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Cours _ Économie générale_ Partie Microéconomie _ 2020-2021/ Dr.

SAWADOGO Martin

Chapitre III : Le comportement du consommateur

Les chapitres précédents ont présenté en certains points, la courbe de demande du consommateur
ainsi que ses facteurs déterminants. Cependant, la motivation qui amène le consommateur à avoir
telle demande en lieu et place de telle autre reste inconnue, d’où l’objet de ce chapitre qui se
penche dans la recherche et la compréhension des fondements de la demande. Ce chapitre montre
que la courbe de demande peut être dérivée en analysant le comportement microéconomique du
consommateur dont le problème central est celui du choix des produits à consommer. La courbe
de demande résulte des mécanismes de ce choix.

L’analyse du comportement du consommateur est construite autour de la notion d’utilité et de


préférences. Elle se fonde sur les hypothèses simplificatrices suivantes :

- Le consommateur est rationnel et cherche à maximiser son utilité : c’est le principe de la


rationalité ;
- Le consommateur a des revenus limités ;
- Le consommateur affecte la totalité de ses revenus à l’achat des biens et services.

En résumé, on considère que le consommateur dispose d’un revenu limité pour ses acquisitions
et il se doit d’opérer des choix entre des usages alternatifs. Pour ce faire, il va hiérarchiser ses
préférences qui seront confrontées avec le budget disponible afin de choisir la combinaison idéale
de biens qui apporte le plus de satisfaction.

I. Le Problème du choix du consommateur


L’un des principes de l’économie passés en revue dans l’introduction porte effectivement sur le
choix. D’après ce principe, étant donné un ensemble de combinaisons de consommation
accessibles, le consommateur choisira la meilleure combinaison de biens ou de services à
consommer. Deux concepts sont importants dans ce principe :
• Les combinaisons accessibles se réfèrent aux moyens dont dispose le consommateur. Il est inutile de
désirer par exemple une voiture de luxe quand son revenu est loin d’en permettre l’acquisition.
• La meilleure combinaison se réfère à celle qui procure la plus grande satisfaction au consommateur.

I.1. Les options possibles du consommateur : La contrainte budgétaire


Panier. L’analyse du problème du consommateur peut se comprendre plus aisément en
supposant que l’univers du consommateur se résume à deux biens, le b i e n 1 et le bien 2. Le
consommateur consomme une combinaison de ces deux biens. Dans ce qui suit, soit X1 le bien
1 et X2 le bien 2. On appellera panier de biens toute paire (x1, x2) spécifiant une quantité donnée
de chacun des deux biens. Le mot panier peut se comprendre plus naturellement si vous
considérez deux biens comme les tomates et les oignons que vous achetez dans le petit marché
du secteur.
Prix. Chacun des deux biens est accessible à un prix, soit p1 pour le bien 1 et p2 pour le bien 2. En
achetant la quantité x1 du bien 1, le consommateur paie ainsi p1*x1.
Dépense totale. L’acquisition des deux biens coûte au consommateur la somme p1x1+p2x2. C’est
la dépense totale du consommateur.

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Revenu du consommateur. On supposera que le consommateur dispose d’un revenu limité, noté
R. On suppose que le consommateur ne peut dépenser plus que son revenu.
Équation de budget et droite de budget. Le consommateur ne peut dépenser plus que son
revenu. De même on supposera que le consommateur n’a aucune raison de dépenser moins que
son revenu. Autrement dit, on suppose l’absence d’épargne. On obtient ainsi l’égalité entre la
dépense totale et le revenu disponible, donnée par l’équation du budget : p1x1+p2x2 = R
Cette équation peut se représenter dans un repère avec x1 en abscisse et x2 en ordonnée. En tirant
la valeur de x2 en fonction des autres symboles, on obtient l’équation suivante :
𝑅 𝑝
𝑥2 = 𝑝 − 𝑝1 𝑥1
2 2
Supposons que Le bien 1 (X1) coûte 150 F par plat et que le bien 2 (X2) coûte 200 F par plat. Le
consommateur dispose d’une somme de 600 F. S’il consacre la totalité de ce revenu au bien 1, il
peut en acheter 4 unités (4 plats). Si par contre il consacre la totalité de son revenu au bien 2, il
pourra s’en procurer 3 unités. Ces deux points (4, 0) et (0, 3) permettent de tracer la droite de
budget qui représente l’ensemble des combinaisons de riz-gras-sans-viande et de viande
accessibles à un consommateur disposant d’un revenu de 600 F. La figure suivante représente
cette droite.
bien 2

bien 1

Figure 1-1 : Droite de budget


Espace budgétaire. Il est intéressant d’analyser les différentes combinaisons de bien 1 et de bien 2
que peut acquérir le consommateur. On appellera espace budgétaire l’ensemble des combinaisons
accessibles étant donné les prix et le revenu. Cet espace est donné par la surface triangulaire OAB
dans la figure ci-dessus.

Pente de la droite de budget. La pente de la droite de budget permet d’illustrer le concept de


coût d’opportunité. Supposer que le consommateur veuille augmenter sa ration de bien 2 de la
quantité Δx2. De quelle quantité doit diminuer sa ration de bien 1? Soit Δx1 cette variation.
Considérer l’équation de budget :
p1x1+p2x2 = R (1)
Le revenu restant inchangé, et x1 et x2 variant, on devra maintenir l’égalité suivante :
p1 (x1+ Δx1) + p2 (x2 + Δx2) = R
Ce qui implique :
(p1x1+ p2x2) + (p1Δx1 + p2Δx2) = R (2)
Par soustraction membre à membre des deux équations (2) – (1), on obtient :
p1Δx1 + p2Δx2 = 0
𝛥𝑥 𝑝
La pente de la droite de budget est donnée par : 𝛥𝑥2 = − 𝑝1 (4)
1 2

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En valeur absolue, cette pente est tout juste le rapport des prix des deux biens. La pente
représente la quantité additionnelle de bien 2 obtenue par renonciation à une quantité donnée
de bien 1. Le rapport p1/p2 représente la quantité de bien 2 qu’on peut obtenir en échange d’une
unité de bien 1. Dans notre exemple, p1 = 150, p2 = 200 et p1/p2 = 0,75. En abandonnant une
unité de bien 1, on peut obtenir trois-quarts d’unité de bien 2. Le coût d’opportunité de la
consommation de bien 1 est de 0,75 unité de bien 2.

