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BONTEMPS
I) Introduction
C’est un exam important, qui représente jusqu’à 50% des examens réalisés en médecine nucléaire.
Rappel :
Il est important de connaitre l’anatomie des artères coronaires. Il y a deux réseaux principaux :
• Le réseau gauche avec le tronc commun gauche (TCG) : l’artère coronaire gauche qui va donner l’IVA
(artère inter-ventriculaire antérieure) (perfuse le septum, la paroi antérieure et éventuellement la pointe)
et l’artère circonflexe (perfuse les parois latérale et postérieure).
• Le réseau droit : l’artère coronaire droite (perfuse le ventricule droit, la paroi inférieure et
éventuellement la pointe du ventricule gauche et la partie postérieure).
Il est important de connaître ces différentes coronaires pour pouvoir comprendre où se situe l’anomalie qui
entraîne l'ischémie.
Il existe des variations anatomiques de la position de ces artères. Le débit coronaire est assuré par les artères
coronaires.
La maladie coronaire est une maladie dans laquelle la lumière du vaisseau coronaire va se rétrécir à cause
de plaques d’athérome, plus la lumière est petite, moins le muscle est perfusé. Il y a un déséquilibre entre les
apports nutritifs sanguins et les besoins tissulaires ce qui cause une souffrance du muscle cardiaque.
Il faut pouvoir dépister ces rétrécissements avant qu’ils n’altèrent la santé du patient !
Rétrécissement de l’artère -> déséquilibre entre besoins tissulaires du muscle et apports => souffrance
myocardique.
• Infarctus du myocarde : l’artère se bouche complètement, entraînant la mort cellulaire (nécrose), la zone
devient non fonctionnelle et non-contractile et il y a une perte d’efficacité de la pompe cardiaque. L’apport
de nutriments est donc complètement arrêté, il n’y a plus d’oxygène du tout.
Il faut absolument essayer de dépister ces zones qui sont en train de se sténoser avant l’étape ultime de l’infarctus.
L’avantage de la médecine nucléaire est qu’elle permet d’explorer le côté fonctionnel du rétrécissement, c’est-à-
dire que selon le patient, un rétrécissement identique n’aura pas les mêmes retentissements sur la perfusion. Elle
est donc complémentaire de la coronographie qui permettra elle de mieux montrer anatomiquement les artères
coronaires.
Dans la pathologie coronaire, cette augmentation nécessaire du débit coronaire lors de l’effort (réserve
coronaire) peut être compromise. Dans ce contexte, la scintigraphie myocardique permet de mettre en évidence
ces territoires ayant un déficit relatif de perfusion : ischémie myocardique et nécrose.
La réserve coronaire est la différence entre le débit coronaire d’effort et le débit coronaire de repos.
C’est un examen fonctionnel alors que la coronarographie est un examen anatomique.
Attention, la médecine nucléaire est toujours considérée comme une méthode relative : elle compare un
territoire particulier à un second territoire donné (par ex : un qui hyperfixe un marqueur, et un second qui
l’hypofixe)
Cet examen permet d’évaluer la réserve coronaire et la contractilité cardiaque avec synchronisation à l’ECG.
Le patient réalise son épreuve de stress, et lorsque le cardiologue juge que celle-ci est suffisante pour
avoir une augmentation du débit coronaire (critères : fréquence cardiaque, puissance, signes électriques de
souffrance), on injecte le traceur et on fait la scintigraphie dans les 10 minutes. Ensuite on attend (entre 2h30 et
3h30 pour le Thallium-201, temps qui dépend du traceur) et on réinjecte ou non une petite dose de traceur puis
on refait des photos au repos.
Cela nous permet d’évaluer la réserve coronaire : capacité des artères coronaires à se vasodilater de façon à
augmenter le débit coronaire lors d’un stress.
Les deux séries d’images sont traités informatiquement puis analysées par le médecin.
Pour l’échelle de couleur, on va du froid au chaud : plus on a une couleur chaude plus on a de radioactivité dans
le tissu concerné.
