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Résumé :
À force de poser la problématique des rapports entre Bible et science en termes de conflit ou
de démarcation absolue, l’on en vient à négliger le fait que les deux sont attaquées dans leur
commune prétention à la vérité. La Bible ne serait qu’un texte écrit de mains d’hommes
purement hommes, et la science, un simple vivier de recettes pour la satisfaction de nos
besoins pratiques. Les lignes qui vont suivre voudraient contribuer à attirer l’attention des
chrétiens sur les enjeux attachés à cette question. Pour ce faire, nous sollicitons l’aide de deux
disciplines auxquelles nombre de chrétiens africains restent encore trop étrangers :
l’apologétique, qui permet la défense, notamment sur le front intellectuel, de l’espérance qui
est en nous, et l’épistémologie, qui permet de réfléchir sur les sciences d’un point de vue qui
soit à même de les aider à poursuivre leur propre objectif de vérité, en tant qu’elle ne saurait
se réduire à un objectif d’utilité. Spirituelle ou objective, la vérité est de Dieu, et le diable, qui
est le père du mensonge, ne peut qu’en affaiblir la nécessité et le sens. Nous nous efforçons
donc de montrer en quel sens et avec quel bonheur les combats respectifs de l’apologétique et
de l’épistémologie se soutiennent et se sous-tendent, et d’articuler les raisons pour lesquelles
l’église d’Afrique devrait y porter une bien meilleure attention.
Éléments biographiques
Docteur/NR, HDR de l’Université de Picardie Jules Verne et Professeur titulaire des universités, Jacques Chatué
est Chef du Département de Philosophie, Psychologie, Sociologie de l’Université de Dschang, et Responsable de
l’Unité de Recherches en Philosophie et Sciences Sociales Appliquées. Il est par ailleurs membre de diverses
sociétés savantes, et auteur d’une dizaine d’ouvrages, ainsi que d’une trentaine d’articles notamment
d’épistémologie et d’exhortation chrétienne. Depuis avril 1977, Jacques Chatué est membre du Groupe Biblique
des Élèves et Étudiants du Cameroun, et actuellement Ancien d’église à l’Église Évangélique du Cameroun,
Paroisse de Foto (Dschang). Il est marié et père de trois enfants.
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À titre principal, Spinoza, préparant en cela les penseurs des Lumières, s’est fondé sur
la difficile parturition de la science moderne pour rejeter la Bible ; de même Nietzsche,
quoique se réclamant de lui, s’est fondé sur la crise de la science moderne, survenue depuis la
seconde moitié du XIXème siècle, pour rejeter la science. D’où la confusion actuelle qui
suggère à plusieurs, et surtout aux penseurs postmodernes, que la vérité, qu’elle soit biblique
ou scientifique, est tout simplement dénuée de sens. Moralité : à chacun sa vérité ! Aussi faut-
il insister à dire que l’apologétique chrétienne, qui a vocation à répondre aux objections
élevées contre la saine doctrine biblique, doit en outre se préoccuper de répondre aux
objections visant à dévaloriser les sciences, car ces vérités trouvent leur vraie impulsion dans
la Bible, d’où nous tenons la certitude de l’objectivité du monde et celle de l’existence de lois
dans la nature. Pareillement, l’épistémologie, qui a vocation à expliquer la science tout en
favorisant son progrès, doit en outre se préoccuper des objections visant à prendre la science
pour appui pour mener des combats qui ne sont pas les siens : combat laïciste, établissant la
science comme l’antidote de la religion ; combat scientiste, faisant de la science notre
nouvelle et commune religion.
Tout à l’opposé de cette manière de voir, le but des lignes qui suivent est donc
d’articuler ce lien de complémentarité entre Bible et science, à l’effet de souligner le besoin
urgent qu’a l’Afrique de se préoccuper, indissociablement, de ces deux formes très
exceptionnelles de vérité.
