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Chapitre VII : Evaluation et prévention des risques

professionnels à l’EPB.

Introduction :
Ce chapitre vise principalement à mettre en lumière l'approche préventive adoptée à l'EPB en
matière de santé et de sécurité au travail. Nous commencerons par aborder la politique de
l'entreprise dans ce domaine, puis nous examinerons la mise en place du Système de Management
de la Sécurité et de la Santé au Travail (SMI). Ensuite, nous nous pencherons sur l'évaluation et
l'identification des risques professionnels.
Enfin, nous conclurons en discutant des enjeux et des objectifs associés à cette évaluation des
risques en matière de santé et de sécurité au travail au sein de l'EPB.

VII-1 / La prévention des risques professionnels à l’EPB :

La prévention des risques professionnels à l'EPB est une réponse essentielle aux défis posés par
l'évolution constante des activités portuaires. Les ports ont dû s'adapter en améliorant leurs
infrastructures et en développant des méthodes de transfert de marchandises plus sophistiquées,
tout en prenant en compte les questions cruciales de santé et de sécurité au travail.
Cette évolution a été favorisée par l'introduction de réglementations nationales et internationales
visant à améliorer les conditions de travail et la sécurité dans les ports. Les normes de
l'Organisation Internationale du Travail (O.I.T.) et de l'Organisation Maritime Internationale
(OMI) a joué un rôle central dans cette démarche en encourageant la prise en compte de l'hygiène
et de la sécurité au sein des ports.
L'Algérie, par exemple, a mis en place des Comités d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de
Travail (CHSCT) pour veiller à la sécurité et à la santé des travailleurs, conformément à la
législation en vigueur.
Cependant, les progrès techniques et la concurrence accrue exigent une approche plus proactive
de la gestion des risques. C'est pourquoi le port de Bejaia a opté pour un système dynamique de
gestion des risques basé sur l'anticipation et la prévention des accidents et des maladies
professionnelles. Ce système, conforme à la norme OHSAS 18001, s'intègre dans la gestion
globale de l'entreprise et facilite la prise en charge des risques liés à la santé et à la sécurité au
travail. Il englobe l'organisation, la planification, les procédures et les moyens nécessaires pour
mettre en œuvre et maintenir une politique de santé et de sécurité efficace au sein de l'entreprise.

VII-4/ Identification et évaluation des risques :


L'identification et l'évaluation des risques impliquent la reconnaissance des dangers et l'analyse
des risques associés, dans le but de déterminer les mesures de prévention appropriées. Cette
démarche se déroule en cinq (05) étapes fondamentales :
Schéma N°03 : plan par étape.

Etape 1. Préparation de l’évaluation


des risques et choix de
l’approche d’identification des
dangers et risques

Etape 2. Identification des dangers et


risques avec le groupe de
travail par processus et par
installation et infrastructures

Etape 3. Evaluation et hiérarchisation


des risques

Etape 4. Préconisations et élaboration


du programme de
management SST

Etape 5. Mise en Œuvre et Suivi

Source : EPB.

Etape 01 : Préparation et choix de l’approche d’identification des


dangers :

Dans la phase de préparation et de choix de l'approche d'identification des dangers, les


gestionnaires, ou responsables d'action, veillent à ce que la liste des dangers identifiés soit la plus
complète possible. Pour ce faire, ils orientent leur démarche vers la recherche de situations à
risque au sein des processus (comme le chargement, le déchargement, l'utilisation d'équipements
de manutention, etc.) ainsi que dans les environnements de travail (tels que les hangars, les
ateliers, les zones de stockage, les zones de circulation à l'intérieur du port, etc.).

 Analyse des processus de travail : Cette étape implique l'analyse et l'évaluation des
risques identifiés dans les différentes étapes des processus liés aux activités de la DMA,
notamment le traitement des marchandises à l'importation et à l'exportation, la gestion du
terminal divers et l'exploitation des engins.
 Évaluation des situations de travail : Cette phase consiste à examiner les conditions de
travail dans diverses situations, que ce soit sur les quais, dans les ateliers ou les locaux de
travail. Elle englobe également l'évaluation des infrastructures de la DMA, telles que le
terminal à bois, les quais, les parcs d'engins, le centre d'embauche, les ateliers de gréage
et de bâchage, les blocs d'accostage, le bloc DMA, les vestiaires, et le poste 18.

