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Licence 2 Économie et Gestion

Macroéconomie 1

Dossier 1 : Éléments de correction

1 Le modèle keynésien élémentaire et la droite à 45


degrés
On considère une économie fermée et sans dépenses publiques. On suppose que la fonction
de consommation s’écrit C(Y ) = a0 + a1 Y , et que l’investissement est exogène.
1. Quelle est la propension marginale à consommer ? La propension moyenne à consom-
mer ?

∆C
propension marginale à consommer= ∆Y = a1 .
C
propension moyenne à consommer= Y = aY0 + a1 .
2. Quelle serait l’évolution de la consommation de cette économie à la suite d’une hausse
du revenu dans les différents cas suivants : i) a1 < 0 ; ii) a1 > 1 ; iii) 0 < a1 < 1 et
a0 < 0 ? Ces cas vous semblent–ils pertinents ?

i) la consommation baisserait. Non pertinent (en tout cas au niveau agrégé).


ii) la consommation augmenterait plus que le revenu ; autrement dit l’épargne bais-
serait avec le revenu (l’épargne aurait la caractéristique d’un bien inférieur). Non
pertinent.
iii) la consommation augmenterait, moins que le revenu, mais la part du revenu sup-
plémentaire consommée serait supérieure à la part de la consommation dans le revenu
total (autrement dit, la propension marginale à consommer est supérieure à la pro-
pension moyenne à consommer) : la propension moyenne à consommer augmenterait
donc avec le revenu. Non pertinent (loi psychologique fondamentale de Keynes ou
estimation de fonctions de consommation).
3. D’après vous, en quelle(s) unité(s) sont exprimés les niveaux de consommation C et
de revenu Y : en unités monétaires (euros) ? en unités de biens ?

Cette fonction de consommation est compatible avec des volumes comme avec des
valeurs, tant que les deux variables sont exprimées dans la même unité, car le niveau
des prix n’apparaı̂t nulle part. On préfère l’interprétation en quantité mais seule la
cohérence est impérative.

1
4. Représentez graphiquement le niveau de consommation atteint pour différents niveaux
de revenus [vous pourrez par exemple représenter le cas a0 = 10, a1 = 0.8 et un revenu
compris entre 0 et 100 unités].
5. Sur le même graphique, représentez par une autre droite (la “droite à 45 degrés”) le
revenu. Comment peut–on sur ce graphique lire l’épargne réalisée pour chaque niveau
de revenu ? Analytiquement, montrez que l’épargne est nulle lorsque le revenu est de
a0
1−a1
unités (soit 50 dans notre exemple) ; qu’elle est négative si le revenu est plus
faible, et positive s’il est plus élevé.

150 150
Consommation Revenu
Consommation

100 100

50 50

0 0
0 50 100 150 0 50 100 150
Revenu Revenu
Pour chaque niveau de revenu, l’épargne est la différence entre le revenu (trait épais
gris) et la consommation (trait fin noir).

L’épargne des ménages est la partie du revenu que les ménages ne consomment pas :
a0 a0
S = Y − C(Y ) = −a0 + (1 − a1 )Y . Lorsque Y = 1−a 1
, S = −a0 + (1 − a1 ) 1−a 1
= 0.

dS
La propension marginale à épargner, dY = 1−a1 . Lorsque 0 < a1 < 1, elle est positive.
a0 a0
Donc les ménages épargnent plus que 0 si Y > 1−a 1
et négative si Y < 1−a 1
.
6. Montrez que pour chaque niveau d’épargne S positif, il existe un (unique) niveau de
revenu, que l’on note Y (S), permettant d’atteindre ce niveau d’épargne.

On a vu que l’épargne dépendait du revenu S(Y ) = Y − C(Y ) = −a0 + (1 − a1 )Y .


a0
Réciproquement, on peut écrire cette relation en fonction de l’épargne Y (S) = 1−a 1
+
S
1−a1
. Insistez sur le fait que l’épargne ne doit pas être vue comme une variable exogène,
pas plus que le revenu d’ailleurs ! Y (S) n’est pas le niveau de revenu engendré par
une épargne S mais le niveau de revenu compatible avec (ou encore, permettant
d’atteindre) une épargne S.
7. Sachant que l’investissement dans cette économie atteint I unités, quel est le seul
niveau de revenu compatible avec l’égalité entre investissement et épargne ?

Lorsque cette égalité est vérifiée, S = I. D’où le revenu d’équilibre keynésien Y ? =

2
a0 I
1−a1
+ 1−a1
. On peut vérifier que le niveau d’épargne correspondant à ce revenu est
 
? a0 I
S(Y ) = −a0 + (1 − a1 ) 1−a1
+ 1−a1
= I.
8. Dessinez un second graphique à 45 degrés où vous représenterez le revenu et la
demande totale, c’est-à-dire la somme de la consommation et de l’investissement
(vous pourrez prendre I = 15). Sur ce graphique, comment est déterminé le “revenu
d’équilibre” ?

150
Revenu
Consommation
Demande
100

50

0
0 50 100 150
Revenu
Le revenu d’équilibre keynésien est le niveau de revenu tel que la demande pour ce
niveau de revenu (trait fin épais) est égale à ce revenu, c’est-à-dire le niveau de revenu
correspondant à l’intersection de la demande avec la droite à 45 degrés.
9. Rappelez pourquoi l’égalité entre épargne et investissement est équivalente à l’égalité
entre revenu et demande.

L’épargne égale la partie non consommée du revenu, donc le revenu est la somme de
la consommation et de l’épargne C + S. La demande (privée, en l’absence d’État dans
cet exercice) est la somme de la consommation et de l’investissement C + I. Bien
évidemment, le niveau de revenu tel que I = S est aussi tel que C + I = C + S, et
réciproquement.
10. Une seconde économie est elle-aussi caractérisée par une fonction de consommation
affine avec ã0 < a0 et ã1 = a1 . Dans cette nouvelle économie, la propension moyenne à
épargner est-elle plus élevée ou plus faible que dans la première ? Le niveau d’équilibre
de l’épargne est-il plus élevé ou plus faible que dans la première économie ? [vous
pouvez répondre à cette question avec ou sans calcul(s)]

Pour tout niveau de revenu positif fini, la propension moyenne à épargner est plus
élevée : 1 − ãY0 − a1 > 1 − aY0 − a1 . Pourtant le niveau de l’épargne à équilibre reste
ici I, pour les mêmes raisons que précédemment (encouragez les à refaire les calculs
de revenu d’équilibre et d’épargne induite pour voir si certains s’en rendront compte
avant). C’est ce qu’on appelle le “paradoxe de l’épargne” : une propension à épargner

3
plus élevée n’engendre pas nécessairement un niveau d’épargne plus élevé, en raison
de son effet négatif sur le revenu (l’épargne représente une plus grosse part d’un plus
petit gâteau).

2 L’arithmétique du modèle keynésien élémentaire


On considère une économie fermée et sans dépenses publiques. On suppose que la fonction
de consommation s’écrit : C(Y ) = a0 + a1 Y , et que l’investissement est exogène à un niveau
I.
1. Quel est le niveau d’équilibre du revenu ? de l’épargne ?

a0 I
(Comme dans l’équilibre précédent,) le revenu d’équilibre keynésien Y ? = 1−a1
+ 1−a 1
vaut et l’épargne correspondante I.
2. Que vaut le multiplicateur d’investissement ?

Multiplicateur d’investissement : hausse du revenu d’équilibre consécutif à l’augmen-


tation d’une unité de l’investissement.
∆Y ? 1
∆I
= 1−a 1
. Expliquez qu’il est supérieur à 1 dès que 0 < a1 < 1 et distinguez
l’effet direct de l’investissement sur la demande et donc le revenu et l’effet indirect
qui transite par la consommation.
3. Si I = 50, a0 = 100 et a1 = 0.8, quel serait l’effet sur le revenu d’une augmentation
de l’investissement de 20 unités ?

