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Définition d’un processus de calcul appliqué sur le terrain pour l’alignement

au niveau faisceau des équipements d’un accélérateur de particules

Soutenu le 05 septembre 2023 par Léa HADJ KACI

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I Introduction

Actuellement, les géomètres de la section ASG (Accelerators Survey and Geodesy)


alignent les équipements des accélérateurs de particules du CERN (Organisation
Européenne pour la recherche nucléaire) en utilisant des points de référence de
l’équipement, appelés alésages. Toutefois, pour les physiciens, le véritable enjeu de
l’alignement est la position des points faisceaux où circulent les particules à l’intérieur des
équipements. Ces points sont inaccessibles et donc non mesurables sur le terrain mais leur
position est connue par rapport aux alésages. L’objectif de ce Travail de Fin d’Etudes est
de calculer la position des points faisceaux sur le terrain lors de l’alignement. A partir de
ce calcul des points faisceaux, il pourra ensuite être envisagé l’alignement des points
faisceaux par rapport à des points faisceaux de référence et non plus des alésages par
rapport aux alésages de référence.

Dans un premier temps, les différents repères de référence intervenant dans le


calcul des positions faisceaux sont introduits. Ensuite, la méthode de calcul des points
faisceaux qui sera appliquée sur le terrain est présentée. Enfin, ce calcul est exploité pour
procéder à l’alignement des faisceaux entre eux sur une opération d’alignement.

II Les repères de référence

Le premier repère de référence est le repère CCS (CERN coordinates system, noté
R CCS). Il s’agit d’un repère tridimensionnel direct dans lequel tous les points faisceaux,
théoriques et réels, et les points alésages, théoriques et réels, sont connus. Il s’agit
également du repère dans lequel sont mesurés les points sur le terrain lors de l’alignement.

Le second repère de référence est le repère RST (noté R RST). Chaque équipement
dispose de son repère RST. Son origine est le point faisceau entrée E et l’axe longitudinal
S est orienté sur le point faisceau sortie S. Dans ce repère, sont connus les points faisceaux
et les points alésages.

Dans le repère de référence CCS, le repère RST d’un équipement peut être à deux
positions différentes : la théorique et la réelle. Pour connaître la position des points
faisceaux dans R CCS, l’objectif est de déterminer la relation de passage entre R CCS et le
repère de référence RST de l’équipement à aligner.

III Calcul des positions faisceaux

Le calcul des positions faisceaux repose sur la détermination de la similitude


spatiale entre R CCS et R RST. Cette similitude se décompose en deux parties définies par
Guillaume KAUTZMANN [1]. Une partie est fixée dans le calcul, il s’agit du passage de
R CCS à R RST dans sa position théorique. La seconde partie, de R RST dans la position
théorique à R RST dans sa position réelle, est déterminée à partir des mesures sur les
alésages et de la mesure de roulis réalisée avec un inclinomètre.

Dans le calcul, les coordonnées des points alésages dans R RST sont intégrées
comme des observations. En effet, le logiciel de calcul LGC2 ne permet pas de déclarer
des points dans deux repères de références. Il faut donc associer une précision à ces
coordonnées. Par défaut, il s’agit de 0,1 mm, ce qui est cohérent avec le processus de
fiducialisation. La fiducialisation consiste à mesurer les points alésages et faisceaux d’un
équipement avant qu’il soit installé dans la machine afin de connaître leur position dans le
repère de l’équipement. Pour la grande majorité des équipements, il n’y a pas eu de
fiducialisation et les coordonnées proviennent des plans d’interface. Leur précision va donc
dépendre de la fabrication de l’équipement. Historiquement, lors de la fabrication, le
paramètre longitudinal S a été négligé. On retrouve donc aujourd’hui des équipements avec
des précision de l’ordre du millimètre pour ce paramètre. Cela impacte le calcul de la
similitude spatiale comme les coordonnées sont déclarées avec 0,1 mm de précision. Il a
donc fallu redéterminer une précision pour ce paramètre en utilisant les observations de

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l’AT (Absolut Tracker) comme référence afin que le calcul de la similitude spatiale ne soit
pas impacté par une qualité surestimée des coordonnées des alésages dans R RST.

Cette méthode de calcul avec la similitude spatiale est différente de celle


actuellement implémentée dans la base de données par Mark JONES [2] et utilisée au
bureau. Dans le cas d’équipements avec des écarts de longueurs entre les alésages E et S,
les résultats obtenus peuvent varier. Pour un équipement en pente avec 14,30 mm de
défaut, 0,07 mm d’écart a été constaté sur la position verticale des points faisceaux. Ces
écarts sont non négligeables sachant que la tolérance d’alignement est de 0,20 mm.

IV Alignement des faisceaux entre eux

A présent qu’il est possible de déterminer la position des points faisceaux sur le
terrain à partir des observations sur les alésages, il est possible d’envisager l’alignement
des faisceaux entre eux et non plus des alésages. Cela permettra de prendre en compte la
réalité du terrain, comme les modifications de pente entre les points servant de référence.
Pour cela, un calcul en trois étapes a été défini. La première étape consiste à déterminer la
précision du paramètre longitudinal des équipements de référence. Puis la position des
points faisceaux de référence est déterminée sans contrainte. Enfin, les positions théoriques
pour les points à aligner sont redéterminées en prenant en compte la géométrie observée
des points de référence à l’étape précédente. Les résultats obtenus sur une opération
d’alignement servant de test sont conformes à ce qui était attendu. Cette opération de
lissage consistait à aligner sept équipements entre deux équipements de référence.

Figure 1 : Ecarts radiaux des points faisceaux


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Figure 2 : Ecarts verticaux des points faisceaux

Sur la Figure 1 et la Figure 2, on peut visualiser les écarts des points faisceaux de
référence par rapport à leur position théorique (points en orange). Les points en bleu
représentent les positions recalculées pour procéder à l’alignement et les points en gris
représentent les positions calculées pour l’alignement avec les méthodes actuellement
mises en œuvre sur le terrain. On remarque que la redétermination des points faisceaux en
bleu permet une meilleure adaptation à la réalité du terrain qu’actuellement.

V Conclusion

Ce Travail de Fin d’Etudes a aboutit à un processus de calcul des positions des


points faisceaux sur le terrain qui peut dorénavant être exploité dans toutesles situations de
mesures. Il subsiste des écarts avec la méthode actuelle dans la base de données et
également en fonction des observations réalisées. Ces écarts ne pourront être réduits
qu’avec la mise à jour des coordonnées longitudinales des alésages. Le calcul des positions
faisceaux est exploitable pour procéder à l’alignement des faisceaux entre eux. Le
processus permettant cela peut encore être perfectionné pour mieux répondre à certaines
situations rencontrées sur le terrain mais les résultats obtenus sont prometteurs

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VI Références

[1] KAUTZMANN G., 2018, Beamline Elements Definitions, CERN, note interne
EDMS 2900421
[2] JONES M., 2014, Beamline element definitions with conventions and
derivations, CERN, note interne EDMS 1476360 (version 1)

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