Déplacements de la droite de budget. La droite de budget dépend de deux types de


paramètres: les prix et le revenu. Lorsque ces paramètres changent, la droite de budget se
déplace.

Effet de variation de revenu. Soit une augmentation du revenu de R à R’. Si les prix restent
inchangés, le consommateur dispose maintenant de plus d’argent pour acheter les deux biens.
En consacrant tout son nouvel avoir à l’achat du bien 1, le consommateur peut se procurer la
quantité R’/p1>R/p1. De même, en consacrant tout son nouvel avoir à l’achat du bien 2, le
consommateur peut se procurer la quantité R’/p2>R/p2. Tout se passe comme si la droite de
budget se déplaçait vers la droite et le haut.
Une hausse du revenu élargit l’espace des choix du consommateur, tandis qu’une baisse de
revenu réduit cet espace. Une hausse de revenu permet au consommateur d’augmenter
simultanément la consommation des deux biens. Mais dans la réalité, l’augmentation n’est pas
identique pour les différents biens. L’effet sur un bien particulier dépendra de l’élasticité revenu
de la demande. L’augmentation du revenu profitera plus aux biens à élasticité revenu forte, alors
que la baisse du revenu pénalisera davantage ces mêmes biens à élasticité revenu forte.

Figure 1-2: Effet d’une hausse du revenu Figure 1-2’: Effet d’une baisse du revenu

Effet de variation de prix. Supposons que le prix du bien 2 baisse, le prix du bien 1 ainsi que
le revenu demeurant inchangés. La droite de budget va pivoter autour du point d’intersection
sur l’axe du bien 1, comme l’illustre le graphique ci-dessous. Le consommateur pourra se
procurer plus de bien 2 au nouveau prix s’il consacrait entièrement son revenu à l’achat de ce
bien. Si le prix du bien 1 augmente (Figure 1-3b), la droite de budget pivote autour du point
d’intersection sur l’axe du bien 2. Avec le même revenu, le consommateur pourra désormais
se procurer moins du bien 1 s’il consacrait entièrement son revenu à ce bien.

Lorsque le prix d’un bien baisse, le consommateur peut acquérir plus de chaque bien, son
niveau de revenu et le prix du second bien étant donnés. Cela se traduit par une augmentation
du pouvoir d’achat du consommateur. Dans le cas d’une hausse de prix, le consommateur subit

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une détérioration de son pouvoir d’achat. Dans le monde réel, l’effet constaté sur la demande
des différents biens suite à la variation d’un prix dépend de l’élasticité prix. Si un bien est
élastique, la hausse de son prix entraîne une baisse importante de sa consommation. Les biens
qui bénéficient de cette augmentation de prix sont ceux qui sont substituables au premier degré
avec une forte élasticité prix-croisée.

Figure 1-3 : Effet d’une variation de prix sur la droite de budget. Dans le panel (a), le prix du
bien 2 baisse. La droite de budget pivote autour du point B, de BA à BA’. Au nouveau point A’,
le consommateur peut acquérir plus de viande qu’en A, avec le niveau de revenu donné. Dans
le panel (b), le prix du bien 1 augmente. La droite de budget pivote autour du point A, de AB à
AB’. Au nouveau point B’, le consommateur peut acquérir moins de riz qu’en B, avec le niveau
de revenu donné.

I.2. Le désir du consommateur : les préférences


En considérant la contrainte budgétaire répondant à l’objectivité, on cherche à savoir en quel point
de la droite de budget se placera le consommateur ?

Figure 1-4 : L’emplacement sur la droite de budget


dépend des préférences du consommateur.
Dans l’analyse que nous menons ici, nous allons supposer que le consommateur a la capacité de
classer dans un certain ordre et selon ses préférences, tous les paniers de biens possibles. Etant
donné deux paniers X et Y de biens, l’analyse des préférences du consommateur permet de
comparer ces paniers et de conclure lequel des deux paniers est préféré par le consommateur.

Dans ces conditions, un panier de consommation est donné par un point de l’orthant positif : X =
(x1, x2) Ɛ Ɍ+

NB : On utilisera les majuscules pour caractériser les vecteurs.

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Relation de préférence du consommateur : On suppose qu’en fonction des goûts, il existe une
relation de préférence noté par « ≥, ~ » propre à chaque consommateur. On estime donc que face
à deux paniers X et Y, le consommateur peut les classer en fonction de la satisfaction qu’il retire
de la consommation de chaque panier.
Soient X=(x1, x2) et Y= (y1, y2) deux paniers de bien. On peut définir les relations suivantes sur X
et Y :
Préférence stricte (noté X >Y et qui se lit « X est préféré strictement à Y »). Le consommateur préfère
strictement X à Y si le consommateur choisit toujours X quand on lui présente X et Y.

Indifférence (noté X ~ Y et qui se lit « le consommateur est indifférent entre X et Y ou simplement


X et Y sont indifférents». Le consommateur est indifférent entre X et Y s’il ne préfère pas
strictement X à Y et non plus Y à X.

Préférence faible ou au sens large (noté X ≥ Y et qui se lit « le consommateur préfère X à Y ou est
indifférent entre les deux»). Le consommateur préfère faiblement X à Y si le consommateur
préfère X à Y ou est indifférent entre X et Y.

Il y a une dépendance logique entre ces cas :

i) Si X≥Y et Y≥X → X~Y. Il arrive qu’il préfère faiblement X à Y et il lui arrive aussi de
préférer faiblement Y à X ; dans ce cas, on dit qu’il indifférent entre les deux paniers.
ii) Si X≥Y mais non X~Y → X>Y. S’il préfère faiblement X à Y mais n’est pas sûre de ne
pas être indifférent entre les deux paniers, dans ces conditions, on peut dire qu’en fait
il préfère strictement X à Y.

