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Devoir individuel à domicile

Cas N°1 : Un traiteur mal traité

I- Introduction

Dans ce cas, l’obligation litigieuse contenue dans chacun des contrats litigieux devait
s’exécuter, respectivement, dans les ambassades de la République du Dyktatürhestan situées
dans les 27 capitales des pays membres de l’Union européenne ainsi que dans l’ambassade
située à Berne, capitale de la Suisse.

D’après les éléments du dossier, il est envisageable pour le demandeur, personne physique,
Vincenzo Ravello, de saisir les tribunaux des États membres de l’Union européenne, de la
Suisse et ceux de la République du Dyktatürhestan. Les juges des tribunaux cités ci-dessus,
s’ils venaient à être saisis et s’ils devaient se prononcer sur leur compétence internationale,
ces derniers se prononceraient sur leur compétence internationale en faisant référence aux
règles qui les lient pouvant avoir leur source dans les traités internationaux liant l’État dont le
tribunal est saisi, dans les règlements européens (si le juge est celui d’un État membre de
l’Union européenne) ou autrement dans le droit commun spécifique de l’État du tribunal saisi.

Nous ignorons les règles de compétence internationale des tribunaux de la République du


Dyktatürhestan, un État non lié par les règlements européens ou par la Convention de Lugano
de 2007. C’est pourquoi nous ne répondrons pas à cette partie-là de la question.
Par ailleurs, le sujet ne mentionne pas le Royaume-Uni, n’étant d’ailleurs plus membre de
l’Union européenne depuis 2020, c’est pourquoi nous ne traiterons pas non plus les règles de
compétence relatives aux tribunaux britanniques.
Enfin nous créerons une catégorie unique nommée « Autres capitales » pour les affaires liées
aux tribunaux des États membres dont nous ne connaissons pas le droit commun et dans
lesquelles nous n’irons pas plus loin que la passerelle du l’art 6 du Règlement Bruxelles I bis.
Ce sont les capitales et États de la liste suivante : Vienne (Autriche), Sofia (Bulgarie), Nicosie
(Chypre), Zagreb (Croatie), Copenhague (Danemark), Tallin (Estonie), Helsinki (Finlande),
Athènes (Grèce), Budapest (Hongrie), Dublin (Irlande), Riga (Lettonie), Vilnius (Lituanie),
Luxembourg (Luxembourg), La Valette (Malte), Varsovie (Pologne), Lisbonne (Portugal),
Prague (République Tchèque), Bucarest (Roumanie), Bratislava (Slovaquie), Ljubljana
(Slovénie) et Stockholm (Suède).

En ce qui concerne les tribunaux des États européens membres de l’Union européenne dont le
ressort est en territoire européen (art. 355 TFUE), ces tribunaux devront se prononcer sur leur
compétence internationale d’après le règlement européen Bruxelles I bis si l’affaire entre dans

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le champ d’application de ce dernier. Autrement si le cas soumis ne trouve pas application
dans le règlement européen alors la réponse trouvera sa source soit dans un traité international
ou autre règlement qui lie leur État ou à défaut dans leur droit commun spécifique.

Le même raisonnement peut être effectué, mutatis mutandis, en remplaçant le règlement


Bruxelles I bis dans la réponse par la Convention de Lugano de 2007, pour les tribunaux des
États qui ne sont pas liés par le règlement Bruxelles I bis mais qui sont liés par la Convention
de Lugano de 2007.

II- Discussion État par État

1) Saisine des tribunaux européens dont le droit commun est analysé

A) Hypothèse de la saisine d’un tribunal de France métropolitaine

1. Tout d’abord le cas soumis entre dans le champ d’application du règlement Bruxelles I
bis. Les critères d’applicabilité suivants sont remplis.

a. ratione materiae : Selon l’art 1 du règlement Bruxelles I bis règlement, celui


s’applique en matière civile et commerciale. Cela est également confirmé par la jurisprudence
CJCE, 14 octobre 1976, Eurocontrol. En l’espèce, il s’agit d’une action en responsabilité
civile contractuelle ce qui sans nul doute confirme le critère ratione materiae.

b. ratione loci : Lorsque la saisine d’un tribunal de France métropolitaine, en territoire


européen est envisagée (art. 355 TFUE).

c. ratione temporis : En vertu des art. 66 et 81 du règlement, lorsque la saisine d’un


tribunal de France métropolitaine survient le 10 janvier 2015 ou postérieurement.

d. ratione personae : CJUE, 19 juil. 2012, Ahmed Mahamdia c. République d'Algérie.

Enfin, l’affaire satisfait aux exigences d’européanité et d’internationalité exprimées dans


les arrêts Owusu et Hypoteční banka de la Cour de Justice puisque les préjudices résultant de
l’inéxécution des contrats litigieux sont subis partout en Europe et le client, le défendeur est la
République du Dyktatürhestan.

2. Le règlèment Bruxelles I bis contient des règles de compétence internationale des


tribunaux des États membres spécifiques pour les litiges issus de trois types de contrats :
assurance, consommateur, travail (art 10 à 23).

On aurait pu penser à la jurisprudence CJUE, 19 juil. 2012, Ahmed Mahamdia c. République


d'Algérie puisque l’on traite de contrats conclus par les ambassades d’un État tiers mais en
l’espèce on exclut que les ambassades puissent avoir une personnalité juridique. De plus, les
contrats en question ne sont pas des contrats individuels de travail.

