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UC93 – CM24 – LES IMAGES

CARDIOVASCULAIRES
MODULE IMAGERIE

Ronéoteur Date du cours Professeur


G’sell / L’Hostis 11/01/2021 Dr. Begon

TABLE DES MATIERES


1. Sémiologie de l’imagerie cardio-vasculaire............................................................. 2
1.1. Images normales ........................................................................................ 2
2. Schéma de raisonnement lors de l’analyse des images radiographiques .............. 5
2.1. Description ................................................................................................. 5
2.2. Raisonnement clinique ............................................................................... 5
3. Quelques exemples ................................................................................................ 6
3.1. Cardiomégalie gauche sur un caniche de 10 ans (profil longiligne à
médioligne) ............................................................................................................. 6
3.2. Cardiomégalie globale................................................................................ 7
3.3. Adénomégalie ............................................................................................ 7
3.4. Dirofilariose ou thrombo-embolie ? ............................................................ 8
3.5. Epanchement péricardique ........................................................................ 9
3.6. Cardiopathie congénitale............................................................................ 9
3.7. Hernie phréno-péricardique chez un chat ................................................ 10
4. Les signes d’insuffisance cardiaque ..................................................................... 11
4.1. Insuffisance cardiaque gauche ................................................................. 11
4.2. Insuffisance cardiaque droite ................................................................... 12
1. Sémiologie de l’imagerie cardio-vasculaire

1.1. Images normales

Le cœur : La projection du cœur en radio est en général floue. Ce qu’on observe


radiographiquement est en fait le contour du péricarde dessiné par l’air pulmonaire. On ne
peut donc pas y distinguer les différentes structures les unes des autres. On va donc sur une
radio n’analyser que sa taille et sa forme globale. Chez le chien il y a une grande variabilité de
la conformation thoracique en fonction de la taille et du gabarit de l’animal. L’aspect cardiaque
en est aussi totalement dépendant. Chez un chien bréviligne le diamètre peut faire jusquà
3 espaces intercostaux, alors que chez un longiligne il n’en dépasse pas 2.

Photos 1,2 et 3 : Différents aspects du cœur selon le gabarit du


Chez le chatchien
on observe moins de variations, et il ne doit pas dépasser 2 espaces inter-
costaux. Sa forme correspond à celle d’un chien longiligne.

L’évaluation de la taille du cœur a été concrétisée par Buchannan qui a établi un indice de
mesure (Vertebral Heart Score, ou VHS) qui doit se faire sur une radiographie en parfaite
position (superposition complète des images des côtes)

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Figure 1 : Calcul de l’indice de Buchannan ou VHS

A= longueur hile à apex, B= longueur de la ligne perpendiculaire à A juste ventralement à la


VCC, mesuré en vertèbres à partir de T4
Différentes données ont été mesurées suivant les races de chien.
Rappel : Ces mesures ne se font que sur une radiographie de profil SANS ROTATION
Evaluation de la forme du cœur : lorsqu’on superpose les images des cœurs droits et gauches
vus de profil on obtient cette distribution approximative des différentes structures cardiaques :

Photo 4 : distribution des structures


cardiaques en radio de profil

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Pour la vue de face, on compare la structure cardiaque à un cadran d’horloge ce qui permet
de localiser encore une fois à peu près les différentes structures.

Figure 2 : Forme de la silhouette cardiaque vue de face

On les voit mieux dans les lobes crâniaux sur la vue de profil, mais sur la vue de face c’est
dans les lobes caudaux qu’il est plus simple de les observer. Par rapport à la lumière
bronchique bronche au niveau de l’apex, en vue de profil, l’artère est dorsale et la veine
ventrale. Sur la vue de face l’artère est latérale et la veine médiale.
L’évaluation de la taille des vaisseaux est en général approximative, on va la comparer leur
diamètre maximal avec celui de la 3e cote en vue de profil, et à celui de la 10e côte en vue de
face, auxquels il doit être inférieur.

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2. Schéma de raisonnement lors de l’analyse des images radiographiques

2.1. Description
Globalement, lorsqu’on a une image radiographique et qu’on cherche à décrire l’appareil
cardiovasculaire, on s’arrêtera sur les points suivants :
- Silhouette cardiaque :
o Quelle est sa taille ? Est-elle normale ou anormale ?
o Quelle est sa forme ?
o Quelle est sa position dans le thorax ?
On se fiche un peu de la radio-opacité parce qu’en règle générale, celle-ci est homogène et,
de ce fait, n’est pas très informative.
Chez le chien, il faut prendre en compte le profil (longi-, médio- ou bréviligne) de la
race ! En effet, la silhouette cardiaque varie beaucoup. On décrit les modifications
en prenant en compte les différences raciales.
- Vaisseaux :
o D’abord, le tronc pulmonaire (TP), l’aorte (Ao) et les veines caves (surtout la
caudale ou VCC)
o Puis les vaisseaux pulmonaires
- Autres : poumons, cavité pleurale, diaphragme …

2.2. Raisonnement clinique


Les questions auxquelles l’interprétation radiographique doit apporter des éléments de
réponse, sont les suivantes :
- Existe-t-il une cardiopathie et si c’est le cas, est-elle droite, gauche ou globale ?
- Y-a-t-il des modifications vasculaires associées ?
- Y-a-t-il des signes d’insuffisance cardiaque ?