Pour assurer la cohérence du comportement des consommateurs, on va supposer que la relation


de préférence faible possède les propriétés suivantes :

La relation de préférence est une relation complète (totale). Etant donné deux paniers X et Y, on exigera
que le consommateur puisse toujours classer les deux et dire s’il préfère X à Y ou Y à X. Pour cela
on a soit X≥Y soit Y≥X.
La relation de préférence est réflexive. Tout panier est au moins aussi désirable que lui-même
(X~X). Noter que toutes les relations imaginables ne sont pas réflexives. Tel est le cas de la relation
«X est ami de Y ».
La relation de préférence est transitive. La transitivité dit que le consommateur ne se contredit pas
dans ses choix. C’est la transitivité qui assure la cohérence des choix et qui traduit
mathématiquement l’hypothèse de rationalité du consommateur. Etant donné trois paniers X,
Y et Z, la relation de préférences est transitive si : X≥Y et Y≥Z → X≥Z. Autrement dit si, étant
donné X et Y le consommateur choisit X et choisit Y quand on lui présente Y et Z, alors il doit
choisir X si on lui présente X et Z. L’admission de consommateur ayant des préférences
intransitives dans la théorie du consommateur introduirait des situations de comportement
imprédictibles, toutes les aberrations étant rendues possibles. L’hypothèse de transitivité sera
considérée comme centrale à la théorie du consommateur.
Absence de satiété. A ces propriétés, s’ajoute l’hypothèse de la non saturation des préférences qui
indique que le consommateur préfère toujours avoir des quantités plus importantes de biens :
plus est mieux.

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Considérons, les deux paniers de biens suivantes : X=(x1, x2) et Y=(y1, y2). Supposons que le
panier X contient au moins autant des deux biens de Y et strictement plus d’un des deux, alors on
a : X > Y.

II. Approfondissement des outils d’analyse


Ce point aborde un ensemble d’outils et de concepts qui permettrons de résoudre
progressivement le problème de choix du consommateur.

II.1. Les courbes d’indifférences


Soit un panier de biens quelconque X*=(x1*, x2*). La relation de préférence permet de classer tout
autre panier X=(x1, x2) par rapport au panier X*. Certains de ces paniers seront préférés à X*,
d’autres lui seront inférieurs, d’autres enfin lui seront équivalents. Considérer l’ensemble des
paniers indifférents à X*. Le lieu de tels points indifférents à X* constitue une courbe
d’indifférence (Qui sera notée I pour la suite).

Figure 2-1 : Courbe d’indifférence.


A partir des propriétés des préférences, les courbes d’indifférence sont des courbes convexes
vers l’origine (Cf. figure 2-1) .Deux points X et Y appartiennent à I si et seulement si X~Y. La
courbe d’indifférence I divise l’espace en trois sous-ensembles : I lui-même, P et NP. Un point
donné X appartient à P si et seulement si X>X*. P est l’ensemble des points préférés à X*. Un
point Y appartient à NP si et seulement si X*>Y. NP est donc l’ensemble des points non préférés
ou dominés par X*.
Etant donné la propriété de non satiété, le consommateur préfère se situer sur la courbe
d’indifférence la plus éloignée de l’origine. Plus la courbe est éloignée de l’origine, plus les
quantités de biens contenues dans les paniers sont importantes.
L’ensemble des courbes d’indifférence dans un espace biens, forme une carte d’indifférence.

Figure 2-2 : Carte d’indifférence (la flèche indique le sens d’accroissement de la satisfaction)

Quelques préférences particulières. Lorsque les biens présentent certaines caractéristiques


particulières, les courbes d’indifférence peuvent prendre des formes différentes de la forme «
normale ».
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Biens parfaitement substituables. De tels biens sont rares. Un exemple est donné par les crayons
à mine noire mais de couleur extérieure différente. Considérer de tels crayons en couleur rouge
et verte. Soit le panier X = (x1, x2), avec x1 le nombre de crayons rouges et x2 le nombre de
crayons verts. Ce qui importe au consommateur, c’est le nombre total de crayons contenu dans
le panier, c-a-d x1 + x2. Soit le panier X* = (5, 5). Tous les paniers contenant au total 10 crayons
seront indifférents à X*. Ainsi Y = (10, 0), Z = (0, 10), W = (6, 4) sont tous équivalents à X* et
entre eux. Les courbes d’indifférences dans un tel cas sont des droites (Cf. figure 2-3 (a)).

Biens complémentaires. Si x1 et x2 sont des biens parfaitement complémentaires, le consommateur


devra les acheter en quantités égales. C’est le cas des chaussures droites et gauches. Toute
inégalité dans le nombre impliquerait le gaspillage de l’un des biens. Les courbes d’indifférence
de deux biens complémentaires ont la forme d’un L (Cf. panel b figure2-3). L’utilité ne peut
augmenter (variée) que suite à une augmentation ( v a r i a t i o n ) simultanée des deux biens.

Biens indésirables. Si l’un des biens est indésirable, l’augmentation de sa quantité nécessitera
la compensation du consommateur par une augmentation de la quantité du second bien pour
maintenir le consommateur sur la même courbe d’indifférence. Considérer l’exemple où le bien
1 représente le logement (défini par le confort) et le bien 2 représente les mauvaises odeurs
dans un quartier. En représentant le bien 2 en ordonnée et le bien 1 en abscisse, les
courbes d’indifférence sont croissantes de la gauche vers la droite ( C f . panel c figure 2 - 3 ) .
Pour une même "quantité" de logement, l’utilité est supérieure quand la quantité d’odeur est
plus faible, d’où la flèche indiquant le sens d’accroissement des courbes d’indifférence.

Biens neutres. Lorsque l’un des biens est neutre, l’augmentation de sa quantité n’a pas d’effet sur
le niveau de la courbe d’indifférence. La variation de la quantité d’un bien neutre n’affecte pas
le niveau de satisfaction d’un consommateur. (Cf. panel d figure 2-3). A tous les niveaux du
bien 2, pour atteindre une courbe d’indifférence supérieure on doit augmenter la quantité de
bien 1, d’où le sens de la flèche indiquant la direction de l’accroissement des courbes
d’indifférence.

Préférences normales. Lorsque tous les biens sont désirables (aucun des biens n’est neutre ou
indésirable) et ne sont ni parfaitement complémentaires ni parfaitement substituables, les
préférences sont normales. Les courbes d’indifférence sont convexes vers l’origine (Cf. figure 2-
1).

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Figure 2-3 : différents types de préférences.