En l’espèce ces dernières sont sans intérêt puisqu’il s’agit vraisemblablement d’un contrat de
prestation de service.

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Conjointement le règlement contient des règles de compétence internationale des tribunaux
des États membres qu’il faut examiner dans un certain ordre :

 - art 24 (compétence exclusives, en l’espèce sans occurrence),


 - art 26 (comparution volontaire du défendeur, sans occurrence en l’espèce, à ce
stade),
 - art 25 (élection d’un for lié par le règlement, en l’espèce sans occurrence),
 - art 4 et 7 (forum rei et fors dits spéciaux, sans occurrence en l’espèce).

Si le défendeur était domicilié sur le territoire d’un État membre donc en territoire européen
en référence à l’art 355 TFUE alors l’art 4 du règlement Bruxelles I bis pourrait s’appliquer.
Concernant la personne morale, il revient d’appliquer l’art 63 du règlement Bruxelles I bis.
Toutefois, en l’espèce aucun des critères cités par l’art 63 ne se réalise dans le territoire de
l’Union européenne, c’est pourquoi l’art 4 ne s’applique pas et de la même manière l’art 7 ne
trouve pas à s’appliquer non plus. Il est, en conséquence, nécessaire de passer par la passerelle
de l’art 6 vers le droit commun de l’État membre dont le juge est saisi.

3. Le droit commun français de la compétence internationale des tribunaux s’articule autour


de quatre ensembles de règles qu’il faut absolument examiner d’après la jurisprudence
C.cass., 1ère ch. civ., 19 nov. 1985, Cognacs and Brandies from France dans l’ordre
suivant:

a. Tout d’abord il s’agit de la règle issue de la jurisprudence Pelassa-Scheffel. Bien que


la question soit controversée, la majorité de la doctrine considère que cette règle rend
internationalement compétents tous les tribunaux français et pas seulement celui qui
est territorialement compétent.
b. Ensuite on retrouve les règles spécifiques à certaines hypothèses Cass. Soc., 10 mai
2006, époux Moukarim c. Stella Isopehi,
c. Viennent après les privilèges de juridictions des articles 14 et 15 du Code civil. Ces
règles de droit commun français sont légèrement modifiées en passant par la
passerelle de l’art 6 du règlement Bruxelles I bis.
d. Enfin la règle du forum necessitatis qui est rappelée par les jurisprudences Cass. civ.
I, 1er février 2005, soc. NIOC ; Cass. Soc. 14 septembre 2017, Comilog, pourvoi n°
15-26.737.

- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Paris,
société de droit français contre la République du Dyktatürhestan c’est l’article 46 du Code
de procédure civile qui s’applique. C’est-à-dire en matière contractuelle la juridiction du
lieu de la livraison effective de la chose ou du lieu de l’exécution de la prestation de
service. Ceci est complété par l’arrêt de la C.cass., 2ème ch. civ., 18 janv. 2001, soc.
Ecopsi c. soc. Fadier Elevage, et transposé dans le domaine de la compétence
internationale par les jurisprudences Pelassa et Scheffel.
Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu également
en dehors du territoire français mais il faut que ce soit le résultat de l’inexécution du
contrat litigieux.

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Cette combinaison de règles rend internationalement compétents les tribunaux français
pour la partie du préjudice qui est causée ou directement subie en France, en supposant
qu’au moins une tratatorie, sociétés, a subi un préjudice en France.

- Pour le reste du différend soit la réparation du dommage subi en dehors de France…les


tribunaux français devront se déclarer internationalement compétents sur le fondement de
l’art 14 du Code civil mais seulement pour le préjudice subi par la tratatoria française,
société de droit français. En effet, la reconnaissance et l’exécution du jugement rendu sur
le fondement de l’art 14 du Code civil ne sont pas empêchées dans l’espace Bruxelles-
Lugano (art. 34 Lugano et 45 Bruxelles I bis). Comme le précise le rapport Jennard, c’est
« l’une des utilités principales de l’ancien article 4 de la convention de Bruxelles de
1968 », et par conséquents des règlements qui l’ont suivi.

En ce qui concerne le préjudice subi en dehors de France par les autres tratatorie, sociétés,
l’art. 14 n’est pas applicable. Il est donc obligatoire d’envisager une application de la règle
du forum necessitatis, qui, elle, nécessite un lien suffisant avec la France et une
impossibilité de saisir un tribunal étranger pouvant se déclarer internationalement
compétent. Aucune de ces deux conditions n’étant remplie en l’espèce (en sachant que
nous supposons que la seconde condition ne se réalise pas) alors les tribunaux français,
s’ils étaient saisis du restant du différend, se déclareraient internationalement
incompétents.

- En revanche si une autre société, une autre tratatoria souhaiterait former une action
contractuelle contre la République du Dyktatürhestan devant un tribunal de la France
métropolitaine alors le tribunal devrait se déclarer internationalement incompétent même
pour ce qui serait relatif à un éventuel préjudice contractuel subi en territoire français.

