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c9ame•crê11t il iC.- ""Pitelét B•smeataf • ·I ·
Cro••aliri urtrtttl; IC •clhc .,.) Jdit• 1l1••'·
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Nomi"il>'"· ·

Puia, Je a'rril l"9.


· &Jon;ieur le Président.
L'un de vos correspondants a demandé la date précise de l'apparition du
mot Huguenot. Un travail que jtl suis sur le point de publier sur lei Hu.-
11ue11ot1 d 14 Conditt1tion de t'Egliu réformée de France 4 559, ré-
pondra justement, je l'espère, aux diverses que tions qui se rapportent ;}
l'historique de ce mot, et entre autres li celle qui vous a été adressée. Je
me permettrai toutefois, si vous voulez bien y consentir; de résumer pour
0

les lecteurs d u•Dulletin les renseignements, à moi connus, que l'histoire


·nous fournit sur l'époque à laquel le apparut le sobriquet en question:et
d'indiquer les pr6miers dôcumcnts dans lesquels Je l'ai rencontré. .
-4° Ïtienne Pasqüler aft!rme, et oui ne méconnaltra la vateùr' de' son
témoignage, qu'il entendit'le mot Huguenot dàm la bouche " de quelques
siens amis tourangeaux, huit ou neuf an.i avant fa/faire cl'Amboise •
(Recherche1 de la France, Jiv. VIII , chap. LV). Cette assertion est évi-
·demment d'une rancie Importance. Elle suftlt pleinement à établir que le
sobriquet qui nous oetupe existait én Tourain e, ou du moins à Tours,
vers 455f ou 4115i. Mais ce tmoignage sur l'existence du sobriquet Tlu·
guenot à cette époque est unique, el Je silence de tous les autres auteurs
conlem11orains' Jusqu'en 4 Mo, ·mieûx encore, les aftlrmations de Pasquier
lui-même démontrent avec certltue que l'èpilbète ne cessa d'être locale et
prtant Inconnue drr publjc qu'après ta conjuration d'Amboise et les mas-
8acres dont elle rut suivie (mars 4 560). • .
i" Ce mome11t, eo effet, est celui auquel les bist?riens du XVJ• i cle .
s'accordent génel'lllement à rapporter l'apparition du mot Huguenot. 'Aux
témoignages que j'ai rèunis dans mon travan, sur lepoint qui nous occupe,
on peul joindr e l'amnnalion de Palma Cà)'et , Tourangeau, contenue dans
les prémlè.rlls lignes de sa' Chro11ologi notlénalre, et celle de Jean Cha:
péaville, tbanoloê de Lié:ge, dans la Vie Cie Robert de Dergis, i,·èque d.è
cette ville. Uo très 1ieUt nombre seulement des auteurs d1i l'époque ont
commis ·t •anachronisme, asset commun de n'os jours (4 ), d'appl.iquer
(t) Notre collègue , !If . le pasteur Ath. Coquer11l fils, entre autres, appelle
..
/lugUQ10t1 let réformés de France dèt 11'to H>U . C'e11t un lapnu. que noua pre-
nood la liberlé'de lui •iQ'naler da.us ton ;otéreuaot tranil sur l'Eglise do Parit.

Dgr z do < O\i 1


QUESTIONS ET 1\BPOrts!S'.