II.2. L’utilité
Concepts d’utilité cardinale et ordinale. Les choix effectué par le consommateur révèlent ses
préférences et permettent de déterminer le niveau de satisfaction ou de l’utilité qu’il tire de la
consommation du ou des paniers choisis. Historiquement, on a tout d’abord pensé que l’utilité
était mesurable et quantifiable, tout comme le poids ou la taille d’un individu. L’utilité dans ce
cas est dite cardinale.
Par la suite, on s’est rendu compte que l’intérêt de l’analyse des choix du consommateur tient
beaucoup plus à la détermination des préférences qu’à la quantification de la satisfaction. Il parait
plus utile pour lui de pouvoir comparer et classer des situations et indiquer ses préférences. Dans
cette situation, on ne s’intéresse qu’au classement des paniers de biens ; les valeurs attribuées à
chaque niveau d’utilité importent peu. L’utilité alors dite ordinale.
NB : Dans ce cours, nous n’adoptons que le principe ordinal de l’utilité.

a- Utilité ordinale
Supposons que pour un consommateur donné, on puisse classer une série de paniers X, Y et Z
de manière que X > Y > Z. Dans ce cas, au lieu de la relation de préférence, on peut aussi
attribuer à chaque panier un indice qui indique "l’intensité" de la préférence du consommateur
pour ce panier. Si on veut respecter l’ordre de préférence indiqué, ces indices doivent être tel
qu’on ait l’ordre suivant : indice de X > indice de Y > indice de Z. Si on définit les valeurs de
ces indices, on dit qu’on a associé une fonction d’utilité aux paniers de consommation. Cette
fonction d’utilité représente les préférences du consommateur. On notera cette fonction par le
symbole U de sorte que : U(x) = indice de X, U(y) = indice de Y et U(z) = indice de Z.

On peut arbitrairement choisir des nombres pour ces trois indices pourvu que l’ordre supposé
soit respecté. Supposer que les deux biens analysés soient les galettes pour le bien 1 et les
beignets pour le bien 2. On peut par exemple avoir le tableau suivant qui définit les paniers
X, Y, Z et les indices d’utilité associés. La colonne (3) du tableau indique les indices définis
initialement, de manière que l’ordre de préférence X>Y>Z soit respecté. Le tableau admet
aussi les colonnes supplémentaires (4) et (5) de représentations alternatives des préférences.
Vous remarquez bien que les chiffres dans ces colonnes respectent l’ordre U(x)>U(y)>U(z).

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Tableau 2-1 : Indices d’utilité associés à des paniers classés par ordre de préférence
Panier Quantité de bien Quantité de Indice Indice Indice
(galettes en bien associé à alternatif alternatif
unités) (beignets en l’ordre de 1 2
unités) préférence
(1) (2) (3) (4) (5)
X 15 8 1800 900 7,49
Y 10 10 1000 500 6,91
Z 8 15 960 480 6,87

Une telle représentation dans laquelle ce qui importe est la conservation de l’ordre des
préférences est appelée représentation ordinale. L’utilité ordinale s’oppose à l’utilité cardinale
qui était la conception originale de l’utilité au 19è siècle.

On peut associer les indices d’utilité aux courbes d’indifférence introduites ci-dessus. Chaque
niveau d’utilité représente une courbe d’indifférence distincte dans l’espace des deux biens.
La figure 2- 4 traduit cette idée, avec la représentation des courbes d’indifférence
correspondant aux indices U(x), U(y) et U(z) donnés en exemples ci-dessus.

La fonction d’utilité a pour arguments les quantités des deux biens qui composent le panier.
Ainsi, pour le panier X, on a U(x)=U(x1, x2). Il en est de même des paniers Y et Z. Les
indices d’utilité présentés dans le tableau 2.1 sont dérivés d’une fonction particulière U.
Exemples de fonctions d’utilité. Toute fonction mathématique continue, variant dans le même sens
que x1 et x2 est une forme possible de fonction d’utilité. La fonction d’utilité doit varier dans le
même sens que x1 et x2 par suite de la propriété de non satiété. En augmentant x1 ou x2, on ne
doit pas diminuer l’utilité du consommateur. Les exemples suivants sont des fonctions d’utilité
valides : 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑥1 2 𝑥2 ; 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑥1 𝑥2 ; 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑥1 + 𝑥2

b- Fonction d’utilité et courbes d’indifférence


On peut établir la relation formelle entre la fonction d’utilité et les courbes d’indifférence. Soit
un panier X=(x1, x2). La courbe d’indifférence est le lieu des points dans l’espace (x1, x2) entre
lesquels le consommateur est indifférent. Autrement, si U(x1, x2) est l’indice d’utilité associé
au panier (x1, x2), une courbe d’indifférence est le lieu des combinaisons (x1, x2) qui procurent
un certain niveau d’utilité U0. Mathématiquement, l’équation de la courbe d’indifférence est
déduite de la relation : 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑈0
Par exemple, si U0=1, l’équation de la courbe d’indifférence se déduit de la relation
𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 1 . Etant donné l’expression de la fonction d’utilité, on peut tirer la valeur de x2 en
fonction de x1 de manière à respecter l’équation de l’utilité. C’est la relation d’indifférence entre
𝑥1 𝑒𝑡 𝑥2 .
Considérons la fonction d’utilité 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) = 𝑥1 𝑥2, la relation implicite entre 𝑥1 𝑒𝑡 𝑥2 est donné par :
1
1 = 𝑥1 𝑥2. La relation d’indifférence déduite est : 𝑥2 = qui est l’équation d’une hyperbole
𝑥 1
équilatère. La forme de la courbe est donnée dans la figure 2-4 ci-dessous.

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Figure 2-4 : Courbe d’indifférence de l’équation U(x1 , x2 ) = x1 x2

c- Utilité marginale
A la notion d’utilité totale, il faut associer l’utilité marginale, qui relève de ces considérations que
l’économiste s’intéresse aux changements à la marge et non aux quantités globales dans ses
calculs. L’utilité marginale d’un bien est alors, l’utilité additionnelle liée à la consommation d’une
unité supplémentaire du bien considéré (on suppose que les quantités des autres biens demeurent
inchangées).
L’utilité marginale d’un bien diminue au fur et à mesure que la quantité de ce bien augmente.
C’est l’hypothèse de décroissance de l’utilité marginale. Cette hypothèse traduit le fait que le
consommateur tire de moins en moins de satisfaction de la consommation de quantité de plus en
plus importantes d’un bien.
Dans le cas des biens 1 et 2, celle du bien 1 est :
𝛥U 𝑈(𝑥1 + 𝛥𝑥1 , 𝑥2)−𝑈(𝑥1 ,𝑥2 )
𝑈𝑚1 = 𝛥𝑥 = 𝛥𝑥1
1
Parallèlement l’utilité marginale du bien 2 est :
𝛥U 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 + 𝛥𝑥2 ,)−𝑈(𝑥1 ,𝑥2 )
𝑈𝑚2 = 𝛥𝑥 = 𝛥𝑥2
2