4. En conclusion, si un tribunal de France métropolitaine était saisi par Vincenzo Ravello au


nom des tratatorie contre la République du Dyktatürhesta des demandes décrites dans le
sujet, ce tribunal se déclarerait internationalement compétent sur le fondement de l’art. 46
CPC combiné à la jurisprudence Pelassa-Scheffel pour la portion du différend qui
concerne le préjudice subi en territoire français, et parallèlement, sur le fondement de l’art
14 du Code civil pour le reste du préjudice subi par la tratatoria française, de droit
français. Pour le reste du différend, toutefois, ce tribunal devra se déclarer
internationalement incompétent.

B) Hypothèse de la saisine d’un tribunal italien

1. et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. Le droit commun italien de la compétence internationale des tribunaux «en matière civile et
commerciale» trouve sa source dans l’article 3 de la loi n° 218 du 31 mai 1995. Les art 5 à 15
de la convention de Bruxelles de 1968 dans sa dernière version sont italianisés doublement :

a. Tout d’abord, une première fois en tant que des règles de source conventionnelle qui
deviennent des règles de source italienne par incrustation.

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b. Puis une seconde fois car ces règles quoi sont légèrement modifiées s’appliquent
sans occurrence du lieu du domicile du défendeur.

- Pour l’action de Vincenzo Ravello concernant la tratatoria locale de grand luxe située à
Rome, société de droit italien contre la République du Dyktatürhestan c’est l’art. 5 § 1 er de la
convention de Bruxelles de 1968 incrusté, adapté, italianisé qui s’applique. Cette disposition
rend compétent le tribunal dans le ressort duquel l’obligation qui sert de base à la demande
s’est exécutée ou aurait dû s’exécuter.
Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu également en dehors du
territoire italien mais il faut que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.

Pour le restant du différend, c’est-à-dire la réparation du dommage subi en dehors du territoire


italien…il est nécessaire de vérifier si le juge italien saisi pourra se déclarer compétent en
vertu des compléments introduits à l’art 3 de la loi de 1995 par l’arrêt n° 19595 du 17 juillet
2008 de la Corte di Cassazione, Ivana Trump c. Alberto Batani :

a. En premier lieu, la transposition des règles de compétence territoriale dans le domaine


de la compétence internationale.

En l’espèce, ce premier complément s’applique mais seulement pour ce qui concerne


l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria italienne car le droit italien de la
compétence territoriale admet de manière subsidiaire la règle du forum actoris.

b. En second lieu, le forum necessitatis.

En revanche ce second complément ne s’applique pas en l’espèce car il est très


probable que d’autres tribunaux en Europe puissent être compétents. Nous ne pouvons pas
dire avec précisions si la conception italienne du forum necessitatis requiert un lien suffisant
avec l’Italie mais c’est vraisemblablement le cas. De cette manière, en l’espèce il est force de
constater que pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en dehors du
territoire italien par les autres tratatorie, les liens avec l’Italie sont inexistants.

- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal italien, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventel préjudice contractuel subi en territoire
italien.

4. En conclusion, si un tribunal italien était saisi par Vincenzo Ravello au nom des tratatorie
contre la République du Dyktatürhesta des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se
déclarerait internationalement compétent :

a. sur le fondement de l’article 3 de la loi n° 218 du 31 mai 1995 combiné à l’article 5 de


la convention de Bruxelles de 1968 italianisé mais seulement pour la portion du
différend qui concerne le préjudice subi en territoire italien
b. sur le fondement du premier complément apporté à cet article 3 par l’arrêt n° 19595 du
17 juillet 2008, Ivana Trump c. Alberto Batani, c’est-à-dire la transposition des règles
de compétence territoriale dans le domaine de la compétence internationale, mais
seulement en ce qui concerne la tratatoria italienne, société italienne pouvant bénéficier
de la règle de compétence territoriale subsidiaire de forum actoris.

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Toutefois le juge italien devra se déclarer internationalement incompétent pour le reste du
différend.

C) Hypothèse de la saisine d’un tribunal suisse

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis. (La Suisse remplaçant la France et la


convention de Lugano de 2007 et sa numérotation remplaçant le règlement Bruxelles I bis et
sa numérotation).

3. Le droit commun suisse de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source


dans la loi du 18 décembre 1987. Cette loi comporte un article 113 relatif à la compétence
internationale des tribunaux suisses concernant la matière contractuelle.

- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Berne,
société de droit suisse contre la République du Dyktatürhestan, c’est l’art. 113 de la loi de
1987 qui est applicable « Lorsque la prestation caractéristique du contrat doit être
exécutée en Suisse, l’action peut aussi être portée devant le tribunal suisse du lieu où elle
doit être exécutée». Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu en dehors du
territoire suisse mais il faut que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.

Donc, la règle suisse art 113 s’applique quand on passe par la passerelle art 4 de Lugano,
si le défendeur n’est domicilié nulle part en Europe.

Pour le reste du différend, il convient d’analyser les autres règles de compétence


internationale des tribunaux suisses. Il faut noter que le droit suisse n’a ni l’équivalent de l’art
14 du Code civil français, ni l’équivalent de la règle de compétence territoriale italienne du
forum actoris transposée au sein de la compétence internationale.

