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I- Introduction
Dans ce cas, l’obligation litigieuse contenue dans chacun des contrats litigieux devait
s’exécuter, respectivement, dans les ambassades de la République du Dyktatürhestan situées
dans les 27 capitales des pays membres de l’Union européenne ainsi que dans l’ambassade
située à Berne, capitale de la Suisse.
D’après les éléments du dossier, il est envisageable pour le demandeur, personne physique,
Vincenzo Ravello, de saisir les tribunaux des États membres de l’Union européenne, de la
Suisse et ceux de la République du Dyktatürhestan. Les juges des tribunaux cités ci-dessus,
s’ils venaient à être saisis et s’ils devaient se prononcer sur leur compétence internationale,
ces derniers se prononceraient sur leur compétence internationale en faisant référence aux
règles qui les lient pouvant avoir leur source dans les traités internationaux liant l’État dont le
tribunal est saisi, dans les règlements européens (si le juge est celui d’un État membre de
l’Union européenne) ou autrement dans le droit commun spécifique de l’État du tribunal saisi.
En ce qui concerne les tribunaux des États européens membres de l’Union européenne dont le
ressort est en territoire européen (art. 355 TFUE), ces tribunaux devront se prononcer sur leur
compétence internationale d’après le règlement européen Bruxelles I bis si l’affaire entre dans
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le champ d’application de ce dernier. Autrement si le cas soumis ne trouve pas application
dans le règlement européen alors la réponse trouvera sa source soit dans un traité international
ou autre règlement qui lie leur État ou à défaut dans leur droit commun spécifique.
1. Tout d’abord le cas soumis entre dans le champ d’application du règlement Bruxelles I
bis. Les critères d’applicabilité suivants sont remplis.
En l’espèce ces dernières sont sans intérêt puisqu’il s’agit vraisemblablement d’un contrat de
prestation de service.
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Conjointement le règlement contient des règles de compétence internationale des tribunaux
des États membres qu’il faut examiner dans un certain ordre :
Si le défendeur était domicilié sur le territoire d’un État membre donc en territoire européen
en référence à l’art 355 TFUE alors l’art 4 du règlement Bruxelles I bis pourrait s’appliquer.
Concernant la personne morale, il revient d’appliquer l’art 63 du règlement Bruxelles I bis.
Toutefois, en l’espèce aucun des critères cités par l’art 63 ne se réalise dans le territoire de
l’Union européenne, c’est pourquoi l’art 4 ne s’applique pas et de la même manière l’art 7 ne
trouve pas à s’appliquer non plus. Il est, en conséquence, nécessaire de passer par la passerelle
de l’art 6 vers le droit commun de l’État membre dont le juge est saisi.
- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Paris,
société de droit français contre la République du Dyktatürhestan c’est l’article 46 du Code
de procédure civile qui s’applique. C’est-à-dire en matière contractuelle la juridiction du
lieu de la livraison effective de la chose ou du lieu de l’exécution de la prestation de
service. Ceci est complété par l’arrêt de la C.cass., 2ème ch. civ., 18 janv. 2001, soc.
Ecopsi c. soc. Fadier Elevage, et transposé dans le domaine de la compétence
internationale par les jurisprudences Pelassa et Scheffel.
Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu également
en dehors du territoire français mais il faut que ce soit le résultat de l’inexécution du
contrat litigieux.
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Cette combinaison de règles rend internationalement compétents les tribunaux français
pour la partie du préjudice qui est causée ou directement subie en France, en supposant
qu’au moins une tratatorie, sociétés, a subi un préjudice en France.
En ce qui concerne le préjudice subi en dehors de France par les autres tratatorie, sociétés,
l’art. 14 n’est pas applicable. Il est donc obligatoire d’envisager une application de la règle
du forum necessitatis, qui, elle, nécessite un lien suffisant avec la France et une
impossibilité de saisir un tribunal étranger pouvant se déclarer internationalement
compétent. Aucune de ces deux conditions n’étant remplie en l’espèce (en sachant que
nous supposons que la seconde condition ne se réalise pas) alors les tribunaux français,
s’ils étaient saisis du restant du différend, se déclareraient internationalement
incompétents.