Noter bien que la valeur de l’utilité marginale n’a pas de signification précise, tout comme la
valeur de l’utilité totale n’en a pas (nous avons vu que tout système d’indice qui préserve les
préférences est une représentation satisfaisante). Si on multiplie l’utilité totale par 2, l’utilité
marginale est aussi multipliée par 2. Comme multiplier l’utilité totale par 2 ne change pas
l’ordre des préférences, on voit que l’utilité marginale n’a aucun contenu en termes de
comportement. Il faut bien noter cela car dans le concept cardinal, on parlait de loi des utilités
marginales décroissantes (Selon ce principe, la première calebasse d’eau à un voyageur assoiffé
procure une forte utilité, la deuxième calebasse une utilité moins grande, l’utilité de chaque
calebasse additionnelle déclinant jusqu’à s’annuler ou même devenir négative, la
consommation excessive d’eau pouvant conduire à l’asphyxie). Dans le contexte de l’utilité
ordinale, une telle loi est sans objet.

A partir de la formule de l’utilité marginale, on note que la variation de l’utilité totale par suite
d’une variation de x1 est:

𝛥U = 𝑈𝑚1 𝛥𝑥1
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La variation de l’utilité totale par suite d’une variation isolée du bien 2 est:

𝛥U = 𝑈𝑚2 𝛥𝑥2

Utilité marginale et dérivées. En pratique, on considère l’effet d’une variation faible de x1 (ou
de x2) sur la valeur de l’utilité. On peut utiliser la dérivée mathématique pour représenter un
tel concept. L’utilité marginale devient la limite de l’expression qui la définit:
𝑈(𝑥1 + 𝛥𝑥1 , 𝑥2 )−𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) 𝜕𝑈(𝑥1 , 𝑥2 )
𝑈𝑚1 = 𝑙𝑖𝑚𝑥1 −>0 𝛥𝑥1
= 𝜕𝑥1

L’utilité marginale du bien 1 est donc la dérivée partielle de la fonction d’utilité. De même,
l’utilité marginale du bien 2 est définie comme suit :
𝑈(𝑥1 , 𝑥2 + 𝛥𝑥2 ,)−𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) 𝜕𝑈(𝑥1 , 𝑥2 )
𝑈𝑚2 = 𝑙𝑖𝑚𝑥2 −>0 =
𝛥𝑥2 𝜕𝑥2

d. Le Taux marginal de substitution

Le concept de taux marginal de substitution (TMS) est utilisé pour mesurer le taux auquel le
consommateur est prêt à échanger un bien pour un autre de manière à conserver le même
niveau d’utilité que précédemment. Considérer par exemple le comportement d’un
consommateur face à deux biens, le riz et la viande. Commençons par une situation où le
consommateur dispose de 5 plats de riz (vous pouvez penser que cinq clients dans un maquis
ont chacun dit à la vendeuse "donnez un plat de riz au consommateur assis au fond"). Il serait
heureux d’échanger trois plats de riz contre un demi plat de viande. Si à partir de ce point on
lui offrait un autre plat de viande, il serait prêt à se départir d’un plat de riz. Mais pour qu’il se
sépare du dernier plat de riz, il faudrait lui donner deux plats de viande. Dans cet exemple, on
voit qu’au fur et à mesure que la quantité de riz diminue, le consommateur exige plus de viande
par plat de riz échangé. Les différents taux d’échange constituent différents taux marginaux
de substitution entre le riz et la viande. Ce taux dans cet exemple a évolué de 6 pour 1 à 1
pour 1 pour enfin s’établir à 1 pour deux. Le riz devient de plus en plus cher en termes de viande.

Le TMS sert ainsi à évaluer la valeur d’un bien pour le consommateur en termes d’un autre
bien. C’est ainsi un concept central au calcul du consommateur. Graphiquement, le TMS
correspond à la pente de la courbe d’indifférence en un point. Comme la pente d’une courbe
d’indifférence normale est négative, on considère la valeur absolue de cette pente (Cf. figure 2-
5).

𝛥𝑥 𝛥𝑥
Mathématiquement le TMS est définit comme : 𝑇𝑀𝑆 = 𝛥𝑥2 en valeur absolue ou 𝑇𝑀𝑆 = − 𝛥𝑥2. Ce
1 1
qui signifie que si on veut augmenter la quantité du bien 1 de 𝛥𝑥1 , il faut diminuer la quantité
du bien 2 de 𝛥𝑥2. Le rapport indique le nombre d’unité de bien 2 que le consommateur doit céder
pour avoir une unité supplémentaire de bien 1. C’est aussi le taux d’échange du bien 2 pour le bien
1. En inversant le rapport, on parlera de taux d’échange du de bien 1 pour le bien 2.

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Figure 2-5 : Le taux marginal de substitution (TMS)

Loi du taux marginal de substitution décroissant. Le concept de TMS incorpore l’hypothèse de la


baisse du taux marginal de substitution d’un bien pour un deuxième au fur et à mesure que
le consommateur acquiert plus du deuxième bien. Ce principe est incorporé dans la forme de
la courbe d’indifférence. Le fait que la courbe présente un arc vers l’origine garantit la loi.
Considérer la figure 2-5, cette courbe illustre l’exemple du riz et de la viande présenté ci- dessus.
C’est le fait que la courbe est convexe vers l’origine qui garantit que le passage de 5 plats à
2 plats de riz (un abandon de 3 plats) nécessite seulement 0,5 plats de viande, alors que le
passage subséquent de 2 plats de riz à 1 plat (un abandon de 1 plat) nécessite 1 plat de viande.

TMS de préférences particulières. Lorsque deux biens sont parfaitement substituables, le TMS entre
ces biens est constant et égal à 1. Quand deux biens sont des compléments parfaits, le TMS
prend deux valeurs, la valeur zéro (0) au niveau de la partie horizontale et l’infini (∞) au niveau
de la partie verticale. À l’angle, le TMS est indéfini. Pour les biens neutres, le TMS est égal à
l’infini (∞).

