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2023
Cette fragmentation peut se solidifier en une nouvelle Guerre Froide tout comme
pourrait apparaître d’ici quelques années nouvel ordre mondial q plus respectueux
des droits des Nations, plus centré sur les problèmes communs de ces nations,
problèmes qui vont de la sauvegarde de l’environnement au développement social
et économique qui reste à accomplir dans de nombreux pays, et enfin mieux
compatible avec l’émergence d’un contrat social de progrès au sein de chacun
d’entre eux. Tel est sans doute le défi le plus important que nous aurons à
affronter dans ces prochaines années.
(Cette note est issue d’un projet d’article qui a été soumis à la revue russe
Economic and Social Changes: Facts, Trends, Forecast / Экономические и
социальные перемены: факты, тенденции, прогноз et qui sera, après révisions,
publiés dans le n°4/2023)
Ces problèmes seront alors, dans l’article qui suit, abordés en commençant par
rappeler ce qu’est un ordre mondial, en quoi l’ordre mondial dominant depuis 1992
avait commencé à se fragmenter à partir de la crise financière de 2008-2010, et
comment les chocs successifs – chocs allant de la pandémie de la COVID-19 à la
nouvelle situation géostratégique qui se déploie depuis février 2022 – ont accéléré
cette fragmentation mais ont aussi dessiné les contours d’un nouvel ordre mondial.
Les conséquences que cela peut avoir sur la forme et le contenu du contrat social,
autrement dit la dialectique entre les facteurs externes et les facteurs internes de
changement, seront alors précisées. Ces facteurs iront-ils dans un sens de progrès
social ou vers celui d’une régression ? Cette question doit aussi être posée. Cela
permettra alors de tenter de conclure en cherchant à préciser si nous sommes bien
aujourd’hui en présence de ce que l’on pourrait appeler un moment mondial de
pivotement des grands équilibres.
De fait, c’est avec l’idée d’une institutionnalisation des relations internationales que
nait la notion d’un ordre mondial. Cette institutionnalisation doit être rattachée à
Hugo de Groot dit Grotius qui, au début du XVIIème siècle va révolutionner la vision
du Droit en l’appliquant à des personnes morales, autrement dit des États[6]. Avant
Grotius, les droits étaient essentiellement tout perçus comme rattachés à des
objets. C’est lui qui introduit une notion de droits comme appartenant à des
personnes[7], qu’elles soient morales ou physiques, signifiant alors l’expression
d’une capacité d’agir ou les moyens de réaliser telle ou telle chose. De cette
manière de voir découle l’idée d’une société unique d’États qui serait régie non par
la force ou la guerre[8], mais par des lois effectives et par un accord mutuel visant à
faire respecter la loi[9].
On retrouve d’ailleurs cette notion chez Vico au-début du XVIIIe siècle[10]. C’est
donc entre la fin des Guerres de Religion et l’émergence de ce que l’on appelle la «
période classique », qu’émerge progressivement cette idée du droit international et
par conséquent d’un ordre mondial[11]. Ces idées se retrouveront dans le Traité de
Westphalie[12], en cela que ce Traité vaut reconnaissance du principe d’égalité des
États et de celui de souveraineté tant externe qu’interne, et, plus tard, au XIXe siècle,
dans le Congrès de Vienne de 1815[13]. Cependant, à l’époque, cet ordre n’était
mondial que dans la mesure où les puissances européennes se définissaient
comme « monde ».
Les idées et les notions utilisées par Grotius vont connaitre une nouvelle jeunesse
entre la fin du XIXème siècle et les tentatives pour limiter la violence dans les
conflits armés[14], et le premier conflit mondial avec le Traité de Versailles[15] et la
naissance de la SDN en 1920[16]. On le sait, nombre d’idées contenues dans la
charte de la SDN furent par la suite reprises en 1944-45 dans celle des Nations-
Unies[17]. Ces notions trouvèrent rapidement leur point d’application dans le
commerce international, les questions monétaires et l’économie en général comme
en témoigne la citation de Keynes qui est faite dans le contexte s’un projet de
Banque Centrale internationale. Les accords de Bretton-Woods en 1944[18],
accords qui conféraient à l’Union soviétique une place d’observateur, puis le Traité
de la Havane[19], hélas mort-né, et la création du GATT, en portent témoignage. On
peut donc considérer que, derrière l’expression d’ordre mondial, il y a l’ensemble des
rapports de force entre les États, rapports de force qui sont à la fois
institutionnalisés et déterminés par des règles du droit international.