- En revanche si une autre société, une autre tratatoria souhaiterait former une action
contractuelle contre la République du Dyktatürhestan devant un tribunal de la France
métropolitaine alors le tribunal devrait se déclarer internationalement incompétent même
pour ce qui serait relatif à un éventuel préjudice contractuel subi en territoire français.
3. Le droit commun italien de la compétence internationale des tribunaux «en matière civile et
commerciale» trouve sa source dans l’article 3 de la loi n° 218 du 31 mai 1995. Les art 5 à 15
de la convention de Bruxelles de 1968 dans sa dernière version sont italianisés doublement :
a. Tout d’abord, une première fois en tant que des règles de source conventionnelle qui
deviennent des règles de source italienne par incrustation.
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b. Puis une seconde fois car ces règles quoi sont légèrement modifiées s’appliquent
sans occurrence du lieu du domicile du défendeur.
- Pour l’action de Vincenzo Ravello concernant la tratatoria locale de grand luxe située à
Rome, société de droit italien contre la République du Dyktatürhestan c’est l’art. 5 § 1 er de la
convention de Bruxelles de 1968 incrusté, adapté, italianisé qui s’applique. Cette disposition
rend compétent le tribunal dans le ressort duquel l’obligation qui sert de base à la demande
s’est exécutée ou aurait dû s’exécuter.
Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu également en dehors du
territoire italien mais il faut que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.
- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal italien, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventel préjudice contractuel subi en territoire
italien.
4. En conclusion, si un tribunal italien était saisi par Vincenzo Ravello au nom des tratatorie
contre la République du Dyktatürhesta des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se
déclarerait internationalement compétent :
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Toutefois le juge italien devra se déclarer internationalement incompétent pour le reste du
différend.
- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Berne,
société de droit suisse contre la République du Dyktatürhestan, c’est l’art. 113 de la loi de
1987 qui est applicable « Lorsque la prestation caractéristique du contrat doit être
exécutée en Suisse, l’action peut aussi être portée devant le tribunal suisse du lieu où elle
doit être exécutée». Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu en dehors du
territoire suisse mais il faut que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.
Donc, la règle suisse art 113 s’applique quand on passe par la passerelle art 4 de Lugano,
si le défendeur n’est domicilié nulle part en Europe.
Toutefois, le droit suisse applique la règle du forum necessitatis art. 3 de la loi de 1987. En
l’espèce, les conditions ne sont pas remplies puisque nous supposerons que d’autres tribunaux
dans le monde sont surement compétents. De plus, pour la portion du différend qui concerne
le préjudice subi en dehors de Suisse par le autres tratatorie, les liens avec la Suisse sont
inexistants.
- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal suisse, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice contractuel subi en
Suisse.
4. En conclusion, si un tribunal suisse était saisi par Vincenzo Ravello au nom des tratatorie
contre la République du Dyktatürhesta des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se
déclarerait internationalement compétent sur le fondement de l’art 113 de la loi suisse du
18 décembre 1987 mais seulement pour la portion du différend qui concerne le préjudice
subi en territoire suisse. Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent
pour le reste du litige.
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D. Hypothèse de la saisine d’un tribunal belge
3. Le droit commun belge de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source dans
le code de droit international privé de 2004. Ce dernier dispose d’un article particulier en cas
d’action née d’une obligation contractuelle (art. 96, 1°).
-Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Bruxelles,
société de droit belge contre la République du Dyktatürhestan, c’est l’art. 96, 1°, du code de
2004 qui s’applique («Les juridictions belges sont compétentes pour connaître de toute
demande en matière d'obligations, outre dans les cas prévus par les dispositions générales de
la présente loi, lorsque cette demande concerne : 1° une obligation contractuelle, a) si celle-
ci est née en Belgique; ou b) si celle-ci est ou doit être exécutée en Belgique»).
Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu en dehors du territoire belge mais il
faut que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.
Toutefois, le droit belge applique la règle du forum necessitatis art 11 du Code de 2004. En
l’espèce, les conditions ne sont pas remplies puisque nous supposerons que d’autres tribunaux
dans le monde sont surement compétents. De plus, pour la portion du différend qui concerne
le préjudice subi en dehors de la Belgiqur par le autres tratatorie, les liens avec la Belgique
sont inexistants.
- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal belge, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice contractuel subi en
Belgique.
