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Fondements de la rééducation:
La rééducation est fondée su rune étude complète du patient et de sa maladie, cette étude suppose une
approche multidisciplinaire (neurologue, neuropsychologue, linguiste, orthophoniste …) en effet, lors de
la prise en charge, l’orthophoniste s’efforcera de récolter un maximum de renseignements concernant le
patient: son histoire médicale, résultats des examens neurologiques, le bilan neuropsychologique ainsi
que l’examen clinique orthophonique.
Déroulement de la rééducation:
L’orthophoniste effectue un premier examen du langage quelques jours à peine après l’accident pour
avoir un aperçu très général des perturbations. Il faut attendre parfois 2 à 3 semaines, le temps que la
lésion cérébrale se stabilise, que l’état intellectuel du patient s’améliore et que son seuil de fatigabilité
augmente, avant de procéder à un autre examen du langage. Les résultats seront plus fiables et
permettrons de préciser la nature et la sévérité de l’aphasie.
La durée de la rééducation peut varier de quelques mois à quelques années selon le rythme et le degré
d’évolution de l’aphasie et aussi en fonction de la motivation et des besoins de patient.
Adaptation générale de l’aphasique à la rééducation (pré-rééducation) :
Il arrive généralement que la rééducation doive être précédée d’une phase préparatoire visant
l’atténuation des différentes perturbations associées à l’aphasie, ces perturbations peuvent nuire à la
rééducation orthophonique.
Cette pre-reeducation se concentre tout particulièrement sur les troubles de l’attention, les troubles
spatio-temporels, les déficits paretiques et praxiques, les troubles de calcul et parfois les troubles de
mémoire.
Un premier objectif s’impose alors, qui est d’adapter l’aphasique aux conditions de travail de la
rééducation. Cette phase es test donc un préalable nécessaire puisqu’elle consiste à capter son
attention, à l’amener à accepter le principe d’une consigne et à se concentrer sur une épreuve en ayant
recours à des activités globales non-linguistiques.
Cette pré-rééducation vise donc à minimiser les différentes manifestations cliniques des divers troubles
observés an association avec l’aphasie et permet ainsi au patient de tirer le plus grand bénéfice possible
de la rééducation. La pré rééducation comporte des exercices de difficulté croissante qu’il est utile de
continuer à utiliser au cours de la rééducation en accord avec les nouvelles possibilités du patient. Il
s’agit d’exercices de :
- Classification d’images et d’objets
- D’association d’idées
- Compléments d’image, et de scènes imagées
- Jeux de dominos a supports concrets
- Copie de formes géométriques de plus en plus complexes
- Jeux d’encastrement de cubes
- Puzzle
- Reproduction de gestes, mimiques gestuelles et faciales et praxies bucco-faciales.
La rééducation orthophonique doit être principalement dirigée dans l’intention d’actualiser de façon
spontanée les activités psycholinguistiques troublées ou perdues. L’analyse sémiologique permet donc
de déterminer à quels niveaux et à quel degré le comportement verbal du patient se trouve perturbé. Il
faut donc prévoir des exercices spécifiques pour chacun des niveaux d’organisation du langage et pour
chacune des modalités d’utilisation. En effet, il n’existe pas une seule méthode de rééducation de
l’aphasique, la rééducation doit se modeler sur les désordres fonctionnels et s’adapter à chaque cas
individuel.
La production linguistique est caractéristiquement pauvre, très peu obondante, se doublant souvent
d’un manque d’initiation verbale. Il y’a 2 phases principales à la rééducation du mutisme.
- Phase de démutisation:
La rééducation vise la résurgence des usages les plus automatiques du langage; on tentera ainsi de
libérer un comportement linguistique de façon plus ou moins réflexe. Les formules linguistiques les plus
fréquemment employées dans le langage usuel du patient sont celles qui sont le plus spontanément
émises à ce stade de la rééducation. On favorise alors les séries automatiques, le langage de politesse, le
langage lié à la religion et les interjections émotionnelles.