Rien ne fortifie, plus que l’apologétique chrétienne, l’idée qu’il n’y a pas de science
absolument neutre de tout préjugé, de tout intérêt, de toute vision du monde, de toute
croyance. Rien ne justifie, mieux que l’apologétique chrétienne, l’idée que les convictions du
chercheur puissent jouer un rôle éminent dans le processus de découverte. Mais surtout, de
manière spécifique, la foi chrétienne nourrit en nous la confiance en la raison (confiance
insuffisamment fondée lorsqu’on en fait un simple pouvoir d’adaptation suscitée en nous par
l’évolution et son processus de sélection naturelle, ou une simple leçon de l’expérience
transmise par la tradition, à force de réaliser que l’habitude de penser ou d’agir selon la raison
est plus payante qu’une autre, ou une simple leçon de l’épistémologie qui voudrait, à la limite
identifier la raison à la science elle-même, comme c’est le cas chez Spinoza). Si la raison
existe en Dieu avant d’exister en l’homme ou en la science, alors l’habitude de penser selon
les pensées de Dieu nous libère de la tendance qu’a la raison à prendre elle-même des
habitudes. Les plus grandes découvertes surgissent du côté des théories et non du côté des
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faits. Elles sont dues à des hommes qui se sont mis à raisonner autrement. Or Dieu nous
habitue à raisonner autrement, à raisonner mieux que le commun, mais sans détruire notre
raison commune. Si la raison est antérieure à la nature et n’en dépend pas entièrement, alors
elle n’est pas prisonnière de la science connue, de la science faite, et peut donc s’ouvrir à la
science en train de se faire, à la science tournée vers le possible. Enfin, si la nature doit se
savoir créature, alors la science de la nature ne peut évoluer qu’en tenant bout à bout son
désir d’illimité et la conscience de ses limites. Autant dire que la défense de la foi contribue à
celle de la vraie science : la science en train de se faire. D’où la fécondité heuristique de
l’apologétique.
Tout ce qui fait espérer dérange. La plus grande espérance jamais offerte aux hommes
est Christ Lui-même : « Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Colossiens 1 : 27). Le
diable, ennemi de nos âmes, œuvre à dissoudre cette espérance, au point de remettre en cause
la notion même de salut : l’homme n’aurait pas besoin d’être sauvé, car il n’y a pas de péché
originel, car la vie n’aurait pas besoin d’un sens qui lui soit extérieur, car l’homme trouvera
un jour un remède contre la mort, etc., idées fortement défendues par des philosophes dont
Paul était sûr qu’ils allaient se reproduire de génération en génération. D’où la mise en garde
de Colossiens 2 : 8. De même la justice, la miséricorde et la fidélité (Mathieu 23 : 23)
seraient des valeurs de faibles (Nietzsche), et, à la limite, des valeurs privées ; enfin,
l’ « affaire Galilée » et le « procès du singe » attesteraient que Bible et foi ne peuvent que se
combattre, que donc la science n’a rien à attendre de la Bible.
qu’il est, d’une certaine manière, prioritaire. Mais le front académique a une particularité
évidente : c’est là que se forgent les idées et les idéaux avec lesquelles l’on forme et formate
l’intelligence des leaders des nations.
Face à ces défis, l’on constate que la théologie tend à marcher sur un seul pied : le pied
de l’exégèse, qui, en général regroupe les principales méthodes qui permettent d’accéder au
sens des Écritures. Mais un athée peut exceller dans l’exégèse, expliquer la parole de Dieu
sans y adhérer, et en se mettant toujours au risque de la déformer. Le second pied de la
théologie, c’est l’apologétique, l’ensemble des méthodes permettant de défendre les Écritures,
au lieu de se limiter à les expliquer. Il faut bien prendre conscience du fait que la foi, et
spécialement la foi chrétienne, est attaquée de l’extérieur, par les athées, les sorciers, les
religions concurrentes, et, de l’intérieur, par les théologiens libéraux et néolibéraux, et par
tous ceux qui, se disant nés de nouveau, trahissent leur Seigneur par la pratique du péché : la
religiosité qui ne dit pas son nom. La défense de la foi suppose donc de se définir comme
Christ nous a défini à la fin de son ministère terrestre : comme des témoins, des signes du
Royaume des cieux, et, au fond, des martyrs potentiels ou actuels, des personnes qui apportent
la preuve de Christ par une vie transformée et qui, au quotidien, se transforment encore, de
gloire en gloire à l’image du divin modèle, selon Luc 6 : 40. Mais la défense de la foi suppose
que l’on puisse braver, dans des confrontations directes, arguments contre arguments, les
raisonnements qui, s’appuyant sur les valeurs humaines les mieux établies, mettent à mal
l’espérance qui donne un sens à notre foi. Ces valeurs humaines les mieux étables, ce sont la
science, le droit, la sincérité. Or aucune de ces valeurs humaines les mieux établies n’égale la
foi, source de la plus grande espérance.
La critique des notions de préjugé, d’idées reçues, de stéréotype, etc., a pour objectif
majeur la destruction de la foi biblique, en particulier, tandis qu’un certain respect demeure
pour les autres formes de foi, y compris pour les formes les plus irrationnelles (qu’on met au
compte de la culture), et formes les plus ésotéristes et les plus cruelles (qu’on met au compte
de la liberté religieuse). Très communément, on impute la mort au Prince de vie, et on
construit la paix sans le Prince de la paix. Christ promet la liberté, on n’y voit que de
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l’esclavage.