4.En conclusion, si un tribunal belge était saisi par Vincenzo Ravello au nom des tratatorie
contre la République du Dyktatürhesta des demandes, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent sur le fondement de l’art 96.1 du Code de 2004 mais seulement
pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en territoire suisse.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.
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E. Hypothèse de la saisine d’un tribunal espagnol
Ce dernier dispose d’un article particulier en cas d’action née d’une obligation contractuelle
(art 22 quinquiès a)) « De même, à défaut de soumission expresse ou tacite et même si le
défendeur n'a pas son domicile en Espagne, les tribunaux espagnols seront compétents : a)
Concernant les obligations contractuelles, lorsque l'obligation qui est l’objet de la demande a
été exécutée ou doit être exécutée en Espagne. » Cela correspond aux hypothèses de l’art 46
du Code de procédure civile et à la jurisprudence Pelassa Scheffel en France.
Le législateur espagnol reprend les termes et les concepts du règlement Bruxelles I bis
toutefois il se débarrasse de l’art 7.1 bis en rendant le texte plus limpide.
- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Madrid,
société de droit espagnole contre la République du Dyktatürhestan, c’est l’art 22 quinquiès de
la loi organique n° 16/2015 du 27 octobre 2015 qui s’applique. Une telle action pourrait porter
sur un préjudice survenu en dehors du territoire espagnol mais il faut que ce soit le résultat de
l’inexécution du contrat litigieux.
Toutefois, le droit espagnol applique la règle du forum necessitatis art 22 octies.3 de la LOPJ.
En l’espèce, les conditions ne sont pas remplies puisque nous supposerons que d’autres
tribunaux dans le monde sont surement compétents. De plus, pour la portion du différend qui
concerne le préjudice subi en dehors de l’Espagne par le autres tratatorie, les liens avec
l’Espagne sont inexistants.
- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal espagnol, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice contractuel subi en
Espagne.
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4. En conclusion, si un tribunal espagnol était saisi par Vincenzo Ravello au nom des
tratatorie contre la République du Dyktatürhesta des demandes, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent sur le fondement de l’art 22 quinquiès a) de la loi organique n°
16/2015 du 27 octobre 2015 mais seulement pour la portion du différend qui concerne le
préjudice subi en territoire espagnol.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.
- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à
Amsterdam, société de droit néerlandais contre la République du Dyktatürhestan, ce sont les 6
a) et 6a a) du Wetboek van Burgerlijke Rechtsvordering (WBR) qui s’appliquent. Une telle
action pourrait porter sur un préjudice survenu en dehors du territoire neerlandais mais il faut
que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.
Toutefois, le droit néerlandais applique la règle du forum necessitatis art 9 b) du Wetboek van
Burgerlijke Rechtsvordering (WBR). En l’espèce, les conditions ne sont pas remplies puisque
nous supposerons que d’autres tribunaux dans le monde sont surement compétents. De plus,
pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en dehors du Pays Bas par le autres
tratatorie, les liens avec les Pays Bas sont inexistants.
- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal néerlandais, le tribunal devrait se déclarer
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internationalement incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice
contractuel subi aux Pays Bas.
4. En conclusion, si un tribunal néerlandais était saisi par Vincenzo Ravello au nom des
tratatorie contre la République du Dyktatürhesta des demandes, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent sur le fondement des 6 a) et 6a a) du Wetboek van Burgerlijke
Rechtsvordering (WBR).
mais seulement pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en territoire
néerlandais .
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.
Le ZPO dispose d’un article particulier en cas d’action née d’une obligation contractuelle,
Concernant la compétence spéciale résultant du lieu d’exécution, l’article 29 dispose que « le
tribunal compétent pour connaître des actions découlant d’un lien contractuel ou portant sur
son existence est celui dans le ressort duquel l’obligation litigieuse doit être exécutée ». Le
législateur allemand n’a pas repris la prestation caractéristique, en revanche ce qui est
intelligent c’est que le législateur parle du lieu où l’exécution doit être exécutée (et non pas “a
été”).
- Pour l’action de Vincenzo Ravello pour la tratatoria locale de grand luxe située à Berlin,
société de droit allemand contre la République du Dyktatürhestan, c’est l’art 29 du ZPO qui
s’applique. Une telle action pourrait porter sur un préjudice survenu en dehors du territoire
allemand mais il faut que ce soit le résultat de l’inexécution du contrat litigieux.
