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MICHELIN BENJAMIN ECG2 JANSON-DE-SAILLY

DEPUIS 1991, NOUVEL ORDRE OU NOUVEAU DESORDRE MONDIAL ?

« L'ALENA sera l'avancée la plus constructive vers un nouvel ordre mondial faite par un groupe de
pays depuis la fin de la guerre froide, et le premier pas vers une vision encore plus large de la zone de libre-
échange pour l'hémisphère ouest... L'ALENA n'est pas un accord commercial traditionnel mais l'architecture
d'un nouveau système international » explique en 1993 le diplomate Henry Kissinger dans le Los Angeles
Times.
Son propos illustre, deux ans après la fin d’une guerre froide qui consacre le modèle américain face
au système soviétique, la mise en place d’un nouvel ordre mondial qui n’entend pas faire de la puissance
hégémonique états-unienne la seule régisseuse. En ce sens s’entendent également les mots de G.H.Bush au
Congrès des États-Unis en 1991 : « Un nouveau monde cherche à naître, […] tout à fait différent de celui
que nous avons connu, […] où la primauté du droit remplace la loi de la jungle […], où les forts respectent
les droits des plus faibles ». Seulement, près de 10 ans après avoir été émise, cette vision apparaît toutefois
déjà ébranlée par les attentats menés par l’organisation terroriste Al Qaïda contre les États-Unis. La fin de
l’histoire que prophétisait en 1992 Francis Fukuyama (lequel voyait en la convergence des systèmes
économiques et politiques vers un modèle libéral et démocratique la fin des luttes idéologiques qui
déstabilisaient le monde depuis le XIXe siècle) ne semble pas aussi prompte qu’escomptée.
Par le terme d’ordre, on désigne ce qui est organisé, arrangé, distribué. L’idée de « désordre
mondial » renvoie alors à ce qui n’est pas agencé, ce qui manque d’organisation, ce dont le fonctionnement
est troublé. Le terme de nouveauté qui caractérise dans le libellé à la fois l’ordre et le désordre qualifie ce
qui n’était pas là auparavant, ce qui vient d’apparaître. Parler de nouvel ordre et de nouveau désordre mondial
depuis 1991, date de la fin de la guerre froide, c’est donc questionner les évolutions économiques, politiques
et géopolitiques, qui conduisent à l’émergence d’un ordre nouveau qui peut, sous certains aspects, se muer
en désordre.
Ainsi, en quoi la mise en place d’un nouvel ordre mondial promis à la fin de la Guerre Froide, s’est-
elle opérée, et comment justifier de sa remise en question ?
Dès 1991, la tendance soutenue et voulue par les États-Unis est propice à la mise en place d’un
nouvel ordre mondial par défaut. Pour autant, le contexte de mondialisation heureuse (A. Minc, 1997) voit
émerger de nouveaux acteurs et remet en question cette omnipotence américaine. Le monde apparaît alors
polycentrique (M. Foucher), mais peut-on pour autant parler de désordre ?

La tendance est à la mise en place d’un nouvel ordre mondial par défaut, soutenu et voulu par
« l’empire bienveillant » américain (Robert Kagan, The Benevolent Empire, 1997).
La position de vainqueur des États-Unis à la fin de la Guerre Froide en fait une hyperpuissance
(Hubert Védrine) dominatrice et influente, promotrice d’un soft power, qui prône et s’inscrit dans une
dynamique d’ordre mondial multilatéral (démocratie, dénucléarisation, promotion des accords régionaux),
ce qui ne saurait toutefois durablement contenir les multiples poudrières régionales, voire continentales.
Le slogan de Ronald Reagan des années 1980, "America is back", pourrait s’appliquer au climat
économique états-unien des années 1990. Après une longue période de guerre froide (1947-1991), les États-
Unis s’appuient sur une politique libérale à laquelle se joint la plupart des pays et qui consacre leur modèle.
