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SOCIOLOGIE
Raskin, Moens
sociétés se transforment en quelques années. Elles sont aussi changeantes. Quel est le moteur de l’évolution
sociale ?
o Ce changement peut venir d’une rupture de l’ordre, on passe d’un état à un autre par une cassure radicale. On
passe d’une société communiste à une société capitaliste, par exemple.
o Il peut se faire progressivement, par de petites modifications de l’ordre. C’est plutôt une mutation, parfois
quasi-invisible, qui, sur un temps plus ou moins long, change totalement la société. Le progrès est plus continu
et ajuste la société en permanence.
Avec ces deux réponses aux deux questions, on peut associer les réponses entre elles pour former un tableau.
L’originalité de Bajoit c’est qu’il va nommer chaque paradigme par un pronom qui le définit. On les classe de la façon
suivante :
• Paradigme du « on ».
Le consensus repose sur des valeurs partagées. Tous les individus partagent des valeurs identiques et stabilisent la
société.
La conduite de l’individu est déterminée, socialement contrôlée et orientée par la collectivité ; tous les individus
composant une société défendent et obéissent à des normes et valeurs sociales qui leur sont préexistantes et qui
sont structurées. L’homme n’est pas libre, il absorbe les prescriptions sociales auxquelles il est exposé. On partage
les mêmes visions du social, donc c’est difficile de changer. La cohésion du tout, malgré les changements, se
maintient par le consensus de (presque) tous, par la soumission à un contrôle normatif exercé par « On », c’est-à-
dire à la fois par personne et par tous les autres. Les valeurs sont importantes dans le paradigme du « on ». L’individu
décri la partie la plus petite de la société mais cela lui retire toute son autonomie. Dans ce paradigme, pour avoir du
changement, il faut changer les valeurs et les représentations. Il peut arriver qu’un changement soit nié, mais ce
n’est pas pour autant qu’il n’existe pas. Cela ne peut arriver que lorsque l’on se heurte à un problème interne
(modification radicale dans la société qui contraint à changer de valeurs, de normes, par exemple : révolution) ou
externe (contact avec d’autres sociétés, l’ordre social fonctionne bien dans une société voisine, donc : mimétisme ou
par des élites déviantes qui introduisent des transformation externes dans l’équilibre social). Dans ce type de
représentation, la référence est indéfinie, une sorte de « on ». On croit telle ou telle chose parce qu’on l’a toujours cru.
Certains ont du pouvoir et d’autres pas, parce qu’on a toujours fait cela comme ça. Il n’y a pas de personnes
motrices, c’est l’esprit du temps qui s’exprime à travers la société.
La vision de Durkheim ainsi que celle du courant structuro-fonctionnaliste s’inscrit clairement dans ce paradigme. La
situation sociale est comme elle est parce que les individus partagent des valeurs communes. Les individus assument
un rôle donné dans la société, en ayant le moins possible d’autonomie. C’est une perspective très conservatrice, on
voit négativement le changement. Même quand il y a du changement, on l’intègre comme si on avait toujours vécu
comme ça.
Avec ce paradigme, les sociétés sont très intégrées et nécessitent de déviants qu’elles produisent structurellement,
mais ils ne font que renforcer les normes déjà établies, parce que les « normaux » protestent contre eux. Par sa
déviance, l’agent amène tous les autres agents à se remémorer les normes et à les activer par leur mouvement de
protestation. Ces déviants assurent une expérimentation sociale ininterrompue, ils deviennent membre d’une élite
innovatrice, parce que ce qu’il propose est un objet d’une approbation collective. Vivant en autarcie, les sociétés ne
subissent pas l’influence d’autres collectivités.
• Paradigme du « moi ».
Le consensus porte sur l’intérêt que chacun d’entre nous porte à lui-même. Chacun d’entre nous se considère comme
ce qu’il y a de plus important, chacun veut maximiser son intérêt, c’est une définition très claire de l’égoïsme. Nous
sommes acteurs et il y a une grande volonté de liberté. Il y a un consensus parce que chacun se trouve le plus
important, donc chacun pense pareil. Comment faire du social dans un univers où chacun se considère plus important
que son voisin ? La société est ici le résultat d’un calcul. Chacun se croit le plus important, donc nos avis sont
identiques mais se gênent les uns les autres. Si on veut être le meilleur et entrer en conflit avec tous les autres, c’est
impossible, parce qu’on va se retrouver face à quelqu’un de plus fort que nous. Étant des individus rationnels et
raisonnables, nous allons agir ensemble, faire des compromis. On y gagnera plus que si on faisait tout, tout seul. C’est
donc un calcul qui amène les gens à travailler ensemble. L’individu est un acteur, il n’y a pas de normes sacralisées. Si
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l’acteur va trop loin dans l’irrespect des normes (de ce qui est collectivement acceptable), c’est l’État qui intervient.
Le changement est une constante mutation ou adaptation, il s’agit d’un progrès dirigé par l’intérêt individuel et
collectif et l’état des savoirs et des ressources. Le progrès est la conséquence paradoxale de l’égoïsme de l’élites
innovatrices. Le changement social est amené par les compromis que les individus sont forcés d’opérer entre leurs
intérêts contradictoire. L'acteur le plus efficace dans l'innovation amène les autres à l'imiter ou à s'effacer
progressivement. L'alliance subtile de la compétition et du compromis garantit donc à la fois la cohésion du système
et son adaptation continue.
La conformité sociale d’un individu est le fruit d’un choix personnel stratégique. Le social n’est alors explicable que
par l’analyse des comportements individuels et les effets d’agrégation qu’ils produisent. Les normes ne sont pas
sacralisées, les individus concluent des accords qui ménagent leurs intérêts réciproques.
La notion d’intérêt apparait de plus en plus large. Les individus construisent la société jusqu’à ce qu’elle leur serve,
une fois que ce n’est plus le cas, ils quittent cette société.
C’est la vision de Crozier, Friedberg (son disciple) et Boudon ainsi que celle du courant utilitariste.
Paradoxalement, les deux premiers paradigmes qui affirment des postulats radicalement incompatibles mettent
bien au centre de la construction le consensus social : l’ensemble des éléments composant la société s’entendent sur
les enjeux et sur la manière de les gérer. Ces approches, l’une en mettant la structure au centre, l’autre en
privilégiant l’individu, montrent toujours l’accord généralisé, que celui-ci soit contraint (par « on », par la structure
normative de la société) ou qu’il soit rationnel (par « moi », par l’utilitarisme qui nous pousse chacun à établir un
compromis). Les deux autres approches privilégient la concurrence qui, au sein d’une société et entre elles, établit
une domination de certains sur les autres.
• Paradigme du « eux ».
La majorité de la société est soumise à l’ordre qui est donné par eux. Ce sont eux qui décident. Les individus sont des
agents. Il y a une déresponsabilisation des membres de la société qui sont contraints, mais qui acceptent la
contrainte. L’ordre, qui n’est pas le leur, a été imposé. Ce groupe, eux, extérieur à la masse, domine l’économie, la
politique et l’idéologie. Ce paradigme répond à la théorie de l’aliénation. L’aliénation c’est le fait de s’échapper à soi-
même, de ne plus s’appartenir.
La domination est un fait structurel : elle ne dépend ni de la conscience ni de l’intention des acteurs. Leur position de
classe détermine totalement leurs comportements et les manières dont ils se représentent le monde social. Dans la
mesure où la conscience n'est que le reflet des conditions d'existence, ce sont des mécanismes structurels qui
reproduisent la bourgeoisie et le prolétariat dans leur position de classe. Il s’agit donc d’un élément mécanique ; par
la structure de la société, les individus se trouvent déterminés, figés dans une position de classe que peu de choses
permettrait de remettre en cause.
C’est l’idée de Marx mais aussi de Bourdieu, Wacquant et du structuralisme. Le changement social est ici aussi du a
une modification de la structure. Ce changement n’est pas dû aux actions des individus. Selon Marx, une logique de
croissance des forces productrices transforme périodiquement es modes de production jusqu’à l’avènement de la
société communiste. La classe populaire n’a cependant pas les moyens d’accéder à la vraie conscience, c’est-à-dire
la conscience de leur domination. Ce sont alors les élites révolutionnaires qui vont les amener à prendre conscience
de leur situation.
On reproche souvent aux sociologues de ce paradigme de négliger les capacités d’action des hommes. Ce schéma ne
prend pas en compte le choix des individus, il veut juste mettre en évidence les règles « objectives » qui régissent les
comportements humain.
• Paradigme du « nous ».
Il correspond aux situations des démocraties occidentales actuelles. Ici la structure s’efface au profit des individus.
Nous sommes dans une théories actionnaliste, l’individu n’est plus considérer comme un objet, un être aliéné ou un
être égoïste. Il y a une domination sociale qui vient d’un collectif, d’un mouvement social et non pas d’une classe.
L’homme agit donc sur la société mais collectivement du a son soucis de l’intérêt collectif et social. La société est un
ensemble de collectivités qui sont en conflit les unes avec les autres (souvent une classe dirigeante >< une classe
populaire) dans lesquelles une d’entre elles domine mais où le conflit est présent.
Le fonctionnement est dynamique, le changement est constant, il y a une permanente mutation et transformation.
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• Paradigmes
On peut donc, au final, résumer les 4 paradigmes dans un tableau :
Progrès social
Rupture Mutation
Ordre social Consensus Intégration Compétition
« on » « moi »
Acteur
Domination Aliénation Conflit
« eux » « nous »
Agent
Ces points de vue différents rendent tous compte de la même réalité. Ils ont des bases anthropologiques différentes
mais se combinent dans l’approche complexe des faits sociaux. Les théories qui ont été identifiées derrière chaque
paradigme (structuro-fonctionnalisme, utilitarisme, structuralisme et actionnalisme) sont autant d’outils pour
aborder le monde social réel. Et tel est bien l’objectif de la sociologie : comprendre la réalité sociale, en ayant la
faiblesse de croire que la compréhension du monde aide à la vie dans celui-ci. Nous sommes dans une démarche
critique.
L’idée d’analyse est en fait une organisation qui conserver en vue qu’il faut fournir une interprétation efficace. La
sociologie est une démarche scientifique qui veut dire comment les choses sont.
Il n’y a pas de meilleur paradigme ou de meilleur moyen pour établir un raisonnement.
Structuralisme :
- Recherche de la trame cachée derrière les phénomènes sociaux
- Les structures ne sont pas observables
- L’individu est une leurre
- Paradoxe du structuralisme
Actionalisme :
- L’explication des phénomènes sociaux réside dans l’individu
- Les structures sont une conséquence et non une cause
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Alain Touraine :
- La société est reproduction et adaptation mais aussi création de production
- Historicité (distance entre société et activité)
- Mode de connaissance
- Processus d’accumulation
- Modère culturel
- SAH
Interactionalisme :
- La société se construit par l’interaction
- Analogie au théâtre (rôle)
- Les rôles ne sont pas imposés de l’extérieur amis sont défini sur base d’une dynamique comportementale
fondée sur les attentes réciproques des individus.
Individualisme méthodologique :
- La réalité sociale découle de l’explication stricte des comportements individuels.
- Individu rationnel
- L’intérêt est premier
- L’individu est calculateur
- Homo Oeconomicus
- Paradoxe de l’action collective : le passager clandestin profite du travail des autres
Critiques :
- Rationalité limitée (un certain nombre d’hypothèses sont envisagées par l’individu)
- Éviter les gaffes, on recherche l’intégration plutôt qu’un but absolu
- Les êtres ne sont pas désincarnés
Analyse stratégique :
- Réponse à l’individualisme méthodologique
- La notion de pouvoir est primordial, on veut toujours l’accroitre et ça se fait au détriment des autres.
- Deux postulats :
- Rationalité limitée (saisie d’opportunités plutôt que des objectifs précis)
- L’organisation ne contraint jamais totalement un acteur
2. Les mots véhiculent toujours une idée qui doit être expliquée et non pas seulement chiffrée ou sous la forme
d’une formule.
3. Faire le découpage des faits, c’est les dénaturer, on ne peut envisager qu’une partie du problème, c’est alors
une fiction.
4. On s’attache toujours psychologiquement à une formule, aux choses qu’on nous a appris à l’école, à nos
premiers opinions. On croit toujours que la formule de l’eau est H2O, mais par exemple, l’eau du robinet est
composée aussi de calcaire et autres composants.
5. Seulement une partie des hypothèses est vérifiée dû à des préjuger.
6. Une hypothèse fausse peut se vérifier et aboutir à une vérité.
Il faut systématiquement remettre en cause les affirmations des scientifiques car en sciences il n’existe pas de
formule stable. Il y a un va et viens. Chaque formule est provisoire. C’est dans la confrontation permanente
qu’on avance vers la vérité.
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2. Définition et origine
a) Définition
Étymologiquement, la sociologie est la science des sociétés et des phénomènes sociaux. En fait, c’est l’étude des
comportements humains considérés d’un point de vue social. accidentel
Le terme « comportement » est souvent opposé aux termes « action » et « attitude ». Généralement, les attitudes se
traduisent par des comportements ou des actions. Les comportements seraient largement fortuits alors que les
actions seraient davantage le fruit d’un acte délibéré, conscient, intentionnel. L’habitus de Bourdieu est un ensemble
de comportements sociaux dont une bonne part trouvent leur motivation dans un système de dispositions
intériorisées, acquises par l’éducation et qui l’amènent, de façon plus ou moins consciente à se conduire selon les
normes du groupe.
Le social concerne les conditions de vie et le mode de vie en société. L’action est dite sociale s’il y a une interaction
entre plusieurs acteurs. Ce rapport peut être physique, médiatique ou il suffirait même qu’une personne se situe par
rapport à une autre et oriente son action en conséquence. L’action sociale comprend l’ensemble des actions
humaines. Puisque nous sommes le produit d’une histoire et d‘une éducation, l’action sociale ne peut résulter que
de modèles lentement façonnés au cour de notre vie.
La sociologie est une science dite molle puisqu’elle s’intéresse à l’humain. La distinction entre sciences exactes et
sciences non-exactes est assez récente. Même dans les sciences sociales, on pose des hypothèses, on en fait des
thèses, des antithèses et des synthèses. On essaie de vérifier, grâce à des méthodes précises, toutes les hypothèses
que l’on pose. Le champ de recherche sociologique et les méthodes sont multiples (quantitatives et qualitatives). On
peut également faire des enquêtes, des questionnaires, etc. En sociologie, on se sert de tous les outils que l’on a à
notre disposition, dont l’informatique.
b) La naissance de la sociologie
La sociologie est née au XIXe siècle avec Auguste Comte qui en invente le terme. Cette époque est principalement
caractérisée par la nécéssité de (re)penser une nouvelle société qui est en train de naitre, avec les difficultés
inhérentes à toute naissance. Cette nouvelle société voit naitre de nouvelles disciplines et est marquée par 3
révolutions :
1. Politique. Une nouvelle conception de la société est mise en œuvre. La sociologie nait dans une période
marquée par de profonds bouleversement politiques et militaires. L’Ancien Régime est en train de
mourir. On est dans un monde qui a complètement changé après la Révolution Française, le nouvel ordre est
plus égalitaire. Les idées des Lumières ont fleuri un peu partout (y compris aux USA). Des régimes nouveaux
apparaissent. Les premiers sociologues sont obsédés par l’ordre social. Ils détestent le désordre amené par ces
différentes révolutions. Il y a différents points de vue de la sociologie pour mettre fin à ce désordre. Les
interventionnistes veulent régler les maux de la société. Les positivistes veulent conformer la société à la
pensée positive rationnelle, à l’esprit industriel. Pour les neutralistes, la science ne peut justifier les valeurs d’une
action mais seulement leurs signification et leurs conséquences.
2. Industrielle. Née en Angleterre, ce nouveau mode de production industrielle qui allait révolutionner
l’économie moderne s’exporte en France te partout ailleurs. Les techniques de production, la gestion de la
main d’œuvre, les nouvelle lois de l’économie politique,.. vont profondément influencer le développement
sociologique. Cette industrialisation à des effets dévastateurs : elle va apporter de grands problèmes sociaux
comme les salaires de misère, le travail des enfants, etc. Le prolétariat urbain est déraciné. Cela a des
conséquences sur la vie sociale (maladie, alcoolisme, etc.). La révolution donne un champ d’études à tous ceux
qui s’intéressent aux sujets sociaux.
3. Silencieuse ou scientifique. Le 19e siècle a vu des progrès considérables en chimie (structure atomique de la
matière), biologie (physiologie comparée), médecine, mais aussi une nouvelle modification de la structure de
production. Petit à petit, une nouvelle conception de l’organisme et du rapport organe/fonction va fournir un
nouveau modèle organiciste de la société.
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a) Auguste Comte
Le premier français est Auguste Comte (1798-1857), père de la sociologie (1), c’est le plus ancien. Il est fondateur de
la sociologie et du positivisme, polytechnicien, prof de math et de philo, et secrétaire de Saint-Simon. Son approche
est philosophique et il est le créateur du terme « sociologie » ou science de la société , au départ il voulait créer de la
physique sociale, mais ce terme avait déjà été utilisé. Le terme sociologie veut rendre rend compte de la « mère des
sciences », une discipline qui inclut toutes les autres sciences. Son idée était de faire une discipline qui analyse les
mécanismes de la société. Son travail allie positivisme (seul comptent les faits qui s’imposent d’eux-mêmes à
l’observateur) et évolutionnisme. Il demeure enfermé dans une vision abstraite de la société et de ses composantes.
Comte participe à l’élaboration de la physiologie sociale, une nouvelle discipline qui a pour objet l’étude de la société
à partir d’observation des faits pour en tirer des lois. À partir de cette physiologie sociale, Comte propose :
a) La doctrine du positivisme qui a pour objet l’observation des faits et l’établissement des régularités qui les
relient sous forme de lois.
✷ Positivisme = prépondérance de l’esprit scientifique qui va, par une loi inexorable du progrès de l’esprit
humain, appelée loi des trois états, remplacer les croyances théologiques ou les explications métaphysiques.
b) La loi des « trois états ». Pour lui, l’esprit humain passe par trois états successifs. À ces trois formes de pensée,
il fait également correspondre trois types d’institutions économiques et politiques :
- L’état théologique dans lequel les phénomènes sont expliqués par des forces surnaturelles.
L’esprit théologique est caractéristique des sociétés hiérarchisées et militaires (Moyen Âge).
- L’état métaphysique où les événements sont expliqués par des idées abstraites qualifiées de causes.
L’esprit métaphysique qui domine l’Europe de la Renaissance aux lumières est associé à des institutions
transitoires (entre ordre ancien et ordre nouveau).
- L’état positif/scientifique qui se réalise lorsque les faits dont expliqués par le raisonnement scientifique.
L’esprit positif correspond à une organisation sociale calquée sur le modèle industriel et autour de
l’activité de production.
c) La nécessité d’une science nouvelle : la sociologie comme science positive de l’organisation et de l’histoire
sociale.
Le terme « sociologie » vient du mot latin ‘socius’ et du mot grec ‘logos’ = littéralement sciences sociales ou sciences
de la société.
Pour Comte, il s’agit donc d’observer les faits sociaux et de dégager des lois sociologiques qui varient davantage que
les lois scientifiques mais qui sont déterminées pour le développement de l’espèce humaine. De plus, les variations
que l’on peut observer dans les lois sociologiques n’affectent en rien la nature de ces lois.
L’âge positif (= pas de sciences/réelles observations sans un minimum de théorie) renfermait une large part
d’illusion. La dimension cumulative de la sociologie échappait encore aux premiers sociologues.
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b) Alexis de Tocqueville
Le deuxième père fondateur français est Alexis de Tocqueville (1805-1859), père de la sociologie (2), le petit-fils de
Malesherbes (ancien ministre de la justice de Louis XVI), magistrat politique qui a aidé à la diffusion de
l’Encyclopédie. Sa démarche est empirique. Il se refuse toute conjecture : il décrit la situation et se limite ainsi à
l’empirie à laquelle il est confronté, avec lui, il n’y a pas de théorie. De Tocqueville était un fonctionnaire français
chargé, au début des années 1840, d’aller observer le système pénitentiaire des USA. Il va regarder comment le pays
gère ses délinquants, ce qui va l’amener à observer l’ensemble du pays. Il va publier De la démocratie en Amérique.
Lui, à l’inverse de Comte, il va sur le terrain, il va regarder et décrire. Sur base de ses observations, il va essayer de
généraliser les éléments qu’il observe. Il pose la question des conditions d’existence et de maintien d’un système
démocratique. Il est fasciné par les États-Unis. Il se demande qu’est-ce qui a manqué à la France pour qu’elle puisse
avoir une monarchie démocratique ?
De Tocqueville est en quelque sorte le père de la sociologie politique, il pense qu’il est possible d’agir sur les
événements. Il ne peut y avoir de lois naturelles qui gouvernent les choses et les êtres. Alexis de Tocqueville
s’interroge sur les fondements de la démocratie. Selon lui la tendance générale et inévitable du peuple est la
démocratie. Cette démocratie doit être entendue dans son sens étymologique, politique et surtout social. Il
recherche les régularités ainsi que les singularités des systèmes démocratiques américain et français. À partir de ses
observations, il va tenter de définir une société de type démocratique. Il dégage deux idées fortes :
- À partir des observations qu’il fait là-bas, il remarque que dans toute démocratie, deux notions sont
fondamentales mais contradictoires : la liberté et l’égalité. C’est antagoniste. Ma liberté est de ne pas être égal à
l’autre. Ma liberté est absolue, or si je garantis la liberté à tout le monde, on arrive tout de suite à une situation
totalement inégalitaire. Pour garantir une harmonie dans la société, on a érigé le dogme de l’égalité. Aux USA, la
liberté est une valeur centrale alors qu’en France c’était l’égalité. Aux USA, les hommes sont censés être
responsables de leurs actes, puisqu’ils sont libres. Les parjures (= mensonges) sont plus graves que les actes en
eux-mêmes. Il y a cette conviction que la parole est vraiment importante aux USA. Ce n’est pas le cas en France
où la société a une responsabilité dans nos comportements. Aux USA, les peines pénitentiaires sont beaucoup
plus importantes. La démocratie veut que tout le monde soit pareil. Cependant, le système aux États-Unis n’est
pas totalement égalitaire. L’enseignement se fait par exemple par semestre et les universités les plus
prestigieuses ne sont pas accessibles à tous. C’est donc un système avec une très grande liberté, mais où
l’égalité est moins poussée que chez nous. Quand on a un système qui privilégie l’égalité à la liberté, on arrive
dans un système totalitaire ou despotique démocratique, on pousse la logique de l’égalité jusqu’au bout.
- Une autre observation qu’il fait est le fait que l’individualisme soit « la rouille des sociétés ». Le repli sur la vie
matérielle favorise soit le pouvoir d’État, soit l’atomisation et l’anarchie. Il faut donc se battre contre
l’individualisme par l’éducation, la fierté d’appartenir à un collectif, le sentiment d’avoir besoin d’être et que les
autres aient besoin de nous. La solidarité est donc nécessaire pour contre l’individualisme. Trop de liberté mène
à l’anarchie.
Les études de Tocqueville restent une référence pour les sociologues. Sa recherche pour comprendre les États-Unis
reste valable, de même que son étude de l’Ancien régime français et de la Révolution.
c) Emile Durkheim
Le troisième père fondateur français est Émile Durkheim (1858-1917). À la fin du XIXe siècle, il a écrit un travail Le
Suicide qui porte sur le sujet éponyme. C’est le tout début de la sociologie. Il est le tout premier en Europe à être, de
manière organique, un sociologue. Il est reconnu sociologue par l’université. C’est le premier endroit où la sociologie
est enseignée. La démarche du Durkheim allie positivisme et évolutionnisme, approche théorique et pratique (selon
lui il n’y a pas de sciences qui ne joigne pas les deux dimensions) et c’est pour ça qu’il est l’un des seul vrai
sociologue. Pour lui, le social ne s’explique que par le social. De son vivant, il a publié 4 ouvrages. D’autres ont été
publiés après sa mort (recueils de ses notes de cours). Il va également être à la base d’une école de sociologie. Il a
également écrit une revue, L’année sociologique, publiée une fois par an depuis 120 ans.
