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Préparation au concours de technicien principal de 2ème classe

Session 2018

CONCOURS BLANC

Rapport technique avec propositions opérationnelles


Spécialité : Bâtiment-Génie Civil

Durée : 3 heures – Coefficient : 1

Sujet :

Vous êtes technicien Principal de 2ème classe au sein du service architecture de l’EPCI
TECHNI AGGLOMERATION, 10 communes et 230 000 habitants. Ce service appartient
à la Direction des bâtiments qui dispose d’un bureau d’études techniques, d’un
service patrimoine-maintenance et d’un service énergie.

Dans le cadre des nouvelles prises de compétence et afin de réduire les sites et
l’éclatement du personnel toujours en poste dans leurs anciennes collectivités, le
conseil communautaire a décidé, sous sa maitrise d’ouvrage, de la création d’un
centre administratif sur un terrain constructible bien centralisé, propriété de
l’agglomération, qui regroupera la centaine d’agents concernés avec une prévision de
30 postes supplémentaires à venir.
Un montant prévisionnel de 5 300 000 € HT pour les seuls travaux est inscrit à la
Programmation Pluriannuelle d’Investissement.

Afin de raccourcir les délais, le président envisage le recours, dans la mesure du


possible, à la construction de bâtiments modulaires.

Dans un premier temps, le Directeur du service architecture vous demande de rédiger


un rapport à son attention, exclusivement à l’aide des documents ci-dessous, sur la
faisabilité du recours à ce type de construction pour le projet de la collectivité.

Dans un second temps, il vous demande d’établir un ensemble de propositions


envisageables pour la conception et la réalisation de ce projet, la procédure à laquelle
il faudra recourir pour le choix du maitre d’œuvre et les missions qui lui seront
confiées.

1
SOMMAIRE

Document 1 : Loi MOP, Marchés de conception-réalisation et construction modulaire


font ils bon ménage ?
Blog constructionmodulaire .com, 28 mai 2015 3 pages

Document 2 : L’ordre obtient l’annulation de trois conception-réalisation pour la


construction d’écoles en « modulaire » Document de l’ordre des architectes ,
6 pages
04/02/2014

Document 3 : Extrait « conception- réalisation » recommandations pour un bon usage


du processus, MIQCP (Mission interministérielle pour la qualité des constructions
publiques juin 2010 4 pages

Document 4 : La passation des marchés de conception-réalisation 4 pages


Direction des Affaires Juridiques, 27/01/2015

Document 5 : Extrait du décret n°2016-360 (25/03/2016) et de l’ordonnance n°2015-899


(23/07/2015) 3 pages

Document 6 : Allotissement et contrats globaux


1 page
Direction des Affaires Juridiques, 21/11/2016

Document 7 : Document d’informations commerciale et professionnelle d’un fabricant de


bâtiments modulaires 6 pages

Ce document comprend un sujet de 2 pages et un dossier de 27 pages.


Il appartient au candidat de vérifier que le document comprend le nombre de pages
indiqué.

2
DOCUMENT 1
DOCUMENT ISSU DE : https//blogconstructionmodulaire.com

Loi MOP, marchés de conception-


réalisation et construction modulaire font-
ils bon ménage ?
28 mai 2015

Dissociant la conception et la réalisation des travaux, la loi MOP de 1985 définit strictement
les conditions de droits d’attribution des marchés publics. Certaines dérogations peuvent être
accordées ; c’est le cas des marchés dits "de conception-réalisation" qui gomment cette
séparation entre l’étude et l’exécution des travaux. Utilisé par les entreprises de construction
modulaire, ce recours est cependant mal vu par les organisations d’architectes
professionnelles, qui semblent avoir l’appui des forces juridictionnelles. En témoignent les
décisions de justice rendues récemment.

La loi MOP et le droit des marchés publics


La loi du 12 juillet 1985

Notion de droit des marchés publics en France, la loi MOP (Maîtrise d’Ouvrage Publique)
date du 12 juillet 1985. Elle régit la maîtrise d’ouvrage publique et ses rapports avec la
maîtrise d’œuvre privée.

En résumé, la loi MOP impose de dissocier la mission de maîtrise d’œuvre de celle de


l’entrepreneur dans le cadre de la réalisation des ouvrages publics. Généralement
exécutée par un cabinet d’architecture, la conception des travaux est donc distincte de sa
réalisation exécutée quant à elle par des entrepreneurs divers.