Affichant des taux de croissance de 3% annuel et une dette maintenue à 60% du PIB (qui atteint près de 30%
du niveau mondial, le même niveau qu’en 1945), il semblerait, au moment même où ses concurrents
occidentaux font face à des déconvenues (crise japonaise, crise de la réunification allemande), que les États-
Unis soient seuls décideurs. Chaque dollar est même marqué du sigle Novus Ordo Saeclorum, « Un Nouvel
ordre du Monde ». Couplé à un soft power (Joseph Nye, 1997) au firmament (rayonnement culturel, diffusion
d’une culture américaine que Régis Debray décrit dans Comment nous sommes devenus américains, 2017),
la prégnance américaine est manifeste. Économique, culturelle, la convergence qui s’opère est également
d’ordre politique. Avec la chute de l’URSS, de nombreux pays se tournent vers des régimes démocratiques
(voir carte), une dynamique soutenue par le président Bill Clinton, qui évoque en 1993 le « democratic
enlargement ». Par exemple, en Europe de l’Est, Lech Walesa est élu en République Tchèque (1990-1995),
de même, en Pologne, que Vaclav Havel (soutenu par le pape Jean Paul II) en 1993. En Amérique Latine,
l’OEA (Organisation des États américains) décide même en 1991 de suspendre tout État qui abandonnerait
le système démocratique.
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De cet « hyperpower » (J. Wittenberg, The First Universal Nation, 1990) naît une volonté de mettre
en place un nouvel ordre multilatéral. Nouveau, car cet ordre n’existait pas en temps de guerre froide, durant
laquelle s’était opérée une scission bilatérale du monde entre camp occidental et camp soviétique. Un ordre
multilatéral qui ne laisse ainsi pas une nation seule décider de l’organisation mondiale. Paralysée lors de la
Guerre Froide, l’Organisation des Nations Unies (1945), qui passe de 159 états membres en 1990 à 185 en
1995 renforce sa légitimité en se présentant comme l’OIG la plus représentative des problèmes du monde.
Son budget double (4Mds de $ en 1995), et, signe de sa légitimité, toutes les opérations menées par les États-
Unis entre 1990 et 2000 ont bénéficié d’un mandat d’intervention du Conseil de Sécurité, qui « légitime »
tout usage de la force dans ce nouvel ordre mondial. Le droit d’ingérence (droit qui permet de mettre en
œuvre des opérations de maintien de la paix (voir carte) dans des pays sans consentement préalable) atteste
de la dimension supranationale que semble prendre l’ONU. Autre axe de cette propension à la politique
supranationale les États-Unis continuent de soutenir activement le projet de la construction européenne dont
ils ont été une aide au lancement dès les années 1950., élément notable de ce nouvel ordre mondial qui
s’instaure, les ensembles régionaux se structurent, se restructurent, et se renforcent (voir carte) : en Asie,
l’ASEAN (1992) intègre le Vietnam (1995), le Laos et la Birmanie (1997), le Cambodge (1999), en Europe,
la construction européenne s’affirme progressivement. Enfin la dénucléarisation est progressivement
instaurée. Si cela fût, durant la Guerre Froide, la pierre angulaire des relations internationales (crise des
euromissiles de 1977 à 1987, programme IDS en 1983), on convient rapidement de la nécessité de réduire
le nombre de têtes nucléaires. En ce sens sont signés en 1991 et en 1993 les traités START I et II, qui voient
s’opérer une baisse de 50% de ces arsenaux (Gorbatchev se dira « fier d’avoir contribué à démanteler
l’infrastructure de la peur »). Cette dynamique, ce nouvel ordre mondial, s’observe également outre-
Atlantique, à une échelle plus régionale : les deux Corées signent en 1992 un accord de dénucléarisation, la
Chine renonce en 1996 à tout essai pendant 10 ans, et la France à titre définitif.