Il n’est pas étonnant qu’il fût contesté. Il a connu de multiples incarnations. L’ordre
international de 1944-45 n’est déjà plus celui qui prévaut de 1949 au début des
années soixante, quand il se replie sur les pays alliés des États-Unis et exclu, de fait,
l’URSS, la Chine, et l’ensemble des pays communistes. Il change encore au début
des années 1970 quand les États-Unis imposent le principe des taux de change
flottants[26]. De fait, avec la décomposition des accords de Bretton-Woods, la
notion de système monétaire international puis d’ordre monétaire international fait
son entrée, comme l’une des formes d’un ordre international plus général. Cela
entraine une focalisation sur le rôle du dollar des États-Unis[27].
L’idée d’une émergence d’un « nouvel » ordre mondial, différent tant de celui issue
de 1945 et de la guerre froide, que de la domination des États-Unis d’Amérique à la
suite de l’effondrement de l’URSS, se fait jour depuis le début des années 2000[28].
Cet ordre mondial ne serait plus polarisé par un, ou un petit nombre, de pays. Il
serait, dans le sens le plus complet du terme, multipolaire. Sans doute, le premier à
en avoir parlé fut John Maersheimer[29]. L’idée s’est progressivement affirmée que
l’ordre mondial, tel qu’il s’était reconstitué depuis la fin de l’URSS sous la
domination des États-Unis, a été mis en cause par la montée en puissance des
économies émergentes[30]. Avec cette idée est aussi apparue la notion qu’un
conflit entre les États-Unis et la Chine était possible, puis à craindre, voire
inévitable[31]. L’ordre mondial s’est enfin trouvé partagé entre trois pôles pour ceux
qui espéraient que l’Europe puisse avoir un rôle[32].
Pourtant, cette hégémonie, qui se traduit aussi par l’adoption généralisée de règles
de libre-échange avec le passage du GATT à l’OMC en 1994[35], va se déliter
progressivement devant des crises financières que les États-Unis ne sauront et ne
pourront contrôler, des échecs militaires (en Iraq et en Afghanistan), et l’émergence
rapide de nouvelles puissances (Chine, Inde, Brésil mais aussi désormais Indonésie
et Turquie) ou d’anciennes ayant su se réinventer (la Russie)[36].
La crise financière de 2008-2010, que l’on surnomme « crise des subprime » fut un
moment important dans la remise en cause de l’ordre mondial qui était apparu en
1991-1992, tout comme elle fut un ébranlement majeur dans l’ordre
économique[37]. Mais, ce ne fut pas le seul. La crise financière dite « crise asiatique
» de 1997-1998, et qui marque à la fois le début du rôle international de la Chine[38]
mais aussi le début de la reconstruction de la Russie[39], la préfigure largement[40].
En fait, cet ordre mondial qui s’apparentait à une Pax Americana[41] se décompose
rapidement tant du fait des incapacités et des erreurs commises par les dirigeants
des États-Unis que de la montée en puissance d’autres puissances. La
globalisation, qui avait été acceptée comme cadre unique des activités
économiques, commence en réalité à se déliter et à être remise en cause dès avant
la crise de 2008-2010[42], un délitement qui s’accélèrera naturellement à la suite de
cette crise[43].
Figure 1
De fait, si l’on compare les pays qui forment aujourd’hui les BRICS au groupe du G-7,
on constate que leur part dans le PIB mondial (calculé en PPP) est respectivement
de 46% et 16% en 1992.