Rappelons que la foi chrétienne a été visée de front par le siècle des Lumières. Or il se
peut que le post-modernisme ne soit pas avant tout un anti-modernisme, mais sa continuation
par d’autres moyens, non philosophiques. Dans son livre intitulé : Réponse à la question :
Qu’est-ce que les Lumières, Emmanuel Kant laisse entendre que les Lumières signifient
l’accès de l’humanité à la maturité, qui lui permet de suivre sa propre voie et de se donner ses
propres normes. Il s’agit de trouver, par la seule réflexion humaine, une alternative au
Commandement et à l’Autorité. Son injonction : « Sapere aude » : « Ose savoir », empruntée
au poète latin Horace, définit la condition sine qua non de la maturité. La seule conformité à
la raison et à la discipline que l’on s’est soi-même donnée garantit notre liberté. De son point
de vue, si l’homme se libère de Dieu, c’est pour se soumettre à la raison naturelle. Cette
injonction libertaire va cependant jouer contre l’humanisme kantien et donc contre la morale,
fût-elle rationnelle. De l’autre côté de la seconde guerre mondiale, les hommes ne voudront
plus se plier qu’à leur seuls intérêts et à leurs seuls désirs. La nouvelle injonction libertaire se
déclinera alors en ces termes, trop connus : « Il est interdit d’interdire » ; injonction que l’on
transportera, au cœur des droits de l’homme, par la consécration absolue de la notion de « vie
privée » (voir par exemple Ronald Dworkin). Chacun de nous serait un absolu, une
« substance » au sens où l’entendait Spinoza, et qu’il faudrait reconnaître à l’individu au lieu
de faire de celui-ci un simple « mode » (voir par exemple Gilles Deleuze). Autant dire que
chacun de nous devient un dieu souverain, au moins dans cette sphère de jouissance et de
souveraineté axiologique que constitue précisément la « vie privée ». Dans cette perspective,
l’on s’emploiera à déplacer l’idée de norme vers celle de « normativité », au fur et à mesure
que le post-modernisme plaidera en faveur de la pure et simple absence de norme extérieure à
l’individu (voir Michel Foucault)…
Tout naturellement, ces discours contre la morale, sur fond de discours contre Dieu,
préparent un mode de coexistence conflictogène, et la société actuelle n’obéit plus qu’à la loi
de la guerre. D’où cette situation où les dépenses pour la guerre surpassent de loin, et de plus
en plus, les dépenses pour la paix. Les droits de l’homme, qui doivent apprendre aux hommes
à vivre ensemble, et même simplement à vivre, entrent en contradiction avec la logique
absolue de la propriété absolue. Robert Filmer le pressentait, qui écrivait : « les deux grands
sujets favoris, la liberté et la propriété (que la plupart des hommes prétendent s’efforcer
d’obtenir), sont aussi opposés et incompatibles que l’eau et le feu (« Remarques sur la
« politique » d’Aristote », cité in Michael Hardt, Antonio Negri, Commonwealth, Paris, Stock,
exergue du chapitre 1). Tout se passe comme si la critique marxiste de la propriété n’avait fait
qu’en exacerber l’importance, et comme si la sécularisation de l’autorité n’avait fait que
l’annuler. Cette absolutisation de la propriété est au centre de l’idéologie néolibérale, telle
qu’elle figure notamment chez Friedrich von Hayek (voir notamment : Droit, législation et
liberté), grand inspirateur de Ronald Reagan et Margaret Thatcher.
Bien en-deçà du succès tonitruant de ces auteurs, les penseurs qui auront donné la
forme la plus profonde, la plus conséquente et la plus outrancière à ce vent d’autonomie, ce
sont le philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel, et, plus près de nous, le
philosophe français Jean-Paul Sartre. Par eux, la science sera détournée de sa fonction de
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connaissance et de sagesse, vers la fonction d’« élargissement » de l’homme, cette fois par
rapport à Dieu surtout, et non plus, comme chez Descartes et chez Kant, par rapport à la
nature surtout. D’où une certaine négligence de la science, de la technique et du travail
matériel. Ils sont responsables, par ailleurs, de l’orientation littéraire de la « culture », qui
nous empêche encore de rattacher d’une manière convenable la culture à l’économie, à la
science, à la technique, au travail manuel, et en particulier à l’agriculture. Or ces mauvaises
philosophies de la culture ont une fonction cultuelle : élever l’homme au statut de Dieu.
L’homme déifié n’a pas besoin de Dieu, puisqu’il trouve Dieu en lui-même, selon une
tentation aujourd’hui assumée, sur un autre terrain, par le New âge. L’essentiel est que
l’homme ainsi redéfini ne se pose plus comme créature, et, surtout, ne se conçoit plus comme
pécheur ; ce qui remet en cause, finalement, la nécessité du salut et, par suite, le plan de salut
en Jésus, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Il leur a fallu détruire la référence
au péché, pour annuler, ou bien atténuer, le besoin que nous avons de Christ.
