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du 7 décembre 2021

Les titres de cette semaine :

En France 2
Point sur la situation sanitaire 2
Crise aux Antilles 5
Migrants dans la Manche 7
Procès du 13-Novembre 8
Et en bref 11

En Europe 14
Sommet de l’Otan sur fond de crise à l'Est 14
Covid en Europe 17
Méditerranée : le pape au chevet des migrants 20
Et en bref 22

À l’international 26
Nucléaire iranien : négociations peu concluantes 26
Tennis : la WTA montre au créneau pour Peng Shuai 28
Éthiopie : le gouvernement reprend du poil de la bête 30
Macron dans le Golfe 31
7e Forum de Dakar sur la paix et la sécurité 34
Et en bref 35

Rédacteurs : Banpan, Emerick, Killian, Neuzalia, Rémy


Relecture et correction : Neuzalia, Banpan

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En France

1. Point sur la situation sanitaire

À l’image de nos voisins (cf. section en Europe), l’épidémie progresse très


rapidement en France, tout comme la tension hospitalière : les 50 000 cas
quotidiens sont à nouveau atteints, une progression de plus de 60% en une
semaine, et 25 cas de personnes atteintes par le variant Omicron sont
désormais avérés. Les enfants sont particulièrement touchés, chez les 6 à 10
ans, le taux d’incidence s’envole à 917 cas pour 100 000 habitants au 6
décembre selon Santé publique France, un niveau deux fois plus élevé que celui
de toute la population.

La colère monte au sein des hôpitaux, qui sont déjà fragilisés : de nombreux
syndicats et collectifs ont appelé à une mobilisation samedi 5 décembre afin
de dénoncer le désagrégement de l'hôpital public. 6 000 soignants ont manifesté
à Paris réclamant des ouvertures de lits et des postes : pour beaucoup ils craignent
une vague de démission et une crise de vocations. Il semblerait que le Ségur de la
Santé et ses augmentations de salaire n'aient pas servi à éteindre le désarroi de la
profession.
Outre les hôpitaux de Lyon, Jean Rottner, président de la région Grand Est, a
alerté de la situation dans les hôpitaux de sa région : ceux de Mulhouse, de
Strasbourg et Colmar ont également déclenché le plan blanc face à l’afflux de
nouveaux patients atteints du Covid, à l’épidémie de bronchiolite et le manque de
personnel. Il a rappelé l’importance de la vaccination afin d’épargner des « praticiens
et des équipes paramédicales épuisées ».
Vous trouverez ici une carte des hôpitaux ayant déjà réactivé le plan blanc.

Face au variant Omicron, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a


annoncé mercredi après le Conseil des ministres un durcissement des
conditions d’entrée sur le territoire français : l’obligation de tests PCR négatifs de
moins de 48h pour tous les voyageurs hors Union européenne, même vaccinés, dès
le samedi 4 décembre. Il a ajouté que cette mesure pourrait s’étendre aux voyageurs
en provenance de pays de l’UE d’ici peu. Pour l’instant, pour les voyageurs en
provenance de l’UE, le délai est seulement réduit à 24h pour les non vaccinés.
Les vols pour et en provenance de 10 pays d’Afrique australe ont été rétablis ce
même jour avec un « encadrement drastique ». Le porte-parole du gouvernement a
également annoncé la création d’une nouvelle catégorie de pays rouge écarlate, qui
pour l’instant ne concerne que ces 10 pays d’Afrique australe.

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Il en a profité pour saluer la mobilisation des Français pour la dose de rappel. Afin
d’éviter un flux trop important dans la campagne de vaccination de la dose de rappel,
le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé la réouverture de 300 centres de
vaccination.
Le Premier ministre, Jean Castex, s’est exprimé jeudi, se félicitant des 4,5 millions
de rendez-vous pris pour la troisième dose, et du nombre de premières injections
repartant à la hausse. Ainsi, plus de 10 millions de Français ont reçu une dose de
rappel et depuis l’annonce de la possibilité de se faire administrer la troisième dose
ouverte à tous, le site Doctolib est pris d’assaut. Le docteur Philippe Besset,
Président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France a rappelé que
plus de 16 000 pharmacies vaccinent également.
Des difficultés d’approvisionnement en vaccin Pfizer-BioNTech semblent déjà
poindre : David Lisnard, président fraîchement élu (voir la revue de presse du 23/11)
de l’Association des maires de France a alerté Olivier Véran de problèmes
d’approvisionnement que rencontrent certains maires. Les élus de Biarritz, Castres
et Troyes auraient reçu des directives afin de n’ouvrir des créneaux qu’avec
des vaccins Moderna. David Lisnard a également demandé au ministre si ces
directives émanaient de son ministère. Cette alerte étonne, au lendemain de
l’intervention d’Alain Fischer, président du Conseil d’orientation vaccinale, où il
assurait que le pays avait des « doses en quantités adéquates ».
Le Conseil scientifique réfléchit à ouvrir la vaccination aux enfants de 6 à 10 ans.
Ces derniers représentent la tranche d'âge connaissant le plus de cas depuis les
vacances de la Toussaint : le taux d’incidence y dépasse les 650.

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e
Dans son 4 avis publié le mardi 30 novembre, la Commission nationale de
l’informatique et des libertés (Cnil) demande au gouvernement de fournir des
preuves de l’efficacité du passe sanitaire. Le rapport déplore le manque de
données disponibles permettant d’évaluer le dispositif, malgré plusieurs
demandes de l’organisme depuis le mois de septembre. Plusieurs problèmes
sont apparus : les faux passes, l’utilisation d’un même passe par plusieurs individus,
ou encore le fait que les cas contacts vaccinés n’étaient pas contraints à l’isolement
(ce qui n’est désormais plus le cas depuis l’apparition du nouveau variant, Omicron).
En plus de l’efficacité du passe, la Cnil rappelle les manquements en ce qui
concerne la sécurité des données personnelles des utilisateurs de l’application
TousAntiCovid (bien que de nouvelles modalités aient été mises en place)
rappelant la nécessité que ces dispositifs soient limités dans le temps et n’entravent
pas les libertés personnelles. La Commission a annoncé une nouvelle phase de
contrôle « portant sur la durée de conservation, la suppression et/ou l’anonymisation
des données » en fin d’année.
̅

3
Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, a appelé chacun à
se refaire vacciner, rappelant que l’efficacité des vaccins diminue dans le
temps, ainsi qu’à mieux respecter les gestes barrières afin de juguler la 5e
vague épidémique que connaît le pays. Le scientifique pense qu’en respectant à
nouveau ses mesures, le pays peut éviter un nouveau confinement : « Noël n’est pas
en danger si nous faisons tous attention ». D’après lui, si tous les Français
restreignaient leur contact de 20%, cela aurait un impact sur la tension hospitalière. Il
a par ailleurs exprimé des doutes quant à la capacité de contrôler une
vaccination qui pourrait devenir obligatoire, alors que 600 000 personnes de 80
ans ou plus n’ont toujours pas été vaccinées.
En outre, il a critiqué la position de l’OMS qui appelle à distribuer les vaccins
dans les pays les plus pauvres, arguant que la Covid-19 touche principalement
les personnes âgées, plus nombreuses en Europe et aux États-Unis. Bien
qu’admettant que les vaccins puissent être moins efficaces sur le variant Omicron, il
précise que l’on ignore encore tout de sa dangerosité et de sa contagiosité, et qu’il
vaut mieux se concentrer sur la 5e vague, due au variant Delta.
Il a finalement rappelé l’arrivée en pharmacie cette semaine du Molnupiravir,
traitement efficace réservé aux patients à risque de forme grave, et devant être
prescrit dans les premiers jours après l’infection.

Contrairement au professeur Delfraissy, Vincent Enouf, directeur adjoint du


Centre national de référence des virus respiratoires de l’Institut Pasteur pense
que « Noël est en danger » : « C’est maintenant qu’il faut agir, c’est tout de suite,
pour avoir un Noël à peu près normal ». Il a rappelé que les personnes hospitalisées
n’étaient, pour la plupart, pas vaccinées. Il pense par ailleurs que le variant Omicron
pourrait rapidement prendre de l’ampleur sur le territoire, confirmant également la
possible baisse d’efficacité des vaccins.

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La cinquième vague et l’émergence du variant Omicron ont déjà des
répercussions économiques notamment dans les secteurs en première ligne
comme celui de l’événementiel qui ne cesse de s’inquiéter après de très
nombreuses annulations. C’est pourquoi le Syndicat des activités
événementielles réclame le retour du « quoi qu’il en coûte » dans un
communiqué publié mercredi : « Il faut d’urgence que le gouvernement remette en
place les aides efficaces qui ont permis à la filière événementielle de résister à la
crise : le fonds de solidarité et le chômage partiel à taux plein ».
Ce sont surtout les traiteurs qui souffrent de l’annulation de réceptions de fin d’année
de la part des entreprises. De nombreux évènements festifs sont d’ores et déjà
annulés (fêtes de village, Téléthon, marchés de Noël) par mesure de
précaution. Le monde associatif se remet également difficilement de la
pandémie.

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En ce qui concerne le tourisme, une vague d’annulation massive a été
observée à la suite de l’émergence du nouveau variant, ce qui inquiète la
profession. Les stations de ski risquent particulièrement de connaître un hiver difficile
: la présentation du passe sanitaire est devenue obligatoire ce samedi 4 décembre
dans les stations, dès que le taux d’incidence national dépasse les 200 (pour rappel
il dépasse largement les 300 actuellement).

Les entreprises réclament à nouveau un report des remboursements des prêts


garantis par l’État, qui avait déjà été reporté d’un an, qui pourraient l’être à nouveau
de 6 mois si la Commission européenne l’accepte. Le ministre de l’Économie, Bruno
Le Maire, a déclaré que le gouvernement allait « faire le point » prochainement avec
les secteurs fragilisés : l’événementiel, le tourisme, la restauration et le transport
aérien. Il a évoqué remplacer le « quoiqu’il en coûte » par le « quoi qu’il arrive » : de
nouvelles aides sur-mesure pourraient donc être débloquées dans les semaines à
venir.
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Jean Castex et Olivier Véran ont tenu une conférence de presse lundi soir après un
Conseil de défense qui s’est déroulé le matin même. Plusieurs mesures ont été
annoncées :

- Le protocole sanitaire dans les écoles primaires passe au niveau 3; il n’y


aura pas de vacances anticipées.
- Les discothèques fermeront pendant 4 semaines à partir du 10 décembre.
- La vaccinations des enfants à risque de 5 à 11 ans sera ouverte à partir du
15 décembre. Le gouvernement se prépare également pour la vaccination de
l’ensemble de cette tranche d’âge, mais il attend encore des avis sur la question
pour lancer la campagne.
- Jean Castex a appelé à « lever le pied » jusqu’au fêtes sur les interactions
sociales.
- Les entreprises sont incitées à permettre à leurs salariés de télétravailler «
deux à trois jours par semaine ». Le gouvernement n’exclut pas de passer par
l’obligation si nécessaire. Trois jours par semaine seront également permis dans
la fonction publique.
- Les protocoles seront renforcés sur les marchés de Noël et sur les grands
évènements extérieurs.

2. Crise aux Antilles

Face à la situation très tendue aux Antilles (voir la revue de presse du 30/11), le
ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu s’est rendu sur place pour tenter de
renouer le dialogue. Il s’est d’abord rendu en Guadeloupe, où la tentative

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d’échange avec l’intersyndicale s’est révélée être un échec. Le ministre a
déploré le refus de l’intersyndicale de condamner les violences. Les représentants
syndicaux, eux, ont dénoncé un ministre « hors sol » et une politique répressive
disproportionnée au regard de la manière avec laquelle l’État traite ce territoire
depuis des années. Une ancienne ministre de droite a quant à elle dénoncé le «
double discours » de Lecornu qui, d’une part, se montre ferme sur l’ordre public
mais, d’autre part, affiche une certaine souplesse sur l’obligation vaccinale pour les
soignants. Des incidents, comme des tentatives d’incendie, ont eu lieu après sa
visite.
Le lundi 29 novembre, c’est en Martinique que le ministre s’est rendu. Là-bas,
la situation est plus apaisée, les syndicats et les élus locaux ont signé avec l’État
un « accord de méthode ». Cet accord prévoit des discussions sur 7 thèmes. Cette
situation plus apaisée a permis au ministre de rencontrer les autres parties
pendant deux heures.