Encadré 1
France China
Germany India
Italy Russia
United Kingdom
Pays considérés comme des « alliés » Pays ayant demandé leur adhésion
des pays du G-7 aux BRICS
Australia Algérie
Austria Argentine
Greece Bakreïn
Hungary Egypte
Netherlands Iran
New Zealand
Norway
Poland
Portugal
Romania
Singapore
Spain
Sweden
En 2008, quand se déclenche la « crise des subprime », cette part est passée à 36%
pour le G-7 et 24% pour les BRICS. Quand surviendra la pandémie de la COVID-19,
en 2020, pays du G-7 et BRICS seront à égalité avec 31%. Si l’on regarde maintenant
la part respective du groupe G-7 et « alliés » et celui des BRICS et pays identifiés
ayant officiellement demandé en 2023 leur adhésion aux BRICS[44], l’évolution est
encore plus saisissante. La part est de 58% et 25% du PIB mondial en 1992 ; elle
passe à 41% et 39% en 2020. La transformation des rapports de force économique
est une réalité, à la fois évidente et massive, sur les trente dernières années. Elle
signe, en réalité, la fin d’un ordre économique trop exclusivement centré sur les
pays occidentaux.
Cet ordre économique s’appuyait sur un ordre social à l’intérieur de ces pays. La
globalisation avait permis la mise en place d’un contrat social particulier à partir
des années 1980-1990. En échange de salaires faibles, « justifiés » par une inflation
basse induite par la concurrence mondiale issue de l’ouverture des économies à la
suite des accords de libre-échange qui se sont multipliés avec la transformation du
GATT en OMC en 1994 (et en Europe du « marché unique »[45]) mais aussi imposés
par un chômage élevé[46] (alimenté par des flux d’immigration), les classes
populaires des pays développés se voyaient offrir des produits de consommation à
faible coûts issus des pays nouvellement industrialisés[47]. Cela permettait de
rendre le système supportable, en dépit d’une forte montée des inégalités
sociales[48] induite par la domination de la sphère financière et des activités
associées[49]. Le développement rapide de la sphère financière depuis la fin des
années 1990 a engendré un système rentier d’une nature particulière[50] qui prélève
une grande partie de la valeur créée dans les activités productives.
Les changements que l’on a décrits à l’échelle internationale reflètent mais aussi
remettent naturellement en cause ce pacte social. Désormais, s’il n’est pas faux de
parler de de-globalization du monde, cette dernière doit aussi se comprendre
comme une de-occidentalisation de ce dernier[59].
Figure 2
Il faut aussi constater que les pays des BRICS restent largement sous représentés,
que ce soit par rapport à leur part dans le PIB mondial ou à celle dans le commerce
mondial, dans les organisations internationales, un fait qui ne peut qu’affaiblir la
légitimité de l’(ancien) ordre mondial.
Table 1
Source: Liu Z.. & Papa M., “Can BRICS De-dollarize the Global Financial System” in
Elements in the Economics of Emerging Markets, Cambridge University Press,
January 2022, Table 5, p. 56.
Mais, cette remise en cause du multilatéralisme a été initiée, en réalité, par l’un des
pays qui avaient le plus fait pour l’imposer : les États-Unis. La mise en place de
diverses mesures, comme le Foreign Corrupt Practices Act, loi votée en 1977[63]
mais qui a pris toute son importance avec une modification de 1998 et son
application agressive à partir des années 2000[64], et le Foreign Account Tax
Compliance Act de 2010, a été considérablement aggravée par la décision des
autorités américaines de considérer que tout usage du Dollar faisait tomber
automatiquement les sociétés étrangères sous le coup de la loi américaine.
Le retrait américain de l’accord de Vienne avec l’Iran (le Joint Comprehensive Plan
of Action[69]), n’a pas exclusivement visé à isoler l’Iran par le biais de sanctions
économiques. Par crainte de représailles du fait de l’application extraterritoriale du
droit américain, la dénonciation de cet accord a permis de frapper la France et
l’Allemagne. Hormis l’Italie et la Grèce, qui ont directement négocié avec les États-
Unis en contournant Bruxelles, aucun autre État européen n’a pu à ce jour bénéficier
des exemptions américaines sur les exportations iraniennes de pétrole. Ce retrait
unilatéral a engendré des répercussions économiques lourdes pour les entreprises
européennes et en particulier françaises tel que PSA, Renault, Total et Airbus[70].