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3. Quelques exemples

3.1. Cardiomégalie gauche sur un caniche de 10 ans (profil longiligne à


médioligne)

Sur ces radios, on peut observer une augmentation de la taille du cœur : la trachée est
comprimée ventralement (cœur trop « grand » dans la hauteur du médiastin) et le cœur
comprend plus de 3 EIC (cœur trop « large ») chez un chien de morphologie type
« médioligne ». Le calcul du VHS n’a pas été nécessaire ici.
Une déformation du bord caudo-dorsal est visible sur les 2 radiographies (tracé rouge) : cela
correspond à une dilatation de l’atrium gauche (tracé du bas sur la radio de face) et de
l’auricule gauche (tracé de droite sur la même radio).

 Cardiomégalie majeure gauche, notamment de l’atrium


Par ailleurs, les gros vaisseaux cardiaques semblent normaux, tout comme le poumon et la
cavité pleurale. Concernant les vaisseaux pulmonaires, en règle générale, on compare le
diamètre des vaisseaux avec la largeur des 3ème ou 4ème paires de côtes sur les radios de profil
et on compare ce diamètre avec la largeur avec la 10ème paire de côtes sur les radios de face.
Si on arrive à identifier une fameuse « triade » (de dorsal à ventral : artère, bronche, veine en
région ventrale ou veine, bronche, artère en région dorsale), on peut comparer les diamètres
des vaisseaux entre eux. Bon, ici il semblerait que le diamètre des veines soit discrètement
plus important que celui des artères, ce qui signalerait une congestion veineuse.

 Début de congestion veineuse


Pas de signe d’insuffisance cardiaque (pas d’œdème notamment) directement visible, mais la
congestion veineuse peut être le signe avant-coureur d’une insuffisance mitrale supposée.
L’examen échocardiographique pourra confirmer cette insuffisance.
Take-home message : dans le cadre des cardiopathies, l’examen de choix reste
l’échocardiographie. Néanmoins, la radiographie thoracique permet de mettre en évidence la
gravité des signes d’insuffisance cardiaque, notamment l’« édème » pulmonaire (non ce n’est

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pas une faute de frappe mais un désaccord phonétique entre l’orateur et le rédacteur, que je souhaitais
partager avec vous).

3.2. Cardiomégalie globale


La cardiomégalie est ici globale, car le cœur garde une conformation externe à peu près
normale (répartition 1/3 – 2/3 de part de la ligne rouge sur la radio de profil, forme relativement
similaire à un cœur normal, juste en plus gros quoi). Il y a quand même une nette augmentation
de l’atrium gauche, comme au cas précédent (tracé rouge).

 Cardiomégalie globale
Les gros vaisseaux semblent normaux, l’aorte est presque entièrement cachée par le cœur
mais sinon ça va. Quelques vaisseaux pulmonaires sont visibles.

 Pas de signe de modification vasculaire, ni d’insuffisance cardiaque.


On observe que la trachée est comprimée ventro-dorsalement (tracé bleu sur la radio de profil),
indiquant ainsi l’origine de troubles respiratoires graves dont une toux mécanique.

3.3. Adénomégalie
Qu’est-ce qu’on voit ? Au niveau hilaire (et non « hilare » haha, désolé), on observe une
opacification des bronches souches avec diminution de leur diamètre. Et là, contrairement au
cas précédent, la compression se fait de dorsal à ventral ! La structure responsable de la
compression est donc le nœud lymphatique trachéobronchique (tracé violet !). De la même
manière, on observe des modifications de l’opacité au niveau du NL sternal crânial (tracé
mauve) et des NL médiastinaux (tracé bleu)

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 Adénomégalie des principaux NL présents dans le médiastin

3.4. Dirofilariose ou thrombo-embolie ?


On observe un cœur qui est majoritairement placé crânialement et très « couché » sur le
sternum, ce qui est anormal chez un chien médioligne. Par ailleurs, le côté droit du cœur est
largement augmenté (tracé rouge).

 Cardiomégalie majoritairement droite


L’opacité pulmonaire généralisée masque les veines caves ainsi que l’aorte. Le tronc
pulmonaire (en bleu en haut à gauche) est dilaté et les artères pulmonaires (en bleu aussi)
sont anormalement dilatées et leur image disparaît brusquement, c’est un signe de thrombose.

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 Tronc et vaisseaux pulmonaires dilatés s’arrêtant brusquement : thrombose
pulmonaire

 Cardiopathie droite avec thrombose et hypertension pulmonaires : dirofilariose ou


thrombo-embolie de faible intensité (dans notre cas, c’était de la dirofilariose).
Grâce au traitement des images après la prise, on peut jouer
sur les contrastes pour faire apparaître des images
radiographiques qu’on ne voyait pas au premier abord.
Dans notre cas, les lésions vasculaires sont nettement plus visibles
(elles sont matérialisées par les flèches noires, les formes bleues
indiquent l’emplacement des thrombi)

3.5. Epanchement péricardique


Une cardiomégalie globale est visible, le cœur a une forme quasi-circulaire  image typique
d’épanchement péricardique. L’échocardiographique permet de poser le diagnostic de
certitude.