1
∆Y ? = 1−a 1
∆I = 5·20 = 100. [autre possibilité : calculer le revenu d’équilibre lorsque
l’investissement vaut 50 puis 70 unités et comparer]
Une économie avec dépenses publiques Considérons la même économie avec des
dépenses publiques et un taux d’imposition τ = 0.25. La fonction de consommation
s’écrit C(Yd ) = a0 + a1 Yd , où Yd est le revenu disponible.
4. Pour des valeurs données Y et G du revenu et des dépenses publiques, combien vaut
la demande totale dans cette économie ?

Le revenu disponible est : Yd = (1 − τ )Y .


La demande total est la somme de la consommation, de l’investissement et des
dépenses publiques C + I + G = a0 + a1 (1 − τ )Y + I + G.
5. On suppose d’abord que les dépenses publiques sont exogènes, G = G. Quel est le
déficit budgétaire si G = 350 ? Quelle est la valeur du multiplicateur d’investissement ?

Y = C + I + G ⇔ Y = a0 + a1 (1 − τ )Y + I + G. Le revenu d’équilibre keynésien


a0 +I+G
vaut donc Y ? = 1−a 1 (1−τ )
= 500
0.4
a0 +I+G
= 1250. Les recettes fiscales sont τ Y ? = τ 1−a 1 (1−τ )
=

4
a0 +I+G
0.25 × 1250 = 312.5. Le déficit budgétaire vaut donc G − T = G − τ 1−a 1 (1−τ )
=
350 − 312.50 = 37.5.
?
Multiplicateur d’investissement : ∆Y
∆I
= 1−a11(1−τ ) = 0.4
1
= 2.5.
6. On suppose que le niveau du revenu de plein emploi est 1500. Quel est le niveau du
déficit budgétaire qui assure le plein emploi ?

Le niveau de dépenses publiques permettant d’atteindre le revenu de plein emploi


vaut [1 − a1 (1 − τ )] Y P E − a0 − I = 0.4 · 1500 − 100 − 50 = 450. Le déficit budgétaire
pour ce niveau de dépenses publiques vaut [1 − a1 (1 − τ )] Y P E − a0 − I − τ Y P E =
450−0.25·1500 = 75. [Le déficit budgétaire a donc augmenté de 37.5 unités tandis que
les dépenses publiques augmentaient de 100 unités, ce qui signifie que la hausse des
impôts a absorbé près des deux tiers du coût des dépenses publiques supplémentaires.
Cela peut vous fournir une occasion pour parler des stabilisateurs automatiques.]
7. On suppose désormais que le gouvernement utilise toutes ses recettes fiscales pour
effectuer des dépenses publiques G (budget équilibré). Calculez le revenu d’équilibre.
Quelle est la valeur du multiplicateur d’investissement ?

À l’équilibre budgétaire, les dépenses publiques valent G = τ Y . L’équilibre revenu–


demande s’écrit : Y = C + I + G ⇔ Y = a0 + a1 (1 − τ )Y + I + τ Y . Le revenu
d’équilibre keynésien vaut donc Y ? = 1−a1a(1−τ
0 +I
)−τ
150
= 0.15 = 1000.
∆Y ? 1
∆I
= 1−a1 (1−τ )−τ .
L’endogénéité de l’investissement On envisage maintenant que l’investissement
ne soit plus exogène, mais donné par la relation : I = b0 + b1 Y avec b0 > 0 et b1 > 0.
Les dépenses publiques sont supposées fixe à un niveau G.
8. Calculez le revenu d’équilibre et le multiplicateur de dépenses publiques ?

Y = C + I + G ssi Y = a0 + (1 − τ )a1 Y + b0 + b1 Y + G. Donc le revenu d’équilibre vaut


a0 +b0 +G ?
Y ? = 1−(1−τ )a1 −b1
. Le multiplicateur de dépenses publiques vaut ∆Y
∆G
= 1−(1−τ1)a1 −b1 .
Le rôle de la richesse financière (cf. “Préparons la récession”) On considère
enfin une fonction de consommation dépendant non seulement du revenu courant mais
aussi de la richesse des agents de l’économie, notée R : C = a0 + a1 Y + a2 R (on ignore
ici les dépenses publiques et fixe le niveau d’investissement à I).
9. Selon vous, la propension marginale à consommer la richesse (ici égale à a2 ) est–
elle plus élevée, plus faible ou identique à la propension marginale à consommer le
revenu courant ? [pour répondre à cette question, vous pouvez vous demander de
combien augmenterait votre consommation mensuelle si vous saviez que votre revenu
va augmenter de 1000 euros par mois – tous les mois – et de combien elle augmenterait
si vous gagniez 1000 euros au loto — ce qui n’aurait que très peu de chance de se
reproduire les mois suivants]

5
Les ménages consomment une part plus faible de ce qu’ils ne touchent qu’une fois que
de ce qu’ils touchent chaque mois. Évoquez les choix dynamiques de consommation
et faı̂tes la différence entre les revenus, qui sont des flux, et la richesse, qui est un
stock. On fera donc l’hypothèse 0 < a2 < a1 < 1.
10. Quels sont les effets sur le revenu d’une baisse de la richesse des agents d’une unité ?

Y = C + I ssi Y = a0 + a1 Y + a2 R + I. Pour une valeur de R donnée, le revenu


d’équilibre est donc a0 +a2 R+I
1−a1
. Si la richesse baisse d’une unité, le revenu d’équilibre
a2
baisse de 1−a1 unités.
11. Olivier Blanchard estimait en 1999 qu’une baisse de 50% de l’indice de référence
de la Bourse américaine (le Dow Jones) était envisageable. Une chute des indices
boursiers de cette ampleur s’est elle produite ? À partir de la propension marginale à
consommer la richesse proposée par Blanchard dans le quatrième paragraphe, évaluez
dans le modèle de cet exercice l’impact sur la consommation d’une baisse de la richesse
financière de ∆R
Y
unités.

Après plus d’une décennie d’augmentation rapide, l’indice Dow Jones a effectivement
connu un recul considérable, passant de 11908.5 points en janvier 2000 à 7181.47
points en octobre 2002, soit un recul de 40%. Pour information, la chute du CAC40
(l’indice qui regroupe les 40 plus grosses capitalisations de la bourse de Paris) a chuté
de 65% au cours de cet épisode.
Les effets sur la consommation d’une baisse de la richesse financière sont doubles. Il y
a d’abord un effet direct, dont l’importance est mesurée par la propension marginale
à consommer la richesse. De plus, cette baisse de la consommation entraı̂ne une baisse
de la demande et donc du revenu ; cette baisse du revenu d’équilibre est à l’origine du
second effet négatif sur la consommation (qui engendre elle-même une nouvelle baisse
de la demande, etc.).
Dans le modèle, on peut mesurer de la façon suivante  l’effet sur
 la consommation :
? a2 1 a2
∆C = a1 ∆Y + a2 ∆R = a1 1−a1 ∆R + a2 ∆R = a2 a1 1−a1 + 1 ∆R = 1−a 1
∆R. En
∆C a2 ∆R
pourcentage du PIB (on dit aussi “points de PIB”), cet effet est de Y = 1−a 1 Y
.
[une autre façon de faire consiste à écrire les deux équations en différence, ∆C =
a1∆Y + a2 ∆R et ∆Y = ∆C et résoudre le système (c’est immédiat)]
Selon le texte, la propension marginale à consommer la richesse était de 3 ou 4%. Si
on prend a2 = 0.03, ∆C Y
a2 ∆R
= 1−a 1 Y
0.03
= 1−0.8 · ∆R
Y
= 15% ∆RY
(on trouverait 20% pour
a2 = 0.04).

6
3 Équilibre sur le marché des biens et financement des
dépenses publiques
On considère une économie représentée par le modèle keynésien élémentaire. La fonction
de consommation est C = C0 + γ(Y − T ) avec 0 < γ < 1. L’investissement I et les dépenses
publiques G sont exogènes. On suppose que le gouvernement finance une fraction α (0 ≤
α ≤ 1) de sa demande en émettant des titres de dette publique, et on note Bg cette offre de
titres, les stocks de titres initiaux étant nuls. Le reste des dépenses publiques est financé par
impôts.
1. Écrivez la contrainte budgétaire du gouvernement et exprimez le niveau de l’impôt
en fonction de α et G.