TMS et utilité marginale. Soient deux biens X1 et X2. Il existe une relation entre le TMS et les
utilités marginales des deux biens. On se rappelle que le TMS représente le taux auquel le
consommateur est prêt à substituer une petite quantité de X2 pour une unité supplémentaire de
X1. En utilisant cette définition, on dérivera la relation entre utilités marginales et TMS. Supposer
que chaque bien varie d’une petite quantité, respectivement 𝛥𝑥1 et 𝛥𝑥2 de manière que
l’utilité totale soit préservée (c’est un déplacement le long de la courbe d’indifférence).
Mathématiquement, la constance de l’utilité se traduit par U=0. En utilisant la formule de la
variation de l’utilité totale (voir la définition de l’utilité marginale) on a :

𝛥𝑥 𝑈𝑚
𝛥U = 𝑈𝑚1 𝛥𝑥1 + 𝑈𝑚2 𝛥𝑥2 = 𝑂 à partir de cette équation on déduit : − 𝛥𝑥2 = 𝑈𝑚1
1 2

On établit alors, la relation suivante : le TMS (qui est la valeur absolue du rapport 𝛥𝑥2 / 𝛥𝑥1 )
𝛥𝑥 𝑈𝑚
est égal au rapport des utilités marginales des deux biens 𝑇𝑀𝑆 = − 𝛥𝑥2 = 𝑈𝑚1 .
1 2

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III. L’optimum du consommateur

L’hypothèse de la maximisation de l’utilité : Le consommateur fait face à une contrainte


budgétaire et à ses préférences représentées par une fonction d’utilité ou des courbes
d’indifférence. Le problème pratique qui se pose au consommateur est le suivant : Quelles
quantités de deux biens x1 et x2 doit-il acheter ? L’analyse de la contrainte budgétaire a montré
que le consommateur ne peut pas se permettre n’importe quelle combinaison de x1 et x2,
certaines combinaisons n’étant pas accessibles à cause du coût. L’analyse de l’utilité et des
préférences montre que certaines combinaisons de biens procurent plus d’utilité au
consommateur. Il est tout à fait logique de supposer que le consommateur recherchera les
combinaisons de biens qui lui procurent la plus grande satisfaction, tout en tenant compte de
ses ressources limitées. IL s’agit d’une «maximisation de l’utilité». La solution qui se dégagera
de ce comportement est le couple de quantités x1* et x2* qui permettent au consommateur
d’atteindre la satisfaction la plus élevée étant donné sa contrainte budgétaire. Pour trouver ces
quantités x1* et x2*, on peut utiliser soit la méthode graphique soit la méthode algébrique.

La solution graphique du problème du consommateur : Représentons dans le même repère


une carte de courbes d’indifférence et la droite de budget. Supposons que les préférences sont
normales. On obtient la représentation donnée par la figure 5-1. Dans l’espace des deux biens,
l’hypothèse de la maximisation de l’utilité se traduit par le fait que le consommateur essaie de se
situer sur une courbe d’indifférence la plus éloignée de l’origine possible. Le point sur lequel le
consommateur finira par se situer doit se trouver sur sa droite de budget à cause du revenu limité.
Pour respecter ses préférences et sa contrainte de ressource simultanément, le consommateur doit
se situer en un point qui soit commun à la droite et à la courbe.

Considérer par exemple le niveau d’utilité donné par la courbe d’indifférence I0 dans la figure 3-1.
Cette courbe coupe la droite de budget aux points A et B. En se plaçant sur tout point entre A et
B (à l’exception de A et B), le consommateur peut atteindre une courbe d’indifférence supérieure
à I0 comme on peut le voir. La courbe d’indifférence qui représente la plus grande utilité
compatible avec le budget est la courbe I*. Sur cette courbe, le consommateur se placera au point
E où I* et la droite de budget sont tangentes. Au point E, le consommateur achète le panier (x1*,
x2*) et dépense tout son revenu p1x1*+p2x2* = R.
Au point de tangence E, la pente de la courbe d’indifférence est ainsi égale à la pente de la droite
du budget. Or nous savons qu’en valeur absolue, la pente de la droite du budget est le rapport
des prix, p1/p2. De même, la pente de la courbe d’indifférence, qui est le TMS, est donnée par le
rapport des utilités marginales, Um1/Um2. La solution graphique implique donc la relation
𝑈𝑚 𝑝
suivante: 𝑈𝑚1 = 𝑝1
2 2

Interprétation : Le rapport p1/p2 donne le prix du bien 1 en termes du bien 2. Si le


consommateur renonce à une unité du bien 1 (il économise p1 FCFA), le rapport p1/p2 donne le
nombre d’unités du bien 2 qu’il peut s’octroyer sur le marché. Le rapport Um1/Um2 donne
aussi une sorte de prix du bien 1 en termes du bien 2. Si le consommateur renonce à une
unité du bien 1, il perd l’utilité Um1. Pour rester sur la même courbe d’indifférence, il doit être
compensé en recevant l’utilité additionnelle Um2 procurée par une quantité additionnelle du
bien 2. Le rapport Um1/Um2 donne le nombre d’unités du bien 2 nécessaire pour compenser

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une perte d’une unité du bien 1. L’équilibre a donc lieu quand le nombre d’unités de bien 2
que le consommateur est prêt à accepter pour une unité de bien 1 de façon à rester indifférent
est égal au nombre d’unités de bien 2 qu’il peut effectivement obtenir sur le marché en
renonçant à une unité de bien 1.

Autrement, le membre de gauche, qui est le TMS, donne le taux d’échange entre les biens 1 et
2 qui préserve le niveau de l’utilité. C’est le taux d’échange subjectif (ou interne) entre les deux
biens. Le membre de droite donne le taux d’échange objectif (ou externe ou encore de marché)
entre les deux biens. A l’équilibre, le consommateur choisit donc les quantités x1* et x2* de
manière à égaliser son taux d’échange interne au taux d’échange externe entre les deux biens.
Comme le taux d’échange externe est donné (les prix des biens ne dépendent pas du
consommateur), c’est le taux d’échange interne qui doit s’ajuster pour assurer l’égalité.
La condition de tangence entre la droite de budget et la courbe d’indifférence est nécessaire
pour le choix optimal du consommateur. Si la courbe d’indifférence n’est pas tangente à la
droite de budget, elle coupe nécessairement cette dernière et dans ce cas il existe des points sur
la droite du budget par lesquels passent des courbes d’indifférence de niveau supérieur. Par
exemple, dans la figure 3-1, tous les points situés entre A et B sur la droite de budget procurent
une utilité supérieure à I0.