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Donc, pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en dehors de l’Allemagne
par le autres tratatorie, les liens avec l’Allemagne sont inexistants.
- Si une autre tratatoria souhaitait former une action contractuelle contre la République du
Dyktatürhestan devant un tribunal allemand, le tribunal devrait se déclarer internationalement
incompétent, même pour ce qui concernerait un éventuel préjudice contractuel subi en
Allemagne.
4. En conclusion, si un tribunal suisse était saisi par Vincenzo Ravello au nom des tratatorie
contre la République du Dyktatürhesta des demandes, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent sur le fondement de l’art 29 du ZPO mais seulement pour la
portion du différend qui concerne le préjudice subi en territoire allemand.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.
2) Autres capitales
3. Nous ignorons les règles de source proprement étatique de la compétence internationale des
tribunaux des États membres de la liste suivante : Vienne (Autriche), Sofia (Bulgarie),
Nicosie (Chypre), Zagreb (Croatie), Copenhague (Danemark), Tallin (Estonie), Helsinki
(Finlande), Athènes (Grèce), Budapest (Hongrie), Dublin (Irlande), Riga (Lettonie), Vilnius
(Lituanie), Luxembourg (Luxembourg), La Valette (Malte), Varsovie (Pologne), Lisbonne
(Portugal), Prague (République Tchèque), Bucarest (Roumanie), Bratislava (Slovaquie),
Ljubljana (Slovénie) et Stockholm (Suède).
3) Conclusion générale
Pour le restant du différend, dans chacun de ces sept États, le tribunal devra se déclarer
internationalement incompétent.
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Nous n’avons pas répondu aux portions de la question qui concernaient les autres pays
mentionnés dans le sujet.
Nous ne connaissons pas les règles de compétence internationale des tribunaux des Etats-Unis
et des États européens non membres de l’Union européenne : nous ne répondrons donc pas à
ces parties-là de la question.
Pour ce qui concerne les États membres de l’UE dont nous ne connaissons pas le droit
commun et pour lesquels nous ne pouvons pas aller au-delà de la passerelle de l’art 6 du
règlement Bruxelles I bis, ils seront regroupés dans une catégorie unique «Tribunaux des
autres pays européens liés par le règlement Bruxelles I bis».
Pour ce qui concerne les États liés par la Lugano et non par Bruxelles I bis ceux-ci seront
regroupés dans la catégorie «Tribunaux des pays européens non liés par la convention de
Bruxelles I bis , autres que le Royaume-Uni ».
En ce qui concerne les tribunaux des États européens membres de l’Union européenne dont le
ressort est en territoire européen (art. 355 TFUE), ces tribunaux devront se prononcer sur leur
compétence internationale d’après le règlement européen Bruxelles I bis si l’affaire entre dans
le champ d’application de ce dernier. Autrement si le cas soumis ne trouve pas application
dans le règlement européen alors la réponse trouvera sa source soit dans un traité international
ou autre règlement qui lie leur État ou à défaut dans leur droit commun spécifique.
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II- Discussion État par État
Une petite précision concernant la jurisprudence de la CJCE Fiona Schevill 7 mars 1995 en
matière de diffamation. La CJCE affirme dans cet arrêt que la victime peut intenter contre
l’éditeur une action en réparation :
- Soit devant les juridictions de chaque État contractant dans lequel la publication a été
diffusée et où la victime prétend avoir subi une atteinte à sa réputation. Dans ce cas les
tribunaux de l’État saisi sont compétents pour les seuls dommages causés dans cet État.
En vertu de tout ce qui a été affirmé précédemment il convient de qualifier ce cas sous l’angle
de la diffamation, du préjudice sur la personnalité qui peuvent s’appliquer pour
l’indemnisation totale du préjudice. Les faits soumis s’y prêtent l’honneur du vigneron
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français a été lynché par un critique américain dans une revue traduite dans plusieurs langues
et éditée dans différents États européens du Conseil d’Europe.
Alors que si on les considère comme un simple délit civil et non comme une atteinte à la
personnalité, dans ce cas la victime n’obtiendra que la portion d’indemnisation du préjudice
subi dans l’État dont les tribunaux ont été saisi. Elle devra donc nécessairement se rendre dans
tous les États où le préjudice a été ressenti pour obtenir la portion d’indemnisation du
préjudice subi dans l’État concerné.