Toutefois, le droit suisse applique la règle du forum necessitatis art. 3 de la loi de 1987. En
l’espèce, les conditions ne sont pas remplies puisque nous supposerons que d’autres tribunaux
dans le monde sont surement compétents. De plus, pour la portion du différend qui concerne
le préjudice subi en dehors de Suisse par le autres tratatorie, les liens avec la Suisse sont
inexistants.

- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal suisse, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice contractuel subi en
Suisse.

4. En conclusion, si un tribunal suisse était saisi par Vincenzo Ravello au nom des tratatorie
contre la République du Dyktatürhesta des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se
déclarerait internationalement compétent sur le fondement de l’art 113 de la loi suisse du
18 décembre 1987 mais seulement pour la portion du différend qui concerne le préjudice
subi en territoire suisse. Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent
pour le reste du litige.

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D. Hypothèse de la saisine d’un tribunal belge

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. Le droit commun belge de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source dans
le code de droit international privé de 2004. Ce dernier dispose d’un article particulier en cas
d’action née d’une obligation contractuelle (art. 96, 1°).

-Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Bruxelles,
société de droit belge contre la République du Dyktatürhestan, c’est l’art. 96, 1°, du code de
2004 qui s’applique («Les juridictions belges sont compétentes pour connaître de toute
demande en matière d'obligations, outre dans les cas prévus par les dispositions générales de
la présente loi, lorsque cette demande concerne : 1° une obligation contractuelle, a) si celle-
ci est née en Belgique; ou b) si celle-ci est ou doit être exécutée en Belgique»).

Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu en dehors du territoire belge mais il
faut que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.

Pour le reste du différend, il convient d’analyser les autres règles de compétence


internationale des tribunaux belges. Il faut noter que le droit belge n’a ni l’équivalent de l’art
14 du Code civil français, ni l’équivalent de la règle de compétence territoriale italienne du
forum actoris transposée au sein de la compétence internationale.

Toutefois, le droit belge applique la règle du forum necessitatis art 11 du Code de 2004. En
l’espèce, les conditions ne sont pas remplies puisque nous supposerons que d’autres tribunaux
dans le monde sont surement compétents. De plus, pour la portion du différend qui concerne
le préjudice subi en dehors de la Belgiqur par le autres tratatorie, les liens avec la Belgique
sont inexistants.

- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal belge, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice contractuel subi en
Belgique.

4.En conclusion, si un tribunal belge était saisi par Vincenzo Ravello au nom des tratatorie
contre la République du Dyktatürhesta des demandes, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent sur le fondement de l’art 96.1 du Code de 2004 mais seulement
pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en territoire suisse.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.

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E. Hypothèse de la saisine d’un tribunal espagnol

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. Le droit commun espagnol de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source


dans la loi organique du pouvoir judiciaire n° 6/1985 du 1 er juillet 1985 (LOPJ). Ensuite la
LOPJ a été réformée par une loi organique n° 7/2015 du 21 juillet 2015 (vig. 1 er octobre 2015)
et, sur un point de détail, par une loi organique n° 16/2015 du 27 octobre 2015 (vig. 17 nov.
2015).

Ce dernier dispose d’un article particulier en cas d’action née d’une obligation contractuelle
(art 22 quinquiès a)) « De même, à défaut de soumission expresse ou tacite et même si le
défendeur n'a pas son domicile en Espagne, les tribunaux espagnols seront compétents : a)
Concernant les obligations contractuelles, lorsque l'obligation qui est l’objet de la demande a
été exécutée ou doit être exécutée en Espagne. » Cela correspond aux hypothèses de l’art 46
du Code de procédure civile et à la jurisprudence Pelassa Scheffel en France.

Le législateur espagnol reprend les termes et les concepts du règlement Bruxelles I bis
toutefois il se débarrasse de l’art 7.1 bis en rendant le texte plus limpide.

- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Madrid,
société de droit espagnole contre la République du Dyktatürhestan, c’est l’art 22 quinquiès de
la loi organique n° 16/2015 du 27 octobre 2015 qui s’applique. Une telle action pourrait porter
sur un préjudice survenu en dehors du territoire espagnol mais il faut que ce soit le résultat de
l’inexécution du contrat litigieux.

Pour le reste du différend, il convient d’analyser les autres règles de compétence


internationale des tribunaux espagnols. Il faut noter que le droit espagnol n’a ni l’équivalent
de l’art 14 du Code civil français, ni l’équivalent de la règle de compétence territoriale
italienne du forum actoris transposée au sein de la compétence internationale.

Toutefois, le droit espagnol applique la règle du forum necessitatis art 22 octies.3 de la LOPJ.
En l’espèce, les conditions ne sont pas remplies puisque nous supposerons que d’autres
tribunaux dans le monde sont surement compétents. De plus, pour la portion du différend qui
concerne le préjudice subi en dehors de l’Espagne par le autres tratatorie, les liens avec
l’Espagne sont inexistants.

- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal espagnol, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice contractuel subi en
Espagne.

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4. En conclusion, si un tribunal espagnol était saisi par Vincenzo Ravello au nom des
tratatorie contre la République du Dyktatürhesta des demandes, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent sur le fondement de l’art 22 quinquiès a) de la loi organique n°
16/2015 du 27 octobre 2015 mais seulement pour la portion du différend qui concerne le
préjudice subi en territoire espagnol.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.