Nous disons alors qu’une certaine manière de voir la science moderne continue de
préparer cet état de choses. Rappelons-le, de Descartes, chrétien équivoque, nous tenons
l’idée que la science reflète et exprime l’essence rationnelle et autonome de l’homme. À sa
suite, deux disciples vont aller plus loin : Spinoza, qui met en place l’idée complémentaire
que la science institue un nouvel ordre culturel : la « vraie culture », qui à la fois met fin à
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l’ancien ordre cultuel et élimine la nécessité même du culte, et Leibniz, qui, par un trésor
d’érudition multidisciplinaire, développe l’idée insidieusement prioritaire que la science
repousse le culte mais sollicite l’occulte, comme son approfondissement et son prolongement.
Face à cet affairement frontalement anti-chrétien, il faut souligner le fait que loin
d’être strictement défensive, l’apologétique chrétienne a vocation à contribuer à l’évolution
des sciences en veillant sur sa stricte identité : celle qui, le mieux, permet sa fécondité, son
progrès. Ainsi Pascal, chrétien évangélique, rattache la science non plus à l’essence présumée
de l’homme, mais à sa condition, dont dépendent toutes ses activités, y compris les plus
élevées. L’homme qui fait la science reste un homme, avec sa mortalité, avec ses influences
politiques (Lyssenko), sociales (Bourdieu), culturelles (Latour), mais aussi spirituelles
(Dooyeweerd). L’essentiel est alors de veiller à ce que, loin d’obérer le progrès des sciences,
ces influences apportent la preuve de leur efficience heuristique. Ainsi voit-on que le chemin
de la science ouvert par Pascal et suivi par Newton, et qui insiste sur les parts respectives de
l’observation prudente et de la mathématisation non dogmatique, parce que faisant une part
aux probabilités, s’avère le plus à même de faciliter le progrès des sciences. L’apologétique
chrétienne a le souci d’apporter à la science un dehors qui lui soit compatible en raison de sa
valeur heuristique et non pas simplement de sa valeur fondative. Sur ce chemin se sont
engagés bien des auteurs chrétiens, dans la continuité d’Augustin et de Pascal. Cornelius Van
Til, Herman Dooyeweerd, Clive Staple Lewis, Francis Schaefer, et, plus près de nous, Henri
Blocher, Pierre Chaunu, Jean Baubérot, Lydia Jaeger, ou Sylvain Bréchet, tout en participant
chacun au combat de sa spécialité académique, ont montré le rôle des présupposés chrétiens
dans l’heuristique scientifique, au sens large du terme.
À la question de Pilate : qu’est-ce que la vérité ? La Bible apporte une réponse à celui
qui a des oreilles pour l’entendre et des yeux pour la voir, car Pilate adresse sa question à
Christ, qui s’était auto-désigné comme étant la Réponse (Jean 14 :6), tout en associant à la
vérité le chemin et la vie. L’apologète entreprend de défendre la vérité personnifiée en Dieu et
la vérité révélée en Sa Parole, d’abord. Ces repères éclairent sa contribution à la défense de
l’idée de vérité dans les sciences, qui portent sur un monde créé et ordonné, comportant des
objets partiellement quantifiables et soumis à des lois que la recherche scientifique a charge
de découvrir tant bien que mal. Comme le souligne Le Grand dictionnaire de la Bible (1962,
Deuxième édition révisée, Excelsis SARL, 2010), le mot de « vérité » a deux sens
principaux : d’abord un sens intellectuel, relatif à l’établissement de faits dont on peut dire
qu’ils sont vrais ou faux, comme on peut le voir notamment dans Deutéronome 17 : 4 ; 1 Rois
10 : 6, et ce sens est valorisé par exemple dans le prologue de l’Évangile de Luc. Ensuite un
sens personnifié, c’est-à-dire existentiel et moral. C’est pourquoi elle ne porte pas seulement
sur ce qui est, sur le réel état des choses (l’«Alètheia » grecque), mais sur ce qui, habitant une
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personne, lui confère crédibilité, sens, profondeur, et valeur. Si donc la notion de vérité
recouvre celles de cohérence (logique), de correspondance factuelle (science) ou ontologique
(métaphysique), elle renvoie prioritairement à la crédibilité, à la fiabilité. C’est ce trait que
l’apologétique chrétienne reconnaît en Dieu et en Sa Parole. Or ces deux aspects de la vérité
sont liés comme l’effet à sa cause : la vérité scientifique étant l’effet, et la vérité personnifiée,
la cause. La thèse théologique de la crédibilité de Dieu, de la fidélité qui est en Lui, de la
fiabilité de Sa Parole, détermine le critère fondamental de la science, à savoir l’objectivité. Ce
n’est donc point un hasard si, aux attaques dirigées contre la véracité de la Bible, font suite
des attaques dirigées contre l’objectivité visée par la science.