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d) Karl Marx
Parmi les pères fondateurs allemands, il y a Karl Heinrich Marx (1818-1883), père de la sociologie (3) qui a fait des
études de droit, d’histoire et de philosophie et qui a été journaliste. Il a bouleversé les idées sociales. Il a des idées
très différentes de celles de de Tocqueville. Marx et Weber partagent eux une vision plus identique, sur une vision
économique de la société mais orientent leurs travaux très différemment. Chez Marx, cette importance dévolue à
l’économie réside dans l’affirmation que la société est déterminée par l’organisation des forces productives et des
moyens de production, ils constituent une infrastructure spécifique. Ces infrastructures ou organisations se
succèdent au cours de l’histoire d’une manière évolutionniste et servent de support à une superstructure regroupant
toute idéologie et toute culture, simples éléments déterminés strictement par les faits objectifs de l’économie. Il n’y
a donc pas une simple liaison entre société et économie mais une totale détermination de la première à la seconde.
Selon lui, la colonne vertébrale du social c’est l’économie. Le social est le produit de l’économie. La société est la
conséquence de l’économie. L’économie, pour Marx, est un ensemble de relations de productions.
Il étudie tous les économistes et développe une théorie industrielle du travail. Il voit une modification fondamentale
de la manière dont on travaille, c’est la fin de l’artisanat. Il estime que c’est par le travail que l’homme se produit et
produit la société. L’homme et la femme n’existent que par le travail et leur utilité est présente par le travail qu’ils
produisent.
Dans la vision marxiste, les humains n’ont pas réellement prise sur le social. L’avant-dernier stade de la société est la
société capitaliste en Angleterre, en Belgique, USA et en Allemagne. Ce sont les pays les plus capitalistes de l’époque.
L’idée du capitalisme c’est la mobilisation des forces productives par une partie de la population. Les capitalistes
veulent faire fructifier leurs capitaux via les bénéfices. Les prolétaires et sous-prolétaires (à la recherche d’un travail)
permettent de faire de gros bénéfices. Selon Marx, le capitalisme va éliminer le travail et remplacer les prolétaires
par des machines pour des coûts encore moindres. Mais sans aucun revenus, le prolétariat ne sait plus acheter les
produits générés par les usines. Si le capitalisme élimine le travail, il élimine le capital en même temps, ce qui est
assez contradictoire. Pour contrer cela, Marx propose l’idéal communiste, qui serait une distribution égalitaire des
biens. Selon Marx, personne n’est responsable de cette situation, les capitalistes ont juste eu plus de chance à la
naissance qu’en ont eu les prolétaires. La société est une structure, les gens en sont des simples jouets mais ne l’ont
pas construite.
Marx a écrit le Manifeste communiste ainsi que Le Capital. Il a vécu à plusieurs endroits en Europe mais s’y fit
souvent expulser à causes de ses idées.
Concernant son approche sociologique, au moins 4 grands thèmes de son œuvre sont à considérer :
1. La théorie des classes sociales. Elle se définissent selon trois critères :
a. Par leur place dans le mode de production (esclavagiste, féodal, capitaliste).
b. Par les rapports des classes qui se déterminent, dans la société industrielle, autour de la lutte entre le
prolétariat et la bourgeoisie.
En fait, les classes se forment indépendamment des hommes et de l’État. Selon le niveau de
développement, une division du travail apparait et détermine des rapports de commandement et
d’exécution ainsi qu’une répartition inégale des produits du travail. Ce phénomène se présente lorsqu’il y a
surproduction. C’est la lutte pour l’appropriation de cette surproduction qui est à l’origine de la division des
classes et de tous les rapports de travail, de propriété, de pouvoir, de prestige qui stratifient les sociétés.
c. Par la conscience des classes, c’est-à-dire le sentiment d’appartenance. Il y a les classes « en soi » (définies
objectivement) et les classes « pour soi » (conscience de classe).
2. Une analyse critique de l’État. Les institutions étatiques et le pouvoir d’État (dans la société capitaliste)
constituent une forme de domination sur la société civile et un instrument au service de la classe dominante, il
faut partie de la superstructure. En effet, dans chaque phase de l’histoire, à un mode d’organisation
économique (infrastructure) correspond un mode d’organisation étatique et idéologique (superstructure).
L’État est une superstructure. Comme toute superstructure, l’État basculera au moment de la révolution pour se
mettre au service du prolétariat
3. L’étude des idéologies. C’est un ensemble des idées dominantes véhiculées par une société, un groupe social,
dans le cadre des superstructures. Ce sont des représentations tronquées de la réalité. Avec Marx il y a une absence
de théorie systématique des idéologies. La religion, la philosophie, les morales seraient illusoires et reposeraient sur
des bases erronées, ce ne sont que des projections d’idées qui rendent la condition humaine plus supportable.
Marx estime que l’idéologie disparaît avec la prise de conscience claire des rapports sociaux, qui ne peut se faire
que dans une praxis (= activité sociale totale) révolutionnaire du prolétariat.
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4. Une conception générale de société. Le fondement de la société réside dans la vie matérielle. Par le travail
l’homme se produit lui-même et produit la société. La structure économique de la société est la fondation réelle
sur laquelle s’élève un édifice juridique et politique et à quoi répondent des formes déterminées de la
conscience sociale. C’est donc l’existence sociale qui détermine la conscience des individus et non pas l’inverse.
Le mode de production d’une société est composée de « forces productives » (= hommes, machines,
techniques) et de « rapports de production » (= esclavage, métayage, artisanat, salariat). Ce mode de
production constitue un socle sur lequel s’élèvent les superstructures juridiques, politiques et idéologiques
d’une société. À un moment historique, les forces de production vont entrer en conflit avec les rapports de
production. C’est alors que commence une ère de révolution sociale. Le « grand soir », c’est une rupture
révolutionnaire, le pouvoir est anéanti et une nouvelle société est instaurée. Historiquement on constate deux
classes : la bourgeoisie et le prolétariat (artisans et paysans). Les conditions de travail se sont détériorées à
cause de l’avidité et la cupidité de la bourgeoisie (exploitation des enfants, alcoolisme, dégradation mrale,...).
Cette vision des choses s’oppose à la vision hégélienne qui pense que ce sont les idées qui mènent le monde et
que pour changer le monde, il faut imposer de nouvelles idées. Marx, au contraire, défend un matérialisme de
principe. De plus, les crises résultant du conflit entre forces de production et rapports de production ne suffiront
pas à renverser le système économique et par conséquent l’ordre du monde. Il faut que le prolétariat s’organise
en parti, qu’il crée des syndicats et que ce dernier soit conscient des objectifs historiques qu’il s’assigne. Avant
cette prise de conscience, c’est le dictature du prolétariat (phase de transition révoutionnaire).
e) Max Weber
Max Weber (1864-1920) met aussi l’économie au centre de sa réflexion. Contrairement à Marx, son travail est moins
emprunt au messianisme. Le messianisme est la croyance en la venue d’un libérateur ou sauveur qui mettra fin à un
ordre présent considéré comme mauvais et instaurera un ordre nouveau dans la justice et le bonheur. Il est
convaincu de l’existence d’une congruence (coïncidence parfaite sans lien de causalité) entre les formes
économiques d’une société et sa culture. Cette concordance entre les deux s’avère moins de détermination que
d’ontologie : les mécanismes de la société et de l’économie sont intimement joints, ils reposent sur de mêmes
invariants de la conduite humaine. Il insiste sur les liens entre économie et société. Ce lien n’est pas aussi mécanique
que chez Marx. Chez Marx, on applique le paradigme holiste, paradigme du « tout » : la structure détermine le
comportement, elle préexiste et détermine les individus. La structure n’est donc plus au centre comme elle l’est chez
Marx (ou Durkheim), Weber insiste sur les personnes, sur leurs motifs et leurs raisons, leur morale. Cette priorité
inverse la perspective sociologique : il n’est plus question de saisir les contraintes qui façonnent les comportements
individuels (holisme) mais de comprendre comment les actions individuelles et collectives forment par leur
composition la société elle-même. C’est le paradigme atomiste. Le terme de paradigme nous vient de Kuhn. Ces deux
paradigmes sont des représentations, des abstractions qui permettent de rendre compte du réel. La théorie n’est pas
le réel.
Il va analyser les différentes sociétés en essayant de comprendre en quoi les dimensions les composant sont
convergentes. Son principal ouvrage est L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, mais aussi Économie et
société.
f) George Simmel
Le troisième père fondateur allemand est Georg Simmel (1858-1918). Son influence fut beaucoup plus tardive, à sa
mort il n’était pas très connu. Les actions réciproques (c’est-à-dire les interactions entre individus) sont au centre de
son approche. Elles seules permettent de comprendre la constitution de la société. Sa sociologie se caractérise par
l’intérêt accordé au quotidien le plus proche. Cet atypisme (= absence de conformisme relativement à un modèle
que l’on prend comme référence) se retrouve dans sa méthode, il cherche à dégager les formes fondamentales au
centre de toutes sociétés. Ces travaux sur l’argent, la mode ou l’amour cherchent à travers la singularité toujours
parfaite des situations à retrouver les processus anthropologiques et sociologiques à l’oeuvre sans chercher à établir
des lois mais simplement en tentant de rendre ces éléments du quotidien intelligibles.
g) Vilfredo Pareto
L’italien Vilfredo Pareto (1848-1923) était un touche-à-tout. D’abord il était ingénieur, puis économiste et enfin
sociologue. C’est un spécialiste de l’élite. C’est important qu’il y ait une élite dirigeante, ce qui influencera Mussolini.
Il est convaincu que la sociologie constitue un pendant de l’économie en permettant l’étude prioritaire des actions
non-rationnelles (alors que l’économie traite des actions rationnelles). Dans sa plus grande oeuvre, il y décrit une
GILLART Ysaline
société dont les principes économiques sont une simple partie. Pour Pareto, l’action logique est celle par laquelle le
but objectif est identique au but subjectif. Lorsque ceux-ci diffèrent, on se trouve devant une action illogique ou non-
rationnelle (exemple : conduire avec une voiture de haut standig – but objectif : se déplacer, but subjectif : se
montrer). En y réfléchissant, il y a très peu d’actions logiques.
h) Robert Park
L’américain Robert Park (1864-1944) est, comme Durkheim, professeur de sociologie, l’un des premiers aux USA.
Journaliste de formation, il est l’élève de Simmel en Allemagne. Il partage avec son maître ce souci du quotidien,
voire de l’anodin, qui se retrouve dans son travail et dans l’école de pensée qu’il crée, ainsi que la préoccupation
pour l’action réciproque et ses conséquences collectives. Beaucoup plus proche du terrain que tous les autres, Park
considère qu’il faut être dans l’action étudiée pour pouvoir espérer en rendre compte. Réfractaire à toute théorie a
priori, il impose à ses élèves de ne parler que de ce qu’ils connaissent de l’intérieur (ce qu’ils ont vécu). Son credo
repose sur l’observation la plus fine et la plus complète possible des sujets qu’il analyse. Il est le fondateur de
l’écologie urbaine ou école de chicago.
Parmi ces 8 pères fondateurs, seuls deux sont réellement sociologues : Park et Durkheim sont les seuls à enseigner la
discipline dans une université : Paris pour Durkheim, Chicago pour Park.
Durkheim est le père français d’une sociologie scientifiquement crédible, qui se détache à la fois de la philosophie
mais aussi de la théologie laïque ou de la morale qu’elle constituait sous la plume de Comte. Marqué par le caractère
moral et normatif du XIXème, il base sa morale sur une observation rigoureuse, c’est pour cette rigueur dans
l’observation et le lien systématique de l’observation à la théorie qu’il est connu.
Durkheim a publié 4 ouvrages : De la division du travail social (1893), Les règles de la méthode sociologique (1895), Le
suicide (1897), Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912).
Dans chacun de ses ouvrages, il veut allier théorie sociologique et recherche empiriques. C’est-à-dire explication et
observation, une explication généralisable basée sur une observation précise.
Pour lui, le problème central de la sociologie réside dans l’union des individus au sein de la société (= l’intégration
sociale). Dans cette perspective d’intégration, il fait de la société un objet autonome. Il va même jusqu’à affirmer que
la divinité est la société transfigurée symboliquement (= déification). Il défend la vision d’une composition sociale
attaquée par divers déchirements (à cause d’éléments qui se passent à l’époque comme l’industrialisation, l’affaire
Dreyfus, la Commune de Paris, etc). Il y a pour lui une nécessité de rendre compte des mécanismes de la cohésion
sociale et normative. Il s’inscrit dans la lignée de philosophes tels que Hobbes et Rousseau.
Ces 8 pères fondateurs peuvent être répartis en deux grandes catégories. D’une part la conviction que la société
préexiste aux individus, ce qui signifie que les individus sont déterminés par la société. C’est une vision structuraliste
et déterministe. Cette vision holiste se retrouve chez Comte, Durkheim, Marx et Pareto. D’autre part, les individus, par
leurs actions, génèrent le social. Le social est le résultat de notre action. Cette perspective, plutôt optimiste, est
importante actuellement (on croit que les individus, par leurs actions, peuvent changer la société). Cette vision
atomiste se retrouve chez Weber, Simmel, de Tocqueville et Park. La société détermine nos comportements, elle
amène les individus à une action particulière. Nous partageons une langue qui nous dépasse et qui nous impose un
type de parler, elle nous permet de nous comprendre. Si chacun inventait sa langue, personne ne se comprendrait.
Nous trouvons encore des preuves assez flagrantes de perspectives holistes dans notre société (les écoles). Comte,
Durkheim, Marx et Pareto étaient des holistes. Mais d’autres disent que cette langue, bien qu’elle n’ait pas été
inventée par nous, est entretenue par les hommes la pratiquant. C’est une vision atomiste, que Weber, Simmel, de
Tocqueville et Park partagent. Ce sont deux visions totalement opposées, les individus ont un rôle ou non, en fonction
des deux visions.
GILLART Ysaline
4. L’institutionnalisation de la sociologie
Il y eu trois penseurs de la sociologie, à la charnière des 19e et 20e siècles, alors qu’elle est en train de
s’institutionnaliser.
a) Émile Durkheim
Il est considéré comme l’un des plus grands fondateurs de la sociologie. Il enseignait la sociologie à la Sorbonne
(Paris). Il présente les premiers modèles d’étude sociologique réellement scientifique. Il démontre l’efficacité des
méthodes empiriques fondées sur des statistiques, des données quantitatives ou qualitatives pour la mise en
évidence des corrélations entre les phénomènes sociaux, et pour la recherche des causes, grâce à un appareil
théorique élaboré et des notions bien articulées. Après avoir étudié le suicide (voir plus loin), il forge la notion
d’anomie. C’est une situation dans laquelle l’acteur ne voit dans les questions qu’il se pose que des doutes. L’anomie
totale c’est ne plus rien connaître comme si les choses n’avaient ni début, ni fin, ni aucun sens.
Les idées essentielles de Durkheim sont les suivantes :
1. La sociologie est une science autonome dotée d’un objet et d’une méthode spécifique. Elle est donc en
compétition avec les autres sciences te les autres savoirs.
2. Le social ne peut s’expliquer que par le social. Les faits sociaux sont radicalement distincts des faits individuels
qui les constituent. Pour mieux faire comprendre le phénomène social, il compare les sciences physico-
chimiques à la sociologie. Il raisonne sur le corps humain : il ne comporte, du point de vue chimique et physique,
que des molécules de matière brute, en sorte que les phénomènes biologiques s’expliquent par des
phénomènes inorganiques. Si l’on considère l’association de toutes ces molécules, on trouve la vie. De même,
du point de vue sociologique, l’association des individus engendre une réalité nouvelle et c’est, par conséquent,
dans la nature de cette réalité et non dans celle des individualités qui la composent, qu’il faut trouver la cause
des faits qui s’y accomplissent
a. La distinction entre conscience collective et conscience individuelle. La conscience collective est
l’ensemble des idées communes à tous les membres d’une société. La conscience individuelle est
constituée d’opinions propres à un individu. Une société est construite sur la conscience collective. La
conscience collective permet de construire une société qui est différente de la somme de ses membres et
supérieure à chacun d’entre eux. Quelqu’un qui se base uniquement sur sa conscience personnelle est
incapable de vivre en société car la poursuite de ses intérêts propres ne peut aboutir à des liens sociaux
durables.
b. La division du travail affaiblit la conscience collective. Les individus exerçant des fonctions différentes
tendent à développer une conscience individuelle.
c. Le développement de comportements déviants. L’étude de Durkheim sur le suicide a permis de mettre en
évidence le lien entre l’affaiblissement de la conscience collective et le développement de comportements
« anormaux ».
- La morphologie sociale : étude de la manière dont les peuples s’approprie le sol. C’est une base géographique
de la population. L’étude de la population, sa densité, son volume, sa disposition sur le sol.
- La physiologie sociale : étude de la manifestation de la vie sociale. Étude dans différents domaines : sociologie,
économique, familiale, religieuse, art, ... .
- Sociologie générale : regroupe pleins de disciplines : histoire, géographie, religion, culture, ... pour en faire des
lois générales et scientifiques.
b) Max Weber
Il est le fondateur de la sociologie compréhensive. C’est une approche sociologique qui fait du sens subjectif des
conduites des acteurs le fondement de l’action sociale. Selon lui, les sciences humaines et les sciences naturelles ne
peuvent pas avoir la même vocation ni les mêmes méthodes. Il définit la sociologie comme une science qui se
propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par-là d’expliquer causalement son développement et
ses effets.
Selon lui, la sociologie ne doit pas chercher à expliquer les phénomènes qu’elle étudie par des causes ou par des lois,
mais plutôt à comprendre l’action sociale, à en saisir le sens. La méthode principale de cette sociologie est d’élaborer
des types idéaux.
GILLART Ysaline
1. La notion d’idéal-type. Il s’agit d’une construction épurée de la réalité qui sert d’instrument à la compréhension
de phénomènes sociaux. Le sociologue estime l’écart entre la réalité et ce « tableau imaginaire » qui a été
construit. C’est un tableau de pensée ou un modèle abstrait élaboré a partir de certains traits volontairement
accusés ou accentué d’un phénomène.
2. La pluralité des causes. Selon Weber, il n’y a pas qu’une seule cause à une situation socio-économique mais
plusieurs. Ces situations subissent l’influence conjuguées de causes partielles et de nature différente. Weber a
essayé de comprendre la relation qu’il pourrait y avoir entre le protestantisme et le capitalisme. Il remarque
que ce dernier s’est développé dans des pays à domination protestante (Allemagne, Angleterre). Il se demande
donc s’il y a un rapport entre les deux. Dans ces pays, il y avait, au fond, un état d’esprit capitaliste (utiliser ses
ressources – temps , capital et travail - de la façon la plus productive, être rentable, etc.). Pour trouver les points de
corrélation, il résume l’éthique protestante en 5 points :
a. Il existe un Dieu transcendant qui gouverne le monde.
b. Ce Dieu a prédestiné chacun au salut ou à la damnation.
c. Dieu a créé le monde pour sa propre gloire.
d. L’homme doit travailler à la gloire de Dieu en développant les activités humaines dans la société.
e. Les choses terrestres, en particulier le plaisir, appartiennent à l’ordre du pêché.
Ces préceptes ont conduit le protestant à être rationnel (ne pas perdre son temps à des activités futiles) puisque
la religion est très stricte. Vu qu’il n’y a pas de plaisir, naturellement on accumule du capital. Puisqu’on n’est pas
fainéant, on travaille pour quelque chose qu’on ne dépense pas. On ne sait pas si on a été élu ou pas, mais on
fait tout comme si c’était le cas. Il y a donc un lien, l’éthique protestante a bel et bien favorisé l’essor du
capitalisme.
Weber n’ignore pas les influences des facteurs économiques et matériels, mais il insiste surtout sur l’influence
des facteurs religieux (valeurs développées dans la diffusion de « l’esprit du capitalisme).
3. La sociologie compréhensive. Elle cherche à restituer le sens que les acteurs sociaux donnent à leurs activités
sociales. L’action de chaque individu s’ajuste et s’oriente en fonction de celle d’autrui. Pour comprendre l’action
sociale, le sociologue doit se baser sur sa propre expérience de la vie sociale. Weber propose donc une sociologie
subjective puisqu’il s’agit de comprendre le sens que chaque acteur donne à son action.
Il distingue 4 types d’action :
a. L’action traditionnelle qui s’identifie à une conduite purement machinale de type "on a toujours fait ainsi".
L’action s’appuie sur les coutumes et les habitudes.
b. L’action émotionnelle s’explique par l’état affectif ou l’humeur de la personne. Elle se manifeste par des
réactions instinctives, affectives ou passionnelles.
c. L’action rationnelle par rapport à une valeur peut paraître normale à certains et insensée à d’autres qui
ne partageraient pas cette valeur. Elle n’est pas irrationnelle pour autant. La rationalité intervient lorsque
l’on a connaissance des valeurs ou des systèmes de valeurs de l’individu agissant.
d. L’action rationnelle par rapport à un objectif ne peut se comprendre que grâce aux objectifs de l’individu
agissant.
4. Le processus de rationalisation. Pour Weber, les sociétés modernes se caractérisent par une généralisation de
la démarche scientifique et technique dans toutes les sphères d’activité. Le monde moderne est caractérisé par
la rationalité donc par conséquent, par un affaiblissement des valeurs. Mais comment une société en perte de
valeurs peut accepter un pouvoir politique dominant et contraignant ?
Il y a trois formes d’autorité, de pouvoir :
a. Domination traditionnelle fondée sur le respect des coutumes.
b. Domination charismatique résultant de la personnalité exceptionnelle d’un individu.
c. Domination rationnelle légale, caractéristique des sociétés modernes, qui suppose qu’il existe des règles
rationnellement établies pour accéder au pouvoir et un statut légal pour celui qui l’exerce.
5. La neutralité axiologique. C’est la séparation nette entre les jugements moraux propres au chercheur et son
analyse scientifique. Mais le sociologue n’est pas neutre, il n’est pas détaché de tout enjeux social. Il occupe une
GILLART Ysaline
position dans l’espace social, a une histoire, une trajectoire sociale, des gouts, des pulsons. C’est dans
l’utilisation rigoureuse de méthodes d’analyse que le sociologue pourra tenter d’atteindre une certaine
neutralité.
c) Vilfredo Pareto
C’est un professeur italien de sociologie à l’Université de Lausanne. Il définit la sociologie comme une discipline qui
étudie les actions humaines.
Il distingue les actions logiques, où il y a un lien, une réalité entre le but et les moyens de l’action, et les actions non
logiques, où le lien entre but et moyens n’existe pas, ce qui ne veut pas dire qu’elles soient illogiques.
Pour Pareto, les actions non logiques se différencient en 4 genres :
1. Les actions dépourvues de finalité objectivement et subjectivement (uriner dans la mer pour la faire déborder)
2. Les actions dépourvues de finalité objective mais qui ont un sens subjectif (danse de la pluie)
3. Les actions pourvues d’une finalité objective mais qui n’en ont pas subjectivement (réflexes physiques : cligner
des yeux). Les actes ont une finalité objective sans que celui qui les produit soit conscient de la relation entre les
moyens et les fins.
4. Les actions où il y a une correspondance entre le résultat, logiquement atteint, lié aux moyens employés et le
rapport conçu par l’acteur entre ces moyens et ces fins mais sans que les conséquences objectives
correspondent aux conséquences subjectives. Le résultat d’une action en est la conséquence prévisible, mais
contraire aux intentions de la personne agissante (finalité objective te subjective)
Selon Pareto, la tâche du sociologue est de voir les vrais mobiles appartenant aux actions sociales non logiques. Dans
son analyse le sociologue tentera de distinguer les éléments constants (résidus), c’est à dire qui renvoient à des
instincts, des « dérivation ».
population. Donc la population grandit, puisqu’on se reproduit énormément. Comme la population croît, on
doit se spécialiser dans certaines fonctions (notamment dans la construction de maisons). Les gens vont
également devenir mobiles, on va voir ailleurs, on se rend compte que ce n’est pas pareil et on va vouloir du
changement aussi. Sans guerre, ou avec des guerres uniquement entre militaires, la population continue de
grandir. C’est donc comme cela que l’on passe d’une société à solidarité mécanique vers une société à
solidarité organique.
Les règles de la méthode sociologique (1895). C’est le premier ouvrage qui propose une méthode de travail aux
sociologues. Ce travail est moins conséquent. Les règles qu’il propose sont inspirées de son époque. Aux yeux de
Durkheim, le fait social doit être considéré comme une chose à part entière. Ça signifie avant tout qu’il est extérieur
aux individus, en dehors de nous. Cette chose s’impose à eux. Les éléments qui nous sont extérieurs constituent
forcément une contrainte dans le mode de vie. Tout fait social doit être abordé de la même manière que nous
abordons une chose. Ce fait social va être marqué d’une certaine régularité et d’une certaine coercition (=
contrainte).