F. Hypothèse de la saisine d’un tribunal néerlandais

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. Le droit commun néerlandais de la compétence internationale des tribunaux trouve sa


source dans les articles 1 à 14 du Code de procédure civile néerlandais (Art. 1-14 Wetboek
van Burgerlijke Rechtsvordering (WBR)). Ce dernier dispose de deux articles particuliers en
cas d’action née d’une obligation contractuelle :
a. Tout d’abord, en vertu de l’article 6, « le juge néerlandais est compétent dans les
affaires concernant: a. les obligations résultant d’une convention (contrat), si l’obligation qui
sert de base à la demande a été exécutée ou devait être exécutée aux Pays-Bas ». Cet article
correspond à l’art 7.1a du Règlement Bruxelles I bis en coupant avec l’article 4, notamment le
domicile du défendeur.
b. Ensuite, en vertu de l’article 6a, « sauf convention contraire, pour l’application de
l’article 6, litt. a, le lieu d’exécution de l’obligation est situé aux Pays-Bas: a. pour la vente de
biens meubles, si, en vertu du contrat, le bien vendu a été livré aux Pays-Bas ou aurait dû
l’être; b, pour le contrat de service, si, en vertu du contrat, le service a été fourni aux Pays-Bas
ou aurait dû l’être ». Cet article correspond à l’art 7.1 b du Règlement Bruxelles 1 bis). Ils ont
recopié et repris aussi la faute de logique du Règlement Bruxelles 1 bis, notamment le fait que
la première phrase est la règle generale et les a. et b. ce sont deux règles spéciales, mais qui se
distinguent de la première, ce qui est difficile à comprendre de la lecture du texte: le a. et b. ne
rentrent pas dans la phrase principale.

- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à
Amsterdam, société de droit néerlandais contre la République du Dyktatürhestan, ce sont les 6
a) et 6a a) du Wetboek van Burgerlijke Rechtsvordering (WBR) qui s’appliquent. Une telle
action pourrait porter sur un préjudice survenu en dehors du territoire neerlandais mais il faut
que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.

Pour le reste du différend, il convient d’analyser les autres règles de compétence


internationale des tribunaux néerlandais. Il faut noter que le droit néerlandais n’a ni
l’équivalent de l’art 14 du Code civil français, ni l’équivalent de la règle de compétence
territoriale italienne du forum actoris transposée au sein de la compétence internationale.

Toutefois, le droit néerlandais applique la règle du forum necessitatis art 9 b) du Wetboek van
Burgerlijke Rechtsvordering (WBR). En l’espèce, les conditions ne sont pas remplies puisque
nous supposerons que d’autres tribunaux dans le monde sont surement compétents. De plus,
pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en dehors du Pays Bas par le autres
tratatorie, les liens avec les Pays Bas sont inexistants.

- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal néerlandais, le tribunal devrait se déclarer

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internationalement incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice
contractuel subi aux Pays Bas.

4. En conclusion, si un tribunal néerlandais était saisi par Vincenzo Ravello au nom des
tratatorie contre la République du Dyktatürhesta des demandes, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent sur le fondement des 6 a) et 6a a) du Wetboek van Burgerlijke
Rechtsvordering (WBR).
mais seulement pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en territoire
néerlandais .
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.

G. Hypothèse de la saisine d’un tribunal allemand

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. Le droit commun allemand de la compétence internationale des tribunaux n’est


expréssement reglementé que dans quelques cas art 98 à 106 FamFG. Autrement les règles sur
la compétence territoriale des art 12 à 35 du ZPO, du Code de procédure civile allemand
doivent être appliquées par analogie pour déterminer la compétence internationale des
tribunaux allemands. Il s’agit de la «double fonctionnalité des dispositions relatives à la
compétence territoriale» en allemand : die Doppelfunktionalität der örtlichen
Zuständigkeitsvorschriften.
En Allemagne, on pratique le Pelassa Scheffel à l’allemande donc le tribunal territorialement
compétent est internationalement compétent et cela vient d’un viel arrêt, le leading case, arrêt
du Reichsgericht du 14 novembre 1929.

Le ZPO dispose d’un article particulier en cas d’action née d’une obligation contractuelle,
Concernant la compétence spéciale résultant du lieu d’exécution, l’article 29 dispose que « le
tribunal compétent pour connaître des actions découlant d’un lien contractuel ou portant sur
son existence est celui dans le ressort duquel l’obligation litigieuse doit être exécutée ». Le
législateur allemand n’a pas repris la prestation caractéristique, en revanche ce qui est
intelligent c’est que le législateur parle du lieu où l’exécution doit être exécutée (et non pas “a
été”).

- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Berlin,
société de droit allemand contre la République du Dyktatürhestan, c’est l’art 29 du ZPO qui
s’applique. Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu en dehors du territoire
allemand mais il faut que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.

Pour le reste du différend, il convient d’analyser les autres règles de compétence


internationale des tribunaux néerlandais. Il faut noter que le droit allemand n’a ni l’équivalent
de l’art 14 du Code civil français, ni l’équivalent de la règle de compétence territoriale
italienne du forum actoris transposée au sein de la compétence internationale. De plus la règle
du forum necessitatis en allemand Notzuständigkeit n’existe pas en droit de source allemande,
en matière civile et commerciale.