C’est donc bien aux forces de l’ordre que Lecornu pense avant tout. C’est
d’ailleurs à eux qu’il s'adresse en premier au cours de son voyage en les passant en
revue. Comme pour la Guadeloupe, 70 gendarmes supplémentaires ont été
déployés en Martinique et sont arrivés sur place mardi dernier. En parallèle, les
forces de l’ordre ont adapté une nouvelle stratégie pour tenter de rétablir le calme.

Pour tenter d'apaiser la situation, le gouvernement s’était dit ouvert à la


discussion au sujet de l’autonomie de la Guadeloupe. Cette position a été
confirmée par Emmanuel Macron qui a également félicité l’action de Sébastien
Lecornu au cours du Conseil des ministres. Il a ainsi salué le « courage,
l'engagement et la fermeté » de son ministre. Faisant référence à la gestion des
précédentes crises ultramarines, Macron a également parlé d’une « rupture avec le
passé ».
Les dégâts engendrés par les manifestations – voitures brûlées ou encore
commerces vandalisés et pillés – se chiffrent à plusieurs millions d’euros.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dressé mercredi, pendant la séance de


QAG au Sénat, un bilan des opérations de maintien de l’ordre. Selon lui, « le
rétablissement de l’ordre public progresse » notamment grâce à l’envoi de forces
de sécurité supplémentaires. La veille, à l’Assemblée nationale, il avait rappelé la
position du gouvernement consistant à refuser de « débattre avec des personnes
» contestant la condamnation des violences contre les forces de l'ordre.
L’amélioration de la situation est confirmée par la préfecture de Guadeloupe, qui a
parlé de « quelques tentatives supplémentaires d’installation de barrages » qui, pour
la plupart, « ont été dégagés et n’entravent plus la circulation ». En ce qui concerne
les auteurs de tirs sur des policiers, Lecornu a assuré qu’il n’y aurait « aucune
amnistie », ce qui est pourtant demandé par l’intersyndicale. Le procureur de la

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République de Pointe-à-Pitre, Patrick Desjardins, assume « le choix de la
“tolérance zéro” » : sur 70 personnes jugées, 64 ont été condamnées pour leur
participation à des actions violentes, majoritairement à des peines de prison fermes.
Au cours de ces mêmes QAG, Lecornu, s'est quant à lui dit « complètement
disponible pour avancer pour la Guadeloupe ».

Plus globalement, on observe donc une certaine accalmie dans les Antilles
comme à Saint-Martin ou en Martinique où les barrages ont été levés par les forces
de l’ordre. Mais d’après un membre de l’intersyndicale, leur propre intention
d’assouplir les blocages a été remise en cause par ces interventions. Le 3
décembre, quelques blocages subsistaient – comme au port de la Pointe des
Grives à Fort-de-France, où quelques camions ont quand même pu sortir de la
marchandise après 12 jours de blocage, la circulation est globalement fluide.
Et malgré cette accalmie, la situation reste fragile et des incidents continuent à
survenir : à Saint-Martin, un gendarme a été blessé au cours de l’évacuation d’une
carcasse de voiture. Le couvre-feu a été maintenu jusqu’au 4 décembre en
Martinique et jusqu’au 7 en Guadeloupe.

Ces tensions ne sont pas sans conséquences sur une économie déjà frappée
par la crise sanitaire. En Martinique, selon François Baltus-Languedoc, directeur
général du comité martiniquais du tourisme, l’île devrait accueillir 304 000 touristes
en 2021 contre un million en 2019.

3. Migrants dans la Manche

Après le naufrage dans la manche d’un bateau de migrants ayant fait 27 morts (voir
la revue de presse du 30/11), le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé
que l’État prendra en charge l’inhumation des victimes et « travaillera avec les
communes qui acceptent d'accueillir les défunts ». Pour les éventuels rapatriements,
il faudra en revanche se tourner vers les pays d’origine. Mais avant de procéder aux
inhumations, la justice doit d’abord identifier les corps; le parquet de Paris a ainsi
appelé à transmettre « toute information susceptible d’aider à l’identification ».

Alors que la question migration est déjà source de tensions entre la France et le
Royaume-Uni, ce drame a entraîné une « surenchère » entre les deux pays, ce
que la presse étrangère analyse avec un ton sarcastique. Le journal suisse Le
Temps parle ainsi de « deux coqs qui se font face, dressés sur leurs ergots,
incapables de reculer ».
En France, le gouvernement a multiplié les prises de parole pour défendre sa
politique, avec des affirmations parfois inexactes selon des vérifications faites par
France 3. Le gouvernement a aussi reproché au Royaume-Uni son attractivité

7
pour les migrants, notamment du fait d’un « modèle économique qui favorise le
travail clandestin » selon le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes
Clément Beaune, une position partagée par la maire LR de Calais Natacha
Bouchart. La réalité serait plus nuancée : en termes d’économie informelle, le
Royaume-Uni fait plutôt figure de « bon élève » en Europe. Pour autant, les
pratiques abusives existent et certaines situations sont dénoncées par des ONG
comme de l’« esclavage moderne ».

Seules deux personnes ont survécu à ce naufrage. L’une d’elles a accusé


d’inaction les sauveteurs de chaque pays, chacun se justifiant en considérant le
bateau comme étant dans les eaux de l’autre pays. Ces déclarations ont fait réagir
Clément Beaune qui a défendu les sauveteurs français. Un père irakien a
témoigné après avoir perdu sa femme et ses trois enfants dans le naufrage. Il a
également imploré les autorités françaises pour récupérer les corps.

Parmi les mesures prévues pour lutter contre les traversées de la Manche figurait le
survol de la zone par un avion de l’agence européenne Frontex. L’appareil est
arrivé à Lille mercredi et va voler jour et nuit en aide aux polices française,
néerlandaise et belge. En revanche, l’organisation de patrouilles communes avec
le Royaume-Uni sur les côtes françaises reste exclue. Cette position a été
réaffirmée par le Premier ministre Jean Castex dans une lettre adressée au
Premier ministre britannique Boris Johnson. Ce courrier, qui est une réponse aux
différentes déclarations et propositions de Johnson, rejette aussi totalement
l’option de refouler les migrants en mer. La France a formulé plusieurs
propositions pour que les Britanniques contribuent à réduire les flux
migratoires, comme l’ouverture de voies légales d’immigration ou encore un
contrôle accru du marché du travail.

4. Procès du 13-Novembre

Au procès des attentats du 13-Novembre (voir nos précédentes éditions), certains


prévenus, dont Salah Abdeslam, poursuivent leur « grève d’audience » pour
protester contre l’anonymisation des enquêteurs belges et leurs témoignages en
visioconférence.

Ces enquêteurs ont continué à se succéder pour décrire les parcours des terroristes.
Mardi, c’était celui, flou, de Mohamed Abrini, un des « grévistes », qui était
évoqué. Lors de ces interrogatoires, il affirmait n’avoir « jamais été radical », se
présentant comme un « bon Belge ». L’enquêteur considère que ses échanges
téléphoniques ne vont pas en ce sens. Incarcéré une première fois, il apprend en
sortant de prison la mort de son frère en Syrie, évènement qui constitue un

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déclencheur. Ce dernier s’était déjà radicalisé en fréquentant une mosquée bien
connue des services de renseignement. Par la suite, Abrini a commencé à se
radicaliser puis, après un nouveau séjour en prison, il part pour la Syrie en passant
par la Turquie le 23 juin 2015. Selon lui, une fois libéré, son quartier était « vide »,
intégralement parti en Syrie.
Une fois arrivé sur place, il rencontre deux responsables du futur commando et
est alors affecté à des tâches de convoyage de fonds. Il se rend pour ça au
Royaume-Uni où il reste plusieurs jours avant de faire une halte à Paris. Il
affirme que ces séjours ne sont que « du pur tourisme ». Pour son voyage en
Syrie, il s’agissait de se recueillir sur la tombe de son frère. Là-aussi, cette
version ne convainc pas les enquêteurs. Se sachant soupçonné, il se rend de sa
propre initiative à un poste de police le 27 juillet 2015 pour assurer être « à 100 %
contre les personnes en Syrie ». Son téléphone est conservé et fait l’objet
d’investigations, mais Abrini est libéré. Selon l’enquêteur, le choix de le laisser libre
se justifie par le fait que cela permet de recueillir plus d’éléments.

Le mercredi 1er décembre, c’est au tour du cas du djihadiste suédois Osama


Krayem d’être abordé, tout comme celui de Sofien Ayari. Ce dernier s’est, pour
l’occasion, à nouveau présenté à l’audience, lui qui faisait partie de ceux qui
refusaient de comparaître. Pour Ayari, on sait peu de choses sur son parcours.
Selon ses parents, il a commencé à changer en 2013/2014 et a dit à sa mère être en
Syrie début 2015. Il a ensuite entamé le voyage vers l’Europe en septembre 2015.
Avec Krayem, ils ont été récupérés par Abdeslam en Allemagne en octobre. Enfin,
Ayari et Krayem se sont rendus à l'aéroport de Schiphol à Amsterdam quelques
heures avant les attentats.
En ce qui concerne Osama Krayem, sa radicalisation a débuté en 2011/2012. Il est
parti en Syrie en août 2014. Il a notamment été reconnu dans la vidéo du pilote
d’avion brûlé vif, il y occupait une place de spectateur. Krayem adhère à l’État
islamique « de manière inconditionnelle » même s’il n’est pas d’accord avec tout. Il
perçoit les actions de l’EI comme une réaction aux attaques de l’Occident. Il a
été arrêté en Belgique le 8 avril 2016, il devait participer aux attentats du métro
de Bruxelles, mais a finalement renoncé au dernier moment.

Le témoin de jeudi a, lui, parlé de Oussama Atar. Celui-ci est jugé en son
absence, puisque présumé mort en novembre 2017 suite à une frappe aérienne.
Son histoire avec le terrorisme est longue, puisque c’est en septembre 2003
qu’il arrête ses études et qu’il part en Syrie où il avait voyagé une première fois
en 2000. Il combat d’abord en Irak pour un groupe lié à Al-Qaïda avant d’être
arrêté par des soldats américains le 25 février 2005. Il est par la suite condamné
par un tribunal irakien à la prison à perpétuité, peine finalement réduite à 10 ans,
avant d’être libéré en 2012 après une importante campagne médiatique
organisée par sa famille. Elle serait justifiée par les conditions de détention d’Atar

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et par une dégradation de son état de santé, un « gros mensonge » selon le
représentant du parquet national antiterroriste. Il rentre donc libre en Belgique où,
bien qu’il soit inculpé pour participation à une entreprise terroriste, il ne fait l’objet
d’aucun mandat d’arrêt ni d’aucun contrôle judiciaire. Il obtient même un
passeport en octobre 2013.
Quelques semaines plus tard, il se rend à nouveau en Syrie pour rejoindre
l’État islamique. C’est dans la même période qu’il enrôle deux de ses cousins,
Ibrahim et Khalid El Bakraoui. L’enquêtrice a alors diffusé deux extraits audios de
propos tenus par Ibrahim El Bakraoui. Ils contiennent des propos violents, appelant
explicitement à prendre les armes. Ces messages ont été enregistrés la veille de sa
participation aux attentats du métro de Bruxelles. Enfin, l’enquêtrice parle aussi de
son frère, Yassine Atar – présent au procès parmi les prévenus – qui s’est lui
aussi radicalisé après le retour d’Oussama. Les divers éléments indiquant la
pratique d’un islam radical sont toutefois remis en cause par la défense, l’un doutant
des hypothèses des enquêteurs, l’autre posant l’idée de « la beaufitude » plutôt que
« le germe du terrorisme ».
Considéré comme le « cerveau » des attentats du 13-Novembre, Oussama Atar
aurait été le plus haut gradé Européen de l’organisation terroriste.

À côté de ce parcours, beaucoup de zones d’ombres subsistent. Il y a ainsi des


interrogations sur le fait qu’il ait pu obtenir un passeport malgré son passé
terroriste. L’enquêteur belge n’a pas su répondre à cette question, se justifiant par
sa non-appartenance au ministère des Affaires étrangères. Certains pensent que
ce n’est pas qu’une faille des services belges, mais bien un acte volontaire : les
policiers belges sont soupçonnés d’avoir voulu faire d’Atar un informateur.
Face aux questions sans réponses du parquet et des avocats des deux bords, le
président de l’audience a fini par intervenir en admettant que « des failles, il y en a
eues » tout en considérant que la Cour n’était « pas là pour attribuer des bons ou
des mauvais points aux policiers belges ».