Exemple : à l’époque de Durkheim, ce ne sont pas nous qui nous marrions, c’est la société qui nous parie et décide de
nous marier. Aujourd’hui, la majorité des gens sont en couple avec des gens comme eux (niveau social, financier,
"race", etc.). Le fait social nous est extérieur, il est observable et coercitif, déterminant dans le comportement des
individus. Durkheim va développer 5 ensembles de règles:
1. Le fait social nous est extérieur, il est régulier, global et coercitif.
2. Il va distinguer le normal du pathologique. On s’intéresse à ce qui est anormal statistiquement, ce qui sort de
la norme. La pathologie chez Durkheim c’est donc l’étude de ce qui est hors des normes.
3. Durkheim va constituer des typologies, il va mettre ensemble des phénomènes qui ont des caractéristiques
similaires. Il va constituer des types de phénomènes différents au sein d’un même fait générique.
4. Il veut expliquer les lois du social et expliquer complètement la société.
5. Il veut trouver des règles qui vont prouver son raisonnement. Un phénomène observé plusieurs fois peut être
expliqué et considéré comme valable. C’est une vision faible des preuves.
Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912). La démarche de Durkheim est relativement cartésienne, il
découpe un phénomène pour essayer de le comprendre. Mais les religions sont bien trop complexes pour en
comprendre le mécanisme. On ne peut pas découper le phénomène religieux. La forme élémentaire de la vie
religieuse est le totémisme, c’est une version très simple dans laquelle chaque individu a un totem, qui est secret et
dans la nature. Les individus sont donc reliés à la nature. Si on coupe un arbre, on tue le totem de l’un d’entre nous.
On doit donc avoir un grand respect de l’autre et de la nature. Le totémisme fait donc la distinction entre le sacré et
le profane, ce qui est repris dans toutes les religions. On ne peut pas discuter du sacré. Les débats peuvent porter sur
le profane. Actuellement, en Occident, ce sacré est plutôt présent dans nos Droits de l’Homme que dans nos
religions, on ne peut pas discuter du premier mais bien du deuxième.
GILLART Ysaline
La question qui anime la réflexion de Durkheim est : par quels mécanismes les individus sont-ils intégrés à la société ?
Et corollairement, sous quelles conditions leurs activités sont-elles compatibles avec le maintien d’un ordre social
cohérent ?
Pour Durkheim, le problème central est le rapport entre les individus et le collectif, le rapport des individus au
groupe. C’est autant un problème scientifique qu’un problème concret de gestion quotidienne. Face à cette question
impliquant la société dans sa globalité, Durkheim choisi de s’intéresser au suicide.
À cette époque, le suicide est « à la mode », on réfléchit beaucoup dessus. Dans la période romantique, le suicide est
tout à fait normal. Le suicide est analysé et comptabilisé tout au cours du 19e siècle. La gestion démographique
dépend ici de l’État et non plus de l’Église. Avant la Révolution française, c’était l’Église qui tenait les registres de la
population via les baptêmes et les funérailles. Après, c’est l’État qui tient les registres des naissances et des
migrations pour pouvoir surveiller les personnes existant et leur demander des impôts. C’est aussi important de
savoir qui sont les gens qui disparaissent et comment ils disparaissent (mort, meurtre, suicide). Cette analyse du
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suicide par les démographes et les statisticiens produit une série d’informations assez étonnantes.
Le taux de suicide est, d’année en année, stable. On sait imaginer à l’avance combien de personnes vont se suicider
durant l’année. Cette stabilité est présente dans tous les pays mais différente entre eux. Au 19e siècle, le taux reste
stable mais est très légèrement croissant. Cet accroissement est relativement stable dans tous les pays, que les taux
soient faibles ou élevés. C’est assez étonnant de voir cet accroissement partout, tout en sachant que le suicide est
quelque chose de totalement individuel. Le suicide est un aspect pathologique des sociétés modernes car un y a un écart par
rapport à la norme statistique .
Il y a un taux de suicide générique, mais il y a aussi des spécificités :
- Protestants > catholiques > juifs
- Homme > femme
- Célibataires > mariés > mariés avec enfants
- Vieux > jeunes
- Journées longues (été) > journées courtes (hiver)
- Jour > nuit
- Début de semaine > fin de semaine
- Europe : grande agglomération > petite agglomération
- Dépression économique ou prospérité > stabilité,
- Stabilité > guerre, crise politique
Et cela observable dans tous les pays depuis le 19e siècle jusqu’à maintenant. Pour Durkheim, le suicide correspond
trait pour trait à la description de fait social. C’est une chose extérieure aux individus, qui s’impose à eux et qui
s’observe à travers le temps. Le suicide répond à des régularités génériques ou spécifiques en fonction des catégories.
Il n’y a pas de coordination extérieure pour le suicide. C’est bien la contrainte sociale qui amène les gens à se suicider.
Durkheim parle du suicide parce qu’il veut prouver son point de vue holiste. Il a connaissance de l’ensemble des
régularités du suicide, qui sous-entendent que c’est un fait social. C’est donc pour ces raisons que Durkheim
l’analyse.
Son point de départ c’est de définir le suicide. Il le fait en 2 temps, d’abord il définit le suicide et puis ce dont il parle
vraiment, les taux de suicide. Il ne s’intéresse donc pas aux personnes qui se suicident, mais plutôt aux taux de
suicide. C’est une perspective sociologique, Durkheim est assez indifférent par rapport aux humains lambda, il
cherche vraiment à comprendre le groupe, non pas les individus. Il veut sauver la société, pas les individus les uns
après les autres.
/ ETAPE 1 / La définition du suicide selon Durkheim est « tout acte positif ou négatif causant directement ou
indirectement la mort de l’individu, du sujet et dont celui-ci savait que son acte produirait cet effet ». Pour qu’il y ait
suicide, il faut qu’il y ait un mort. Il ne s’intéresse donc pas aux tentatives, mais bien aux cas de mort.
L’acte positif veut dire que l’on a fait quelque chose (se pendre, se couper les veines, etc.) et l’acte négatif signifie
que l’on a décidé de s’abstenir de faire quelque chose (se laisser couler avec son navire, par exemple).
L’acte posé peut être immédiat (se tuer directement) ou non-immédiat (arrêter de prendre ses médicaments).
Enfin, on dit que c’est un suicide seulement si la personne a posé un acte, tout en sachant que cela allait le tuer.
Cette définition de Durkheim assez précise élimine un certain nombre de cas que l’on pourrait croire pour des suicides
(se prendre pour un oiseau et sauter de la fenêtre en étant sous LSD). Mais cette définition n’était pas prise en
compte par l’État dans les registres des suicides, donc les taux qu’analysaient Durkheim ne correspondaient pas
forcément à sa définition.
/ ETAPE 2 / Durkheim se demande ce que d’autres personnes ont pu apporter comme explication à cette régulation
des taux de suicide. Il va s’intéresser à 3 cas, 3 explications.
1. La première explication est celle de Gabriel Tardes. Il va parler des foules qui réagissent au comportement d’un
leader. Selon sa pensée, le suicide proviendrait simplement de la reproduction par d’autres de l’acte posé par
une première personne. Selon Durkheim, l’imitation/la contagion ne répond pas aux règles du positivisme, on
ne peut pas l’observer. Il faut d’abord redéfinir l’imitation, mais de façon observable. Pour Durkheim, ça se
rapproche de la contagion qui, elle, est réellement et même spatialement observable. Il a répertorié les
suicides sur une carte. On voit que les suicides sont plus fréquents en ville, mais il n’y a pas de « schéma » de
contagion. Il invalide donc l’hypothèse de départ. Toute théorie doit être approuvée dans la réalité.
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2. D’autres intellectuels du 19e siècle expliquent que le suicide serait une tare héréditaire, ce serait génétique.
Durkheim va constater que plus on est vieux, plus on se suicide. Comment se fait-il donc qu’il faille attendre de
vieillir pour se suicider ? En darwinien, Durkheim se dit que ce que l’on sait c’est que l’hérédité se fait en
fonction des races et que donc le suicide devrait décroître. Si le suicide était héréditaire, on se suiciderait au
plus vite, avant même de faire des enfants. Les gènes du suicide disparaitraient donc très rapidement. La
génétique ne joue donc pas sur le taux de suicide.
3. Enfin, Durkheim va aborder une autre théorie amenée par l’école de Charcot. Celui-ci travaillait en
psychiatrie et tentant de sauver des gens. Il eut comme disciple Sigmund Freud. Charcot décrit la maladie
mentale comme une hystérie. Celui qui se suicide serait un malade, atteint d’hystérie ou de psychose.
Durkheim s’étonne que la maladie mentale se retrouve plus souvent chez les femmes que les hommes. Mais il
n’y a pas d’éléments pour confirmer ou infirmer cela.
Au final, Durkheim arrive à la conclusion qu’aucune des explication ne correspond à la question qu’il se pose et que
c’est lui-même qui doit expliquer la régularisation de ces taux car aucune théorie n’y répond.
/ ETAPE 3 / Enfin, Durkheim va ranger les différents taux de suicides dans différentes catégories. Il va faire une
typologie (= ensemble de catégorie qui permet de ranger, classer, mesurer le phénomène auquel on est confronté.
Ensemble ces catégories confrontent à l’ensemble du phénomène) des taux de suicide.
Il y a 4 types de taux de suicide :
1. Durkheim fait un lien entre le taux de suicide et les cadres sociaux intégrateurs qu’il voit dans la religion et
dans la famille. L’égoïsme selon Durkheim, c’est celui qui se retrouve rejeter d’un groupe, qui se retrouve
insuffisamment intégré, replié sur lui-même, détaché de la société des autres et qui se supprime égoïstement
par une individualisation excessive. Le taux de suicide égoïste, c’est le taux de suicide croissant avec l’âge et
avec la solitude. L’égoïste est solitaire. Pour Durkheim, ce n’est pas volontaire.
Ce taux de suicide paraît relativement stable au court du temps. Le suicide égoïste n’est pas pathologique.
C’est à dire qu’il ne s’écarte pas des normes statistiques. Ce n’est donc pas celui-ci qui doit attirer son
attention.
2. Dans le suicide altruiste, le suicide serait dû à une complète disparition de l’individu dans le groupe, l’individu
se tue en suivant les impératifs sociaux, la totale intégration de l’individu dans le groupe est alors la raison de
son sacrifice à la communauté. Cela correspond aux taux de suicide où les politiciens et les magistrats se
suicident plus. Par exemple : un militaire se jetant sur une grenade prête à exploser met fin à sa vie pour le
groupe. Durkheim, lui, prend l’exemple de l’époux indou qui meurt et son épouse l’accompagne sur le bûcher
(c’est une tradition indou). Il y a bien l’idée que ce n’est pas pour son mari, mais par fusion avec lui, elle n’est
plus une femme, elle est une partie de son mari, elle est le deuxième membre de ce groupe. Pour les indous,
ce n’est pas un suicide, pour Durkeim oui (car dans cette caste la, elle est consciente que se marier avec son
mari signifie de mourir avec lui) et pour d’autres c’est un meurtre. Du coté altruiste, le taux de suicide est
assez bas car il concerne un frange extrêmement petite de la société. Ce taux de suicide n’est donc pas
pathologique.
3. Le type de suicide anomique est un suicide qui provient de l’absence/privation de sens, de valeurs et de règles.
C’est l’exact contraire du suicide fataliste. Il n’y a pas de règles à cause de la solidarité organique. Nous avons,
certes, besoin des uns des autres (médecin – plombier), mais la société ne nous impose pas de valeurs
particulières, de normes, de sens ou de représentation du monde. On peut choisir nous-mêmes, faire ce que
l’on veut. La société ne nous contraint en rien. Il y a une absence de règles pour l’individu car la société en
propose de trop. L’individu est alors perdu, il se retrouve dans une situation inconfortable justement parce que
il doit faire ses choix.
C’est le seul que Durkheim analysera vraiment, il le considère comme pathologique (en dehors des normes),car
au 19ème siècle ce type de suicide est révélé par la corrélation entre la fréquence des suicides et les phases des
cycles économiques. Les crises/croissances déséquilibrent l’harmonie entre les besoins et les moyens des
individus ; ce dérèglement des passions, cette indiscipline, cette crise des valeurs (c’est-à-dire cet état
d’anomie) induit une précarité sociale expliquant l’accroissement du taux de suicide.
Anomie = toutes les valeurs nous sont offertes et nous avons le choix, et par ce trop-plein de choix, on ne
choisis pas.
4. Durkheim a moins parlé de ce type, car cela n’existait pas trop à son époque. C’est une idée visionnaire qui est
très présente actuellement au 21e siècle. Le type de taux fataliste est le suicide qui proviendrait de la
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disparation de mes représentations, de mes valeurs au profit des représentations du groupe. Ce taux de
suicide résulte d’un excès de règlementations, d’une régulation normative trop forte mettant l’individu dans
une situation sans issue. Il provient du fait qu’on ne peut pas faire autre chose que ce que le groupe nous
permet de faire, on n’a pas d’autonomie, on est soumis au groupe (exemple : les kamikazes, les sectes).
Durkheim donne l’exemple du suicide des esclaves par rébellion, ils se révoltent contre le maître et finissent
pendus.
/ETAPE 4 /. Durkheim va développer une théorie générale du phénomène. Il va parler d’une loi.
Il va parler de loin formuler les résultats en termes explicatifs. Le taux de suicide décroit dans la mesure où les
individus sont intégrés à des ensembles sociaux par des liens forts et permanents. Il s’agit donc bien d’un
phénomène individuel aux causes sociales, le taux de suicide varie socialement en fonction des groupes et des
temps. Durkheim prouve ainsi le caractère hétérogène de la société face aux individus.
Sa vision des choses est donc holiste. Pour lui, seul la société est responsable du suicide, l’individu ne pouvant lutter
contre ces facteurs extérieurs. C’est le degré d’intégration au groupe qui va déterminer le taux de suicide, fort et
croissant si l’intégration est trop faible ou excessivement forte, faible et stable si l’intégration est d’un juste niveau.
L’explication sociologique :
Le travail de Durkheim sur le suicide compare dans différentes statistiques portant sur le suicide les écarts relatifs
des variations de taux. Durkheim essaie d’établir un lien entre le suicide égoïste et l’appartenance religieuse. Il
constate que le taux de suicide est faible dans les pays catholiques et très élevé dans les pays protestants. La
comparaison doit se faire entre des contextes socio-économiques identiques. Il va donc étudier cela en Allemagne,
parce qu’il existe des länder catholiques et d’autres protestants. Il va s’intéresser à l’influence de la religion sur la
fréquence de suicide et ce sont les protestants qui se suicident le plus.
Durkheim est sûr que la régularité des taux va s’expliquer par le social, le facteur d’intégration dans les groupes. Il a
une explication sociologique. Ça ne repose pas sur les motivations individuelles mais sur le comportement des
groupes où il y a des personnes qui posent des actes.
On peut critiquer cette démarche. Il y a des éléments problématiques :
- Vouloir absolument donner une solution (côté 19e siècle de D.)
- Le rapport à sa définition : personne ne l’a utilisé pour nommer un suicide
- Soit il y a une lacune dans les données, soit une inutilité
- Les variations de taux entre les différentes catégories sont parfois trop minimes
- Il fait des erreurs d’imputation
Travail intéressant, rigoureux mais certaines erreurs
- Sa première explication est le fait d’être minoritaire. Les minorités se suicideraient moins. Sauf que les
protestants en minorité dans des pays catholiques, comme l’Italie, se suicident quand même toujours plus que les
catholiques, majoritaires.
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- L’explication se trouverait alors dans la religion elle-même. Les deux religions prohibent le suicide, ce n’est donc
pas simplement dans leurs dogmes respectifs que l’explication peut se trouver. La différence entre le
catholicisme et le protestantisme est la place accordée au libre arbitre, faible dans le catholicisme, centrale dans
le protestantisme. Cette place accordée au libre arbitre constitue une importante production d’individualisation.
La pensée individuelle a pour conséquence une intégration moins grande de l’individu au groupe et ce défaut
d’intégration explique le taux de suicide plus important chez les protestants. Donc, le libre examen diminue la
cohésion sociale par la religion puisqu’elle subit un ébranlement de la croyance systématique et permet donc un
accroissement du taux de suicide.
- La première critique négative porte sur la conséquence tirée de l’analyse qui est trop vieillotte et trop morale
pour notre vision actuelle de la science. Durkheim propose des solutions normatives non avérées, qui ne
constituent pas un élément de la démarche scientifique mais un élément de sa démarche personnelle (qui
cherche à éliminer la pathologie sociale). La proposition des corporations n’a jamais été mise en œuvre ce qui
en montre au moins le caractère relatif, voire paradoxalement (par rapport au holisme) l’élément plus individuel
(contingent) que social (déterministe).
- Une seconde critique négative porte sur la définition même de suicide que Durkheim propose. Elle est inutile
puisqu’il se sert des statistiques officielles qui ne reflètent que les définitions communes du phénomène.
- Une troisième critique porte sur les statistiques utilisées, qui sont fort incomplètes. Elles ne portent que sur des
déclarations, ce qui implique un biais. Qui plus est, elles ne portent que sur de petits nombres (un fin
pourcentage de la population). Ce qui fait que les covariations qu’analyse Durkheim sont peu significatives. De
plus, il néglige les effets de structure masqués dans les statistiques. Un effet de structure est l’expression dans
un chiffre rendant compte d’un fait d’une réalité toute autre, inobservée, mais qui structure le fait observé. La
carte que Durkheim dresse masque et transporte une distribution influencée strictement par l’âge ; les
différents départements ont une structure des populations spécifique.
- On peut remarquer une confusion éventuelle dans es variables. Durkheim prend la religion comme indicateur de
cohésion sociale, les protestants se suicidant plus que les catholiques dans les mêmes länder allemands, mais il
ne tient pas compte de la distribution des religions dans ces länder. Les protestants habitent en ville alors que
les catholiques constituent une population avant tout rurale. Cette restriction porte cependant plus sur le choix
de l’indicateur que sur la démarche elle-même puisque nous pourrions refaire le même raisonnement en
prenant alors comme indicateur l’urbanité ou la ruralité sans remettre en cause l’élément central de différentiel
de cohésion sociale.
Les critiques positives visent elles la méthode suivie (démarche scientifique). Il développe une démarche
sociologique en essayant de dépasser l’évidence et d’avoir une compréhension globale du phénomène social. Il
décrit une nouvelle perspective du suicide. Si le point de vue n’est plus toujours en accord avec celui de Durkheim,
ou que les résultats ont évolué avec le temps, l’exigence méthodologique de la sociologie et la démarche sont-elles
conservées.
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Durkheim cherche des indicateurs de cette variable inobservable que constitue l’ajustement du comportement
à des valeurs et normes collectives. Il trouve ces indicateurs dans la religion et la famille qui constituent autant
de cadres intégrateurs. Nous sommes alors dans ce que Durkheim appelle une solidarité organique ; à l’image
d’un corps, lorsque la société est plus nombreuse et plus dense, les différents éléments la composant se
différencient. Cette division du travail social accroît l’interdépendance des individus et leur non substituabilité.
Chacun possède une fonction propre et tous sont nécessaires à la collectivité. Ils deviennent complémentaires,
seule cette complémentarité fonde le consensus nécessaire au maintien du social.
- De l’autre côté de l’axe, nous avons l’adaptation aux normes sociales. On est sur l’axe de la démonstration.
L’interaction normative (des valeurs) évolue entre anomique/fatalisme.
Le pôle fataliste est l’enfermement de l’individu dans la contrainte des valeurs et normes sociales qui
enferment l’individu dans une situation sans issue. Ici aussi, nous sommes dans une solidarité mécanique où
les valeurs sont partagées et reconnues, les normes limitent l’autonomie de l’individu.
Le pôle anomique, au contraire, est synonyme d’une absence de règles claires et contraignantes.
L’individu, libre, est privé de tout repères. C’est ici une solidarité organique.
On peut résumer le tout comme suit :
Suicide égoïste
Suicide altruiste
Durkheim a construit ces 4 pôles et en arrive à la conclusion que le taux de suicide sera plus ou moins grand en fonction
de l’interaction qui sera plus ou moins grande. En général, on peut conclure que le taux de suicide est plus fort si on
est mal intégré dans un groupe ou dans des normes.
Durkheim cherche des indicateurs de cette variable inobservable que constitue l’ajustement du comportement à des
valeurs et normes collectives. Il trouve ces indicateurs dans la religion et la famille qui constituent autant de cadres
intégrateurs. Nous sommes alors dans ce que Durkheim appelle une solidarité organique ; à l’image d’un corps,
lorsque la société est plus nombreuse et plus dense, les différents éléments la composant se différencient. Cette
division du travail social accroît l’interdépendance des individus et leur non substituabilité. Chacun possède une
fonction propre et tous sont nécessaires à la collectivité. Ils deviennent complémentaires, seule cette
complémentarité fonde le consensus nécessaire au maintien du social.
Les types qu’il esquisse (égoïsme, altruisme, anomie et fatalisme) peuvent décrire d’autres éléments du quotidien.
Dans monde moderne, l’anomie caractérise le mal-être de nos contemporains, la désintégration des cadres sociaux
et des lois collectives qui semble nous entourer.
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Ce travail de Durkheim marque le passage d’une discussion sur le social à une analyse empirique de faits sociaux
(constat empirique) et ensuite à la construction d’une théorie sociologique (conceptualisation abstraite). La
généralisation que Durkheim fait est conceptualisée.
Le concept Durkhemien permet la description d’autres phénomènes sociaux. L’intégration sociale et normative
constitue une « théorie », c’est-à-dire un outil permettant la description efficace d’une série de situations sociales.
La sociologie est à l’image, non du contenu de l’analyse de Durkheim, mais de la démarche qu’il met en œuvre. C’est
dans cette rigueur méthodologique, dans cette volonté descriptive mais aussi dans cette volonté de constituer les
faits et non de rendre compte simplement de la réalité qu’elle trouve son originalité et sa force.
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7. La sociologie américaine
a) L’école de Chicago
La sociologie américaine est une sociologie du quotidien, basée sur une sociologie urbaine, la déviance, les
organisations et le travail. Cette sociologie est née dans le cadre de l’école de Chicago. Elle se base sur des
expériences sociologiques comme la méthode monographique qui n’existait pas et qui a été développée par la suite.
L’école s’est développée à partir des années 1890. En 30 ans, la population de la ville de Chicago a augmenté de
600%, du a des migrations venues d’Europe. La ville était en perpétuel chantier. Et pendant des années, se sont
côtoyés des quartiers très pauvres et des gratte-ciels et magasins de luxes. Les quartiers sont, dans un premier
temps, des quartiers qui se singularisent par une appartenance ethnique très forte. La sociologie doit alors penser à
partir du terrain les politiques d’intégrations. Pour les sociologues de l’école de Chicago, c’est ce qui va permettre
d’étudier l’homme. La sociologie devient un outil qui permet de se dégager d’une démarche spéculative pour
s’intégrer davantage dans une démarche sociale.
L’école est souvent associée à l’écologie urbaine, c’est-à-dire à l’analyse minutieuse des interdépendances existant
entre les hommes et leur milieu. Le concept fondamental est celui de communauté écologique. La méthode privilégiée
est alors l’étude de communauté. On étudie une ville, un quartier, une communauté ethnique concentrée
géographiquement (ghettos), en combinant diverses techniques destinées collecter des informations.
La sociologie empirique va se développer notamment avec William Isaac Thomas, ou encore avec Robert Park.
Les thèmes majeurs de l’école de Chicago sont les suivants :
1. Le paysan polonais : L’ouvrage de Thomas et Znaniecki est un ouvrage important qui raconte l’histoire d’un
paysan polonais. Thomas et Znaniecki inaugure une longue série d'études sur le processus de migration et
d'assimilation. Monographie décrivant la migration Pologne-Etats-Unis comme une suite de désorganisation et
réorganisations successives. Il distingue la désorganisation sociale (déclin collectif des valeurs) de la "démoralisation",
qui caractérise la déviance individuelle. Ces notions constituent une nouvelle approche des phénomènes sociaux: elle
s'oppose aux conceptions racistes qui attribuent les différences de comportements à des différences biologiques
entre les ethnies et les races.
