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Le marché français de la restauration est réputé de concurrence parfaite et la situation normale est
représentée dans les deux graphiques ci-dessous. Depuis mars 2020, le pays est frappé par une crise
sanitaire de forte ampleur.
1. Sur le graphique de gauche, nommez les deux axes et identifiez le prix p* et la quantité q* de
repas au restaurant à l’équilibre normal.
2. Sur ce même graphique, représentez l’impact sur le marché de l’intervention de l’État qui,
pour tenter d’enrayer la propagation du virus, a limité la quantité de repas au restaurant à une
quantité q strictement inférieure à q*. Indiquez à quel prix s’échangera vraisemblablement
cette quantité q ? (On supposera que l’État n’intervient pas dans la fixation du prix).
Nota : dans les graphiques ci-dessous, la nouvelle quantité échangée est notée q**, alors
que, d’après l’énoncé, cette quantité devrait être notée q.
Le rationnement génère une pénurie, qui fait que le prix s’élève et se fixe à l’intersection
de la quantité rationnée et de la courbe de demande. De fait, seuls les consommateurs
disposés à payer p** ou plus seront servis sur ce marché rationné.
Surplus consommateur : différence entre prix effectivement payé et prix maximum que
le consommateur est disposé à mettre pour acheter une unité de bien.
Surplus producteur : différence entre prix perçu et prix minimum exigé par le producteur
pour vendre une unité de bien.
Dans le graphique A, les grands perdants sont les consommateurs, dont le surplus (en
vert) baisse, du fait à la fois des quantités consommées réduites et du prix payé
supérieur. Pour les producteurs, l’évolution du surplus est plus indécise, la perte de
surplus induite par la baisse des quantités vendues étant compensée par la hausse du
prix de vente. Mais le surplus (et donc le bien-être) de la collectivité est bien sûr réduit
par le rationnement, la perte sèche par rapport à l’équilibre du marché étant coloriée en
rouge.
Graphique A :
4. Le ministre de l’économie se réveille un matin avec une idée lumineuse : plutôt que de
restreindre de manière autoritaire la quantité à q, l’État va imposer une taxe sur ce marché de
sorte qu’au final, la même quantité q soit échangée. Montrez sur le graphique de droite quelle
taxe permettra d’aboutir à ce résultat.
On peut fixer une taxe forfaitaire appliquée à chaque unité de bien échangée = impôt
sur les produits de type TVA (ou hausse de la TVA si elle existe déjà. On peut considérer
qu’il s’agit ici d’une taxe pigovienne associée à l’externalité négative de propagation de
l’épidémie quand trop de monde sort au restaurant. La collecte de la taxe peut
indifféremment être effectuée par le consommateur (1er graphique) ou par le producteur
(2ème graphique).
5. Toujours sur le graphique de droite, montrez l’évolution que cela implique sur les surplus du
consommateur et du producteur. Qui y gagne dans l’opération ?
Voir graphique ci-dessus : cette fois, consommateurs et producteurs voient leur surplus
baisser par rapport à la situation d’équilibre sans taxe ; cela s’explique par le fait que la
TVA génère dans tous les cas un surplus positif (en jaune) pour l’Etat. La perte sèche
pour la collectivité demeure et est d’ampleur analogue à celle de la situation de
rationnement.
On se place dans une économie fermée. La fonction de consommation s’écrit 𝐶 = 𝑐𝑌𝑑 où 𝑌𝑑 est le revenu
disponible des ménages après impôts (on suppose que 𝐶̅ = 0). L’investissement vaut 𝐼 ̅ et les dépenses
̅ Les impôts sont forfaitaires et d’un montant 𝑇̅.
publiques, 𝐺.
𝐼 ̅ + 𝐺̅ − 𝑐𝑇̅
𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 = 𝑐(𝑌 − 𝑇̅) + 𝐼 ̅ + 𝐺̅ ⇒ 𝑌 ∗ =
1−𝑐
L’Etat décide de relancer l’économie en augmentant les dépenses publiques (Δ𝐺̅ > 0), financées pour
partie par augmentation des impôts (Δ𝑇̅ ≥ 0). On suppose par ailleurs que l’investissement reste
inchangée (Δ𝐼 ̅ = 0).
1 𝑐
Δ𝑌 ∗ = Δ𝐺̅ − Δ𝑇̅
1−𝑐 1−𝑐
1 𝑐
Δ𝐺̅ = Δ𝑇̅ ⇒ Δ𝑌 ∗ = Δ𝐺̅ − Δ𝐺̅
1−𝑐 1−𝑐
⇒ ΔY ∗ = Δ𝐺̅
Avec un tel mode de financement, on conserve des comptes publics équilibrés mais le
multiplicateur est réduit à l’unité car le financement pas impôt neutralise totalement les
effets (positifs) de la dépense publique sur la consommation.
𝐼 ̅ + 𝐺̅
𝑌 = 𝑐(1 − 𝑡)𝑌 + 𝐼 ̅ + 𝐺̅ ⇒ 𝑌 ∗ =
1 − 𝑐(1 − 𝑡)
5. Calculez le multiplicateur de dépenses publiques dans ce cas.
1
Δ𝑌 ∗ = Δ𝐺̅
1 − 𝑐(1 − 𝑡)
1
𝑚=
1 − 𝑐(1 − 𝑡)
Avec un impôt proportionnel, les impôts diminuent quand l’activité et le revenu des
ménages baisse. Cela freine la baisse de la consommation et amortit donc l’effet
multiplicateur (dépressif dans ce cas) liée à la baisse initiale du revenu. En période de
récession économique, la fiscalité proportionnelle amortit ainsi la chute de l’activité. De
même, en période de reprise, la hausse de la fiscalité limite le risque que l’économie
s’emballe.
7. Nous nous plaçons désormais dans un cadre (néo-)classique en économie fermée. Décrivez de
manière littéraire ce qu'il se passe lorsque l'Etat décide de relancer l'économie en augmentant
les dépenses publiques.
La hausse des dépenses publiques entraîne soit une augmentation des impôts (ce qui
réduit la consommation), soit une hausse de la demande de fonds prêtables sur le marché
financier, ce qui augmente le taux d’intérêt et réduit la demande d’investissement.
Finalement, fort effet d’éviction de la dépense privée (investissement mais aussi
consommation) par la dépense publique.