Le gouvernement doit financer l’intégralité de ses dépenses publiques par impôt ou par
endettement G = Bg + T . [dans le prochain dossier nous envisagerons un financement
monétaire].
On sait Bg = αG, d’où T = (1 − α)G.
2. Déterminez le niveau d’équilibre du revenu.
h i
Y = C + I + G ssi Y = C0 + γ Y − (1 − α)G + I + G. Le revenu d’équilibre vaut
C0 +I+[1−γ(1−α)]G
1−γ
.
3. Calculez le multiplicateur de dépenses publiques en fonction de α, ainsi que la hausse
du déficit budgétaire. Commentez l’évolution de l’efficacité et du coût en terme de
dette de la politique budgétaire en fonction de α.

?
Le multiplicateur de dépenses publiques vaut ∆Y ∆G
= 1−γ(1−α)
1−γ
.
Pour une valeur donnée des dépenses publiques, l’expression du déficit budgétaire
est G − T = αG. Plus α est élevée (plus la politique budgétaire est financée par
endettement), plus l’effet multiplicateur est grand. La politique budgétaire est donc
plus efficace mais aussi plus coûteuse en termes de dettes publiques. Au contraire,
le financement par l’impôt réduit simultanément le coût et l’efficacité d’une relance
budgétaire. [expliquez à l’aide du circuit keynésien que l’impôt constitue une fuite
dans le circuit]
4. Que représente le cas α = 1 ? Commentez.

Il s’agit du financement intégral par endettement. L’effet sur le déficit est maximal,
1
ainsi que l’efficacité (le multiplicateur vaut 1−γ ).
5. Que représente le cas α = 0 ? Commentez.

Lorsque α = 0, le financement est entièrement fiscal. Une hausse des dépenses pu-
bliques n’engendre donc aucun déficit (supplémentaire). La valeur du multiplicateur

7
budgétaire est égale à 1 : le revenu augmente du même montant que les dépenses
publiques, même si les impôts augmentent du même montant (théorème d’Haavelmo).
Cette politique est efficace car le revenu prélevé aux ménages est désormais intégralement
dépensé, et non en partie épargné.

8
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Macroéconomie 1

Dossier 2 : Éléments de correction

1 Relations d’équilibre dans le cadre IS–LM


Soit une économie dans laquelle les comportements des agents sont décrits par les équations
suivantes, a, b, c, d étant quatre paramètres positifs, C, I, P trois constantes positives et
G, T , M trois instruments de politique économique, avec G > 0, T > 0 et M > 0 :
 
C = c Y −T +C
I = I − br
G = G
Ms = M
M d = P [aY − d(r + π)]

1. La variable r désigne t-elle selon vous le taux d’intérêt nominal ou le taux d’intérêt
réel ? [pour répondre à cette question, demandez-vous si une entreprise investit autant
lorsqu’elle fait face à un taux d’intérêt de 5% et un taux d’inflation anticipé de 1%
ou à un taux d’intérêt de 5% et un taux d’inflation anticipé de 5%]

L’investissement des entreprises dépend du taux d’intérêt réel : en présence d’inflation,


ce n’est pas le montant que la firme doit rembourser à chaque date qui importe, mais
la quantité de biens remboursée.
2. π désigne le taux d’inflation anticipé, qui est ici supposé connu et constant (par
exemple nul). Après avoir rappelé la relation entre taux d’intérêt réel et nominal,
expliquez l’équation de demande de monnaie.

Le taux d’intérêt réel est égale à la différence entre le taux d’intérêt nominal et le
taux d’inflation anticipée, r = i − π. Il mesure le nombre d’unités de biens auquel
j’anticipe aujourd’hui de renoncer dans le futur pour rembourser ma dette.
Le taux d’intérêt nominal vaut donc i = r + π. C’est lui qui détermine la demande
d’encaisses réelles, car l’arbitrage se fait entre détention de monnaie et détention de
titres (motif de spéculation). Ces deux actifs subissent l’inflation de la même façon.

1
3. À taux d’intérêt donné, l’épargne dépend-elle du revenu ? À revenu donné, l’épargne
dépend-elle du taux d’intérêt ?

L’épargne
 est la partie non consommée du revenu disponible, Y − T − C = Y − T −
C − c Y − T = (1 − c)Y − C − (1 − c)T . L’épargne dépend donc du revenu et pas
du taux d’intérêt.
4. Donnez la définition, l’équation et la pente de la “courbe” IS.

La courbe IS décrit l’ensemble des couples (revenu, taux d’intérêt) [à taux d’inflation
anticipée donnée, la différence entre taux réel et nominal n’a pas d’importance] tels
que le revenu est égal à la demande (ou que l’épargne est égale à l’investissement,
avec les précisions apportées en fin d’exercice).
Y = C + I + G ssi Y = C−cT +I−br+G
1−c
b
. Sa pente est − 1−c , il s’agit donc d’une relation
décroissante entre Y et r.
5. Le revenu étant en abscisse et le taux d’intérêt en ordonnée, pensez vous que l’épargne
est supérieure ou inférieure à l’investissement pour un point se situant au Nord-Est
de la courbe IS ?

Au Nord-Est de IS, revenu et taux d’intérêt sont plus élevés. Raisonnons à revenu
donné : le taux d’intérêt est plus élevé donc l’investissement plus faible (et l’épargne
est inchangée). En termes de demande et de revenu, la demande est plus faible que sur
IS (car la consommation est-elle aussi inchangée), ce qui signifie que la demande de
biens est inférieure au revenu. [le raisonnement symétrique est moins simple : à taux
d’intérêt donné, une hausse du revenu se traduit par une hausse de la consommation,
mais moindre]
6. Graphiquement, une augmentation des dépense publiques d’un montant ∆G correspond-
il à un déplacement le long de la courbe IS ou à un déplacement de la courbe IS
elle–même ?

À taux d’intérêt donné, une hausse des dépenses publiques est associée à une hausse
du revenu. Il ne peut s’agir que d’un déplacement de IS : pour le même taux d’intérêt,
on trouve une valeur du revenu plus élevée.
7. À taux d’intérêt donné, la consommation dépend-elle du niveau des prix ?

À taux d’intérêt donné, IS nous donne le revenu, qui est la seule variable qui influe
sur la consommation. Le niveau des prix n’a donc pas d’impact.
8. Donnez la définition, l’équation et la pente de la “courbe” LM dans le repère (0,Y ,r)
(convention adoptée en cours).

La courbe LM décrit l’ensemble des couples (revenu, taux d’intérêt) tels que le marché

2
de la monnaie soit en équilibre.
L’équation de LM est donc donnée par l’ensemble des couples (r,Y ) tels que M s = M d
ssi MP
= aY − d(r + π). Etant donné le repère adopté, on en déduit r en fonction de
Y , r = ad Y − d1 (dπ + M
P
) (Equation de LM dans le repère (0,Y ,r)). Ainsi, la pente de
∆r a
LM est ∆Y = d . Il s’agit donc d’un relation croissante.

9. Le revenu étant en abscisse et le taux d’intérêt en ordonnée, pensez vous que l’offre
est supérieure ou inférieure à la demande de monnaie pour un point se situant au
Nord-Ouest de la courbe LM ?

Dans ce plan, au Nord-Ouest de LM, le revenu est plus faible et le taux d’intérêt plus
élevé. Les motifs de transaction et de spéculation vont donc dans le même sens : la
demande de monnaie est plus faible que sur LM ; elle est donc inférieure à l’offre de
monnaie.
10. Donnez la valeur du revenu d’équilibre, que l’on note Y ? , puis du taux d’intérêt réel
d’équilibre.