t"él'Ormés le mot de Huguenots annt d'a rriver à l'innée 4 0. La plupan


'Ont très bien m l'éviter, ef c'P.st à cette date qu'ils commencent à raire
usage du sobriquet tourangeau.·On peilt'eonsuller, §'cet égard, parmi les
autt!urs que Je n'ai pas cités dans mon-étude, les Méntoitta d'tha bollf'9toll
de Paris et ceux de Claude Haton,et en·outre te·votutrfe des Négoclafünu,
lettre1 et pièces divenei relatives a11 r gne de Fruçou· Il (Paris 48 .f ,
in-,0), auquel j'ai renvoyé plusieurs fois. On se convaincra que l'{:pithête
ode H111ut11ots·n'apparalt pas avant l'année susmentionnée.
.M als le témoignage le plus Important sans contredit, au point de vue oo
nous somm es placés, c'rst celui de Pasquier lut-même.Or,-que dit ra·s-
ier? Tout en déclarant qu'il 1émenda l'épith ète de Ht1gMenou huit ou
neur ans :mmt l'affaire d'Ambdlse, il n e laisse pas que de s'uprimcr de la
-sortP. :• Il n'y a celui denous qui ne•rt>Cognoisse franchement que la pre-
• •·miêre foisqqe ce mot oommença d'estre cogneu par toute la France, ce
« fut après la faction d'Amboise, de 4559 (Yleux style) ·• (•). Apri's une
telle déclarallon , li serait inutJle gans doutti de cher<.iler à f:alre remont er
au delà de cette année fa divulgation du raot H11gwtft1Jt. Toutefois avant
-d'eu llnir avec ce point là, il importe de nppeler un témoignage contempo-
rain en désaccord avec l'assertion géoé1'3le sur le.moment de l'apparition
-Ou sobriquet tourangeau :c'est celui du partJ de Condé et des mécontents,
dans leur ArH!rt i11mwnt au peuple de France.publié fort peu de temps
,après la conjuration d'Amboise. L"aoteuf' slgoate' d'abord .hautement les
menées des Guises; pui s Il ajoute : En;manière·qu'ils ont de long temps
• composé par ensemble un sobriquet et mot plaisir par dérision de ceux
.. qu'ils disent estre deseerldus de la race du dict Hugues Capet,le:J appe-
., tans Huguenot:., rtc. 11 ( ) Le cle long temp1 de ce passa ge parait du
premier abotd embarrassant. Mtris Régnier 'de là Planr.be, qui le rema "iua
le premier et le trouva peu cohforme à la vérité des fal!s, s'est char fort
beureusemtnt pour nous dé' le rectifier. Il ajoute à la' r.ourte analyse qu'il
donne de l'Aoerti11ement : • Ce néantmoins j' estime que œ polnc.t (l'as-
• sertion relative à la date de l'apparition'du môt llÙguenot) est plus lost
" procéd é de pa slon que de ralson " (J). N ous1 'a dmettons sans 'peïn .
Les méconten ts outraient leurs grlels contre les Guises d'âutant plus aisé-
ment que œux-êî s'étalent montrés' d'une férocê cruauté. En réalit é, ils.ne
s'rinparèrenl dé l'épithète qu'en 4 560. NQùS èn avoi:S tait ailleurs une as5ez
ampl e.démon stration . . ·· · · ·· · :
1:" • .' '. ' •. - •• ;A
Peul élre jugera-t· il 1u11i,.aprô phla.4.m ple uameo. ut .l'élJfllolOlf dt fid14-
nomm, qu'if accepté de contlance des maio1de ,.. M1goet, ea\ un peu moins
foodée qu'll•oe> panh au pn!11rier abord . · • , 1
(t) &ch#rtltt1 dt la F....-I.
1 vm. ch..n. ··
( ) Jt (moirt1 dt Condi,!o-4•, t. 1, p. 40 .
{3) Eilat dt la Pra.ce toiu J'mnçoù li, .tn1,. a , t. J,'P·UI