Le paysan polonais est un ouvrage en 5 volumes très dense. Le 3 e tome est consacré à Vladeck qui arrive dans
l’école de Chicago et vient vendre son histoire pour quelque cents. Il vient d’un village polonais. Il est issu
d’une famille de 10 enfants, son père est aubergiste. La famille est dans une classe intermédiaire, ils ne sont
pas pauvres mais ne font pas partie d’une classe bourgeoise non plus. Il part faire un apprentissage dans une
boulangerie. Son premier patron est un ivrogne qui frappe ses ouvriers. Il trouve du travail dans une
boulangerie polonaise à Chicago. Il finit par épouser une jeune fille polonaise vivant à Chicago comme lui. Il perd
son travail et sa femme le quitte. C’est dans cette errance qu’il tombe sur l’annonce de l’école de Chicago.
L’histoire de Vladeck permet d’essayer de dégager des types d’immigrés qui sont liés à des comportements ou
des habitudes.
Il y a 3 types d’immigrés :
a) Le philistin est conservateur avec des règles bien fixées. Quelqu’un qui part de son pays et emporte
avec lui tout son bagage culturel. Il est très difficile pour le philistin de s’intégrer.
b) Le bohème est ouvert au changement. Le changement ne vient pas de lui mais il s’adapte aux coutumes et
habitudes. Il se laisse généralement influencer par les autres.
c) Le créatif s’intégrera le mieux. Et porte en lui ses propres valeurs et projets, qui ne sont pas commandés
de l’extérieur. C’est un innovateur. Souvent quelqu’un perçu comme ayant une forte valeur ajoutée dans
le pays d’accueil.
Certains cherchent à se raccrocher au mode de vie traditionnel et d’autres à monter l’échelle sociale. Chaque
individu a sa propre trajectoire. Chaque individu est tiraillé entre ces 3 types d’attitudes et parfois le regard des
autres va faire qu’on se réfugie dans une des catégories plutôt qu’une autre.
2. Les minorités raciales et ethniques : On sort de la notion de race qui prévalait jusque-là. Les sociologues
américains ont plutôt mis en évidence des phénomènes de socialisation. Pour les sociologues de Chicago, le
problème des noirs n’était pas différent de celui des migrants, il s’agissait à chaque fois de groupes marqués
par une différence et promis à l’acculturation, puis à l’assimilation à la société américaine. Cette population-là
s’assimilera et épousera les valeurs américaines. Mais l’acculturation n’élimine pas les motifs des conflits.
3. L’homme marginal : Directement en rapport avec les migrations, l’objet d’étude devient celui de « l’homme
en marge » (correspondant aux migrants de la 2e génération). En raison de leur double appartenance,
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hommes vraiment puissants exercent, en première instance, leur pouvoir. Le pouvoir individuel se base sur le
pouvoir institutionnel.
Deux facteurs qui favorisent l’homogénéité des élites :
a) Facteurs sociaux et psychologiques. Les élites ont la même origine sociale, le même milieu social, le même
cursus scolaire dans les collèges privés, des modes de comportement et personnalité similaires, les mêmes
valeurs et mêmes intérêts, le sentiment d’appartenance à la même classe sociale, conscience de classe,
échange mutuel dans les postes et positions dirigeantes entre les membres des trois élites (politiques,
militaires et économique), ....
b) Facteurs institutionnels. Il y a des échanges et une circulation entre les trois groupes d’élites, des réseaux
de contacts institutionnels et personnels, coïncidence des intérêts institutionnels et personnels.
3. Une sociologie critique
Le rôle du sociologue est moins d’expliquer les faits que de tenter une approche critique de la manière dont ils
s’agencent et forment la réalité sociale dans le but de favoriser une prise de conscience individuelle des enjeux
collectifs et des problèmes sociaux, afin de les résoudre.
2. L’interaction
Les modalités de l’interaction sont considérées comme un mécanisme fondamental du fonctionnement de l’ordre
social. Il s’agit, par le respect d’un ensemble de règles codifiées (politesse, tact, etc.) de préserver l’identité sociale de
la personne avec laquelle on entre en relations :
- les rituels d’accès commandent la façon d’aborder autrui et marque le souci de préservation de son territoire
(« veuillez m’excuser », « puis-je me permettre », etc.) ;
- les rituels de confirmation garantissent l’identité des acteurs (faire preuve de référence en installant un invité
à la place d’honneur) ;
- les rituels de réparation font leur apparition lorsqu’un individu commet une erreur menaçant l’issue de
l’interaction (excuse, le rougissement, etc.).
L’organisation sociale ne s’impose donc pas aux individus « mécaniquement », au contraire, ils contribuent à leur
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manière et le plus souvent sans y prêter attention à sa perpétuation à travers l’ensemble des interactions qui les
mettent en relation.
3. L’analyse dramaturgique
Souvent, quand on rencontre quelqu’un, on cherche à donner une bonne image de nous, à plaire. C’est ce qu’on
appelle la façade. Goffman soutient que la vie sociale est comme un théâtre, avec des scènes, des coulisses, chacun
jouant un rôle particulier qu’il essaie de respecter. Mais on n’a pas qu’un seul rôle dans notre vie, cela dépend des
circonstances. Les rôles peuvent dépendre d’une certaine mise en scène (dans les soirées mondaines). Lorsqu’on est
soi-même, on est dans les coulisses. Lorsqu’on change de position dans la société, on change de rôle.
Il y a différents rôles :
1. Franc : on se met en évidence, on est acteur ou public. Il se joue sur scène ou dans la salle. C’est un rôle
imposé par des contraintes.
2. Comparse : on est mis à l’arrière pour appuyer le rôle de l’autre. C’est un rôle d’un amoureux ou de quelqu’un
très hypocrite.
3. Public : on aime ou on n’aime pas, on applaudit ou pas. On regarde la personne qui est sur scène. Il donne
écho au rôle franc.
4. Non-personne/non-être : quand un couple fait l’amour dans un cinéma, ils considèrent les autres spectateurs
comme faisant partie du décor, comme des non-être, étant innutile.
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8. La sociologie française
2. La société industrielle.
Elle est une réalité vécue des économies contemporaines, qu’elles soient planifiées ou de marché. Les
caractéristiques principales des sociétés industrielles sont la grande entreprise, la priorité accordée à la croissance de
la production et la productivité.
Raymond Aron établit également un modèle type de la société industrielle :
1. Il y a une séparation radicale entre l’entreprise et la famille, ce qui veut dire que les activités de production et
de consommation, le travail et les loisirs sont totalement distincts.
2. Le travail est divisé d’une façon particulière selon les exigences technologiques. Chaque innovation
technologique modifie l’organisation du travail. C’est le travail à la chaîne, chacun fait une activité spécifique
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1. L’individualisme méthodologique
Boudon est un des pères de l’individualisme méthodologique. Il essaie de comprendre comment on arrive à des
phénomènes méthodologiques en additionnant des actions individuelles. L’individualisme méthodologique pose
comme principe que la société n’est que la production collective d’individus plus ou moins autonomes et rationnels
(plus ou moins consciemment). Cela signifie qu’il n’existe pas de lois sociales générales gouvernant les
comportements humains, ni de déterminisme. C’est donc compliqué pour chaque individu de comprendre des choses
qu’il ne peut pas faire. Chaque individu raisonne de son côté et conjugue son action à celles des autres, sans qu’il y
ait eu ni concertation, ni influence sociale quelconque. Les faits sociaux ne sont interprétables qu’à partir d’éléments
strictement individuels et ne peuvent être assimilables à aucune force contraignante. Il n’y a donc que la seule
volonté de l’individu cherchant à atteindre un objectif dicté par des mobiles utilitaires.
Les acteurs sociaux prennent des décisions dans un cadre social, une culture, à une époque déterminée. Les valeurs
morales de référence des acteurs sociaux ne sont pas pour autant relatives (relativisme culturel). Les valeurs morales
sont universelles et se développent de façon irréversible.
Si les acteurs sociaux se déterminent en fonction de valeurs ce n’est pas pour autant sans intérêt car ils se
déterminent des bonnes raisons de croire en leur valeurs. Il y a cependant un homo économiste libéral, qui agit par
intérêt et l’homo sociologique qui agit par habitude, en fonction de ses valeurs.
L’individualisme méthodologique repose sur deux axiomes fondamentaux :
- on ne peut expliquer les phénomènes sociaux qu’à la condition de partir des individus, de leurs motivations et
de leurs actions ;
- les individus sont rationnels. La rationalité, selon Boudon, signifie qu’une action est rationnelle pour peu
qu’elle soit orientée par un intérêt, une valeur ou même une tradition. L’action d’un individu est rationnelle si
celui-ci a de bonnes raisons d’agir. La rationalité est également située, ce qui signifie que les individus
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1. Le structuralisme constructiviste
Sa sociologie est ce qu’on appelle du structuralisme constructiviste. Les structuralistes considèrent la société en
bloc et la divise en classes sociales. Ces classes sociales sont déterminées et les instances dominantes reproduisent
l’ordre établi qui les avantage. La société n’est pas réformable de l’intérieur. Chaque classe souhaite préserver sa
propre culture, c’est donc compliqué de changer ou de monter dans cette société de classes. Elle est figée.
Bourdieu rajoute que dans la société, il y a des dominés et des dominants, c’est un fait qui n’est pas changeable. Dans
toute société humaine, la hiérarchie humaine se fait à travers ce fait. Les dominés et dominants ne sont pas
forcément liés à leurs classes sociales. Il faut considérer la société comme une succession de champs (artistique,
médical, etc.) où chacun a sa place. Cependant l’individu possède une marge d’autonomie à l’intérieur de ces
champs, sous-ensembles de l’espace social à l’intérieur desquels s’exercent des processus de compétition.
Bourdieu essaye de concilier l’objectivisme des structures sociales indépendantes de l’action des agents et le
subjectivisme de ces mêmes agents, c’est-à-dire leur mode de pensée, leurs intentions, leurs action. Une notion
importante de Bourdieu est l’habitus. L’habitus est une sorte de relai entre l’objectivisme et le subjectivisme.
L’abribus est ce que l’on a acquis, mais qui s’est incarné de façon durable dans le corps sous forme de disposition
permanentes. L’habitus c’est les structures sociales de notre subjectivité, qui se constituent d’abord au travers de
nos premières expériences (habitus primaire), puis de notre vie d’adulte (habitus secondaire). C’est un système
mental de dispositions durables à travers lesquelles les agents perçoivent et apprécient le monde environnant, une
sorte de grammaire ou de matrice des comportements. C’est la façon dont les structures sociales s’impriment dans
nos têtes et nos corps par intériorisation de l’extériorité. L’habitus consiste en des dispositions durables et
transposables. C’est différent de l’éthos, qui est le caractère de l’individu.
1. Dispositions, c’est-à-dire des inclinaisons à percevoir, sentir, faire et penser d’une certaine manière,
intériorisées et incorporées, le plus souvent de manière non consciente, par chaque individu, du fait de ses
conditions objectives d’existence et de sa trajectoire sociale.
2. Durables, car si ces dispositions peuvent se modifier dans le cours de nos expériences, elles sont fortement
enracinées en nous et tendent de ce fait à résister au changement, marquant ainsi une certaine continuité dans
la vie d’une personne.
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3. Transposables, car des dispositions acquises dans le cours de certaines expériences (familiales par
exemple) ont des effets sur d’autres sphères d’expériences (professionnelles par exemple), c’est un premier
élément d’unité de la personne.
. Une théorie générale de la domination. Cette théorie est indissociable de la précédente dans la mesure où le
pouvoir s’inscrit dans ces pratiques.
. Une démarche méthodologique originale qui tente de dépasser l’opposition entre l’objectivisme et le
subjectivisme.
. Une approche particulière des classes sociales. La satisfaction sociale est un « superchamp » qui par effet de
superposition reproduis la bipolarité des lites propres aux champs particuliers. La lutte des classes au niveau social
reflètent les luttes des fractions au niveau des champs particuliers.
Cette violence symbolique vise à empêcher toute révolution ou tout changement radical de structure, sans que cela
ne signifie que la société reste immobile. Les acteurs peuvent toujours ajuster leur stratégie, à l’intérieur d’un
champs donné, par l’utilisation des capitaux dont ils disposent et le faire évoluer.
d) Claude Lévi-Satrauss(1908-2009)
Lévi-Strauss est le père du Structuralisme en sciences sociales. Il n’est pas un sociologue en tant que telle, c’est un
anthropologue. Il définit une structure comme un système dont les propriétés sont indépendantes des éléments qu'il
renferme. Il a écrit « Les structures élémentaires de la parenté ». Cet ouvrage part de l'idée que la prohibition de
l'inceste est présente, sous des formes différentes, dans toutes les sociétés humaines. C. Lévi-Strauss en considère
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l'effet positif: celui d'avoir à échanger avec autrui. C. Lévi-Strauss y voit l'acte fondateur par lequel les sociétés
instituent la culture et s'arrachent à la nature.
Les mathématiques sont au service des sciences sociales. Chez C. Lévi-Strauss, l'appel aux mathématiques ne vise
pas l'usage de statistiques. C'est une façon d'illustrer la rigueur logique de certaines règles de construction des
systèmes qu'il décrit.
Son hypothèse centrale est que l’acteur n’existe pas sans le système (social), mais le système n’existe pas sans l’acteur.
Tout ce que nous faisons se situe toujours dans un cadre un minimum structuré. Mais il faut que tous les acteurs
soient présents pour que le système existe. Dans toutes les organisations structurées, il y a des règles pour assurer le
pouvoir de certains. Dès que le pouvoir voit que quelqu’un essaie de s’immiscer dans des interstices, il émet de
nouvelles règles pour refermer l’ouverture. C’est une espèce de jeu, dans lequel chacun, à chaque échelon, essaie
d’accroître son pouvoir et son autonomie. On pousse la logique tellement loin qu’on arrive à la limite de la
démocratie. Tout comportement (même irrationnel) doit avoir un sens et entrer dans une certaine stratégie. L’acteur
n’est donc jamais totalement contraint dans une organisation.
L’organisation pose problème pour l’acteur car son fonctionnement repose sur une logique de l’écart entre la
théorie (rationalité surévaluée par l’admiration et la confiance des acteurs pour l’efficacité des résultats collectifs)
et la réalité (la complexité des comportements humains, lesquels sont toujours contingents du besoin de liberté).
Pour analyser le comportement des humains, il faut écarter les raisonnements à priori, qui considèrent seulement
les acteurs et non la contingence des comportement dans un groupe, et réduisent ainsi les contraintes de
l’organisation à fait mécaniques.
Toute démarche stratégique devra relier la conduite de l’acteur au contexte, donc aux réductions
organisationnelles. La stratégie de l’acteur ne peut se concevoir seulement en termes d’objectifs clairs et de projets
cohérents mais comme un jeux dans l’organisation, contingent au comportement et au vécu du participants. Ainsi,
la stratégie de l’acteur revêt deux aspects : offensif pour saisir les opportunités et contraintes, et défensif pour agir
et échapper aux contraintes.
Cette idée compromet l’unité d’un organigramme et pose la question de savoir qui domine en réalité.
Pour Crozier, dans son analyse du phénomène bureaucratique, le jeu stratégique est d’autant plus important que le
fonctionnement des organisations est bureaucratique. Plus une organisation est bureaucratique, plus son
fonctionnement est prévisible. Or, la prévisibilité d’un comportement permet son contrôle. L’imprévisibilité est
d’autant plus grande si l’individu a des compétences particulières. Les spécialistes ont donc tendance à faire un
rempart sur leur compétences pour assurer leur pouvoir et leur liberté de manouvre.
Crozier résume donc les principes de « l’analyse stratégique » :
- Une situation organisationnelle donnée ne contraint jamais totalement un acteur. Celui-ci garde toujours une
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Du point de vue de l'acteur, le pouvoir, en tant qu'action de groupes ou d'individus sur d'autres groupes ou
individus, s'entend en terme de relation: instrumentale quand les acteurs sont motivés par un but, non transitive
car une hiérarchie reste indispensable pour obtenir des actions, et enfin réciproque mais déséquilibrée afin
d'obtenir des forces de pouvoir. Puisque ces sources de pouvoir correspondent ainsi à des possibilités d'action, les
zones d'incertitude, contrôlées, deviennent pertinentes en ce qu'elles élargissent la marge de liberté des
participants, leurs enjeux. En effet, ils pourront à la fois jouer de plusieurs relations de pouvoirs, ainsi diversifier
leurs domaines d'investissement et se fixer un horizon dans le temps pour leurs stratégies.
Du point de vue de l'organisation, si les contraintes qui la conditionnent sont contrôlées par les ensembles de
pouvoir, ceux-ci sont également régularisés dans leur déroulement par la structure de l'organisation et dépendent
de la volonté des acteurs de se mobiliser. Ainsi, l'organisation établit des canaux de communication entre les
membres, et assoit son autorité légitime par un système de sanctions et de récompenses afin de développer l'esprit
de compétition entre les acteurs.
On pourra donc établir une typologie des pouvoirs en fonction des différents types de sources d'incertitudes, à
savoir:
1. Le pouvoir lié à la maîtrise d’une compétence particulière (également appelé pouvoir d’expertise). Un
informaticien a un pouvoir au-delà du rôle formel qui lui est assigné. Un informaticien à l’IHECS a un pouvoir très
important car tout dépend de lui à l’école. Il a un rôle d’employé mais qui est totalement différent par rapport à
sa place dans la hiérarchie sociale. Il peut faire planter tout le système et mettre en péril toute l’école s’il le
désire en faisant peu de choses.
2. Le pouvoir lié à la maîtrise de la communication et des informations. C’est ici le rôle d’un journaliste qui a un
pouvoir important, c’est lui qui décide ce dont on parle
3. Le pouvoir de maîtrise des règles générales. C’est la direction qui établit de nouvelles règles pour exercer un
pouvoir sur les autres. C’est le pouvoir d’arbitrer et d’interpréter des règles. C’est également le pouvoir de
tolérance (« je t’absous »), l’autre en sera redevable. Celui qui a toléré détient un pouvoir sur son subordonné.
4. Le pouvoir de la maîtrise de l’organisation avec l’environnement. C’est le pouvoir du réseau, de médiateur. Le
pouvoir du commercial dans les entreprises est disproportionné par leur rôle dans l’entreprise. Un commercial a
un lien particulier par rapport aux clients et si le directeur décide de virer son commercial, celui-ci peut emmener
ses clients vers la concurrence. On s’est rendu compte que l’on pouvait faire cela, donc on a créé la clause de
non-concurrence (le commercial ne peut pas aller dans les 6 mois/1 an chez la concurrence s’il se fait virer). On
s’est donc rendu compte du pouvoir que peut avoir un commercial.
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elles apportent dans la vie du groupe plus d’intelligibilité, c’est qu’elles sont pertinentes. Si elles ne le sont
pas, elles n’apportent que confusion ou sont simplement rejetée.
- Lors de la troisième période, Touraine a écrit de nombreux ouvrages notamment Le retour de l’Acteur,
Critique de la modernité, Égaux et différents, etc. Ils présentent les thèmes qui lui tiennent à cœur et dont
l’idée dominante est le Sujet, considéré comme principe central d’action des mouvements sociaux. C’est
ici qu’il développe sa sociologie de l’action.
.
Une sociologie de l’action
On peut la résumer en quelques points :
- Elle a une conception anti-déterministe, elle ne se base pas sur l’idée que l’on ne peut rien faire. L’homme
est acteur de sa vie. Il estime que ce sont les individus les maîtres du jeu.
- La société n’est que rapports sociaux : les rapports sociaux peuvent se modifier et construisent la société. On
peut améliorer la condition de vie simplement, il faut le vouloir. La sociologie doit aider à mettre en lumière
les oppositions. La société n’est pas déterminée par les dieux ni par une certaine logique. Les hommes font
l’histoire. La société est action, elle est conflit. La sociologie pour Touraine doit chercher à comprendre les
oppositions de classes, les oppositions des acteurs, etc. la société semble tout de même être dominée par
l’état. Les progrès sociaux n’ont jamais été donnés à l’homme, ils ont été accordés parce qu’on les a
réclamés. La sociologie de Touraine s’oppose à 4 grands courants :
1. La croyance au déterminisme des formes de production (théorie marxiste)
2. Crozier met l’acteur au centre de la sociologie, mais il met en évidence l’idéologie des élites dirigeantes.
Le peuple serait incapable de s’autodéterminer, il faut avoir une élite pour mener le peuple. Pour Crozier,
le pouvoir doit être une technocratie moderniste. Pour Touraine, le pouvoir doit être dans les mains des
classes.
3. Toutes les théories selon lesquelles le changement doit être organisé par l’État, il doit diriger, mener,
s’occuper de tout dans un pays, c’est une conception étatiste de la vie et c’est un des grands principes
du socialisme. L’État n’est jamais neutre, il représente le pouvoir et est orienté idéologiquement.
4. Marcuse et Foucault accusent l’État comme un système d’ordre. Marcuse est un anarchiste qui veut
abolir entièrement l’État parce qu’il nous contraint et nous empêche d’être autonome. L’historicité de
Touraine permet de calculer le progrès d’une société.
- L’action sociale est le travail de la société sur elle-même. La société n’est pas seulement reproduction ou
adaptation, mais aussi création et production d’elle-même.
Touraine introduit le concept d’historicité. Ce concept est une orientation et emprise sur la pratique sociale.
Il se mesure grâce au SAH, système d’accumulation historique qui comporte trois paramètres :
1. Mode de connaissance, c’est ce qu’on valorise pour accéder à la connaissance (école, etc.). C’est se
demander si seuls les riches peuvent avoir accès à l’éducation ou s’il faut élargir cela à plus de monde.
2. Mode culturel d’action, c’est se demander s’il faut partager ses valeurs et accepter d’autres cultures.
Par exemple, les nazis avaient un code d’art très particulier, ils voulaient seulement du réalisme, rien
d’autre et surtout pas l’impressionnisme, ils brûlaient les autres tableaux, les revendaient, etc.
3. Processus d’accumulation, c’est la façon dont une société enlève une partie de ses ressources du
circuit de l’activité économique et le transforme en orientations.
Crozier va utiliser une méthode sociologique pour analyser le fonctionnement des grandes entreprises françaises. Il
est en rupture avec l’esprit de son temps, qui était surtout structuraliste après les années de guerre. Crozier fait
reposer son travail sociologique sur le postulat d’un individu social qui est actif dans le monde et no déterminé par
lui.
Crozier est un sociologie qui s’intéresse aux organisations. L’entreprise met en lumière le fonctionnement social dans
une partie de la sphère économique mais aussi dans nos sociétés industrielles dans leur ensemble.
Crozier va se contenter de décrire l’organisation tel qu’elle est.
Avant la guerre, la théorie des organisations avait pour but de définir la meilleur organisation possible. On ne
cherchait pas à comprendre l’organisation mais on cherchait à définir son fonctionnement optimal. La théorie des
organisations cherchait à analyser les moyens de la production pour accroitre la rentabilité du facteur humain et
social traité comme tout facteur de production. Dans un premier temps par la rationalisation des gestes et façons de
produire plus, ensuite, par le meilleur usage possible de l’humain. Il était question de diminuer les contraintes que
constituait l’humain.
Crozier n’était pas le seul à s’intéresser aux organisations. Taylor voulait rendre les organisations plus performantes.
Elles ne peuvent s’optimiser que si l’humain n’est réduit qu’à sa fonction purement mécanique. L’idée marxiste de
l’aliénation du travail est typiquement ce que Taylor met en avant. Le film Les Temps modernes de Chaplin critique le
taylorisme. Les ouvriers ne seraient que des machines. Le fordisme est pareil que le taylorisme mais poussé encore
plus loin, sauf que Ford payait bien ses ouvriers (pour qu’ils viennent plus chez lui et pour qu’ils puissent s’acheter
une de ses voitures). On met alors en place des expériences. Premièrement, on se rend compte que la présence
d’une personne à part (qui porte de l’attention aux ouvriers) augmentent la production. Ensuite, on se rend compte
GILLART Ysaline
que l’organisation existe pour sa mission (une école sert à enseigner, une usine automobile sert à construire des
voitures). Mais les individus s’y rendent pour d’autres motifs (par exemple la proximité avec l’école, le travail).
Maio cherche le facteur de motivation des ouvriers. Selon lui, le facteur d’attention des employeurs est très
important pour la motivation. Cela pose problèmes. L’humain doit donc être effacé physiquement ou moralement
pour l’efficacité de l’entreprise. Mais tout ça est en opposition avec la pensée de Crozier, selon lui ce n’est pas
l’humain le problème mais l’organisation.
Mais pourquoi un individu libre accepterait d’aller dans une organisation de Crozier ? Parce que tout le monde
cherche à avoir un certain profit. L’adhésion doit être temporaire, parce que si l’individu pense qu’il n’a plus de profit à
tirer, il quittera l’organisation. Cette façon de réfléchir s’inscrit dans le paradigme du moi, le paradigme utilitariste.