Par l’association de l’entreprise chargée de réaliser les travaux et du concepteur du projet, la


loi MOP permet cependant de déroger à cette règle pour la réalisation d’ouvrages d’une
technicité particulière : c’est le processus de conception-réalisation.

Notons que le recours à la conception-réalisation est possible tant pour des ouvrages de
bâtiment que pour des ouvrages d’infrastructure. À la seule différence que, pour les
infrastructures, le marché peut être attribué à une entité seule ; alors que pour un ouvrage
de bâtiment, le marché sera nécessairement attribué à un groupement d’entités intégrant au
minimum un architecte, en vertu de l’application de la loi de 1977 sur l’architecture.

Dérogations à la loi MOP

Le marché particulier de la conception-réalisation confie donc à un même groupement


d’entreprises les études de conception et la réalisation des travaux.

1
Selon une procédure dérogeant au principe édicté dans la loi MOP, il constitue une
exception à la loi n°85-704 du 12 juillet 1985. Il est strictement encadré par l’article n°18
de cette même loi MOP. Ce texte autorise le recours au marché de conception-réalisation
« lorsque des motifs d’ordre technique ou d’engagement contractuel sur un niveau
d’amélioration de l’efficacité énergétique rendent nécessaire l’association de l’entrepreneur
aux études de l’ouvrage. »

L’article n°37 de la loi MOP précise en outre que les conditions de recours sont limitatives
pour le commanditaire de l’opération ainsi que pour l’entité chargée de sa réalisation. Il ne
peut être recouru à un contrat de conception-réalisation « que si l’association de
l’entrepreneur aux études est nécessaire pour réaliser l’ouvrage, en raison de motifs
techniques liés à sa destination ou à sa mise en œuvre technique. »

Depuis 1985, certaines dispositions dérogatoires à la loi MOP autorisent cependant cette
procédure sans avoir à justifier de la nécessité technique de la présence de l’entreprise
pendant les études, ce pour des pans entiers de la construction publique !

Conception-réalisation et construction modulaire


Annulation d’une conception-réalisation en Normandie

Type d’architecture appelé à prendre une place croissante à côté de la maîtrise d’ouvrages
traditionnels dans le secteur du bâtiment public, la construction modulaire ne semble pas à
l’heure actuelle entrer dans le cadre des attributions de marchés de conception-réalisation.

Le contrôle du recours aux dérogations prévues par la loi MOP a en effet abouti l’année
passée à l’annulation de trois procédures de conception-réalisation en Normandie.

Par délibération du 31 janvier 2013, la communauté de communes de Bayeux avait pourtant


autorisé son président à signer trois marchés de conception-réalisation visant la construction
de bâtiments scolaires modulaires pour les écoles de Saint-Vigor-le-Grand, Subles et Esquay.

Saisi par le Conseil régional de l’Ordre des architectes*, le tribunal administratif de Caen a
posé son véto à l’opération, jugeant que les conditions du recours au marché de conception-
réalisation n’étaient pas satisfaites.

La communauté de communes de Bayeux avait pourtant justifié son choix de passer des
marchés de conception-réalisation par sa volonté de réduire les coûts et les délais de la
construction des bâtiments scolaires.

Propres au système de construction modulaire, ces atouts auraient permis une adaptation
plus aisée des bâtiments en cas d’agrandissement des écoles. Las ! Le juge a estimé que les
bâtiments modulaires, standardisés et industrialisés ne laissaient aucune marge de manœuvre
aux architectes et risquaient « d’évincer les entreprises qui n’étaient pas en mesure de
réaliser les études et la construction du bâtiment. » En d’autres termes, la construction
modulaire ne permettrait pas au maître d’ouvrage public de justifier des motifs d’ordre
technique rendant nécessaire l’association de l’entrepreneur aux études de l’ouvrage.

2
Pourtant, les marchés de conception-réalisation ne peuvent être attribués qu’à un
groupement d’entreprises, qui peut très bien être constitué par l’alliance entre une entreprise
générale et un maître d’œuvre, au sens large, et un architecte, en particulier…

* Le Conseil d’Etat a reconnu l’intérêt du Conseil national de l’ordre des architectes, par le
biais de ses organes régionaux déconcentrés, à agir contre la décision d’attribution d’un
marché de conception-réalisation dans la mesure où celui-ci modifie les conditions d’exercice
de la fonction de maîtrise d’œuvre et peut affecter les droits conférés aux architectes lorsque
leur intervention est requise.