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Donc, pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en dehors de l’Allemagne
par le autres tratatorie, les liens avec l’Allemagne sont inexistants.

- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal allemand, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice contractuel subi en
Allemagne.

4. En conclusion, si un tribunal suisse était saisi par Vincenzo Ravello au nom des tratatorie
contre la République du Dyktatürhesta des demandes, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent sur le fondement de l’art 29 du ZPO mais seulement pour la
portion du différend qui concerne le préjudice subi en territoire allemand.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.

2) Autres capitales

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. Nous ignorons les règles de source proprement étatique de la compétence internationale des
tribunaux des États membres de la liste suivante : Vienne (Autriche), Sofia (Bulgarie),
Nicosie (Chypre), Zagreb (Croatie), Copenhague (Danemark), Tallin (Estonie), Helsinki
(Finlande), Athènes (Grèce), Budapest (Hongrie), Dublin (Irlande), Riga (Lettonie), Vilnius
(Lituanie), Luxembourg (Luxembourg), La Valette (Malte), Varsovie (Pologne), Lisbonne
(Portugal), Prague (République Tchèque), Bucarest (Roumanie), Bratislava (Slovaquie),
Ljubljana (Slovénie) et Stockholm (Suède).

Nous ne répondrons donc pas à cette partie de la question.

3) Conclusion générale

Ainsi en France métropolitaine, en Italie, en Suisse, en Belgique, en Espagne, aux Pays-Bas,


en Allemagne il sera possible de saisir un tribunal qui se déclarera internationalement
compétent pour connaître de la portion du différend qui concerne l’inexécution des contrats
devant s’exécuter, respectivement, à Paris, Rome, Berne, Bruxelles, Madrid, Amsterdam et
Berlin.. L’action sera réservée à Vincenzo Ravello au nom de la tratatoria locale, société de
droit commun créancière contractuelle de la République du Dyktatürhesta. Cette action pourra
porter sur un préjudice subi en dehors du territoire de l’État du juge saisi.

Pour le restant du différend, dans chacun de ces sept États, le tribunal devra se déclarer
internationalement incompétent.

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Nous n’avons pas répondu aux portions de la question qui concernaient les autres pays
mentionnés dans le sujet.

Cas N°2 : Un critique hostile

D’après les éléments du dossier, il est envisageable pour le demandeur, Alcide


Viogner, producteur de vin français de saisir les tribunaux des États Unis et de chacun des 47
États membres du Conseil de l’Europe. Les juges des tribunaux cités ci-dessus, s’ils venaient
à être saisis et s’ils devaient se prononcer sur leur compétence internationale, ces derniers se
prononceraient sur leur compétence internationale en faisant référence aux règles qui les lient
pouvant avoir leur source dans les traités internationaux liant l’État dont le tribunal est saisi,
dans les règlements européens (si le juge est celui d’un État membre de l’Union européenne)
ou autrement dans le droit commun spécifique de l’État du tribunal saisi.

Nous ne connaissons pas les règles de compétence internationale des tribunaux des Etats-Unis
et des États européens non membres de l’Union européenne : nous ne répondrons donc pas à
ces parties-là de la question.

Pour ce qui concerne les États membres de l’UE dont nous ne connaissons pas le droit
commun et pour lesquels nous ne pouvons pas aller au-delà de la passerelle de l’art 6 du
règlement Bruxelles I bis, ils seront regroupés dans une catégorie unique «Tribunaux des
autres pays européens liés par le règlement Bruxelles I bis».

Pour ce qui concerne les États liés par la Lugano et non par Bruxelles I bis ceux-ci seront
regroupés dans la catégorie «Tribunaux des pays européens non liés par la convention de
Bruxelles I bis , autres que le Royaume-Uni ».

En ce qui concerne les tribunaux des États européens membres de l’Union européenne dont le
ressort est en territoire européen (art. 355 TFUE), ces tribunaux devront se prononcer sur leur
compétence internationale d’après le règlement européen Bruxelles I bis si l’affaire entre dans
le champ d’application de ce dernier. Autrement si le cas soumis ne trouve pas application
dans le règlement européen alors la réponse trouvera sa source soit dans un traité international
ou autre règlement qui lie leur État ou à défaut dans leur droit commun spécifique.

Le même raisonnement peut être effectué, mutatis mutandis, en remplaçant le règlement


Bruxelles I bis dans la réponse par la Convention de Lugano de 2007, pour les tribunaux des
États qui ne sont pas liés par le règlement Bruxelles I bis mais qui sont liés par la Convention
de Lugano de 2007.

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II- Discussion État par État

1) Saisine des tribunaux européens dont le droit commun est analysé

A) Hypothèse de la saisine d’un tribunal de France métropolitaine

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis. A la différence qu’ici les obligations litigieuses


sont issues non plus de contrats mais de faits illicites. On agit donc en responsabilité extra-
contractuelle.

Une petite précision concernant la jurisprudence de la CJCE Fiona Schevill 7 mars 1995 en
matière de diffamation. La CJCE affirme dans cet arrêt que la victime peut intenter contre
l’éditeur une action en réparation :

- Soit devant les juridictions de l’État contractant du lieu d’établissement de l’éditeur


de la publication diffamatoire et dans ce cas les tribunaux de l’État saisi sont compétents pour
l’intégralité du préjudice subi ;

- Soit devant les juridictions de chaque État contractant dans lequel la publication a été
diffusée et où la victime prétend avoir subi une atteinte à sa réputation. Dans ce cas les
tribunaux de l’État saisi sont compétents pour les seuls dommages causés dans cet État.

