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DR.

AGOUCHTE El MEHDI

Les ingénieurs réclament un ordre


Faut-il réglementer les métiers d’ingénieurs à l’image des professions libérales telles
que la médecine, l’architecture, les experts-comptables, les comptables agréés…?
Pour Abderrahim Handouf, président de l’Union nationale des ingénieurs marocains
(UNIM), c’est même une urgence.

L’association a déjà saisi le Secrétariat général du gouvernement il y a deux ans à ce


sujet, mais sans aucune réponse pour le moment. Le président de l’UNIM ne manque
pas d’arguments. A commencer par l’exercice de la profession d’ingénieur. «Il n’est
ni conditionné par le port du titre d’ingénieur ni l’obtention de l’agrément délivré par
le ministère de l’Équipement aux bureaux d’études techniques et aux entreprises de
BTP qui soumissionnent aux marchés publics. Pis encore, n’importe qui peut ouvrir
un bureau d’études dans le domaine de l’ingénierie sans détenir un diplôme
d’ingénieur et sans même une autorisation», signale Handouf.

Ce dernier cite également l’exemple du «commerce des produits phytosanitaires qui,


de par la loi, doit relever exclusivement des ingénieurs agronomes spécialisés en
phytiatrie». Dans le BTP, à l’exception des appels d’offres de l’État qui exigent des
diplômes d’ingénieur, n’importe qui peut prétendre à ce titre. Dans certains cas, dès
qu’une société décroche un marché public, elle se passe des services de l’ingénieur.
Ce qui fait dire au président de l’UNIM que la fonction d’ingénieur n’est pas
réglementée au Maroc à l’image de deux spécialités: ingénieur géomètre-topographe
et architecte.

68 ans après la publication du dahir du 11 juin 1949 au Bulletin officiel (29/07/49),


régissant le port du titre d’ingénieur, le métier d’ingénieur n’a toujours pas été
réglementé. D’ailleurs, à l’image de la France, le Maroc est l’un des rares pays à ne
pas être doté d’un ordre des ingénieurs. Depuis quelques années, l’Hexagone a
entamé le débat sur l’opportunité d’en créer un.

L’absence d’une structure ordinale pose également problème pour les ingénieurs
marocains qui décrochent des postes à l’étranger. «Nos ingénieurs se voient
systématiquement réclamer une attestation d’inscription à l’ordre des ingénieurs au
Maroc. Mais comme il n’existe aucune organisation ordinale, nous sommes
DR. AGOUCHTE El MEHDI

régulièrement sollicités par des ordres d’ingénieurs à l’étranger pour confirmer la


fonction des candidats au recrutement», confie le président de l’UNIM. Même les
ingénieurs qui sont recrutés par des multinationales demandent parfois à adhérer à
l’UNIM croyant que c’est une formalité obligatoire pour exercer.
La création d’un ordre professionnel regroupant tous les ingénieurs aurait plusieurs
avantages. A commencer par une reconnaissance à l’étranger puisque les ingénieurs
nationaux ne seront plus soumis à une enquête pour confirmer leur formation. La
création d’un ordre professionnel constitue également un outil stratégique. Cela
permettra, par exemple, de savoir combien d’ingénieurs existent au Maroc.

En effet, étant donné que chaque école d’ingénieurs est rattachée à un ministère
différent (ENIM, EHTP, Insea, ENSA, Inpt…), il n’existe aucun organisme centralisant
les statistiques sur ce profil. Un ordre permettra par ailleurs d’identifier les besoins
de l’économie nationale pour chaque spécialité. L’échec du plan «10.000 ingénieurs»
n’est-il pas dû, entre autres, à un manque de visibilité?

Plus d’une décennie plus tard, le Maroc formerait à peine 7.500 ingénieurs, dont
2.500 lauréats d’écoles privées n’ayant pas le titre d’ingénieur. Au total, l’UNIM
estime que le nombre d’ingénieurs exerçant actuellement au Maroc ne dépasse pas
les 80.000 contre 130.000 pour la Jordanie qui compte 7 millions d’habitants et 40
millions pour la Chine.

Une proposition de loi en route


Deux ans après avoir saisi le SGG et après une réunion avec sa direction de la
réglementation des métiers, l’UNIM (Union nationale des ingénieurs marocains)
attend toujours une réponse du gouvernement. Dans cette attente, l’association
prépare avec la Fédération marocaine du conseil et de l’ingénierie (FMCI) et un
certain nombre d’associations professionnelles et des ingénieurs membres du
Parlement une plateforme de travail. Celle-ci sera dévoilée lors de la conférence
internationale sur la réglementation des métiers d’ingénieurs de concert avec la
Fédération mondiale des ordres des ingénieurs et l’Union arabe des ingénieurs
qu’elle organisera en janvier prochain. Une proposition de loi instituant un ordre sera
ensuite déposée au Parlement.
DR. AGOUCHTE El MEHDI

Veuillez répondre aux questions suivantes :

1 – Quelle est l’idée générale du texte ?

2 – Que pensez-vous des propos d’Abderrahim Handouf présents au deuxième


paragraphe ?

3 – Pourquoi, selon vous, à chaque fois « qu’une société décroche un marché


public, elle se passe des services de l’ingénieur » ? Que pensez-vous de cette
pratique ? Que peut-elle avoir comme conséquence ?

4 – Comment pourriez-vous expliquer le manque de règlementation du métier


d’ingénieur depuis 1949 ? Serait-ce lié à un manque d’estime pour cette
discipline/profession ?

5 – Que pensez-vous de la comparaison entre La Jordanie et le Maroc ? Que


traduisent les chiffres présentés par l’article ?

Production écrite :

Le texte présente une multitude de problème liés au statut et à la fonction


d’ingénieur. Quels sont, selon vous, les éléments qui nécessitent en urgence un
changement et qu’est-ce que ces changements pourraient apporter comme
bénéfices à la fois aux individus et à la société.

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