Contrôle du marché public et construction modulaire

L’avis rendu par le tribunal administratif de Caen ne va évidemment pas dans le sens des
entreprises de construction modulaire. Dorénavant, la logique voudrait même que la
jurisprudence écarte le recours à ce type d’architecture des exceptions prévues par la loi dans
les attributions dérogatoires de marchés publics de conception-réalisation.

Notamment par le biais de l’ACIM (Association des constructions industrialisées et


modulaires), les entreprises du secteur de la construction modulaire continuent pourtant à
mettre en avant les nombreux points positifs et bénéfices autorisés par ce type d’architecture
propre, respectueuse de l’environnement et économique, sur les plans financier et énergétique
(RT 2012).

Si pour l’instant certaines juridictions administratives se refusent à prendre en compte les


spécificités du marché du préfabriqué, tout espoir n’est pas perdu de voir à terme les choses
évoluer de manière plus positive pour la construction modulaire. L’objectif d’amener le
pouvoir judiciaire à infléchir sa position vis-à-vis de la validation d’attributions de
conceptions-réalisations aux entreprises du modulaire n’est peut-être pas si utopique qu’il
n’y paraît.

De nombreux secteurs tels que celui des services, de l’éducation ou du logement font en effet
de plus en plus confiance à la construction modulaire. L’objectif gouvernemental des 500
000 logements construits chaque année est par ailleurs très loin d’être atteint. Il faudra bien
un jour ou l’autre prendre le taureau par les cornes si les élus souhaitent réellement appliquer
leur plan d’action en la matière. Tout comme la négociation avec le Conseil National de
l’Ordre des Architectes et les autres syndicats professionnels du secteur de la maîtrise
d’œuvre, la définition de règlements clairs et précis de la part du législateur semblent de ce
point de vue plus qu’urgente.

Malgré les atouts de la construction modulaire, son implication dans l’attribution de marchés
de conception-réalisation en dérogation à la loi MOP n’est pas vue d’un bon œil, notamment
de la part des instances défendant la position des maîtres d’ouvrage, en particulier celle des
architectes. Par la présence d’un entrepreneur dans le projet, ces derniers semblent craindre
une perte de liberté dans la réalisation de leur mission de conception ainsi que dans l’exercice
de leur art. Si cette position peut être entendue, celle de certains syndicats d’architectes
semble beaucoup moins compréhensible : ces derniers stigmatisent la construction modulaire
comme une menace face aux objectifs de développement durable et lui reprochent également
sa qualité architecturale bas de gamme…

3
DOCUMENT 2 DOCUMENT ORDRE DES ARCHITECTES

L'Ordre obtient l'annulation de trois conception-réalisation pour la


construction d'écoles en "modulaire"
Le tribunal administratif de Caen, saisi par le Conseil régional de l’Ordre des architectes de Basse-
Normandie, vient de confirmer que la construction modulaire ne constitue pas un motif technique permettant
au maître d’ouvrage de recourir à la conception-réalisation.

La construction modulaire n’est pas un motif technique permettant le recours à la conception-réalisation


Par trois décisions, le tribunal administratif de Caen, sur requête du Conseil régional de l’Ordre des
architectes de Basse-Normandie, vient en effet d’affirmer que la construction modulaire ne permet pas au
maître d’ouvrage de justifier des motifs d’ordre technique rendant nécessaire l’association de l’entrepreneur
aux études de l’ouvrage.

Dans ces trois affaires, une Communauté de Communes avait décidé de recourir à des procédures de
conception réalisation pour la construction et la réhabilitation de plusieurs bâtiments scolaires, situés sur le
territoire de différentes communes.
Pour justifier le recours à la conception réalisation, la Communauté de Communes alléguait qu’elle avait fait
le choix d’une construction modulaire préfabriquée afin de réduire les coûts et les délais des constructions et
d’assurer une adaptation des bâtiments en cas d’agrandissements des écoles.