En montrant donc que les échanges, et les normes qui leurs sont liées, pouvaient
être interrompus pour des raisons essentiellement politiques, Les Etats-Unis ont
apporté la démonstration que ces échanges et ces normes correspondaient moins
à un ordre mondial qu’à la politique des États-Unis[71]. Une note de la DGSI[72]
établit ainsi que « «{les entreprises françaises évoluant dans ces secteurs (il s’agit
des secteurs à haute technologie comme l’aéronautique, la santé la recherche) font
l’objet d’attaques ciblées, notamment par le biais de contentieux juridiques, de
tentative de captation d’informations et d’ingérence économique{»[73].
Enfin, l’ordre international s’est aussi délité dans le domaine monétaire. Celui-ci
reposait, depuis la fin des accords de Bretton-Woods en 1973, sur un système que
l’on peut qualifier d’étalon-dollar[74] et qui a rapidement soulevé de nombreuses
critiques[75]. Ce système a toujours été dysfonctionnel[76], mais ceci est devenu
évident au début des années 2000[77]. La création de l’EURO en 1999 n’avait pas
modifié cette situation[78], dans la mesure où la part de l’EURO dans les réserves
des différentes Banques Centrales n’avait pas dépassé la somme des parts des
monnaies des pays qui avaient adoptés cette monnaie unique. Cette part, après
avoir connu un mouvement la rapprochant de la somme des monnaies européennes
existantes avant l’Euro, a d’ailleurs connu une baisse assez importante à partir de
2010. La part de l’US dollar a elle aussi baissé, mais elle restait supérieure à 60%
avant la crise de la COVID-19.
Figure 3
Dans les trois ans et demi qui nous séparent du début réel de la pandémie, le
monde a subi une série de chocs sanitaires, économiques et géopolitiques sans
pareils. Les conséquences n’en seront complètement perçues que d’ici la fin de la
décennie. Les ruptures multiples des chaînes logistiques alimentant la production,
du fait des confinements liés à la COVID-19[83], ont mis à mal une économie
mondialisée et provoqué une prise de conscience dans de nombreux pays de la
vulnérabilité découlant de ces chaînes. Ces ruptures semblent avoir eu un plus
grand effet en 2021 dans des économies où l’appareil industriel était important
(Allemagne) que dans des économies où la part des services était plus grande[84].
Deux auteurs de la banque BNP-Paribas ont ainsi pu écrire :
« …la pandémie de Covid-19 a, une fois de plus, mis en évidence que, dans certains
secteurs clés comme les équipements informatiques, les semi-conducteurs et les
produits pharmaceutiques, l’économie mondiale est devenue très dépendante de
l’Est et du Sud-Est asiatiques. Dans ces régions, des clusters industriels ont été
créés pour exploiter des économies d’échelle. Cependant, dans le cadre de cette
recherche de sites industriels appropriés, les entreprises n’ont pas accordé une
attention suffisante à la sécurité de la chaîne d’approvisionnement et à d’autres
sujets de préoccupation comme les aspects environnementaux et géostratégiques.
Cela s’est traduit par une fragilisation des chaînes d’approvisionnement, du fait de
l’absence de fournisseurs de substitution en dehors de ces clusters »[85].
De ce point de vue, l’application des sanctions a eu des effets délétères aux moins
aussi grands sur les économies ayant décidé de ces sanctions (et en particulier
celles de l’Union européenne) que sur le pays visé, la Russie[93].
Table 2
https://www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2023/04/11/world-economic-
outlook-april-2023#statistical
Figure 4
Source: Currency Composition of Official Foreign Exchange Reserves (COFER),
International Financial Statistics (IFS). Data extracted from http://data.imf.org/
Ceci se traduit aussi par une accélération des évolutions concernant les monnaies.