C−cT +I+G+ db M +bπ


Y? = 1−c+a db
P
. [faı̂tes leur vérifier les signes des multiplicateurs ! ! ! !]
a
C−cT +I+G − 1−c
( ) M
−(1−c)π
r? = d d P
1−c+a db
.
11. Pour ces valeurs du revenu et du taux d’intérêt réel, les propositions suivantes sont–
elles vraies ou fausses ? [il est également envisageable que vous ne disposiez pas de
suffisamment d’informations pour trancher]
(a) le revenu est égal à la demande privée ;
(b) le revenu est égal à la demande totale ;
(c) le revenu disponible des ménages est égal à la demande totale ;
(d) la consommation est égale au revenu disponible des ménages ;
(e) l’épargne privée (ou épargne des ménages) est égale à l’investissement privé (ou
investissement des entreprises) ;
(f) l’épargne nationale (c’est-à-dire la somme de l’épargne des ménages et de l’épargne
de l’État, cette dernière étant négative en cas de déficit budgétaire) est égale à
l’investissement privé ;
(g) le marché de la monnaie est en équilibre ;
(h) le marché des titres est en équilibre ;
(i) le marché du travail est en équilibre.

(a) non, sauf si la demande publique est nulle

3
(b) oui
(c) oui s’il n’y a pas d’impôts, non s’il y en a
(d) non ; de façon générale, ça peut être vrai dans certains cas très particuliers
(e) non
(f) oui
(g) oui
(h) oui, d’après la loi de Walras
(i) on ne peut pas répondre, ne connaissant pas le revenu de plein-emploi (il nous
faudrait la fonction de production et l’offre de travail). De façon plus générale, le
marché du travail n’apparaı̂t pas dans IS-LM : l’emploi s’ajuste simplement au
niveau nécessaire pour servir la demande.

2 Une évaluation des politiques économiques


On s’intéresse à nouveau à l’économie décrite dans l’énoncé précédent. Pour rappel, les
valeurs du revenu et du taux d’intérêt à l’équilibre IS/LM sont :
C−cT +I+G+ db M
+bπ a
(C−cT +I+G)− 1−c M
−(1−c)π
Y? = 1−c+a db
P
r? = d d P
1−c+a db

1. Calculez le multiplicateur des dépenses publiques du modèle IS/LM.

∆Y ? 1
∆G
= 1−c+a db
2. Donnez la valeur du multiplicateur des dépenses publiques. Comparez cette valeur à
celle obtenue à la question 1. Expliquez la différence entre ces deux valeurs.

La valeur du multiplicateur keynésien peut facilement être obtenue en posant b = 0.


cette hypothèse correspond à l’hypothèse keynésienne que l’investissement est exogène
et indépendant de (ou inélastique à) r) dans l’expression du multiplicateur du modèle
?
IS/LM. Ainsi, le multiplicateur keynésien est donné par : ∆Y ∆G
1
= 1−c 1
> 1−c+a b .
d
Le multiplicateur du modèle IS/LM est plus faible en raison de l’effet d’éviction : la
hausse des dépenses publiques financées par endettement entraı̂ne une hausse du taux
d’intérêt qui évince l’investissement privé (terme a db ).

3. Donnez la valeur du multiplicateur monétaire. Quel est l’effet sur le produit d’une
hausse des dépenses publiques financée à hauteur d’une part µ par création monétaire
(ce qui signifie ∆ M
P
= µ ∆G) ?
b b
∆Y ? ∆Y ? 1
= d
1−c+a db
ou ∆M
= d
P 1−c+a db
. On voit bien au passage que, dans les configurations
∆M
P

4
dans lesquelles l’effet d’éviction est nul, le multiplicateur
 monétaire est nul.
b b
1
∆Y = 1−c+a db
∆G + d
1−c+a db
∆M
P
= 1
1−c+a db
+ µ 1−c+a
d
b ∆G.
d

4. Tracez les “courbes” IS et LM lorsque b = 0. Parmi la politique budgétaire et la


politique monétaire, laquelle est alors la plus efficace ? Commentez. La politique
budgétaire avec financement monétaire partiel envisagée dans la question 3 peut–elle
être plus efficace ?

taux d’intérêt
6
IS LM

-
revenu
La politique monétaire est complètement inefficace car elle ne relance pas l’investisse-
ment, alors que l’efficacité de la politique budgétaire est maximale en l’absence de tout
effet d’éviction. Il s’agit en fait du cas keynésien élémentaire étudié dans le premier
dossier. Financement monétaire et financement par endettement sont équivalents.
5. Tracez IS et LM lorsque d = 0. Parmi la politique budgétaire et la politique monétaire,
laquelle est alors la plus efficace ? Commentez. La politique budgétaire avec finance-
ment monétaire partiel envisagée dans la question 3 peut–elle être plus efficace ?

taux d’intérêt
6
@ LM
@
@
@
@
@
@
@
@
@ IS
@
-
revenu
Il n’y a pas de demande de monnaie pour motif de spéculation (point de vue du Trésor
anglais face à Keynes dans les années 30). La demande d’encaisses réelles se réduit
à une équation quantitative de la monnaie MP
= aY . Le niveau des encaisses réelles

5
détermine donc seul le revenu (parce que nous sommes à prix fixes), une politique
budgétaire est inefficace et l’efficacité d’une politique monétaire est maximale. Seul
l’aspect monétaire d’une relance budgétaire financée par émission de monnaie est
efficace, et une politique monétaire pure est donc préférable.

3 Les instruments de la politique monétaire


Soit une économie dont la consommation agrégée C, l’investissement agrégé I et la de-
mande de monnaie agrégée M d sont définis par les relation suivantes :



 C = c0 + c1 Y
I = i0 − i1 (i − π)
 Md = l Y − l i


P 1 2

Dans ces expressions, c0 , c1 , i0 , i1 , l1 et l2 sont des paramètres positifs. Y désigne le produit


national et i le taux d’intérêt nominal. Il n’y a pas d’État dans cette économie. Au cours de
cet exercice, vous pourrez supposer le taux d’inflation anticipé π nul et le niveau des prix P
(qui est supposé constant) égal à un, pour simplifier les expressions.
1. On suppose dans un premier temps que la banque centrale de cette économie contrôle
parfaitement la quantité de monnaie en circulation, notée M . Pour une valeur donnée
de l’offre de monnaie M , déterminez le revenu et le taux d’intérêt nominal assurant
l’équilibre du marché des biens et services et l’équilibre du marché de la monnaie.
i M i l1 1−c
c0 +i0 +i1 π+ l1 c0 +i0 + l1 M (c +i0 )− l 1 M
l2 0
Y? = i1
1−c1 +l1 l
2 P
= 2
i
1−c1 +l1 l1
et r? = i
1−c1 +l1 l1
2
.
2 2 2

2. Si la banque centrale augmente l’offre de monnaie M d’une unité, quel est l’impact
sur le revenu et le taux d’intérêt d’équilibre ?
1−c1 i1
l2 l2
Le taux d’intérêt baisse de 1−c1 +l1 l1
i unités et le revenu augmente de i
1−c1 +l1 l1
unités.
2 2

3. Dans un second temps, on suppose que le taux d’intérêt nominal constitue l’instrument
de la politique monétaire. La banque centrale fixe donc le taux d’intérêt nominal à
un niveau i et fournit exactement la quantité de monnaie demandée par les agents
de cette économie. Pour une valeur donnée du taux d’intérêt nominal i, déterminez
le revenu et la quantité de monnaie en circulation assurant l’équilibre du marché des
biens et services et l’équilibre du marché de la monnaie.

Connaissant i, on peut déterminer l’investissement à l’équilibre et donc le seul niveau


0 −i1 i
de revenu tel que l’épargne soit égale à l’investissement, c0 +i 1−c1
, [il s’agit simplement
de construire IS une nouvelle fois].
On connaı̂t donc maintenant à la fois le taux d’intérêt et le revenu, ce qui  permet de
0 −i1 i
calculer la demande de monnaie l1 c0 +i 1−c1
− l2 i = l c0 +i0
1 1−c1 − l i1
1 1−c1 + l c0 +i0
2 i = l1 1−c1 −

6
l
!
1−c1 +i1 l1
1−c1
2
i. Pour assurer l’équilibre du marché de la monnaie, la banque centrale
l2

doit offrir précisément cette quantité de monnaie.