Dans chacune des 3 espèces, le tribunal administratif a considéré qu’il « ne résulte pas de l’instruction que
les contraintes invoquées par la communauté de commune constituent des motifs d’ordre techniques rendant
nécessaire l’association de l’entrepreneur aux études de l’ouvrage au sens des dispositions de l’article 37 du
code des marchés publics ; que par suite, la communauté de communes ne pouvait légalement recourir à la
procédure prévue par l’article 37 du code des marchés publics afin de réaliser les travaux en cause ».

- TA Caen, 23 janvier 2014, n°1300604, CROA Basse-Normandie c/ Communauté de Commune de Bayeux,


Groupe scolaire de Saint-Vigor-le-Grand
- TA Caen, 23 janvier 2014, n°1300605, CROA Basse-Normandie c/ Communauté de Commune de Bayeux,
école de Subles
- TA Caen, 23 janvier 2014, n°1300606 CROA Basse-Normandie c/ Communauté de Commune de Bayeux,
école d’Esquay sur Seulles

Dans une précédente affaire, le tribunal administratif de Caen avait déjà eu l’occasion de se prononcer sur le
même sujet. Un centre hospitalier avait également choisi de recourir à la procédure de conception réalisation
pour la construction d’un bâtiment modulaire.

Pour justifier le recours à la conception réalisation, le centre hospitalier faisait valoir les contraintes
techniques particulières liées au projet de construction d’un bâtiment modulaire de 3300 m² répartis sur trois
niveaux pour un coût de 5 millions d’euros, ainsi que les impératifs liés au site (proximité d’une ligne de
tramway et de l’entrée principale du centre hospitalier, nécessité pour le bâtiment de s’intégrer dans le site) ..
Motifs jugés insuffisants pour le juge au regard des exigences de l’article 37 du code des marchés publics. Il
a en effet considéré « que toutefois, il ne résulte pas de l’instruction que ces contraintes constituent des
motifs d’ordre technique rendant nécessaire l’association de l’entrepreneur aux études de l’ouvrage au sens
des dispositions de l’article 37 du code des marchés publics ; que par suite, le centre hospitalier ne pouvait
légalement recourir à la procédure prévue à l’article 37 du code des marchés publics afin de construire un
bâtiment provisoire modulaire à usage de bureaux et de vestiaire ».

- TA Caen, 12 novembre 2012, n° 1200460, Société Euromodules c/ Centre hospitalier Universitaire de


Caen

Publié le 04.02.2014
TRIBUNAL ADMINISTRATIF EB
DE CAEN

N° 1300604 RÉPUBLIQUE FRANÇAISE


___________

CONSEIL RÉGIONAL DE L'ORDRE DES


ARCHITECTES DE BASSE-NORMANDIE AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
___________

M. Bellec
Rapporteur Le Tribunal administratif de Caen
___________
(1ère chambre)
M. Revel
Rapporteur public
___________

Audience du 9 janvier 2014


Lecture du 23 janvier 2014
___________
39-02-02
C
Vu la requête enregistrée le 3 avril 2013, présentée pour le conseil régional de l'ordre
des architectes de Basse-Normandie, dont le siège est au 36 rue Arcisse de Caumont, BP 90261,
à Caen (14013), par Me Samson, avocat ; le conseil régional de l'ordre des architectes de Basse-
Normandie demande au tribunal :

- d’annuler la délibération du conseil communautaire de la communauté de


communes Bayeux intercom du 31 janvier 2013 par laquelle elle autorise le président à signer un
marché de conception et réalisation de bâtiments scolaires modulaires au sein du groupe scolaire
de Saint-Vigor-le-Grand avec la société Cougnaud ;

- d’enjoindre au président de la communauté de communes d’annuler le marché en


cause dans un délai de deux mois à compter de la notification du jugement à intervenir, sous
astreinte de 500 euros par jour de retard ;

- de mettre à la charge de la communauté de communes Bayeux intercom une somme


de 1 500 euros au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative ;
……………………………………………………………………………………………………...

Vu le mémoire en défense, enregistré le 28 août 2013, présenté pour la communauté de


communes Bayeux intercom, par Me Gorand, avocat, qui conclut au rejet de la requête et à la
condamnation du conseil régional de l'ordre des architectes de Basse-Normandie à lui verser la
somme 1 500 euros en application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ;
……………………………………………………………………………………………………...

Vu le mémoire enregistré le 17 décembre 2013, présenté pour la société Cougnaud, par


Me Tertrais, avocat, qui conclut au rejet de la requête et à la condamnation du conseil régional de
N° 1300604 2

l'ordre des architectes de Basse-Normandie à lui verser la somme de 2 500 euros en application
de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ;
……………………………………………………………………………………………………...