Figure 3-1 : Solution graphique du problème du consommateur

La solution algébrique du problème du consommateur : La recherche de la courbe


d’indifférence la plus élevée et qui est compatible avec la droite de budget est équivalente à
rechercher le niveau d’utilité maximum étant donné la contrainte budgétaire. On dit que le
consommateur cherche à maximiser son niveau d’utilité sous la contrainte de son budget.
Soit 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) la fonction d’utilité et p1x1+p2x2 = R, la contrainte budgétaire. Algébriquement, le
consommateur cherche à résoudre le problème suivant : choisir 𝑥1 𝑒𝑡 𝑥2 de manière à
maximiser 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) étant donné p1x1+p2x2 = R.
C’est un problème de maximisation sous contrainte, on exprime donc 𝑥2 𝑒𝑛 𝑓𝑜𝑛𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑥1 .
𝑅 𝑝
𝑥2 = 𝑝 − 𝑝1 𝑥1
2 2

Substituer l’expression de 𝑥2 (équation du budget) dans la fonction d’utilité 𝑈(𝑥1 , 𝑥2 ) . On obtient


𝑅 𝑝
la fonction à une variable : 𝑈 (𝑥1 , 𝑥2 = 𝑝 − 𝑝1 𝑥1 ) qu’il faut maximiser en choisissant la valeur de
2 2
𝑥1 . Pour que cette fonction atteigne son maximum, il faut que sa dérivée première s’annule. Il
faut donc dériver la fonction par rapport à 𝑥1 , en notant que 𝑥1 intervient comme argument

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deux fois. En utilisant la règle de la dérivation en chaîne on obtient :

𝜕𝑈 𝜕𝑈 𝑑𝑥2
+ =0
𝜕𝑥1 𝜕𝑥2 𝑑𝑥1

𝑑𝑥 𝑑𝑥 𝑝
La valeur de 𝑑𝑥2 peut être tirée de la droite de budget : 𝑑𝑥2 = − 𝑝1
1 1 2

𝜕𝑈 𝜕𝑈 𝑝1
La condition d’un maximum implique donc : − =0
𝜕𝑥1 𝜕𝑥2 𝑝2

𝜕𝑈 𝜕𝑈
Or on a : 𝜕𝑥 = 𝑈𝑚1 et 𝜕𝑥 = 𝑈𝑚2
1 2

𝑝1 𝑈𝑚1 𝑝1
Il en résulte : 𝑈𝑚1 − 𝑈𝑚2 = 0 => =
𝑝2 𝑈𝑚2 𝑝2

A l’équilibre, on doit donc avoir l’égalité entre le rapport des utilités marginales (TMS) et le
rapport des prix. C’est (évidemment) la même condition que celle obtenue par la solution
géométrique. L’interprétation de cette condition d’équilibre est la même que précédemment.

L’optimum du consommateur : On peut déterminer les quantités d’équilibre (on dit encore
quantités optimales ou optimum du consommateur) x1* et x2* (Cf. figure 3-1). Ces valeurs sont
contenues dans la condition d’équilibre. Le rapport des utilités marginales, Um1/Um2, est
fonction des deux variables x1 et x2. Mais à partir de l’équation de budget, on peut exprimer
x2 en fonction de x1. C’est ce qui a été fait pour résoudre le problème de la maximisation. Posons
donc x2=g(x1) à partir de la droite de budget. La condition d’équilibre prend la forme :

𝑈𝑚1 (𝑥1,𝑔(𝑥1 )) 𝑝1
=
𝑈𝑚2 (𝑥1,𝑔(𝑥1 )) 𝑝2

qui est une équation avec la seule inconnue x1, étant donné les prix p1 et p2 et le revenu R. On
peut tirer la valeur de x1 en fonction de p1, p2 et R : 𝑥1 ∗= 𝑓(𝑝1 , 𝑝2 , 𝑅)

Cette valeur de x1 est la quantité demandée du bien 1 par le consommateur. C’est ce que
nous appelons demande du consommateur. Ainsi, la demande du consommateur dépend des prix
des deux biens et du revenu.

On peut aussi calculer la demande du bien 2 par le consommateur. Il suffit de substituer la


valeur de x1 dans l’expression de x2 en fonction de x1 donnée par x2=g(x1). On obtient aussi une
relation entre x2 et les paramètres p1, p2 et R : 𝑥2 ∗= 𝑔(𝑝1 , 𝑝2 , 𝑅) . Tout comme pour le bien 1, la
demande du bien 2 dépend aussi des prix des deux biens et du revenu du consommateur.

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IV. Effet d’une variation du revenu


Comme la demande du consommateur pour chacun des deux biens est fonction des prix et du
revenu, on peut considérer ce qui se passe quand le revenu varie, les prix restant inchangés.

Courbe de consommation-revenu. Une variation du revenu lorsque les prix restent constants
se traduit par un déplacement de la droite de budget parallèlement à elle-même, comme nous
l’avons vu dans l’analyse de la droite de budget. Considérons des augmentations successives
du revenu, de R à R’ puis à R’’. La droite de budget se déplace de la position AB à la position A’B’
puis à A’’B’’ (figure 4.1). Le consommateur peut atteindre des courbes d’indifférence croissantes,
de I à I’’. Les points d’équilibre successifs E, E’ et E’’ décrivent une courbe : C’est la courbe de
consommation revenu. Lorsqu’on transfère les points d’équilibre dans un repère ayant le revenu
en ordonnée et la quantité de benga en abscisse, on obtient une courbe appelée courbe d’Engel, du
nom de l’auteur allemand qui a analysé la consommation des ménages belges au 19è siècle. La
courbe d’Engel décrit la relation entre le revenu et les quantités choisies par le consommateur.

Figure 4.1- Effet d’une augmentation du revenu

V. Effets d’une variation du prix

Effet revenu et effet de substitution. Considérer la variation (la baisse) du prix d’un bien, par
exemple le benga, un des biens consommés par un consommateur dans un maquis. Nous savons
que le consommateur de benga étant rationnel, va pouvoir augmenter sa consommation du
bien. Les économistes expliquent le comportement du consommateur suite à une baisse de prix
(il en est de même suite à une hausse) par les concepts d’effet revenu et d’effet de substitution.

Effet revenu. Quand le prix du benga baisse, c’est tout comme si le pouvoir d’achat du
consommateur augmente. Avec 300 F en poche, la baisse du prix du benga de 150 F à 100 F
permet de consommer 3 plats au lieu de 2 plats du bien. Le consommateur de benga, aimant
aussi le bissap, se dit que la baisse du prix du benga lui permettra de consommer davantage de
benga et de bissap. Sa consommation des deux biens peut augmenter suite à la baisse du prix
d’un des biens. Ceci est l’effet revenu résultant de la baisse du prix. (Pour une hausse de prix, le
pouvoir d’achat du consommateur baisse. Il doit diminuer sa consommation de chaque bien.)