4. Si la banque centrale fixe un taux plus élevé (passant de i à i + ∆i), quel est l’impact
sur le revenu et la quantité de monnaie en circulation ?
 
i1 i1
Le revenu baisse de 1−c1
∆i unités et la quantité de monnaie baisse de l1 1−c 1
+ l2 ∆i
unités.
5. Quelle est la variation du taux d’intérêt nécessaire pour que le revenu d’équilibre
augmente de 1−c1i+i 1 /l2
1 ·l1 /l2
unités ? Quelle est l’augmentation de la masse monétaire
consécutive à cette politique monétaire ?

i1
On sait depuis la troisième question que ∆Y = − 1−c 1
∆i. La variation du taux
1−c1
i1 /l2 −
d’intérêt nécessaire est donc de ∆i = − 1−c
i1
1
∆Y = − 1−c 1
i1 1−c1 +i1 ·l1 /l2
= 1−c1 +il12·l1 /l2 .
Par conséquent, l’impact
! sur la masse monétaire de cette variation du taux d’intérêt
l 1−c1
1−c1 +i1 l1 − l2
est de − 1−c1
2
1−c1 +i1 ·l1 /l2
= 1.
l2

6. Un économiste observant parfaitement les valeurs du revenu, du taux d’intérêt nominal


et de la masse monétaire à différentes dates mais ne connaissant pas l’instrument de
politique monétaire utilisé par la banque centrale est-il capable de le deviner ?

Non.
Nous venons de voir que le contrôle de la masse monétaire ou du taux d’intérêt
nominal permet de décrire la même politique monétaire : quel que soit l’instrument,
la variation de la masse monétaire et du taux d’intérêt permettant une hausse du
produit d’une unité est la même.
7. Le choix de l’instrument de politique monétaire est-il important pour décrire les effets
de la politique monétaire ?

Non, puisqu’on peut décrire exactement les mêmes effets dans chacun des deux cas.
8. Selon vous, le choix de l’instrument de politique monétaire est-il important pour
décrire les effets de la politique budgétaire, selon son mode de financement ?

Oui.
On sait que lorsque la banque centrale contrôle l’offre de monnaie, une politique
budgétaire financée par endettement donne lieu à une hausse du taux d’intérêt (à
l’origine de l’effet d’éviction). Au contraire, cela ne se produit pas si la banque centrale
maintient le taux d’intérêt constant, la politique budgétaire étant dans ce cas plus
efficace. En fait, le contrôle du taux d’intérêt constitue une forme de financement
monétaire (on parle aussi d’accommodation) de la politique budgétaire.

7
Licence 2 Économie et Gestion
Macroéconomie 1

Dossier 3 : Éléments de correction

1 Une petite économie ouverte avec mobilité parfaite


des capitaux
et i
taux d’intér^ et i
taux d’intér^

(LM)
6 6
@ @ @

@A
@ @ @
@ @ s
@ s @
i? i?
@
@ (BP) B@ @
@ @ @
@ @  @ @
@ @
(IS)
@
@ @
@
- -
revenu Y revenu Y
1. Sur le graphique de gauche, indiquez quelle courbe décrit l’égalité entre revenu et de-
mande (IS), entre offre et demande d’encaisses réelles (LM) et l’équilibre de la balance
des paiements (BP).
2. Parmi les modifications suivantes de l’environnement, lesquelles (ou laquelle) sont-elles
compatibles avec le déplacement de la courbe indiqué par une flèche sur le graphique
de droite : une hausse des dépenses publiques, des impôts ou de l’offre de monnaie ;
une baisse des dépenses publiques, des impôts ou de l’offre de monnaie ?

Une hausse des dépenses publiques ou une baisse des impôts déplacent IS dans le sens
d’un revenu plus élevé.
3. A l’aide du graphique de droite, expliquez les mécanismes économiques assurant le
retour à l’équilibre en changes flexibles après la modification décrite à la question
précédente. Vous prendrez soin de détailler les différentes étapes.

D’après la question précédente, on se place dans le cas d’une augmentation des


dépenses publiques ou d’une baisse d’impôts (choc budgétaire). Après le choc budgétaire,
à taux de change constant, Y et i augmentent et on se retrouve au point A (nouvel

1
équilibre intérieur). Au point A, la balance des paiements est excédentaire (car la ba-
lance des capitaux est infiniment positive car les capitaux sont parfaitement mobiles
et i > i? ). En régime de change flexible, le taux de change va s’ajuster pour rétablir
l’équilibre : la monnaie domestique s’apprécie, ce qui pénalise les exportations, favorise
les importations et réduit finalement le solde de la balance commerciale (on suppose la
condition de Marshall-Lerner vérifiée). Cette appréciation se poursuit jusqu’à ce que
l’économie retrouve sa position initiale, dans laquelle la balance des paiements était
équilibrée, on revient donc au point B. Notez que la politique budgétaire est inefficace
pour relancer l’économie en changes flexibles lorsque les capitaux sont parfaitement
mobiles.

2 L’équilibre keynésien en économie ouverte


On considère une petite économie ouverte dont les comportements des agents sont représentés
par les équations suivantes :

C = c(Y − T ) + C0 (1)
I = −a1 i + I0 (2)
G = G (3)
T = T (4)
Z = z1 x − z2 Y + z3 Y ? (5)
?
H = h × (i − i ) (6)
Ms e∆R
= m+ (7)
P P
d
M
= a2 Y − a3 i (8)
P
où C représente la consommation, T les impôts, G les dépenses publiques, I l’investisse-
ment, Z la balance commerciale, H la balance des capitaux, Y le revenu agrégé, M s et M d
représentent respectivement l’offre et la demande de monnaie, i le taux d’intérêt, P le niveau
?
général des prix, x = ePP est le taux de change réel, e le taux de change côté à l’incertain
($1 =e €), Y ? le revenu étranger, i? le taux d’intérêt étranger, m la composante interne
(exogène) de l’offre de monnaie et ∆R les variations de réserves de la banque centrale. Tous
les coefficients sont supposés positifs.
1. Commentez précisément les équations de ce modèle. Donnez l’expression de la balance
des paiements.

La fonction de consommation keynésienne est affine ; l’investissement décroı̂t avec


le taux d’intérêt (nominal ici, comme lorsque le taux d’inflation anticipé est nul) ;
dépenses publiques et taxes sont des instruments de politique économique, exogènes ;

2
le solde de la balance commerciale augmente lorsque le taux de change réel se déprécie,
la condition de Marshall-Lerner est donc remplie ; le solde de la balance des capitaux
est une fonction croissante de la différence entre taux d’intérêt nominal domestique
et taux d’intérêt nominal étranger augmentée de la variation anticipée du taux de
change ; l’offre d’encaisses réelles est la somme de deux composante : l’une, exogène,
est l’instrument de politique monétaire, l’autre, endogène, la contrepartie des réserves
en devises détenues par la banque centrale ; enfin, la demande d’encaisses réelles in-
corpore les motifs de transaction et de spéculation.
Le solde de la balance des paiements est la somme des soldes des balance commerciale
et de capitaux, z1 x − z2 Y + z3 Y ? + h × (i − i? )
2. On fait l’hypothèse h → +∞. Que signifie cette hypothèse ? Quelle est la seule valeur
du taux d’intérêt national compatible avec l’équilibre du marché des changes ?

Si h → +∞, les capitaux se déplacent infiniment à la suite d’un différentiel de taux


d’intérêt : c’est le cas de mobilité parfaite. De façon évidente, dès que le différentiel
est non nul, le solde de la balance des capitaux est infini (positif ou négatif). Pour
que la balance des paiements soit en équilibre, il faudrait donc que le solde de la
balance commerciale soit lui aussi infini (et du signe opposé). C’est impossible pour
des valeurs finies des revenus domestique et étranger.
L’équilibre du marché des capitaux nécessite donc la condition d’arbitrage i = i? .
3. Donnez les définitions, équations et représentations graphiques des courbes IS, LM et
BP (équilibre de la balance des paiements).