3.6. Cardiopathie congénitale


Chez un jeune animal, on observe une cardiomégalie majeure et bilatérale avec dilatation
de l’atrium gauche et du tronc pulmonaire. Cela est lié à l’augmentation du diamètre des
vaisseaux pulmonaires. L’animal est jeune, car on peut observer que les cartilages des
vertèbres ne sont pas encore calcifiés.
Il peut s’agir d’une sténose si la cardiomégalie est unilatérale : aortique (gros cœur gauche)
ou pulmonaire (gros cœur droit). Si la cardiomégalie est bilatérale et qu’il y a augmentation de
la vascularisation pulmonaire, il peut s’agir d’une communication inter-atriale, inter-
ventriculaire ou une persistance du canal artériel.

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 Dans notre cas, l’augmentation du volume du TP et de l’atrium gauche, associé à un
œdème pulmonaire interstitiel sont en faveur d’une persistance du canal artériel chez ce
jeune animal.

3.7. Hernie phréno-péricardique chez un chat


La silhouette cardiaque de ce chat est de forme arrondie et de taille augmentée 
épanchement péricardique. On observe également une radio-opacité hétérogène de cette
silhouette. Du contenu aérique en partie crâniale de l’abdomen est très proche du sac
péricardique, ceci est anormal (tracé blanc). Il se peut que cette partie soit encore plus
crâniale.

 Hernie phréno-péricardique chez ce chat (anomalie congénitale)

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4. Les signes d’insuffisance cardiaque

4.1. Insuffisance cardiaque gauche


On observe dans la chronologie de la pathologie :
1) Une augmentation de la taille des veines pulmonaires Rarement visibles au moment de la
radiographie
2) Une augmentation de la taille des artères pulmonaires
3) Une opacification du parenchyme pulmonaire de type interstitiel +/- péri bronchique
(plus fréquemment observée au moment de la radio)  cela est dû à la transsudation
depuis les veines pulmonaires
4) Une opacification alvéolaire
5) Un épanchement pleural
Dans l’exemple choisi sur un chat, une opacité pulmonaire de type alvéolaire est nettement
visible à l’aide de bronchogrammes (en gris sur la radio), dans les régions les plus lésées.
Cette opacité est surtout distribuée dans la partie centrale des lobes caudaux dorsaux et
crâniaux. Il y a suspicion de cardiomégalie, liée aux malpositions de la trachée et de la carène,
sans grande certitude toutefois. L’espace pleural est augmenté dorsalement et au niveau des
scissures interlobaires (en bleu).

Sur un autre exemple, une cardiomégalie majeure, notamment de l’atrium gauche est visible
(en rouge). Il n’y a pas d’opacification pulmonaire, les veines (en blanc dont une au tracé un
peu plus sinueux en gris, la petite coquine !) sont visibles et semblent être de taille augmentée.

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 Début d’hypertension pulmonaire veineuse, consécutive à une cardiomégalie
majeure
Attention, même si l’œdème interstitiel est le premier signe d’œdème rencontré lors d’ICG, il
est rarement vu car les animaux sont rarement présentés en consultation à ce stade. On est
déjà à un stade d’œdème alvéolaire au moment de la présentation. Je vous invite à faire un petit
check dans les fiches de sémiologie pour voir à quoi ressemble une opacification pulmonaire de type
interstitielle ou alvéolaire.

A retenir :
Chez le CN, les signes sont assez spécifiques :

- Opacification pulmonaire d’abord centrale puis dorsale, bilatérale et symétrique  lors


de chronicité, l’œdème pulmonaire sera plus ventral dans le thorax (grâce à la gravité)
- Cardiomégalie avec dilatation de l’atrium gauche.
Chez le CT, ce n’est pas aussi simple :
- Atteinte des parties centrales des lobes crâniaux et caudaux, bilatérale et symétrique
mais ce n’est pas systématique !
- Cardiomégalie +/- visible pas forcément liée à une cardiopathie  on préfèrera
l’échocardiographie lors de suspicion de cardiopathie. Le diagnostic thérapeutique à
l’aide de diurétiques permet de préciser également la présence ou non d’œdème.

4.2. Insuffisance cardiaque droite


On observera surtout une cardiomégalie (tracé rouge) et de l’épanchement pleural : les lobes
pulmonaires sont déplacés loin du sternum et de la cage thoracique, les contours de la
silhouette cardiaque sont moins visibles du fait de l’épanchement liquidien. Dans l’exemple
choisi, la trachée a une position anormale (tracé normal en bleu sur la radio), cela étant une
conséquence d’une possible cardiomégalie.

 Epanchement pleural majeur, très forte suspicion de cardiomégalie globale, à la suite


d’une insuffisance cardiaque droite.

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