Etape 02 : Identification des dangers.


a) Identification sur le terrain :

Le processus d'identification des dangers a débuté par une inspection directe des lieux de
travail. L'objectif était de repérer les éléments, situations et procédés présentant un
potentiel de préjudice, en particulier pour les individus, à travers l'observation des
processus et des conditions de travail réels, que ce soit sur les quais, à bord des navires,
ou dans les ateliers et les espaces de travail.

b) Collaboration avec le groupe de travail :

Après avoir effectué les observations sur le terrain et analysé les situations, une étape
suivante cruciale a été mise en œuvre. Dans un souci d'exhaustivité, un programme de
travail a été élaboré, et un groupe de travail spécialement constitué au sein de la DMA
s'est penché sur l'identification des dangers et des risques liés à ses activités.

Cette démarche s'est voulue participative, méthodique, et complète. Elle a duré deux mois
et a bénéficié de la contribution active de toutes les parties concernées. L'objectif était de
détecter tous les points critiques en matière de risques professionnels, d'en évaluer la
gravité, et de définir des objectifs qui seraient ensuite traduits en propositions d'actions
concrètes.

Le groupe de travail était composé de cinq à dix personnes, principalement des opérateurs
ayant une connaissance approfondie des situations de travail, même s'ils n'avaient pas
nécessairement de formations spécialisées en sécurité, physiologie, ou ergonomie. Ils
étaient les mieux placés pour identifier les dangers spécifiques à leur environnement de
travail.

Au cours de cette phase de brainstorming qui a tiré profit de l'expérience des participants,
le groupe de travail a dressé une liste de 145 dangers, classés en cinq catégories
principales selon la méthode des "5 M" :
 Méthode : 15 dangers

 Matériel : 36 dangers

 Main d'œuvre : 06 dangers

 Milieu : 75 dangers

 Matière : 04 dangers

Graphique N°02 : Répartition des dangers selon les « 5M »

80

70

60

50

40

30

20

10

Méthode Matériel Milieu Matière

Source : EPB.
On notera aussi, que plusieurs dangers se retrouvent dans tous les lieux et procédés étudiés tels
que : les EPI inappropriés ou inadaptés, outils inappropriés, La vétusté des hangars et ateliers,
manque d’éclairage, manque d’aération, présence de pigeons et rongeurs….

C) Validation de la liste des dangers identifiés :


Pour garantir l'exhaustivité de la liste des dangers identifiés, celle-ci est soumise à l'approbation
du directeur de la DMA. De plus, la liste est rendue accessible à tous les intervenants, ce qui leur
permet d'ajouter tout danger qui aurait pu échapper à l'équipe d'identification.

Etape 03 : Evaluation des risques :

L'équipe a continué son travail en évaluant le niveau de risque associé à chaque danger identifié.
Cette évaluation tient compte des mesures de contrôle déjà en place et des recommandations
éventuelles pour réduire les risques à un niveau acceptable.
L'objectif de cette évaluation est de créer un modèle pratique, réaliste et fiable qui permet
d'identifier les principaux risques liés aux activités de manutention portuaire et d'établir une
hiérarchie des risques en fonction de leur priorité d'action.

a) Choix de la méthode d’évaluation des risques :

Pour évaluer et hiérarchiser les risques, trois critères essentiels sont pris en compte : la
gravité des dommages (G), l'exposition au facteur de risque (E) et la probabilité de
survenue d'un dommage pendant l'exposition (P). La combinaison de ces trois critères
permet aux gestionnaires de déterminer l'indice de risque (IR).

Le modèle de gestion des risques présenté par les gestionnaires de l'EPB a été conçu pour
simplifier l'évaluation des nuisances. Il s'inspire de la "méthode Kinney".
La "méthode Kinney" est une méthode graphique d'analyse des risques qui permet
d'évaluer n'importe quel risque et de déterminer s'il est acceptable. Pour ce faire, les
gestionnaires examinent la probabilité qu'un événement dangereux se produise, le niveau
d'exposition, ainsi que les conséquences potentielles. Ils attribuent une valeur à chacun de
ces éléments, ce qui leur permet d'estimer le taux de risque.

Ce taux est calculé numériquement en multipliant les valeurs associées à la probabilité, à


l'exposition et aux conséquences possibles. Les classifications des taux de risque sont
établies en fonction de l'expérience et peuvent être ajustées au besoin. Ensuite, les
gestionnaires peuvent évaluer les mesures de réduction du risque et leur efficacité.

Cette méthode est simple et pratique, et elle implique l'ensemble des travailleurs dans
l'analyse des risques. De plus, sa mise en œuvre est rapide et permet de définir les
priorités en matière de réduction des risques.

b) Définitions du niveau de risque : Il s'agit d'indiquer le seuil ou le degré de


tolérance en ce qui concerne les mesures nécessaires et les délais d'exécution jugés
acceptables.