IS décrit l’équilibre du marché des biens :

Y = c(Y − T ) + C0 − a1 i + I0 + G + z1 x − z2 Y + z3 Y ?
C0 − cT + I0 − a1 i + G + z1 x + z3 Y ?
⇔ Y =
1 − c + z2

LM décrit l’équilibre du marché de la monnaie :

Ms Md a2 m + e∆R
P
= ⇔i= Y −
P P a3 a3

BP décrit l’équilibre sur le marché des changes :

h → +∞ ⇒ i = i?

Ces trois équations définissent des relations entre produit et taux d’intérêt (nominal),
on peut donc les représenter dans un plan (Y, i). [à ce moment de l’exercice, on ne
connaı̂t pas le régime de change de cette économie et il n’y a pas de raisons que les
courbes possèdent une intersection commune]

3
taux d’intérêt
6
@ LM
@
@
@
@
BP @
@
@
@
@ IS
@
-
revenu
4. Dans un régime de changes flexibles, montrez graphiquement comment se détermine
le revenu et le taux d’intérêt d’équilibre. Montrez graphiquement l’effet d’une aug-
mentation des dépenses publiques.

Détermination de l’équilibre :
A l’équilibre simultané des marchés des biens et
taux d’intérêt services et de la monnaie (point A), le marché des
6 changes est déséquilibré (i > i? ), donc le solde
@ LM de la balance des capitaux tend vers +∞. Cet
@
@ excès de demande de monnaie nationale entraine
@ A une hausse du prix de la monnaie nationale
@ @t
BP @@t @@ (appréciation, baisse de e). Ceci entraine une
baisse des exportations nettes, ce qui se traduit
E@@ @
@ par un déplacement de IS vers la gauche. La
@IS(e)
@
@IS(e0 )@ monnaie s’apprécie jusqu’à ce que le taux d’intérêt
- qui équilibre les marchés des B&S et de la monnaie
revenu
soit égal à i? . L’équilibre (point E) est alors atteint.

Impact d’une politique budgétaire :


taux d’intérêt Une hausse des dépenses publiques (de G à G0 ) en-
6 traine un déplacement de IS vers la droite et un
@ LM nouvel équilibre simultané des marchés des B&S
@
@ et de la monnaie (point A) est atteint. Au point
@ A A, le marché des changes est déséquilibré, ce qui
@ @t
entraine le même mécanisme décrit plus haut :
BP @@t @@
appréciation de la monnaie nationale jusqu’à ce
E= @E 0 @
@ @ que les marchés des B&S et de la monnaie soient de
0
IS(G, e)@
@ @ IS(G , e) nouveau équilibrés (point E 0 ). Résultat : IS revient
0 0 @
= IS(G , e ) - à sa position initiale : la politique budgétaire n’a
revenu
aucun impact sur le revenue et le taux d’intérêt.

4
5. Dans un régime de changes fixes, montrez graphiquement comment se détermine le
revenu et le taux d’intérêt d’équilibre. Montrez graphiquement l’effet d’une augmen-
tation des dépenses publiques

Détermination de l’équilibre :
A l’équilibre simultané des marchés des biens et
taux d’intérêt services et de la monnaie, i > i? , donc le solde
6 LM (∆R) de la balance des capitaux tend vers +∞. Afin
@ d’éviter une appréciation de la monnaie nationale,
@ LM (∆R0 )
@ la banque centrale augmente l’offre de monnaie na-
@ tionale en achetant des devises étrangères, ce qui
@
augmente ses réserves de change (∆R > 0). L’aug-
BP @
@t mentation de l’offre de monnaie nationale entraı̂ne
E @@ un déplacement de LM ver la droite. L’équilibre est
@IS atteint lorsque les réserves de change ont atteint un
@
- niveau tel que i = i? . A l’équilibre, la banque cen-
revenu trale n’a plus besoin d’augmenter ses réserves de
change.

Impact d’une politique budgétaire :

5
Une hausse des dépenses publiques (de G à G0 )
entraı̂ne un déplacement de IS vers la droite et on
obtient un nouvel équilibre simultané des marchés
des B&S et de la monnaie (nouvel équilibre
intérieur au point A). En ce point, i > i? , donc
le solde de la balance des capitaux tend vers
+∞. Afin d’éviter une appréciation de la monnaie
taux d’intérêt nationale, la banque centrale augmente l’offre
6 LM (∆R) de monnaie nationale en achetant des devises
@
@ LM (∆R0 ) étrangères, ce qui augmente ses réserves de change
@ (∆R > 0). L’augmentation de l’offre de monnaie
@
@
A
@t nationale entraı̂ne un déplacement de LM ver
@
@t
@
@t BP la droite. L’équilibre (E’) est atteint lorsque
E@ E 0@@ les réserves de change ont atteint un niveau tel
que i = i? . A l’équilibre, la banque centrale n’a
@
@ @IS(G0 )
@IS(G)@ plus besoin d’augmenter ses réserves de change.
@ -
revenu (même mécanisme que celui décrit à la question
précédente).

Remarque aux chargés de TD : vous pouvez


les laisser réfléchir seul au mécanisme de re-
tour à l’équilibre car il a été fait à la question
précédente. Cela vous permettra de voir s’ils
ont bien compris.

6. Lors des récessions, des appels à la mise en place de mesures protectionnistes dans
le but de préserver des emplois domestiques sont régulièrement entendus. Comment
se traduiraient selon vous dans ce modèle des restrictions commerciales réduisant
sévèrement les quantités de biens importées par l’économie domestique ? Quels se-
raient les effets de telles restrictions sur l’emploi domestique, le revenu et le taux
d’intérêt réel en régime de change flexible ?

À prix des biens domestiques et étrangers donnés, et à revenu donné, les importations
seraient donc plus faibles. Dans l’expression de la balance commerciale, la valeur prise
par z2 serait plus faible. À la limite, si toute importation est impossible, le revenu
domestique n’influence plus la balance commerciale (z2 = 0).
Partons d’une situation d’équilibre IS–LM–BP. Au taux d’intérêt en vigueur, la hausse
du solde de la balance commerciale entraı̂ne une hausse du revenu (déplacement de
IS vers le Nord Est). L’équilibre IS–LM est donc atteint pour des valeurs du revenu
et du taux d’intérêt plus élevés.
En régime de change flexible, l’entrée de capitaux (ici parfaitement mobile) entraı̂ne
une appréciation de la monnaie domestique, une perte de compétitivité jusqu’à ce

6
qu’on revienne à l’équilibre initial. Autrement dit, les variations du taux de change
feraient disparaı̂tre les bénéfices attendus de cette politique.

3 Le taux d’intérêt mondial


Le modèle de Mundell-Fleming considère le taux d’intérêt mondial comme une variable
exogène. Le but de cet exercice est d’étudier ce qui se passe lorsque cette variable exogène se
modifie. [vous pourrez utiliser le modèle décrit à l’exercice précédent ou répondre de façon
graphique, en précisant explicitement le domaine de validité de vos réponses]
1. Quelles peuvent-être les causes d’une hausse du taux d’intérêt mondial ?

Une hausse des dépenses publiques étrangères, une politique monétaire étrangère
restrictive, une hausse des prix étrangers...
2. En régime de change flottant, comment évoluent le revenu, le taux de change nominal
et la balance commerciale lorsque le taux d’intérêt mondial augmente ?

La balance des capitaux nationale devient déficitaire (d’autant plus que les capitaux
sont mobiles) et la monnaie nationale se déprécie, ce qui stimule les exportations.
Deux effets s’opposent donc, le ralentissement de l’investissement (car le taux d’intérêt
augmente) et la hausse de la balance commerciale. Ceci conduit, in fine, à une hausse
du revenu et du taux d’intérêt. [une des vertus du régime de change flexibles est
d’isoler l’économie domestique de chocs extérieurs. Cela est vrai de variations du prix
étranger, du revenu étranger, mais pas, comme on vient de le voir, du taux d’intérêt
étranger]

i
6
LM
@ @
@ @
@Et2 BP’
?0
@
i @ @
@ t @ BP
i? @ @
E1@ @
@ @
@ IS’
@
IS @@
-
Y
3. En régime de change fixe, comment évolue le revenu, le taux de change nominal et la
balance commerciale lorsque le taux d’intérêt mondial augmente ?