Vu la décision attaquée ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu, enregistrée le 10 janvier 2014, la note en délibéré présentée pour la communauté de


communes Bayeux intercom ;

Vu le code des marchés publics ;

Vu le code de justice administrative ;

Les parties ayant été régulièrement averties du jour de l'audience ;

Après avoir entendu au cours de l'audience publique du 9 janvier 2014 :

- le rapport de M. Bellec ;

- les conclusions de M. Revel, rapporteur public ;

- les observations de Me Samson, avocat au barreau de Nantes, pour le conseil régional


de l'ordre des architectes de Basse-Normandie ;

- et les observations de Me Gorand, avocat au barreau de Caen, pour la communauté de


communes Bayeux intercom ;

1. Considérant que la communauté de communes Bayeux intercom a publié un appel


public à concurrence le 17 avril 2012, afin de confier à un prestataire la conception et la
réalisation de bâtiments scolaires modulaires ainsi que la réhabilitation d’un bâtiment existant au
groupe scolaire de Saint-Vigor-le-Grand ; que par la délibération contestée du 31 janvier 2013, le
conseil communautaire de la communauté de communes Bayeux intercom a autorisé le président
à signer le marché avec la société Cougnaud ;

Sur les conclusions à fin d’annulation, sans qu’il soit besoin de statuer sur les
autres moyens :

2. Considérant qu’aux termes du deuxième alinéa de l’article 7 de la loi du 12 juillet


1985 relative à la maîtrise d’ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée :
« Pour la réalisation d’un ouvrage, la mission de maîtrise d’œuvre est distincte de celle
d’entrepreneur » ; qu’aux termes du I de l’article 18 de la même loi : « Nonobstant les
dispositions du titre II de la présente loi, le maître de l’ouvrage peut confier par contrat à un
groupement de personnes de droit privé ou, pour les seuls ouvrages d’infrastructure, à une
personne de droit privé, une mission portant à la fois sur l’établissement des études et
l’exécution des travaux, lorsque des motifs d’ordre technique rendent nécessaire l’association de
l’entrepreneur aux études de l’ouvrage. Un décret précise les conditions d’application du
présent alinéa en modifiant, en tant que de besoin, pour les personnes publiques régies par le
N° 1300604 3

code des marchés publics, les dispositions de ce code » ; qu’aux termes de l’article 37 du code
des marchés publics : « Un marché de conception-réalisation est un marché de travaux qui
permet au pouvoir adjudicateur de confier à un groupement d'opérateurs économiques ou, pour
les seuls ouvrages d'infrastructure, à un seul opérateur économique, une mission portant à la
fois sur l'établissement des études et l'exécution des travaux. / Les pouvoirs adjudicateurs soumis
aux dispositions de la loi du 12 juillet 1985 susmentionnée ne peuvent, en application du I de son
article 18, recourir à un marché de conception-réalisation, quel qu'en soit le montant, que si un
engagement contractuel sur un niveau d'amélioration de l'efficacité énergétique ou des motifs
d'ordre technique rendent nécessaire l'association de l'entrepreneur aux études de l'ouvrage. /
Les motifs d'ordre technique mentionnés à l'alinéa précédent sont liés à la destination ou à la
mise en œuvre technique de l'ouvrage. Sont concernées des opérations dont la finalité majeure
est une production dont le processus conditionne la conception, la réalisation et la mise en
œuvre ainsi que des opérations dont les caractéristiques, telles que des dimensions
exceptionnelles ou des difficultés techniques particulières, exigent de faire appel aux moyens et à
la technicité propres des opérateurs économiques. » ;