Autant dire que la chose est bien attestée : la pensée chrétienne a contribué et continue
de contribuer, de diverses façons, non seulement à la recherche scientifique de la vérité (ainsi
qu’en témoigne le nombre élevé de scientifiques chrétiens de premier ordre), mais aussi à la
défense de l’idée même de vérité (en tant qu’accord entre les faits et leurs explications, accord
entre de la pensée avec le réel, ainsi qu’en témoignent les travaux de nombreux
épistémologues chrétiens). Par l’apologie il apparaît que la vérité se veut entière : spirituelle
aussi bien que morale, juridique aussi bien que scientifique. La passion de l’apologète pour la
vérité entière ainsi définie ne peut donc que stimuler celle du savant porté par le besoin
impérieux de comprendre la nature et non pas seulement de trouver des recettes pour
l’exploiter. En ce sens l’apologétique nourrit l’épistémologie.
Nombreux sont ceux qui veulent comprendre les choses intellectuellement avant de
croire. Car tout le monde ne comprend pas le « patois de Canaan », et il ne faut pas rejeter
ceux qui, devant ce patois, et peut-être sous la longue influence de la culture grecque,
s’avèrent durs d’oreille. Dans la lignée de l’Évangile de Luc au Grec Théophile,
l’apologétique, nous assure Blaise Pascal dans ses Pensées, initialement titrées : « Apologie
de la foi chrétienne », capitalise les preuves scientifiques d’une exceptionnelle compatibilité
entre la foi chrétienne et la vraie science. Au-devant de la masse croissante des disciplines
scientifiques, noyées dans la masse croissante de l’information, l’épistémologie est cette
discipline interdisciplinaire qui aide d’abord à se repérer dans les sciences. De plus,
l’épistémologie protège l’idée de vérité et encourage à faire de la conquête de la vérité la
vocation première de la science. C’est pourquoi sa relation avec l’apologétique contribue
fortement à purifier la science de ses finalités secondes et de ses brouillages pervers.
retardant par exemple la prise en compte de la question des origines du monde dans les
sciences, alors même que l’hypothèse du Big-bang y oblige, ou de celle de la différence
qualitative entre l’homme et le grand singe, proches quantitativement par leurs gènes, mais si
éloignés dans leurs réalisations... L’acharnement anti-biblique de la science contemporaine est
aussi coupable que l’acharnement anti-scientifique du Vatican à l’ère de la science naissante.
L’épistémologie, dont l’un des ressorts-clés est l’histoire des sciences, rappelle par ailleurs à
la pensée chrétienne sa responsabilité dans la formation et le développement de la science
moderne. Du point de vue chrétien bien compris (Sören Kierkegaard distinguait « chrétienté »
et « christianité »), la science apporte de l’intelligence et peut contribuer à la sagesse, mais
elle est conditionnée par la « sagesse de l’intelligence » ; la science apporte de la puissance et
peut contribuer au confort et à la richesse dont l’humanité a besoin ; mais elle devient
dangereuse entre les mains capricieuses et méchantes d’une humanité sans Dieu.
défensive à une attitude prioritairement participative. Celle-ci engage les chrétiens à étudier
plus, en sachant que le Dieu de vérité n’a peur d’aucune vérité, et que valoriser la vérité c’est
déjà, d’une certaine manière, glorifier Dieu Lui-même.
Par rapport au scientisme, il faut dire que là se situent les attaques les plus acerbes
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Enfin, par rapport à la possibilité d’un dehors de la science qui soit son dehors, depuis
la deuxième moitié du XIXème siècle, marquée par la remise en cause des ressorts strictement
objectivistes de la science. Cet objectivisme strict se résume en la croyance en la totale
objectivité et en la totale neutralité de la science. L’objectivisme soutient la double prétention
de la science moderne de pouvoir noter tous les faits, et de pouvoir les expliquer sans reste,
par une théorie acquise par induction, sans aucune considération subjective ni convictionnelle.
Or la découverte récente de la matière et de l’énergie noire, que ne peuvent noter nos sens ni
nos télescopes, et dont les effets sont cependant probants, atteste que la science ne peut pas
noter tous les faits, et l’emblématique débat du Congrès de Solvay qui opposa Albert Einstein
et Erwin Schrödinger, d’un côté, à Niels Bohr et Werner Heisenberg, de l’autre, témoigne de
l’implication forte des convictions dans l’heuristique scientifique. Ainsi donc, on en revient à
l’alliance augustinienne du « croire » et du « connaître ». Ceci contraint d’emblée à prendre
conscience des enjeux à la fois épistémologiques et apologétiques de l’interdisciplinarité qui,
par exemple interpelle, depuis les années 80, les chercheurs à aborder de manière holistique le
problème de l’origine de la vie à partir de considérations à la fois mathématique, biochimique
et philosophique (sur ce point nous renvoyons le lecteur au beau livre de Sylvain Bréchet : Et
la lumière fut, Romanel-sur-Lausanne, Ourania, 2012, dont nous-nous inspirons largement).