Toutes ces réponses à contraintes automatiques sont renforcées par l’exagération de traits pertinents
extra-linguistiques pour parvenir à arracher les premiers énoncés à un patient mutique. En effet, on
utilisera des procédés de facilitation de tout ordre qui s’avéreront encore plus efficaces si on les double
de geste, de mimiques ou d’exagération prosodique.
Il faut varier les exercices car la exercises car la répétition trop fréquente risque d’engendrer des
phénomènes de persévération.
Le passage de l’automatique au volontaire est toujours difficile à obtenir, on entreprendra peu à peu
dans un deuxième temps de restreindre graduellement les systèmes automatiques du langage pour
arriver à une possibilité de répétition volontaire, on pourra s’aider de la lecture à haute voix si elle est
épargnée.
- Phase d’émission spontanée :
l’orthophoniste guide le patient vers la participation à un dialogue de plus en plus riche et ouvert. Il faut
combiner l’usage des mots isolés avec l’enrichissement du stock lexical vers la correction d’un trouble de
la syntaxe. La rééducation doit alors s’adresser à 2 formes du langage.
Le stock lexical : enrichissement d’un vocabulaire statique, d’un lngage descriptif, description
d’images, tableaux représentant des scènes de la vie quotidienne et l’intégration de mots
utilisés séparément dans une courte phrase.
Le dialogue adapté à une situation: à l’aide d’échanges de point de vue et de dialogues, la
structure rudimentaire de la phrase est progressivement enrichie jusqu’à la mise en fonction de
propositions plus étendues.
Apres un temps d’apprentissage, il est possible d’ébaucher la narration en faisant évoquer de mémoire
point par point, l’histoire racontée.
Énoncer et juxtaposer des phrases comme prélude à l’acte de raconter et d’improviser.
Exercices de construction de phrase à partir de mots proposés
Exercice de définition de mots
Explication de proverbes
Exercices de fluency verbale avec évocation de plus en plus rapide de mots.
Logorrhée: la logorrhée associée à des troubles de l’humeur avec une surexcitation du patient peut faire
en sorte que ce dernier soit très difficile, voire même impossible à canaliser.
Il faut parvenir durant cette étape à ce que le patient écoute même s’il ne sait pas tout ce qu’on lui dit et
qu’il réponde en respectant un thème proposé.
Pour cela, il faudra adopter une attitude ferme pour faire taire le patient et l’amener à concentrer son
attention sur des taches peu liées au langage et entraînant la production de gestes plutôt que de
paroles:
Répondre gestuellement à des questions
Exécuter des consignes verbales
Reproduire des gestes et praxies bucco-faciales.
Par ces tâches, le patient doit manifester son intérêt et son désir de coopération. Puis, une fois la
canalisation obtenue, on abordera la rééducation linguistique.
La jargonaphasie: dans l jargonaphasie, il existe une rupture des liens linguistiques de base qui unissent
le signifiant et le signifié, l’objectif de cette étape de la rééducation est de rétablir ce lien.
On distingue:
Le jargon phonémique:
Le trouble se manifeste par un remplacement des mots attendus par d’autres mots phonologiquement
proches. La rééducation visera donc à rétablir les constituants phonémiques au niveau de leur choix et
au niveau de leur agencement séquentiel dans un mot puis dans une phrase.
On exploitera toutes les formes de transpositions commençant par celles qui sont épargnées, qu’elles
soient audiophonatoires, visuophonatoires, audio graphiques ou visuographiques. Il faut donc exploiter
le triple pattern : auditif, visuel et graphique dans le but de renforcer le pattern phonologique.
À partir de mots monosyllabiques émis spontanément par le patient, on suggère d’autres mots qui
comportent cette syllabe et qui sont phonétiquement voisins.
C’est donc la forme auditive du mot et non sa signification qui sert à accrocher d’autres mots.
Progressivement et dans le cas d’une évolution favorable l’évocation devient possible.