3. Considérant qu’il résulte de ces dispositions que la passation d’un marché de


conception réalisation, qui modifie les conditions d’exercice de la fonction de maître d’œuvre, ne
peut avoir lieu que dans des circonstances particulières ; que pour justifier, en l’espèce, le
recours à une telle procédure au regard des dispositions précitées du second alinéa de l’article 37
du code des marchés publics, la communauté de communes Bayeux intercom allègue qu’elle a
fait le choix d’une construction modulaire préfabriquée afin de réduire les coûts et les délais de
la construction et d’assurer une adaptation du bâtiment en cas d’agrandissement de l’école ; que
ce type de construction étant standardisé et industrialisé, il n’y a aucune marge de manœuvre
pour l’architecte ; que les travaux en cause consistent en la construction d’une classe avec
sanitaire ainsi que l’aménagement des abords extérieurs, réhabilitation partielle du bâtiment
existant ; que, toutefois, il ne résulte pas de l’instruction que les contraintes invoquées par la
communauté de communes constituent des motifs d’ordre technique rendant nécessaire
l’association de l’entrepreneur aux études de l’ouvrage au sens des dispositions de l’article 37 du
code des marchés publics ; que, par suite, la communauté de communes ne pouvait légalement
recourir à la procédure prévue à l’article 37 du code des marchés publics afin de réaliser les
travaux en cause ;

4. Considérant qu’il résulte de ce qui précède que le conseil régional de l'ordre des
architectes de Basse-Normandie est fondé à demander l’annulation de la délibération du conseil
communautaire de la communauté de communes Bayeux intercom du 31 janvier 2013 par
laquelle elle autorise le président à signer un marché de conception et réalisation de bâtiments
scolaires modulaires au groupe scolaire de Saint-Vigor-le-Grand avec la société Cougnaud ;

Sur l'injonction et sur l'astreinte :

5. Considérant qu’aux termes de l’article L. 911-1 du code de justice administrative :


« Lorsque sa décision implique nécessairement qu'une personne morale de droit public ou un
organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public prenne une mesure d'exécution
dans un sens déterminé, la juridiction, saisie de conclusions en ce sens, prescrit par la même
décision cette mesure assortie, le cas échéant, d'un délai d'exécution. » ;

6. Considérant que l'annulation d'un acte détachable d'un contrat n'implique pas
nécessairement la nullité dudit contrat ; qu’il appartient au juge de l'exécution, après avoir pris en
considération la nature de l’illégalité commise, soit de décider que la poursuite de l’exécution du
contrat est possible, éventuellement sous réserve de mesures de régularisation prises par la
N° 1300604 4

personne publique ou convenues entre les parties, soit, après avoir vérifié que sa décision ne
portera pas une atteinte excessive à l’intérêt général, d’enjoindre à la personne publique de
résilier le contrat, le cas échéant avec un effet différé, soit, eu égard à une illégalité d’une
particulière gravité, d’inviter les parties à résoudre leurs relations contractuelles ou, à défaut
d’entente sur cette résolution, à saisir le juge du contrat afin qu’il en règle les modalités s’il
estime que la résolution peut être une solution appropriée ; que, dans la détermination des
mesures rendues nécessaires par l’annulation, le juge de l’exécution n’est pas tenu par celles
demandées par le requérant ; qu’en l’espèce, le vice entachant la délibération annulée, à savoir le
recours irrégulier à la procédure de marché de conception-réalisation, a eu pour effet d’évincer
les entreprises qui n’étaient pas en mesure de réaliser les études et la construction du bâtiment, et
a affecté gravement la régularité de la mise en concurrence et la légalité du choix de
l’attributaire ;

7. Considérant qu'il s’ensuit qu’il doit être enjoint à la communauté de communes


Bayeux intercom, si elle ne peut obtenir de son co-contractant qu'il accepte la résolution du
marché en cause, de saisir, dans le délai de trois mois, le juge du contrat sans qu’il y ait lieu
d'assortir cette injonction des astreintes demandées ;

Sur les conclusions tendant à l’application de l’article L. 761-1 du code de justice


administrative :

8. Considérant qu'aux termes de l'article L. 761-1 du code de justice administrative :


« Dans toutes les instances, le juge condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie
perdante, à payer à l'autre partie la somme qu'il détermine, au titre des frais exposés et non
compris dans les dépens. Le juge tient compte de l'équité ou de la situation économique de la
partie condamnée. Il peut, même d'office, pour des raisons tirées des mêmes considérations, dire
qu'il n'y a pas lieu à cette condamnation » ;

9. Considérant que ces dispositions font obstacle à ce que soit mise à la charge du
conseil régional de l'ordre des architectes de Basse-Normandie, qui n’est pas la partie perdante
dans la présente instance, la somme dont la communauté de communes Bayeux intercom et la
société Cougnaud demandent le versement au titre des frais exposés et non compris dans les
dépens ;

10. Considérant qu’il y a lieu de mettre à la charge de la communauté de communes


Bayeux intercom le versement au conseil régional de l'ordre des architectes de Basse-Normandie
de la somme de 1 000 euros en application de l'article L. 761-1 du code de justice
administrative ;

DÉCIDE:

Article 1er : La délibération susvisée du 31 janvier 2013 de la communauté de


communes de Bayeux intercom est annulée.