C’est la vision individualiste.
La maîtrise nécessaire de tous les paramètres permettant de définir l’optimum exclut le social de la construction de
celui-ci. En effet, de nos jours la sociologie des organisations a pour but d’aborder les organisations concrètes en
décrivant et explicitant leur réel fonctionnement. On est dans l’analyse et plus dans le productif.
Les organisations sont représentatives de la société contemporaine. Le social est un dérivé, une macro organisation.
L’essor des organisations est représentatif de l’industrialisation de l’occident. Les organisations allient la complexité à
l’action et l’existence de règles à la constante et nécessaire adaptation. Les organisations permettent donc de poser
des diagnostiques sur la société dans son ensemble. La société est aussi un mélange constant de règles ou de normes
qui sont mises en action et confrontées à un environnement changeant qui nécessite un permanent ajustement.
La problématique de l’analyse organisationnelle est celle des contraintes et limites qui pèsent sur la liberté d’action
et de décision des hommes, du fait de leur nécessaire collaboration dans l’accomplissement de buts collectifs. Elle
s’attache à la trame même de la vie en société, dans la mesure où la médiation des relations de pouvoir devient
indispensable chaque fois qu’un individu doit unir ses propres efforts à ceux d’autrui pour mener à bien un projet qui
lui tient à cœur. La question de l’ordre social ou de la réalisation commune doit passer par l’accord entre les
individus et pas l’action concertée de ceux-ci. Nous sommes alors dans une approche utilitariste où les individus
mettront leurs ressources en commun à la condition d’en tirer un bénéfice personnel, bénéfice qui peut déjà être
trouvé dans la simple économie que ces accord collectif leur fournit. L’individu est acteur de son devenir, la liberté
est au centre , l’individu possède une liberté d’action qu’eux seuls contraignent de leurs actions passées. On est donc
dans le paradoxe du moi : l’ordre provient du consensus entre les agents sociaux, agents égoïstes, et le changement
ne se produit pas par rupture de l’équilibre mais est un élément constant et induit par l’action des parties prenantes
les uns sur les autres et sur leur environnement.
Si on reste dans un paradigme de l’opposition entre le déterminisme structurel holiste ou l’action ontologique de
l’individualisme, le phénomène collectif s’explique idéalement comme la résultante d’action, de croyance,
d’attitudes individuelles. Ce qui compte c’est l’action et non la détermination.
b) L’analyse stratégique
Quelle est la différence entre ces organisations et la société en général ? La taille et la complexité. On pourrait
considérer un pays comme étant une grande organisation. Mais les organisations sont plus faciles que la société en
général car elles sont plus petites. Par contre, les mécanismes fondamentaux sont les mêmes. Une organisation est
donc là pour donner l’exemple d’une société en miniature.
Dans cette approche, les organisations sont des moyens pour les individus. Cette analyse part de l’observation
concrète et du comportement des individus dans la structure qui refusent d’être traité comme un moyen pour
l’organisation. L’analyse stratégique décrit au départ un fonctionnement organisationnel mais peut aussi servir pour
aborder la société elle-même dans le but de donner une image de celle-ci dans son ensemble. L’objectif de base est
d’établir une théorie des phénomènes bureaucratique qui permettrait d’établir une théorie générale des systèmes
culturels contemporains. Ces systèmes partagent avec les organisations une confrontation constante du facteur
humain à une action dans une société de plus en plus complexe.
Cette analyse stratégique consiste en 4 éléments principaux, régis par la notion d’intérêt qui sera le fil rouge de toute
sa réflexion.
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Les 4 concepts (= Ne se rencontre pas comme tel dans la réalité quotidienne, mais permet de décrire cette réalité)
sont :
1. L’acteur et son action
2. Sa rationalité
3. Le pouvoir
4. Le concept de stratégie
1. Acteur
L’action, au cœur de la réflexion de Crozier oblige les individus à s’y fédérer. L’acteur n’est pas seulement une
personne. Il est en fait l’élément minimal et cohérent de la réflexion stratégique . Un acteur est celui qui agit, que ce
soit une personne ou un collectif et qui, dans une action précise, défend un intérêt particulier. L’acteur se définit
donc comme une communauté d’intérêts partagés dans l’action spécifiquement étudiée.
L’acteur n’est pas seulement un moyen, il a des buts, des projets, qu’il poursuit au travers des contraintes de
l’organisation. Dans l’organisation il existe diverses actions collectives (production, relation amicales, initiation des
apprentis,…). L’organisation est n’est pas un but pour l’individu mais un moyen. L’organisation n’est pas que
rationalité pure ou prévisibilité, elle est aussi un espace de vie et d’actions complexes et contradictoires.
Les acteurs se définissent par la fonction des intérêts qu’ils défendent dans une action collective précise. L’angle de
l’analyse que nous ferons des individu nous en donnera un aspect lié au contexte.
2. Rationalité
La rationalité est un concept central dans la sociologie de Crozier et est uniformément répartie. L’idée de la
rationalité est très importante en sociologie, parce que les sociologues estiment que les individus posent des actes
rationnels, conscients. Les comportements des individus sont rationnels en fonction des intérêts que les acteurs
défendent dans leur action collective et non en fonction des intérêts abstraits d l’organisation. On voit donc que la
rationalité n’est pas formelle mais contextuelle. La rationalité est donc rationalité de l’action et rationalité de
l’organisation.
La rationalité paramétrique est la mise en relation de ses moyens avec les fins recherchées. Il s’agit de mettre ses
moyens en relation avec ce que l’on cherche à obtenir de telle sorte que l’on puisse le réaliser au moindre coût mais
en effectuant le meilleur choix possible, c-à-d choix sans contrainte.
L’économie fonctionne sur des hypothèses, sur une connaissance parfaite de notre utilité, de ce qui nous motive et
sur une information parfaite. Si nous nous connaissons parfaitement et que nous connaissons ce que nous voulons,
et comment y arriver, alors on peut effectuer le choix maximal, c’est-à-dire avoir un comportement rationnel. Par
exemple : si nous savons parfaitement quelle voiture nous voulons et que nous connaissons tous les modèles existants
dans le monde, nous pourrons alors choisir le modèle parfait pour nous. Mais ce n’est pas vrai, l’information parfaite
est indisponible. La rationalité est donc limitée et n’est pas parfaite. Ce concept de rationalité limitée substitue à
l’idée du meilleur choix possible à la rencontre d’une série de critères de choix. Le bon choix n’est plus alors le
meilleur (en abstraction de tout) mais le premier choix rencontrer ces critères minimaux.
En vérité on a que quelques critères dans le choix d’une voiture (pas plus que 5). Et on va choisir la première voiture
que l’on trouve qui correspond à nos critères (sécurité, émission de CO2, spacieuse, etc.). Notre rationalité n’est donc
pas absolue, elle est limitée. C’est la théorie d’Herbert Simon. Crozier se rapproche de la rationalité limitée. Pour lui,
les acteurs ont des comportements rationnels mais dans cette perspective de rationalité limitée.
L’intérêt pour Crozier du concept de rationalité est bien de montrer que dans l’organisation les comportements de
tous les acteurs répondent à une rationalité particulière, basée sur ses intérêts. Chaque acteur social est rationnel,
mais ces rationalités sont différentes puisque chacune d’entre elles est guidée par les intérêts divergents propres à
un acteur social. L’acteur utilise donc la marge de liberté qu’il s’est aménagé dans l’organisation et le dire rationnel
revient à "reconnaître son intelligence pratique"
3. Pouvoir
Crozier voit le pouvoir comme étant une relation. Robert Dahl (politiste) définit le pouvoir comme étant la faculté que
A peut obtenir de B ce que B ne voulait pas donner à A dans un premier temps (A et B étant deux individus distincts).
On voit ici que le pouvoir a un caractère contraignant dans la relation.
Les définitions du pouvoir sont nombreuses mais elles mettent toutes en leur centre l’idée de coercition. Pour
comprendre le pouvoir, il faut également parler d’autorité, qui n’est pas tout à fait pareil.
GILLART Ysaline
Le pouvoir est opposé à l’autorité. Où le pouvoir est coercition de l’un sur l’autre, l’autorité est acceptation de la
légitimité de l’un sur l’autre. Max Weber définit les 3 types/sources d’autorités :
1. L’autorité charismatique : cette autorité est liée à la personnalité ‘positive’ d’un homme. Nous allons
accepter, nous allons nous plier aux exigences de quelqu’un à cause de son charisme et de sa personnalité. Il
dit quelque chose, on le croit et on fait ce qu’il dit. Les fondateurs des grandes religions sont des autorités
charismatiques. Jésus était connu pour avoir un certain charisme. On va adhérer à ses paroles, on va le suivre
parce qu’il sort du lot.
2. L’autorité traditionnelle : cette autorité et liée à un mode de transmission. On va accepter d’obéir pour des raisons
d’héritage. La royauté est une autorité traditionnelle. Notre Roi actuel n’a pas forcément de charisme, mais ça
ne change rien à son autorité. L’obéissance que nous lui devons ne vient pas de son charisme, mais parce qu’il
est le Roi, il est le fils de l’ancien Roi, etc. C’est une tradition. Dans les familles, en général, les parents ont de
l’autorité sur les enfants, parce que c’est également une tradition. En fait, c’est le plus vieux qui décide, sans
forcément avoir du charisme.
3. L’autorité rationnelle légale : cette autorité est plus moderne et est liée à la loi. C’est l’autorité la plus présente
actuellement. Elle vient de la loi à laquelle nous avons adhéré. Le Premier Ministre belge a une autorité, qui n’est
ni traditionnelle, ni charismatique. L’obéissance (la confiance) que nous lui donnons vient du fait qu’il a été élu
Premier Ministre. C’est pareil pour un prof, ce n’est pas par charisme, ni tradition, mais on le respecte pour sa
position. En rue, un prof n’a plus d’autorité, elle s’exerce seulement dans le cadre de l’école.
Ces autorités peuvent se combiner. Le Pape actuel a de base une autorité rationnelle légale qui est devenue aussi
charismatique, comparé au Pape précédent. Sa première autorité fonctionne sur les chrétiens, mais la deuxième
fonctionne aussi sur les bouddhistes ou les athées par exemple.
Le pouvoir commence lorsque l’autorité s’arrête. Si quelqu’un a de l’autorité, on va obéir à ses ordres sans se rendre
compte que c’est un ordre. Si on ne le fait pas et que l’autorité utilise une menace, on est typiquement dans
l’exercice du pouvoir, « obtenir de quelqu’un ce qu’il ne voulait pas nous donner ». Si l’autre fait ce qu’on dit sans
contrainte, c’est de l’autorité. Le pouvoir est une relation réciproque déséquilibrée.
Le pouvoir n’est jamais acquis par un acteur ou un individu, celui-ci est propre au système. Personne ne possède le
pouvoir, mais nous nous inscrivons tous dans des relations de pouvoir. Ces relations sont constantes et chacune des
parties prenantes y trouve un intérêt, même si le bénéfice est inégal.
Cette idée de relations réciproque inégalitaires/déséquilibrée constitue un élément central dans la réflexion
théorique de Crozier. Le pouvoir exercé sur un acteur par un autre ne peut exister que dans le mesure où le second
trouve un intérêt à la relation, à tout le moins plus d’intérêt à cette relation inégalitaire qu’à son absence. Sans
relation, il n’y a pas de pouvoir.
Le pouvoir n’est cependant pas réductible à une relation hiérarchique. Tout le monde dans l’organisation peut
disposer d’une relation de pouvoir à son avantage. Le pouvoir devient propre de toute relation d’échange. Pour
disposer d’une relation de pouvoir, il faut maîtriser une zone d’incertitude, avoir un atout. Cette maitrise est un
élément essentiel à la réalisation de l’action.
La zone d’incertitude est aussi un concept. Celui-ci constitue une ressource essentielle de toute négociation.
Le pouvoir n’est pas immoral, il peut être légitime mais n’est pas toujours sympathique.
4. Stratégie
Il n’y a pas de système social entièrement déterminé par des règles. Il n’y a pas de système social qui soit totalement
contrôlé. Tout système social est pour Crozier fondamentalement politique, composé d’individus concrets faits de
chair et de sang.
Chez Crozier, l’idée de stratégie est le concept le plus ambigu parce qu’il ne correspond pas trop à la définition
habituelle que l’on a de la stratégie. Normalement, c’est la capacité d’organiser nos actions dans le temps pour
obtenir un résultat donné. On a un objectif et on a des éléments pour y arriver. Ces éléments, c’est ce qu’on appelle la
tactique, c’est savoir s’ajuster à ce que font les autres. Stratégie et tactique sont semblables, sauf que la stratégie
c’est sur le long terme et la tactique c’est seule court terme.
Chez Crozier, sa stratégie ressemble plus à une tactique. Ce que fait chaque acteur, c’est agir dans le but de faire
triompher son intérêt qui est stable dans le temps. La stratégie n’est pas forcément prévu par l’acteur, ce n’est pas
elle qui le guide car elle est le résultats de l’action.
Cette « stratégie » est "l’interdépendance des conduites des acteurs et de la cohérence des construits relationnels
que tous les participants contribuent à produire, souvent à leur insu.
Les choix de l’acteur dépendent de la manière dont il perçoit sa situation et des moyens dont il dispose pour en tirer
GILLART Ysaline
profit, c'est-à-dire de ses intérêts dans l’action observée. Ce concept permet donc de comprendre les régularités de
comportement des acteurs et la cohérence interne de ceux-ci.
Crozier fait l’analyse d’ateliers de production dans lesquels coexistent trois catégories de personnel :
- Chefs d’atelier : rôle est de faire respecter un règlement prévoyant l’ensemble des situations que l’atelier
peut rencontrer
- Ouvriers de production : peu formés qui doivent selon leur sous-catégorie alimentés les machines
(manutentionnaires) ou conduire celles-ci (conducteurs)
- Ouvriers d’entretien : ouvriers spécialisés chargés de la maintenance et des petites réparations des
machines. Ces derniers ouvriers sont eux sous la responsabilité d’un ingénieur qui est extérieur à l’atelier (et
assumant cette charge pour tous les ateliers d’une même usine) alors qu’ils sont attachés non seulement à
un atelier précis dans lequel ils évoluent mais même à un certain nombre de machines sur lesquelles ils
doivent veiller.
Il analyse aussi d’agence comptable (entreprise de service) :
On a un comptable en chef qui a 10 adjoints et chacun d’eux ont 10 opérateurs. C’est une pyramide. Ce n’est pas très
productif et l’ambiance y est mauvaise. Les opérateurs trouvent que rien ne fonctionne et le comptable en chef par
contre trouve que tout va bien. Crozier se rend rapidement compte que le nœud du problème se trouve dans les
intermédiaires, c’est-à-dire les adjoints. Ils ne remontent pas ce qu’il se base au niveau de la base.
Dans les années 50, les ateliers de production sont le monopole de l’état. À cette époque, tout est règlementé.
Ces descriptions font "comprendre au sens fort du terme la manière dont les comportements au travail sont
façonnés par le contexte organisationnel qu’ils créent à leur tour". Toutefois, le travail de Crozier dépasse la simple
description. À partir de la description qu’il réalise il tente de mettre sur pied un modèle théorique de la bureaucratie.
Le modèle que nous présente Crozier souligne une logique d’action bien particulière dont les conséquences sont
aussi inéluctables que les prémisses sont évidentes.
Crozier initie son raisonnement d’un constat. Pour lui, toute structure/organisation essaie de minimiser/éviter
l’incertitude qui remettrait en cause les équilibres qu’elle a réussis à créer. L’organisation bureaucratique met deux
éléments en place pour limiter cette incertitude provenant de l’environnement mais aussi de la structure elle-
même, de l’investissement de cette structure par les comportements « irrationnels » (relations entre humains) des
agents qui la composent.
Le problème se situe dans les cadres intermédiaires (ouvriers de prodution) parce qu’ils ne relatent pas les problèmes
auxquels ils sont confrontés. Ils ne disent pas leurs problèmes parce qu’ils sont en concurrence, mais n’hésitent pas à
renvoyer la faute sur les autres cadres. Ce qui pose problème c’est le caractère rigide de la structure. Le propre de la
bureaucratie c’est de structurer l’action. Le problème d’une organisation c’est l’incertitude, son outil est la rationalité.
Ce qui est incertain c’est ce qui est totalement imprévisible (on ne sait pas ce qui va arriver, ni si ça va vraiment se
produire et encore moins quand). On ne sait rien planifier puisque rien n’est anticipable. En économie, on
transforme l’incertitude en risque, c’est le principe des actions boursières. Le nucléaire n’est pas incertain, il est
GILLART Ysaline
risqué, il y a des risques (très faibles) que ça pète. Mais comme le risque est faible, on va quand même jouer. Si on
était dans l’incertitude, on n’aurait aucune idée des risques. Transformer l’incertitude en risque, c’est le propre de
l’économie. On peut calculer le risque et s’assurer contre celui-ci.
La bureaucratie va mettre en place la centralisation des décisions et le caractère formel des règles que l’on va éditer
pour éviter l’incertitude. L’incertitude vient de l’environnement, du monde réel dans lequel il se passe des choses
inattendues mais aussi de l’intérieur de l’organisation (relations entre collègues). Il faut se prémunir de ce qui peut
arriver.
- Règles formalisées : Pour réduire l’incertain, il y a un ensemble de règles formalisées. Ces règles concernent
l’organisation : l’environnement, l’évolution des acteurs dans l’organisation, la mission à effectuer, etc. On va
essayer de prévoir toutes les situations internes et externes et de les codifier. En prévoyant chaque cas de figure, on
évite l’incertitude. Si on a une règle pour toutes les situations, elles ne sont alors plus incertaines. Le but de ces règles
est d’éviter l’arbitraire parce que c’est incertain. Il n’y a pas de règles spécifiques à une personne, elles sont
impersonnelles, les même pour tout le monde et liées aux évènements. Et même quand une règle se crée à
cause d’une personne spécifique (qui aurait commis une faute), on va faire une règle générale sur sa faute précise
et tous les autres la faisant payeront aussi.
- Centralisation de la décision : Ces règles sont édictées par un centre de décisions stratégiques. Les décisions
prises doivent être prises de façon abstraite, c’est quelqu’un d’extérieur au problème qui doit le résoudre et il
faut aussi avoir une vue d’ensemble. L’objectif est d’éviter l’arbitraire. C’est celui qui est au sommet qui crée les
règles impersonnelles et formelles. Le temps d’analyser le problème est parfois très long, donc quand une
résolution est faite, le problème a peut-être déjà été résolu depuis longtemps. Ce n’est pas une image très
dynamique.,
La conséquence de ces deux éléments permettant de réduire l’incertitude est la rigidité qui devient centrale dans
l’organisation. La bureaucratie est rigide car, par les procédures rationnelles qui sont à sa base, elle se refuse de
regarder et de constater l’environnement pour ne se référer qu’à sa cohérence interne, parfaite et parfaitement
coupée du monde. Le modèle bureaucratique est en effet incapable s’adapter à son environnement. La bureaucratie
veut tout anticiper et n’est pas très dynamique due aux règles centralisées.
2. Normes de groupes induites par des groupes de pairs. Dans une organisation bureaucratique, les opérateurs
sont tous dans une situation similaire, les individus sont « structurellement » dans des conditions identiques. Ils
sont dans une position subjectivement identique, ils se reconnaissent comme identiques. Contrairement aux
acteurs, ils sont conscient d’appartenir à ce groupe de pairs. Ils vont s’imaginer tout un système de règles entre
eux. Ce sont des normes de groupe, qui sont informelles/implicites et qui sont écrites nulle part. Exemple :
quand on arrive vers la fin d’un cours, on replie nos affaires pour partir, mais jamais on ne s’est concertés le 14
GILLART Ysaline
septembre en disant « 5min avant la fin, on replie nos affaires pour faire comprendre au prof que le cours est
fini ». C’est quelque chose que l’on fait sans avoir établi de règles.
3. Déviation des buts (dysfonction). Les règles sont rapidement respectées pour elles-mêmes, sans qu’on prenne en
compte pourquoi (raison et but) ces règles ont été édictées. On crée toujours plus de règles, pour influencer le
comportement des opérateurs. Dans une bureaucratie on ne vérifie pas le résultat mais le processus, on regarde
si on a respecté toutes les règles et non comment elles ont été appliquées. En bureaucratie, on est jugé sur
l’application des règles et non sur l‘atteinte de l’objectif.
Prenant la règle pour son objet, l’organisation dévie du but qu’elle poursuivait. Dans le cas du Monopole
industriel, la création d’un groupe d’ouvriers d’entretien avait pour objectif un meilleur fonctionnement de
l’atelier mais il a eu comme conséquence une stricte application de la règle et une rigidité plus grande du même
atelier. L’objectif n’est pas important. Respecter les règles amène assez logiquement à ne pas atteindre
l’objectif. Le respect rigoureux des règles ne nous permet pas d’atteindre l’objectif. On n’arrivera jamais à
destination si on suit à la lettre un GPS, parce qu’il va nous dire de faire demi-tour sur l’autoroute.
Les règles sont parfaitement légitimes, mais parfois totalement stupides (aux USA, fouiller la voiture d’un
meurtrier est illégal, donc le meurtrier est dit innocent si la police a fouillé sa voiture, de base cette règle visait a
protéger les innocent de création de fausses preuves). En général, en justice on regarde aussi les règles et non
pas toujours l’objectif. Le plus important est de suivre les règles, et peu importe le résultat. C’est l’héritage de la
vision fonctionnaliste, pour laquelle tout fonctionnement répond à une série de fonctions. On va avoir différents
types de fonctions :
a. Fonction manifeste : conséquence attendue et positive de notre action
b. Fonction latente : effets inattendus mais positifs
c. Dysfonction : conséquence inattendue mais négative
Ces trois conséquences se renforcent l’une l’autre. Ce sont les zones d’incertitudes maitrisées qui soudent le
groupe de pairs et qui sont à l’origine des règles informelles qui ont leur légitimité dans cette zone
d’incertitude. Les dysfonctionnements et les déviations de but proviennent de développement de ces zones
d’incertitudes et des normes spécifiques au groupe.
Les acteurs n’aiment pas le changement. Tout changement dans le système remettrait les équilibres en question. Les
gens n’aiment pas beaucoup être mis en déséquilibre, n’aiment pas changer leur zone de confort. Tout changement
amènerait un bouleversement dans le confort que l’on a.
La résistance au changement est un comportement rationnel et non le résultat d’une crainte ou de
l’irrationalité des agents. Ils ne résistent pas parce que l’avenir est une remise en cause des acquis dont ils
peuvent se targuer, ils ne changent pas parce qu’ils savent ce qu’ils peuvent perdre et ne savent pas ce qu’ils
peuvent gagner. C’est une situation d’incertitude. Les acteurs n’ont aucune raison de prendre ce risque. C’est donc
bien rationnel de ne pas changer. Ils ne seraient irrationnels qu’à accepter ce saut dans l’inconnu qu’une
transformation leur propose.
Lorsque l’organisation bureaucratique s’éloigne de sa mission de base, elle en perd sa pertinence. Cette crise est
d’autant plus importante si les acteurs refusent le changement. La crise arrive lorsqu’il n’y a pas de changement et
GILLART Ysaline
lorsque l’organisation n’atteint plus son but. Dans ce cas, l’organisation va tout casser, elle va remettre toutes les
règles en question, elle va toutes les changer et ça va bousculer les acteurs, pour revenir à la mission principale. Mais
ça se fait toujours de façon bureaucratique, avec des règles impersonnelles et une centralisation des décisions (ce qui
va encore amener une rigidité). C’est donc un enchaînement de périodes de stabilité et de périodes de crises. Ces
décisions sont systématiquement rationnelles (mais limitées) venant de tous les acteurs. Si les acteurs n’étaient pas
rationnels, la bureaucratie fonctionnerait très bien. Mais ils sont rationnels, et limités (font prévaloir leurs propres
intérêts). L’acteur en lui-même peut être également source d’incertitude. À aucun moment on arrive à éliminer
totalement l’incertitude.
La logique du don : Marcel Mause montre l’obligation du don. Cette logique se fait en 3 temps : Donner, recevoir,
rendre.
Ex : aller chez des amis – on arrive en faisant un « don » : des fleurs – les amis ont l’obligation de le recevoir – on va
l’inviter une autre fois car ils l’ont aussi fait. On est dans une relation à long terme : on fait la chose et plus tard on
recevra quelque chose en retour.
Investir sur le long terme, c’est investir sur le social. Cela suppose une confiance dans l’avenir.