Or qui, mieux que les chrétiens, peut défendre le lien originel qui unit la science à la
condition humaine faite d’imperfections et condamnant ses activités à l’inachèvement et, par
suite, à l’humilité ? Qui, mieux que les chrétiens, a intérêt à défendre l’idée d’une vérité de
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double rattachement : rattachement objectif, au sens où elle renvoie à des faits et à des
informations préexistant à l’intervention du chercheur ; rattachement subjectif, parce que les
faits, quoique préexistants, font l’objet d’une prise en charge par le sujet connaissant ? Qui,
mieux que les chrétiens, peut protéger les frontières de la science des incursions ésotéristes
qui, au nom d’une vérité « initiatique » et supérieure, retient la vérité scientifique captive de
présupposés occultes, selon une longue tradition qui court depuis Pythagore, mathématicien et
sorcier chamaniste (cf. entre autres Pierre Brémaud, Le dossier Pythagore. Du chamanisme à
a mécanique quantique, Paris, Ellipses, 2010) et qui, bravant l’interdit divin de forcer les
portes des choses cachées, éloignent bien des hommes de bonne volonté de la recherche
scientifique ?
On le voit, l’épistémologie aide les penseurs chrétiens non seulement à se repérer dans
l’univers des sciences, mais aussi à prévenir le triomphe de fausses sciences, et à définir les
tâches qui, dans le combat scientifique même, concernent les chrétiens, en premier. Ainsi, les
bases de la science moderne doivent beaucoup aux savants chrétiens, à l’instar de Blaise
Pascal, plus proche de la méthode expérimentale, plus fécond, y compris dans le champ des
applications technologiques des sciences, que René Descartes, en qui Hegel voudrait voir le
vrai héros de la pensée moderne en général, pour avoir reconnu en lui un précurseur de son
anthropodicée, de la justification du pouvoir suprême de l’homme désormais émancipé de la
tutelle de Dieu. Il faut aussi comprendre que l’épistémologie fondamentale, en raison de son
trait essentiellement internaliste, suggère à l’apologétique de défendre la science de
l’intérieur, d’abord ; c’est-à-dire que les chrétiens d’aujourd’hui doivent en effet participer au
combat de la science contre l’ignorance, qui a toujours quelque chose à voir avec la faute, la
misère et le péché. Mis à part des thèmes célèbres que l’on remet périodiquement en débat,
comme l’origine du monde et la théorie de l’évolution, certains thèmes actuellement en débat
requièrent des spécialistes chrétiens de haut niveau et en nombre assez suffisant pour
envisager de véritables centres de recherche doublement motivés par la soif de connaissance
et la soif de reconnaissance. Ainsi en va-t-il des thèmes tels que l’intellect design, le fine
tuning, l’information génétique de type sémantique (celle contenue par exemple dans les
séquences des acides aminés, ou celle, plus connue, liée au code génétique), sans rien dire des
conflits internes au camp de l’évolutionnisme dogmatique du néodarwinisme (notamment
entre « gradualistes », comme Richard Dawkings, et « saltationnistes », comme Stephen
Gould). L’apologète chrétien doit donc suivre la science dans son cours au lieu de se
contenter de juger des connaissances scientifiques figées en leurs résultats. Que les chercheurs
chrétiens se multiplient donc, et l’on verra à quel point la connaissance de la créature n’est
rien sans la reconnaissance du Créateur.
Les chrétiens ne sont donc pas en territoire étranger lorsqu’ils traitent de la science ou
lorsqu’ils en font. Ils le sont d’autant moins que le véritablement fondement de la science
moderne réside dans l’adoption du principe du déterminisme, principe suivant lequel les
phénomènes de la nature n’obéissent pas au hasard (« Non datur casus ») ni à la fatalité
(« Non datur fatum »). Dieu a donné sa loi à la nature, et la nature s’y tient et la respecte
rigoureusement, la nature ne déroge pas à sa loi, elle est sous la contrainte de celle-ci. Dieu a
quantifié les objets et les phénomènes de la nature, ainsi qu’en témoigne par exemple Esaïe
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40 : 12 et 22). Au contraire, à l’homme est proposée une loi qui s’adresse à sa volonté, à son
libre arbitre, capacité de choisir et d’agir sans contrainte et en l’absence de toute contrainte.
Mais l’homme ne sait quoi faire de cette liberté désormais sans boussole, et il ne peut que
l’investir dans le progrès de l’iniquité annoncé en Mathieu 24 : 12.
On ne doit pas s’en étonner outre mesure, car la chose est connue de longue date
(depuis le chancelier Bacon en particulier), et bien attestée depuis l’avènement de la « Big
science » à l’occasion du « Manhattan Project », formé pendant la seconde guerre mondiale
pour plier définitivement la science à la puissance militaro-industrielle des États. La ruse et la
force sont à la mesure de la puissance des « Think tanks » où se combinent et se vérifient les
savoirs les plus opportuns.