Effet substitution. En réfléchissant, le consommateur de benga se rend compte que la baisse


du prix du benga rend le bissap relativement plus cher par rapport à la situation initiale.
Supposons que le prix du bissap est de 50 F. Avant la baisse du prix, en renonçant à un plat
de bissap, le consommateur pouvait s’offrir 1/3 de plat de benga. Après la baisse du prix,
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renoncer à un plat de bissap lui procure désormais ½ plat de benga. Le consommateur


s’éloignera du bien dont le prix relatif augmente. Il achètera moins de bissap. C’est l’effet
substitution.

Ainsi, deux forces contraires vont intervenir pour déterminer le point d’équilibre auquel
aboutira le consommateur suite à une variation de prix.
En admettant que le benga et le bissap sont deux biens normaux, la baisse d’un prix
contribuera à augmenter la quantité demandée de chacun de ces biens. Pour le benga (dont
le prix baisse), aussi bien l’effet revenu que l’effet substitution jouent dans le sens de
l’augmentation de la quantité optimale. Pour le bissap, les deux effets jouent en sens opposé,
mais c’est l’effet revenu qui peut prédominer, ce qui peut augmenter la consommation de
bissap. Les effets décrits sont représentés sur la figure 5.1.

Courbe de demande. Supposons que le prix du bien 2 ainsi que le revenu du consommateur
soient donnés. Faisons alors varier le prix du bien 1. Dans la première section, nous avons vu
que la variation du prix d’un bien déplace la droite de budget. La variation de la droite de
budget et la condition d’équilibre du consommateur (tangence entre droite de budget et courbe
d’indifférence) vont affecter les quantités demandées des deux biens.

Considérons deux biens, le benga-avec-huile et le bissap. Portons le benga-avec-huile en ordonnée


et le bissap en abscisse comme dans la figure 5.2, panel a. Supposons que le prix du
benga-avec-huile baisse de 150 FCFA/plat à 100 FCFA/plat. La droite de budget bascule
vers l’extérieur. Le point d’équilibre passe de A à B, où la quantité demandée de benga-avec-
huile augmente, de même que la quantité demandée de bissap. Considérons
maintenant une autre figure, (panel b de la figure 5.2) où nous portons le prix du benga-avec-
huile en ordonnée et les quantités choisies de benga- avec-huile en abscisse. Au prix de 150,
on obtient le point A. Au prix de 100, le point B. Faisons passer une droite par les points A et
B. La droite ainsi obtenue est la courbe de demande de benga-avec-huile par le consommateur.
La courbe de demande représente le lieu des points choisis par le consommateur quand le prix
de benga varie. Noter que les différents choix maximisent la satisfaction du consommateur,
car ils sont issus de la condition de tangence entre courbe d’indifférence et droite du
budget.

Figure 5.1- Effet revenu et effet de substitution.

La théorie du choix du consommateur permet ainsi de dériver la courbe de demande du


consommateur. Même sans cette théorie, on peut bien expliquer que les consommateurs
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réagissent aux changements de prix. La théorie est cependant utile car elle permet de mieux
prédire les comportements des consommateurs.

Figure 5.2- Dérivation de la courbe de demande.


Le panel a représente la variation du point d’équilibre suite à la baisse du prix du benga de 150 F à 100 F.
La droite de budget bascule autour du point d’intersection sur l’axe des abscisses. Le point d’équilibre
passe de A à B. En B, le consommateur consomme une quantité accrue des deux produits. La quantité de
benga-avec-huile augmente de 10 à 25 plats.
Dans le panel b, la quantité de benga est présentée en abscisse, son prix en ordonnée. On reporte les points
A et B correspondant aux prix respectifs de 150 F et 100 F et aux quantités respectives de 10 plats et 25
plats. La droite passant par A et B est la courbe de demande de benga-avec-huile. Cette courbe est
décroissante de gauche à droite.

Variation du surplus du consommateur. Qu’est-ce que le surplus du consommateur ? Supposons que


le consommateur de benga-avec-huile entre dans un maquis et s’apprête à dépenser 400F pour
un plat. Il apprend que le prix du plat n’est plus que de 150F (pensez qu’une concurrence acerbe
entre les vendeuses a provoqué cette chute de prix). La différence entre ce que le consommateur
paie et ce qu’il s’apprêtait à payer est le surplus du consommateur.
On peut obtenir le surplus du consommateur à partir de la courbe de demande. Considérer le
graphe 5.3. Lorsque le prix du benga-avec-huile est de 400 F le plat, le consommateur n’achète
aucun plat. Quand le prix descend à 350 F le plat, il en achète un. Quand le prix descend à 300,
le consommateur achète un plat supplémentaire. Finalement, au prix de marché de 150, le
consommateur achète 10 plats. La surface comprise entre la courbe de demande, l’axe vertical
et la ligne horizontale passant par 150 est le surplus du consommateur de benga-avec-huile.

Le surplus du consommateur est la surface


triangulaire au-dessus de la droite horizontale
passant par le prix de marché, 150F. C’est ce que
"gagne" le consommateur qui était prêt à payer un
prix supérieur à 150F pour consommer du benga-
avec-huile.

Figure 5.3- surplus du consommateur

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Table des matières


Chapitre III : Le comportement du consommateur ............................................................................... 1
I. Le Problème du choix du consommateur ............................................................................................ 1
I.2. Les options possibles du consommateur : La contrainte budgétaire ............................................ 1
I.2. Le désir du consommateur : les préférences .................................................................................... 4
II. Approfondissement des outils d’analyse ........................................................................................... 6
II.1. Les courbes d’indifférences .................................................................................................................... 6
II.2. L’utilité ................................................................................................................................................. 8
a- Utilité ordinale .................................................................................................................................. 8
b- Fonction d’utilité et courbes d’indifférence ....................................................................................... 9
c- Utilité marginale ............................................................................................................................. 10
III. Le Taux marginal de substitution .................................................................................................... 11
III.1. L’optimum du consommateur....................................................................................................... 13
IV. Effet d’une variation du revenu ....................................................................................................... 16
V. Effets d’une variation du prix ........................................................................................................... 16

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