Pour être plus précis les possibilités sont les suivantes :

a. Si le demandeur saisi les tribunaux de l’État en vertu de l’art 4 du règlement Bruxelles


I bis alors il pourra obtenir l’intégralité, 100% des indemnisations du préjudice subi.
b. Si le demandeur saisi les tribunaux de l’État en vertu de l’art 7 §1 du règlement
Bruxelles I bis alors il pourra également obtenir l’intégralité, 100% des indemnisations
du préjudice subi si le fait générateur est unique.
c. En revanche, si le demandeur saisi les tribunaux de l’État en vertu de l’art 7 §1 du
règlement Bruxelles I bis mais que le préjudice subi est avec dispersion du fait
générateur alors le demandeur ne pourra obtenir que la portion du préjudice subi dans
l’État saisi et donc le demandeur devra se rendre dans chacun des tribunaux des autres
États où le préjudice est subi pour en obtenir chaque portion d’indemnisation
concernée.

En vertu de tout ce qui a été affirmé précédemment il convient de qualifier ce cas sous l’angle
de la diffamation, du préjudice sur la personnalité qui peuvent s’appliquer pour
l’indemnisation totale du préjudice. Les faits soumis s’y prêtent l’honneur du vigneron

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français a été lynché par un critique américain dans une revue traduite dans plusieurs langues
et éditée dans différents États européens du Conseil d’Europe.

Alors que si on les considère comme un simple délit civil et non comme une atteinte à la
personnalité, dans ce cas la victime n’obtiendra que la portion d’indemnisation du préjudice
subi dans l’État dont les tribunaux ont été saisi. Elle devra donc nécessairement se rendre dans
tous les États où le préjudice a été ressenti pour obtenir la portion d’indemnisation du
préjudice subi dans l’État concerné.

Toutefois on peut tempérer ces propos car il convient d’analyser le droit commun de chacun
des États pour confirmer ou infirmer ce qui vient d’être expliqué.

Autre précision, en l’espèce le préjudice se réalise aux lieux des mises en vente du Tarker
2023, les librairies. Le fait générateur provient des différents lieux d’impressions dans les
quinze langues des États européens édictés. Donc on peut affirmer qu’il s’agit d’un même
préjudice avec dispersion du fait générateur.

3. voir. Supra cas I, 1) A) 3. mutatis mutandis :

En l’espèce, l’art 46 du Code de procédure civil combiné à la jurisprudence Pelassa-Scheffel


rend internationalement compétents les juridictions françaises pour la partie du préjudice qui
est causée ou directement subie en France par le vigneron français.

Pour le reste du différend, c’est-à-dire réparation du dommage subi en dehors de France les
tribunaux français devront se déclarer internationalement compétents sur le fondement de
l’article 14 Code civil pour le préjudice subi par le vigneron français, personne physique.

4. En conclusion, si un tribunal de France métropolitaine était saisi par le vigneron français,


contre l’’œnologue californien Robert Tarker, des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal
se déclarerait internationalement compétent sur le fondement de l’art. 46 du Code de
procédure française combiné à la jurisprudence Pelassa-Scheffel pour la portion du différend
qui concerne le préjudice subi en territoire français, et en parallèle sur le fondement de l’art 14
du Code Civil pour le reste du préjudice subi par le demandeur personne physique.

B) Hypothèse de la saisine d’un tribunal italien

1. et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. voir. Supra cas I, 1) B) 3. mutatis mutandis.

En conclusion, si un tribunal italien était saisi par la victime de diffamation, contre


l’œnologue californien, des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent, sur le fondement de l’art 3 de la loi n° 218 du 31 mai 1995
combiné à l’article 5 de la convention de Bruxelles de 1968 italianisé, adapté et interprété à la
lumière des arrêts Mines de Potasse d’Alsace, Fiona Shevill, Peter Pinckney de la CJUE.
Toutefois cette règle s’applique seulement pour la portion du différend qui concerne le
préjudice subi en territoire italien.

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En revanche, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du différend.

C) Hypothèse de la saisine d’un tribunal suisse

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis. (La Suisse remplaçant la France et la convention


de Lugano de 2007 et sa numérotation remplaçant le règlement Bruxelles I bis et sa
numérotation).

3. voir. Supra cas I, 1) C) 3. mutatis mutandis

Le droit commun suisse de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source dans
la loi du 18 décembre 1987. Cette dernière dispose d’un art 129 relatif à la compétence
internationale des tribunaux suisses pour les actions issues d’un acte illicite, pour les actions
en responsabilité extracontractuelle. Le facteur de rattachement est le lieu, en Suisse, de l’acte
illicite ou celui du résultat. En application de cette règle, les tribunaux suisses pourront être
saisis de la portion du litige relatif au préjudice subi en Suisse.

4. En conclusion, si un tribunal suisse était saisi par la victime de diffamation, contre


l’œnologue californien, des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent, sur le fondement de l’art 129 de la loi du 18 décembre 1987.