Les méthodes des enquêteurs belges continuent de susciter de nombreuses


critiques. Une partie civile parle même d’« une honte », leur reprochant d’éviter de
donner des éléments qui pourraient remettre en cause la lutte antiterroriste belge. Le
défense aussi est en colère et déplore une « absence de réponse ». Le problème
est que les enquêteurs entendus ne sont pas ceux qui ont travaillé sur les éléments
qu’ils donnent. Ils se limitent donc à synthétiser le dossier et ne peuvent répondre
aux nombreuses questions posées sur des témoignages déjà jugés peu détaillés.
Gérard Chemla, avocat au barreau de Reims qui représente 140 parties civiles,
reproche aussi aux enquêteurs le refus de toute remise en question.
Face à la multiplication des critiques, le parquet belge s’est expliqué, évoquant
les multiples différences entre les systèmes judiciaires des deux pays.

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5. Et en bref

- Affaire Ghosn / Rachida Dati : la cour d’appel de Paris a rejeté la demande de


prescription des poursuites à l’encontre de Rachida Dati dans le cadre d’une
enquête sur ses activités de conseil auprès du groupe Renault alors qu’elle était
élue au Parlement européen.
- Assemblée nationale / Niche PCF : jeudi avait lieu la niche du groupe PCF à
l’Assemblée nationale, c'est-à-dire la journée où le groupe a la main sur l’ordre
du jour.
⬫ Parmi les textes proposés par les communistes figurait l’inéligibilité pour les
personnes condamnées pour racisme, mesure rejetée par la majorité qui
veut privilégier le combat par les idées.
⬫ Elle a aussi rejeté une nouvelle fois la déconjugalisation de l’AAH malgré
l’unanimité que fait cette mesure dans les groupes d’opposition.
- Déficit commercial : dans une note publiée ce mardi, le haut-commissariat au
Plan prône pour « plus de Made In France ». Elle dresse une liste de 50 produits
pour lesquels François Bayrou veut engager une réflexion avec les filières
concernées.
- Éducation nationale / Cour des comptes : d’après un rapport de la Cour des
comptes, les deux tiers des absences des enseignants sont des absences «
institutionnelles », c’est-à-dire venant du fonctionnement même de l’institution.
- Électricité :
⬫ La limitation de la hausse du coût de l’électricité pourrait coûter bien plus
cher que prévu, jusqu’à 12 milliards d’euros selon des experts alors que 4
milliards étaient initialement prévus. Cela s’explique en partie par le fait que
les fournisseurs alternatifs à EDF vont devoir plus recourir au marché du
gros et ses tarifs très élevés. Le gouvernement à toutefois confirmé que la
hausse restera limitée à 4 % début 2022 « quoi qu’il arrive ».
⬫ De la même manière que les fournisseurs alternatifs, les entreprises qui
consomment beaucoup d'électricité bénéficient d’un mécanisme permettant
d’acheter la production des centrales nucléaires d’EDF a un tarif très
avantageux. Mais cet accès est limité par un plafond qui n’a pas été relevé,
et en conséquence, la production de certains sites industriels pourrait être
compromise du fait des tarifs trop élevés de l’électricité.
- Encadrement des loyers : le Conseil d’État a rejeté les recours de propriétaires
contre l’encadrement des loyers expérimenté dans des communes du Grand
Paris, mais aussi à Lyon, Bordeaux et Montpellier.
- Épidémie de bronchiolite : 5 098 enfants de moins de 2 ans ont été vus aux
urgences pour bronchiolite la semaine dernière selon Santé Publique France.
L’épidémie s’accentue après une accalmie l’hiver dernier.

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- Financement libyen : la Cour de cassation a rejeté tous les recours
procéduraux de Nicolas Sarkozy et de ses proches dans le cadre de l’affaire des
soupçons d’un financement libyen de sa campagne de 2007.
- Fonderie SAM : après un premier échec dans la reprise de la Fonderie SAM
(voir la revue de presse du 30/11), la ministre de l’Industrie Agnès
Pannier-Runacher a affirmé que le gouvernement était « en contact » avec des
entreprises « susceptibles de créer de l'emploi ».
- Handicap : alors que la majorité à l’Assemblée nationale a une nouvelle fois
rejeté la conjugalisation de l’AAH (voir plus haut), la politique d’Emmanuel
Macron sur le handicap est fortement critiquée.
- Investissements en faveur du climat : d’après un rapport de l’institut I4CE, les
investissements en faveur du climat ont progressé en 2020 et devraient
continuer à augmenter en 2021 et en 2022, mais cela reste insuffisant pour
permettre à la France d’atteindre ses objectifs en matière de climat.
- IVG / Sénat :
⬫ l’Assemblée nationale a adopté mardi dernier une proposition de loi
allongeant le délai de recours à l’IVG de 12 à 14 semaines. Mais le texte
pourrait rester bloqué là, faute d’inscription à l’ordre du jour du Sénat. Le
gouvernement est en effet opposé à la mesure et les sénateurs LREM se
refusent à le contredire en utilisant leur niche pour inscrire le texte.
⬫ Finalement, le Gouvernement a changé d'avis : il s’apprête à inscrire à
l'ordre du jour la proposition de loi, contrairement à ce que disait encore
vendredi 3 décembre Marc Fesneau sur le plateau de franceInfo.
- J34n C4st3x / Départements : le Premier ministre Jean Castex a annoncé
plusieurs mesures afin de renforcer les compétences des départements. Elles
sont issues d’un ensemble de propositions émanant de l’Association des
départements de France.
- Jean-Paul Delevoye : l'ancien haut-commissaire aux retraites Jean-Paul
Delevoye a été condamné à 4 mois de prison avec sursis et 15 000 euros
d’amende pour ne pas avoir déclaré plusieurs mandats susceptibles de générer
des conflits d’intérêt.
- Jeunesse / Covid-19 : la Fondation de France alerte sur l’explosion de
l’isolement des 15-30 ans.
- Maintien de l’ordre / Journalistes : la nouvelle version du schéma national du
maintien de l’ordre n’impose plus aux journalistes de quitter les lieux lors de la
dispersion d’une manifestation; une obligation qui avait été censurée par le
Conseil d’État en juin.
- Nouvelle-Calédonie :
⬫ À l’approche du référendum sur l’indépendance prévu ce dimanche, 252
délégués sont arrivés sur place pour veiller à la sincérité et à la régularité
du scrutin. Ils seront accompagnés pour cela de 8 délégués locaux et d’une
mission d’experts de l’ONU.

12
⬫ Les indépendantistes refusant d’y participer, la campagne tourne au ralenti.
Le scrutin risque d’être tendu
⬫ Le FLNKS et un collectif de citoyens ont interpellé le Conseil supérieur de
l'audiovisuel sur des clips de campagne jugés « racistes et calomnieux »
d'un parti loyaliste.
- Précarité étudiante : les associations alertent à nouveau sur des situations d’«
extrême urgence » pour les étudiants alors que les distributions alimentaires
peinent à répondre à la demande.
- Réindustrialisation : d’après une enquête de l’Usine nouvelle, la
réindustrialisation reprend en France après une année 2020 difficile. Du 1er
janvier au 18 novembre 2021, on dénombre 53 ouvertures de sites industriels
contre 24 fermetures. Avec 2,9 milliards d’euros de subvention, l’industrie est l’un
des secteurs concernés par le plan France Relance.
- Sénat : adoptée à l'unanimité par l’Assemblée nationale en octobre, la
proposition de loi LREM afin d’interdire les « thérapies de conversion » arrive au
Sénat ce mardi. Les débats risquent d’être houleux autour de la notion d’identité
de genre.
- Trains régionaux en Hauts-de-France : face aux « dysfonctionnements,
retards et suppressions de trains sur le réseau TER », la région Hauts-de-France
a annoncé la suspension de ses paiements à la SNCF. L’entreprise sera à
nouveau payée – avec les arriérés – seulement une fois que la situation se sera
améliorée. Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou a regretté une sanction
qui n’était pas prévue au contrat avec la région tout en reconnaissant une
légitimité à ce que l’entreprise soit pénalisée. Il s’est également expliqué sur les
causes de ces difficultés et a rappelé le plan d’action en cours pour les corriger.
- Trajets domicile-travail : selon le dernier Baromètre Mobilité & entreprises
réalisé par l’Ifop pour Alphabet France, l’utilisation de la voiture pour se rendre
au travail a augmenté depuis le début de la crise, la seule exception étant
l’Île-de-France.

13
En Europe

1. Sommet de l’Otan sur fond de crise à l'Est

Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne (UE) et le Canada ont


annoncé, jeudi 2 décembre, de nouvelles sanctions économiques contre la
Biélorussie, accusée de « violations répétées des droits humains » et de nourrir une
vaste crise migratoire à la frontière polono-biélorusse en délivrant des visas à des
réfugiés et en les y acheminant (voir la revue de presse du 30/11).
La Pologne a prolongé mardi de 3 mois l’interdiction d’accès à la région
frontalière avec la Biélorussie, imposée en septembre après le début de la crise
migratoire. L’accès à la zone frontalière reste interdit à toute personne non
résidente, y compris aux membres des ONG aidant les migrants, selon les nouvelles
mesures. Les journalistes, qui jusqu’à présent y étaient interdits, pourront
désormais demander une autorisation spéciale.

Les migrants viennent principalement du Moyen-Orient, et en particulier d’Irak;


la communauté kurde d'Irak, les Yézidis, opprimés dans leur pays, sont venus tenter
leur chance en Europe et se sont retrouvés piégés dans le guet-apens tendu par
la Biélorussie, à l’instar de ces deux jeunes femmes, Dalia et Lina, qui ont tenté de
passer la frontière puis ont été reconduites en Irak. Les conditions climatiques et de
vie sont terribles dans cette bande de terre entre la Pologne et la Biélorussie.
Les médias polonais ont fait état de douze morts pour l’instant, mais selon les
témoignages des migrants eux-mêmes, nombreux de leur congénères ont
disparu, ce qui pourrait faire grimper le bilan de manière exponentielle. Les
migrants, en passant la frontière vers la Pologne, se font rejeter par celle-ci et ne
peuvent faire demi-tour sous peine d’exactions commises par les forces biélorusses;
ils voient peu à peu le piège se refermer sur eux. Des vols sont affrétés pour un
retour en Irak, mais cela intéresse très peu de monde sur place.

Pour tenter d’apporter une réponse à ce drame humanitaire majeur, l’Union


européenne a proposé ce mercredi 1er décembre d’allonger l’étude des
dossiers déposés par les demandeurs d’asile à quatre semaines, au lieu des
dix jours actuellement en vigueur par la législation européenne. Les pays
concernés (Pologne, Lettonie et Lituanie) seront également autorisés à garder les
demandeurs d’asile enregistrés jusqu’à 16 semaines de leur côté de la frontière
jusqu’à ce qu’ils analysent leur demande de protection, tout en leur refusant le
droit permanent d’être détenus dans des centres plus adaptés à l’intérieur du
pays. Cependant, cette mesure, aussitôt annoncée, est déjà décriée par des
ONG et les députés européens principalement de gauche. Pour Oxfam, elle

14
permettra à la Pologne de garder les migrants dans des hangars aux conditions
de vie atroces; « Ces mesures font aussi le jeu des gouvernements qui veulent
utiliser le sort des migrants vulnérables pour répandre l’anxiété et la peur
d’une crise migratoire aux frontières de l’UE », a déclaré Birgit Sippel,
porte-parole des sociaux-démocrates (S&D) pour la Justice et les Affaires intérieures,
dans un communiqué.