0
Equilibre IS-LM-BP initial = E. Après augmentation de i∗ (i∗ > i∗ ), au point E, la

7
balance des paiements est maintenant déficitaire mais ni la courbe IS ni la courbe LM
ne se déplacent. Pour défendre la monnaie nationale, la banque centrale domestique
doit vendre des devises et ses réserves diminuent, ainsi que la masse monétaire. Cela
0
provoque un déplacement de LM vers la gauche jusqu’à ce que i = i∗ . Au nouvel
équilibre E 0 , la masse monétaire est plus faible, le taux d’intérêt domestique plus
élevé. L’investissement et le revenu sont plus faibles qu’à l’origine. Le revenu est plus
faible.
i
6
LM’ LM
@
0
@
@Et BP’
?0
i @
@ t BP
i? @
E@
@
@
@
IS @@
-
Y

8
Licence 2 Économie et Gestion
Macroéconomie 1

Dossier 4 : Éléments de correction

On considère une économie peuplée de ménages consommant et offrant inélastiquement


N unités de travail, et d’entreprises disposant d’un stock de capital physique K ayant accès
à une technologie décrite par la fonction de production Y = F (K, N ) dont la productivité
marginale par rapport à chaque facteur est positive et décroissante.

1 L’offre globale
1. Commençons par étudier le comportement de la firme.
Connaissant P , le prix de vente du bien produit par l’entreprise et W , le salaire
nominal, déterminez la quantité de travail demandée par la firme et l’offre de biens.
Exprimez ensuite la demande de travail et l’offre de biens dans le cas particulier d’une
fonction de production F (K, N ) = K α N 1−α , 1 > α > 0.

Le profit de la firme est le suivant :

Π = P · F (K, N ) − W · N

La firme choisit la quantité de travail qui maximise son profit :


∂Π   W α W
= 0 ⇔ FN0 K, N d = ⇔ (1 − α) K N −α =
∂N P P
La firme est sur sa demande de travail lorsque la productivité marginale du travail
est égale au salaire réel. D’où la demande de travail :
 α1
W P
  
d
N = K (1 − α)
P W

L’offre de biens est égale au montant produit pour l’emploi désiré :


 1−α
W W P
      α
o d α d 1−α
Y = F K, N =K N = K (1 − α)
P P W

2. On détermine ensuite l’équilibre du marché du travail.


Pour quelle valeur du salaire réel, notée w? , le marché du travail est–il en équilibre ?

1
Pour quelle valeur du salaire nominal, notée W ? , le marché du travail est–il en
équilibre ? Quel est l’emploi d’équilibre N ? ?

Il y a équilibre
?
sur le marché du travail lorsque N d = N o , i.e.N d = N . Donc :
α −α

w? = W P
= FN0 K, N = (1 − α) K N .
α −α
 
W ? = w? × P = FN0 K, N × P = (1 − α) K N × P.
L’emploi d’équilibre est nécessairement N E = N (parce que l’offre de travail est
inélastique, ou en reportant le salaire réel d’équilibre dans la demande de travail).
3. Il est désormais possible de caractériser l’offre globale.
Définissez, déterminez et représentez graphiquement l’offre globale. Que remarquez
vous ? Quels sont les facteurs déplaçant cette courbe ?

L’offre globale est l’offre de biens condi- P


tionnellement à l’équilibre sur
 le marché

6
du travail. Y OG (p) = F K, N E = Y OG
α 1−α
 
F K, N = K N . L’offre globale est
inélastique aux prix.
À prix donné, l’offre globale dépend du
stock de capital K, de la technologie
(représentée ici par l’élasticité α) et des
préférences des ménages en matière de loi- -
sirs, résumées ici par N . Y
4. Disposez–vous de suffisamment d’informations pour déterminer le produit d’équilibre
de cette économie (si c’est le cas, indiquez sa valeur) ? Disposez–vous de suffisamment
d’informations pour déterminer le prix d’équilibre de cette économie (si c’est le cas,
indiquez sa valeur) ?

L’offre globale étant verticale, elle détermine seule les quantités échangées à l’équilibre :
α 1−α
 
?
Y = F K, N = K N .
Non, le prix d’équilibre dépend également de la demande globale.
Le cas d’une offre de travail élastique On suppose à présent que l’offre de travail
des ménages est décrite par la fonction : N o = a W P
.
5. Reprenez les questions 2 à 4 avec cette offre de travail. Les conclusions de cet exercice
sont–elles affectées ?

(2) Le marché du travail est à l’équilibre lorsque N o = N d . Le salaire réel qui équilibre
offre et demande de travail s’obtient ainsi :

No = Nd

2
1
W P α

⇔ a = K (1 − α)
P W
 α+1 1
W (1 − α) α
 α
⇔ =K
P a
  α
1 α+1
W (1 − α) α 
⇔ w? = = K
P a

Salaire nominal : W ? = w? · P .
On obtient l’emploi d’équilibre en reportant le salaire
α
réel d’équilibre dans l’offre ou
1
 
α+1
K (1−α)
? α
dans la demande de travail. N = a · a

(3) L’offre globale est la production réalisable pour la quantité de travail d’équilibre :
α !1−α
1
 
  α α+1
K (1−α)
OG ? α
Y (P ) = F K, N =K · a· a

L’emploi d’équilibre ne dépend pas du niveau des prix, donc l’offre globale, n’en
dépend pas non plus.
La fonction d’offre globale se déplace avec le stock de capital (K), la technologie (α),
les préférences des agents (a).

(4) Puisque l’offre globale est inélastique par rapport aux prix, elle suffit à déterminer
les quantités d’équilibres (lorsque les prix s’ajustent parfaitement).
En revanche, les prix d’équilibre dépendent encore une fois de la position de la de-
mande globale.
L’élasticité au salaire réel de l’offre de travail n’affecte donc en rien les conclusions de
cet exercice ; seuls les déplacements de l’offre de travail (qui se répercutent sur l’offre
globale) affectent le revenu.

2 Équilibre à prix flexible


Soit une économie dont la consommation agrégée C et l’investissement agrégé I sont
définis par les relation suivantes :
(
C = c0 + c1 Y
I = i0 − i1 r

Dans ces expressions, Y désigne le produit national et r le taux d’intérêt réel.


La Banque Centrale contrôle l’offre de monnaie M S = M . La demande d’encaisses réelles
est de la forme :
MD
= l1 Y − l2 r
P
Il n’y a pas d’État dans cette économie. N individus peuplent cette économie et offrent
1
inélastiquement une unité de travail. La fonction de production agrégée s’écrit F (N ) = 2 N 2 .

3
Enfin, c0 , c1 , i0 , i1 , l1 et l2 sont des paramètres positifs.
Vous justifierez toutes vos réponses.
1. Commentez la demande d’encaisses réelles.

La demande d’encaisses réelles est une fonction croissante du revenu, conformément


au motif de transaction, et une fonction décroissante du taux d’intérêt, selon le motif
de spéculation.
2. Quelle est la production maximale de plein emploi ?

Chacun des N individus offre une unité de travail ; lorsqu’ils travaillent tous, la quan-
tité de travail employée est donc de N unités. D’après la fonction de production, le
  1
revenu de plein emploi est F N = 2N 2 .
Les prix sont supposés parfaitement flexibles.
3. Peut–on déterminer les quantités de bien échangées à l’équilibre global sans connaı̂tre
l’équilibre sur le marché du travail (c’est-à-dire l’emploi et le salaire réel d’équilibre) ?
Peut–on déterminer les quantités de bien échangées à l’équilibre global sans connaı̂tre
l’équilibre sur le marché de la monnaie (c’est-à-dire la quantité de monnaie en circu-
lation et le taux d’intérêt d’équilibre) ?