Si le nouvel ordre mondial se met en place, il relève plus du désordre dans certaines régions que
l’on associe volontiers à des poudrières régionales, voire continentales. Dans les Balkans, les guerres
d’indépendance nationalistes alimentées par les Serbes de S. Milosevic et les croates de F. Tudjman (1990
– 1999/2000) en sont un exemple. Au Proche et au Moyen Orient, deux États sont sous surveillance, l’Iran
et l’Irak, et l’échec du processus de paix israélo-palestinien donne matière à comprendre les tensions sous-
jacentes. Ces tensions s’observent également en Asie, et témoignent de la friabilité du nouvel ordre
international : entre l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde, elles sont de plus en plus présentes, et entre les deux
Chines, dans le détroit de Taïwan, une troisième crise s’opère entre 1995-1996 avec le tir de missiles de la
RPC et l’envoi par l’US Navy de deux portes avions (cette démonstration de force des États-Unis est un
premier signal de la voie unilatéraliste qu’ils commencent à emprunter). De même, en Afrique, qui, engluée
dans les années 1990 dans la « décennie du chaos », est en proie à des difficultés économiques et/ou à des
guerres civiles (Sierra Leone, RDC, Rwanda).
L’instauration d’un nouvel ordre mondial qui s’opère dès 1991 est dirigée par défaut par les États-
Unis qui promeuvent un monde multilatéraliste, et apparaît nécessaire. Elle se fait dans un contexte de
mondialisation rapide, qui permet en parallèle l’émergence de nouveaux acteurs, contribuant de fait à le
bouleverser et à le réévaluer.

Le contexte de mondialisation heureuse (A. Minc, 1997) voit émerger de nouveaux acteurs et remet
en question cette omnipotence américaine, qui amène à considérer la notion de monde apolaire (Ferguson,
2009). La libéralisation des échanges et l’uniformisation des économies causes de la crise de 2008 fragilisent
les États-Unis tout en consacrant l’émergence de nouveaux pôles à des échelles multiples.
La mondialisation lancée dans les années 1970 consacre la victoire du modèle libérale (effacement
progressif des frontières, ouverture à la concurrence, …). Jouant sur leurs "avantages comparatifs" (Ricardo),
les pays entendent faire valoir les intérêts propres à leurs territoires, pour s’insérer dans cette DIPP (Division
internationale des processus productifs). Cela a alors plusieurs effets. Un effet bénéfique, économique, qui
permet d’intégrer des pays à faible valeur ajoutée dans le processus productif (par exemple la RDC qui
extrait sur son sol des minerais, ou la Chine qui dispose d’une main d’œuvre nombreuse sont tous deux
gagnants). Toutefois, cela entraîne premièrement une contestation des pays dits du Sud, qui ne sont alors que
producteurs mais n’ont aucune valeur ajoutée, ne créant de facto aucune richesse réelle, contribuant à un
sentiment de mise à l’écart qui conduit à l’affirmation des BRICS (rapport O’Neill, 2001) (voir carte), et
incite les coopérations régionales de fait. En second lieu, cela a pour effet de rendre interdépendantes les
économies, surtout dans les pays du Nord. La crise japonaise de 1990, qui s’opère en est un premier
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indicateur, mais l’année 2008 est encore plus parlante. La crise des subprimes, débutée aux États-Unis
contribue à remettre en question le modèle économique libérale –et plus largement l’intangibilité des États-
Unis, en parallèle de leurs maladresses géopolitiques– et renforce le protectionnisme. Moins touchés par la
crise ressortent gagnants les pays émergents et nouvellement industrialisés. En ce sens s’opère alors le
basculement vers l’Asie (2009) également motivé, il convient de le souligner, par des considérations
énergétiques.