On découpe le cœur selon trois axes qui ne correspondent pas à la nomenclature habituelle d’imagerie
car le cœur dans le thorax regarde en bas et à gauche, il faut donc le réaxer dans le plan frontal :
Sur une scintigraphie sont indiqués des repères anatomiques (dénominations des territoires):
• En petit axe de gauche à droite on a les coupes qui vont de la pointe vers la base :
Par exemple sur l’image ci-dessous, on a : le territoire antérieur, latéral, inférieur et septal.
• En grand axe vertical de gauche à droite on a les coupes qui vont du septum vers la paroi latérale
• En grand axe horizontal de gauche à droite on a les coupes qui vont de la paroi inférieure vers la paroi
antérieure
On voit essentiellement le VG sur les images, le VD étant beaucoup plus fin (si on le voit, c’est pathologique).
V) Cas cliniques
• Cas clinique n°1 : Homme de 65 ans
Evaluation scintigraphique de la perfusion myocardique dans le cadre de douleur thoracique (angor d’effort) chez
un patient présentant une atteinte polyartérielle (atteintes à différents endroits, probablement une atteinte des
carotides ou du périmètre de marche via sténose des jambes).
Test d'effort (110 W, 85 % de la FCMT) : épreuve négative cliniquement (le patient n’a pas eu la douleur qu’il a
d’habitude) et positive électriquement (le cardiologue suppose une potentielle ischémie sous-jacente) : sous-
décalage de ST dès 70 W, à 2,5 mm au pic de l'effort).
Dans un test d’effort on donne toujours les éléments suivants :
- Puissance atteinte par le patient durant l’effort
- % de la fq cardiaque théorique, qui dépend de l’âge du patient = nbr de batt <3 qui doit être atteint à
l’effort
ð Ce sont les 2 paramètres qui permettent de dire si l’épreuve d’effort a été d’un bon niveau ou pas.
110 W à 65 ans et 85% de sa FCMT (fréquence cardiaque maximale théorique, propre à l’âge, sexe…) : bien.
EFFORT
REPOS
Sur le grand axe vertical, horizontal et carte polaire, on voit une zone hypofixante à l’effort et qui disparait au
repos. Le déficit se concentre au niveau de la pointe d’après les cartes polaires = ischémie apicale/
On retrouve une hypo perfusion lors du stress qui se normalise au repos.
On retrouve un déficit de perfusion à l’effort au niveau de la paroi latérale mais cœur normal au repos, ischémie
myocardique (hypofixation réversible).
J’ai représenté la quantité de produit radioactif en bleu pour que ce soit plus clair visuellement.
Deux schémas de réseau coronaire : à gauche du dessin le réseau est sain et à droite il y a une sténose.
Lors d’un stress, le débit coronaire augmente le côté sain se vasodilate
et il y a beaucoup plus de sang qui arrive au muscle, plus de nutriments
(donc beaucoup plus de radioactivité). De l’autre côté et du fait de la
sténose, le débit coronaire est déjà à son max, il y a moins de perfusion
et donc moins de radioactivité qui va arriver au muscle. Au repos, le
muscle est perfusé de la même façon par les deux artères, car le débit
coronaire diminue pour les 2 artères. La lumière est suffisante pour
perfuser de la même manière des 2 côtés. Il y a normalisation dans tous
les territoires.
L’ischémie myocardique donne une hypofixation réversible. L’ischémie
est transitoire. Le but de la scintigraphie myocardique est de
déterminer le territoire qui n’est pas capable d’augmenter sa réserve
coronaire pour localiser l’artère responsable de cette ischémie.
L’anomalie est latérale comme avant, mais ici la particularité est qu’elle n’est pas corrigée au repos, contrairement
aux cas précédents. C’est dû au fait qu’au repos même si le débit coronaire est suffisant, des cellules sont mortes
dans ce territoire (car infarctus) donc elles sont incapables de capter le traceur de la même façon qu’une cellule
vivante en est capable. On obtient donc toujours le même déficit que ce soit en stress ou au repos.
ð Intérêt : repérer une sténose en train de se constituer avant que l’infarctus arrive (cas clinique °2) et une
fois que l’infarctus est arrivé (cas clinique 3°).