Le bras de fer entre les deux pays fait également rage sur les réseaux sociaux.
Meta (maison mère de Facebook) a annoncé avoir supprimé des dizaines de
faux comptes sur Facebook, Whatsapp et Instagram qui propageaient de
fausses informations. Certains faux comptes seraient le fruit du KGB biélorusse et
auraient publié des messages en kurde pour dénoncer le traitement des réfugiés à la
frontière polonaise, pour échauffer les tensions; de l’autre côté, certains faux
comptes se seraient faits passer pour des migrants qui déconseillent le
passage en Europe par la Pologne en racontant leur vie pénible sur le Vieux
Continent, et en mettant en avant la répression policière polonaise contre les
clandestins.
̅
Autre front de tension : la frontière russo-ukrainienne. Depuis quelques
semaines, l’OTAN et l’Ukraine s'inquiètent de mouvements de troupes militaires
à la frontière russe, craignant une nouvelle invasion de la part du Kremlin.
Pour rappel, l’est de l’Ukraine est en proie à une guerre civile entre les autorités
centrales et les indépendantistes pro-russes, peut-être soutenus eux-mêmes par
Moscou. Ainsi, selon le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, « nous ne
savons pas si le président Poutine a pris une décision sur l'invasion. Nous
savons qu'il est en train de mettre en place la capacité de le faire rapidement,
s'il le décide ». Selon plusieurs spécialistes, la Russie n’a pas vraiment l’intention
d’envahir l’est de l’Ukraine, mais il s’agirait plutôt d’une démonstration de force, pour
dissuader Kiev d’entrer dans l’OTAN ou de tenter un quelconque
rapprochement avec les États-Unis.

Au cours d’un sommet de l’OTAN à Riga, les Occidentaux en réponse ont mis
en garde la Russie par une batterie de sanctions (à la demande de l’Ukraine)
qu’ils dégaineront au moindre faux pas russe, même si Volodymyr Zelenski, actuel
dirigeant ukrainien, souhaite des « négociations directes » avec Moscou.
Les États-Unis menacent donc Moscou de représailles : « Nous avons clairement dit
au Kremlin que nous riposterions, notamment par une série de mesures
économiques à impact élevé que nous nous sommes retenus d'utiliser par le passé
», a prévenu le chef de la diplomatie américaine, qui affirme également disposer de «
preuves » des menaces militaires russes. « Nous restons déterminés à apporter
un soutien politique et pratique à la Géorgie et à l’Ukraine », a réaffirmé le secrétaire
général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

15
À l'occasion des 30 ans de l’indépendance de l’Ukraine, les présidents polonais et
lituanien ont affirmé leur total soutien à celle–ci, considérant que des sanctions
doivent être prises immédiatement contre le Kremlin.
La Lituanie a en outre demandé une présence militaire américaine permanente
sur son territoire, suite aux provocations de la Biélorussie et de la Russie.

De son côté, la Russie s’est défendue de cette activité militaire en la qualifiant


de préventive, accusant Kiev de vouloir reconquérir par la force le Donbass; le
chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a dénoncé la « menace directe » que
représente l'Ukraine. « Nous ne pouvons pas exclure que le régime de Kiev puisse
se lancer dans une aventure militaire » a-t-il ajouté. Sur place, les civils ukrainiens
se préparent à une possible invasion russe, et constituent des bataillons de
résistance territoriale. Des dizaines se sont formés dans le pays pour contrecarrer
l’avancement russe.
̅
Aussi, ce sommet de l’OTAN à Riga a permis d’élaborer une nouvelle feuille de
route pour cette alliance de l’Atlantique Nord, face aux nouveaux défis qui sont
apparus au cours de la décennie 2010 : montée en puissance de la Chine,
dérèglement climatique ou encore nouvelles technologies… Les différents
membres sont apparus unis face à la menace russe, affichant d’une part, leur
soutien à l’Ukraine, et d’autre part, fustigeant les actions de Loukachenko, qui
instrumentalise la crise migratoire actuelle pour faire payer à l’UE les sanctions
économiques à l'égard de la Biélorussie. Les questions de la maîtrise des
armements, du désarmement et de la non-prolifération ont aussi été abordées
mardi.
̅
S’est déroulée également en Suède l'OSCE, l'Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe. À ce sommet étaient présents Blinken, mais également
son homologue russe Sergueï Lavrov, sur fond de crise ukrainienne. Une rencontre
entre les deux hommes s’est déroulée ce jeudi. Auparavant, Moscou avait mis
en garde les membres de l’OTAN sur le « scénario cauchemar » de la
confrontation militaire. « En dialogue avec les États-Unis et leurs alliés, nous
allons insister sur l'élaboration d'accords empêchant toute progression
supplémentaire de l'Otan vers l'Est et le déploiement de systèmes d'armes qui nous
menacent à proximité proche du territoire russe », a affirmé Lavrov. De son côté,
Blinken a dit chercher « un équilibre des intérêts ». Ainsi, un échange très froid a
eu lieu entre les deux ministres, malgré le ton cordial qui régnait. Les deux
puissances ont affirmé privilégier avant tout le dialogue et la diplomatie pour
répondre à la crise ukrainienne. « Nous sommes intéressés dans des efforts
communs en vue de la résolution de la crise ukrainienne », a plaidé Lavrov.
Cet échange a débouché sur une entrevue entre Joe Biden et Vladimir Poutine :
le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a dit espérer « que

16
le contact entre les deux présidents aura lieu dans les prochains jours » : ce
sera ce mardi. Pour autant, les États-Unis continuent à se préparer à une éventuelle
invasion russe et se sont déclarés favorables à un renforcement de leur présence
militaire à l’Est : disant être en « contact constant » avec les alliés des États-Unis et
les Ukrainiens, Biden a déclaré, depuis la Maison Blanche : « Je suis en train de
préparer ce qui sera, je crois, l’ensemble d’initiatives le plus complet et le plus
pertinent qui soit pour rendre très, très difficile à M. Poutine de faire ce que les gens
craignent qu’il fasse ».
Le Washington Post révèle même que les renseignements américains ont
appris une possible invasion de 175 000 soldats russes dès l’an prochain.

Au vu des « tensions entre la Russie et l'Ukraine », les dirigeants de l'Allemagne,


des États-Unis, de la France, de l'Italie et du Royaume-Uni ont « exprimé leur
détermination à ce que la souveraineté » de l'Ukraine « soit respectée », a
indiqué l'Élysée dans un communiqué lundi.

Enfin, le président ukrainien s'est entretenu avec Antony Blinken et a accepté


de continuer à mener une « action conjointe et concertée » avec les États-Unis,
a annoncé lundi Volodimir Zelenski.

Le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine


s'entretiendront ce mardi par visioconférence afin d'évoquer la crise ukrainienne.

2. Covid en Europe

La situation épidémiologique s'aggrave en Europe, comme en témoigne la carte


de l’ECDC, et le nouveau variant Omicron commence à se propager. L’OMS a
mis en garde mercredi contre la combinaison « toxique » de faibles taux de
vaccination et de dépistage du Covid-19.
Et alors que la Commission européenne et les États membres de l’UE s’efforcent de
contenir la dernière vague de contaminations, des milliers d’Européens
réfractaires à la vaccination achètent des certificats Covid sans se faire
vacciner, particulièrement dans le sud-est de l’Europe.

Tour d’horizon de pays européens :


- Allemagne :
⬫ Le pays a annoncé une série de mesures pour faire face à la 5e vague. Tous
les commerces de détail (non essentiels) ne seront accessibles qu'aux
personnes vaccinées ou guéries. Il en va de même pour les restaurants, les
cinémas, théâtres et autres établissements culturels ou encore sportifs.

17
⬫ Ce plan prévoit également d'obliger les personnes non vaccinées à
restreindre leurs contacts, privés ou en public : elles ne pourront fréquenter
que deux personnes en plus de celles de leur foyer.
⬫ Parmi les autres mesures, la fermeture des bars et des discothèques, en
fonction du taux d'incidence dans une région, et des restrictions pour les
manifestations publiques. Des mesures visent également à accélérer le
rythme des vaccinations : 30 millions de doses devront être mises à
disposition d'ici à Noël pour des vaccinations dans les pharmacies.
⬫ Le pays se rapproche de plus en plus d’une obligation vaccinale; L’actuel
ministre allemand de la Santé Jens Spahn a fait savoir qu'il voterait contre
la vaccination obligatoire au parlement. Membre de l'Union
chrétienne-démocrate (CDU), il s'est dit très sceptique quant à cette
obligation.
- Autriche : à Vienne, en Autriche, pour le troisième week-end consécutif, alors
que le pays est en confinement partiel depuis le 22 novembre, 40 000 personnes
étaient rassemblées pour notamment protester contre l’obligation vaccinale;
parmi elles, de nombreux adeptes de théories du complot qui remettent en cause
l'existence de la pandémie.
- Belgique :
⬫ Le pays a comptabilisé près de 18 000 nouvelles contaminations par jour
en une semaine et enregistré au moins 40 décès par jour en moyenne.
⬫ Pour faire face, l’État a notamment décidé d’avancer d’une semaine la
fermeture de ses écoles maternelles et primaires et d’interdire les
évènements en intérieur de plus de 200 personnes.
⬫ L’étau se resserre sur les hôpitaux; Alexander De Croo, le Premier ministre,
a affirmé que la « pression » hospitalière n’était « pas tenable ». Le
personnel soignant est à bout.
⬫ Une manifestation contre les mesures sanitaires a eu lieu dimanche avec
pour bilan quelque 8000 manifestants, 20 interpellations et 6 blessés après
des heurts dans les rues de Bruxelles.
- Danemark :
⬫ La Première ministre danoise s’est excusée samedi, après avoir été filmée
sans masque dans un magasin, quatre jours après le retour de l’obligation
du port du masque dans certains lieux et transports publics.
⬫ Le nombre de cas confirmés du nouveau variant Omicron a bondi à 183,
ont annoncé, dimanche 5 décembre, les autorités sanitaires.
- Espagne :
⬫ La montée des cas observée depuis deux semaines inquiète à la fois les
professionnels de santé et les commerçants qui redoutent une nouvelle
saison blanche.
⬫ À Barcelone, en Catalogne, les manifestants ont protesté samedi contre la
récente entrée en vigueur du passe sanitaire, appelé « Certificat Covid ». Il

18
est désormais obligatoire pour accéder aux restaurants, bars, salles de
sport et hôpitaux.
- Irlande : le gouvernement a récemment annoncé la mise en place de nouvelles
restrictions, effectives du 7 décembre au 9 janvier. Pour limiter les
contaminations − plus de 31 000 en sept jours −, les discothèques du pays vont
fermer et la distanciation sociale dans les pubs, restaurants et hôtels est rétablie.
- Italie :
⬫ Le pays a comptabilisé près de 89 000 nouveaux cas en une semaine, soit
une moyenne de 13 000 cas journaliers.
⬫ La situation se durcit pour les personnes non-vaccinées : à partir du 6
décembre et jusqu’au 15 janvier minimum, elles ne pourront plus du tout
accéder aux bars, restaurants, cinémas, théâtres ou encore aux musées.
⬫ L'Agence italienne des médicaments a donné son feu vert à une
vaccination des enfants de cinq à onze ans, mais comme en France, le
gouvernement n'a pas encore tranché.
- Luxembourg : quelque 2 000 personnes ont défilé ce samedi dans les rues de la
capitale pour manifester contre les dernières restrictions sanitaires décidées par
le gouvernement. Ce « rassemblement national » n’est pas resté sans incidents :
même la maison du Premier ministre s’est retrouvée dans le viseur des
manifestants.
- Norvège : de nouvelles mesures sont entrées en vigueur à Oslo et sa région,
après l’apparition d’un foyer présumé du variant Omicron avec des personnes
vaccinées. Les autorités, redoutant un cluster majeur, ont donc mis en place le
port du masque obligatoire dans les transports et les magasins, l'instauration du
télétravail et une jauge pour les évènements privés.
- Pays-Bas :
⬫ Depuis ce samedi, les Néerlandais doivent présenter un passe sanitaire
pour entrer dans les bars, restaurants et festivals, à partir de 13 ans.
⬫ Des milliers de personnes étaient rassemblées dans les rues d'Utrecht
samedi, contre le confinement partiel imposé il y a trois semaines par le
gouvernement. De plus, bars, restaurants et magasins non-essentiels
doivent fermer à 17 heures.
⬫ Les taux d'infection ont commencé à diminuer légèrement cette semaine
dans le pays, mais restent proches des records.
- Portugal :
⬫ Les autorités exigent désormais un test négatif pour toutes les personnes
qui veulent entrer dans le pays.
⬫ Le Premier ministre António Costa a déclaré « l’état de calamité », soit
l’étape avant l'état d'urgence.
⬫ Le télétravail est devenu obligatoire, ainsi que le port du masque en lieu
clos.
- Royaume-Uni :

19
⬫ Le gouvernement britannique a annoncé mercredi acquérir 114 millions de
nouvelles doses des vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna pour
poursuivre sa campagne d'immunisation en 2022 et 2023 face à de
nouveaux variants comme Omicron.
⬫ Le Premier ministre Boris Johnson a voulu donner l'exemple en recevant sa
dose de rappel. Pour lui toutefois, il n'est pas nécessaire de prendre
davantage de mesures avant Noël.
- Suisse :
⬫ Le Conseil fédéral a décidé vendredi de renforcer dès ce lundi et jusqu'au
24 janvier les mesures contre le Covid, parmi lesquelles l'extension des
certificats Covid et du port du masque, des règles pour les réunions
familiales ou les manifestations en extérieur et le retour au télétravail.
⬫ Les réactions ont été nombreuses.
⬫ Le prochain volet de la COP15, la convention de l'ONU sur la biodiversité,
qui aurait dû avoir lieu en janvier à Genève, a été repoussé à cause des «
incertitudes » liées au variant Omicron.