Ainsi permise, l’émergence de nouveaux acteurs vient bousculer l’ordre mondial. En Asie,
premièrement : au Japon, la politique d’internationalisation du Premier Ministre Nakasone porte ses fruits,
l’image d’un cool Japan qui se développe donne une alternative au modèle américain ; la tendance est
similaire dans une moindre mesure en Corée du Sud, qui poursuit la hallyu (processus de diffusion de la
culture coréenne) et tend à se démarquer. D’autre part, au modèle unique, démocratique et libéral vient
progressivement se poser une alternative, la Chine, qui poursuit ses Trente Glorieuses. Les RAS (régions
administrées spécialement) d’Hongkong et Macao marquent bien un pas vers le modèle libéral, mais ne sont
en tout et pour tout qu’un sas d’ouverture, la Chine menant bien une politique communiste et autoritaire sur
ton territoire. En ce sens, la Chine propose l’Organisation de la Coopération de Shanghai (2001), qui rend
caduque l’unilatéralité du monde. Parler de désordre à une échelle régionale manque toutefois de pertinence,
dans la mesure où c’est justement un modèle très ordonné que le modèle chinois ! Toutefois, à une échelle
plus globale, un certain « désordre » s’instaure, dans la mesure où la Chine ouvre une voie alternative à
l’omnipotence américaine. Il faut alors concilier avec des acteurs dont les intérêts divergent, et qui ne
respectent pas nécessairement les droits de l’Homme (témoignant de toute l’ambivalence américaine, le
conditionnement des relations commerciales avec la Chine au respect des droits de l’Homme voulu 1993 par
Bill Clinton –qui avait condamné les « Bouchers de Pékin en 1989— est abandonné en vue d’un « partenariat
stratégique » un an plus tard). Ainsi, le désordre naissant tient plus dans la difficulté à intégrer ces nouveaux
paradigmes qu’aux paradigmes en eux-mêmes.
Enfin, le nouvel ordre mondial s’observe à des échelles pl us restreintes. De fait, à l’échelle
régionale, la Triade se renforce. Il faut tout de même nuancer, car si ces coopérations permettent de limiter
les conflits, elles ne permettent toutefois pas d’éviter la guerre commerciale entre la Chine et les USA lancée
dès 2018, ni la conflictualité, par exemple, entre les deux Chines et les deux Corées. À l’échelle nationale,
on remarque la multiplication de villes-mondes (voir carte), ou « global-cities » (Saskia Sassen). Paris,
Londres ou New-York en sont de bons exemples. Il semblerait que la mondialisation ait réduit l’influence
westphalienne (héritée de 1648) des États, au profit des villes, des entreprises, et de la société civile.
L’estompement – en trompe-l’œil ? – des frontières joue également en ce sens.
Ainsi, l’effacement progressif de l’illusion unipolaire permet de questionner le réel ordre mondial.
Vu comme un ensemble multipolaire, apolaire, ou comme « magma illisible » (Hassner, 2015), il n’en reste
pas moins que, sur ce dernier, les États-Unis ne dominent plus seuls.

Faut-il pour autant, dans un monde polycentrique (M. Foucher), parler de désordre ?
Le monde interconnecté qui naît de la mondialisation est toujours plus dépendant de ses ressources
et apparaît en plein désordre. En parallèle —ou parfois comme conséquence directe— certaines régions du
monde s’implantent plus profondément encore dans les conflits, ce qui accentue ce tableau. Comment une
analyse multiscalaire permet-elle d’interpréter toutefois les multiples tentatives d’ordonnancement du monde
(accords, sommets, organisation supranationales) ?
En 2016, près d’1/5 de la population mondiale était sous-alimentée. Conséquence directe de la
spécialisation des économies en fonction des avantages comparatifs, ou conséquences de la prévarication de
certaines élites (par exemple africaine), il n’en reste pas moins qu’un certain désordre mondial est
observable. Le gradient des richesses (voir carte) est très favorablement tourné en faveur des pays du Nord
(en considérant une échelle mondiale) : les Nords réalisent 76% des dépenses de santé, 70% des analphabètes
sont situés au Sud (Laurent Carroué, Atlas de la mondialisation). Un des désordres qu’engrangent ces
difficultés dont la sous-alimentation n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, réside en la démultiplication
des flux migratoires, devenus au XXIe siècle un enjeu toujours plus important (voir carte) : en 2018, 250M
de personnes, soit 3,4% de la population mondiale sont concernées. En outre, la mondialisation a entraîné
une dépense accrue aux ressources : les chocs qu’ont été en leur temps les chocs pétroliers permettent un
tant soit peu de comprendre, plusieurs dizaines d’années plus tard, l’absolue dépendance des économies
actuelles aux hydrocarbures, d’où les tensions (voir carte), au Moyen-Orient, ou dans le Caucase.