Erhard Friedberg, le disciple de Crozier, va pousser les réflexions de son maître. Il va passer de l’étude de
l’organisation (milieux formalisés de l’action) à l’étude de l’action organisée (action collective) c’est-à-dire actions qui
nécessitent la mobilisation de plusieurs acteurs, la mise en commun de leurs différents intérêts pour obtenir des
résultats attenu, différents pour chacun. Ces actions collectives sont donc le noyaux de la société ; agir ensemble
pour réaliser quelque chose que chacun ne pourrait obtenir seul.
Friedberg voit l’organisation comme formelle et les actions collectives comme informelles.
Mais définir l’organisation en opposition à l’action collective en mettant, d’une part, l’efficacité de l’organisation et,
d’autre part, l’effervescence des sentiments attribuée à l’action collective, semble inconséquent à Friedberg. Il lui
semble que la règle (formalisation de l’organisation comme de la loi) et le pouvoir (dynamique de l’interaction
sociale) ne peuvent s’envisager l’une sans l’autre et que tous deux composent une dynamique toujours spécifique
non seulement des organisations concrètes mais de la logique sociale dans son ensemble.
Crozier analysait les organisations car il y voyait l’image de la société industrielle dans sa globalité
Friedberg les quitte ces organisations car elles ne sont qu’un cas particulier d’une analyse de l’action organisée à
laquelle toute la société participe.
GILLART Ysaline
Wacquant a étudié le ghetto afro-américain de Chicago. Il s’inscrit dans le paradigme du « eux », celui de l’aliénation
et de l’holisme. L’aliénation décrit une situation où les hommes ne s’appartienne plus à eux-mêmes ; ils sont
dominés par une structure qui les traverse de part en part et leur confisque leur autonomie et leur production.
L’ordre repose sur le conflit et le changement est présent.
Wacquant est le sociologue le plus jeune. Il est né au début des années 60 et est encore en vie. Il s’inscrit dans une
sociologie institutionnalisée et reprend le travail de Bourdieu, son « maître », qui a été la première influence
importante de son travail. Il s’inscrit donc dans la vision de la sociologie française de Bourdieu, qui était aussi
sociologue de l’aliénation. Wacquant est son dernier disciple important.
Il n’est en concurrence avec personne en France parce que son travail va se faire aux États-Unis. Son intérêt c’est une
perspective et un sujet « à la Bourdieu ». Il s’intéresse à l’exclusion sociale aux États-Unis, et surtout à l’exclusion
raciale (afro-américains). La situation très particulière intéresse et interpelle Wacquant. Wacquant s’intéresse surtout
donc à la structure sociale, qui est injuste (ne rend pas compte de principe de justice) et arbitraire. Il décrit l’exclusion
sociale avec une certaine structure. Les afro-américains se retrouvent forcément marginalisés. Il y a une forte
proportion d’afro-américains en prison (30%), à cause de la pauvreté, ils ne savent pas se payer un bon avocat.
Si Wacquant s’intéresse à l’exclusion des afro-américain aux États-Unis, c’est grâce au travail de Bourdieu qui
s’appelait La domination symbolique. Ce travail de Bourdieu concerne ce qu’impose l’intégration de la domination
symbolique dans toutes les sociétés. Il parle donc de la structuration de la domination symbolique.
Bourdieu veut comprendre les mécanismes qui nous enferment dans cette situation de domination. Il le fait à travers
deux grands champs d’analyse :
1. Le système d'enseignement.
Bourdieu décrit le système scolaire comme un outil qui déforme et non qui élève. L’école reproduit une
domination, en imposant comme légitime les savoirs d’une seule partie de la société, en
enfermant/excommuniant les autres types de connaissances dans des univers locaux et privés d’influence, en
exigeant de tous conformité à un modèle unique. Les classes supérieures réussissent parce que les savoirs qui
se retrouvent à l’école sont valorisés dans leurs sphères familiales. Et les classes populaires échouent car ces
savoirs ne sont pas valorisés dans leurs milieu. Ces derniers sont défavorisés car sous prétexte d’offre à tous
les mêmes chances, on fond une partie de la société dans le moule d’une partie de celle-ci. Cette domination
est très efficace de son caractère implicite. Et les acteurs y faisant face n’en sont pas conscients.
Une vérité statistique recouvre la majorité des situations. On peut voir que si quelqu’un réussi dans un milieu,
les vérités statistiques disent que son milieu familial est favorisant. Parfois l’un ou l’autre réussi sans son
milieu social. Dans le cas d’un échec, ce ne sera pas celui de l’individu, mais celui du milieu.
Bourdieu s’est longtemps concentré sur la dénonciation de cette reproduction sociale, dans lesquelles il n’était
pas envisageable de se rendre compte de la domination et encore moins d’y intervenir. Par après, il s’est
impliqué dans l’étude d’une société ou les acteurs mettent leur notoriété au service de l’action publique,
action dénonciatrice et volontariste. Il ajoute donc comme perspective à son étude l’engagement et
l’implication quotidienne.
Bourdieu va publier toute une série d’études sur l’enseignement français en commençant par les grandes
écoles françaises d’où l’élite en sort. Le système est très hiérarchisé et élitiste. À travers une série de concours,
les mérites des individus vont se mettre en lumière. Pour entrer dans ces grandes écoles, il faut passer un
concours d’entrée, assez difficile. Il y est très difficile d’y entrer, mais la réussite scolaire et sociale y sont
assurées. Bourdieu fait donc son premier ouvrage (Les héritiers) sur ces grandes écoles et va ensuite
s’intéresser à l’ensemble de l’enseignement (La reproduction) et puis sur les universités. Dans son deuxième
ouvrage, il parle du concept d’illusion. C’est l’écart qui sépare la manière dont on devrait vivre (règles
objectives que les sociologues perçoivent) et la manière dont on vit réellement (règles subjectives qui ne sont
pas les bonnes). Ce concept explique l’aphorisme (=Maxime énoncée en peu de mots, adage) « subjectiver
l’objectif et objectiver le subjectif » .
Pour Bourdieu, les dominés (les exclus, les chômeurs, les petites gens, etc.) sont victimes de la société, mais
ces victimes se sentent responsables de leur position. C’est ce qu’on appelle la violence symbolique. Si une
jeune femme se sent responsable d’avoir été violée, c’est également de la violence symbolique, elle se
considère coupable de ce qui lui arrive. C’est vraiment le sommet de la domination, les dominés croient que la
GILLART Ysaline
domination qu’ils subissent est de leur faute et est naturelle. Cette violence est donc symbolique, parce qu’elle
est assumée par les victimes de la domination. La détermination de la société se fait à l’insu des agents mais
en les utilisant, en les dirigeant.
Il y a un écart entre les règles de conduites pensées et appliquées. Mais à qui peut-on s’en prendre ? La
première réponse est « moi ». le système réussi à faire poster la faute non sur lui-même mais sur les individus.
L’individu interprète les règles qui s’imposent à lui comme le résultat même de son action.
Une autre influence qui a touché Wacquant, après celle de Bourdieu, est celle de l’école de Chicago. Cette école est
fondée au début de XXe siècle par Robert Park et sa caractéristique principale est de s’occuper d’objets du quotidien,
de s’intéresser aux choses les plus triviales à travers une observation participante. L’observation participante est le
fait d’étudier la chose non comme un expert mais comme un témoin, il faut vivre la chose pour pouvoir l’expliquer.
Et c’est ce que Wacquant va faire. L’observateur participant aborde l’observation en expliquant aux gens qu’il va les
observer, contrairement à l’infiltré. Le fait que Wacquant fasse « corps » avec son objet d’étude est une influence
directe de l’école de Chicago. Dans le cas de cette observation participante il faut que l’observateur soit en retard par
rapport au groupe pour être sûr de en pas être à l’origine de leur action.
L’influence théorique qu’a subi Wacquant vient de Bourdieu et l’influence technique, méthodologique vient de
l’école de Chicago.
Wacquant va chercher à comprendre la domination symbolique dans les ghettos via une observation participante.
Mais Loïc Wacquant est un blanc qui veut s’infiltrer dans des ghettos afro- américains. Comment entrer dans ce
ghetto ? En discutant avec Bourdieu, ils se disent que les clubs sportifs sont ouverts à tout le monde et c’est de cette
façon que Wacquant se trouve au centre du ghetto de Chicago, pour devenir un boxeur parmi les autres.
La domination et l'aliénation sont bien des faits structurels, ils ne dépendent nullement des intentions des individus,
moins encore de leur conscience.
L’aliénation Marxiste dit que les agents sociaux n’ont plus aucune responsabilité, c’est la structure qui détermine
notre position sociale et celle-ci détermine nos comportements. Notre position sociale est déterminée par notre
position dans le monde du travail. Ca ne dépend pas de nous, ce n’est pas le fruit de notre volonté si l’on se retrouve
au sommet. Les agents sont manipulés par la structure, à leur avantage ou non, mais sans qu’il n’y ait de
responsabilité individuelle. La classe populaire est tellement aliénée qu’elle n’est pas capable de se rendre compte
de cette aliénation. Cette conscience doit être injectée de l’extérieure, par les sociologues.
GILLART Ysaline
Cette idée de Marx compose la structure de raisonnement de Bourdieu. Bourdieu met l’accent sur les processus de
reproduction des positions sociales et les mécanismes subtils de socialisation. Bourdieu dénonce en effet les
mécanismes qui permettent le maintien et le développement des inégalités.
La reproduction des positions sociales s'effectue plus efficacement, dans les sociétés contemporaines, par le capital
culturel que par la sphère économique.
Chez Bourdieu, l’aliénation ne dépend pas seulement de notre position dans le monde du travail, d’autres
dimensions seront tout aussi importantes. Pour lui, seuls les intellectuels (sociologues) peuvent faire se rebeller la
classe populaire. Bourdieu va développer les concepts de capitaux, qui définissent les différentes classes sociales :
1. Le capital économique est l’ensemble des ressources financières (salaire, biens, patrimoine) dont nous
disposons, quelle que soit notre position dans la société.
2. Le capital social est le carnet d’adresses dont on dispose, le nombre de contacts ou de relations que l’on a dans
la société. Il peut être plus ou moins important (en quantité ou en qualité). Ces deux premiers capitaux
peuvent s’influencer, le fait d’être riche peut aider à rencontrer des gens importants.
3. Le capital culturel est l’ensemble des codes sociaux que l’on devrait connaître, comme les savoirs et
les connaissances que nous avons acquis. Chacun d’entre nous maitrise les codes sociaux qui nous sont propres
et ceux que l’on a acquis durant notre parcours. On valorise souvent les savoirs abstraits au détriment des
savoirs concrets (l’ouvrier aurait un capital culturel moins important que l’ingénieur). Ce capital est lié aux deux
précédents. Les trois capitaux peuvent avoir différents niveaux et varier l’un envers l’autre (être riche et mal
éduqué, être riche et bien entouré, être pauvre et cultivé, etc.).
4. Le capital symbolique est à part, parce qu’il n’existe pas en lui-même. Il renforce les autres capitaux. C’est le
capital qui va donner de la légitimité aux autres formes de capitaux.
Cette structure des capitaux définit les différentes classes sociales.
Des relations et échanges sont permanant entre les différents capitaux. De même, leur valeur n’est pas identique, les
différents capitaux ont un poids différent. Il y a donc une lutte objective et symbolique pour promouvoir la forma de
capital dont on est le mieux pourvu.
La capacité d'action des hommes est complètement négligée puisque l’homme n’est que l’incorporation d’une
société qui le dépasse et l’agit. Un tel schéma théorique ignore le sujet. La perspective ne laisse aucune place aux
choix des individus. Bourdieu veut mettre en évidence des règles « objectives » qui régissent les comportements
humains.
Bourdieu nous parle du concept de l’illusio (illusion). Il montre qu’il y a en effet un écart qui sépare la manière dont
on devrait vivre (règles objectives que les sociologues perçoivent) et la manière dont on vit réellement (règles
subjectives qui ne sont pas les bonnes). Illusion vient de « in ludo » = « dans le jeux », autrement dit : être pris dans
les règles. Ce concept implique qu’il n’y aurait pas de changement dans les règles. Et pour qu’il y ai changement, il
faut transformer les règles, donc la structure, de manière radicale.
Ce concept explique l’aphorisme (=Maxime énoncée en peu de mots, adage) « subjectiver l’objectif et objectiver le
subjectif » .
a. Objectiver le subjectif : comme la neutralité est impossible à atteindre, le chercheur doit présenter son cadre
d’analyse et sa conception de la discipline.
b. Subjectiver l’objectif : toujours tout remettre en doute, même les évidences du sens commun, culturelles pour
retrouver le trace des tensions ou ces évidences sont nées.
Le travail de Wacquant s’insère parfaitement dans la perspective de Bourdieu. Son travail sur l’inégalité porte sur la
place structurelle qu’occupe une part de la société dans l’ensemble du concert social. Les populations enfermées,
physiquement, culturellement et socialement, dans les ghettos urbains constituent d’évidence des exclus formant le
parangon de la vision de Bourdieu.
Le jeu social repose sur des mécanismes de domination inscrits par la socialisation au plus profond des individus.
Ceux-ci les reproduisent inconsciemment car ils font partie d’eux-mêmes, la structure prend ainsi pied dans
GILLART Ysaline
l’individu. La présence de la structure dans l’individu est ce que Bourdieu appelle l’habitus. En d’autres termes
l’habitus, ensemble formé par ses dispositions, capitaux (= nous nous le constituons dans l’action, il est vécu),
trajectoires et position, caractérise un agent et le différencie des autres, certes en terme de classe mais également
en terme individuel.
L’habitus est le produit d’une histoire individuelle et collective, produit intégré et intériorisé par l’agent ; dirigeant les
manières de voir, d’agir, de sentir, il détermine aussi les goûts et le champ des possibles. Il est une matrice de
perception et d’action se trouvant au noyau de tout individu et le faisant social, inscrit dans une collectivité et
inscrivant celle-ci en lui. Il rend ainsi compte de la raison pratique.
L’habitus incorpore la condition et les dispositions des agents. Et tout action n’est que le résultat d’une société
s’extériorisant et se personnifiant. La puissance de ce concept réside dans l’aptitude à agir sans connaissance
consciente des règles du jeu qu’il décrit. L’agent est « juste » alors qu’il ne comprend pas et ne situe pas son
intervention.
L’habitus est l’acculturation incorporée. Il est un principe moteur des pratiques et un principe de classement de ces
pratiques, principe que l’agent s’applique à lui-même étant capable de se limiter en se positionnant dans le jeu
social. L’habitus nous paraît tellement « naturel » en tant qu’agent que nous utilisons les repères qu’il nous fournit
pour, sans en avoir le comportement conscient, rechercher et apprécier ceux qui occupent une position sociale
similaire à la nôtre, c'est-à-dire ceux qui partagent un habitus identique.
3. Domination structurelle
La société se trouve donc dans l’individu devenu agent et la structure prédomine. Cette structure donne à l’agent (de
manière perverse puisqu’elle programme les pratiques) son habitus, son degré d’autonomie et les instruments qui le
lui assurent. L’influence de la structure est devenue indirecte. Toutefois, si l’action devient possible, si le changement
est possible, ils seront principalement à portée social et structurelle.
Chacun d’entre nous est inscrit dans un milieu, dans des usages, dans des histoires qui nous font, nous forment et
nous permettent de faire.
L’approche de Bourdieu dépasse la situation de domination de l’individu par la société ou inversement. Pour lui, la
société est un système de relations qui relie et oppose les individus. Ces relations sont néanmoins prépondérantes, la
société n’est plus une substance mais un échange, elle laisse place à l’agir. La société s’effectue à l’insu des agents en
dirigeant leurs pratiques pour que l’équilibre et la domination existante soient reproduits à l’identique.
Nous sommes dans une économie de pratiques ou l’intérêt est celui de la société. Cet intérêt c’est l’utilitarisme.
Bourdieu nous montre un utilitarisme symbolique démontrant la relation symbolique des relations sociales et
montrant comment cette dimension participe à la reproduction de la structure, qui enferme l’individu dans la
structure.
1. Méthode sociographique
C’est à travers une fréquentation assidue du club de boxe qu’il participe intimement à la vie des jeunes du ghetto, à
leurs espoirs et à leurs exploits. Par la narration Wacquant nous montre à voir une activité sportive qui est en fait
GILLART Ysaline
une activité sociale. La boxe, dans son âpreté et sa violence, dans son incorporation et sa discipline, ne se comprend
que dans l’environnement social où elle s’enracine. Elle est propre aux populations marginalisées. Ces populations
sont laissées en marge du rêve américain. La pratique de la boxe est la seule qui permet aux jeunes de s’extraire de
la rue, de la drogue, des gangs. La boxe est une discipline, un échappatoire et est en même temps protectrice. Les
déclarations que Wacquant rapporte sont inscrites dans un vécu, dans une logique de la pratique.
Le travail de Wacquant réside dans le stratégie intégrée que les personnes choisissent d’utiliser. Le paradoxe de ce
choix est qu’il contraint : il est possible de dealer ou de boxer mais ces deux univers sont repliés sur eux-mêmes.
Mais il n’y a en réalité pas de choix à proprement parler.
L’attention que Wacquant apporte à la boxe est opportuniste car il ne cherche pas a étudier la boxe de prime à bord.
Son analyse de la boxe est en réalité un travail plus large mais qui ne peut se comprendre que dans ce cadre de
l’étude des ghettos et des stratégies ou des actions concernées que ses jeunes populations déploient.
Le travail de Wacquant est comparable au travail d’un ethnographe : il participe à l’activité de l’objet qu’il étudie et
rapporte ce qu’il a vu avec le contexte qui l’éclaire.
Wacquant sera le seul blanc dans le gym, mais avant d’être blanc il sera surtout boxeur. Son idée c’est donc de
disparaître dans son objet d’étude en en adoptant les caractéristiques. Il va donc intégrer un club de boxe. Il nous
décrit la boxe à travers ce qu’il a vu et ce qu’il a vécu. Il n’a pas fait que regarder les gens se donner des coups de
poing, mais il en a aussi reçu et donné. On peut donc voir qu’il y a un certain danger dans l’observation participante.
De base, Wacquant ne veut pas du tout être boxeur, c’est seulement pour son sujet d’étude. Mais il va finir par y
aller de plus en plus, ce qui fait qu’on peut finir par en perdre l’observation et s’y dissoudre. Wacquant avait pensé à
quitter son métier de sociologue pour devenir boxeur professionnel. Avec cette méthode, on peut oublier le statut
d’observateur et devenir un agent soi- même.
Mais cette méthode a des points positifs, les informations recueillies sont de très bonne qualité. Quand on interroge
quelqu’un, (observation indirecte), la personne va seulement répondre à nos questions et on interprètera les
réponses de notre façon. L’observateur participant ne pose pas de questions.
On peut ici se poser plusieurs questions :
- Comment les jeunes arrivent dans le gym de boxe ?
- La boxe comme possibilité de quitter le ghetto ?
- Sortir du ghetto par le boxe génère-t-il un changement ?
Les jeunes intègrent ce club pour apprendre à survivre dans la rue, qui est un espace de violence absolue où il faut
s’imposer pour survivre. Pour ceux qui y prennent goût, le gymnase de boxe devient alors un objectif pour survivre
dans le ghetto mais aussi pour le quitter. On veut réussir socialement et économiquement et quitter cet endroit. Les
boxeurs ont la conviction que le club de boxe est un sanctuaire, un espace où ils se disent qu’ils vont pouvoir quitter
le ghetto. Ils se disent que s’ils n’étaient pas boxeurs, ils seraient déjà morts (overdose, tués dans la guerre des gangs,
tués par la police) ou en prison. Ce sont des espaces, des lieux où les jeunes afro-américains peuvent se développer. La
violence de la boxe les préserve d’une violence sociale, voire même les extrait en devenant un boxeur reconnu,
célèbre. C’est une stratégie subjective. L’un réussit de temps à autres, donc tous les autres afro-américains adoptent
cette stratégie et pensent pouvoir eux aussi fuir le ghetto. Ça reste illusoire, parce que c’est un domaine très sélectif
et pas forcément efficace. En fait, en croyant s’extraire du ghetto, le boxeur renforce les règles auxquelles il est
soumis. Il est dans une illusion car pour qu’il y ai changement, il fait qu’il y ai un changement dans les structure de
domination.
La stratégie la plus réfléchie serait de faire les bonnes études, d’avoir de bons résultats et partir de cette sorte.
S’enfuir par le sport n’est pas la solution la plus efficace, et les jeunes se tiennent responsables s’ils échouent, ils se
disent qu’ils n’ont pas travaillé assez dur, etc.
Son travail est proche de la démarche d’un ethnographe, il participe à l’activité de l’objet qu’il étudie et rapporte ce
qu’il a vu avec le contexte qui l’éclaire. C’est une méthode sociographique, on décrit une société telle qu’elle est vue
et vécue de l’intérieur.
singulier.
Il montre ainsi qu’il s’agit bien de tout autre chose que d’une habitude ou d’un usage mais d’une grille générale,
importée de l’extérieure et produite par une histoire personnelle s’inscrivant dans l’histoire collective, permettant au
futur de produire de l’original faute de faire du neuf. Inscrite dans le corps, la pratique est à la fois efficace et
dépasse son porteur.
L’inscription d’une pratique sociale dans le corps est centrale pour Bourdieu. Il s’agit de l’un des centre du concept
de l’habitus. C’est aussi essentiel chez Wacquant. Cette incorporation de la société dans l’individu est la précipitation
des pratiques et des comportements humains quotidiens.
L’attrait de la boxe dans le travail de Boltanski est l’essence du social. Extraits de l’apprentissage de la boxe, tout
dépasse le sens stricte de ce sport. Les logiques du corps et de l’incorporation sont métaphoriques de toute vie
sociale, dont l’apprentissage s’effectue aussi sans guide et uniquement par la pratique assidue et spontanée (dans la
vie en société). Il ne peut y avoir d’apprentissage que total et temporel, la vie sociale ne s’explique pas, ne se décrit
pas, ne s’apprend pas par procuration mais se vit, au sens strict s’incorpore. Tant pour la boxe que pour les autre
réalités de la vie sociale, il n’est pas possible de les décrire ailleurs que de l’intérieur.
Il y a ici une parfaite concordance entre la technique sociologique de Boltanski et sa théorie sous-jacente. L’habitus
produit de l’intériorisation des modèles. Les dispositions acquises, inscrites dans le corps et apprises par lui
indépendamment de toute volonté consciente, prennent une réalité.
Dans la boxe, il y a très peu de règles. C’est très simple par rapport à d’autres sports qui sont plus complexes. On
devient boxeur en boxant, pas en connaissant les règles. En pratiquant cette boxe, on va en intégrer la discipline qui
est très rigoureuse (comment tenir face à un adversaire, comment entretenir notre condition physique, etc.). La boxe
ne s’apprend pas de façon abstraite, mais uniquement de façon pratique. L’univers de la boxe devient ainsi le modèle
de l’intériorisation corporelle de la société et de ses règles, le modèle de l’habitus.
La boxe n’est pas un champ d’étude mais une manière d’entrer en résonnance avec le ghetto et avec la logique sociale
qui se produit dans l’action. Elle montre ainsi l’enfermement et la richesse d’une production contrainte.
Ici on voit bien comment la domination s’exprime et comment les agents vont agir, en voulant s’extraire de leur
situation de domination.
Avce Wacquant on parle aussi de stratégie, comme chez Crozier. Mais ce n’est pas pareil chez les deux. La stratégie
de Crozier est le contraire de celle de Wacquant, le seul point commun étant qu’elles sont vouées à l’échec.
- Chez Crozier, la stratégie est définie par le sociologue, les acteurs ne sont pas stratégiques. C’est donc une
stratégie objective des comportements subjectifs. Ils vont, à tout moment, défendre leurs intérêts, mais sans
suivre de stratégie a proprement parler. Si les acteurs défendent toujours leurs intérêts, le sociologue constate
qu’ils ont un comportement stratégique parce que les acteurs poursuivent toujours les mêmes intérêts.
- Chez Wacquant, la stratégie est une perspective subjective qui objectivement ne mènera à rien. Les acteurs (les
boxeurs) agissent par stratégie (pour quitter le ghetto) et ont la conviction que celle-ci les mènera à leur objectif.
Mais ça ne correspond pas réellement à la défense de leurs intérêts, parce qu’ils n’atteindront pas leur objectif
de quitter le ghetto. Leur stratégie est en fait illusoire et donc vouée à l’échec.