Le US dollar semble accélérer son déclin dans la part des réserves des Banques
centrales. De fait, les tendances à la dédollarisation du commerce international[94],
et en particulier le projet d’une monnaie commune des BRICS[95], semblent avoir
été induites par l’instrumentalisation politique du US dollar[96] ainsi que par le gel
des avoirs de la Banque centrale de Russie, même si – sur ce dernier point – des
incertitudes importantes existent dans l’Union européenne.
Il convient de noter que ce processus n’a pas fondamentalement profité à l’EURO
mais bien plus à l’ensemble des « autres monnaies », dont le Yuan convertible, le
Franc Suisse ou la Livre Sterling. De fait, nous sommes bien en présence d’un
mouvement de remise en cause du système monétaire international, autrement dit
de l’ordre mondial monétaire.
Figure 5
Certains attiraient l’attention sur ce phénomène dés avant la crise sanitaire comme
celui d’Harold James, écrit pour l’anniversaire de la crise de 2008[99]. Ce même
Harold James, professeur d’histoire et de relations internationales à l’Université de
Princeton, avait parlé aussi du « défi global» que représente cette
démondialisation[100]. En 2022, Joseph Stiglitz pointait du doigt les phénomènes
de « re-shoring » et de « friendly-shoring », des phénomènes qui témoignent d’un
processus de fragmentation et de déglobalisation, en montrant comment ils
peuvent apparaître comme une réponse aux erreurs de la globalisation[101]. Dans
son discours d’octobre 2022 à l’Université de Georgetown (Washington DC) Mme
Kristalina Georgieva, la Présidente du FMI, prenait acte de ces transformations[102].
Le paradigme du Libre-Échange a volé en éclats[103]. Le retour du protectionnisme,
qui avait commencé à se manifester ouvertement avec la crise de 2008-2010[104],
tend – du fait des sanctions et des contre-sanctions – à s’accélérer.
Nous sommes dorénavant en présence d’un risque clair d’une segmentation du
monde entre ce que l’on pourrait appeler un « Occident collectif » et un « Sud
collectif »[105]. Ce dernier tend à se structurer autour des BRICS, ce que l’on mesure
en termes de demandes d’adhésion, mais aussi – et ceci est moins remarqué –
autour de l’OCS[106]. Même si cette opposition est inévitable du fait du
comportement de pays comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne, dont
l’ancienne Première-ministre Mme Truss a en effet appelé à constituer le G-7 en une
OTAN économique[107], ce qui ne peut qu’apparaître comme une tentative
désespérée des anciens dominants de faire survivre leur domination. Mais, on ne
peut se satisfaire de cette situation qui est clairement sous-optimal en ce qui
concerne le traitement des questions de sauvegarde de la planète et d’égal
développement. Si un nouvel ordre mondial finira bien par émerger, il est possible
qu’il soit, parce que multipolaire, bien moins inégalitaire que celui auquel il
succèdera.
La Russie n’est d’ailleurs pas la seule dans ce cas. L’Inde pourrait bien, d’ici
quelques mois, être confrontée à une remise en cause similaire. Enfin, la Chine a
commencé à se recentrer sur son marché intérieur[119] et pourrait être conduite à
accélérer ce processus[120]. Globalement, le degré d’ouverture des BRICS a tendu à
se réduire en dix ans depuis la crise de 2008-2010. Les pays des BRICS, ont cherché
à réduire leur dépendance au commerce international et ce processus devrait
naturellement s’accélérer dans les circonstances actuelles marquées par une
politisation de plus en plus grande des échanges internationaux.