tdl 7 d p r Go o
ouunORs n dro1'&U.
3° Reste à savoir maintenant quels sont les premiers documents ou se
trou•e ceur. expression de lluguenot. J'en al cité dans mon lr.l\·au deUJ.
seulement,de l'an 4560, à anolr iune etlre du cplonel Caylus., du 4S no-
vembre, et celle du c.ardinal ,de Lorraine, du o julu.Je ne do.ule pas
lltanmolos que nous D&1MJssédions un document anlérieur,"3ns lequel se
rencontre le sobriquet :c'e.st u n e lettre de Pasquier adress5ée à I. de
.P oussomme,. auquel Ilnconte l'all'Jire d'Amboi.se. L'impression
.q"''OQ relire de la lecturt de celte leltre,.c'esi. qu'elle,.a l# écritti , fort
peu de Ltmp&
•J>flès les événements dont elle contil.'fll le récit. Voici comment s'exprime
- Pa"SQu er :" On ;a commencé de dcfnuer à tout le nouveau monde de celte
• faclfon le nom et tiltre de lluguena11z ; • puis Il ajoutt, en termi-
nant , probabltment sous forme de post·s criptum dans le mauusrrit,:
• Quand je vous escrivy cule lellre_. les choses n'estoient ·passées plus
" outre ecc. • (t) D'où il parall naturel de conclure que si.la lt:Ure ne fut •
pu envoyée, elle fut du moins écrite immêdia lcurent a)lrèi; l'affaire d'Am-
hoise.Ce serait donc là le premier documenl historique renfermant lé 1erm11
de Hv .Mals la lettre oo porhant point de date, j'ai cru de\'olr, dans
mon tranll, lai1&er à celle du cardinal de Lorraine le rang qui, selon toute
probabilllé, appartient. à celle de Pasquier.
Je ne puis d'ailleurs, Moasieur le rsldent ,que me )oindre à voire co.-.
re11poodant pou11 appeler sur ce poinL de nouvelles rec herches, l je pose
.e ncore avec lui ct.tte questlorl·: Y a-t il un document historique,
antérieur aux·lettres dU cardinal de Lorraine. et de PasqWer, dans lequel
se trouve le mot Hug1meot'I
Veuillei:agréer, ttc • E. CASTIU.1 pasteur.
'
Nous ne conn l ns point de d u•nt antérieur à 4 560, où reo-
conl le Q'!Ol H11g•nwt, et nol)s ne 1>9uvons, quant à prtscnt, que corro-
borer,par jes citaUoos &uinutesJ'91>ioiou f!lprimée r M.Castel.
,. ·.' •, '. ..
Elie Benoit, !1'!1 !!rivait 50'1 l/istQfr de rEdit de Nante1 ye,rs 4 690, cl
qui connaissait mieux que personne ses sources, dit ( t••J, p. j3) que • ce
Cul environ ce im ps-là (4 60) que le nom de llug eM I s'ln.troduisit, • et
Il ajoute que " ja m.ais pcu t-trc chose n 'a élé plus inconnue M que sa \'éri-
table origine,alleP,du que • ceux.. ém,e Iont vu naitre ce m en rappor-
tent diversement la naissance, •·et qur. • chacun ayant voulu l'espliqu.er
selon sa passion et son lntért. les fausses étymologies que cescauses ont
produite& ont fait t.>erdre enftn les traces de la véritable. • Passant en revue
ces diverses t!tymologies (Jean ·Hui, ou Hvgue1, -Gultlque1,- Huc
no1,,_ Roi Hugon, -Eidgt1Wiln, -Hugue1Capet ), Il considère ct.s

(1) Uttrc1dc PGlf/IÙer, J.muentam ie-lol., llY. IV, lettl't "·


deux dernières comme les plus nalsemblables, surtout celle de Hugt1e1·
Ct , • de la famllle Ife qui les rHorm 'nlalnteooienl les droits; contre
les Papaux 011 Gui1ord1, au temps·de 1'entrepriae d'Ambolse, • et ce·qui
le porte à adm ure de préférence ceue nrsion, c'est qu'on trouve • dans
les lHémoires du temps qu'au eomencement les réformb se <faisaient
honneur d11 ce nom de Huguenou. .. Au reste, Benoit conrient • qu'on
pourroit peul-être conclure que c'est un de ces noms que la populace In-
vente S3ns savoir pourquoi el qui demeurent en usage sans qu'on sache
comment ils y entrent. • -Ceux qui ont traité jusqu'ici cette question
nous semblent n'avoir pas eu assei égarù à ces deux pages du judicieux •
historien dfi l'Edit de Nantes.

Les Mémoire• de Condé (L. Il, ln-,0 , p. 355) contJnnenl des Remo-
trance1 duparlement de Pari11 au Roy, en fédit d11 49 avril 4 56 , dans
lesqueJles.'se trouvent ces lignes : • Lesdites lellres patentes {ou .édit)
portent que l'on entend par séditieux ceux qui par ces mots de Papi.tu
el de Huguenot.a, s'enlr'irrlt. nt l'un l'autre, etc... Par I semble que l'on
nuille fair11 une secte de Popillts et Huguenotl ; qui est un nom Nouva.-
LDL T 1rrv&'.fT que l'on donne à ceux qui se sont séparés de l'ancien11e
religion . On pourra trouver estnogf': que l'on veuille opposer le mot de
Papi1tt1 au-1f/11g1H"ol1, et est nom inusité en.France, q.ui o'a accoustumé
estre mis en lettres patentes ni aultres, etc... •