GILLART Ysaline
Pour avoir une légitimité dans la dénonciation il faut avoir un certaine grandeur. En effet il faut savoir faire appel à
une grandeur commune et extérieur et il faut être à un niveau de généralité plus grande que a chose dénoncée et au
moins de taille égale à celle de l’instance choisie comme jury. Pour être réussie, la dénonciation demande donc que
le public suive et accepte la plaidoirie de l’argumentation.
Boltanski présente alors deux mécanismes essentiels : la dé-singularisation (évoquer un fait qui ne concerne pas la
personne qui l’énonce) et la grandeur prise en référence (souvent l’opinion publique).
GILLART Ysaline
Dans l’action et par l’action, ces conventions permettent une coordination entre les agents. Les conventions sont des
socles sur lesquels il est possible de fonder son action. Ces socles ou conventions ne sont pas pour autant des
éléments purement idéels ou abstraits mais, au contraire, des formes pratiques, des comportements, des actions (ou
des mises en acte).
Les grandeurs de Boltanski sont des conventions. Ce terme doit être compris de deux façons :
1. Pour qu’il y ait convention, il faut qu’il y ait action. Les conventions sont des socles sur lesquels il est possible
de fonder son action. Ces socles ou conventions ne sont pas pour autant des éléments purement idéels ou
abstraits mais, au contraire, des formes pratiques, des comportements, des actions (ou des mises en acte).
2. Il doit y avoir un ajustement qui vient d’un équilibre global. Cet équilibre n’est pas anticipable et est arbitraire.
Par exemple, quand on rame à plusieurs dans une barque, il y a une coordination externe ou il n’y en a pas. Il faut,
pour avancer, ramer à la même vitesse et à la même force. On arrive à un équilibre en comprenant ses erreurs. On
anticipe l’action de l’autre pour s’ajuster et on va compenser celle de l’autre. Il n’y a pas d’échange sur la manière de
faire, ça se fait automatiquement. Les grandeurs de Boltanski sont des conventions, elles sont arbitraires et
n’existent que dans l’action.
1. De la justification
Boltanski va publier un livre, La Justification (avec Laurent Thévenot), qui dit qu’on peut se justifier de différentes
manières, à différentes personnes. Ces justifications supposent chacune une grandeur spécifique. Ce livre permet de
comprendre les différentes « grandeurs » qui existent dans notre monde. Sa démarche semble philosophique.
Chaque grandeur structure une cité, qui est avant tout un principe, une idée. À la cité, il ajoute l’idée de monde.
Chaque cité, qui est un principe abstrait, lorsqu’elle est investie par des personnes, devient un monde particulier.
Chaque cité et chaque monde est présent dans nos quotidiens, nous pouvons nous trouver dans plusieurs mondes
et/ou cités en même temps.
La Justification est liée à des principes de justice. On cherche à résoudre des désaccords de manière civile. On se
présente devant un juge et une grandeur va trancher dans un désaccord entre deux personnes qui ont refusé de se
battre pour résoudre le problème. On résout un conflit sans violence. On rend justice, on donne raison à une
justification par rapport à une autre. La décision se basera sur l’argumentaire. Ce jugement ne peut se faire que dans
une cité, dans un univers abstrait.
La définition d’une cité de Boltanski repose sur 6 axiomes (= Quelque chose d’indémontré qui constitue la base d’un
raisonnement). Chaque cité correspond systématiquement aux 6 axiomes. Ils vont permettre de définir 7 cités
distinctes. Ces 7 cités sont présentes simultanément dans notre réalité.
Les axiomes sont contraignants. Ce sont les suivants :
1. L’axiome de la commune humanité : au sein d’une cité, tous les membres la composant sont considérés
comme étant des humains. Ce premier axiome élimine la situation de la violence, parce que faire usage de la
violence sur quelqu’un, c’est nier l’humanité de cette personne. Hitler gazait les juifs mais ne les considérait pas
comme des humains. Nous devons tous nous considérer comme des humains les uns les autres, on doit être
similaires.
2. L’axiome de dissemblance : nous sommes tous humains, mais nous sommes aussi tous différents les uns des
autres, on a notre identité et nos caractéristiques. Les différences peuvent être de genre, d’ethnie,
d’intelligence, de beauté, etc. Si on est différents, on a des choses à partager, à s’apporter les uns les autres.
3. L’axiome de la commune dignité : quelles que soient nos différences, nous sommes tous dignes d’être
respectés et respectables chacun pour tous.
Ces trois premiers axiomes sont bien liés, ils portent sur les individus, sur les personnes. Dès ces 3 axiomes on se
rend compte que tout le monde ne se plie pas à tous les axiomes.
4. L’axiome de l’ordre de grandeur : au sein d’une même cité, il est toujours possible de ranger les individus en
fonction de la grandeur qu’ils y ont acquise. Cet axiome est l’aspect principal qui distingue les 7 cités.
5. L’axiome de la formule d’investissement : la « grandeur », l’importance que chacun a dans la cité est acquise en
fonction du travail et de l’investissement que l’on a accompli dans la cité. Nous avons tous la possibilité d’être
grand ou petit en fonction de l’investissement que nous réalisons dans celle-ci. Nous sommes tous dans les 7
cités que définit Boltanski. Mais on ne sait pas être aussi grand dans toutes. On sera grand dans certaines et
petit dans d’autres.
GILLART Ysaline
6. L’axiome du bien commun : signifie que dans une cité, le grandissement de l’un ne se fera jamais au détriment
des autres. Grandir dans une cité accroît le bien commun. Si on est grand dans une cité, ce n’est jamais au
détriment des autres. L’investissement que l’on réalise et qui va nous profiter, profitera aussi aux autres, même
s’ils restent petits. Lorsque le riche s’enrichit, d’après l’économie, il le fait en permettant aux pauvre d’en
profiter. Le principe de l’économie dit que les riches font travailler les pauvres et que donc il faut laisser les
riches tranquilles. Mais évidemment dans la réalité c’est autre chose.
Les 7 cités distinctes sont relativement abstraites. Elles ne sont pas des réalités physiques mais des espaces
théoriques dans lesquels nous pouvons être amenés à évoluer. Pour que la justice soit rendue, nous devons être
dans ces citées. Boltanski les définit à travers de la littérature et utilise un ouvrage de gestion et un ouvrage de
philosophie politique pour définir chaque cité. Ces 7 cités coexistent, mais en les étudiant aujourd’hui, on se rend
compte qu’elles ont un caractère relativement historique. Boltanski distingue les cités du monde. Les cités sont des
niveaux d’abstraction et le monde est la cité mise en acte. Selon lui il y a autant de monde que de cité. Mais ici on les
considérera comme synonymes.
Voici les 7 cités :
1. La cité inspirée (Saint-Augustin). Elle promeut la créativité ou la passion et a comme grandeur l’originalité. On
sera d’autant plus grand si l’on est exceptionnel ou original, si l’on sort de la norme. Cette cité correspond à
deux mondes particuliers : le monde du religieux et le monde artistique. Les individus qui y sont grands sont
particulièrement originaux. Dans ces mondes, ceux qui sortent du rang sont des personnes considérées comme
grandes. Dans le monde religieux, un type qui marche sur l’eau et transforme l’eau en vin est assez original.
Dans le monde artistique, un type qui peint en pointillisme plutôt qu’en aplats de couleur, c’est original. Beaucoup
de grands artistes sont plutôt maudits, pauvres et crèvent de faim. Mais ils sont originaux.
2. La cité domestique (Bossuet). Comme son nom l’indique, c’est la cité de la maison/de la familiarité, la grandeur
étant la tradition, le bon sens et l’interconnaissance (connaître et être connu). On est grand si on respecte les
traditions. Le monde de la cité domestique est le monde de la tradition et être pistonné, connaître les gens qu’il
faut quand il le faut. Fonctionner dans ce monde, c’est fonctionner aux côtés d’un responsable qui nous aidera à
progresser petit à petit.
3. La cité du renom ou cité de l’opinion (Hobbes). C’est la cité de la dénonciation. Sa grandeur est l’opinion
publique (l’opinion d’autrui) et la connaissance ou reconnaissance par les autres. Ici ce qui compte c’est d’être
connu par les autres. On sera d’autant plus grand si on est connu par beaucoup de gens. Les stars sont grandes
dans ce monde, parce qu’elles sont connues et reconnues.
4. La cité civique (Rousseau). La grandeur principale, c’est l’intérêt le bien collectif (renoncement à l’état
particulier à l’intérêt individuel) (Attention : ce n’est pas la même chose que l’axiome du bien commun). Je
serais d’autant plus grand si je me sacrifie au profit des autres. L’intérêt individuel est nécessairement
subordonné à l’intérêt collectif, ce qui compte ce sont les autres et l’intérêt commun. Si je veux être grand, je
dois faire place aux autres avant de faire place à moi-même. Le monde qui correspond à la cité civique est le
monde politique. Dans la représentation de Boltanski, être grand en politique c’est avant tout défendre l’intérêt
collectif, éventuellement contre son intérêt personnel. On voit ici que la représentation de la politique a évolué
depuis l’époque de Boltanski. Par exemple, Trump est plus petit que Clinton dans la cité civique.
5. La cité marchande (Adam Smith). C’est la cité de l’échange, de la circulation des objets. On sera grand si on sait
négocier, si on sait faire circuler les choses et vendre des choses inutiles aux gens. Le monde qui y correspond
est le monde du commerce, sous toutes ses formes. Elle se base donc sur la concurrence, l’intérêt ou le principe
de marché.
6. La cité industrielle (Saint-Simon). C’est la cité qui se développe au moment où Boltanski écrit, c’est à la fin du
20 siècle. Notre importance dépend de notre efficacité (= capacité à mobiliser notre attention pour obtenir un
e
résultat particulier). C’est la cité de la science, du progrès, en utilisant le moins de ressources possibles. Ici, on
réalise. Cette cité se base sur l’efficacité et le travail.
7. La cité par projet. La grandeur repose sur la capacité à être au centre d’un réseau. Pour être grand, on doit être
actif, flexible, mobile, connecté. Elle caractérise le capitalisme contemporain. C’est le monde dans lequel nous
sommes économiquement plongés aujourd’hui. Cette cité est beaucoup moins importante que les 6 premières
et sa théorisation par Boltanski est plus tardive.
Nous sommes tous dans l’ensemble de ces cités. On occupe une position différente dans chacune d’elles, on sera
plus ou moins grand dans une et plus ou moins petit dans une autre. Nous avons tous des différences de rationalités, la
pensée de l’un et de l’autre n’est pas la même.
Par exemple, il y a une différence entre une vedette (qui est connue) et un artiste (qui a du talent). Les deux choses ne
GILLART Ysaline
sont pas forcément convergentes. La vedette est connue et n’a pas forcément de talent et l’artiste ne l’est pas mais à
beaucoup de talent. La vedette est grande dans la cité du renom et l’artiste est grand dans la cité inspirée. Mais on
peut être grand dans les deux cités en même temps. Ces différentes cités vont nous décrire des cas particuliers. Cela
nous permet de comprendre et d’expliquer les déséquilibres auxquels on est confronté au quotidien.
EXAM QO
Mais nous n’avons pas évoqué les désaccords.
- Litige : un litige est une remise en cause de l’état de grandeur au sein de la cité elle-même.
Ex : à l’examen de juin on sera jugé sur notre grandeur dans la cité industrielle (efficacité), deux personnes
seront jugées selon leur nombre de follower sur Instagram dans la cité du renom
Différents généralement assez simple et moins fréquents
- Différends : un différend est une remise en cause de l’état de grandeur mais aussi du lieu de jugement de celui-
ci entre les cités.
Ex : faire une demande de dispense pour un cours, notre problème se trouve dans la cité domestique, le
problème du recteur se trouvera dans la cité civique
Différends plus fréquents
Quand il y a un différend, l’épreuve pour les résoudre se fait en deux temps ; le premier temps consistant à le
réduire à un litige. Le plus difficile c’est d’amener les deux personnes en désaccord à la même cité. Pour cela, il
faut mobiliser le sixième axiome : l’idée du bien commun consiste à dire que dans une cité l’accroissement d’une
grandeur d’une personne bénéficie aux autres. Il faut se demander dans laquelle des deux cités, celui qui va
perdre (celui qui sera considéré comme plus petit) y gagnera quand même quelque chose.
Ex : qui est la plus grand/le plus important entre la vedette et l’artiste ?
La vedette très connue et l’artiste très talentueux : dans quelle cité, celui qui sera perdant, gagnera malgré tout
quelque chose ? Qu’est-ce que l’artiste va gagner à ne pas être grand dans le monde du renom ? Qu’est-ce que la
vedette va gagner à ne pas être grand dans le monde inspiré ?
On va utiliser le sixième axiome : le bien commun, pour trouver une solution qui grandisse chacun des deux partis. Si
l’artiste est jugé dans le monde du renom, on verra qu’il est peu connu mais qu’il a du talent. Si la vedette est
jugée dans le monde de l’inspiration, on verra qu’elle n’a pas forcément de talent mais qu’elle est connue. On va
juger le différend du côté de l’inspiration parce que celle-ci va grandir les deux.
Différend et litige se réduisent toujours dans une épreuve rappelant les axiomes et les grandeurs spécifique aux cités
concernées.
Lors de la confrontation un compromis peut être trouvé dans l’action et la coordination entre personnes et objets en
présence.
Ces cités nous donne un modèle de grandeur des individus : la réalité sociale n’est plus une et monolithique mais
plurielle. À partir de cette pluralité de mondes d’action cohérents s’articulent des processus de subjectivisation à
chaque fois spécifique et qui demeurent à la base de la coordination interindividuelle.
Dans de nombreux cas les différends dont résolu en dehors des cités et avec violence.
Boltanski construit une matrice reposant sur des distinctions : les régimes de dispute et les régimes de paix.
À la violence, Boltanski associe l’idée d’équivalence. Cette idée d’équivalence c’est l’idée que des personnes en
relation ont des points de références, des grandeurs auxquelles on peut se référer. Elles sont ici assez proches de
l’idée de valeur de Durkheim. Partager des valeurs, chez Durkheim, c’était la condition sine qua non pour vivre
ensemble, en communauté. On retrouve le même principe dans les grandeurs de Boltanski. Pour lui, ce sont les
éléments de référence auxquelles on va se raccrocher. Chez Boltanski, ça provient de l’action des personnes, alors
que chez Durkheim, ça venant d’en haut, les valeurs étaient ascendantes. Cette vision de la grandeur permet de
disposer de point de référence et d’équivalence.
Un deuxième principe sur lequel il base sa matrice est l’accord, le désaccord.
Au final, on a un tableau à quatre entrées :
Situation de dispute Situation de paix
Justice Routine
On réduit le désaccord en se référant à On fait confiance aux équivalences sans
une grandeur particulière, a une réfléchir, on suit les grandeurs de
Equivalence
équivalence. manière automatique. On a intégré les
(7 cités) équivalences et on ne se pose plus
aucune question.
Violence Agapè
Pas d’équivalence (parce
On résout un désaccord sans aucune C’est un mot grec qui désigne l’amour
qu’il n’y en a pas ou qu’on ne
règle, il n’y a pas d’équivalence. Il n’y a fraternel, transcendant, inconditionnel.
la mobilise pas)
aucune limite à la violence. Tous les C’est un amour sans équivalence. Il est
coups sont permis et rien n’est supposé infini et pas forcément
impossible. réciproque. L’agapè ne compte pas et
n’attend rien en retour.
L’Agapè est instable, à tout moment il
peut basculer et utiliser son absence
d’équivalence dans la violence
Nous évoluons dans la société dans ces quatre registres d’action. Mais on peut passer de l’un à l’autre. C’est plus simple
de passer de la routine à la justice et de l’agapè à la violence. Violence et agapè sont sans limites, sans fin. Par rapport
à la routine, on est constamment en train d’en appliquer quand on conduit, par exemple. On suit le code de la route,
c’est en situation de paix. En situation de dispute, c’est lorsqu’on a un accident. On va chercher à savoir qui est en tort
et on mobilise la "justice" pour voir qui a suivi les règles et qui ne les a pas suivies (que ça soit contrat à l’aimable ou
que l’on fasse appel à la police). Une fois ce problème résolu, on revient à la situation de routine.
Ce sont principalement les sociologues des organisations qui vont utiliser ces concepts. Ces différents concepts
permettent en effet d’aborder la réalité d’une organisation sans devoir la naturaliser au préalable. Plus que jamais,
avec cet outil, ce seront les personnes prises dans l’action qui définissent la situation où elles se trouvent. L’existence
de plusieurs mondes, de différentes grandeurs permet en sus d’expliciter des conflits ou des tensions qu’ils
rencontrent. Ainsi, entre les ingénieurs qui promeuvent l’efficacité et les vendeurs pour qui comptent avant tout le
marché, l’entreprise concrète se trouve écartelée. L’entreprise est toujours le lieu de plusieurs mondes, ce qui
constitue une manière de voir cet objet proche de celle de Crozier.
GILLART Ysaline
Une critique que l’on peut donner à Boltanski c’est la limitation du nombre de ses grandeurs. Selon lui, il n’y en aurait
que 7, relatives à chaque cité. Nous n’aurions que 7 espaces d’action distincts.
On lui reproche le caractère mécanique, figé de son travail. Il enferme les conventions dans un nombre fini de cités,
de mondes.
Les catégories qu’il propose rejoignent le structuralisme. Un structuralisme plus complexe ou la structure est le
résultat de l’action des membres de la société, avec un nombre limité de monde d’action limité.
En terme de méthodes, le travail de Boltanski repose sur l’étude de documents et l’entretiens. Les outils et
techniques de confrontation qu’il propose sont des nouveautés par rapport à Durkheim, Crozier et Bourdieu.
Malgré sa formation avec Bourdieu qui se situe dans le paradigme du « eux », sa réflexion nous montre le paradigme
du « nous ». Celui-ci qui repose sur l’idée que le changement est une mutation permanente et que l’ordre repose sur
un conflit résolu. Le travail actionnaliste de Boltanski s’inscrit dans constructivisme et le pragmatisme. L’ordre sociale
se fonde sur une tension constante entre différentes constructions.
Le paradigme est différent, les méthodes sont originales (par rapport aux autres exemples) et la démarche demeure
toujours scientifique. La sociologie survit à la pluralité de ses points de vue ; plus positivement, elle accepte une
pluralité de paires de lunettes. Lorsqu’on se limite à une dualité de paradigme, le travail de Boltanski se situe
évidemment dans la branche individualiste ou atomiste en ce sens que la société est le résultat de l’action des
personnes qui la composent et qui l’agissent pour en faire ce qu’elle est, à travers des débats et des échanges.
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a) La communication
1. Définition
Cette notion recouvre une multitude de sens. La communication désigne tout processus de transmission et de
perception des messages entre individus ou groupes. C’est un champ d’analyses et d’expérimentations. La
communication se situe au carrefour de plusieurs disciplines. C’est un secteur très vaste. Elle occupe une place de
plus en plus importante depuis la moitié du 20e siècle.
- L’influent local a relativement peu de contacts avec l’extérieur : il est plongé au sein du groupe qu’il
connaît admirablement bien. Les rapports sociaux, les désirs, les normes, les valeurs ont d’autant moins de
secret pour lui qu’il les partage. S’il fournit relativement peu d’informations, il aide le groupe à interpréter
les informations et prendre sa décision sur des sujets relativement quotidiens.
- Elle informerait la société de manière uniformément culturelle
- Elle insiste sur certains acteurs sociaux et les choisi en fonction de leur croyance, situation sociale, etc.
- La médiatisation sociale est la capacité dont les gens font des choix
- Les grands réseaux et la diversité des cultures : la vie économique et sociale repose de plus en plus sur les
réseaux techniques. À des questions désormais classiques (les réseaux favorisent-ils l’apparition de
nouvelles formes de sociabilité, de regroupement social ?), s’ajoutent des interrogations sur la régulation
social et politique de ces grands systèmes, et sur la dépendance des citoyens à leur égard. Les conclusions
ne sont pas unanimes même si la plupart vont dans le sens d’une perte d’initiative des habitants, d’une
dépendance accrue du tiers-monde à l’égard des pays dominants, d’une uniformisation culturelle,
notamment par l’« américanisation » des médias classiques et nouveaux.
- La vie humaine et les machines « intelligentes » : la spécialisation de l’intelligence artificielle a conduit à
des interrogations sur la nature de l’intelligence humaine (peut-on l’imiter), sur le type de tâches que l’on
peut transférer aux machines, mais aussi sur ce qui restera à l’homme. La psychologie et la sociologie se
sont unies dans un effort de compréhension d’explication et de mise en garde. Cependant il existe aussi
une critique de l’inflation technologique. Nombreux sont les intellectuels à rappeler que l’humanité est un
acteur collectif responsable de son propre devenir et qu’il est nécessaire d’abandonner le rêve d’une
prospérité sans limite, pour élaborer une éthique de la technique.
b) Le phénomène religieux
1. Les sociologies de la religion
Dès le départ, l’analyse, l’analyse sociologique des phénomène religieux est partie intégrante d’une analyse de la société
globale et d’un cadre théorique général.
Cette étude est motivée par deux choses. La première est l’observation de l’universalité du phénomène religieux. La
seconde est que le fait religieux semble être central dans un bon nombre de mécanismes sociaux.
Pour comprendre le phénomène religieux, Durkheim tente de l’observer dans ses formes élémentaires. Si il étudie la
religion, c’est parce qu’il pense qu’en partant de cette forme simple, il pourra plus facilement traiter des questions plus
générales et plus actuelles. Son intérêt repose donc sur l’essence de la religion. Selon lui, la religion est une phénomène
collectif qui s’oppose à d’autres formes, connexes mais individuelles, de croyances et de rapports symboliques. Cette
définition repose sur une distinction fondatrice entre le sacré et le profane :
- Le sacré se compose des choses, objets matériels utilisés comme représentations mentales. Ces choses sont placées
hors du champ de discussion et de l’appréciation personnelle.
- Le profane regroupe des choses du quotidien, vulgaires et non-transcendentes.
Pour Durkheim, le religieux relève du sacré, sacré qui ne peut se mélanger au profane au risque de perdre son essence.
Le religieux est donc une expérience structurante ou une manifestation de rituels.
L’intérêt de Weber dans l’étude des religions est pragmatique. Il cherche à situer le phénomène religieux dans les
mécanismes de l’organisation sociale. Dans son optique, la globalité du système social est au centre et le religieux est une
partie prenante de la société, abordé comme une activité dont les composantes ne le distinguent pas de toute autre
activité humaine. Cette vision donne priorité à l’action. La diversité des civilisation vient des différentes interprétations
du tout social. Le travail de Weber portera donc principalement sur la variété des civilisations. Il fabriquera
principalement une sociologie générale du mécanisme culturel.
Dans son travail, la religion est surtout une organisation de la société. Le mécanisme religieux est donc pour lui une
manière particulière d’agir en communauté, guidée par des prescrits subjectifs, incarnée dans un système de pratiques
et de croyances institutionnellement définies et sanctionnées. Le fait religieux est éminemment moderne et universel. La
religion est dépeinte comme facteur de cohésion sociale autant que comme élément susceptible de produire de
l’innovation.
Pour Weber, l’acte religieux poursuit un objectif matériel et présent. Il va donc chercher le lien entre a sphère
économique et la sphère religieuse. Il va montrer que le lien n’est pas déterministe.
La sociologie de Weber nous montre que derrière l’économique et le religieux se trouve un facteur commun permettant
de voir une congruence entre les différentes sphères sociales de l’action.
Au XXème siècle, la sociologie des religions s’émancipe de la sociologie générale. Elle constitue un domaine particulier de
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Au niveau de la législation, les sectes sont restreintes aux mêmes lois que toute la société : démocratie et liberté. Les
nouvelles formes d’organisation sont légitimes dans la mesure où elles les respectent.
Dans le cadre de la modernité, les sectes s’entendent bien dans le sens ou le religieux relève d’une liberté de conscience
et au minimum d’un libre arbitre. Le religieux fonctionne un pue a la carte. Si les sectes sont prospère c’est parce que la
société est désenchantée et elles justifient la fuite dans des petits groupes « chaleureux et producteurs de sens ». Et tout
cela n’aurait pas été possible sans la sécularisation (laïcisation, déchristianisation, dénuninisation). La prolifération et la
dangerosité potentielle des sectes sont impliqués par la forme de la société elle-même.
Une tension se crée donc entre la sphère publique et la sphère privée. Les cultes, inscrits dans la sphère privée possèdent
toute légitimité et cherchent souvent à s’étendre (envahir) dans la sphère publique. Cette tension peut expliquer le
sentiment péjoratif et le rejet des sectes.