Table 3
Table 4
** Estimates
*** Forecasts
Pour les pays occidentaux, un tel changement soulève quant à lui de nombreux
problèmes. Si l’objectif d’une ré-industrialisation, doublé de celui de rendre
l’industrie bien plus compatible avec les exigences écologiques, a bien été adopté
en France comme aux États-Unis, et dans ce pays l’IRA en témoigne[129], cet
objectif implique des investissements colossaux, en particulier pour décarbonner la
production d’énergie. Il implique aussi de mettre le secteur financier au service
d’une économie centrée sur la production de biens et sur les services publics et une
coordination des efforts qui, elle aussi, ne semble pas possible sans une forme de
planification[130]. Or, on peut voir un écart important se former entre les discours
politiques et la réalité de l’action. Le cas de la réforme des retraites en France au
premier trimestre 2023 montre bien que la dimension financière reste très présente
au sein de la politique économique du gouvernement. Par ailleurs, la montée des
comportements autoritaires au sein de l’appareil gouvernemental, la radicalisation
des discours, laisse craindre une autre issue que celle de la reconstruction du pacte
social sur la base d’une ré-industrialisation.
Conclusion
Depuis le début de 2022, nous assistons à une accélération des transformations qui
étaient déjà à l’œuvre depuis au moins une dizaine d’années dans l’économie
mondiale. Ces transformations signent l’arrêt de mort de l’ordre mondial issu du
début des années 1990, un arrêt de mort qui prend la forme de la montée des
organisations non-occidentales (BRICS, OCS) dans la vie internationale, de la remise
en cause brutale du libre-échange généralisé et du système monétaire international.
Ce changement dans l’ordre mondial prend la forme d’un dé-occidentalisation du
monde et entend, à tort ou à raison, plonger ses racines dans le mouvement de
décolonisation des années 1950-1960.
Mais, ces transformations affectent aussi le pacte social, qu’il soit implicite ou
explicite, qui fonctionnait dans la plupart des pays développés ou en
développement. Il confronte les pays développés à l’impossibilité de poursuivre
dans la voie qui était la leur depuis le début des années 1990. Il impose aux pays
émergents ou en développements de se dégager de la financiarisation des activités
et de ne pas tenter à imiter la trajectoire passée des pays développés. Dans les
deux cas, il est établi que l’État sera amené à jouer un rôle plus important –
directement et indirectement – dans l’activité économique et la structuration de la
société. Il n’est cependant pas acquis que ce rôle s’accompagne d’un progrès social
significatif et il pourrait, au-contraire, se traduire par un ordre interne plus coercitif
et plus inégalitaire.
Notes
[1] This description of the USA as a “Hyper-Power” comes from the former French
Foreign Minister (1997-2002) Mr. Hubert Védrine. Védrine H., Les Cartes de la
France à l’heure de la mondialisation, Paris, Fayard, 2000
[2] Gnesotto N., « Un nouvel ordre mondial », Blogpost, Paris, Institut Jacques
Delors, March 13, 2023, https://institutdelors.eu/publications/un-nouvel-ordre-
mondial/ ; Saint-Etienne C., « Le nouvel ordre stratégique mondial », in Les Echos,
March 3, 2023, https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/le-nouvel-
ordre-strategique-mondial-1911771; Husson J., « Vers une probable bascule de
l’ordre mondial » in La Tribune, August 31, 2022,
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/vers-une-probable-bascule-de-l-ordre-
mondial-928895.html
[3] Keynes J.M., Collected Writings of John Maynard Keynes (1941), D. Moggridge,
éd. Mac Millan, 1980, t. XXV section II, p. 42-66.
[4] Bush G.W., Discours, 6 mars 1991, Congrès des États-Unis – Washington, in Le
Monde Diplomatique,
[5] Arendt H., La crise de la culture, Paris, eds. Gallimard, 1989, p. 227.
[8] Forde S, « Hugo Grotius on Ethics and War », The American Political Science
Review, vol. 92, no 3, 1998, p. 639–648
[9] Bull H., A. Roberts and B. Kingsbury, Hugo Grotius and International Relations,
Oxford, Oxford UP, 2003
[10] Vico G., Opere Giuridiche, a cura di Paolo Cristofolini, Firenze, Sansoni, 1974
[13] Lentz T., Le Congrès de Vienne : une refondation de l’Europe (1814-1815), Paris,
Perrin, 2013, 385 p. ; Jarrett M., The Congress of Vienna and its legacy : war and
great power diplomacy after Napoleon, London, I. B. Tauris & Company, Ltd., 2013,
522 p.