̅
En ce qui concerne les vaccins, 5 candidats pourraient arriver sur le marché
prochainement, l’Agence européenne des médicaments (EMA) les examinant
actuellement : l’américain Novavax, le russe Sputnik V, le chinois Sinovac, et deux
français le Valneva, et le Vidprevtyn de Sanofi. Le vaccin développé par le groupe
français Sanofi fait toujours l’objet d’essais cliniques de phase III qui doivent
évaluer l’efficacité et la tolérance de celui-ci. Les résultats devraient être
connus à la fin du mois. L’EMA examinant en continu les données de ce candidat
vaccin, le produit pourrait arriver sur le marché dès le mois de janvier.

En outre, l’EMA a indiqué qu’elle pourrait autoriser des vaccins adaptés contre
le nouveau variant Omicron du coronavirus sous trois à quatre mois s’ils
devaient être nécessaires.

Enfin, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a


estimé, mercredi 1er décembre, qu’il était temps pour l’UE de « réfléchir » à la
vaccination obligatoire.

3. Méditerranée : le pape au chevet des migrants

Le pape François était attendu ce jeudi 2 décembre à Chypre, puis en Grèce samedi
où il a effectué son 35e voyage apostolique depuis son élection. C’est la seconde
fois dans l’Histoire qu’un évêque de Rome effectue un voyage apostolique à
Chypre. Onze ans après Benoît XVI en 2010, le Pape François a visité la partie sud

20
de la troisième plus grande île de Méditerranée; Chypre accueille la plus ancienne
communauté chrétienne après celle de Jérusalem.

La République de Chypre qui a vu arriver un nombre croissant de migrants ces


dernières années affirme être désormais confrontée à une « crise migratoire ».
La République de Chypre, qui n'exerce son autorité que sur les deux-tiers sud de l'île
à majorité hellénophone, dit compter le nombre le plus élevé de premières
demandes d'asile des 27 membres de l'UE par rapport à sa population et accuse
la Turquie d'instrumentaliser les migrants irréguliers en leur permettant de
passer côté sud depuis la RTCN.
Le président chypriote Nicos Anastasiades a annoncé jeudi 2 décembre que le
pape François comptait ramener en Italie 50 migrants résidant à Chypre, dans
un discours en présence du souverain pontife, dans lequel il a manifesté sa «
gratitude ». Le Vatican n’a pas confirmé dans l’immédiat cette annonce. Ce n’est
pas la première fois : le pape avait ramené des familles syriennes en 2016, lors
d’une visite sur l’île grecque de Lesbos.
Le pape François a appelé vendredi à « ouvrir les yeux » devant l'« esclavage »
et la « torture » que subissent les migrants dans les camps, dressant un
parallèle avec la Seconde Guerre mondiale. « Cela nous rappelle l'histoire du
siècle dernier, des nazis, de Staline, et on se demande comment cela a pu arriver.
Mais ce qui s'est passé autrefois est en train d'arriver aujourd'hui sur les côtes
voisines », a lancé le pape dans une longue improvisation au cours d'une prière
œcuménique avec des migrants, au deuxième jour de sa visite à Chypre.

Au premier jour de sa visite à Athènes, le pape François a critiqué l’attitude de


l’Europe face à la crise migratoire, qu’il a décrite comme « déchirée par les
égoïsmes nationalistes ». « Ici est née la démocratie, a-t-il dit lors d’un discours
prononcé en fin de matinée au palais présidentiel, devant les autorités politiques du
pays. Le berceau, des millénaires plus tard, est devenu une maison, une grande
maison de peuples démocratiques : je pense ici à l’Union européenne et au rêve de
paix et de fraternité qu’elle représente pour tant de peuples. » Mais cette invention,
a estimé François, est aujourd’hui affaiblie par ce qu’il a appelé « le recul de la
démocratie ». « Et pas seulement sur le continent européen », a précisé le
premier pape américain, sans donner d’exemple.

« Dans de nombreuses sociétés, préoccupées par la sécurité et anesthésiées


par le consumérisme, la fatigue et le mécontentement conduisent à une sorte
de “scepticisme démocratique” », a-t-il analysé. Ce doute pour la démocratie tient,
selon lui, à sa nature même – « elle est complexe, alors que l’autoritarisme est
expéditif et que les assurances faciles offertes par les populismes semblent tentantes
». Il est accentué par « l’éloignement des institutions, la peur de la perte

21
d’identité et la bureaucratie ». La solution est selon lui en faisant de la « bonne
politique », qui accorde aux « plus faibles de la société » une « attention
particulière ». La réponse appartient donc, selon le pape, aux gouvernants, qui
doivent renoncer à « une recherche obsessionnelle de popularité » et aux «
promesses intenables ».

Dimanche, au cours de sa deuxième journée en Grèce, le pape François était


attendu sur l’île de Lesbos. Ces derniers jours, les conditions d’accueil du camp
temporaire, qui a remplacé celui de Moria qui a brûlé en 2020, ont été en partie
améliorées juste avant la visite symbolique et médiatique du pape. À Lesbos, même
s’ils s’en réjouissent, beaucoup sourient.
Des demandeurs d’asile d’Afrique francophone qui se sentent « perdus »,
attendaient avec impatience sa venue : « c’est une bénédiction cette venue. Le
pape est notre chef spirituel », a déclaré dimanche à l’AFP la Congolaise Rosette
Leo. Pour George Pallis, ancien député et pharmacien, cependant, elle ne
suscitait pas autant d’attentes que celle de 2016 : « la première fois, quand le
pape était venu, l’ambiance était différente, les gens espéraient un changement,
quelque chose de différent. Cette fois-ci l’enthousiasme n’est pas le même ».
Arrivé au Centre de réception et d'identification de Mytilène vers 9h30, le pape est
tout d’abord allé à la rencontre des migrants, prenant notamment le temps de
saluer les femmes et les enfants. Il a été accueilli sous une tente au rythme d’une
chorale d’Africains francophones, sous les applaudissement des personnalités
présentes, y compris la présidente grecque, Ekaterina Sakellaropoulou, le
vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas et le ministre grec
des Migrations Notis Mitarachi.
Tout en relevant les efforts menés par les autorités grecques depuis sa
dernière visite, le pape a, dans son discours, dénoncé un « naufrage de
civilisation ». Il a en outre plaidé en faveur d’une meilleure intégration des migrants
dans une Europe qui, selon lui, peine à montrer sa solidarité.

4. Et en bref

- Allemagne / Coalition :
⬫ Les Libéraux du FDP ont donné leur accord ce dimanche à l’alliance avec
les sociaux-démocrates du SPD et les Verts en vue de remplacer le
gouvernement d’Angela Merkel. Les Verts ont fait de même ce lundi.
⬫ Le gouvernement sera paritaire. L'équipe dirigeante allemande prendra un
coup de jeune, la moyenne d'âge descendant à une cinquantaine d'années.
- Allemagne / Droit européen : La Commission européenne a mis un terme jeudi
à une procédure d'infraction contre l'Allemagne, lancée en juin en réaction à un
arrêt de la Cour constitutionnelle de ce pays remettant en cause la primauté du

22
droit européen. L'exécutif européen a expliqué avoir reçu des « engagements
formels » de la part de l'Allemagne « reconnaissant clairement la primauté du
droit de l'Union et l'autorité de la Cour de justice de l'Union européenne »
(CJUE).
- Angela Merkel : C'est sur un tube de l'ère communiste signé par une diva punk
qu'Angela Merkel a fait ses adieux, jeudi, aux forces armées, un choix qui a
surpris et amusé l'Allemagne. L'armée lui a rendu en fin de journée un hommage
au flambeau lors d'une cérémonie soigneusement codifiée et baptisée
Zapfenstreich.
- Anguilles : les anguilles sont menacées en Europe : leur population a chuté de
90 % en seulement quelques décennies. L’UE a mis en place des mesures de
régulation pour tenter d’endiguer ce phénomène.
- Autriche : Le parti conservateur autrichien a désigné vendredi 3 décembre
comme son nouveau chef, le ministre de l'Intérieur Karl Nehammer, qui va ainsi
devenir le prochain chancelier, après le départ de Sebastian Kurz qui a annoncé
qu’il quitte la vie politique, et son successeur Alexander Schallenberg.
- Brexit / City : Le régulateur britannique a annoncé un nouvel assouplissement
de ses règles en vue d'attirer davantage d'introductions en Bourse. La place
londonienne a attiré 56 opérations depuis le début de l'année, signe de son
dynamisme malgré le Brexit.
- Brexit / Négocations :
⬫ Maroš Šefčovič a déclaré que l'UE souhaitait conclure vendredi un accord
post-Brexit avec le Royaume-Uni pour que les médicaments continuent de
circuler librement en Irlande du Nord, mais qu'elle est prête à aller de
l'avant seule pour s'assurer que cela se produise.
⬫ Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a déclaré
qu'il ne s'attendait pas à ce que le Royaume-Uni et l'Union européenne
résolvent tous les problèmes liés à leur différend commercial avec l'Irlande
du Nord d'ici la fin de cette année, mais a déclaré que des progrès étaient
en cours.
⬫ Du côté britannique on est « optimiste » sur l’éventualité d’un accord avant
l’hiver.
- Brexit / Pêche : Le gouvernement de l'île anglo-normande de Guernesey a
accordé, mercredi 1er décembre, 43 licences de pêche à des bateaux français.
L’octroi des licences est « une excellente nouvelle », mais « le combat continue
pour 111 licences » post-Brexit restant à obtenir pour les pêcheurs français, a
déclaré la ministre française de la Mer.
- Commission européenne / Hongrie : La Commission européenne a annoncé
jeudi avoir décidé de passer à l'étape suivante de la procédure d'infraction contre
la Hongrie concernant l'avertissement imposé sur un livre pour enfants abordant
des thèmes LGBTIQ, en adressant un avis motivé à Budapest, dernière étape
avant une saisine de la Cour de Justice de l'Union européenne.