Ainsi, pour résumer, au centre de ce phénomène sectaire se trouve la modernité des sociétés et l’incidence de celle-ci
sur un champ religieux livré à l’individualisme, au choix et à la disjonction avec les autres sphères de la société. Le
phénomène sectaire est une expression de la modernité religieuse et de la liberté qu’elle permet. Cette liberté nouvelle
implique des conséquences, pas nécessairement positives, en termes d’équilibre individuel et de choix personnel. Ce
n’est donc pas le dogme qui est remis en cause mais les manières de faire.
Face aux affirmations de certains laïques militants, ce qui est remis en cause est l’indistinction entre religions et sectes ;
les sectes participent de la religion mais pour autant toute religion n’est pas une secte.
2. Mécanismes de la modernité
La modernité a ouvert la porte aux phénomènes sectaires avec la laïcisation et la déchristianisation. Une action
contre ces phénomènes est alors une action contre la croyance. Pour agir dans la sphère religieuse, il est nécessaire
de préserver les valeurs de la modernité.
Le religieux devient consommation et se réduit à une gestion. L’économique, le culturel ou le scientifique s’engagent
sur la même pente.
Plus rien ne pénètre rien, les choses sont simplement juxtaposées, côte à côte, pour toutes ensembles constituer la
société. Le mécanisme de spécialisation dont parle Durkheim atteint ainsi un paroxysme. Dans ce cadre,
l’affaiblissement religieux n’est plus original. La religion, comme tout champ social, est devenue étanche aux autres
parties de la société. La description posée est celle d’une société d’individus, structurés par les mécanismes de
l’intérêt et agrégés par une logique de l’addition, qui ne peut imaginer que le tout soit d'une autre nature que les
parties dont il résulte.
On retrouve assez bien le concept durkheimien d’anomie : la pluralité de valeurs présente dans la société n’est plus
structurée par une logique interne puissante (consensus).
c) Le pouvoir politique
1. Le pouvoir, relation et dénomination
C’est de la sociologie politique. Il y a différentes sortes de pouvoirs : des parents, des profs, des patrons, etc. Le
pouvoir est une relation entre deux acteurs (individuels ou collectif).
Le pouvoir est d’abord relation par laquelle l’un des deux acteurs amène l’autre à agir autrement qu’il ne l’aurait fait
s’il n’était pas entré dans cette relation. Le pouvoir est capacité : on parle du pouvoir de quelqu’un soit par ses
caractéristiques intrinsèques (charisme par exemple), soit parce que les structures de la société lui donne du pouvoir.
Crozier avait défini 4 sources de pouvoir par rapport aux zones d’incertitudes :
- Dans l’ordre de l’intérêt pour soi, de la rationalité instrumentale et du contrat (pouvoir rationnel légal de
Weber),de la négociation, le gestionnaire a du pouvoir. On lui obéit parce que l’on croit que c’est lui qui, à partir
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des fins communément partagées, sait obtenir la meilleure combinaison possible des moyens.
- Dans l’ordre de l’intérêt pour autrui et de la sympathie, l’ami patron exerce une influence et a du pouvoir. On
lui obéit parce qu’on l’aime bien, et on l’aime bien parce que « il aime bien , il est humain et sait prendre en
compte les difficultés et les problèmes particuliers de chacun.
- Dans l’ordre de l’obligation (morale, juridique et économique) met en œuvre la loi, le directeur a du pouvoir
(assez proche du pouvoir traditionnel de Weber). On lui obéit parce qu’il incarne les valeurs fondatrices de
l’organisation et qu’il est le seul qui est en vue générale.
- Dans l’ordre de la libre-créativité , de la générativité (pouvoir charismatique de Weber), innove et entreprend,
l’innovateur a du pouvoir. On lui obéit ou plutôt, on le suit parce qu’il a de l’allant, il permet de sortir des
routines. Il apporte de l’espoir en faisant miroiter des possibilité à faire advenir.
La démocratie est fondée sur la conviction que les hommes naissent libre et égaux en droit. La liberté et l’égalité des
chances (valeurs) doivent être assurées par le « gouvernement du peuple par le peuple » par l’intermédiaire du vote.
Les citoyens disposent du pouvoir législatif et contrôlent le pouvoir exécutif. Les citoyens exercent directement ce
pouvoir (démocratie directe) ou alors le délèguent à des représentants (démocratie représentative/indirecte). Les
garanties dans ce genre de contexte est la séparation des pouvoirs, le pluralisme des partis politiques et les libertés
d’opinion, de presse et d’association.
- Démocratie directe : ce système suppose une consultation des citoyens pour chaque décision à prendre.
- Démocratie indirecte : ce système se base sur un gouvernement qui prend des décisions à notre place, ils
sont légitimes car ils sont élus. Le problème est que le représentant représente une majorité et non
l’unanimité. Les citoyens se soumettent à la loi de la majorité, il faut accepter que l’homme au pouvoir n’est
pas celui pour qui on a voté.
La plupart des pays occidentaux font face à une démocratie représentative/indirecte. Il n’y a pas de système parfait.
Le nôtre nous fait croire qu’on perd de notre pouvoir de citoyen et le système direct est très lent pour prendre des
décisions et bouge peu par rapport à des questions essentielles. Dans le système de « votations », en Suisse, ce sont
surtout les extrêmes qui vont voter, qui vont se déplacer. Les gens modérés ou qui s’en fichent ne bougeront pas. Ce
genre de système amène un fort conservatisme.
Le pleine réalisation de la démocratie suppose une société de petite dimension réconciliant par l’unanimité
valeur et système politique. Mais dans la réalité il en va autrement :
- L’élection de représentants du peuple et la règle pratique de la majorité dans les prises de décisions
entrent en contradiction avec la liberté et l’égalité. Un système électoral à la française par exemple (scrutin
majoritaire à deux tours) prive une grande partie (parfois plus de 70%) de la population de « ses »
représentants.
- La technicité croissante des décisions dans un monde de plus en plus complexe, mouvant et
internationalisé, rend les décisions inintelligibles par la grande majorité de la population.
- La primauté du pouvoir exécutif, dont les décisions s’appuient généralement sur l’avis d’experts
(technocratie) de plus en plus nombreux sur le législatif.
Le vécu démocratique des citoyens est valorisé : ses libertés sont préservées. Cependant :
- L’égalité des conditions n’existe pas et les sociologues savent très bien que, dans les plus grandes
démocraties, les phénomènes de reproduction sociale sont plus cruelles et plus difficiles à supporter que
dans tout autre régime.
- L’individu, confronté à un champ de possibilités beaucoup plus large, risque d’accumuler les déceptions.
Faute de bornes, il tombe dans une situation d’anomie. Confronté à un État de plus en plus éloigné dont il
se croit déposséder, il se replie sur sa famille, ce qui accroît l’individualisme.
- L’individualisme conduit à un appauvrissement du tissu social et de la solidarité, celle-ci devenant le
monopole de l’État (la solidarité institutionnalisée). L’État nourricier ou l’État-providence qui, pour assurer
les besoins sociaux de plus en plus grands, doit trouver de nouvelles ressources (taxes, impôts, etc.) qui
sont autant de contraintes à la liberté d’entreprendre, ce qui renforce encore l’individualisme etc.
8. La politique : un métier
Dans nos démocraties, avec l’introduction du suffrage universel, la politique est devenue un métier, c-à-d une
occupation à plein temps, rétribuée et qui nécessite la mobilisation de savoir-faire spécifique. Les spécialistes vivent
de et pour la politique. Cette profession est aussi un conséquence du développement d’organisations politiquer
permanentes, les partis politiques.
La lutte pour la conquête de postes (électifs ou partisans) fait partie de l’activité politique, c’est un des fondements
du système démocratique. Ce poste peut se conjuguer avec la défense de principes (idéologiques) qui se traduisent
en propositions politiques afin de susciter le soutien des électeurs.
alors à des « batailles d’experts », les électeurs ne s’exprimant qu’aux élections. Ce phénomène est renforcé par le
mode de recrutement des professionnels politiques . L’écrasante majorité de ceux-ci est issue des catégories
supérieures de la population (industriels, professions libérales, cadres supérieures, professions intellectuelles, etc.).
Face à cette situation, les électeurs se tiennent à l’écart du jeu politique dont ils ne comprennent pas les
significations (langage hermétique, enjeux jugés trop complexes et déconnectés de leurs préoccupations
quotidiennes, etc.). Un maximum de 10% de la population participe réellement à la vie politique. Cette participation
croît avec la position sociale et plus encore avec le volume de capital culturel possédé, qui induit un sentiment de
compétence subjective. La démocratie politique ne fait disparaître qu’en apparence les différences sociales.
Comme la population intervient peu dans les débats politiques (sauf aux élections), la consultation par sondages est
devenue un mode très pratique d’intervention des citoyens. Le développement des moyens de communication de
masse (particulièrement la télévision), le recours croissant à l’outil informatique, les perfectionnements des
méthodes statistiques, le développement du marketing, etc. contribuent à rendre légitime l’interrogation de la
population. Les hommes politiques sont immédiatement informés des réactions que leurs décisions suscitent chez
l’électeur. Ceux-ci disposent désormais d’un moyen de s’exprimer, non plus occasionnellement mais de façon
continue.
Dans ce contexte, le sondage d’opinion s’apparenterait à la démocratie directe. Les sondages sont devenus tellement
courants, familiers, que l’on est tenté de se fier à leurs résultats et ce pour 5 raisons :
- Certains faits crédibilisent fortement la technique du sondage auprès des professionnels de la politique.
- Les sondages préélectoraux gagnent en précision au fur et à mesure que l’on se rapproche de la date de
l’élection car la visibilité de l’enjeu s’accroît, même si une part non négligeable de l’électorat décide de son vote
dans les tout derniers moments et parfois le jour même.
- La multiplication des instituts de sondage crée une « offre », qui ont l’apparence de l’objectivité scientifique.
- Les sondages offrent de nouveaux débouchés en sciences sociales (sondeurs, politologues, etc.).
- Les sondages sont également une « arme » redoutable dont se sont saisis les journalistes afin de faire « jeu égal
» avec les hommes politiques. Grâce aux sondages, les journalistes peuvent invoquer « l’opinion publique » qui
s’exprime par leurs bouches, lorsqu’ils interrogent les politiques.
Mais Pierre Bourdieu annonce trois limites des sondages :
- Tout le monde n’a pas d’opinion sur tous les sujets : une question ne suscite pas un intérêt égal dans la
population. Et certaines réponses sont parfois reçues après qu’on nous ai fait du forcing.
- Toutes les opinions ne se valent pas : les réponses émises n’ont pas la même signification pour tout le
monde.
- Il n’existe pas d’accord préalable sur les questions qui méritent d’être posées : les sujets de préoccupation ne
sont pas identiques dans les différents milieux sociaux.
Bourdieu estime que les sondages apprennent davantage sur les sondeurs que sur les sondés.
Il faut constater que l’opinion publique produite par les sondages est devenue un enjeu central. Pour les hommes
politiques, il s’agit d’avoir l’opinion de son côté. Pour cela, ils recourent de plus en plus souvent à des conseillers en
communication afin de réaliser des « coups » médiatiques. Le jeu politique se réduit parfois à une course de chevaux
et contraint les hommes politiques à agir « vite », au gré des résultats des sondages.
Le sondage d’opinion ne tend donc pas à rapprocher la population de la politique puisque il reste éloigné des
préoccupations qui émergent dans la société.
Une autre hypothèse serait que le jeu politique, par l’entremise des sondages, tend à se replier sur lui-même et à
fonctionner en circuit fermé, tout en donnant, à ses principaux acteurs et utilisateurs, mystifiés par l’instrument, les
illusions de la transparence.
changé depuis Marx. Mais si l’analyse des classes ne porte plus exclusivement sur la manière dont elles prennent
part à l’accumulation, elle porte dorénavant sur les positions, leurs rapports réciproques et leurs pratiques sociales.
tout un ensemble de caractéristiques auxiliaires qui, au titre d’exigences tacites, peuvent fonctionner comme des
principes de sélection ou d’exclusion réels sans jamais être énoncés formellement (c’est le cas, par exemple de
l’appartenance ethnique ou du sexe).
Mais de nos jours, c’est souvent plus complexe que cela, les classes ne se limitent pas toujours à ça. Un agriculteur
peut être très riche et un patron endetté. Et au sein d’une même classe sociale, les pratiques culturelles peuvent
énormément varier. Raskin joue au golf et chasse, ce qu’aucun autre prof de l’IHECS ne fait. Alors qu’ils font tous
partie de la même sphère et vivent plus ou moins les mêmes choses. Alors qu’à l’époque de Marx, tous les gens d’une
même classe avaient les mêmes pratiques culturelles.
4. Le projet
De plus, il y a ce qu’on appelle le projet de vie. Cela ne dépend pas des classes. C’est le fait de choisir de fonder une
famille ou non, de se marier ou de rester célibataire, de vivre à tel ou tel endroit, etc. C’est la capacité de l’individu à
se projeter et de vivre en fonction de l’avenir qui le caractérise.
Le projet, c’est donc une tentative d’appropriation des choses, de biens, que l’on ne possède pas mais qui existent, et
ce dans une trajectoire historique (le projet peut d’ailleurs très bien exister à travers plusieurs générations).
L’attention se portera sur les biens valorisés du moment. Ainsi dans une société qui privilégie le capital économique,
le bien valorisé sera l’argent. Dans un projet visant à l’amélioration de la position de classe, l’action visera presque
exclusivement l’accroissement de ce capital. Le projet de vie renvoie à l’habitus et aux différents capitaux de
Bourdieu.
5. Le capital
a) Max Weber : classe, ordre, parti
Selon Weber, les bases du pouvoir se situent dans la propriété de biens de production. Mais Weber affirme qu’il peut
y avoir des solidarités et des oppositions dans une classe et entre les classes. Weber distingue donc « l’ordre » de la
« classe ».
- L’ordre se fonde sur la distinction sociale liée à la manière de vivre, de réagir. Des ordres peuvent ainsi naitre
un mode de vie propre ou du genre de profession, un charisme héréditaire, de la revendication de prestige,
acceptée en vertu des origines sociales et de l’appropriation monopolistique des pouvoirs politiques et
hiérocratiques.
- Une classe est constituée d’individus qui se trouvent dans une même situation de classe, elle-même définie
par la chance que les individus ont de disposer de biens ou de services afin de se procurer des rentes ou des
revenu.
- Le parti est un groupement qui s’opère autour des intérêts. Plus le parti est le porte-parole d’une classe, plus
on a de chance de la coir durer longtemps.
Le passage d’un ordre, à une classe puis a un parti montre le volontarisme des individu et la prise de conscience
importante de leurs conditions d’existences.
Weber accorde une grande importance à la profession, au mériter, qui engendre des modes de vie différénts et donc
un ordre particulier.
c) Les capitaux
Le métier n’est pas suffisant pour déterminer la place de l’individu dans la société. Pour Weber il faut d’avantage
tenir compte de l’ordre social et pour les sociologues américains de la position statutaire.
Pierre Bourdieu introduit la notion de capital. Selon lui il existe 4 types de capitaux caractérisés par leur contenu et
leur mode d’acquisition.
- Le capital culturel (ou encore technique) : Ce capital peut être associé à l’habileté, au savoir, au savoir-faire.
GILLART Ysaline
L’école est le moyen par lequel on peut acquérir ce capital. Lieu de banalisation du savoir, il reste un objectif
fondamental pour beaucoup de personnes.
- Le capital économique : Ce capital peut être associé à la capacité de faire-valoir monétaire à court ou à long
terme. Les modes d’acquisition sont liés principalement à la rareté du bien, du produit que l’on vend. Certains
métiers manuels, mal considérés par le passé, jouissent aujourd’hui d’un fort capital économique.
- Le capital social : Ce capital peut être associé à la capacité de faire valoir des relations sociales. Ces relations
peuvent être caractérisées suivant qu’elles sont intimes ou superficielles, importantes ou secondaires.
- Le capital symbolique : Ce capital peut être associé à la capacité de produire de la légitimité, de donner de la
valeur à ce qu’on fait. Le mode d’acquisition de ce capital renvoie à la notion de public « consécrateur ».
Chaque individu possède les 4 types de capitaux, mais le volume est inégalement réparti. Le rang social et le pouvoir
spécifique que les agents se voient assigner dépendent d’abord du capital spécifique qu’ils peuvent mobiliser, quelle
que soit par ailleurs leur richesse en telle ou telle autre espèce de capital : ainsi la noblesse possède toujours un fort
capital symbolique et ceci, peu importe le volume de ses capitaux économique, social ou culturel.
d) La dissonance
Il y a ce qu’on appelle la dissonance (un capital économique fort pour un capital symbolique faible, par exemple)
lorsqu’un investissement est plus important que la récompense. Chaque individu espère recevoir plus qu’il ne donne.
Tout le monde a un investissement (éducation, ethnie), auquel il espère recevoir une récompense (profession ou
revenu). Chaque statut porte un ensemble d’espérances comportementales lié aux comportement de l’individu, a
ceux des autres individus qui l’entourent et à la mobilisation de capitaux spécifiques.
Certains statut peuvent être vu comme des investissements dans une situation sociale et d’autres statuts sont
considérés comme des récompenses.
Dimensions d’investissement :
- Éducation (investissement acquis)
- Ethnie (investissement inné)
Dimensions de récompense :
- Profession (récompense sociale)
- Revenu (récompense matérielle)
On sent des injustices si l’on n’a pas de récompense proportionnelle à nos investissements. Si la récompense est plus
élevée que les investissement, l’individu pourrait ressentir une certaine culpabilité et nier le lien entre
l’investissement et la récompense.
La situation de dissonance amène les individus à réagir.
Face à ce statut incongruent, il y a au moins cinq types de réponses :
- Essai de mobilité sociale, donc réajustement de la position ;
- Isolation sociale, dont la forme extrême peut être le suicide ;
- Développement de symptômes psychosomatiques ;
- Défense d’une politique libérale, souvent due à une « sous-récompense par rapport à l’investissement » ;
- Préférence pour un changement social (celui qui a plus que moi a profité du système)
Un projet individuel s’inscrit toujours dans un contexte plus général dans lequel les concepts de désir, de modèle
sont essentiels. Le sujet ne choisit pas l’objet, le sujet de son désir. Ce désir est souvent un désir d’imitation ou de
distinction. Un groupe de référence peut avoir une fonction normative ou comparative sur les sentiments et les
attitudes de l’individu. La perception de l’inégalité dépend de la distance existant entre le médiateur (modèle de
référence) et l’individu.
de production de ce bien. Le monopole ne peut perdurer que si la population le légitimise, et cette légitimité donne
un certain pouvoir du a son rapport de dépendance/dépossession.
b) Caractéristique de l’éthos
Quelles sont les possibilités d’éthos ou d’habitus que nous pouvons rencontrer globalement, schématiquement ? Pour
répondre à la question, nous utiliserons l’analogie avec la théorie des jeux :
➢ Le jeu de hasard. La vie est perçue comme une loterie. Cette perception s’enracine dans des conditions
objectives d’insécurité économique qui se transposent dans des expériences subjectives. Dans cette situation,
il est impossible de faire un calcul sur l’avenir. Cette recherche nous permet de trouver une certaine sécurité
que l’on ne trouve pas dans l’univers quotidien. (Ethos sous-prolétaire)
➢ Le jeu avec des règles et l’individualisation. Ici les règles sont connues, la tactique est individuelle et vise à
améliorer ou renverse la position soit en privilégiant la minimisation de risque, soit en privilégiant la
maximisation de gain. Je ne fais pas confiance au groupe, je ne veux pas dépendre de quelqu’un. C’est
l’habitus des indépendants. (Pratique de la classe moyenne)
➢ Le jeu avec règles et la force collective. Dans la casse moyenne c’est par notre valeur éthique qu’on évolue
dans la hiérarchie. Dans la class prolétaire, c’est dans la force collective qu’on s’’améliore notre position. On
s’insère dans un groupement, une association, un syndicat. Grâce à ce collectif, on peut améliorer la position
de tous. L’ethos de position ouvrière se fonde dans les expériences du milieu de travail, il s’enracine
également dans la culture populaire, héritée d’une situation collective antérieure au développement
industriel.
➢ Le jeu avec des règles et les univers imaginés. C’est l’habitus des artistes, on est un peu reculé par rapport à
tout le monde.
La vie sociale implique nécessairement l’intervention d’univers imaginés, ce qui équivaut à être une mise à
distance par rapport au donné immédiat. Il est clair que les diverses positions sociales entretiennent des
modes de relations différentes avec ces univers. Pour ceux pour qui l’ethos peut s’apparenter au jeu de
hasard, les univers imaginés seront des choses merveilleuses, des miracles, l’inaccessible. Par contre, pour
ceux dont l’ethos s’apparente au jeu avec règles, les univers imaginés seront aussi des choses merveilleuses
mais qu’il convient d’approcher, de ressembler, qui seront à portée de projets.
Jeu de hasard ou jeu avec règles sont, en fait, des manières de vivre sa vie qui se répercutent sur la perception que
l’on a de soi-même108. Ces images de soi aboutissent souvent à une ségrégation, à un repli sur soi, sur son milieu.
Certes, elles s’entremêlent chez tous, mais l’une est davantage la marque d’une classe que les autres.
(rapport concret à l’espace) et il y en a qui se retrouve dans un univers familier malgré les substitutions de lieux
et de personnes (rapport abstrait à l’espace).
C’est la même chose pour le temps. Il être lu sous forme de discontinuité (rapport concret) qui ne permet pas
de faire des projets pour l’avenir, ou sous forme de continuité (rapport abstrait).
- Les stratégies idéologiques : Elles consistent en une légitimation des privilèges en les naturalisant.
Ces différentes stratégies s’opposent à la mobilité sociale. Elles visent essentiellement à combattre la régression
sociale.
Il existe en réalité « des » classes moyennes, une multiplicité de petits groupes en compétition les uns avec les
autres. Il existe principalement deux grands groupes :
- Les anciennes classes moyennes : composées de membres de professions indépendantes comme les chefs de
petites entreprises, les artisans et les commerçants. Ces anciennes classes moyennes correspondent à ce que l’on
appelle « le petite bourgeoisie » et relèvent du mode de production marchand antérieur à l’apparition de la
manufacture.
- Les nouvelles classes moyennes : composées d’actifs salariés dont le niveau hiérarchique et les revenus les
placent entre les cadres supérieurs et les ouvriers. En termes de catégories socioprofessionnelles, on peut ranger
dans cette catégorie les membres des professions intermédiaires (techniciens, contremaîtres, cadres moyens) et
les employés. Les nouvelles classes moyennes sont une création typique du capitalisme du XIXème siècle.
« Les individus de la classe moyenne espèrent parce qu’ils « savent » qu’ils peuvent espérer ; ils n’espèrent pas trop
parce qu’ils « savent » que cette société oppose en fait des barrières infranchissables à une ascension libre ; ils
espèrent cependant un peu trop parce qu’ils vivent de l’idéologie ambiante et diffuse de mobilité et de croissance. Le
niveau de leurs aspirations résulte donc exactement d’un compromis entre réalisme alimenté par les faits et un
irréalisme entretenu par l’idéologie ambiante, compromis qui reflète à son tour la contradiction interne à la société
globale ».
GILLART Ysaline
c) La petite bourgeoisie
Bourdieu appelle cette classe la petite bourgeoisie. Elle se distingue par une consommation culturelle élevée qui tend à
se rapprocher de la culture dominante sans jamais l’atteindre tout à fait. La petite bourgeoisie se devise en trois
groupes :
- La petite bourgeoisie en déclin : travailleurs indépendants dont les effectifs diminuent depuis les années 60.
- La petite bourgeoisie d’exécution : professions intermédiaires
- La petite bourgeoisie nouvelle : agents sociaux détenteurs d’un capital culturel élevé mais sans ressources
suffisantes en terme de capital social que pour pouvoir appartenir à la classe dominante.
e) La famille
La famille a fort évoluer avec le temps. Le modèle familial a changé avec l’évolution économique
- Famille étendue/élargie (XVème siècle) : parents, enfants, oncles, tantes, cousins, bonne, … les enfants étaient
éduqués par les adultes mais pas spécialement les parents (unités de production)
Révolution industrielle
- Famille souche : unités familiales beaucoup plus petites
- Famille conjugale : parents et enfants (unités de consommation)
Possibilité de divorce
- Famille monoparentale : un parent et les enfants
- Famille recomposée : un homme et une femme avec des enfants venant d’un union précédent.