[14] Boidin P., Les lois de la guerre et les deux conférences de La Haye (1899-1907),
Paris, A. Pedone éditeur, 1908 ; Pillet A., Les Conventions de La Haye du 29 juillet
1899 et du 18 octobre 1907, étude juridique et critique, Paris, A. Pedone éditeur,
1918
[17] https://www.un.org/en/about-us/un-charter/chapter-7
[18] Steill B., The Battle of Bretton Woods: John Maynard Keynes, Harry Dexter
White, and the Making of a New World Order, Princeton University Press, Princeton,
N-J, 2013.
[19] Graz J.C., Aux sources de l’OMC : la Charte de La Havane, 1941-1950, Droz,
Genève, 1999, 367 p..
[20] Besson S., « The Political Legitimacy of International Law: Sovereign States and
their International Institutional Order. Carrying Dworkin’s Later Work on International
Law Forward », Jus cogens, vol. 2, 2, 2020, p. 111-138.
[22] Rao N., “The Upside of Rivalry” in Foreign Affairs, May-June 2023,
https://www.foreignaffairs.com/india/modi-new-delhi-upside-rivalry?
utm_medium=newsletters&utm_source=twofa&utm_campaign=The%20World%20B
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%20112017
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Francis, edits., Inequality Studies from the Global South, Londres-New York,
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[24] Subramanian A. & S-J. Wei, « The WTO promotes trade, strongly but unevenly »,
Journal of International Economics, vol. 72, no 1, May 2007, p. 151–175
[25] Gowa J. & S. Y. Kim, « An Exclusive Country Club: The Effects of the GATT on
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[26] William Glenn G., « Floating the System: Germany, the United States, and the
Breakdown of Bretton Woods, 1969–1973 », in Diplomatic History, Vol.31 (n°2),
2007, pp. 295–323
[27] Eichengreen, B., . Exorbitant Privilege: The Rise and Fall of the Dollar and the
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[28] Sapir J., Le Nouveau XXIè Siècle, le Seuil, Paris, 2008.
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[34] Dahl R.A., « The concept of power », in Behavioral Science, vol. 2, n° 3, 1957, p.
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[35] https://www.wto.org/french/docs_f/legal_f/marrakesh_decl_f.htm
[36] Primakov E., Mir posle 11 Sentjabrja, Moscow, Mysl’, 2002
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[39] Sapir J., « Disastrous past, bright present, uncertain future », in Post-Soviet
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[44] https://www.agenceecofin.com/actualites/2504-107709-13-pays-ont-
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[45] de Ruyt J., L’acte unique européen, Université de Bruxelles, dirigée par l’Institut
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[50] See Ryan R.M., O’Toole C.M., & McCann F, « Does Bank Market Power affect
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[51] Freeland C., Plutocrats : The Rise of the New Global Super Rich and the Fall of
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[56] https://www.theguardian.com/politics/2019/apr/23/former-communist-claire-
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[57] https://www.letemps.ch/monde/victoire-ecrasante-boris-johnson
[58] Poupin P., « L’expérience de la violence policière dans le mouvement des Gilets
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[59] Barma N., Chiozza G., Ratner E. et Weber S. (2009), “A World Without the West?
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[63] https://www.justice.gov/criminal-fraud/foreign-corrupt-practices-act
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[67] Maitre E., « Observatoire de la Dissuasion », FRS, bulletin n°55, June 2018,
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re-de-la-dissuasion/bulletins/2018/55.pdf
[68] This country was one of the main losers of the 2014 round of sanctions : Fast
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https://www.handelsblatt.com/politik/international/krim-streit-fast-700-millionen-
us-dollar-pro-monat-deutschland-leidet-unter-russland-sanktionen/25107884.html?