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Ainsi, certaines régions du monde s’ancrent dans les conflits, accentuent ce sentiment de désordre
(voir carte). Des conflits qui peuvent être liés à la question des ressources, mais qui peuvent aussi avoir une
origine tout autre. Le monde autrefois unilatéral et ainsi ordonné doit ainsi composer avec ces régions en
conflits, qui se muent parfois en guerre, participant d’un désordre manifeste. En ce sens la Russie par
exemple, dont la gouverne est promptement reprise par Vladimir Poutine (qui succède à Eltsine en 1999)
animé par la « Grandeur russe » commence peu à peu à faire entendre sa voix, en atteste la seconde guerre
de Tchétchénie entre 1999 et 2000, et l’annexion de la Crimée en 2014. À une échelle plus globale, on
recense entre 2000 et 2014 une hausse de 700% (de 1900 à 13000) des attentats, dont le nombre de victimes
est multiplié par 3 ; le terrorisme se « mondialise » par ailleurs et se propage à l’ensemble des pays du monde
arabe, voire même à certains pays africains (Mali), et la mort en 2011 d’Oussama Ben Laden n’amène en
Orient aucun ordre, tout au contraire. Daesh, organisation terroriste qui succède à Al Qaïda, profite du
désordre ambiant lors des « automnes islamistes » pour se constituer un territoire entre la Syrie et l’Irak
(« État du Califat »). Autre élément en faveur de ce désordre, les conflits, qui dominent (environ 30 conflits
recensés en 2010) sont de plus en plus désinstitutionnalisés (par exemple le conflit en Syrie en 2011, qui voit
s’opposer l’armée du régime syrien contre l’armée syrienne libre).
Toutefois, il convient de nuancer ce tableau quelque peu noirci. À une échelle régionale, des
tentatives sont faites pour viabiliser les relations. En Asie, l’émergence de nouveaux acteurs se traduit par la
mise en place d’un certain ordre. En ce sens, on relève depuis 1990, exception faite de la Birmanie et du
Timor Oriental, une importante baisse de la conflictualité, permise par la multiplication des traités, qui rend
les économies interdépendantes et qui neutralise toute éventualité de conflit. En Europe, la mise en place de
l’Union Européenne permet de pallier certaines difficultés, et coordonnant une mosaïque culturelle diverse,
permet tout de même la mise en place d’un certain ordre. Concernant l’immigration par exemple, Frontex a
été mis en place en 2004 et renouvelé dans les années 2010. À une échelle mondiale, suite au désordre
instauré par la crise économique de 2008, les États ont fait plus âprement confiance aux institutions et traités
pour régir ce nouvel ordre mondial. Il semblerait que la gouvernance mondiale passe moins par des intérêts
propres que par des ententes et certaines volontés de cohésion. Le G20, créé en 1999 participe de cette
logique, en organisant régulièrement des sommets entre États. L’ONU prend des responsabilités, également,
et bien qu’elle soit parfois remise en question, elle est l’une des seules organisations internationales
aujourd’hui reconnue et respectée.

On relève ainsi, dans ce village global (McLuhan, 1964) qu’il est difficile, nuançant l’espoir des
débuts, de « civiliser » les relations internationales : si les grandes guerres interétatiques se raréfient, tous
les degrés de violence ont été franchis en ce début de XXIè siècle (guerres internes, massacres de civiles,
…). L’ONU joue un rôle mitigé, parfois outrepassée, souvent ralentie. La gouvernance mondiale passe pas
des traités, une diplomatie toutefois d’action plus que du verbe, qu’il convient de ne pas voir comme remède
à tous les maux. Certaines rivalités persistent, et rendent difficile l’élaboration linéaire d’un ordre mondial.
Le rôle de la puissance normative européenne peut éclairer une partie des enjeux de ce XXIè, mais
l’évolution de la relation entre la Chine et les États-Unis l’une des variables essentielles : le poids des géants
est conséquent, et aucune coopération à vocation universelle ne peut s’opérer sans eux, bien que d’un autre
côté, le piège de Thucydide (Allison, 2010) semble planer au-dessus de ces deux grands.

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