- La repetition :
Il faut rendre stable ces acquisitions grâce à une répétition renouvelée du même mot pour lui donner
une certaine fixité. On utilisera toujours des mots courts qui suscitent le moins d’erreurs possibles. On
utilisera des exercices : de répétition de mots ne s’opposant que par un seul phonème distinctif ;
exercices de répétition de phrases de longueurs croissantes ; on peut éventuellement se servir
d’enregistrement audio pour que le patient entende ses propres erreurs et les corriger à force de
répétition.
- La dictée et la copie :
On peut demander au patient d’écrire un mot afin d’entraîner sa verbalisation qu’on essayera de rendre
la plus simultanée et spontanée possible, à un stade plus avancé, il suffit que le patient trace la forme
graphique du mot dans l’espace pour qu’il arrive à le verbaliser, puis il sera assez conscient de la forme
graphique du mot qu’il suffira de le percevoir intérieurement afin de le produire correctement. En effet,
la dictée et/ou la copie sont le mode de transposition le mieux épargné et le plus facile à atteindre et
donc ils amèneront le patient à multiplier les verbalisations orales correctes et le conduire à les intégrer
dans son langage.
Le jargon sémantique :
Ici, le plan phonologique est épargné, les mots sont normalement émis mais ils ont perdu leur valeur
sémantique.
On utilisera alors des exercices:
- De restitution de collections à partir de traits descriptifs, de critères d’usage, de critères de
matière ou de critères de forme
- Des exercices d’association d’idées
- Des exercices de classification à partir de 2 ou 3 critères à la fois afin que le patient puisse
dépasser un seul aspect caractéristique
- Des exercices à choix multiples
- Des exercices de complétion de phrases à lacunes
Lobjectif de ces exercices est de faire resurgir des associations anciennes en utilisant la dissociation
automatico-volontaire selon laquelle le patient peut dire correctement certains mots lorsqu’il est en
situation précise et visant les productions spontanées.
Les troubles phonétiques: (fréquemment rencontrés dans l’aphasie de Broca et l’anarthrie pure) le
patient est incapable de réaliser ou d’exécuter certains gestes nécessaires à l’émission de phonèmes ou
à leur enchaînement. L’énonciation devient donc laborieuse et de nombreux phonèmes considérés
individuellement sont déformés et difficiles à identifier.
- Rééducation de l’apraxie buccal-faciale et linguale :
Il est fréquent que l’exécution d’une praxie sévère soit impossible en début d’évolution ainsi que tous
les mouvements bucco-faciaux volontaires, y compris ceux qui participent à la réalisation de phonèmes.
Ces troubles praxiques se manifestent par l’impossibilité de certaines réalisations motrices liées aux
activités gestuelles des mâchoires, du larynx et du pharynx, du voile et de la langue et du diaphragme et
muscles intercostaux.
Il convient donc de travailler la motricité des joues, des lèvres et de la langue ainsi que le souffle, les
mimiques et la voix. La règle générale est de passer graduellement du geste imité devant un miroir au
geste exécuté sur commande verbale sans apport contextuel.
- Rééducation de la dysprodie:
On remarque une altération du rythme de la parole qui contribue à la parte de la mélodie habituelle de
la langue parlée. Il est difficile d’obtenir un retour à la prosodie normale, mais on peut essayer
d’atténuer l’effet dysprosodique par des exercices qui portent sur : l’enchaînement vocalique,
l’accentuation, l’exagèration, le mouvement vocalique et également la répétition de plusieurs
expressions de sentiments, comme la joie, la peur, le doute….
Les exercices relatifs aux structures syntaxiques doivent suivre une progression croissante de difficulté, à
savoir : phrases impératives, phrases déclaratives affirmatives, phrases négatives, phrases interrogatives
oui exclamatives.
La dysyntaxie : sa rééducation est à définir sur la base d’un inventaire des diverses erreurs
morphologiques et syntaxiques commises par le patient. Il faut prendre conscience de l’erreur commise
et l’opposer à la formule adéquate par des exercices de :
Classement d’images, mots et phrases
Exercices de complément de phrases lacunaires
Exercices de reconstruction de segments de phrases ou raccordement de tranchons de phrases
Exercices de repérage et de correction d’erreurs
Exercices de mémorisation de phrases.