se faire reconnaître de celui-
ci. La connectivité est aussi la propriété d'un réseau de téléinformatique dans lequel il est
toujours possible de relier directement ou indirectement deux équipements quelconques.
Nous l’utilisons ici comme un analyseur global des réseaux techniques et sociaux. Il peut
vérifier l’aptitude du migrant disposant de terminaux informatiques de fonctionner dans des
réseaux différents.

c. la traçabilité

C’est un analyseur complexe qui a plusieurs fonctions : organisateur, identificateur et


intégrateur en identification automatique. Il peut sonder différentes « profondeurs »
historiques8, aires géographiques9, épaisseurs sociales10 et médium technologique11

Testée et appliquée dans le domaine d’économie marchande , la notion de traçabilité a fait


irruption dans le domaine de la mobilité des personnes. Il s’agissait, au début, dans le
commerce, d’une chaîne logistique/emballages12 qui prend en charge la collecte des
informations de la marchandise et trace l’historique des différents moments
d’enregistrement stocké sur un support informatique. Aujourd’hui, de plus en plus, la
traçabilité est devenu un organisateur des différents dispositifs d’archivage (dans l’espace
privé et public) et un objectif central dans le déploiement des technologies de la sécurité
du territoire13. Concrètement, des identifiants électroniques (étiquettes RFID) vont être
utilisés, dans le cadre de tests, pour "automatiser l'enregistrement de l'arrivée et du départ
des voyageurs à pied ou en véhicule." Ces tests, qui débuteront le 31 juillet 2005,
s'effectueront essentiellement dans des villes-frontières avec le Mexique, ou avec le
Canada. Cet identifiant pourrait être ajouté au passeport et l'étiquette restera active après
l'entrée sur le territoire. Ce système de surveillance est complémentaire d’un autre
concernant les compagnies aériennes. Computer Assited Pesenger prescreening system
(CAPPSII) est un duspositif de préfiltrage par ordinateur des passager qui emprunt les
voies aériennes à destination des Etats Unis. Ce système, explique Ayse Cehan14 porte sur
l’échange des fichiers entre différents services des Etats, la collecte et l’exploitation à
distance des données à caractère personnel livrées par les compagnies aériennes15 et la
création de profils types de personnes à risques. Plus près de nous, l’EURODAC, fichier
central des réfugiés en Europe, est un autre exemple de surveillance.

8
à part les productions des documents numérique en temps réel, beaucoup d’archives sont aujourd’hui numérisé ou en train
d’être numérisé. Mais la recherche la plus avancée c’est certainement le projet Genographic lancée par National Geographic
et IBM qui, à partir de l’analyse d’une collecte d’échantillons d’AND prélevès auprès de plusieurs centaines de milliers de
personnes reconstitue l’histoire des migrations et retrance ainsi le peuplement de la planète.
9
Tous les pays, à des degrés différents, informatise aujourd’hui leurs production d’archives, ainsi, par exemple, Monsieurs
X pourrais être trouver dans les fonds d’archives de Pologne et aussi dans le service de généalogie du site de Ellis Island
Immigration Museum etc.
10
nous pouvons établir une traçabilité migratoire : familiale, entreprenorial, transnational etc.
11
la traçabilité migratoire peut être aussi un système de recueil des traces d’utilisation du support sur lequel nous faisons la
recherche . par exemple, reconstituer le parcours de la navigation sur l’internet ou la mobilité d’un usager d’un service géo-
localisable sur un téléphone portable.
12
marquées avec étiquettes électroniques ou codes à barres ou étiquettes RFID (d’identification par radiofréquence)
13
lire Ayse Cehan, « Sécurité, frontières et surveillance aux Etats-Unis après le 11 septembre 2001 », in Culture& Conflits,
N°53, dossier Surveillance politique : regards croisés, 2004 www.conflits.org
14
ibid.
15
ibid ; « ces donnes stocké dans le fichier PNR( Pessengers Name Recorder) sont en nombre de 39 et portent
essentiellement sur les itinéraires, les modes de paiement, les goûts alimentaires, les services demandés à bord,
des services associé comme une location de voiture etc

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De simple concept logistique d’emballage à l'origine, la traçabilité devient
aujourd'hui une ingénierie de l’identité sociale et une obligation juridique16.