❖ Risque très faible : Ces risques sont considérés comme acceptables. Aucune mesure
supplémentaire n'est nécessaire, sauf celle visant à maintenir en place les mesures de contrôle
existantes.

❖ Risque faible : Aucune mesure de maîtrise supplémentaire n'est requise, à moins qu'il ne soit
possible de mettre en œuvre une mesure nécessitant peu de temps, d'argent et d'efforts. Les
mesures visant à réduire davantage ces risques sont attribuées à une faible priorité. Il est essentiel
de garantir le maintien en place des mesures de maîtrise existantes.

❖ Risque modéré : Il convient d'envisager une réduction du risque, si possible, à un niveau


tolérable, voire acceptable, tout en prenant en compte les coûts associés à la mise en œuvre
d'autres mesures. Les mesures de réduction des risques doivent être mises en œuvre dans un délai
défini. Le maintien en place des mesures de maîtrise est crucial, en particulier lorsque le niveau
de risque est associé à des conséquences préjudiciables.

❖ Risque élevé : D'importants efforts sont nécessaires pour réduire ce risque. Des mesures visant
à réduire le risque doivent être mises en place en urgence, dans un délai spécifié. Il peut être
nécessaire de suspendre ou de restreindre l'activité, ou encore de mettre en place des mesures
intérimaires pour réduire les risques en attendant l'adoption de mesures permanentes. Des
ressources importantes peuvent être requises pour mettre en œuvre des mesures de maîtrise
supplémentaires. Le maintien de ces mesures est essentiel, surtout lorsque le niveau de risque est
associé à des conséquences très préjudiciables ou extrêmement préjudiciables.

❖ Risque très élevé : Ces risques sont inacceptables. Il est impératif d'apporter des améliorations
significatives aux mesures de maîtrise des risques afin de réduire le risque à un niveau tolérable
ou acceptable. L'activité doit être suspendue jusqu'à ce que des mesures de maîtrise des risques
soient mises en place pour réduire le risque. Si la réduction du risque est impossible, l'activité ne
doit pas être reprise.

❖ Critères d'évaluation des risques :

Gravité : Pour chaque risque considéré, il est essentiel de déterminer l'ampleur des dommages et
des conséquences associées, en utilisant l'échelle suivante : (1. Faible, 2. Moyenne, 3. Grave, 4.
Très grave)

Exposition : L'exposition se réfère à la rencontre d'un danger par un individu. Elle peut être
continue, périodique ou aléatoire. L'exposition est quantifiée en utilisant une échelle qui combine
la fréquence et la durée en pourcentage du temps de travail : (1. Rare, 2. Peu fréquent, 3.
Fréquent, 4. Très fréquent)

Probabilité : La probabilité implique la détermination de la chance que le risque envisagé se


produise en raison de l'exposition définie à ce danger, ainsi que l'efficacité des mesures de
contrôle. Bien qu'une approche mathématique puisse être utilisée pour évaluer la probabilité, une
échelle qualitative est généralement préférée, comprenant les niveaux suivants : (1. Improbable,
2. Peu probable, 3. Probable, 4. Très probable)

Lors de l'évaluation de la probabilité, des éléments tels que les données statistiques de
l'entreprise ou d'autres sites similaires, ainsi que l'expérience des individus exposés au risque,
sont pris en compte.

c) Hiérarchisation des risques :


Compte tenu du grand nombre de dangers identifiés au sein des activités de la DMA, il est
essentiel de les classer par ordre de priorité pour la gestion. Cette étape de hiérarchisation
s'appuie sur une grille d'évaluation spécifique.
L'objectif de cette étape est de reporter l'examen des risques de faible importance, tout en
donnant la priorité à ceux qui présentent une gravité plus élevée. Après avoir évalué le niveau de
risque pour chaque danger en fonction des trois critères d'appréciation des risques (gravité,
exposition et probabilité), les gestionnaires peuvent déterminer l'importance relative de chaque
risque et établir un classement de priorités. Cela est réalisé en calculant l'indice de risque (IR) en
multipliant les valeurs d'exposition, de gravité et de probabilité.
Etape 04 : Elaboration du programme de management santé et sécurité
au travail :
Après avoir identifié et classifié les risques, il est essentiel de prendre les mesures nécessaires
pour planifier, organiser, surveiller et contrôler les actions de protection et de prévention, afin de
maintenir leur efficacité et de garantir une maîtrise des risques. Dans ce but, un plan d'action sera
établi pour mettre en œuvre les mesures visant à réduire ou éliminer les risques identifiés, en
accordant une priorité à certaines actions. Ce plan d'action s'intègrera dans le Programme de
Management de la Santé et de la Sécurité au Travail (PMSST) de l'entreprise.