ticket=ST-44354031-vztL3Mvyz2G7mcsrF6Tv-ap4
[69] https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/sanctions/iran/jcpoa-restrictive-
measures/
[70] https://www.capital.fr/entreprises-marches/total-abandonne-south-pars-11-en-
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[71] Kirshner, J., “Dollar Primacy and American Power: What’s at Stake?” in Review
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[87] https://finance.ec.europa.eu/eu-and-world/sanctions-restrictive-
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[90] Kantchev, G., “Russia’s Wealth Fund to Ditch Dollar Amid US Sanctions Threat”,
in Wall Street Journal June 3, 2021. www.wsj.com/articles/russias-wealth-fund-to-
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[92] Sapir J., « The Economic Shock of the Health Crisis in 2020: Comparing the
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[93] Sapir J., “Wendet sich der Wirtschaftskrieg gegen Russland gegen seine
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[94] See, Luft, G., “The Anti-dollar Awakening could be Ruder and Sooner than most
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[102] https://www.imf.org/en/News/Articles/2022/10/06/sp-2022-annual-
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op.cit..
[110] Leseul G. (et alii), « Commission d’enquête chargée d’identifier les facteurs qui
ont conduit à la chute de la part de l’industrie dans le PIB de la France et de définir
les moyens à mettre en oeuvre pour relocaliser l’industrie et notamment celle du
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d-enquete-de-la-xv-eme-legislature/commission-d-enquete-sur-la-
desindustrialisation/(block)/RapEnquete
[111] http://gasprocessingnews.com/news/2023/03/europe-facing-costly-winter-
without-enough-long-term-lng-deals/
[112] See the contribution of Joshka Fisher, the former minister of Foreign affairs of
Germany in Project Syndicate,https://www.project-
syndicate.org/commentary/europe-biggest-loser-in-multipolar-world-by-joschka-
fischer-2023-05?
utm_source=Project%20Syndicate%20Newsletter&utm_campaign=649968e73b-
sunday_newsletter_05_21_2023&utm_medium=email&utm_term=0_73bad5b7d8-
649968e73b-
104930809&mc_cid=649968e73b&mc_eid=ce43353b62&barrier=accesspaylog
[113] Sapir J., « Russia’s economic growth and European integration » in J.
Wilhelmsen (ed.) Putin’s Russia: Strategic Westernization ?, Norwegian Institute of
International Affairs, Oslo, 2004, pp. 85-96.
[115] https://expert.ru/2022/12/18/atlant-pozhal-plechami-kak-
vosstanavlivayetsya-i-razvivayetsya-rossiyskiy-avtoprom/
[118] Shirov A.A., « Development of the Russian Economy in the Medium Term:
Risks and Opportunities» in Studies in Russian Economic Development, vol. 34, n°2,
2023, pp. 159-166.
[119] UNCTAD, China’s Structural Transformation: What Can Developing Countries
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[120] https://www.globaltimes.cn/page/202303/1286727.shtml
[121] Barreiro de Souza K., Quinet de Andrade Bastos S., Salgueiro Perobelli F., «
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[124] Cooper J., Implementation of the Russian Federal Budget During January-July
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[127] Historical average was 83,2% in France for 1963-1989 (source : Bourlange D.,
Chaney E., « Taux d’utilisation des capacités de production : un reflet des
fluctuations conjoncturelles », In Économie et statistique, n°231, April 1990. pp. 49-
70) and 83,9% for 2009-2019. It had fallen to 81,8% in 2022
(https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/001586738#Telechargement). In the
USA the production capacity utilization ratio is 79,8% for 2022
(https://fr.tradingeconomics.com/united-states/capacity-utilization )
[129]
https://www.democrats.senate.gov/imo/media/doc/inflation_reduction_act_one_pa
ge_summary.pdf See also Stiglitz J.E. “Why the Inflation Reduction Act is a Big
Deal” in Project Syndicate, August 8, 2022, https://www.project-
syndicate.org/commentary/us-inflation-reduction-act-is-a-big-deal-by-joseph-e-
stiglitz-2022-08?
barrier=accesspaylog&utm_term=&utm_campaign=&utm_source=adwords&utm_me
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