B. Innovation méthodologique

Une autre perspective épistémologique ne demande pas seulement de se donner de nouvelles règles
méthodologiques mais aussi d’innover en matière de techniques d’investigation.
Nous avons vu que l’environnement du migrant connecté est fortement marqué par les technologies de
communication, d’accès et de stockage. Les méthodes et les moyens d’investigation devront s’adapter
aussi bien à cet environnement qu’à notre problématique. Sans confondre le champs d’études sur les
interactions dans une situation migratoire avec le domaine de recherche sur les usages des TIC,
munis de toutes les des compétences méthodologiques qui ont fait leurs preuves ailleurs, les
chercheurs doivent aujourd’hui avoir une vue transdisciplinaires et contribuer, à côté des ingénieurs, à
la création des différents dispositifs informatiques susceptibles d’élargir notre terrain, de valider nos
concepts, de trouver des représentations synthétiques à de vastes ensembles des ressources organisées
en différents domaines.
Sondes, logiciels divers, robots de collecte, sont des outils d’investigation électronique conçus pour
sélectionner et extraire dans la masse des informations circulantes des corpus spécifiques à l’usage
des chercheurs. Les prémisses théoriques qui ont fondé ma recherche sur les dispositifs
d'enregistrement s’inscrivent dans ce que l’on peut appeler la « théorie des agrégats » (à partir de
laquelle sont basés certaines techniques spécifique d’extraction). Ma position privilégie plutôt une
solution hybride d’investigation, où l’analyse du chercheur oriente la constitution du corpus et la
complète avec les connaissances issues des enquêtes qualitatives et contextuelles. L’exemple extrême,
du prototype logiciel de traitement sociologique appelé Marlowe17, dans lequel le travail du chercheur
est de « dialoguer » avec un corpus qu’il ne le contrôle pas, me semble excessif.

Aujourd’hui, à titre d’exemple, sans entrer dans les détails,- ni dans les résultats pour l’instant encore
partiels -, je mentionnerai ici brièvement quelques éléments d’une enquête en cours , Wherenet, que
je mène à L’ENST Paris en collaboration avec Christian Licoppe, Zbikniew Smoreda et Cezary
Ziemlicki.

Wherenet , est une étude exploratoire sur la relation entre usages des services mobiles et mobilité
spatiale. On ne sait que très peu de chose sur les corrélations entre mobilité géographique et usages des
services de communication mobile. Quels lieux et quelles situations sont adaptées à quelles pratiques
de communication ? Dans quelle mesure les formes de déplacement de l’utilisateur (selon l’échelle
géographique, les moyens de transports utilisés, les types d’inscriptions dans des formes d’activité et
de socialisation) influent-ils sur la communication mobile? L’accès aux équipement mobile a-t-il en
retour une influence sur la mobilité spatiale? Y a-t-il une différence sensible dans les usages des
téléphones mobiles selon que les utilisateurs ont des biographies et des expériences plutôt
« sédentaires » ou « migratoires » ? C’est cet ensemble questions qui a orienté notre démarche.
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c’est une situation préoccupante pour toute la société car la préservation de certains droits fondamentaux de la
personnes (le droit à l’anonymat, le droit de ne pas être surveillé, le droit de maîtriser la diffusion des données qui
nous concerne) est menacée

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Marlowe (nom de code : MRLW) « est en effet dépositaire de structures de représentationet de stocks de
connaissances qui permettent de lui déléguer des tâches d’enquête fastidieuses. Ses ressources étant en grande
partie externalisées, MRLW peut permettre un travail collectif via le cumul de concepts et d’exemples, de règles
et de procédures éprouvées sur différents dossiers. Contrairement au chercheur humain, MRLW peut explorer, et
exploiter, sans autre limite que les capacités de la machine qui l’abrite, d’innombrables combinaisons. Comme la
restitution pure et simple de l’ensemble des combinaisons ou des chemins possibles n’aurait aucun sens –
augmentant considérablement le travail interprétatif du chercheur – le dialogue sert de cadrage, ou plutôt
d’espace de négociation des prises pertinentes par lesquelles s’affirme la maîtrise d’un ou de plusieurs dossiers ».
Fracis Chateauraynaud , “ MARLOWE, vers un générateur d’expériences de pensée sur des dossiers complexes ”, Bulletin
de Méthodologie Sociologique, n. 79, July 2003, p. 6-32