23
- Conseil de l’Europe / Osman Kavala : Ankara a appelé jeudi soir le Conseil de
l'Europe à s'abstenir de toute décision à son encontre, dans un communiqué du
ministère des Affaires étrangères, alors que le comité des ministres du Conseil
de l’Europe a décidé de lancer contre la Turquie une procédure d’infraction en
raison de son refus de libérer l’homme d’affaires et mécène Osman Kavala.
- Europol : Soupçonné d’être un trafiquant international de cocaïne, Joël Soudron
est l’homme le plus recherché de France et fait partie de la soixantaine de
visages « Most Wanted » d’Europol, diffusés partout depuis ce vendredi.
- Libé / UE / PPE / CJUE : Deux enquêtes publiées par le quotidien français «
Libération » viennent à nouveau cette semaine donner un coup de pied dans la
fourmilière des institutions européennes. Le 26 novembre, une première enquête
a révélé des fraudes à la Cour des comptes européenne. Ce mercredi 1er
décembre, une deuxième publication dans le quotidien s’attaque à des
commissaires européens et à des juges de la Cour de justice de l’UE.
- ONG / Pegasus : « L’Union européenne devrait suivre l’exemple des États-Unis,
et mettre [l’entreprise israélienne NSO Group] sur sa liste de sanctions et
prendre toutes les mesures appropriées pour interdire la vente, le transfert,
l’importation, l’exportation et l’utilisation des technologies de NSO Group tant que
des mesures appropriée de protection des droits de l’Homme n’ont pas été mises
en place. » demande 80 ONG dans une lettre ouverte le 3 décembre.
- PAC : Après le Parlement européen, les États membres ont à leur tour adopté la
réforme de la PAC. Cette nouvelle Politique agricole commune est le résultat d'un
compromis qui compte ses détracteurs et ses partisans.
- Parlement européen / Extrême droite : Une quinzaine de partis souverainistes
d'extrême droite et conservateurs se sont réunis à Varsovie en Pologne pour
débattre de leur vision de l'UE, samedi 4 décembre. Face à la presse, Marine Le
Pen a précisé que l'objectif de la réunion était de créer un « grand groupe » au
Parlement européen, où les participants sont scindés en deux groupes distincts.
- PFUE :
⬫ La France doit faire montre de « moins d’effet de style », « plus d’humilité »
et « plus de concertation en amont » pendant sa présidence de l’Union
européenne au premier semestre 2022, préconise un rapport d’experts
remis mardi 30 novembre 2021 au gouvernement.
⬫ Plusieurs ONG ont renouvelé leurs demandes vis-à-vis de la France,
invitant celle-ci à prendre des engagements forts pour la sortie des
pesticides. La FNSEA appelle, pour sa part, aux investissements dans la
recherche d'alternatives.
⬫ Emmanuel Macron tiendra une conférence de presse jeudi pour présenter
les priorités de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, a
annoncé l'Élysée dimanche.

24
⬫ « Relance, puissance, appartenance » : Emmanuel Macron a décrit, lundi 6
décembre au soir, les trois axes de la présidence française de l'UE, lors
d'un débat pour les 25 ans de l'institut Jacques Delors.
- Portugal : Le salaire minimum au Portugal va augmenter d'un peu plus de 47
euros l'année prochaine pour s'établir à 822,50 euros sur 12 mois, a annoncé
jeudi le gouvernement socialiste, à deux mois des élections législatives
anticipées.
- Suisse / UE : La Suisse ne doublera pas sa contribution à la cohésion de l'Union
européenne. Le Conseil national a refusé mercredi par 93 voix contre 84 une
proposition visant à « donner un signal positif » à Bruxelles après la rupture des
négociations sur un accord-cadre (voir la revue de presse du 01/06).
- UE : La Commission européenne a annoncé mardi avoir retiré un document
interne contenant une série de recommandations pour communiquer de façon «
inclusive », à la suite d'un début de polémique. Il préconisait, par exemple, de ne
pas recourir à l'expression « la période de Noël ».
- UE / Banques : La Commission européenne a infligé jeudi un total de plus de
344 millions d'euros d'amendes aux banques UBS, Barclays, Royal Bank of
Scotland (RBS), HSBC et Crédit Suisse, reconnues coupables d'entente sur le
marché des opérations de change.
- UE / Global Gateway : L’Union européenne a dévoilé mercredi 1er décembre
2021 un plan ambitieux d’investissement de 300 milliards d’euros jusqu’en 2027
dans les infrastructures des pays pauvres et émergents, afin de contrer
l’influence croissante de Pékin et ses « nouvelles routes de la soie » (voir la
revue de presse du 30/11).
- UE / IA : La présidence slovène a fait circuler un texte de compromis sur le projet
de loi sur l’IA de l’UE, comprenant des changements majeurs dans les domaines
du scoring social, des systèmes de reconnaissance biométrique et des
applications à haut risque, tout en identifiant les futurs points de discussion.
- UE / Les petits n’avions : L’UE a publié sa liste noire des compagnies
aériennes, qui ne répondent pas aux normes de sécurité internationales et font
donc l’objet de restrictions, voire d’une interdiction d’exploitation dans l’espace
aérien européen.
- UE / Migrants : Le commissaire européen à l'Élargissement, Oliver Varhelyi, a
appelé mercredi 1er décembre à une plus grande coopération internationale pour
lutter contre les réseaux de trafic de migrants et de traite des êtres humains afin
de les « vaincre ».
- UE / Salaire minimum : À défaut de pouvoir imposer un salaire minimum aux
pays de l’UE, les Vingt-Sept ont adopté, lundi 6 décembre, une position
commune sur de nouvelles règles européennes visant à améliorer les bas
salaires.

25
À l’international

1. Nucléaire iranien : négociations peu concluantes

Les négociations sur le nucléaire iranien ont repris cette semaine, entre les
pays de l’UE, la Russie, la Chine et l’Iran. Avec les États-Unis, le dialogue est
pour l’instant indirect, depuis que Trump a décidé de quitter de façon
unilatérale les négociations en 2018. Les prochains jours seront donc cruciaux,
pour permettre à l’Iran d’alléger les sanctions économiques à son encontre. Le
travail est repris là où il a été laissé en juin dernier, avec la nouvelle
administration ultra-conservatrice iranienne.

Cette reprise des négociations est scrutée de toute part, à l’image du directeur de
l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui croit en la possibilité
d’une fin heureuse. Mais selon lui, il faut faire vite et l’Iran doit garantir plus de
visibilité à l’AIEA, qui contrôle les productions industrielles du pays. En Iran,
on affiche même une volonté sans faille de trouver un accord et on serait sur le
bon chemin selon plusieurs médias iraniens : « Les parties iraniennes, russes et
européennes ont qualifié la réunion d’utile et de constructive à divers égards ».
Pour rappel, le pays est sous le joug de sanctions économiques qui le
paralysent, en réponse au développement de son programme nucléaire.
D’ailleurs, un accord permettrait à l’Iran de respirer financièrement, et c’est là un
des enjeux peu connus des négociations : le déblocage des milliards de
dollars iraniens gelés aux quatre coins de la planète.

Le ministre iranien des Affaires étrangères a estimé que l’on était proche d’un
accord, saluant le dialogue avec les Occidentaux : « Un accord est à portée de
main si l'Occident montre de la bonne volonté. Nous recherchons un dialogue
rationnel, sobre et orienté sur le résultat ». « Les discussions à Vienne se
déroulent avec sérieux et la priorité reste la levée des sanctions », a-t-il aussi
ajouté.
La République islamique a même présenté des propositions et des documents
: deux avant-projets, un sur la levée des sanctions et l’autre sur les questions
nucléaires, et engage les Occidentaux à étudier scrupuleusement ces textes. « La
balle est dans leur camp » a déclaré le négociateur en chef iranien, le vice-ministre
des Affaires étrangères, Ali Bagheri.

Malgré cet enthousiasme quelque peu dissimulé, les choses ne sont pas aussi roses
qu’elles paraissent. Tout d’abord, l’AIEA a annoncé mardi 30 novembre que l’Iran
continuait son programme nucléaire, en marge des négociations, avec notamment

26
la production d’uranium enrichi sur le site industriel de Fordow. Cela était
totalement interdit depuis l’accord de 2015. Le pays se défend en affirmant que
ce n'est qu’une « mise à jour ordinaire conforme aux vérifications normales en
Iran ».
D’autre part, un autre acteur essaie de faire entendre sa voix : il s’agit d’Israël, pays
ennemi de l’Iran. Selon Joshua Zarka, directeur général adjoint du ministère
des affaires étrangères israélien, il faut à tout prix « éviter que Téhéran soit sur
le point de se doter d’une bombe ». Le diplomate ne croit pas un mot des bonnes
intentions de l’Iran et sa présence à Vienne n’est motivée que par le gain de temps.
Ainsi, l’État hébreu a demandé aux États-Unis la « fin immédiate » des
négociations avec l'Iran. En enrichissant son uranium, Téhéran ne respecte pas les
accords et Israël a même invité la France à de nouvelles sanctions
économiques, lors d’un entretien mardi dernier entre le ministre israélien des
Affaires étrangères Yaïr Lapid et Emmanuel Macron.
De leur côté, les États-Unis montrent leur pessimisme sur la suite des
négociations et sur les réels intérêts de la République islamique. « Nous
saurons très très rapidement, d’ici un jour ou deux, si l’Iran est sérieux ou pas » a
affirmé jeudi Antony Blinken, secrétaire d’État américain. « Je dois vous dire que
les récentes mesures, les récentes déclarations, ne sont pas de nature à nous
rendre optimistes » a-t-il poursuivi.

En réponse à ces accusations, l’Iran a accusé Israël de chercher à «


empoisonner » les négociations sur son programme nucléaire à Vienne en «
colportant de mauvaises informations ». Ali Bagheri a par ailleurs mis en garde
ses interlocuteurs contre « d'autres acteurs qui sont en dehors des pourparlers
mais tentent de perturber la voie qui mène à un accord et à un dialogue
constructif ».

Ce vendredi, les discussions ont été mises en pause pour permettre aux diplomates
européens de consulter et d’étudier les propositions iraniennes. Le résultat est jugé
décevant pour les Européens, estimant que la délégation iranienne était «
revenue sur la quasi-totalité des compromis si difficilement trouvés après de
longs mois de travail ». Si l’Iran ne fournit pas plus d’efforts, Israël déclare qu’il
n’hésitera pas à employer la force militaire pour contrer les ambitions
nucléaires de son voisin.
Aussi, après la pause des négociations, les États-Unis ont critiqué les «
propositions non constructives » de l’Iran, en soulignant le fait qu’en marge de
ces négociations, de nouveaux essais nucléaires étaient réalisés selon l’AIEA.

Par ailleurs, une explosion s’est produite ce samedi à Natanz, sur un site
nucléaire. Pour les autorités, il s’agissait d’un tir de missile au cas où le pays
serait attaqué par un drone. « De tels exercices sont menés dans un

27
environnement totalement sécurisé et en parfaite coordination avec le réseau de
défense », a indiqué le commandant de la défense aérienne de Natanz.

Enfin, l'Iran a à son tour accusé lundi les Occidentaux de traîner des pieds dans
les pourparlers, se disant prêt à discuter des propositions qu'il a présentées à
Vienne.

2. Tennis : la WTA montre au créneau pour Peng Shuai

Malgré la récente réapparition de la joueuse de tennis, Peng Shuai, sur des images
publiées par le régime chinois (voir la revue de presse du 23/11), les inquiétudes
demeurent.

Mardi 30 novembre, l’Union européenne a réclamé à la Chine des preuves


vérifiables de la sécurité et de la localisation de la championne, arguant que «
sa récente réapparition publique n’apais[ait] pas les inquiétudes concernant sa
sécurité et sa liberté ». L’UE a également demandé « aux autorités chinoises de
mener une enquête approfondie, équitable et transparente sur les allégations
d’agression sexuelle » : les Vingt-Sept soupçonnent une détention arbitraire de la
jeune femme par le biais de l’instrument de surveillance dans un lieu désigné, forme
de disparition forcée utilisée par le régime. L’UE a conclu son communiqué en
appelant la Chine à respecter ses obligations en matière de droits humains, en vertu
du droit national et international.

Mercredi 1er décembre, la WTA, organisation dirigeant le circuit féminin de tennis, a


tenu sa parole. Après les menaces, l’association est passée à l’action et a décidé
de suspendre les tournois en Chine, « quelles qu’en soient les conséquences
financières », comme l’a annoncé son président, Steve Simon, dans un
communiqué au ton virulent : « En bonne conscience, je ne vois pas comment je
peux demander à nos athlètes d’y participer à des tournois quand Peng Shuai n’est
pas autorisée à communiquer librement et a, semble-t-il, subi des pressions pour
revenir sur ses allégations d’abus sexuels ». Il poursuit ainsi : « Au vu de la situation
actuelle de l’affaire, je suis également très inquiet des risques que toutes nos
joueuses et nos staffs prendraient si nous organisions des tournois en Chine en 2022
[…] Les dirigeants de la Chine n’ont pas laissé de choix à la WTA ».
Aussi, il a appelé les dirigeants du monde à « continuer à se manifester pour
que justice soit rendue à […] toutes les femmes » : « Rien de tout cela n’est
acceptable et ne le sera jamais. Si les puissants peuvent supprimer les voix des
femmes et balayer sous le tapis des accusations d’abus sexuels, alors les
fondements sur lesquels reposent la WTA, l’égalité pour les femmes, seraient

28
fortement ébranlés. Je ne peux pas laisser ça arriver aux joueuses et je ne le
laisserai pas faire ».