L’équilibre du marché du travail détermine les quantités produites (pour chaque ni-
veau de prix). Il est donc impossible [techniquement, dès que l1 et l2 sont finis] de
connaı̂tre les quantités échangées sans connaı̂tre l’emploi d’équilibre.
L’équilibre sur le marché de la monnaie détermine le taux d’intérêt et les quantités
demandées. Mais l’offre globale est inélastique aux prix, quelles que soient les quantités
demandées les quantités produites sont les mêmes.
4. Déterminez graphiquement la quantité de bien échangée à l’équilibre global.

Le premier graphique (le marché du travail) est facultatif.


salaire réel NS prix
6 6
@ @ OG
@ @
@ PE @
@ @
@ @
@ @
@ @
@ @ DG
@ @
@ ND @
@ @
- 1
-
N emploi 2N 2 quantités
5. Déterminez analytiquement la quantité de bien échangée à l’équilibre global Y E .

4
Comme on l’a déjà remarqué, l’offre globale étant inélastique déterminera seule les
quantités échangées. On va donc commencer par exprimer l’offre globale. La forme de
la demande globale sera utilisée pour déterminer le prix d’équilibre.
L’offre de travail étant inélastique, l’emploi d’équilibre ne peut valoir que N ? = N .
L’offre globale, c’est-à-dire l’offre de biens conditionnellement à l’équilibre sur le
1
marché du travail, vaut F (N ? ) = 2N 2 , pour tout niveau de prix. Il ne peut y avoir
1
d’équilibre entre offre globale et demande globale que si Y E = 2N 2 .
6. Déterminez le prix d’équilibre P E .

Il faut maintenant déterminer la demande globale.


À l’équilibre du marché de la monnaie, M S = M D . Le taux d’intérêt qui équilibre le
marché de la monnaie vaut donc r = ll21 Y − l12 M
P
.
La demande globale, c’est-à-dire la demande de biens conditionnellement à l’équilibre
iM
c0 +i0 + l1
sur le marché de la monnaie vaut Y D = 2 P
l1 .
1−c1 +i1 l
2
1
Le niveau de prix est tel que la demande globale est égale à l’offre globale : Y D = 2N 2 .
On obtient : P E = il21  l
M
 1 .
1−c1 +i1 l1 2N 2 −i0 −c0
2

La politique fiscale selon l’horizon temporel


prix p
6
Une économie fermée est définie par la @ YS
@
représentation offre globale-demande glo- @
@
bale suivante. On suppose que l’économie @ sB
@
sA
se situe initialement au point A, alors que @ @
@ @
les impôts représentent T0 unités de biens. s @
C@@ @ Y D (T0 )
Y D (T@
1)
@@
@ -
revenu Y
(a) Que la forme de la fonction d’offre globale Y S nous apprend-elle sur i) l’élasticité
au salaire réel de l’offre de travail et ii) sur la vitesse d’ajustement des salaires
nominaux dans cette économie ?

L’offre globale est inélastique ce qui signifie que les salaires nominaux s’ajustent
rapidement. Par contre, on ne peut pas savoir si l’offre de travail est élastique ou
non au salaire réel.
(b) Soudainement, le gouvernement décide une hausse des impôts à un niveau T1 > T0 .
Quelles sont les conséquences économiques précises de cette mesure ?

5
À revenu donné, une hausse des impôts réduit la consommation, donc la demande,
donc le revenu (mécanisme du multiplicateur). Cette baisse du revenu diminue
la demande d’encaisse réelle. L’équilibre du marché de la monnaie ne peut être
respecté que si la demande de monnaie augmente, à travers une baisse du taux
d’intérêt.
(c) Quelles sont les conséquences sur le graphique de cette mesure ?

La demande globale se déplace vers le sud-ouest.


(d) Sur le graphique, localisez par un point B l’équilibre de court terme et par un
point C l’équilibre de long terme. Expliquez comment se réalise le passage de B à
C.

À court terme (prix fixes) (en B), la demande globale est inférieure à l’offre globale.
Le prix des biens et services baisse donc. Cela est sans effet sur l’offre globale,
inélastique aux prix, mais stimule la demande globale via le marché de la monnaie :
la baisse des prix augmente l’offre d’encaisses réelles et est compensée par une
baisse des taux d’intérêt et une hausse du revenu.
Les effets d’éviction
Soit une économie fermée dont la consommation agrégée C, l’investissement agrégé I
et la demande de monnaie agrégée M d sont définis par les relations suivantes :



 C = c0 + c1 Y
I = i0 − i1 (i − π)
 Md = l Y − l i


P 1 2

Dans ces expressions, c0 , c1 , i0 , i1 , l1 et l2 sont des paramètres positifs, c1 étant


strictement inférieur à 1. Y désigne le produit national, i le taux d’intérêt nominal
et P le niveau des prix. Le taux d’inflation π est donné. N individus peuplent cette
économie et offrent inélastiquement une unité de travail. La fonction de production
1
agrégée s’écrit F (N ) = 2 N 2 . Enfin, les dépenses publiques (en termes réels) sont
choisies par l’État et notées G.
(a) À court terme (c’est-à-dire à prix fixes), une hausse des dépenses publiques donne
lieu à un effet d’éviction financière :
— décrivez économiquement cet effet ;

La hausse des dépenses publiques stimule la demande de biens et services,


donc le revenu. En raison du motif de transaction, la demande de monnaie
augmente. L’équilibre du marché de la monnaie ne peut être respecté que si
la demande de monnaie pour motif de spéculation diminue, par une hausse du
taux d’intérêt. Cette hausse du taux d’intérêt décourage l’investissement privé,
qui est donc (partiellement) évincé par les dépenses publiques.

6
— donnez une représentation graphique de cet effet ;

et i
taux d’intér^
6
@ @
@ @
@B
@t
@
@
@ t @
@ @
A @ @
@ @
@ @
@
@
@
-
revenu Y
— calculez le multiplicateur de dépenses publiques (c’est-à-dire la hausse du re-
venu d’équilibre consécutive à une hausse de G d’une unité) et mettez cet effet
en évidence.

En différence, l’égalité revenu–demande et l’équilibre du marché de la monnaie


impliquent (
∆Y = c1 ∆Y − i1 ∆i + ∆G
0 = l1 ∆Y − l2 ∆i.
En combinant ces deux équations, on obtient
∆Y 1
= .
∆G 1 − c1 + i1 ll12

Dans cette expression, le troisième terme du dénominateur, i1 ll12 , représente


l’effet d’éviction.
(b) À long terme (c’est-à-dire à prix flexibles), une hausse des dépenses publiques
donne lieu à un effet d’éviction par les prix :
— décrivez économiquement cet effet ;

À prix fixes, comme le montre la première question, la hausse des dépenses


publiques entraı̂ne une hausse de l’équilibre IS-LM, donc de la demande globale.
Pour ce niveau de prix, la demande globale excède donc l’offre globale, ce
qui conduit à une hausse du prix des biens et services. Sur le marché de la
monnaie, cette hausse des prix réduit l’offre d’encaisses réelles [alternativement,
augmente la demande de monnaie]. L’ajustement sur ce marché impose une
réduction de la demande d’encaisses réelles, atteinte par une nouvelle hausse
du taux d’intérêt. Sur le marché des biens et services, une nouvelle éviction

7
de l’investissement privé se produit. L’offre globale étant inélastique aux prix,
l’éviction finale est totale : la hausse des dépenses publiques d’une unité donne
lieu à une réduction équivalente de l’investissement privé d’équilibre.
— donnez une représentation graphique de cet effet ;

prix p
6
@ YS
@
@
@ @
@ @
@ @tC
@ @
@ @
@t @t  
A @ B @ Y D G1
 @ @
Y D G0 @ @
@ -
revenu Y
— calculez le multiplicateur de dépenses publiques (c’est-à-dire la hausse du re-
venu d’équilibre consécutive à une hausse de G d’une unité) et mettez cet effet
en évidence.

À long terme, prix et salaires nominaux s’ajustent. L’emploi d’équilibre ne


dépend pas du niveau des prix et l’offre globale est inélastique. Le revenu
d’”équilibre est donc déterminé par l’offre globale, indépendamment de la de-
mande globale en général et du niveau des dépenses publiques en particulier.
Le multiplicateur de dépenses publiques est donc nul.

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