Article 2 : Il est enjoint à la communauté de communes Bayeux intercom, si elle ne


peut obtenir de son co-contractant qu'il accepte la résolution du marché en cause, de saisir, dans
le délai de trois mois, le juge du contrat.
N° 1300604 5

Article 3 : La communauté de communes Bayeux intercom est condamnée à verser


la somme de 1 000 euros au conseil régional de l'ordre des architectes de Basse-Normandie en
application de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.

Article 4 : Les conclusions de la communauté de communes Bayeux intercom et de


la société Cougnaud tendant à l’application de l’article L. 761-1 du code de justice administrative
sont rejetées.

Article 5 : Le présent jugement sera notifié au conseil régional de l'ordre des


architectes de Basse-Normandie, à la communauté de communes Bayeux intercom et à la société
Cougnaud.

Délibéré après l'audience du 9 janvier 2014, à laquelle siégeaient :

M. Mondésert, président,
M. Bellec, premier conseiller,
M. Bonneu, premier conseiller,

Lu en audience publique le 23 janvier 2014.

Le rapporteur, Le président,

Signé Signé

C. BELLEC X. MONDÉSERT

La greffière,

Signé

M. TRANQUILLE
DOCUMENT 3

1
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DOCUMENT 4

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DOCUMENT 5
JORF n°0074 du 27 mars 2016

Texte n°28

Décret n° 2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics

NOR: EINM1600207D

ELI:https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/3/25/EINM1600207D/jo/texte
Alias: https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/3/25/2016-360/jo/texte

EXTRAITS

Chapitre II : Allotissement

Article 12

I. - L’acheteur qui décide de ne pas allotir un marché public répondant à un besoin dont la valeur est égale
ou supérieure aux seuils de procédure formalisée motive ce choix :

1° Dans les documents de la consultation ou le rapport de présentation mentionné à l’article 105, lorsqu’il
agit en tant que pouvoir adjudicateur ;

2° Parmi les informations qu’il conserve en application de l’article 106, lorsqu’il agit en tant qu’entité
adjudicatrice.

II. - L’acheteur qui décide de ne pas allotir un marché public répondant à un besoin dont la valeur est
inférieure aux seuils de procédure formalisée ou un marché public relevant des articles 28 et 29 motive ce
choix dans les documents relatifs à la procédure qu’il conserve en application de l’article 108.

III. - L’acheteur indique dans les documents de la consultation si les opérateurs économiques peuvent
soumissionner pour un seul lot, plusieurs lots ou tous les lots ainsi que, le cas échéant, le nombre maximal
de lots qui peuvent être attribués à un même soumissionnaire. Dans ce cas, les documents de la
consultation précisent les règles applicables lorsque la mise en œuvre des critères d’attribution conduirait à
attribuer à un même soumissionnaire un nombre de lots supérieur au nombre maximal.

Section 6 : Concours

Article 88

I. - L’acheteur qui organise un concours défini à l’article 8 de l’ordonnance du 23 juillet 2015 susvisée
publie un avis de concours dans les conditions prévues aux articles 33, 34 et 36. Lorsqu’il entend attribuer
un marché public de services au lauréat ou à l’un des lauréats du concours en application du 6° du I de
l’article 30, il l’indique dans l’avis de concours.

II. - L’acheteur détermine les modalités du concours dans le respect des principes mentionnés à l’article
1er de l’ordonnance du 23 juillet 2015 susvisée.

Lorsque le concours est restreint, l’acheteur établit des critères de sélection clairs et non discriminatoires
des participants au concours. Le nombre de candidats invités à participer au concours est suffisant pour
garantir une concurrence réelle.