Les réactions ont été nombreuses dans le monde du tennis. Billie Jean King,
ancienne championne américaine, a applaudi « cette prise de position forte de la
WTA pour défendre les droits de l’Homme en Chine et dans le monde. La WTA est
du bon côté de l’histoire ». Andy Roddick a souligné le risque pris par Steve Simon «
Bien agir est bien plus facile quand ça ne coûte rien. Respect ». Novak Djokovic a
apporté son soutien « complet » et a qualifié la décision d’« audacieuse et très
courageuse ». La Fédération internationale de tennis a exprimé son soutien à la
WTA : elle « est restée ferme et fidèle à ses valeurs depuis le début et nous
comprenons leur décision ».

Les autorités chinoises ont répondu ce jeudi 2 novembre de manière lacunaire


: « Nous sommes fermement opposés à toute politisation du sport ». De son
côté le CIO reste fidèle à sa position, et demeure muet sur les allégations
d’agression sexuelle, ce qu’il lui vaut de nombreuses accusations de
complaisance et s’en défend : « Nous avons opté pour une approche très humaine
et centrée sur la personne […] le CIO aborde ces préoccupations directement avec
les organisations sportives chinoises […] Nous avons recours à la « diplomatie
discrète » […] considérée comme le moyen le plus prometteur d’agir efficacement
dans ce type d'affaires ». L’organisation s’est à nouveau entretenue avec Peng
Shuai sans rendre public d’enregistrement ou d’image de l’entrevue. Le comité n'a
pas réclamé de garantie sur la pleine liberté de mouvement de la joueuse.

Après la forte décision de la WTA, des réactions dans d’autres disciplines et au


sein d’autres fédérations sont espérées, en premier lieu, à l’ATP, son pendant
masculin, qui a, pour l’instant, simplement réclamé « une ligne de
communication directe entre la joueuse et la WTA » et a rejeté un boycott du
territoire chinois en ce qui concerne l’organisation des tournois masculins. Le monde
du sport peut-il se dresser contre la Chine ?

Elle ne marchera pas dans les pas de la WTA : la Fédération internationale de


tennis (ITF), instance dirigeante mondiale, a déclaré ce lundi qu'elle n'annulerait
aucun tournoi en Chine malgré des inquiétudes concernant Peng Shuai, car elle
ne veut pas « punir 1,4 milliard de personnes ». « En tant qu’organisation faîtière
du tennis, nous soutenons les droits des femmes. Les allégations doivent faire l’objet
d’une enquête. Mais je vous rappelle que nous, l’ITF, sommes responsables du
développement du tennis à la base », a déclaré à la BBC son président David
Haggerty.

29
3. Éthiopie : le gouvernement reprend du poil de la bête

Depuis la prise en main de l’armée par le Premier ministre Abiy Ahmed (voir la revue
de presse du 30/11), le gouvernement a annoncé avoir repris plusieurs villes
des mains des rebelles du TPLF. En effet, le 1er décembre, par l’intermédiaire d’un
communiqué, les forces pro gouvernementales ont affirmé avoir recouvré le site
de Lalibela, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO avec ses églises taillées
dans la pierre datant du XIIe et du XIIIe siècle; de même, elles affirment avoir repris
la localité de Shewa Robit dont nous parlions la semaine dernière. « Sur le front
de Shewa, Mezezo, Molale, Shewa Robit, Rasa et leurs environs ont été libérées des
terroristes du TPLF », a déclaré Legesse, porte-parole du gouvernement, dans des
commentaires diffusés sur les médias d'État.
Le Premier ministre lui-même a appelé les rebelles à se rendre face à l’avancée
des autorités centrales. Le communiqué ajoute que les forces pro
gouvernementales « marchent également sur la ville de Sekota » dans la région
Amhara. De leur côté, les forces du TPLF ont démenti les succès revendiqués
par le gouvernement, prétextant un « réajustement territorial » avant « des
offensives stratégiques ».

Cette nouvelle permet donc à la capitale Addis-Abeba de respirer, après avoir


retenu son souffle la semaine dernière, lorsque les forces rebelles étaient à moins
de 200 km. De même, l’ONU a annoncé la reprise des vols humanitaires vers la
capitale et Mekele, centre administratif du Tigré. « C'est un bon signal » et « il y a
donc une petite pointe d'espoir. Cela pourrait faciliter une attitude future plus
positive pour le dialogue », a estimé le secrétaire général de l'ONU, Antonio
Guterres.
Cependant, l’heure n’est pas aux réjouissances. En effet, selon le secrétaire général
adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, la guerre pourrait
accoucher de violences communautaires et mettre le pays à feu et à sang.
L’Éthiopie est un pays constitué de plus de 80 groupes ethniques différents. Aussi,
quelque 400 000 personnes dans le nord du pays sont menacées de famine, un
chiffre sans doute sous-estimé selon lui, en raison des difficultés pour se rendre
sur le terrain. En conséquence, le pays a demandé une aide de 3 milliards de
dollars à l’ONU, chiffre beaucoup plus élevé qu’auparavant.

L’Union européenne a annoncé ce jeudi 2 décembre avoir renforcé la sécurité


de son personnel local présent en Éthiopie, en ayant d’abord demandé au
personnel non essentiel de quitter le pays. La France a quant à elle affrété un vol
charter le 25 novembre pour laisser les 1000 ressortissants français quitter le
pays. Autre exemple, en Israël, le gouvernement a donné son feu vert dimanche 28
novembre au départ de 3000 Éthiopiens dont les proches vivent en Israël.
En revanche, la Chine tient une position ambiguë : bien que l’Éthiopie compte 15

30
000 ressortissants chinois sur son sol, elle n’a donné aucune consigne; par
ailleurs, un haut diplomate chinois, Wang Li, s’est rendu à Addis-Abeba ce
mercredi 1er décembre, et a déclaré que « la Chine s’oppose à toute ingérence
dans les affaires intérieures de l’Éthiopie ».

Le journal Sud Ouest fait d’ailleurs un point sur la situation actuelle, après un
an de conflit : l’armée des autorités centrales n’était pas prête à affronter les
forces du TPLF, qui elles sont composées de nombreuses milices; de même, le
départ à la retraite de nombreux dirigeants militaires et l’enrôlement des civils
ont débouché sur une grande désorganisation de l’armée éthiopienne, pourtant
réputée être une des plus puissantes de l’Afrique.
Vous pouvez également retrouver l’épisode du Dessous des Cartes consacré à la
situation actuelle en Éthiopie, avec une interview de Noé Hochet-Bodin,
correspondant RFI à Addis-Abeba.

Ce lundi, le gouvernement a dit avoir repris les villes clés de Dessie et


Kombolcha dans le nord du pays, plus d’un mois après que les rebelles ont
revendiqué s’en être emparés.
Dans le même temps, dans un communiqué commun, l'Australie, le Canada, le
Danemark, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis ont déclaré être «
profondément inquiets par les récentes informations selon lesquelles l'État
éthiopien a détenu un grand nombre de citoyens éthiopiens sur la base de leur
appartenance ethnique et sans chef d'inculpation ».
Ils ont aussi appelé « toutes les parties à saisir l'occasion de négocier un
cessez-le-feu durable sans conditions préalables ».

4. Macron dans le Golfe

Le président français, Emmanuel Macron, est parti visiter 3 pays du Golfe (les
Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite), pour ce qui sera probablement
un des derniers grands déplacements du quinquennat. Au programme : la lutte
contre le terrorisme islamiste, la sécurité régionale, et des accords
commerciaux. Ces derniers restent prépondérants comme le montre les différents
accompagnateurs du président lors de ce voyage : Jean-Yves Le Drian, ministre des
Affaires étrangères, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, Florence Parly, ministre
des Armées, Roselyne Bachelot, ministre de la culture, Franck Riester, chargé du
Commerce extérieur, mais surtout les patrons de grands groupes français comme
Airbus, Thalès, Safran, Air Liquide et EDF.
La crise libanaise (voir la revue de presse du 09/11), l’élection présidentielle
libyenne (voir la revue de presse du 16/11), le rôle du Qatar dans les
négociations avec les Talibans, ainsi que le nucléaire iranien (cf. section en

31
international) ont été évoqués par les différents dirigeants.
Ce voyage, dans des pays malmenant les droits humains, est fortement critiqué
quelques jours après les révélations du site Disclose sur les dérives de la
coopération antiterroriste franco-égyptienne (voir la revue de presse du 30/11).

Lors de sa première étape à Dubaï, le président français a signé le plus gros


contrat obtenu par l’aéronautique de combat française, portant sur 80 Rafale et
12 hélicoptères Caracal, avec les EAU, le tout pour 17 milliards de dollars.
Emmanuel Macron s’est félicité de cet accord économique : « Ces contrats, militaires
ou économiques, s’inscrivent dans une stratégie de long terme […] qui a toujours
existé […] qui s’est toujours poursuivie et qui s’est intensifiée ces dernières années
en particulier dans la lutte contre le terrorisme ».
Aux journalistes évoquant le bafouement des droits humains, il a répondu : « c’est
aussi un partenariat culturel qui se poursuit avec le Louvre Abu Dhabi », ajoutant que
« ces contrats [étaient] importants pour notre économie, ils créent de l’emploi
en France parce que ces équipements seront produits en France ».

Le voyage s’est poursuivi vers Doha, capitale du Qatar, où Emmanuel Macron a


rencontré Tamin Ben Hamad Al-Thani, qui fait face à de nombreuses critiques sur
les conditions de travail des migrants affectés à la préparation de la Coupe du monde
de football de l’an prochain. Emmanuel Macron a remercié le pays d’avoir
organisé l’évacuation de 258 Afghans « menacés en raison de leurs
engagements [...] ou de leurs liens avec la France ».
Dans cette région du globe marquée par des confrontations incessantes entre pays
voisins, le monde entier a salué le rôle du Qatar dans le dossier de l’Afghanistan. La
France essaie de redonner sa place à une puissance jugée acceptable, face à la
montée en puissance de la Chine et de la Russie, comme le rappelle Sébastien
Boussois, chercheur en sciences politiques, spécialiste du Moyen-Orient dans une
interview pour France 24.

Enfin, samedi, le président français a rencontré Mohammed Ben Salman (MBS)


à Djedda dans l’Ouest saoudien. Ce fut la première rencontre entre un dirigeant
occidental et le prince héritier depuis l’assassinat du journaliste Jamal
Khashoggi, en 2018 dans le consulat du royaume en Turquie.
L’Élysée a eu beau argumenter en faveur de cette rencontre, arguant que l’Arabie
saoudite est la principale économie de la région, les ONG ne partagent pas l’avis
des autorités françaises : « les ventes d’armes et le maintien de partenariats
militaires douteux au nom du contre-terrorisme et au détriment des droits de
l’Homme [vont] rester comme une tache sur le bilan diplomatique d’Emmanuel
Macron » a indiqué Human Rights Watch. « La visite à MBS nous dérange, car
différents rapports ont démontré qu’il avait du sang sur les mains dans la répression
des opposants » a ajouté la Fédération internationale des droits de l’homme.

32
Devant un parterre de journalistes, le président français a répliqué ce vendredi : «
Cela ne veut pas dire, que je cautionne, que j’oublie, que nous ne sommes pas des
partenaires exigeants ». Alors que Joe Biden refuse, toujours, de parler au prince
héritier saoudien, cette rencontre avec Emmanuel Macron met définitivement fin
à un simulacre de consensus occidental concernant MBS et lui offre une
réhabilitation internationale.
Pierre Haski dans sa chronique Géopolitique sur France Inter rappelle que
Mohammed Ben Salman avait déjà rencontré Xi Jinping et Benyamin Netanyahou
depuis la mort du journaliste. Vendredi a été déposée à Paris une plainte visant
les princes héritiers d’Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis pour
financement du terrorisme.

Ainsi, au niveau commercial, le voyage d’Emmanuel Macron a permis :


- à une filiale d’Airbus de signer un contrat de vente de 26 hélicoptères.
- au motoriste aéronautique Safran de signer un contrat de vente, d’entretien
et de maintenance pour des moteurs d’avions à hauteur de 8,5 milliards de
dollars.
- à Veolia d’obtenir un contrat de gestion des services d’eau potable et
d’assainissement de Riyad et de 22 municipalités périphériques.