L'édit du 8 Juillet 4 IH2 est libellé contre les doclrlnt1 nouotlu1 tt hhé-.
tlq1; l'arrêL du 'octobre 4546 est contre les hérétlq11r1 tt bla1phtma-
leurs de 1'lt>aux ; 1·ordoonan ce tlu roi du 19 avril 4 554 est C(lntre les
imilatt-ur1 de la ltCk lu&héri•nne el recélateurs d'iceux. Les textes om-
clels se servent de ces termes jusqu'en 4 560. Voici le t.ltre C'aractéristique
<l'une plaquP.ll e., nec prMlége .de 456 , qui prouv e p;1r son énoncé même,
que c'est l'époque d& transition et que le mol de Huguenots était d'un
usage encore récent : • Lf.s miraculeuses punitions ùh"ines advenurs sus
• aucuns !OOchaos et miraculeux Luthérn1 (à présent nommés Hugtltnot1 )
.. ennemis de notre tère saincte Eglise, cause de cas énormes commis
• par iceux contre la Divinité, etc., par le chevalier Cbresthm, aux am:i-
" teurs de l'Eglise catholique, sans laquelle n'y a nul salut. A Paris. Par
·Guillaume de Neyverd, lmpr. el libr. tenant sa boutique joignant le bout..
.. du Pool aux lusniers, vers le gr.tnd Chastellet, au Bon-Pasteur ... (A\·ec
priYllêge du ' eptembre 456'.!.)

Voici Je litre d'une autre plaquette du temps:Ad uc:SGNAU:os hujl,J s


tempestatis, eccle1la: cathollca: el romana: holte1 pl4bliucq11e tranqull-
t'8: QlO"S BT l\É·PONSES.

l1ltJW piirlurbator;u: .ut ad Syno.du Tridentinum pacis tt canoordio:


fr-'ïd. :.COfl/trant. - Simu tfcus. - AuUwre Jacobq, fabro ,
n. doct. , theo/ogo.ap14d Sor.P.aris.. t 560. pet. in-8° , bibJ. de
l'AtkJlal. ! .

, On voit que les huguenots sont ici dénommés hUJgnalei.

C'est en H>61, que Bernard Palissy,'écrivait celle pbraSt! : « Au lieu de


• me re!Jlercier, la sotte m'appela huguenot. (<Euv., éd.d.e s4', p. 95.}

• L'auteur du célèbre Réveille-matin des François et de leurs voisin$,


quf écrivait apr la Salnt-8artbélemy; en 4573, el qui est sans doute
Prançois Holman, dit , aussitôt après avoir parlé des exécutions faites à
Amboise (page 9), que • le nom de Hug uenot fut aussi dèi; lors mis à sus
" pour 11n sobriquet d'ignominie, à ceux qu1aupar:1vant on nommoit Lutbê-
" r1ens...;·,. et plus loin encore (pa"e 4) : " Le pape adverll du falcl '
• d'Ambolse et du bon devoir que le cardinal de Lorraine avoit fait à
" inaintenir le parti de saincte Mère Eglise Romaine contre les LùtMriens
.. devenus llugttenou. "

Peliton, pasteur réfugié, a publié en 4 683, à La H:rye, une Apologie poar


lu Réformé$, &ù l'on "oitla juste idh dei guerre$ ·civiles de Frœnce et
les 11rais fondemem de l' Edit de Nantes (in-4l). On lit, page 4 06, ce
qui suit :
" I.e titre de /Juguenou' esL un titre glorieux , puisqu'il montre q ue
" ceo·ic à qui on le donn ait étoient les fidèles partisans des dcsœnd:ms de
" Hugues Capel. C'est ce que déclare l'bistori!'n Oamand Har.eus. Laval
q met entre les diverses orlgioo?s de cc mol le nom de Hugues, qui ne peut

