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Sùn : les 12 mois de l’année en Fɔngbè

Les mois de l’année n’existent pas juste pour déterminer le temps qui passe. Ils sont des indicateurs
d’opportunité et de pertinence des activités bonnes à faire durant une saison donnée. Les 12 mois de
l’année permettent une bonne organisation et influencent la périodicité de l’activité humaine sur
terre. D’inspiration et d’origine romaines, le calendrier qu’ont adopté les Français et Européens a été
ensuite adopté par leurs colonies. Au Bénin, le calendrier compte 12 mois et ces derniers portent une
signification particulière dans la langue béninoise la plus parlée : le Fɔngbè

Le découpage des 12 mois

Le Calendrier chez les Fon ne diffère pas de son essence européenne. Comme chez les Français ou les
Anglais, les Béninois comptent tous les 12 mois. Même si à l’origine, le calendrier romain comptait
dix (10) mois, l’année a été finalement découpée en douze (12) moments comptant chacun en
moyenne trente (30) jours.

Avant la colonisation et l’avènement de l’école pensée par les civilisations étrangères, les peuples
africains notamment les Béninois connaissaient la notion de découpage de l’année en différents
MOMENTS marqués par des événements qui se répétaient comme un cycle chaque année. Ainsi, les
Ancêtres avaient le grand talent de l’observation scientifique qui les poussait à répertorier ou
constater les mêmes événements qui advenaient à chaque moment au cours d’un cycle annuel.

Il est donc évident que même s’ils n’avaient pas nommé les mois de l’année comme les noms que
nous leur connaissons aujourd’hui, ils avaient l’habitude de remarquer des grands moments au cours
d’une année. C’est ainsi qu’ils vont différencier la saison de la pluie de la saison de sécheresse ; la
saison du vent de la saison de chaleur ; etc. C’est à l’identique des 4 grandes saisons de l’année en
Europe par exemple où l’hiver s’éloigne de l’été et le printemps de l’automne.

Le sens des noms des 12 mois en Fɔngbè

La valeur que portent les mois en Fɔngbè révèle tout le pragmatisme et l’intelligence des ancêtres
Fon. De grands cultivateurs et pêcheurs dans le Sud du Bénin, ils devaient convenir d’une appellation
qui reflète les réalités de leurs activités et surtout favorise l’essor de ces dernières. Les Grands-
Parents Fon avaient donc réfléchi pour traduire dans le nom des 12 mois, la réalité du Moment qu’ils
laissent remarquer.

Le constat est global : les 12 mois de l’année en Fɔngbè renvoient aux différentes saisons propices
pour cultiver, récolter, pêcher et mener des activités agricoles ou de pêche.

Les 6 premiers mois de l’année en Fɔngbè

Le mois de Janvier va indiquer le mois de la sécheresse et donc toute activité de semence serait
laborieuse et vaine parce que le sol est sec et dur. L’absence des pluies et de l’humidité prévaut dans
ce mois au Bénin. Pour cela, le premier mois de l’année sera appelé en Fɔngbè  : ALǓNSÙN.

En Février au Bénin et particulièrement au Sud, les Ancêtres pratiquaient le brûlis, une technique
pour défricher les terres pour les rendre cultivables. C’est une activité propre aux cultivateurs en
général. Ils pratiquent le brûlis pour pouvoir préparer les terres à accueillir les premières pluies de
l’année en vue de commencer les semences. Ainsi le mois de Février est désigné comme
ZOFÍNKPLƆ́SÙN qui signifie littéralement : le mois du brûlis.
Après le défrichement, les terres sont prêtes à accueillir les premières pluies du mois de Mars. Ce
dernier est donc traduit comme le mois de la première pluie de l’année et est appelé : XWEJÍSÙN.
C’est à ce mois que s’estiment heureux les cultivateurs parce qu’ils pourront faire les semences
diverses.