1
JORF n°0169 du 24 juillet 2015
Le 29 décembre 2015

Texte n°38

ORDONNANCE
Ordonnance n° 2015-899 du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics

NOR: EINM1506103R

ELI:http://www.legifrance.gouv.fr/eli/ordonnance/2015/7/23/EINM1506103R/jo/texte
Alias: http://www.legifrance.gouv.fr/eli/ordonnance/2015/7/23/2015-899/jo/texte

EXTRAITS
Article 8

Le concours est un mode de sélection par lequel l’acheteur choisit, après mise en concurrence et avis d’un
jury, un plan ou un projet, notamment dans le domaine de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme, de
l’architecture et de l’ingénierie ou du traitement de données.

Section 3 : Définition des acheteurs soumis à la présente ordonnance

Article 9

Les acheteurs publics ou privés soumis à la présente ordonnance sont les pouvoirs adjudicateurs et les
entités adjudicatrices définis respectivement aux articles 10 et 11.

Article 10

Les pouvoirs adjudicateurs sont :

1° Les personnes morales de droit public ;

2° Les personnes morales de droit privé qui ont été créées pour satisfaire spécifiquement des besoins
d’intérêt général ayant un caractère autre qu’industriel ou commercial, dont :

a) Soit l’activité est financée majoritairement par un pouvoir adjudicateur ;

b) Soit la gestion est soumise à un contrôle par un pouvoir adjudicateur ;

c) Soit l’organe d’administration, de direction ou de surveillance est composé de membres dont plus de la
moitié sont désignés par un pouvoir adjudicateur ;

3° Les organismes de droit privé dotés de la personnalité juridique constitués par des pouvoirs
adjudicateurs en vue de réaliser certaines activités en commun.

Section 3 : Allotissement

Article 32
I. - Sous réserve des marchés publics globaux mentionnés à la section 4, les marchés publics autres que
les marchés publics de défense ou de sécurité sont passés en lots séparés, sauf si leur objet ne permet
pas l’identification de prestations distinctes. A cette fin, les acheteurs déterminent le nombre, la taille et
l’objet des lots.

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Les acheteurs peuvent toutefois décider de ne pas allotir un marché public s’ils ne sont pas en mesure
d’assurer par eux-mêmes les missions d’organisation, de pilotage et de coordination ou si la dévolution en
lots séparés est de nature à restreindre la concurrence ou risque de rendre techniquement difficile ou
financièrement plus coûteuse l’exécution des prestations.

Les acheteurs peuvent limiter le nombre de lots pour lesquels un opérateur économique peut présenter
une offre ou le nombre de lots qui peuvent être attribués à un même opérateur économique.
Les offres sont appréciées lot par lot.

II. - Lorsqu’un acheteur décide de ne pas allotir un marché public, il motive son choix selon des modalités
fixées par voie réglementaire.

Section 4 : Marchés publics globaux


Sous-section 1 : Marchés publics de conception-réalisation

Article 33
I. - Les acheteurs peuvent conclure des marchés publics de conception-réalisation qui sont des marchés
publics de travaux permettant à l’acheteur de confier à un opérateur économique une mission portant à la
fois sur l’établissement des études et l’exécution des travaux.

Toutefois, sans préjudice des dispositions législatives spéciales, les acheteurs soumis aux dispositions de
la loi du 12 juillet 1985 susvisée ne peuvent recourir à un marché public de conception-réalisation, quel
qu’en soit le montant, que si des motifs d’ordre technique ou un engagement contractuel sur un niveau
d’amélioration de l’efficacité énergétique rendent nécessaire l’association de l’entrepreneur aux études de
l’ouvrage. Un tel marché public est confié à un groupement d’opérateurs économiques. Il peut toutefois être
confié à un seul opérateur économique pour les ouvrages d’infrastructures.

LES SEUILS DE LA PROCEDURE FORMALISEE

La Commission européenne a communiqué les projets qui fixeront les nouveaux seuils de procédures
formalisées de marchés publics aux États membres.

À partir du 1er janvier 2016, ces seuils sont relevés de :

• 134 000 € à 135 000 € HT pour les marchés de fournitures et de services de l'État ;
• 207 000 € à 209 000 € HT pour les marchés de fournitures et de services des collectivités
territoriales ;
• 414 000 € à 418 000 € HT pour les marchés de fournitures et de services des entités adjudicatrices et
ceux passés dans le domaine de la défense ou de la sécurité ;
• 5 186 000 € à 5 225 000 € HT pour les marchés publics de travaux et pour les contrats de
concessions.

La valeur de ces seuils est actualisée tous les 2 ans.

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