• être que celui de Hugues Caprt. Mais les réformés contemporains. disent
" n etlem1mt dans leurs remonstranccs, que les Guises les appeloient /f ugue-
• nots, en dérision de ce qu'ils soutenolrnt les desei'nlfans de Hugues Capet.
"Ainsi, quand Mézeray auroit de bonnes preuves, comme il dit, qu<! ce
" mol vient rlu terme suisse, qui signillc associé1, il y a apparence que ce
• furent les Guises qui changrent ce terme suisse, pour en faire dans
" leur sens un t erme d'lni:ulte. "

Ist on curieux de connait re le passage de la.Praie et entière llidoire


clt• tf-ovbk1 et g1'4lrres civUes, publiée en 4 5173, 11ar J. Le Frère de Laval,
auquel se réfère Fetiwo 7 Le voici , Liré du livre V : • On. les appelle
• (les scct.aturs de Calvin) vulgairem ent Huguenots, r:not dom.mainttti.
" personnes ont curieusement recherché et diversement assigné l'étbimo-
• logie:le déduisant, ceux-ci de Bas, ceux-là de Buges; les uos du'O<:able
• suisse valant aulant comme liiue, les autres de l'une des portes de

Dg al do po 0<
QllUT10ft8 Bl' Rbow&U , 127
• Toura ,.nommée du •Roy ·Huguon , auprès de Jaquell& les calvinistes
·noient accoustumé faire leurs prestbes et prières (4). Quoi qv'll oo soit
• les déporlemtns des Huguenots on& mbtr& qlie ces noms éh oz tcomme ·
" dit le poële) sont à haïr et prodigi eux att monde • (!).
: . : .'
Davlla,qui coi;ripoi:a son Histoire des g,uerres cloiles, en ilalien, dans les
premières années du XVU• siècle, .n'admet.que celle dernière explication .
• Le peuple appeloit les calvinistes Hugumots, dit-li, parce qu'à Tours,
• où leurs opinions commençoient à se répandre, Us s'assembloient' dans
• 'des souterrains proche la porte d'Hug'rm, comme en PÎ ndre·on les
• nomma gueux parce qu'i ls 'étoicn l déguisés en ·mcodians. D';ulres
" donnenl à ce nom des étymologies ridicules et fabuleuses. Quelle que
"soil la véritable, il est certafn que les Huguenots n'avôient point encore
• de chef déclaré, etc... • (Liv. 1.)
1 •

is il existe un document contemporain sur lequel peuverlt s'appuyer


lesp rtisansde la ilérh·atlon d'Eidgendssen·(allemand ), ou plu!Otd'eidgnots
(par corruption dn même mot à Genève).C'est la Response des trlumvir1
à la Déclaration (fait e à Orléans, le 8 aoril 4 56'i, par /tf. le prince de
Condé, pour rno1istrer les raisons qu'l l'ont contrai11t d'entreprendre
la défense <fe fauthorité 'clu Roy, du gouvernmenl de la Royne ; et du
repo1 de ce royaume) . Celle pièce est évidemment de la mêrut! date que
celle à laquell elle répond, et elle est insérée à la suite dans les /tfémoire1·
tù Condé (t . 111, p. 35). Or, on y lit les passages que void : • ... Le roy
" de Navàrre se laissoldl circonvenir par paroles, ·comme les Aig11ôs,
• s'efforcent le prince de Condé ? » (P.UL ) c ••• Le nom d' Aigno1, que
" les Eglises dilform éesavoienl usurpé, donnoit grande odrur à l'avertis-
• semenl, cat ceux de Genève dont les séditieux d'Amboise sont Issus, se
0) Ai n1i circon11.anciée et moti •ée, celle dernire origine du sobriquet Hug1u-
nol nous parait assez plausible, et préférable à l'êtmnlogie rationnelle d'Eidgt!•
nosun, ou à la savante tléducllon de Huguts Cat, car c'est celle qui sent le
mieux sa fabriq ue popu laire. Ajouter. à cela qu'elle localiae le M>briquet en Tou-
raine, où il a été usité plosicur s années, comme l'assure Pasquier, avant de se
répandre, en H160, avec la nouvelle du tumulte d'Amboise, dans le reste de la
France.
(2) Allusion à ces quatre n de Ronsard, dans sa RemOJUtrance au peuple de
France (156 ) :
°'•
Je 11•.ime pol11t ees o.,.. q11l '"'Soli 11.1
Cots,cagot•.au1trosotl, •i•go11et buguen ott.
Ils me toDt odleo1 comme JM!lle, el je peDte
Qu'il1IODI prudiCÏWl à l't.1Dpitt dt Pruee.
C'est ainsi que le poêle se faisait l'é cho des mauV\is instincts de la fonte, on
plutôt de!' haines de la cour, et excitait contre les réformés l"humeur du faible
Charles IX.
Un autre rimailleur de l'époq ue, Artus Détiré, publia en U74 la Singerie du
huguenot1, mago!1 et gve11011I d e la nouvel/ 1Uri1io11 llu!odeUcimlU! 1 co1"enant·
ltur amt el 1e11tenct par jugemer 1t de rail01l naturtllt. (Bibl .imp.) .