De bonne suite, le mois d’Avril marque donc le véritable début de l’activité consistant à semer. Mi-
Avril, certaines céréales sont principalement semées. Certains sèment le maïs et le mil. La culture
principale du mil dans certains milieux va donc donner le nom au mois d’Avril . Ainsi, le quatrième
mois de l’année répond à l’appellation de LIDÓSÙN c’est-à-dire le mois où l’on sème le mil.

Le cinquième mois de l’année, certains cultivateurs spécialisés dans d’autres cultures doivent sarcler
leurs terres pour non seulement entretenir leurs cultures, mais aussi faire d’autres semences. Cela
est dû au fait que les pluies du mois de Mars favorisent la poussée des mauvaises herbes. Ainsi, le
mois de Mai est réservé au sarclage et sera appelé comme tel : NUXWÁSÙN c’est-à-dire le mois du
sarclage.

En Juin, les cultivateurs peuvent semer le haricot. Cette légumineuse est appelée “Ayi” et influence
donc le nom du sixième mois de l’année : AYIDÓSÙN, le mois où l’on sème le haricot.

Les 6 derniers mois de l’année en Fongbé

Globalement, la deuxième moitié de l’année est consacrée à la récolte, à la deuxième saison de la


culture vivrière et à la pêche en fin d’année.

Ainsi, au septième mois, c’est-à-dire en Juillet, le mil qui a été semé il y a 3 mois sera récolté. Les Fon
appellent donc Juillet comme le mois où l’on récolte le mil : LIYASÙN. LI signifie mil, YA signifie
récolter et SÙN signifie mois.

En Août, le vent est très fort. C’est donc le mois du froid. C’est la réalité transcrite dans l’appellation
du mois par le terme AVUVƆSÙN. Certains jouent également avec la phonétique française du nom
Août et appellent ce mois Awutusùn (a-wou-tou-soun) c’est-à-dire mois de la maladie. Cela est dû à
l’apparition de plusieurs maladies dans le mois d’août causées par le froid et les insectes.

Le neuvième mois de l’année est marqué par la crue des eaux. C’est la saison où les pêcheurs ne
peuvent pas exercer leurs activités en raison du gonflement des eaux. Dans les milieux lacustres, la
crue crée parfois assez de dégâts notamment l’inondation domestique. La crue est appelée en
Fongbé Zŏ et donc Septembre signifie ZǑSÙN c’est-à-dire le mois de la crue. Ce mois marque
également le démarrage de la deuxième saison de culture vivrière pour les cultivateurs.

En Octobre, c’est le moment où l’on pétrit la terre de barre pour la construction des murs et donc
cela signifie KƆ́NYÁSÙN.

Le onzième mois de l’année, Novembre, marque le moment où le sorgho ou gros mil mûrit. Cette
réalité est traduite par le terme ABƆXWISÙN, ABƆ étant le sorgho ou gros mil en Fɔngbè.

Enfin, Décembre annonce les fêtes de fin d’année et le dégonflement des eaux pour la reprise des
activités lacustres chez les pêcheurs. Dans ce mois, l’harmattan fait son apparition. Ainsi, le mois
s’appelle WOOSÙN c’est-à-dire le mois de l’harmattan.

Les 12 mois de l’année en Fongbé


Janvier : ALǓNSÙN (Alounsoun)

Février : ZOFÍNKPLƆ́SÙN (Zofinkplorsoun)

Mars : XWEJÍSÙN (Xwéjisoun)

Avril : LIDÓSÙN (Lidosoun)

Mai : NUXWÁSÙN (Nouhouasoun)

Juin : AYIDÓSÙN (Ayidosoun)

Juillet : LIYASÙN (Liyasoun)

Août : AVUVƆSÙN (Avouvorsoun)

Septembre : ZǑSÙN (Zosoun)

Octobre : KƆ́NYÁSÙN (Korgnansoun)

Novembre : ABƆXWÍSÙN (Aborhouisoun)

Décembre : WǑSÙN (Wosoun).

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