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Il s’agit d’une enquête ethnographique ( analyse des objets portés sur soi, qui « donnent accès » et qui
équipent les mobilités individuelles, entretiens sociologiques qui permettent de fonder empiriquement
une compréhension croisée des comportements de mobilité et de communication) et quantitative plus
globale, basée sur un dispositif nouveau de production de données. Celui-ci repose sur un logiciel
conçu à France Télécom R&D, qui s’implante sur des téléphones mobiles de type GPRS, et permet
d'enregistrer simultanément les traces d'usage liées aux communications mobiles (voix, données,
images) et les déplacements de son possesseur (via la localisation des cellules traversées par le
terminal). L’échantillon utilisé dans notre enquête a été limité à une vingtaine de personnes
représentatives, migrantes et non-migrantes, en situations résidentielle et occupant des emplois
différents. Elles ont été équipées en mobiles dotés d’un logiciel sonde. Elles ont eu la possibilité de le
désactiver quand elles l’ont souhaité, et nous avons signé un engagement sur la confidentialité des
données collectées. Ces personnes ont été suivies grâce à ce dispositif automatique pendant 6 mois.
Un travail de construction des indicateurs et des questionnaires a été effectué à partir des premières
données obtenues avec le logiciel sonde, suivi par une série d'entretiens individuels qui ont été
réalisés pour qualifier les connexions, les parcours géographiques, les activités associées. Les
informations obtenues dans l’entretien ont été codées, corrélées avec les données recueillies et
cartographiées. Bien que partiels, les résultats laissent entrevoir que la distinction entre pratique de
mobilité des migrants et pratique de mobilité des « sédentaires » est de plus en plus difficile à cerner.

Bibliographie

Boullier D., L’urbanité numérique , L’Harmattan, Paris,1999


Ayse Cehan, « Sécurité, frontières et surveillance aux Etats-Unis après le 11 septembre 2001 », in Culture&
Conflits, N°53, dossier Surveillance politique : regards croisés, 2004 www.conflits.org
Chateauraynaud F, “ MARLOWE, vers un générateur d’expériences de pensée sur des dossiers complexes ”,
Bulletin de Méthodologie Sociologique, n. 79, July 2003, p. 6-32
Rémy Knafou, « Les mobilités touristiques et de loisir et le système globale des mobilités », in M. Bonnet et D
Desjeux , Les territoires de la mobilité, PUF, 2000, p.85-94
Licoppe Ch., Mobiles et sociabilité interpersonnelle : la présence connecté, in Daniel Kaplan, Hubert Lafont
(sld), Mobilités.net, L.G.D.J, Paris, 2004, pp.157-161
Licoppe Ch ., « Sociabilité et technologies de communication : deux modalités d’entretien des liens
interpesonnels dans le contexte du déploiement des dispositifs de communications, in Réseaux, n°112-113, 2002,
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Sack R, 1986, Human Territoriality, Cambrige, Cambrige University Press, 1989
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Tarrius A., l’Anthropologie du mouvement, Paradigme, Caen, 1989
Urry J., Sociologie des mobilités, Armand Colin, Paris, 2005
Zelinski W. , The Hypothesis of mobility transition, in The Geographical Review, Vol. 61, N° 2, april 1971,
pp.219-250

Les dossiers:
d. Migrants.com in Hommes et Migrations, n°1240/ nov-décembre 2002 ( sld de Dana
Diminescu)
e. Les documents numériques : méthodologie d’archivage et perspectives des recherches
sur les migrations, Migrance, N°25-26, 2005 ( sld de Dana Diminescu)

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