Toutefois cette règle s’applique seulement pour la portion du différend qui concerne le
préjudice subi en territoire suisse.

En revanche, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.

D) Hypothèse de la saisine d’un tribunal belge

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. voir. Supra cas I, 1) D) 3. mutatis mutandis

Le droit commun belge de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source dans le
Code de droit international privé de 2004. Ce dernier dispose d’un article particulier en cas
d’une action née d’une «obligation dérivant d'un fait dommageable» (art. 96, 2°). Les juges
belges, en l’espèce, sont internationalement compétents mais uniquement pour la portion du
préjudice qui se réalise en Belgique.

4. En conclusion, si un tribunal suisse était saisi par la victime de diffamation, contre


l’œnologue californien, des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent, sur le fondement de l’art 96. 2° dans le Code de droit
international privé de 2004.

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Toutefois cette règle s’applique seulement pour la portion du différend qui concerne le
préjudice subi en territoire belge.

En revanche, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.

E) Hypothèse de la saisine d’un tribunal espagnol

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. voir. Supra cas I, 1) E) 3. mutatis mutandis

Le droit commun espagnol de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source


dans la loi organique du pouvoir judiciaire n° 16/2015 du 27 octobre 2015 (vig. 17 nov.
2015).

Ce dernier dispose d’un article particulier en cas d’action née d’une obligation contractuelle
(art 22 quinquiès b)). « De même, à défaut de soumission expresse ou tacite et même si le
défendeur n'a pas son domicile en Espagne, les tribunaux espagnols seront compétents : b)
Concernant les obligations non contractuelles, lorsque le fait dommageable s'est produit sur le
territoire espagnol. »

Cela correspond aux hypothèses de l’art 46 du Code de procédure civile et à la jurisprudence


Pelassa Scheffel en France.

4. En conclusion, si un tribunal espagnol était saisi par le vigneron français, contre l’œnologue
californien, des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se déclarerait internationalement
compétent, sur le fondement de l’art 22 quinquiès b) de la loi organique n° 16/2015 du 27
octobre 2015 mais seulement pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en
territoire espagnol.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.

F) Hypothèse de la saisine d’un tribunal néerlandais

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. voir. Supra cas I, 1) F) 3. mutatis mutandis

Le droit commun néerlandais de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source


dans les articles 1 à 14 du Code de procédure civile néerlandais (Art. 1-14 Wetboek van
Burgerlijke Rechtsvordering (WBR)). Ce dernier dispose d’un article particulier en cas
d’action née d’un fait illicite, l’art 6 e) « le juge néerlandais est compétent dans les affaires
concernant: e. des obligations résultant d’un fait illicite, si le fait préjudiciable s’est produit ou
pourrait se produire aux Pays-Bas. »

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4. En conclusion, si un tribunal néerlandais était saisi par le vigneron français, contre
l’œnologue californien, des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent, sur le fondement de l’art 6 e) du Wetboek van Burgerlijke
Rechtsvordering (WBR) mais seulement pour la portion du différend qui concerne le
préjudice subi en territoire néerlandais.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.

G) Hypothèse de la saisine d’un tribunal allemand

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

3. voir. Supra cas I, 1) G) 3. mutatis mutandis

H) Hypothèse de la saisine d’un tribunal anglais

2) Tribunaux des autres pays européens liés par le règlement Bruxelles I bis

Nous ignorons les règles de source proprement étatique de la compétence internationale des
tribunaux des États membres de la liste suivante : Vienne (Autriche), Sofia (Bulgarie),
Nicosie (Chypre), Zagreb (Croatie), Copenhague (Danemark), Tallin (Estonie), Helsinki
(Finlande), Athènes (Grèce), Budapest (Hongrie), Dublin (Irlande), Riga (Lettonie), Vilnius
(Lituanie), Luxembourg (Luxembourg), La Valette (Malte), Varsovie (Pologne), Lisbonne
(Portugal), Prague (République Tchèque), Bucarest (Roumanie), Bratislava (Slovaquie),
Ljubljana (Slovénie) et Stockholm (Suède).

Nous ne répondrons donc pas à cette partie de la question.

3) Tribunaux des pays européens non liés par la convention de Bruxelles I bis, autres
que le Royaume-Uni

1.et 2. A, supra a 1. et 2. mutatis mutandis.

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4) Conclusion générale

Ainsi en France métropolitaine, en Italie, en Suisse, en Belgique, en Espagne, aux Pays-Bas,


en Allemagne il sera possible de saisir un tribunal qui se déclarera internationalement
compétent pour connaître de la portion du différend qui concerne l’inexécution des contrats
devant s’exécuter, respectivement, à Paris, Rome, Berne, Bruxelles, Madrid, Amsterdam et
Berlin.. L’action sera réservée à Vincenzo Ravello au nom de la tratatoria locale, société de
droit commun créancière contractuelle de la République du Dyktatürhesta. Cette action pourra
porter sur un préjudice subi en dehors du territoire de l’État du juge saisi.

Pour le restant du différend, dans chacun de ces sept États, le tribunal devra se déclarer
internationalement incompétent.

Nous n’avons pas répondu aux portions de la question qui concernaient les autres pays
mentionnés dans le sujet.

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