Les cas cliniques n°4, 5, 6 et 7 ci-dessous n’ont pas été présentés, je les laisse, ça fait toujours un bon
entraînement J :
Il est normal que le patient n’ait pas de douleur, il a dû en avoir une au moment où l’artère s’est bouchée mais
après il peut être asymptomatique.
Attention : absence de signe électrique signifie que l’ECG ne varie pas au cours de l’épreuve de stress mais pas
pour autant qu’il est normal (on pourra avoir des ondes Q fixes pour une nécrose MAIS on peut avoir un sus ou
sous-décalage du segment ST au cours de l’épreuve de stress pour une ischémie d’où un examen positif
électriquement…).
En plus de la simple acquisition de perfusion on peut faire une acquisition synchronisée (couplée à l’ECG) ainsi
l’ordinateur sera capable de différencier la systole et la diastole.
Ainsi on peut constater que dans la zone infarcie il n’y a pas de contraction des cellules.
On peut alors calculer la fraction d’éjection (EF) : paramètre clinique qui nous permet de détecter les insuffisances
cardiaques.
Ci-dessous, image de bas (repos) on voit que presque tout est perfusé, les
anomalies sont corrigées au repos.
Vue des cartographies polaires :
STRESS
Il ne reste qu’une petite zone qui est correctement perfusée (en jaune). Le
reste est en danger.
REPOS
ð On voit dans ce cas une grosse ischémie à l’effort sur plusieurs territoires (apicale, latérale et
inférieure), on a donc probablement plusieurs artères bouchées.
Les logiciels actuels permettent de quantifier les résultats en comparant les résultats cartes polaires du patient à
des bases de données réalisées avec un grand nombre de sujets sains, de même sexe que le patient, avec le même
traceur et le même type de stress. C’est une pseudo-IA. Les cardiologues veulent une estimation quantifiée des
déficits, Ainsi on a des scores dépendant des territoires (0 à 4) ainsi on quantifie les défauts de perfusion en
fonction du territoire par rapport à des cartes polaires de patients normaux.
Recherche d'ischémie myocardique chez un patient suivi pour arythmie, avec dyspnée importante apparue au
cours d’un effort.
FRCV : hérédité
Test d’effort (180W, 106% FMT), négatif
cliniquement et positif électriquement.
Qf fois, les anomalies du cœur sont
asymptomatiques, donc pas toujours ressenties…
Anomalies : au niveau de la pointe, septum et paroi antérieure -> coronaire pathologique : IVA (cf début du
cours).
On réalise ensuite une coronarographie (injection produit radio-opaque et avec les rayons X on image le réseau
coronaire) à ce patient, où on observe un rétrécissement de la lumière (=sténose) après injection du produit de
contraste. On va alors le traiter par stent ainsi, lorsqu’on réinjectera on ne devrait plus avoir d’anomalie.
L’intérêt de la scintigraphie myocardique est donc de dépister les sténoses avant qu’elles ne se bouchent
complètement afin d’éviter un infarctus.
`
De plus, on note que l’EF n’a pas augmenté à l’effort. Normalement lorsqu’on fournit un effort, on doit envoyer
plus de sang dans les jambes, le cœur doit pomper plus fort, donc l’EF est censée augmenter.
On observe une ischémie à l’effort.
NB : on peut aussi retrouver des animations 3D au niveau des cartes polaires.
Examen du 24/10/2019
Améliorations analysables :
- Moins perfusé
- Se contracte mieux
- Moins dilaté
Quand c’est « juste » une ischémie, en rétablissant la circulation coronaire, on peut prévenir l‘infarctus du
myocarde. « Mieux vaut prévenir que guérir. »
On observe une scintigraphie correcte : pas d’anomalies entre le stress et le repos. Donc la patiente a bien été
soignée. Ainsi le cardiologue a eu raison de ne pas intervenir sur l’IVA car la sténose, à ce niveau, n’avait aucun
retentissement sur la perfusion myocardique.
La fraction d’éjection du VG passe d’environ 60% à environ 70%, on a une augmentation significative, ce qui est
plutôt bon signe.