Ceci revient à acter ce truisme : l’heure de l’Afrique ne nous sera pas nécessairement
favorable. Même chantée par un évangile de prospérité, elle ne bénéficiera pas forcément ni à
l’évangélisation, ni à la prospérité. Aussi faut-il, tout en étant conscient des enjeux du
positionnement de l’Afrique dans la mondialisation, éviter que notre entrée par la grande
porte dans la mondialisation ne coïncide avec notre entrée par cette porte ouverte dans la
mondanisation. Car à mesure que le monde devient mondial, il devient toujours plus mondain.
Heureusement que sur le plan prophétique, l’heure de l’Afrique signifie toute autre
chose. Il s’agit d’un passage de témoin spirituel ; il s’agit, pour le dire ainsi, d’une venue en
puissance de Jésus en Afrique non plus pour s’y refugier, mais pour y proclamer une année
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Lorsque Dieu confie l’évangile à un continent, il s’agit toujours d’un évangile entier.
Le feu du Réveil spirituel que tous constatent en Afrique doit se soutenir de conseil et de
sagesse. Ce que Dieu nous a confié pour défendre Son Nom glorieux, c’est l’intelligence
renouvelée, qui repose sur ce que la Bible présente comme sagesse de l’intelligence (il nous
semble que ce concept est surtout porté par Henri Blocher, qui élabore la dimension multiple
et notamment théorique du concept biblique de sagesse, et justifié par le rapprochement des
deux termes, notamment en Éphésiens 1 : 8 et Colossiens 1 : 9). Comme ailleurs, c’est avec
des instruments venus de Dieu qu’il faudra que les africains défendent le camp de Dieu.
L’Afrique doit prendre sa part au débat apologétique, et elle a besoin pour cela d’un
autre rapport aux études académiques. Si les familles attendent des études académiques
qu’elles procurent de l’emploi à leurs enfants, si les nations orientent les études en vue de ces
priorités sociétales que sont l’administration, et la technologie ou la gestion, si les entreprises
tendent aujourd’hui à s’approprier les études pour qu’elles deviennent, à travers l’économie
du savoir, de simples instruments de profit, Dieu attend des études qu’elles servent pour Sa
gloire, d’abord, et le reste viendra par surcroît. Les études sont de Dieu et c’est pourquoi Dieu
utilise tant d’intellectuels de type académique dans la Bible et dans l’histoire de la foi.
L’Afrique a besoin d’exégètes, mais aussi d’apologètes. On ne peut pas sous-estimer le rôle
de plusieurs qui, sans être théologiens, ont contribué à évangéliser à partir de l’apologétique.
Ainsi en va-t-il notamment de Clive Staple Lewis, qui mit sur l’Autel de Dieu ses talents de
philosophe pour faire connaître pédagogiquement en le défendant, le « Mere christianity », la
doctrine centrale et permanente du chrétien moyen qui, sans être un savant ni un théologien,
doit cependant être en mesure d’exprimer et défendre sa foi selon que le Seigneur le
lui permettra et dans les limites qu’Il lui assignera, afin que nous ne nous y attardions pas
outre mesure, car la meilleure défense de la foi consiste à la vivre.
Dans le même sens, l’Afrique doit défendre le « simple christianisme », qui n’est pas
le christianisme naïf, mais le christianisme biblique christocentrique, au sens où il est centré
non d’abord sur l’incarnation, ni d’abord sur les « valeurs » chrétiennes, ni d’abord sur les
miracles, mais d’abord sur la Croix (1 Corinthiens 1 : 17-23). Il faut en Afrique défendre ce
simple christianisme, car en Afrique le spectre du polythéisme plane d’une nouvelle manière,
parce que porté par le vent de l’égyptocentrisme non pas simplement scientifique ou politique
(ce qui ne devrait pas être un problème majeur), mais aussi fondamentalement mystico-
ésotérique, qui, sous le prétexte de la culture et de l’identité, rend difficile l’effort des
chrétiens d’Afrique pour défendre la spécificité toute exceptionnelle de la foi chrétienne, qui
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Malheureusement, ces divers spectres convergent à détruire l’idée même de vérité, par
laquelle seulement peut s’établir sur le plan épistémologique la valeur de la science, sur le
plan juridique la possibilité d’un socle moral du droit, et sur le plan spirituel, l’exceptionalité
de la foi chrétienne. Nous voyons mieux en quel sens l’on peut en Afrique tirer avantage de
l’idée que science et Bible ont vocation à mener un même combat : le combat de la vérité,
passion première de la science, et révélation exceptionnelle de Dieu en Christ, le chemin la
vérité, et la vie.