Ce plan d'action proposera des solutions concrètes expliquant comment atteindre les résultats
escomptés (actions), à quelles échéances, et avec quels responsables et ressources. Les risques
prioritaires seront regroupés par catégorie, et un classement de priorités sera établi, mettant en
avant les niveaux 1 et 2 qui nécessitent une attention immédiate. Cela ne signifie pas que les
niveaux 3 et 4 doivent être ignorés, mais plutôt qu'ils peuvent être traités en second lieu. Les
objectifs en matière de Santé et Sécurité au Travail (SST) seront assignés aux risques critiques
(Priorité 1) et majeurs (Priorité 2).

La liste des risques prioritaires sera soumise au directeur de la DMA pour validation, afin de
discuter des recommandations du groupe de travail, de définir les actions à mettre en œuvre, de
désigner les responsables et de fixer les dates limites de réalisation. Pour les familles de dangers
et de risques prioritaires nécessitant un niveau de détail plus approfondi, des plans d'actions
spécifiques seront élaborés.

Etape 05 : Mise en œuvre et suivi du programme de management SST :

Le programme de gestion de la santé et de la sécurité au travail a été officiellement


approuvé le 12 septembre 2007 par le Comité QSE de l'entreprise, puis diffusé à toutes
les entités pour sa mise en place et son suivi ultérieur. Un point d'étape a été effectué avec
la DMA le 18 novembre 2007 pour évaluer l'avancement des travaux et le déploiement
des mesures.
L'évaluation préliminaire des risques, ainsi que leur classement en fonction de leur
gravité, a constitué la première étape cruciale dans l'élaboration du système de gestion de
la santé et de la sécurité au travail de l'entreprise. Les méthodes d'analyse des risques et
les outils de gestion des risques SST utilisés dans cette étude sont basés sur la méthode
"KINNEY". Ce choix est motivé par sa polyvalence, pouvant s'appliquer à divers
domaines et impliquer l'ensemble des travailleurs dans l'analyse des risques.
La méthode et les outils de gestion des risques SST présentés dans cette étude ont été
validés par le comité de direction et utilisés pour évaluer les risques associés à l'ensemble
des activités de l'EPB1. Cette évaluation des risques SST a été réalisée dans le cadre de la
mise en place du système de gestion de la santé et de la sécurité au travail, avec un
engagement fort de la direction générale. Cela a entraîné une implication à tous les
niveaux et dans toute l'organisation.
En réalité, l'identification et l'évaluation des risques ont été les fondations sur lesquelles
le système de gestion de la santé et de la sécurité au travail de l'EPB a été construit. Ces
étapes ont été essentielles pour établir la politique et les objectifs en matière de santé et
de sécurité au travail. Les informations collectées ont facilité la prise de décisions
responsables en vue d'améliorer les conditions de travail, d'impliquer davantage les
acteurs de la prévention (comme le CHS et le médecin du travail), de promouvoir un
environnement de travail sain et sûr, et d'encourager la formation en matière de santé et
de sécurité.
Cependant, le point le plus important de cette étude est de sensibiliser à l'idée que la prise
en charge de la santé et de la sécurité est une responsabilité collective, et que l'implication
de tous dans l'identification, l'évaluation et le traitement des situations à risque est
essentielle pour le succès de cette démarche.

VII- 5/ Objectifs de l’identification des dangers et évaluation des risques :

L’identification et l’évaluation des risques de l’EPB, constitue la première étape dans


l’élaboration de la politique SST, la fixation d’objectifs et la mise en œuvre de programmes
hygiène et sécurité dans le respect de la législation en vigueur, des exigences normatives et des
exigences internes….

1. Objectif Quantitatif :
 Examiner en détail tous les processus, activités et installations de l'entreprise afin
de repérer les dangers potentiels et d'évaluer les risques associés.
 Encourager la participation de tous les collaborateurs dans l'identification,
l'évaluation et la résolution de ces situations à risque.
2. Objectif Qualitatif :
 Établir un cadre solide pour la formulation de la politique en matière de Santé et
Sécurité au Travail (SST) et pour l'identification des risques présents au sein de
l'entreprise.
3. Objectif de Conformité :
 Assurer la conformité avec la législation en vigueur, les normes requises et les
exigences internes de manière à définir des objectifs cohérents pour la politique
SST.
4. Objectif d'Amélioration :
 Évaluer systématiquement le niveau de risque identifié et rechercher activement
des solutions pour éliminer ou réduire ces risques, contribuant ainsi à la création
d'un environnement de travail plus sûr et sain.

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