Toutefois on peut tempérer ces propos car il convient d’analyser le droit commun de chacun
des États pour confirmer ou infirmer ce qui vient d’être expliqué.
Autre précision, en l’espèce le préjudice se réalise aux lieux des mises en vente du Tarker
2023, les librairies. Le fait générateur provient des différents lieux d’impressions dans les
quinze langues des États européens édictés. Donc on peut affirmer qu’il s’agit d’un même
préjudice avec dispersion du fait générateur.
Pour le reste du différend, c’est-à-dire réparation du dommage subi en dehors de France les
tribunaux français devront se déclarer internationalement compétents sur le fondement de
l’article 14 Code civil pour le préjudice subi par le vigneron français, personne physique.
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En revanche, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du différend.
Le droit commun suisse de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source dans
la loi du 18 décembre 1987. Cette dernière dispose d’un art 129 relatif à la compétence
internationale des tribunaux suisses pour les actions issues d’un acte illicite, pour les actions
en responsabilité extracontractuelle. Le facteur de rattachement est le lieu, en Suisse, de l’acte
illicite ou celui du résultat. En application de cette règle, les tribunaux suisses pourront être
saisis de la portion du litige relatif au préjudice subi en Suisse.
Toutefois cette règle s’applique seulement pour la portion du différend qui concerne le
préjudice subi en territoire suisse.
Le droit commun belge de la compétence internationale des tribunaux trouve sa source dans le
Code de droit international privé de 2004. Ce dernier dispose d’un article particulier en cas
d’une action née d’une «obligation dérivant d'un fait dommageable» (art. 96, 2°). Les juges
belges, en l’espèce, sont internationalement compétents mais uniquement pour la portion du
préjudice qui se réalise en Belgique.
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Toutefois cette règle s’applique seulement pour la portion du différend qui concerne le
préjudice subi en territoire belge.
Ce dernier dispose d’un article particulier en cas d’action née d’une obligation contractuelle
(art 22 quinquiès b)). « De même, à défaut de soumission expresse ou tacite et même si le
défendeur n'a pas son domicile en Espagne, les tribunaux espagnols seront compétents : b)
Concernant les obligations non contractuelles, lorsque le fait dommageable s'est produit sur le
territoire espagnol. »
4. En conclusion, si un tribunal espagnol était saisi par le vigneron français, contre l’œnologue
californien, des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se déclarerait internationalement
compétent, sur le fondement de l’art 22 quinquiès b) de la loi organique n° 16/2015 du 27
octobre 2015 mais seulement pour la portion du différend qui concerne le préjudice subi en
territoire espagnol.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.
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4. En conclusion, si un tribunal néerlandais était saisi par le vigneron français, contre
l’œnologue californien, des demandes décrites dans le sujet, ce tribunal se déclarerait
internationalement compétent, sur le fondement de l’art 6 e) du Wetboek van Burgerlijke
Rechtsvordering (WBR) mais seulement pour la portion du différend qui concerne le
préjudice subi en territoire néerlandais.
Toutefois, il devrait se déclarer internationalement incompétent pour le reste du litige.
2) Tribunaux des autres pays européens liés par le règlement Bruxelles I bis
Nous ignorons les règles de source proprement étatique de la compétence internationale des
tribunaux des États membres de la liste suivante : Vienne (Autriche), Sofia (Bulgarie),
Nicosie (Chypre), Zagreb (Croatie), Copenhague (Danemark), Tallin (Estonie), Helsinki
(Finlande), Athènes (Grèce), Budapest (Hongrie), Dublin (Irlande), Riga (Lettonie), Vilnius
(Lituanie), Luxembourg (Luxembourg), La Valette (Malte), Varsovie (Pologne), Lisbonne
(Portugal), Prague (République Tchèque), Bucarest (Roumanie), Bratislava (Slovaquie),
Ljubljana (Slovénie) et Stockholm (Suède).
3) Tribunaux des pays européens non liés par la convention de Bruxelles I bis, autres
que le Royaume-Uni
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4) Conclusion générale
Pour le restant du différend, dans chacun de ces sept États, le tribunal devra se déclarer
internationalement incompétent.
Nous n’avons pas répondu aux portions de la question qui concernaient les autres pays
mentionnés dans le sujet.
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