Au niveau diplomatique, les deux dirigeants se sont entretenus et mis d’accord


sur une initiative commune en faveur du Liban : Paris et Riyad vont « travailler
ensemble, soutenir les réformes, permettre au pays de sortir de la crise et préserver
sa souveraineté ». Une crise diplomatique entre l’Arabie saoudite et le Liban avait
émergé après les critiques du ministre de l’Information, George Kordahi, concernant
l’intervention militaire saoudienne au Yémen contre les rebelles houthistes. Ce
dernier a démissionné ce vendredi.

Comme prévu, les critiques ne se sont pas fait attendre :


- À propos du contrat militaire signé avec les EAU, le candidat écologiste
à la présidentielle, Yannick Jadot a indiqué que : « la France nous fait
honte quand elle arme des régimes autoritaires qui méprisent les droits
humains. [Elle] rayonnera quand sa politique étrangère sera exemplaire dans
la lutte pour la liberté ». Philippe Poutou, candidat pour le NPA a jugé cela «
scandaleux » : « à l’image d’un capitalisme militariste affairiste et cynique » et
a appelé à interdire la vente d’armes.
- À propos de la rencontre avec l’héritier saoudien, Mohammed Ben
Salman, Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International
s’est exprimée dans Le Monde : elle pense que cette entrevue « participe
d’une politique de réhabilitation » de MBS, « un prince tueur », qui détruit tous
les efforts effectués par les sociétés civiles et les défenseurs des droits
humains et appelle les nations à rester fermes.

33
Malgré les nombreuses polémiques objectives soulevées par cette tournée, il sera
tout de même difficile de nier au président français ses succès commerciaux.

̅
Ce lundi, l'Iran, par la voix du porte-parole du ministère iranien des Affaires
étrangères, Saïd Khatibzadeh, a accusé la France de « déstabiliser » la région en
vendant des armes à ses rivaux du Golfe.
Par ailleurs, il a rejeté la demande d’Emmanuel Macron d'« associer » les pays de la
région pour « avancer » dans les discussions autour de dossier nucléaire iranien (cf.
section en international).

5. 7e Forum de Dakar sur la paix et la sécurité

La 7e édition du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s’ouvrait ce lundi


6 décembre pour 2 jours.
Le rendez-vous réunit de nombreux acteurs politiques, institutionnels, issus du
monde humanitaire et de la recherche. Les présidents du Sénégal, Macky Sall,
d'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, du Niger, Mohamed Bazoum, et de
Guinée-Bissau, Umaro Cissoko Embalo, sont présents − ainsi que Charles Michel, le
président du Conseil européen.
Côté français, la ministre des Armées, Florence Parly, et le ministre des
Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, feront partie de l’assistance.
Interviendront également, entre autres, des représentants de l'administration
américaine, la vice-ministre japonaise Takako Suzuki, le ministre nigérian des
Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, ou encore le ministre espagnol des Affaires
étrangères, José Manuel Albares Bueno.

Le thème est : « Les enjeux de stabilité et d’émergence en Afrique dans un monde


post Covid-19 ». Ainsi, au menu des échanges : les questions de sécurité et de
développement, mais également le Covid-19. La cybersécurité, la cybercriminalité,
la lutte contre la désinformation, la coopération entre États, le contrôle des espaces
maritimes ainsi que la démographie, seront aussi évoqués.
La position sénégalaise sur tous ces sujets sera d’autant plus scrutée que Dakar
prend début février la présidence tournante de l’Union africaine.

En matière de sécurité, Macky Sall a plaidé pour une hausse des moyens. « La
sécurité n’a pas de prix, mais elle a un coût », a-t-il insisté, avant d’ajouter : « Face à
la montée de la menace terroriste, il nous faut plus de flexibilité budgétaire ».
Dans son discours, le président nigérien Mohamed Bazoum s’est longuement
exprimé sur les questions d’insécurité et de djihadisme au Sahel et s’est dit

34
persuadé que les États du Sahel parviendront à « éradiquer le terrorisme ». Il a
ainsi proposé de nombreuses pistes pour y parvenir.
Par ailleurs, la montée d’un sentiment anti-français dans plusieurs pays subsahariens
et en Afrique en général, intrigue le gouvernement français. Dans une prise de parole
aux allures de réplique, Florence Parly a lancé : « Tous ceux qui tiennent un discours
anti-français jouent pour un autre camp. […] Les intérêts des États sahéliens sont : la
stabilité, la paix et le développement. Il se trouve que ce sont également les nôtres ».

Enfin, l’hôte de ce forum a conclu son propos lundi par un message de soutien
à Cyril Ramaphosa : « Isoler un pays qui a séquencé un nouveau variant et qui a
fait preuve de transparence, c’est non seulement discriminatoire, a estimé Macky
Sall, mais aussi contre-productif parce que c’est inciter les autres à ne pas publier les
résultats ». Le président sud-africain a lui dénoncé le manque de solidarité de la
communauté internationale face au variant Omicron, regrettant notamment les
mesures de restriction prises par les pays du Nord à l’encontre de son pays.

6. Et en bref

- Afghanistan :
⬫ Bien qu’ils avaient annoncé qu’il n’y aurait pas de vengeance contre ceux
ayant collaboré avec les forces étrangères, il semblerait qu’une centaine de
personnes auraient déjà pu être assassinées, selon l’ONG Human Rights
Watch.
⬫ Les États-Unis et une vingtaine de pays se sont inquiétés d'« exécutions
sommaires » d'ex-policiers par les talibans. Cette déclaration a fait suite à
une enquête de HRW. Les talibans ont nié ces accusations.
⬫ Le chef suprême des talibans a demandé au gouvernement de « prendre
des mesures sérieuses pour faire respecter le droit des femmes », dans un
décret.
- Antarctique : une éclipse solaire a offert un spectacle astronomique rare ce
samedi.
- Birmanie :
⬫ Un tribunal birman a condamné, ce lundi 6 décembre, l'ancienne cheffe du
gouvernement civil Aung San Suu Kyi à quatre ans de prison. C'est la
première peine prononcée contre l'ex-dirigeante, poursuivie par la junte pour
de nombreux autres chefs d'accusations et qui risque de finir ses jours en
prison.
Les réactions internationales ont été nombreuses.
⬫ Des militaires birmans ont foncé avec une voiture sur des manifestants
pro-démocratie dimanche à Rangoun, faisant au moins trois blessés.

35
- Botswana / LGBT+ : bien que le gouvernement s’y oppose, la justice a confirmé
la décriminalisation de l’homosexualité.
- Centrafrique / UE : des mercenaires russes du groupe Wagner ont pris le
commandement en Centrafrique d’un bataillon pourtant formé par l’Union
européenne.
- Chine / Immobilier :
⬫ Le secteur inquiète toujours : après Evergrande, qui a perdu 20% à la
Bourse de Hong Kong ce lundi, le promoteur chinois Kaisa serait au bord du
défaut de paiement; ce dernier doit s'acquitter ce mardi d'un remboursement
de 400 millions de dollars dus sur des intérêts d'emprunt.
⬫ Pékin tente de stopper l'hémorragie et allège la pression sur les
établissements financiers pour les encourager à accorder davantage de
crédits. Les autorités ont également réitéré leur soutien au secteur afin
d'éviter que la crise ne se propage jusqu'aux marchés financiers.
- Covid / Omicron :
⬫ Australie : un premier cas vient d’être détecté dans le pays, chez un
étudiant n’ayant pas voyagé récemment, impliquant que le nouveau variant
circule déjà dans le pays.
⬫ Corée du Sud : l’arrivée du variant Omicron et la nouvelle vague épidémique
que connaît le pays poussent les autorités sud coréennes à revenir sur
l’allégement des restrictions sanitaires : l’utilisation du passe sanitaire est
élargie et les rassemblements privés doivent être limités.
⬫ RDC : le pays semble miraculeusement épargné par la pandémie, bien qu’il
soit un pays où le taux de vaccination est un des plus faibles du monde.
⬫ Transport international / Fermeture des frontières : les différentes
organisations régissant le transport international ont appelé les autorités à
laisser les frontières ouvertes, afin de ne pas limiter davantage la liberté de
mouvement des travailleurs du secteur et à tirer les leçons de ces deux
années de pandémie mondiale.
⬫ UA : L’organisme sanitaire de l’Union africaine appelle à ne pas paniquer
face à l’émergence du nouveau variant.
⬫ USA :
- 9 cas de transmission par le variant Omicron ont été détectés dans le
pays, sur des personnes n’ayant pas voyagé : la transmission se fait déjà
donc localement.
- Les conditions d’entrée sur le territoire ont été durcies : les personnes
doivent être vaccinées et présenter un test négatif. L’obligation du port du
masque dans les transports en commun a été prolongée jusqu’en mars.
- États-Unis / Chine / Australie : Les États-Unis accusent la Chine de mener une
guerre économique contre l’Australie. La Chine, elle, juge que « certains
politiciens australiens montent en épingle la théorie d’une menace chinoise ».

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- États-Unis / Kamala Harris : La vice-présidente américaine, Kamala Harris,
perd en popularité dans son propre camp. Des tensions se feraient sentir entre
son équipe, dans laquelle les défections se font nombreuses.
- Îles Salomon :
⬫ La Nouvelle-Zélande a envoyé des forces de maintien de la paix pour
soutenir les autorités salomonaises face aux émeutes meurtrières qu’a
connues la capitale (voir la revue de presse du 30/11).
⬫ La motion de défiance déposée par l'opposition a été rejetée par 32 voix
contre 15, après d'âpres débats. Le Premier ministre Manasseh Sogavare
accuse Taiwan d'être derrière les graves troubles qui ont agité l'archipel ces
derniers jours.
- Inde / Russie : Vladimir Poutine était à New Delhi ce lundi, pour un mini-sommet
exceptionnel entre l’Inde et la Russie : il était accompagné de ses ministres de la
Défense et des Affaires étrangères afin de signer d’importants contrats
d’armements.
- JO 2022 : les États-Unis ont annoncé hier un boycott diplomatique de
l’évènement : ils n'enverront aucun représentant diplomatique, en raison du «
génocide et des crimes contre l'humanité en cours au Xinjiang », selon la Maison
Blanche. La Chine a prévenu qu'elle prendrait des « contre-mesures ».
- Liban : selon un sondage 60% de la population libanaise désirerait quitter le
pays − en cause, la crise multifactorielle qui s’abat sur le Liban depuis 2 ans (voir
la revue de presse du 09/11).
- Libye : la cour d’appel de Sebha, dans le sud de la Libye, a rétabli la candidature
du fils de l’ex-dictateur Kadhafi à l’élection présidentielle (voir la revue de presse
du 30/11).
- Madagascar / Famine : les scientifiques de la World Weather Attribution
contredisent l’ONU : selon eux, le réchauffement climatique ne serait pas la
cause principale de la famine sur l’île (voir la revue de presse du 29/06).
- Mali : un bus a été ciblé par des tirs dans une attaque qui a fait 31 morts.
- OCDE / Reprise économique : l’OCDE confirme la reprise économique
mondiale, mais précise qu’elle reste déséquilibrée et menacée par des poussées
inflationnistes qui pourraient être plus durables que prévues.
- ONU / Aide : l’ONU a chiffré le nombre de personnes qui auront besoin d’une
aide d’urgence à 274 millions. Les chiffres n’ont jamais été aussi élevés.
- Ouïghours / Xi Jinping : une nouvelle fuite, comportant des ordres signés par le
gouvernement central, accrédite une répression des Ouïghours décidée par Xi
Jinping.
- Pétrole / Sommet Opep : le sommet des pays exportateurs de pétrole a eu lieu
cette semaine. Ils ont décidé de poursuivre l’augmentation de la production afin
de ne pas freiner la reprise économique mondiale, espérant une stabilisation du
prix du baril, qui a beaucoup fluctué ces derniers temps avec l’arrivée du variant
Omicron.

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- Soudan : alors que les manifestations réclamant le retour du pouvoir aux civils
continuent, et qu’elles sont toujours réprimées par les forces de sécurité, Antonio
Guterres, secrétaire général de l’ONU appelle la population à accepter la
transition, arguant que le retour du premier ministre, Abdallah Hamdok était «
une victoire ». Ce dernier menace de démissionner si un accord n’est pas signé.
- Surveillance / USA : Washington désire mettre en place des restrictions à
l’exportation des technologies de surveillance, à l’échelle internationale.
- VIH / OMS : Santé publique France et l’OMS ont alerté sur la baisse de
dépistage du VIH pendant la pandémie.

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