Sur l’apport de l’Égypte antique, notons que les grecs étaient si impressionnés par la
théorie qu’ils négligèrent la part de l’expérience en tant que lieu de leur confrontation, les
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babyloniens, trop intéressés par l’empirique qu’ils négligèrent la part de la théorie, les
asiatiques, trop portés à valoriser les lois du néant pour porter attention aux lois déterministes
de la nature. On débat âprement pour dire ce qu’il en fut des égyptiens, l’enjeu étant de savoir
s’ils doivent être considérés comme de simples précurseurs de la science moderne ou comme
de véritables fondateurs. Mais que l’Égypte antique ait ou non fondé la science au sens
moderne du terme, la tâche nous incombe d’équiper cette science (sur les plans institutionnel,
financier, technologique et organisationnel) et de lui faire jouer le rôle stratégique que l’on est
en droit d’en attendre sur les plans technologique, stratégique et décisionnel. La science
s’effectue à la croisée des chemins de la théorie et de l’expérience et elle permet de modéliser
le réel grâce à des connaissances théoriques qui expliquent les faits et décrivent correctement
les résultats des observations. En Afrique la théorie est dénigrée et l’expérience sous-équipée.
La tendance forte à survaloriser les causalités surnaturelles, nous rend encore résistants à la
vision déterministe du monde. Ainsi il est plus aisé d’attribuer la récurrence des accidents de
circulation routière à des pratiques de sorcellerie que de se préoccuper, d’abord, des facteurs
tels que l’âge et l’entretien des véhicules, le traitement des chauffeurs, etc.
Par rapport à la possibilité d’un socle moral du droit, la tendance est à faire reposer les
droits nationaux sur les droits de l’homme et à faire reposer les droits de l’homme sur une
conception liberticide de la liberté. Il s’agit de la liberté négative : « le fait d’être libéré de »
(par exemple de la prison, de l’esclavage, de l’oppression, etc.), et qui sert d’alibi pour
dénoncer toute espèce de norme comme si l’humanité pouvait se passer de normes. Or ce qui
est visé, c’est l’idée, avancée depuis le jardin d’Éden, que Dieu ait le droit de nous prescrire
des normes. Nous l’avons souligné plus haut, cette idée d’une liberté négative a été assumée
philosophiquement par Hegel (qui essaya de libérer l’homme de Dieu pour le soumettre à
l’État rationnel), repris et amendé par Sartre, qui, quant à lui, essaya de libérer l’individu de
tout autre que lui, pour le confier précisément à sa liberté, quitte à faire de cette liberté « une
malédiction » et « une passion inutile ». D’où le triomphe de la « vie privée », de la société
individualiste et anomique. En s’en tenant à l’héritage éthique de l’Afrique, l’on peut se
demander quel sens doit prendre cette notion de vie privée dans un continent qui, depuis
notre autrefois égypto-nègre, jusqu’à notre présent mondial, en passant par notre avant-hier
médiévale, ère de grands empires, et notre hier notamment colonial, aura tâché de définir
l’individu dans une relation fondamentale avec autrui : la famille, l’ethnie, la nation, les
ancêtres (cf. Alfa Ibrahim Sow). Entre la représentation d’un Africain absolument
communautaire et celle d’un Africain entièrement insulaire, il y a place pour un africain
historiquement et culturellement péninsulaire. Nous avons besoin d’idées occidentales, mais
pas nécessairement d’idéaux occidentaux. Nous avons besoin que s’établisse un tamis
axiologique de notre droit et qui tienne compte du principe de « l’exception d’ordre public »,
actuellement en passe d’être cassé, à dessein, pour nous imposer les pires restes de la
« civilisation » occidentale par le biais d’un état de nécessité. Malheureusement, diversement
déclinée, la liberté liberticide est encouragée par divers penseurs opposés à l’idée même de
raison, et finalement plus enclins à tout remettre en question qu’à se remettre eux-mêmes en
question. Ces penseurs se reproduisent dans plusieurs de nos intellectuels, pour qui la crainte
de l’éternel n’a pas de sens.
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Où trouvera-t-on des intellectuels chrétiens pour leur donner le change ? Tandis que
les intellectuels païens, ésotéristes et/ou homosexuels, bénéficient de financements spéciaux,
organisés et faciles, les chrétiens africains d’ici et d’ailleurs, plus préoccupés par leurs intérêts
égoïstes ou par leurs chapelles égocentriques, peinent à s’organiser pour financer la formation
d’une génération d’intellectuels pour Dieu, d’une génération semblable à celle de Daniel.
Faut-il vraiment se contenter d’intercéder ?
Aucun autre Dieu n’est venu nous rendre visite en personne ! Et seul le Dieu de vérité,
qui n’a peur d’aucune vérité, a pu alléguer la compatibilité entre vérité spirituelle et vérité
scientifique : deux formes si exceptionnelles de vérité.
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