gta d p r G>
128 Q IJIQTIOQ JIT UPOH&I.

• voulant rebeller ,du ducdoSa•oye, Introduisirent eo leur ville bon nombre


•:ù',-Jig{los, et se voyons par ainsi fortj(lés .C(>ntre les Odèles, ordonnèrent ·
c que ceux quiVQudoienL vivre. eo l'Ai9no1 , le\'lsseai. les mains, et se
• trouvant surmonter le nomJ>re des fidèles, les chassèrent et occupèrent
• leurs blPn!> et maisons, les nommant Jtlammellu1 , dont fut la chanson :
Tes Aignos sont au-de111u1:
Tes llamnitUÔs son t ru és 101(1): ..

(Page 242) et plus loin encore (p. 2t5J :• •.. Si les eotrcpri ,s des
" Atgnos , àst·.'.1-dire des conjurêli à mal Caire, nt composiLioos ....•
(P. 2'9): • ... li n'est possi e qu'é tant nourris enI'Algnouen de Grnève,
" ils se veull!nt remenre à l'obéiss:rnce politiqu e de l'Etat de la cou-
• ronne ..... (P. 250) :" •.. La conjuraliou faite dernièrement fi .Orléans,
• baptisée AS1oèiatibn en françois, ét en genevois Aignouen, a Lrop dé-
• cou\"m le fait... .. Enfin, par application .du mot au prince de Condé
lui-mme (p. 53) : • Maistre Aignos, de quel conseiller attendra-l-oo
' " bien, sinon .de cel ui qui par ·SOD conseil a fait Oeurir le royaume ?...• ,
On voit que dans cet écriL, l'auteur alfecte de substll!Jer le mot 4lg_1101
à ·celui ùti Huguenots, et a grand soin d'en do.nr.er l'elplicalion lole e'
historique. i\Jais c'est un i>a.mpblet érudit, t;t postérie. dlj deux ans à
la conjuration d;Amboise, de (Ùx ans à l'apP,arition du mot en Touraine,
selon le témoig ge de Pasquier:
..
De tout cela nous scions porté à concllll'eque l'é1_ymolog ie.du roi Hugon,
par.cela même qu'rlle est un sobriquet populaire et qu'elle parait la pre -
mière en date, est sao doute l'etymologic simple et ,.... ie,-taod.ls que .
celle de /lug u.es Capet sernit l'élymolgie dedéfensh•e oppoe t-0u1aussitôt
par les Hugui>nots eux-mêmes (li mm è vèro , t ben trovalo), -et ttlle
de Eidge11ossen ou Aignoa, • l'étymoloie cherchée el dé(•om·erte par les
•\i:rivalns et les érudits contempora ins, 11ui réus lrent à la greft'er sur les
deux autres. ·

'
Qu•e.e qa'an • U"re de l'obél..anee, • doat Il ed parlé
aa alllea dll Vll'.•lèdet
Dans un documt'Dl inédit et nonyme qui se rapporte vraiscmhlahlemeot
il l'année •Gst, il et question d'un • livre de l'obéissance, • que le gou-
vernement de Louis XIV aurait eu lotér à faire " souscrire el approuver ..
par les synodes provinclaqx des Eglises réformées, en e temps qu'on
(2) Spon, l'hi torien de Genève, di t que les parti 11ns dn duc de Saroie furent
ainsi 11ommé1M11mmliu, dn nom des soldats t& lavcs du soud:in d'.Egypte.
(tn-4•, t. 11 p. HO.) •

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